Paroisse Orthodoxe Copte a Pau et succession apostolique

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Modérateur : Auteurs

Monique
Messages : 788
Inscription : mer. 31 mars 2004 10:19

Message par Monique »

Christ est ressuscité!

Cher Jean-Louis

Merci beaucoup pour tout ce que vous avez dit plus haut sur votre vie et votre chemin.
C'est ce que j'apprécie beaucoup sur ce forum, c'est de pouvoir dire tout haut, en étant écouté, toutes les difficultés rencontrées par un occidental qui se converti à l'orthodoxie.

Vous avez dit au sujet de l'ECOF:
.
par contre les éléments prétendus gallicans faisaient un peu penser à un décor de carton-pâte en style “troubadour”.
Comme cela est malheureusement vrai; et pendant la Semaine Sainte, ce n'est plus du style troubadour mais plutôt un style mélodramatique. Les chants, au lieu d'aider la méditation et l'intériorisation, agissent sur la partie émotive du psychisme, et relèvent plus des mystères moyenâgeux que de la liturgie.
Et pourtant au début j'ai trouvé cela magnifique, et j'ai cru que c'était la manière d'enseigner de l'orthodoxie. J'ai passé ma première Semaine Sainte et mes premières Pâques "orthodoxes" à Béthanie.
Il y avait des groupes et des cercles parallèles à la communauté, et il y avait d’ailleurs aussi des rivalités entre eux

J'ai aussi rencontré ces groupes mais je ne m'y suis jamais mélée et dans ma paroisse ils ont assez vite disparu, mais ils sentaient le souffre.
J'ai toujours dit à mes amis de l'ECOF que cette église avait un "goût de secte" mais personne ne comprenait et je n'avait pas assez de discernement pour voir d'où cela venait. et ce "goût de secte" aa disparut en grande partie quand nous avons quitté l'évêque.
Jean-Louis Palierne
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Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02

Message par Jean-Louis Palierne »

La foi d’Abraham est née du spectacle de la Création. Elle ne doit rien à aucune discipline proprement religieuse, il n’est pas même fait mention d’aucune religion païenne. Cette foi se communique dans un groupe familial, donc purement naturel elle se transmet jusque dans l’esclavage d’Égypte comme une Alliance entre la Divinité et les héritiers d’Abraham devenus un peuple. Elle est menacée alors par des compromissions avec les cultes des païens, les Égyptiens, qui étaient leurs maîtres. C’est après la sortie d’Égypte, durant leur migration dans les déserts de la vie déchue et de la solitude, lorsqu’ils furent arrivés au bout de l’expérience de toutes les détresses du monde, que YHWH scella son alliance en leur imposant la Loi au Peuple qu’il avait élu. Il lui fait alors fabriquer une Arche d’Alliance pour y garder cette Loi, et il institue un Grand Prêtre pour présenter devant Lui la prière du Peuple. Ce Grand Prêtre n’est pas Moïse, celui qui conduisait la Sortie d’Égypte, ce fut son frère.

Nous voyons là que l’homme peut concevoir en son cœur le désir de la foi. Mais dans les détresses de ce monde, devenu un peuple, et un peuple errant, il lui faut une Église, qui garde la Loi, qui présente devant Dieu la prière et qui bénit le peuple, et cette Église est représentée par un Grand Prêtre et les serviteurs du sanctuaire. Les chefs qui conduisent le peuple et le dirigent dans son itinéraire et dans les combats de ce monde sont une chose, l’Église, son Grand Prêtre et les serviteurs du sanctuaire en sont une autre. Nous voyons aussi naître là le Sacré : c’est un domaine très spécifique dans la vie des hommes.

En fondant dans son Sang la Nouvelle Alliance, le Fils unique et Verbe de Dieu a démultiplié l’Arche d’Alliance. L’Alliance n’est plus le privilège d’un peuple élu. En tout point de l’espace, en tout instant de l’Histoire des hommes, le Grand Prêtre entre comme il le veut dans le sanctuaire, il franchit le rideau de l’iconostase, il distribue la Grâce du Baptême et de l’Eucharistie avec l’aide des serviteurs du sanctuaire. Il fait de tous les fidèles un Peuple royal.

Mais c’est autour de l’évêque que les fidèles deviennent un peuple royal, et l’évêque est fait évêque par la synodalité des évêques, il exerce son charisme épiscopal sous le contrôle du synode épiscopal auquel il participe, et c’est grâce à ce charisme qu’il exerce le discernement qui lui permet de lier et de délier les pécheurs, d’observer leur conduite pour leur appliquer le traitement convenable, qu’il discerne et qu’il appelle progressivement les hommes qu’il ordonne comme serviteurs de l’Église et du sanctuaire. Il gère les biens de l’Église sous sa propre responsabilité, fonde églises de village, sanctuaires des martyriums, des cimetières, et c’est en dernier sous sa responsabilité que sont placés les communautés monastiques. C’est lui qui assure l’enseignement de son peuple et le maintient dans la Tradition dogmatique des Pères etc. C’est le charisme de l’évêque qui fait de l’Église une communion.

Le triple “Axios” de l’ordination est une approbation de ce qui vient d’être fait, pas un vote à main levée (et ce n’est pas le sens du mot chirotonie !). Le peuple royal ne délègue pas le charisme épiscopal à l’évêque. C’est le synode épiscopal qui fait l’évêque. La paroisse n’élit pas son prêtre, c’est l’évêque qui choisit, au terme d’une progression, le futur prêtre et qui l’affecte au service de différents lieux de culte selon l’évolution des besoins (il peut toujours le déplacer). L’évêque ne fonctionne pas isolément, mais il doit toujours mettre en commun ses décisions pastorales avec ses collègues du synode auquel il participe.

Le modernisme consiste à ne vouloir voir dans l’Église que ce qui serait vécu explicitement, collectivement, simultanément par le peuple, et à déplorer que tout ce qui a fait la vie de l’Église à l’époque récente ne soit le fruit que d’une déformation immobiliste, piétiste et obscurantiste imposée par l’épiscopat monarchique. “Peut-être qu’un jour enfin nos évêques consentiront...” Le modernisme est persuadé que des réformes liturgiques permettront à la communauté paroissiale d’éviter le piège du piétisme de la prière personnelle (voire, pis encore, du monachisme) et que c’est le suffrage populaire qui pourra insuffler un esprit nouveau à nos évêques. Paroles adressées naguère à un moine: “votre présence ici est une injure pour nous !” à des laïcs qui venaient à l’Église avec un kambouskini: “ce n’est pas la prière qui doit être personnelle, c’est la confession au prêtre de la paroisse”.

L’Église locale serait plutôt la paroisse que le diocèse parce qu’elle peut reposer sur une base relationnelle dans la vie quotidienne et permettre la prise en charge des difficultés humaines par des œuvres. La référence “locale” paraît fournir la clé d’un retour aux problèmes “concrets” par opposition aux traditions immobilistes.

Répondant à ce que j’avais dit : « “Il n’y a pas de prière personnelle” et c’est la communauté qui devient le lieu sacré. La lutte spirituelle personnelle, l’épreuve des tentations, le retrait à l’écart de ce monde, sont considérées comme des déviations malsaines », Antoine me réponds : « Dans les communautés orthodoxes que j'ai pu traverser,je n'ai jamais ressenti cela. Bien au contraire. »

Je plains de tout cœur Antoine qui ne s’en est jamais aperçu. Je ne parlais pas ici de mon expérience personnelle dans l’ÉCOF (qui n’est à mon sens qu’une expression sans fard et caricaturale d’un modernisme presque identique à celui de la Fraternité), je parlais de l’expérience de très nombreuses personnes qui ont ressenti une profonde gêne dans les paroisses orthodoxe de France, et qui peinent à expliquer ce que représente cette pression sourde et constante qui s’exerce sur elles. C’est également ce que l’on peut constater dans la littérature religieuse écrite et diffusée par les modernistes, et je m’étonne, par exemple de ce qu’Antoine ne soit pas choqué de voir le site “La Transfiguration” de P. Ladouceur recommander côte à côte la lecture de Florovsky et de Schmemann, du père Justin Popovitch et de Boulgakov. Il y a cependant bien là une opposition parfaitement réelle, qu’on ne doit pas passer sous silence.

Rappelons-nous aussi que ce sont presque uniquement des maisons d’édition non-orthodoxes qui publient des ouvrages de “spiritualité” de la Tradition patristique, cependant que la Fraternité s’efforce de faire le silence sur les ouvrages représentants la Tradition petristique. Aux moins eux, ils ont parfaitement perçu l’incompatibilité.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Antoine
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Inscription : mer. 18 juin 2003 22:05

Message par Antoine »

Citation:
Répondant à ce que j’avais dit : « “Il n’y a pas de prière personnelle” et c’est la communauté qui devient le lieu sacré. La lutte spirituelle personnelle, l’épreuve des tentations, le retrait à l’écart de ce monde, sont considérées comme des déviations malsaines », Antoine me répond : « Dans les communautés orthodoxes que j'ai pu traverser,je n'ai jamais ressenti cela. Bien au contraire. »

Je plains de tout cœur Antoine qui ne s’en est jamais aperçu.


Pour une fois que vous me plaignez je ne vais pas m'en plaindre et je vous suis très reconnaissant de votre compassion à mon égard.
J'ai déjà écrit que je suis arrivé à l'orthodoxie par un chemin solitaire passant de l'idéalisme allemand à la lecture des Pères. (Rappelez-vous notre échange sur la formation des concepts d’ousia et d’hypostase) Je n'y suis pas arrivé par la découverte de communautés. Je me suis nourri à la littérature orthodoxe dont j'ai déjà établi une liste non-exhaustive que vous pouvez consulter sur le site. Ma dernière re-lecture étant par exemple votre excellente traduction de "Les voies de la connaissance de Dieu" du Père Justin Popovic. Je vis avec ce patrimoine là dont je me nourris régulièrement. Il est devenu ma respiration.
Et je n'ai ,moi, jamais entendu que l'on dénigrait la prière personnelle, La lutte spirituelle personnelle, l’épreuve des tentations, le retrait à l’écart de ce monde, considérées comme étant des déviations malsaines
Sans doute ne me suis-je intéressé qu'à ce que je cherchais moi-même passant à côté de ce que vous dénoncez sans le dénoncer puisque vous ne citez jamais personne et que vous restez toujours très vague. Et j’ai toujours fui les prêtres qui jouaient les gourous, ne me mêlant pas aux groupes de fans qui se targuent de leur « Père spirituel » (terme complètement galvaudé et dévoyé dans les paroisses) comme on porte du Christian Dior ou du Hermès (prout, ma chère)en arborant des chapelets de 300 boules.
En revanche, étant devenu orthodoxe pour des raisons spirituelles que la pudeur ne me permet pas de dévoiler ici et pour des raisons objectivement théologiques, dogmatiques, historiques etc…je suis très sensible à tout ce que je peux lire ou entendre et qui me semble véritablement une trahison du dépôt. Vous écrivez que le combat contre l’œcuménisme est désuet et je trouve moi que ses ravages en sont de plus en plus catastrophiques. L’a-dogmatisme règne en maître dans les paroisses et comme vous le dénoncez clairement :
Citation:
Malheureusement en France nous ne voyons aucun[évêque] qui prenne au sérieux son devoir de prêcher l'Orthodoxie, rien que l'Orthodoxie et toute l'Orthodoxie.

On peut effectivement se demander :<<qu’est-ce que les évêques ont fait de leurs charismes ?>> Car dès qu’ils ouvrent la bouche il y a toujours de « l’église sœur » derrière. Voilà le grand paravent de l’apostasie. On s’en sert espérant freiner l’avancée des troupes vaticanes dans les pays orthodoxes au nom de la non-ingérence dans des territoires canoniques, feignant d’oublier que pour le Vatican l’orthodoxie n’est pas comptée au rang « d’Eglise sœur ».Alors qu'attendons-nous pour en faire autant? C’est ce renoncement à l’ecclésiologie qui fait que nos évêques cultivent l’ethno-philétisme que vous dénoncez et dispensent le relativisme sacramentel n’ayant aucune doctrine sur le mode de réception d’un hétérodoxe Dernièrement une jeune fille a été reçue dans l’orthodoxie dans la paroisse N.D. des Affligés par une simple profession de foi, sans aucune abjuration et avec l’enseignement que son baptême et sa confirmation étaient parfaitement valides. Y a-t-il un évêque dans l’avion ?
Il n’y a plus guère que chez les VCO qu’on professe encore la vraie foi, mais je ne peux faire le pas pour l’instant car comme je l’ai déjà écrit ici-même, ils me forceraient à déclarer que Eliazar, Lecteur Claude, Irène-Monique etc… et vous-même n’êtes pas orthodoxes. Et ça je ne le supporte pas.
Mais je trouve indécent qu’un prêtre orthodoxe refuse de proclamer que son Eglise est la seule Eglise du Christ parce qu’il préfère avoir sa tronche dans le journal. Cela m'atteint plus que le modernisme au risque que l'on prenne pour de l'adversité personnelle ce qui a une portée universelle. Antoine aboie et la caravane passe quand même.
Pour ma part, je ne me suis nourri qu’auprès de ceux qui prônaient la «prière personnelle, la lutte spirituelle personnelle, l’épreuve des tentations, le retrait à l’écart de ce monde » regrettant mais passant outre leur timidité à dénoncer la pan-hérésie dévorante. Et il existe encore dans notre clergé des hommes de Dieu qui vivent de la prière et de la lutte contre les passions qui se gardent à l'écart du brouhaha de nos disputes juridictionnelles, un peu comme St Isaac le Syriaque s'est tenu à l'écart des grands combats dogmatiques de son temps.

Citation:
je m’étonne, par exemple de ce qu’Antoine ne soit pas choqué de voir le site “La Transfiguration” de P. Ladouceur recommander côte à côte la lecture de Florovsky et de Schmemann, du père Justin Popovitch et de Boulgakov. Il y a cependant bien là une opposition parfaitement réelle, qu’on ne doit pas passer sous silence.

Non ça ne me choque pas. Car Ladouceur n’est pas l’Eglise. Quant à moi, il est évident que je garderais en outsider Popovitch et Florovsky(dont j’avais déjà lu la traduction du Père JeanRoberti avant la vôtre). Regardez la liste que j’ai publiée. (Pour Boulgakov je serais plus nuancé, un peu comme pour Origène).Je n’ai pas l’habitude d’exercer la censure dans les publications et je fais mes choix pour moi et pas pour les autres. Tout le monde n’a pas la même aptitude en ce domaine. Il y a ce qui est nourrissant et ce qui ne l’est pas.
Ce que je n’ai pas vu c’était la relation entre le site de Ladouceur et Béthanie d’où l’utilité d’un tel forum pour des naïfs comme moi. Ce qui me choque en revanche, c’est de voir les livres qu’on expose dans certain monastère et qu’on propose à la vente au public de passage. Là il y a un véritable travail de propagation qui est fait n’importe comment et beaucoup lisent telle ou telle chose parce que le monastère l’a vendue. Alors que les monastères pourraient faire comme nous sur ce forum car
vous savez très bien que s’il y a un endroit où l’on fait la promotion de vos traductions parce qu'elle sont une oeuvre de haute orthodoxie, c’est bien sur ce forum !

Ne me plaignez pas, c'est inutile . J'ai plus besoin de vos prières que de vos plaintes.
Antoine.
Claude le Liseur
Messages : 4352
Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13

Message par Claude le Liseur »

Je fais remonter ce fil pour répondre à la demande de Youen Le Bihan.
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