Dieu et la création

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christian
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Dieu et la création

Message par christian »

Me trouvant avec un ami, il m'a posé cette question :
Comment expliques-tu que Dieu qui est parfait aie créer l'homme qui est si imparfait? Pourquoi n'a-t-il pas créé un être parfait, à son image?

Je désirerai trouver des textes chez les Pères et lui donner une réponse construite. Pourriez-vous m'y aider. Merci
eliazar
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Dieu et la Création

Message par eliazar »

Peut-être cet ami, avant de consulter tous les Pères qui ont parlé de la création d'Adam, pourrait-il lire ou relire le premier chapitre de la GENÈSE, où il est écrit comment Dieu créa Adam et Éve : à Son image et à Sa ressemblance...

... et donc, aussi parfaits qu'il est possible de l'être pour des créatures - qui ne sont tout de même pas leur propre Créateur...

Ensuite, il pourrait aussi lire ou relire les Évangiles, où il est écrit comment le Christ, venu chez les Siens pour leur rendre la perfection et l'immortalité dont la désobéissance de l'Adam leur avait fait perdre la transmission héréditaire, le leur a même ordonné, disant:
"Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait"

Il trouvera notamment ce "conseil-commandement" au chapitre 5, verset 48 de l'évangile de st Matthieu. A quoi se rattache naturellement la promesse de devenir les propres frères de Jésus Christ, par le Baptême, pour la vie éternelle retrouvée: c'est à dire être faits Dieu comme Il s'est fait homme, ce qui dépasse l'état originel d'Adam et d'Éve.

Je crois que personne ne trouvera jamais une plus parfaite base pour construire la réponse que cet ami désire. Je me demande même si, après avoir lu et prié, il éprouvera le besoin d'en savoir davantage: les Pères les plus sublimes n'ont jamais fait que délayer ce qui est écrit là...
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christian
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Message par christian »

Merci cher Eliazar de me ramener aux sources et de ne pasme laisser m'égarer en donnant des explications que mon ami ne cherche vraisemblablement pas à écouter.
Je cherchai à justifier, à convaincre alors qu'il est plus utile de prier.
mihaelaiacovache
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Message par mihaelaiacovache »

Excusez moi les interventions attardées,mais apres une absence plus longue ,j’essaye de lire tous les messages .

Comme d’habitude ,Eliazar a mis le point sur les “I”, mais ,si vous voulez savoir aussi l’opinion des Peres de l’Église ,vous pourriez consulter le Nr. 84 de la revue “Connaissance des Peres de l’Église” ( directeur Marie-Anne VANNIER, professeur de théologie a l’université de Metz),qui a comme suget la Creation.

Quand j’ai vu la question de votre ami ,je me suis souvenu que Richard Wurbrand disait,qu’il y a deux sortes d’hommes,d’aucuns qui proviennent d’Adam et Eve et des autre qui ont a l;origine une singe.
Antoine
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Message par Antoine »

Richard Wurbrand disait,qu’il y a deux sortes d’hommes,d’aucuns qui proviennent d’Adam et Eve et des autre qui ont a l;origine une singe.
C'est sérieux ou c'est une plaisanterie?
Parce que si c'est sérieux alors c'est une belle absurdité.
Il ne peut y avoir deux natures humaines. Cela n'a de sens ni d'un point de vue purement anthropologique car ce serait une négation même de la notion de nature, ni d'un point de vue théologique car dans ce cas c'est l'incarnation qui est niée.
A la limite on pourrait supposer qu'il y a la descendance de Caïn d'un côté et celle de Seth de l'autre, avec une régression telle pour celle de Caïn qu'elle serait tombée dans l'animalité et aurait ainsi "changé de nature". Dans ce cas là la nature humaine ne serait donc pas concernée par cette descendance et cela ne fait pas avancer davantage le débat. Mais c'est de la théologie qui mène vite à l'absurdité, et surtout contraire au fait que tous les Pères écrivent que l'image de Dieu en l'homme a été ternie et non détruite. Il ne peut donc y avoir de perte de nature. Si elle avait été détruite il n'y aurait pas de possibilité d'incarnation.

En ce qui concerne la question de Christian:
Comment expliques-tu que Dieu qui est parfait aie créer l'homme qui est si imparfait? Pourquoi n'a-t-il pas créé un être parfait, à son image?

Je ne la comprends pas.

1)D'où vient cette idée contraire à Gen 1,27 que Dieu n'aurait pas créé l'homme à son image?

2) en quoi l'homme n'est-il pas parfait? "Dieu vit tout ce qu'il avait fait. Voilà c'était très bon." Gen 1,31.

Qu'est-ce qui permet de supposer que Dieu aurait pu faire mieux? Car pour penser que Dieu aurait pu faire autre chose il faudrait être Dieu soi-même et penser cette chose même qu'il aurait pu créer.

La question telle qu'elle est formulée n'a pas de sens. Si elle porte sur l'origine du mal alors il faut énoncer clairement ce sur quoi on interroge.

Que dieu puisse créeer un autre lui même cela s'appelle un sophisme ou au mieux un paralogisme. Car comment Dieu pourrait-il créer de l'incréé. ça n'a pas de sens. Si c'est incréé ça ne peut pas être créé. Et seul Dieu est incréé. Incréé ne veut pas dire qu'il se crée lui-même. Et créer signifie amener du non-être à l'être et non pas de l'être à l'être.
Il y a d'autres sophismes comme ça, du style "Dieu n'est pas libre de se suicider donc il n'est pas Dieu" ou encore "Dieu ne peut pas ne pas être donc il n'est pas tout puissant donc il n'est pas Dieu donc Dieu n'existe pas".

La réponse d'Eliazar qui n'est qu'une créature est parfaite donc Dieu existe...
Irène
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Message par Irène »

Je vais traduire ce qu'on a posé comme question à Christian : "On dit que Dieu a crée l'homme à son image (donc, sous entendu, parfait). Or, l'on peut s'apercevoir tous les jours que l'homme - en général - est loin de son Créateur". C'est une question que l'on pose régulièrement aux Chrétiens, surtout quand ils n'ont pas les connaissances suffisantes pour répondre.
mihaelaiacovache
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Message par mihaelaiacovache »

Quand j’ai lu cette penseee de R,Wurbrand (il y a plus de dix anees,le citat est fait de la memoire), je ne me suis pas doute qu’il s’agit d’une plaisenterie ,une sorte de reponse pour les evolutionistes ( “si tu veux avoir comme ancetre une singe ,c;est ton choix”),c;est puorquoi j‘ai fait la connexion avec la demande de l’interlocuteur de Christian.
Antoine
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Message par Antoine »

Irène merci; j'attendais une reformulation, car on voit qu'une reformulation est déjà une réponse.
Vous avez bien vu que mon message était une fausse incompréhension pour montrer que pris en un seul bloc cette question est un sophisme qui tend à "démontrer" (ou plutôt affirmer) l'inexistence de Dieu par "l'imperfection" de l'homme ou par "l'existence" du mal.
Eliazar a immédiatement contrecarré par:
Peut-être cet ami[...]pourrait-il lire ou relire le premier chapitre de la GENÈSE, où il est écrit comment Dieu créa Adam et Éve : à Son image et à Sa ressemblance...
... et donc, aussi parfaits qu'il est possible de l'être pour des créatures - qui ne sont tout de même pas leur propre Créateur...
Car la question telle que formulée déforme gravement les propos de l'Ecriture.

Vous même Irène vous amortissez le choc en reformulant que "l'homme est loin de son créateur". Vous avez ainsi déjà défini votre type d'imperfection comme étant un "rapport" , simple "éloignement de Dieu" et vous tirez l'interlocuteur sur un terrain où sont déjà posés l'homme et sa relation à Dieu et la perfection comme un "retour à", c'est à dire une metanoïa. Et vous avez raison. Après tout Kierkegaard pose aussi le moi comme étant un rapport qui se rapporte à son propre rapport. (Je vous mets le texte en fin de message.)

On ne peut donc répondre à cette question en bloc sans la reformuler mais on doit la décomposer.

1) Il faut éliminer tout ce qui est sophisme dans ce genre de question. Montrer que de toute façon l'homme établit toujours un rapport avec Dieu. Soit avec Dieu comme créateur, soit avec Dieu comme n'existant pas.
2) traiter le pb de l'image et de la resemmblance dans la Genèse indédependamment du pb du mal et montrer que l'homme n'est pas une "marionnette."
3) Examiner quelle était la loi donnée à Adam.
4) traiter le pb du mal et de son origine. Montrer que le mal n'a pas d'existence en soi. Et pourquoi Dieu crée-t-il malgré le mal.
5) traiter le pb de la liberté humaine face à l'amour de Dieu
6) la réponse de la régénération par le baptème

Vous dîtes que l'homme est "loin de son créateur "alors que depuis l'incarnation il n'a jamais été aussi proche, la nature humaine étant mêlée sans confusion à la nature divine. Il faut donc aussi distinguer nature et personne.

Le remerciement de Christian à Eliazar est très instructif. Il déclare:
Merci cher Eliazar de me ramener aux sources et de ne pas me laisser m'égarer en donnant des explications que mon ami ne cherche vraisemblablement pas à écouter.
La question posée par "cet ami" est en effet plus un "jugement" sur Dieu et sa non-exitence qu'une véritable question qui déboucherait sur une quête et une remise en cause, un renversement, une métanoIa, une conversion totale du "questionneur"comme vous le proposez dans votre reformulation. Elle vise à éliminer toute question. La perversité du sophisme n'appelle pas de réponse.
Et lorsque ce type de "non-question" est posée très vite elle débouche sur un péremptoire "De toute façon, je ne crois pas que le monde soit créé par un Dieu quelconque."
Il faut donc d'abord éliminer la perversité du sophisme. Car un sophisme est "un raisonnement qui n'est logiquement correct qu'en apparence, et qu'on met en avant pour tromper les autres ou pour se tromper soi-même" (définition du Larousse et du dictionnaire de philosophie de Foulquié. Le Robert y rajoute en plus la mauvaise foi. )

Le premier de tous les sophismes ouvre le chapitre 3 de la Genèse:"Alors Dieu a dit; vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin?"

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Soeren Kierkegaard, 1er chapitre du "Traité du désespoir"

L’homme est esprit. Mais qu’est-ce que l’esprit? C’est le moi. Mais alors, le moi? Le moi est un rapport se rapportant à lui-même, autrement dit il est dans le rapport l’orientation intérieure de ce rapport ; le moi n’est pas le rapport, mais le retour sur lui-même du rapport.
L’homme est une synthèse d’infini et de fini, de temporel et d’éternel, de liberté et de nécessité, bref une synthèse. Une synthèse est le rapport de deux termes. De ce point de vue le moi n’existe pas encore.
Dans un rapport entre deux termes, le rapport entre en tiers comme unité négative et les deux termes se rapportent au rapport, chacun existant dans son rapport au rapport; ainsi pour ce qui est de l’âme, la relation de l’âme et du corps n’est qu’un simple rapport. Si, au contraire, le rapport se rapporte à lui-même, ce dernier rapport est un tiers positif et nous avons le moi.
Un tel rapport, qui se rapporte à lui-même, un moi, ne peut avoir été posé que par lui-même ou par un autre.
Si le rapport qui se rapporte à lui-même a été posé par un autre, ce rapport, certes, est bien un tiers, mais ce tiers est encore en même temps un rapport, c’est-à-dire qu’il se rapporte à ce qui a posé tout le rapport.
Un tel rapport ainsi dérivé ou posé est le moi de l’homme: c’est un rapport qui se rapporte à lui-même et, ce faisant, à un autre. De là vient qu’il y a deux formes du véritable désespoir. Si notre moi s’était posé lui-même, il n’en existerait qu’une : ne pas vouloir être soi-même, vouloir se débarrasser de son moi, et il ne saurait s’agir de cette autre : la volonté désespérée d’être soi-même. Ce qu’en effet cette formule-ci traduit, c’est la dépendance de l’ensemble du rapport, qui est le moi, c’est-à-dire l’incapacité du moi d’atteindre par ses seules forces à l’équilibre et au repos: il ne le peut, dans son rapport à lui-même, qu’en se rapportant à ce qui a posé l’ensemble du rapport. Bien plus: cette seconde forme de désespoir (la volonté d’être soi) désigne si peu un mode spécial de désespérer, qu’au contraire, tout désespoir se résout finalement en lui et s’y ramène. Si l’homme qui désespère est, ainsi qu’il le croit, conscient de son désespoir, s’il n’en parle en absurde comme d’un fait advenu du dehors (un peu comme quelqu’un qui souffre du vertige et, dupe de ses nerfs, en parle comme d’une lourdeur sur sa tête, comme d’un corps qui serait tombé sur lui, etc., alors que lourdeur ou pression, ce n’est, sans rien d’externe, qu’une sensation interne, retournée), si ce désespéré veut à toutes forces, par lui-même et rien que par lui-même, supprimer le désespoir, il dit qu’il n’en sort pas et que tout son effort illusoire l’y enfonce seulement davantage. La discordance du désespoir n’est pas une simple discordance, mais celle d’un rapport, qui, tout en se rapportant à lui-même, est posé par un autre; ainsi la discordance de ce rapport, existant en. soi, se reflète en outre à l’infini dans son rapport à son auteur.
Voici donc la formule qui décrit l’état du moi, quand le désespoir en est entièrement extirpé : en s’orientant vers lui-même, en voulant être lui-même, le moi plonge, à travers sa propre transparence, dans la puissance qui l’a posé.
Irène
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Message par Irène »

Merci, Antoine, pour le texte de Kierkegaard.
Je trouve remarquable la façon dont vous avez décomposé la question et je dirais que dans les six sujets qui en découlent, il y a une somme théologique, évangélique, biblique, fondamentale.
Ceci dit, je suis totalement d'accord sur le fait que Christian a trouvé lui-même la conclusion à donner à la question qui lui a été posée.
eliazar
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Dieu et la création de l'homme

Message par eliazar »

Je viens de relire toute cette passionnante discussion qui a suivi la question piégée qu’un ami avait posée à Christian.
Dois-je ajouter que pour moi qui n’ai jamais compris grand chose à la haute philosophie, à ce que j’appellerais la spéculation philosophique, l’effort fait par Antoine pour nous la rendre plus accessible me touche beaucoup ?
Plus encore, si possible, m’avait touché la réponse de Christian, sur la prière finalement plus appropriée que le raisonnement dans ce genre de cas. Cette réponse est si proche de l'Évangile selon saint Luc...

Mon amour particulier pour l’Évangile de Luc tient à ce qu’il représente à mes yeux l’Évangile de l’esprit d’enfance. Et aussi, derrière l’esprit d’enfance et comme en filigrane, l’Évangile de l’hésychasme, pourrait-on dire.

En effet, Luc part de l’esprit d’enfance (dès son premier chapitre) pour aboutir à l’hésychasme, après la mort de Jésus et pendant le sabbat de Sa résurrection. Ce sont les deux bouts de la chaîne, dans cet Évangile si particulier, et ils se renvoient l’un à l’autre, comme un reflet dans deux miroirs.

D’une autre manière, c’est bien à cette question primordiale posée à Christian par son mystérieux ami que j’essaie toujours de répondre. Avec mes petits moyens à moi, qui suis pétri du limon de la terre. Saint Luc commence son Évangile, en effet, par l’esprit d’enfance, dès le chapitre I, qui est un peu comme le « Jour Un » de cette nouvelle Genèse, de cette nouvelle création du monde qu’est son récit de l’Incarnation, de la Bonne Nouvelle.

Pour moi, la phrase clé de ce premier chapitre (mais au-delà, de tout l’Évangile de Luc) est l’annonce que fait l’Ange à Zacharie, au cœur même du Sanctuaire, quand l’époux d’Élizabeth la stérile accomplit son office sacerdotal à l’autel de l’encens. Le lieu de cette révélation a un sens, lui aussi. Le Sanctuaire et son voile, qui va se déchirer à la mort de Jésus, prophétise déjà l’ultime sabbat, celui de l’hésychia des Myrrhophores…

Que dit l’Ange de si important, pour que Zacharie en reste muet pendant plus de neuf mois ? Dans une longue et totale hésychia, lui aussi…

En fait, l’Ange du Seigneur lui annonce la conception, et la naissance, et la mission de Jean le Précurseur - et d’une certaine manière sa mort. Il concentre en une seule phrase clé, toute la vie terrestre de celui que Jésus a désigné comme le plus grand parmi ceux qui sont nés des femmes :

« Il sera rempli d’Esprit Saint dès le ventre de sa mère – et il ramènera de nombreux fils d’Israël à YHWH leur Dieu ».

Nous oublions souvent le Précurseur et Baptiste Jean, et surtout ce rôle de précurseur, commencé dès avant sa naissance. Nous retenons mieux la spectaculaire déclaration de Pierre (celui qui est resté pourtant dehors, près de la porte, cf. Jean 18, 16), et que Jésus a été obligé de questionner pour obtenir enfin une réponse claire : « C’est toi le Christ, le Fils du Dieu vivant. » (Matth. 16, 16).
Pourtant, la conclusion de cet épisode capital (pour Pierre, pour l’Église, pour nous autres, qui ne cessons d’être hommes trop hommes) nous apporte la vraie réponse de Jésus - non pas à cette affirmation, qui est parfaitement ratifiée par le nouveau nom donné à Simon Bar Iona : « Tu es pierre et sur ce roc je bâtirai mon Église », mais à la personne même de Simon-Pierre, ou plutôt à son processus mental : « … tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes » (Matth. 16, 23).
Du coup, tout fiers de nous assimiler à Pierre (nous avons nous aussi reconnu le Christ comme Dieu – même si nous avons mis vingt-cinq ans à le faire, comme moi – et qu’il a fallu que Dieu nous pose directement la question pour nous faire sortir de l’œuf mental où nous nous enfermions), nous oublions où et comment Jean Baptiste, lui, a reconnu la divinité de Jésus.

Pas après L’avoir entendu prêcher. Pas après L’avoir vu faire des miracles. Pas après avoir été enseigné tous les jours par Lui. Mais dès l’intérieur de l’œuf encore hermétiquement clos, du ventre de sa mère Élizabeth ! Avant tout enseignement, avant tout raisonnement, non seulement avant d’avoir atteint sa taille d’homme ni appris à parler, mais avant d’avoir tout simplement vu le jour ! « D’où m’est-il donné que vienne à moi la Mère de mon Seigneur ? Car, vois ! … dès que la voix de ta salutation est arrivée à mes oreilles, l’enfant a bondi d’allégresse dans mon ventre ! ».

Jean et Simon-Pierre ont en commun d’avoir reçu cette révélation de l’Esprit Saint, mais pas de la même manière ; l’un l’a reçue « immédiatement » (avant même l’éveil de son intelligence) et l’autre après de longues années de vie … L’un est un enfant pas même encore né – et l’autre un homme adulte, avec un métier, une famille : un « homme fait ». Un homme tellement homme que Jésus a dû aller le chercher au milieu de sa pêche, et lui donner l’ordre de tout laisser pour Le suivre – comme Il a dû ensuite aller pêcher sa réponse avec insistance, avant de pouvoir lui donner son nom nouveau.. et d’être encore obligé de l’assortir d’une sorte de taloche, devant les autres disciples : « Vade retro, Satanas… ! ».

Je n’invente rien : tout cela est limpide, dans ce début du chapitre 16 de Matthieu.

Donc Luc ouvre son Évangile sur cette parole-clé de l’Ange à Zacharie. Et il le referme avec une toute petite phrase, presque inaperçue à l’extrême fin du chapitre 23, le dernier – parce que le chapitre 24 est un épilogue, une sorte de Postlude qui n’appartient déjà plus à ce septième jour de la Genèse, où Jésus dit « Tout est accompli ». Le chapitre 24 est déjà l’aube du Huitième Jour : celui de la Résurrection des Corps , après que le voile du Sanctuaire ait été déchiré.
Cela, Paul nous l’a bien expliqué, dans l’épître aux Hébreux : c’est la voie d’accès au Sanctuaire, que Jésus a inaugurée pour nous, à travers le voile (Hébr. 10, 20). Non seulement il l’a expliqué, mais quelques versets plus haut il a rappelé l’épisode de Zacharie, de manière elliptique (Hébr. 10, 11)…

Donc, la petite phrase qui referme le chapitre 23 montre les femmes qui étaient venues avec Jésus de Galilée qui regardent, devant Son tombeau, comment Son corps a été mis :
« … et durant le sabbat, elle demeurèrent dans l’hésychia, selon qu’il a été prescrit. »
C’est le dernier verset.

Là encore, aucun raisonnement ; pas de question de leur intelligence humaine : elles regardent, c’est tout. Pas de réponse, ni de recherche d’une possible réponse : c’est le jour du sabbat, elles obéissent à ce qui a toujours été prescrit. Elles restent enfermées chez elles (comme Jean le Précurseur dans le ventre de sa mère Élizabeth) et elles demeurent dans l’hésychia : dans l’accoisement et la paix d’une prière silencieuse, « mystique » au sens grec de l’expression liturgique.
Car c’est bien une Liturgie qui s’est accomplie, et elles y prennent leur part selon la prescription liturgique : le Précurseur a reconnu le Christ au début de l’Évangile de Luc, puis il l’a annoncé lors du Baptême, puis il a envoyé ses disciples vers Lui, pour Lui demander s’Il est bien Lui … Jean a accompli en quelque sorte son office de Diacre, l’office de celui qui entre et qui sort du Sanctuaire, et qui appelle à l’attention, à la prière et à l’eucharistie.
Et maintenant que Jésus a accompli, Lui, l’office du Prêtre, les femmes – c’est à dire nous, en fait : ceux et celles qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique, qui lui obéissent - demeurent dans l’hésychia. Silencieusement enfermées chez elles. Dans cette chambre du fond (Matth. 6, 6) où le Père est présent dans ce qui est secret – et voit dans ce qui est secret.

Cette « absence », cette « ex-stase » des femmes, c’est le sommet de tout l’Évangile : c’est pendant qu’elles restent dans l’hésychia que le Christ, enfin, va ressusciter.
Et si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine… (I Cor. 15, 17)

Inutile de chercher à raisonner avec notre intelligence : si le Christ n’est pas ressuscité, il n’y a plus qu’à balayer tout cela et retourner dans le monde. Sortir de la chambre du fond, où le Père voit dans le secret ; et jeter aux orties les prescriptions du sabbat. Certes, l’intelligence nous est donnée pour que nous nous en servions pour raisonner, mais elle n’est capable que de cela : en posant cette question, et en la posant de cette manière, l’ami mystérieux de Christian aurait pu nous amener tout simplement à jeter notre Bible au feu : l’intelligence est comme la langue d’Ésope, capable du meilleur et du pire.
La seule VRAIE réponse était dans l’hésychia des femmes myrrhophores. Christian l’a bien compris, avant Kierkegaard. Car c’est à ce moment-là que le Christ est ressuscité, et que notre foi a cessé d’être incertaine, d’être l’objet d’une question, justement.

Du coup, la vraie question (cachée derrière l’autre comme un train en cache un autre) devient : MAIS QU’EST CE QUE L’HÉSYCHIA ?

Je crois que la réponse est à la fois dans l’enfant Jean Baptiste (qui a reçu le Saint Esprit étant encore au ventre de sa mère) et dans ces autres enfants que Jésus insiste pour nous donner en exemple - dans Luc 10, 21 : « Je te loue, Père… parce que Tu as caché cela aux sages et aux intelligents et l’as révélé aux enfants » - mais plus encore dans Luc 18, 17 : « Quiconque n’accueille pas le Royaume de Dieu comme un enfant n’y entrera pas ».
Et que faisons-nous durant toute notre enfance , sinon d’écouter, et de faire ce qui nous a été dit ? Le raisonnement, c’est une affaire d’adultes, d’hommes faits. Ce n’est pas l’affaire des enfants.

Eliazar

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Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

La question soulevée étant extrêment générale, je vais essayer de répondre par une rapide synthèse.

Adam n’a pas été créé mortel par Dieu. Nous ne devons pas penser qu’il aurait dû, avec ou sans péché, quitter un jour son corps par une nécessité de son corps. En tant que créature, Adam aurait dû n’avoir qu’une existence limitée. Mais en le créant à son image, Dieu lui a accordé l’immortalité et il aurait dû ne pas mourir.

Tout ce que Dieu a fait est bon, mais en créant le genre humain en Adam, ainsi qu’en créant les ordres angéliques, Dieu a voulu que ces créatures aiment leur propre Créateur par un libre choix. En el les dotant de la liberté de Lui obéir (c’est-à-dire de l’aimer) ou de Lui désobéir, Dieu a donc pris, par paradoxe qui reste pour nous inconcevable, le risque d’échouer.

Satan s’est révolté. Ce fut, c’est et ce sera son unique détermination, et il est éternellement dévoré du feu de son inextinguible révolte. Il a entraîné Adam et Ève dans cette révolte en lui suggérant la stupide illusion de désirer être comme Dieu. En commettant cette faute originelle, Adam s’est condamné à l’échec de son existence, mais Dieu lui a coordé de rester immortel et de pouvoir croître et se miltiplier. Mais Adam a transmis à ses descendants, le genre humain, un vie mutilée.par la faute originelle.

Le dessein prééternel de Dieu était que Verbe devînt le Premier-né de la Création. Mais en raison de l’immense gâchis provoqué par la chûte, il a hâté sa venue pour retrouver dans la boue de nos péchés son Image déchue. Pour la restaurer il nous a donné l’illumination dans le bain de la régénération (le Baptême, unique et non renouvelable) et il est venu nous inviter à participer au Mystère de l’offrande, ce banquet qu’il offre Lui-même et où il est Lui-même offert. Alors nous pouvons marcher vers son Royaume, qui sera instauré le jour de sa Deuxième Venue en gloire.

Notre être est mystérieusement complexe, nous ne le savons que trop bien. Il participe du monde matériel et animal, avec tous ces déroulements et ses incertitudes, et notre âme est un peu à notre être physique ce que le logiciel est à l’ordinateur (et sa clé est le code ADN de chacun !!!). L’image de Dieu en nous est comme une étincelle de l’Esprit divin. Nous devons sauver tout notre être par une lutte de tous les instants avec le Diable.

Dieu est présent dans l’histoire des hommes par un être que nul intelligence humaine n’aurait jamais pu concevoir, c’est l’Église, et en chaque région de l’espace, en chaque temps de l’histoire, le Seigneur est représenté par le ministère de l’évêque.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Antoine
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Message par Antoine »

En en les dotant de la liberté de Lui obéir (c’est-à-dire de l’aimer) ou de Lui désobéir, Dieu a donc pris, par paradoxe qui reste pour nous inconcevable, le risque d’échouer.
Dans sa préscience Dieu savait pertinemment que l'homme ferait un mauvais usage de cette liberté. Il n'a donc pas "échoué". Dire qu'il y a une possibilité d'échec c'est énoncer qu'il y a un hasard coéternel à Dieu et limitatif de sa divinité. La création est parfaite car l'incarnation était déjà inscrite par le Conseil Divin dans la création afin que le Fils renouvelât en Lui et par Lui le « à l’image et à la ressemblance ».

St Jean Damascène écrit dans "La Foi Orthodoxe Livre II, Chapitre XXX": « Dieu connaît tout à l’avance, mais ne prédétermine pas tout. Ce qui nous arrive de notre fait, il le sait d’avance; il ne le prédétermine pas, car il ne veut ni que la malice survienne, ni que la vertu soit imposée. De sorte que la prédétermination est l’ouvrage du commandement divin qui prévoit; et ce qui ne dépend pas de nous, il le prédétermine dans sa prescience. Car Dieu dans sa bonté et dans sa justice a tout jugé à l’avance par sa prescience. »
Pour que l’on puisse dire qu’il y ait un « risque d’échouer »il faudrait dire que le Péché d’Adam est une faute ontologique. Or l’autodivinisation suggérée par le serpent à laquelle a voulu accéder Adam était impossible . Ainsi la faute d'Adam reste personnelle et non ontologique (comme le dit St Maxime le confesseur). La mort inscrite comme sentance du non respect de la Loi Divine est justement ce qui évite que le péché soit éternisé. Pour qu’il y ait risque d’échec il aurait fallu que Dieu donne la possibilité de cette autodivinisation ce qui est un sophisme déjà expliqué dans mon message précedent qui traite du créé et de l’incréé.

Si Dieu n'avait pas créé l'homme libre à cause de la possibilité du mal généré par le mauvais usage de cette liberté humaine cela impliquerait que le mal a une existence en soi, ce qu’il n’a pas, et qu’il est une puissance supérieure à la puissance créatrice divine.
C’est ce qu’explique st Jean Damascène au Livre IV, Chapitre XXI

Dieu par sa bonté amène du non-être à l’être les choses qui arrivent et il sait à l’avance ce qu’elles seront. Donc, d’une part, il n’y en aurait pas de mauvaises à venir, ni de prescience à leur sujet, dès lors qu’il ne devait pas y avoir cet avenir. La science concerne ce qui est, la pré-science ce qui sera. D’abord il y a l’être et, seulement après, être bon ou mauvais. D’autre part si le fait de devoir devenir mauvais dans le futur, empêchait les êtres que Dieu va susciter dans sa bonté de naître, c’est que le mal l’emporterait sur la bonté de Dieu. Dieu a donc fait bonnes toutes les choses qu’il a faites et c’est par le choix libre et personnel que chacune devient bonne ou mauvaise.

L’expression « risque d’échec » employée par Jean-Louis Palierne est donc à comprendre comme une expression doublement apophatique visant à saisir dans l’au-delà du concept le mystère de l’amour Kénotique de Dieu qui crée l’homme en vue de le diviniser, l'incarnation prévue de toute éternité étant la perfection de ce processus.
Sachant qu’il connaît parfaitement tout ce que je viens d’écrire, j’espère ne pas avoir trahi sa pensée.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Nous devons affirmer sans l’ombre d’une hésitation que tout ce qui a été créé a été créé par le Verbe prééternel et que tout est bon. Il n’existe aucun principe du mal. Personne n’a créé quelque choses de méchant ni de pervers.

En refusant de servir Dieu (les Pères disent parfois que c’est à cause de la jalousie que lui inspirait l’image de Dieu imprimée en l’homme) Satan a raté totalement son existence et l’infini amour que Dieu lui porte est pour lui un feu dévorant, le feu dont il veut se dévorer lui-même.

Satan ne “bénéficie” pas comme le genre humain de la possibilité de dérouler et de modeler sa propre existence dans le temps, ce que nous appelons notre liberté et qui n’est qu’un tout petit reflet de la toute-puissance créatrice de Dieu, une partie de l’image de Dieu en nous.

Nous, nous disposons de cette situation, qui n’est en réalité qu'éphémère et provisoire. Satan nous fait croire que nous avons ainsi la possibilité de choisir arbitrairement n’importe quoi, et que c’est là que nous pouvons fare notre bonheur.

Mais le perfection de l’homme ne peut se trouver que dans l’accomplissement de la volonté divine. Les Anges eux-mêmes servent Dieu en tant que volontaires.

Le ratage de Satan, et le ratage de certains hommes, que Satan a provoqué, n’en représentent pas moins un échec accepté par le Tout-Puissant. Que va-t-il en faire? C’est pour nous un mystère totalement incompréhensible. Nous ne devons jamais sous-estimer toute l’infinie violence de la haine de Satan vers le genre humain en marche vers le Royaume, c’est-à-dire envers l’Église. Et cependant Satan sait qu’il a été vaincu, depuis le jour où sur la Croix le Seigneur est mort volontairement (ce n’était donc pas simplement un échec devant la méchanceté humaine) pour faire de la Croix un hameçon qui a capturé la méchanceté encore plus grande de Satan (l’image de la Croix-hameçon est soulignée par les Pères).

Et cependant, bien que Satan se sache vaincu, il ne cesse de multiplier les attaques les plus cruelles et les plus perverses contre l’Église

Le premier geste de la piété consiste pour la créature humaine à allumer une bougie. Lorsque la Genèse place au tout début de la Création du monde la création de la lumière, elle anticipe sur les vues les plus profondes de la science la plus moderne sur les constantes cosmiques. Mais lorsque nous allumons un cierge nous admettons aussi que la petite flamme de l’Esprit qui est enfouie en nous (et généralement occultée sous de nombreuses couches de péchés) est une étincelle issue du brasier divin, ce qui fait de nous des fils de Dieu.

A l’extrême opposé, le péché est une paralysie généralé de tout notre être, une anesthésie totale de nos sens spirituels. Le piétisme qui sévit depuis trop longtemps dans l’Église (et qui est d’origine occidentale) ne nous fait voir que des péchés. Mais nous devons avant tout reconnaître notre état général de pécheurs.

Chaque fois que nous prosternons nous reconnaissons que nous avons été jetés à terre par le péché, et c’est pour nous relever, car nous sommes parties prenantes de la victoire du Christ sur le péché, la mort et le Diable. Dans l’Église nous devons toujours prier debout, non seulement parce que le Christ est ressuscité, mais parce que chaque Liturgie de l’Église anticipe le jour glorieux de la venue du Royaume.
Jean-Louis Palierne
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eliazar
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Création par Dieu et création de l'homme

Message par eliazar »

« Notre être est mystérieusement complexe, nous ne le savons que trop bien. Il participe du monde matériel et animal, avec tous ces déroulements et ses incertitudes… »

Au delà de tout ce qu’implique notre participation au règne matériel et animal, et qu’il est de notre possibilité (dans l’absolu) de vaincre par l’exercice plénier de notre liberté, orientée par une volonté sainte - comme y est parvenu le Verbe en Son incarnation - il reste encore et toujours sur notre nuque le joug de la seule caractéristique « invincible » de notre animalité – qui est la mort.

C’est elle qui nous communique cette angoisse et cette peur de l’échec dont Antoine dit parfaitement que le seul fait de croire qu’il puisse exister une possibilité d'échec « serait énoncer qu'il y a un hasard coéternel à Dieu et limitatif de sa divinité ». A ceci près que la mort n’est pas un hasard.
Et que l’échec et la mort puissent peut-être constituer malgré tout ce «hasard coéternel à Dieu et limitatif de sa divinité » , c’est ce que nous n’arrêtons pas de croire contre toute notre foi, sous l’emprise de cette angoisse et de cette peur, presque instinctivement – et contre quoi nous avons toute notre vie à lutter. C’est un perpétuel et fastidieux retour aux paniques obscures de notre animalité.

Seul le Christ Jésus a vaincu (par sa Divinité) cette loi « invincible » de la mort : « Par la mort il a foulé aux pieds la mort », comme nous le chantons avec jubilation à Pâques … et puis, la fête passée, nous n’arrêtons pas de l’oublier derechef, à chaque minute, en ce qui nous concerne. Même Lui, dans son humanité, en a sué du sang - au Jardin des Oliviers. C’est assez dire à quel point notre humanité baptisée peut rester elle-même contingente de cette animalité, malgré l’inhabitation en nous du Saint Esprit.

*

C’est en cela que je vois la plus terrible incompatibilité de l’Islam et de l’Occident. N’en déplaise à notre imbécile de président, l’Occident ne pourra pas plus admettre une invasion de « racines islamiques » dans son jardin que nous ne pouvons, dans l'absolu, y admettre la mort. Car c’est le fondement même de la fausse foi de Mahomet que d’affirmer que Jésus n’a pas traversé la mort pour parvenir à la résurrection – mais que « Dieu l’en a préservé ». Et les questions de voile ou de signes ostensibles ne sont que des "muletas" pour détourner notre attention du danger mortel.

De même que le pseudo archange Gabriel, qui aurait prétendument dicté la fausse Bible du Coran à Mahomet, le faux Jésus que les musulmans vénèrent inconsciemment comme le plus grand des prophètes (puisqu’ils reconaissent qu’Il viendra juger les vivants et les morts - ce qui laisserait entendre que les plus conscients d’entre eux savent déjà que Jésus jugera Mahomet lui même…) deviendrait alors la mort éternelle de l’espèce humaine …si elle avait un jour l’aberration de l’adopter à la place du Verbe incarné qu’enseigne la Foi Orthodoxe. Et c’est ce que cherchent de toutes leurs forces les sectataires avoués ou inavouables du Coran – dont Chirac n'est que le plus pitoyable.

Prétendre que nous avons autant de racines chrétiennes que de racines musulmanes revient en effet à confesser publiquement la dualité de deux dieux égaux et contradictoires : le Dieu de la vie et le dieu de la mort, JHWH et Satan. C’est devenu une quasi-coutume, dans notre pays, d’élire pour le diriger (et pour le re présenter, symboliquement, devant Dieu et devant les nations) un chef d’état appartenant à la Contre-Église – mais c’est à ma connaissance la première fois dans l’Histoire que notre nation a élu, à plus de 82 % de ses électeurs souverains, un Roi ou un Président officiellement dualiste, ou manichéen.

Il y a certes de quoi trembler : « Si le Christ n’est pas ressuscité, alors notre foi est vaine… » dit l'Apôtre.

Et même si nous n’en mourons pas tous, spirituellement, notre vieux peuple chrétien (et même jadis chrétien orthodoxe) risque de plus en plus d’en mourir.

Je pense que ce que vient de dire Jean-Louis Palierne n’en deviendra que plus effrayant avec les années : « Dieu est présent dans l’histoire des hommes par un être que nul intelligence humaine n’aurait jamais pu concevoir, c’est l’Église, et en chaque région de l’espace, en chaque temps de l’histoire, le Seigneur est représenté par le ministère de l’évêque. »

C’est vrai – et en même temps, d’une Vérité à faire peur ! Qui de nous, chrétiens orthodoxes, pourrait en effet ne pas être effrayé en voyant tant de nos Évêques faire semblant d’accepter l’Islam comme s’il était une sorte de « religion compatible ». On voit un peu partout se généraliser l’expression toute faite (mais pas innocente pour autant) de « religions du Livre »; englobant donc, hypocritement, sataniquement, le Coran lui-même.

En d’autres siècles, nous avons déjà vu la Papauté Schismatique abandonner tous nos frères de l’Empire Byzantin à la loi implacable du Coran ; mais aujourd’hui, l’abomination a beaucoup progressé, et il se trouve un certain nombre d’Évêques restés orthodoxes pour fermer les yeux devant le grignotement de sa néo-invasion de l’Europe. C’est la raison essentielle du silence complice que nos média étendent comme un drap de mort sur le visage des peuples orthodoxes victimes de la persécution musulmane, comme en Serbie ou en Crète. Et de leurs bêlements admiratifs devant la nomination officielle, par les dirigeants de la République laïque, du premier de tous les Préfets à être choisi en raison de sa religion. Parce que c’est celle du Coran.

Aujourd’hui, il s’en faut d’un cheveu qu’on ne prenne Théophile Gautier pour un prophète : il ne savait pas si bien dire en écrivant « A Constantinople, on grignote toujours quelque chose… ». Il faut hélas constater que cette avancée masquée des avant-postes de l’Islam se fait avec la complicité d’un de nos Évêques les plus haut placés, et comme avec sa bénédiction ; en tout cas, sous sa poussée. Un patriarche rendu inconscient par l’esprit des Lumières finit par apporter l’appui de sa soi-disant orthodoxie à l’introduction de l’Islam au cœur de l’Europe maçonnique - par le biais du véritable cheval de Troie constitutionnel que la Turquie a patiemment réussi à devenir en un demi-siècle de ruses diplomatiques …

Jean-Louis Palierne a raison dans sa formulation : c’est le ministère épiscopal qui représente le Seigneur en chaque région de l’espace et en chaque temps de l’histoire.

Le problème, pour la Sainte Église du Christ, est de plus en plus la nécessité de distinguer entre le Ministère … et chacun des Évêques qui l’exercent sur nous.

Allons-nous revenir aux temps de la marée arienne ? Et un chrétien orthodoxe a-t-il encore le droit de dire : Après nous le Déluge ?

" Veillez, dans une prière de tous les instants, pour être jugés dignes d'échapper à ce qui doit arriver..."
(Luc 21, 36)

Eliazar
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Je ne voudrais pas qu’il y ait de confusion: il n’y a pas de hasard pour Dieu. Mais il nous demande d’acquiescer à tout ce qu’il propose, et nous avons la possibilité de refuser notre synergie. Nous pouvons apporter notre signature personnelle à l’édifice de la Providence. Nous pouvons aussi la refuser, mais dans ce cas nous ne construisons pas un contre-monde, nous ne nous unissons à personne, nous n’apportons rien d’autre que le désespoir extrême qui dévorera les damnés en voyant à l’œil nu l’amour de Dieu auquel ils seront devenus totalement étrangers, ennemis mêmes.


Quant à la mort, elle ne doit pas empoisonner tous nos instants, car au-delà de la mort, lorsque nous serons arrivés au terme de l’attente de la Seconde Venue, nous ressusciterons dans notre chair pour vivre dans le Royaume. Ce que sera cette vie, nous pouvons nous en faire une idée en voyant comment le Christ parcourait ce monde quarante jours durant, avant de monter au ciel. Il traversait les portes et entrait dans les lieux clos, mais il pouvait manger avec ses disciples et Thomas put toucher ses plaies. Cette chair n’était pas abstraite. Il en sera ainsi de nous.

Comment notre chair pourra-t-elle ressusciter alors que ses éléments tombés en poussière seront mêlés à la poussière la terre ? Les Anciens avaient du mal à comprendre alors qu’il croyaient que chaque parcelle de notre matière aurait dû appartenir immuablement à notre corps. C’est plus facile pour nous qui connaissons les incessants mouvements mouvements et échanges de toutes les molécules qui le composent. Le véritable invariant physique et stable de notre réalité somatique individuelle est ce code ADN, qui peut reconstituer notre corps. Ne méprisons pas la science moderne.
Jean-Louis Palierne
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