Le carême et la bouffe occidentale

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Axel
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Le carême et la bouffe occidentale

Message par Axel »

Bonsoir,

Une question à ceux qui suivent le calendrier julien et qui se trouvent en pays non orthodoxe. Comment font t'ils pour concilier leur devoir de jeûner avec l'obligation familiale et sociale de manger moult aliments non carêmiques les 24, 25 et 31 alors que le Noël orthodoxe n'a pas encore été célébré?


Hein, komment k'on fait?
Irène
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Message par Irène »

La question s'est posée dans ma propre famille : en qualité de mère de famille, je prépare deux repas - carêmique et non carêmique, et je prépare de nouveau les repas de "fête" ensuite pour que personne ne soit lésé. Au sein de la famille ou de la maison, cela ne pose pas de problème.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Axel, pertinente question. Permettre aux orthodoxes qui vivait dans les pays occidentaux de pouvoir participer aux agapes du 25 décembre sans rompre le carême était une des raisons avancées par la conférence de Constantinople en 1923 pour expliquer l'adoption du calendrier julien révisé, qui fait provisoirement coïncider le 25 décembre ecclésiastique et le 25 décembre civil.
tanios
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Message par tanios »

...
L'aspect alimentaire du jeûne n'est pas facile avec soi-même et c'est déjà plus compliqué avec les autres.
Si l'on est invité à un repas chez des amis , convient-il de refuser ce qui est proposé? C'est délicat!
Passons pour les repas en cantines où l'on peut se débrouiller dans le choix des plats mais c'est plus difficile en cas de déplacement.
Le jêune de la nativité est plus facile que le Grand Carême mais pour ma part il m'est difficile de l'appliquer dans son intégralité car à la maison je suis le seul à essayer de jêuner . Mes enfants me regardent et me disent que eux sont des enfants et ne sont pas concernés! Mon épouse est catholique et ne sent pas liée par ce jeûne. Or chez les catholiques le jeûne alimentaire est facultatif , pratiquement accessoire ...
...
Plus prosaïquement en cette période on ne mange ni poissons , ni viandes ni laitages...Cette règle étant allégée les samedi et dimanche...Est-ce bien cela pour cette période de noel?
T.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Cher Tanios,

Les règles du jeûne sont allégées pour le carême de Noël, par rapport au Grand Carême. Le poisson est permis les samedis et dimanches, les fruits de mer et crustacés sont permis les mardis et jeudis. Il n'y abstinence de toute chair que les lundi, mercredi et vendredi.

Les CR ont totalement laissé tomber le jeûne, alors que le déplacement du jeûne hebdomadaire du mercredi au samedi avait été au XIème siècle un des prétextes pour se séparer de l'Orthodoxie. C'est dommage parce que le jeûne est important dans la vie spirituelle. Le Christ lui-même nous dit que "cette sorte de démons ne se chasse qu'à force de prière et de jeûne" (Mt 17, 21).

Je pense que, si vous êtes invité à manger dans une famille hétérodoxe, vous n'avez pas à vous soucier de ce que vous y mangerez, car l'Apôtre écrit: "Si vous acceptez l'invitation d'un infidèle, mangez de tout ce qu'on vous servira, sans poser de question par motif de conscience" (I Cor 10, 27). L'Apôtre ne fait d'exception que pour la viande immolée aux idoles, qui doit être assez rare de nos jours...
Olia
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Message par Olia »

Comment concilier le Carême de Noël et la fête du Nouvel An ?

Je choisis des produits essentiellement végétaux (plats végétariens, salade "vinaigrette" à la russe, etc.), des fruits de mer (moules, crevettes...) ;

du poisson (ou, à la limite, même de la viande), s'il y a des invités qui ne suivent pas le Carême. Il est vrai que je n'évite pas le vin ou un peu de champagne.

Si je suis invitée chez des "mécréants" :) ou des chrétiens peu soucieux du respect de la règle, je peux rompre le Carême de la Nativité, selon la règle établie :). Enfin, nous essayons quand même de respecter le Carême dans la mesure du possible.
Olia.
christian
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Message par christian »

J'ai l'impression que le problème est souvent en nous! Nous nous posons beaucoup de questions sur ces aspects du jeûne et je m'en suis posée et m'en pose énormément. Il me semble important de jeûner comme si l'on était seul face à Dieu. Ne pas regarder ce que fait mon voisin. Ne pas choquer si notre jeûne peut choquer quelqu'un. Je pense que l'amour du prochain doit passer au-dessus du précepte.
" le Jeûne est fait pour l'homme et non l'homme pour le jeûne".
Si notre jeûne peut être un témoignage envers les autres à Noël ou se faire discrètement sans créer de scandale, il est important de le faire. Le faire et le vivre dans la prière et sous le regard du Christ.
Ces périodes de carêmes nous permettent également de vivre ces tensions, ces questionnements et de nous reconnaître pêcheurs et éloignés de Dieu et de ce que l'on voudrait être.
N'est-ce pas aussi cela le carême de Noël, vivre ces contradictions en essayant de rester un.
Bien sûr, il est important de le faire sans complaisance envers soi-même et je pense que c'est une question à discuter avec son Pêre spirituel afin de ne pas s'égarer. Il n'y a pas une réponse unique pour tous. Le carême est pour tous le même, mais l'application peut être différente pour chacun! Qu'en pensez-vous?
Jean-Serge
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Règles du carême?

Message par Jean-Serge »

J'ai toujours lu que les règles du Grand carême étaient :

-pas de poisson (sauf pour l'Annonciation et le dimanche des Palmes; certains ajaotant la résurrection de Lazare)

Or j'ai appris ce dimanche que semble-t-il il s'agissait d'un usage monastique qui était passé -dans l'église russe- chez le peuple. Je tiens l'information d'un prêtre géorgien. D'après lui, le nomocanon indique que l'on peut manger le poisson plus souvent.

Par ailleurs, par des témoignages concordants, il me semble qu'en Serbie, durant le grand carême, on mange du poisson également (soit samedi et dimanche soit aussi hoes samedi et dimanche). Je ne suis pas sûr sur ce point.

Quelqu'un qui aurait les références canoniques (que je n'ai guère trouvées en français y compris dans le pédalion) ou qui serait d'ue tradition ni russe ni roumaine pourrait-il m'éclairer à ce sujet.
Priidite, poklonimsja i pripadem ko Hristu.
Sylvie
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Message par Sylvie »

Je constate que personne n'a répondu à Jean-Serge lorsqu'il demandait :"Quelqu'un qui aurait les références canoniques "

Je suis d'accord avec Christian lorsqu'il dit que :
Je pense que c'est une question à discuter avec son Pêre spirituel afin de ne pas s'égarer. Il n'y a pas une réponse unique pour tous. Le carême est pour tous le même, mais l'application peut être différente pour chacun!
Je comprends aussi lecteur Claude :
Je pense que, si vous êtes invité à manger dans une famille hétérodoxe, vous n'avez pas à vous soucier de ce que vous y mangerez, car l'Apôtre écrit: "Si vous acceptez l'invitation d'un infidèle, mangez de tout ce qu'on vous servira, sans poser de question par motif de conscience" (I Cor 10, 27). L'Apôtre ne fait d'exception que pour la viande immolée aux idoles, qui doit être assez rare de nos jours...
J'ai trouvé un tableau "guide du jeûne dans l'église Orthodoxe".

J'y vois que pour le carême de Noël, nous nous abstenons de toute viande et produits laitiers.

Le poisson avec arête est permis le samedi et dimanche avant le 20 déc. Par contre sont permis les crustacées et fruits de mer sans os.

Le vin et l'huile sont permis les mardis, jeudis, samedis et dimanches avant le 20 déc.

Pour cette année je me donne du temps pour m'habituer. Je ne me mets pas en conscience de pécher si je n'y arrive pas à cent pour cent.

J'ai de la difficulté pour l'huile. Le reste aussi, mais mon problème est d'un autre ordre. Comment contrôler l'huile ? Est-ce que ça veut dire que nous ne faisons pas de sautés aux légumes et amandes sauf pour les jours permis ? Est-ce qu'il faut surveiller la composition de tous les aliments que l'on achète ? Même dans le beurre d'arachide il y en a.

Est-ce que, si j'étais très stricte, je ne devrais pas manger de pain si parmi les ingrédients il y a des œufs ou du lait et du gras ?

C'est quoi une vinaigrette russe ?

Aussi, il me semble avoir lu, qu'il faut s'abstenir de toute nourriture le 24 décembre jusqu'au coucher de soleil donc depuis le coucher du 23 déc.
Est-ce que cela veut dire qu'après le coucher du soleil du 24 déc., c'est Noël et on peut fêter avec dinde, tourtière (Québec) etc. jusqu'à minuit, car au coup de minuit il faut s'abstenir de manger et boire pour la communion du lendemain ?

Ma crainte est de vivre selon l'observance des règles et de passer à côté de la spiritualité du jeûne.

J'ai beaucoup de questions. Ne me laissez pas sans réponses.

Amicalement

Sylvie
Irène
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Message par Irène »

Sylvie
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Message par Sylvie »

Merci Irène pour les liens. J'irai voir.

Mais je n'ai pas besoin de recettes, j'ai un livre de recettes pour les végétariens. Je trouvais que nous mangions trop de viande. : ) :) : )

C'est jusqu'où doit-on surveiller les étiquettes ? etc.

Sylvie
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Merci pour les recettes, Irène, mais elles supposent de manger chez soi, d'avoir une cuisine équipée, de maîtriser tout.
J'ai un travail que j'aime bien, que je n'ai pas envie de larguer surtout en ces temps de chômage, mais qui me fait manger dehors la plupart du temps ou rentrer à de telles heures qu'il n'est pas question de me mettre en cuisine. Donc je me suis déjà heurtée au paradoxe suivant : pour suivre les règles, il me faut plutôt aller dans un restaurant cher, ce qui me paraît d'une absurdité sans nom pour un jeûne. Et si j'essaie d'en suivre plutôt l'esprit, tant pis pour les règles, elles seront de toutes manières transgressées par un bout ou un autre.
Je m'en tire le soir avec des soupes chinoises instantanées (en évitant le "goût poulet" ou le "goût boeuf" encore que la matière animale présente dans ces "goûts" doit être de l'ordre du microgramme), mais je n'ai rien résolu pour midi.
Si j'en parle, c'est que ce paradoxe a de grandes chances de se poser à tous ceux qui vivent en contexte urbain, travaillent à plus d'une heure de route de leur domicile, qu'ils aient ou non un cantine sur place.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
Irène
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Message par Irène »

Ma crainte est de vivre selon l'observance des règles et de passer à côté de la spiritualité du jeûne
,

c'est ce que vous avez écrit, Sylvie et c'est ce qui est important.

Il n'est pas - à mon avis - nécessaire de lire les étiquettes et je pense que c'est un sujet très personnel, qui dépend de la santé et des besoins physiologiques de chacun, de la vie professionnelle, etc.
Antoine
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Message par Antoine »

Ma crainte est de vivre selon l'observance des règles et de passer à côté de la spiritualité du jeûne.
Comme disait Pascal: "Mettez vous à genoux et vous croirez"
Observons le carême et la spiritualité du jeûne viendra.
Il n'y a pas de crainte à vivre selon l'observance des règles. C'est un argument-excuse peu recevable. Il y a plutôt à craindre de les enfreindre car là bien souvent, il est rare qu'on les enfreigne par "spiritualité du jeûne". Les accommodements ne sont que des leurres engendrant l'illusion d'être dans la spiritualité du jeûne sans en observer les règles. On peut trouver du sens à ce que l’on fait. Difficile d’en trouver à ce que l’on n'a pas fait et que l'on aurait dû faire. Avez vous remarquer à quel point les manquements au jeûne génèrent de la tristesse, un avant goût d’acédie. C’est parce que l’on relâche son effort et que l’ennemi en profite.
Enfin moi je vous dis ça, c'est juste parce que ce que j'aime bien dans le carême c'est m'occuper de celui des autres plus que du mien.
Sylvie
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Message par Sylvie »

Chers amis,

Réalisez-vous une chose ?

Souvent c'est la femme qui cuisine donc elle a une très grande responsabilité sur le dos de faire des repas strictes pour sa famille. Bien sûr dans une famille entièrement Orthodoxe.

Le mari peut toujours dire, "Je mange ce qu'on me donne". La femme sur qui met-elle la faute ? Sur le serpent ?

Ça ne vous rappelle pas quelque chose ?

Sylvie
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