Paroisse Orthodoxe Copte a Pau et succession apostolique

Échangez vos idées librement ici

Modérateur : Auteurs

Claude le Liseur
Messages : 4352
Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13

Message par Claude le Liseur »

Ce n'est pas le caractère ethnique qui explique les absurdités dont tu fais état, c'est le caractère assez aléatoire (au sens d'un aléa de l'Histoire) de la juridiction de Constantinople sur la diaspora grecque.

Quand les émigrés grecs à travers le monde ont fondé leurs paroisses, ils se sont placés dans plusieurs juridictions en fonction des affinités et du hasard: la paroisse grecque de Livourne dans la juridiction d'Alexandrie, la paroisse grecque de Vienne dans la juridiction du métropolite orthodoxe roumain de Cernauti / Tchernowitz en Bucovine, les premières paroisses grecques en Australie dans la juridiction de Jérusalem, certaines paroisses grecques en Amérique dans la juridiction de l'archevêque orthodoxe russe de San Francisco. Les paroisses grecques en Angleterre se sont placées au début du XXème siècle sous la juridiction d'Athènes.

En 1922, pour compenser la perte de son troupeau d'Asie mineure par le patriarcat de Constantinople, et aussi pour mettre la diaspora grecque à l'abri des convulsions politiques de la Grèce, l'Eglise de Grèce a abandonné toute juridiction sur la diaspora au patriarcat de Constantinople. Mais, encore en 1930, une bonne partie des paroisses grecques en Amérique se réclamaient de la juridiction d'Alexandrie et la rébellion des dernières de ces paroisses a perduré jusqu'au début des années 1980. Cela fut essentiellement la tâche d'Athénagoras lors de son passage comme archevêque d'Amérique (1931-48): la juridiction phanariote obligatoire pour toutes les paroisses grecques, dont beaucoup n'en voulaient absolument pas. Mais que pouvaient-elles faire si l'Eglise de Grèce avait décidé de donner la juridiction sur tous les Grecs de la diaspora à Constantinople?

Sur la base de cette juridiction en Occident obtenue par la seule bienveillance de l'Eglise de Grèce, le patriarcat oecuménique a interprété le 28ème canon de Chalcédoine pour s'arroger une juridiction sur tous les orthodoxes en Occident.
Cette revendication, qui n'a jamais été acceptée ni par Antioche, ni par Moscou, ni par Belgrade, ni par Bucarest, a été puissamment renforcée par le choix d'un groupe d'émigrés russes autour du métropolite Euloge de Paris de se placer sous la protection de Constantinople en 1931. Ils ont ainsi donné naissance à l'archevêché de la rue Daru, avec le SOP, l'émission de télévision "Orthodoxie", etc. L'idée que le patriarcat oecuménique devait avoir juridiction sur tous les Orthodoxes en Occident a été soutenue à partir des années 1960 par tout un groupe de théologiens francophones oecuménistes qui appréciaient le peu de combativité du Phanar en comparaison avec les positions plus fermes de l'Eglise de Grèce.

Mais il n'en reste pas moins que 80 à 85% des fidèles du patriarcat de Constantinople proviennent d'une diaspora grecque qui ne se trouve sous la juridiction de Constantinople qu'en vertu d'un acte gracieux de l'Eglise de Grèce, et ceci alors que les positions du Phanar et celles de l'Eglise de Grèce ne sont pas en phase sur des questions comme l'oecuménisme.
Ce qui explique certaines des réactions que tu cites, la plupart des fidèles se sentant proches des positions de l'Eglise de Grèce et indifférents à l'évolution du Phanar sous la juridiction duquel ils ne se trouvent que par un accident de l'Histoire.

Maintenant, Constantinople revendique une juridiction sur les diocèses de Grèce du Nord en vertu d'un accord de 1928. Et si l'Eglise de Grèce revenait sur sa décision de 1922, décidait de ne plus fournir de clergé au patriarcat oecuménique, autorisait les paroisses de la diaspora à se placer sous la juridiction d'Athènes, est-ce que Constantinople serait encore en mesure de revendiquer quoi que ce soit?
Claude le Liseur
Messages : 4352
Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13

Message par Claude le Liseur »

Je fais volontairement remonter ce fil pour répondre à la demande d'information qu'Irène Monique Dupuy a faite à propos de l'Eglise copte française.
Stephanopoulos
Messages : 269
Inscription : ven. 05 mars 2004 12:14
Localisation : Vaud, Suisse

Message par Stephanopoulos »

Bonjour à tous,

J'ai lu, plus haut dans le fil de cette discussion, les propos sur la réception d'un hétérodoxe de Lecteur Claude qui dit : Sous l'influence de cette scolastique réactivée par le climat d'indifférence dogmatique du XXème siècle, on est passé d'un abandon de la discipline ancienne (réception des catholiques romains par le baptême ou la chrismation - qui sont des modes de réception équivalents en ce qu'ils apportent le sceau du Saint-Esprit sur un baptême d'eau - abandonnée au profit de la réception par confession de foi) à des élaborations dogmatiques audacieuses basées sur la nouvelle pratique ("ils ont des sacrements valides, puisque nous les recevons par confession de foi"). Il est donc important de remarquer que le patriarcat de Jérusalem et l'Eglise de Grèce (et pas seulement les vieux-calendaristes, comme tendent à le faire croire des désinformateurs patentés) maintiennent strictement la pratique de la réception de tous les convertis par le baptême, pour faire disparaître toute équivoque.

En effet, le VII canon de Constantinople I (2ème
oecuménique, 381) accepte le baptême même des Ariens et des Macédoniens et donne la marche à suivre pour le rite de réception
dans l'Eglise Sainte, Catholique et Apostolique:

<< Ceux qui se convertissent à l'Orthodoxie, et à la partie de ceux qui sont sauvés, nous les recevons selon le méthode et la coutume suivants : Les ariens, et les macédoniens, et le sabbatiens, et les novatiens, qui
s'appellent Cathari ou Aristeri, et les Quarto-décimans ou tétradites, et
les apollinariens, nous les recevons, après qu'ils ont donné une
renonciation par écrit [de leurs erreurs] et ont anathématisé toute hérésie qui n'est pas en accord avec l'Eglise Sainte, Catholique et Apostolique de Dieu. Ensuite, ils sont d'abord scellés ou oints avec l'huile sainte sur le front, les yeux, les narines, la bouche et les oreilles ; et lorque nous les scellons, nous disons, "Sceau du don du Saint Esprit". Mais les eunomiens, qui sont baptisés avec une seule immersion, et les Montanistes, qui ici sont appelés phrygiens, et sabelliens, qui enseignent l'identité du Père et du Fils, et font nombreuses autres choses méchantes, et toutes les autres hérésies - car ici il y en a beaucoup, surtout venant du pays des Galates - : tous ceux-ci, quand ils désirent se convertir à l'Orthodoxie, nous les recevons comme des païens. Le premier jour nous les faisons chrétiens ; le deuxième, catéchumènes ; le troisième, nous les exorcisons en soufflant trois fois dans leur visage et leurs oreilles ; et ainsi nous les instruisons et les obligeons à passer quelque temps à l'Eglise, et à écouter les Ecritures ; et ensuite nous les baptisons. >>

La question de la "validité" du baptême de l'église romaine est de nature
romaine. Je crois plutôt qu'il conviendrait de dire : "Lorsqu'une personne baptisée en l'église catholique-romaine est reçue dans l'Orthodoxie, quel rite de réception convient-il d'utiliser ?".

Dans l'Eglise russe en tout cas (et dans d'autres), pour les personnes venant de l'Eglise romaine, le rite (dans sa forme actuelle qui date du Saint Métropolite Philarète de Moscou) prévoit une profession de foi orthodoxe, un reniement explicite de toute hérésie, la confession en privé, et l'absolution par laquelle le converti devient Orthodoxe, et ensuite par la
communion.
Le Saint Métropolite Philarète a-t-il accepté et comfirmé ce rite?
Pourquoi, en quelques mots (ce sera plus facile pour moi de mémoriser), ce rite ne suffit pas?
Stephanopoulos
Jean-Louis Palierne
Messages : 1044
Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02

Message par Jean-Louis Palierne »

Puisque le lecteur Claude a “remonté le fil” sur la succession apostolique, qui parlait en particulier de la réception des hérétiques, je voudrais rebondir sur ce point.

Un certain nombre de canons concernent le mode de réception des hérétiques dans l’Église orthodoxe. Le premier d’entre eux est le Canon 46 des Canons apostoliques : « Nous voulons que soit déposé l'évêque, ou le presbytre, ou le diacre, qui ont accepté le Baptême ou le sacrifice des hérétiques, Car quel accord y a-t-il entre le Christ et Béliar, et que partage lefidèle avec l'infidèle ? », ce canon cite la 2nde épître aux Corinthiens 6:15. Le deuxième texte est celui de la Lettre synodique du synode provincial de Carthage de 255, généralement cité sous le nom de canon de saint Cyprien :
[…] C’est pourquoi il faut baptiser et renouveler celui qui arrive à l’Église à l’état brut, afin qu’à l’intérieur il soit sanctifié par les saints, puisqu’il est écrit : Soyez saints, car moi je suis saint, dit le Seigneur . Que celui donc qui a été entraîné vers l’erreur et baigné à l’extérieur puisse se dépouiller par le vrai Baptême, celui de l’Église, de ce sacrilège même dans lequel il était tombé lorsqu’en venant vers Dieu il cherchait un presbytre.
C’est ce canon qui est généralement cité par les orthodoxes qui pensent que les hérétiques (ici ils pensent en général d’abord aux catholiques) devraient être accueillis par le Baptême, et qu’on ne doit même pas parler de re-baptême. Certains de ceux qui veulent citer ce canon utilisent parfois une autre phrase: « L’eau des hérétiques n’est que de l’eau » qui se trouve ailleurs dans les œuvres de saint Cyprien, pas dans la Lettre synodique, mais va bien dans le même sens.

Cependant nombre d’autres canons, postérieurs au Concile de Carthage, parlent de la manière dont l’Église orthodoxe doit recevoir les hérétiques qui retournent en son sein, ou bien de la réception des fidèles qui ont été baptisés par leurs communautés, en faisant une tripartition dans l’éventail très diversifiés de ces groupes. Ces canons distinguent entre les hérétiques, les schismatiques, et d’autres groupes auxquels on donne le nom de parasynagogues ou encore de conventicules. En fait ils forment la quasi-totalité des canons que l’Église orthodoxe a consacrés à cette question.

Avant d’en citer certains, je voudrais faire une remarque. On pourrait considérer que le canon 46 des Canons Apostoliques et le canon de saint Cyprien ne concernent que la première branche de cette tri-partition, celle précisément des “hérétiques”, comme les nomme saint Cyprien, cependant que tous les autres canons du Corpus canonum envisageraient l’ensemble des groupes hétérodoxes des trois catégories. Dans ce cas il n’y aurait pas de difficulté à concilier entre eux les canons concernant la réception des hérétiques.

Cependant le canon 1 de saint Basile, et nous savons de quelle autorité saint Basile a été investi par l’Église dans le domaine canonique, ne craint pas d’évoquer la difficulté causée par le canon de Cyprien, car Cyprien l’applique même à ceux qui ne sont “que” des schismatiques. Ce canon 1 est le premier de ceux que saint Basile a formulés dans la première de ses trois célèbres Lettres canoniques adressées à son ami saint Amphiloque d’Iconium (elle a été écrite vraisemblablement vers 374). Dans l’exposé de ce canon il expose les motifs qui lui font rejeter la position de Cyprien :
Les cathares font eux aussi partie de ceux qui se sont séparés [donc des schismatiques]. Il a cependant été décidé par nos Pères, c’est-à-dire par Cyprien et chez nous [en Cappadoce] par Firmilien, de les soumettre, tant cathares qu’encratites et hydroparastates, à cette même sentence [c’est-à-dire de leur imposer le vrai Baptême] parce que leur séparation avait pris naissance à propos d’un schisme, et que [c’est l’argumentation de Cyprien] la grâce du saint Esprit ne repose plus sur ceux qui se sont séparés de l’Église en sorte que la continuité a été interrompue et que la transmission fait donc défaut. Ceux qui ont été les premiers à se séparer de nos Pères portaient l’imposition des mains, et par cette imposition des mains, ils avaient possédé le don de l’Esprit. Mais redevenus laïcs du fait de leur séparation, ils n’avaient plus le pouvoir, ni de baptiser, ni d’imposer les mains, car ils en avaient déchu. C’est pourquoi ces Pères [Cyprien et Firmilien] ont décidé de purifier par le vrai Baptême, celui qui est donné par l’Église, ceux qui ont été baptisés par eux lorsqu’ils viennent se joindre à l’Église.

Mais [maintenant Basile expose sa position] puisque les Églises d’Asie ont décidé de recevoir globalement leur baptême [celui des cathares] pour des raisons d’économie, que ce Baptême soit reçu.
C’est bien ce qu’il avait exposé d’entrée en commençant ainsi sa lettre :
Puisque l’on a déjà évoqué le cas des cathares, tu as bien raison de rappeler qu’il convient de suivre l’usage de chaque contrée, étant donné que ceux qui ont alors pris une décision en ce qui les concerne ont statué différemment sur leur Baptême […]. Lorsque les Anciens jugèrent en effet qu’il faut recevoir le Baptême, il s’agissait bien du Baptême qui ne s’écarte en rien de la foi. De là vient qu’ils parlaient pour certains “d’hérésies”, pour d’autres de “schismes” ou encore de “para-synagogues”. [saint Basile souligne ici que la Tradition qu’il a reçue de nos Pères dans la foi, ne coïncide pas avec la position de Cyprien. Il faudrait ici rappeler toute l’extrême importance que Basile accorde à la Tradition non-écrite dans la transmission de la Révélation].

Pour les hérétiques, il s’agit de ceux qui se sont complètement séparés et sont devenus comme des étrangers ; les schismes concernent ceux qui se sont séparés des autres pour des raisons de vie ecclésiale ou pour des causes que l’on pourrait éventuellement régler ; les parasynagogues sont des partis regroupant des gens sans instruction autour de presbytres ou d’évêques insoumis. Par exemple si quelqu’un, convaincu de faute, s’obstine à exercer ses fonctions tout en refusant de se soumettre à la règle et revendique de pouvoir présider et d’exercer son service, et si quelques personnes délaissaient l’Église catholique pour se joindre à lui, on aurait là une “parasynagogue”. Un schisme serait par exemple un désaccord au sujet de la pénitence qu’il convient d’imposer à ceux qui ont quitté l’Église. Les hérésies sont par exemple celle des manichéens, des valentiniens, des marcionites ou justement celle des pépuziens, car la différence qui sépare ces groupes de l’Église porte directement sur la foi en Dieu elle-même.

Dès le début nos Pères ont décidé de rejeter complètement le baptême des hérétiques, mais d’accepter le baptême de ceux qui ont fait schisme, parce qu’ils sont encore de l’Église. Quant à ceux qui sont dans les parasynagogues, lorsqu’ils se sont amendés par une juste pénitence et par un sérieux repentir, il est décidé de les réunir de nouveau à l’Église, si bien qu’il arrive fréquemment que des personnages qui ont un certain rang dans le clergé mais se sont joints aux insoumis, dès lors qu’ils se sont repentis de leur faute, soient réadmis dans leur rang.
Le critère décisif qui sépare l’hérésie du schisme réside donc dans la foi en Dieu elle-même, telle qu’elle est exprimée dans la règle de foi, c’est-à-dire la formule trinitaire du Baptême (dont le “Symbole de la foi” est le développement). S’il y a modification de la formule baptismale (on peut penser que c’était par exemple le cas de ces prêtres catholiques qui dans les années de l’après-Vatican II baptisaient “au nom de la Puissance, de l’Amour et de la Sagesse”), on montre qu’on s’est écarté de la foi trinitaire, et donc qu'on est devenu étrangers à l’Église et à la Tradition qui lui a été remise par nos saints Pères. Un tel Baptême n’a aucune valeur, il est nul et non avenu. Mais il faut bien croire, si l'on suit saint Basile, que les schismatiques, soit ne sont pas tout à fait sortis de l’Église, soit que leur geste baptismal imparfait doit être respecté et complété par la chrismation.

Tous les canons qui ont été édictés depuis lors ont repris cette tri-partition des groupes hétérodoxes, et écarté le maximalisme préconisé par saint Cyprien. C’est pourquoi le canon 2 du Quinisexte Concile de 691, faisant l’énumération des collections canoniques apostoliques, conciliaires et patristiques qui s'imposent à l’Église (qui comprennent une demi-douzaine de canons exposant la tri-partition des hétérodoxes), leur ajoute :
de plus le canon édicté par Cyprien, qui était archevêque du pays de l’Afrique, et par le synode qui l’entourait, canon qui n’a eu de force que pour les lieux de ces sièges, selon la tradition qui leur a été transmise.
et nous allons voir que le concile provincial d'Afrique de 419 l'a déjà omis.

Dès 325 le 1er Concile œcuménique de Nicée I parle dans son canon 8 d’une reconnaissance des schismatiques par l’Église orthodoxe (avec leurs évêques) dans le cas des “cathares” :
Le grand et saint Concile a estimé que si jamais ceux qui se donnent le nom de “cathares” [purs] désirent se joindre en groupe à l’Église catholique, on doit les toucher de la main [chirothésie ; il s’agit donc de la procédure de réconciliation des pécheurs repentants avec l’Église] et ils pourront rester dans le clergé. Mais ils doivent préalablement déclarer par écrit qu’ils acceptent les dogmes de l’Église catholique et qu’ils promettent de les suivre, c’est-à-dire que pour observer les décisions de l’Église catholique et apostolique ils devront accepter de communier avec les remariés ainsi qu’avec ceux qui ont failli lors des persécutions et auxquels une durée a été déterminée et un délai fixé [ce sont là les points sur lesquels les “cathares” reprochaient à l’Église son laxisme].
150 ans après saint Cyprien, en 419, le concile provincial de Carthage réuni cette fois sous la présidence de l’évêque Aurélien, rappelle dans son canon 57 que c’est dans l’unique Église (qu'il appelle "catholique" et qui garde la foi "orthodoxe") que l’on peut recevoir tous les Mystères du salut.
Pour ceux qui persistent dans l’hérésie, ces Mystères ne peuvent procurer qu’un plus grand châtiment de condamnation, car ce qui eût été pour eux l’horizon le plus lumineux à rechercher pour la vie éternelle s’ils étaient restés dans la vérité, est devenu pour ceux qui sont dans l’erreur un horizon d’obscurité et d’encore plus grande condamnation. Mais certains d’entre eux ont cherché à échapper à ce sort, et parce qu’ils avaient su reconnaître les voies très droites de l’Église catholique notre Mère [rappelons que pour l’Église ancienne, l’unique Église de foi orthodoxe est appelée “Église catholique”], ils ont cru que ces Mystères sacrés seraient pour eux un remède de vérité et ils les ont reçus.
Il est cependant interdit de réitérer le Baptême donné par les donatistes. Le concile de Carthage ne pense même plus à rappeler la position de Cyprien, et promulgue toute une série de décisions visant à favoriser habilement le retour des donatistes et de leurs évêques dans l’Église catholique, c’est-à-dire orthodoxe.

Le synode de Carthage reproche même aux Églises d’Italie, et à un récent synode, d’avoir refusé de recevoir les clercs donatistes en leur conservant leurs titres et leurs fonctions, même lorsque cela ne gêne pas les évêques locaux de l’Église catholique (orthodoxe). Le synode de Carthage craint que les obstacles posés au retour des donatistes par la rigueur des décisions italiennes ne fassent obstacle à leur retour à l’unité de l’Église.
Il en résulte que, tant dans les campagnes que dans les villes, là où ils se trouvent les seuls à avoir été ordonnés, ceux qui font partie du clergé [donatiste]pourront rester dans cet état ; Mais si certains se présentent là où il y a un évêque ou un presbytre de l’Église catholique, il est évident que l’évêque de l’Église conservera la dignité épiscopale tandis que celui qui est appelé “évêque” parmi ceux qui se disent “cathares” n’aura plus que la dignité presbytérale, à moins que l’évêque ne juge bon de le laisser jouir de l’honorariat de ce titre ; mais si cela ne convient pas à l’évêque, qu’il lui ménage une place de chorévêque ou de presbytre afin que l’on puisse bien voir qu’il fait complètement partie du clergé, mais afin aussi qu’il n’y ait point deux évêques dans une même ville.
D’autres conciles développent la même tripartition. Voici par exemple le texte du canon 7 du IIème Concile œcuménique de Constantinople de 391 :
Ceux qui reviennent de l’hérésie à l’Orthodoxie et à l’héritage des sauvés doivent être reçus selon la procédure requise selon l’usage. Les ariens et les macédoniens, les sabbatiens et les novatiens qui se qualifient de cathares, les aristeriens de même que les tétradites et les apollinaristes ne doivent être admis que sur présentation de déclarations anathématisant par écrit toute hérésie qui ne pense pas ainsi que pense la sainte Église de Dieu, catholique et apostolique ; ils doivent tout d’abord recevoir le sceau, c’est-à-dire être oints du saint Chrême sur le front, sur les yeux et sur les narines, sur la bouche et sur les oreilles ; et lorsque nous les oignons nous disons : Sceau du don du saint Esprit.

Quant aux eunomiens, ceux qui ne baptisent qu’avec une seule immersion, aux montanistes, à ceux que l’on appelle ici les phrygiens et aux sabelliens qui enseignent la doctrine du Père-Fils et commettent d’autres choses abominables (et il en existe ici un certain nombre, surtout parmi ceux qui viennent du pays des Galates), tous ceux qui veulent passer à l’Orthodoxie, nous ne les recevons qu’en tant que païens, et le premier jour nous faisons d’eux des chrétiens, le second jour nous les faisons catéchumènes, le troisième jour nous les exorcisons en leur soufflant trois fois sur le visage et sur les oreilles, et ensuite nous les instruisons en les laissant venir à l’Église durant une année pour entendre les Écritures et après cela nous les baptisons.
Le Quinisexte Concile œcuménique de 691 modifie et complète dans son canon 95 le texte que nous venons de citer, récapitulant ainsi ainsi la procédure de réconciliation des hétérodoxes :
Ceux qui reviennent du parti des hérétiques à l’Orthodoxie et à l’assemblée des rachetés, nous les recevons conformément au rite et à l’usage qui suivent : Les ariens, les macédoniens, les novatiens qui se disent “purs”, les aristeriens, les quatordécimans ou tétradites et les apollinaristes, nous les recevons en leur faisant signer un libelle d’abjuration et anathématiser toute hérésie qui ne pense pas comme la sainte Église de Dieu, catholique et apostolique, nous les signons, c’est-à-dire que nous les oignons d’abord du saint chrême au front, aux yeux, aux narines, à la bouche et aux oreilles tout en disant ; Sceau du don du saint Esprit.

En ce qui concerne les sectateurs de Paul de Samosate qui décident de retourner dans l’Église catholique, il a été décidé qu’il est absolument nécessaire de les rebaptiser. Quant aux eunomiens qui sont baptisés par une unique immersion, et aux montanistes, qu’on nomme aussi Phrygiens, aux sabelliens, qui admettent l’identité du Père et du Fils et accomplissent aussi d’autres rites abominables et à tous les autres hérétiques, et ils sont fort nombreux, surtout ceux qui viennent du pays des Galates, tous ceux parmi eux qui veulent revenir dans l’Orthodoxie, nous devons les recevoir comme des païens. Le premier jour nous les signons du signe de la Croix, le second nous les admettons parmi les catéchumènes, le troisième jour nous les exorcisons en leur soufflant par trois fois sur le visage et sur les oreilles, et alors nous les instruisons et nous les admettons à assister dans l’église durant une année pour écouter la lecture des saintes Écritures, puis nous les baptisons. De même nous rebaptisons les manichéens et les marcionites et ceux qui viennent de semblables hérésies, les recevant comme des païens.

Tandis que les nestoriens et les eutychiens et les sévériens et ceux de semblables hérésies doivent présenter une déclaration écrite d’abjuration et anathématiser leur hérésie et Nestorius, et Eutychès, et Dioscore, et Sévère et les autres hérésiarques et leurs sectateurs et toutes les hérésies que nous avons citées, et alors seulement ils seront admis à la sainte communion.
On notera que ce dernier paragraphe vise essentiellement ceux que l’on appelle maintenant “les anti-chalcédoniens”.

Il y a deux interprétations théoriques possibles à l’attitude des canons de l’Église concernant la réconciliation des schismatiques : soit que l’Église estime que les groupes schismatiques, puisqu’ils continuent de pratiquer le Baptême au nom du Père, et du Fils et du saint Esprit, n’ont pas totalement rompu avec l’Église et que, puisque le Baptême peut être donné, en cas de nécessité, par quelqu’un qui n’a pas reçu la grâce du sacerdoce, les schismatiques n’ont pas pu rompre la transmission du Baptême; soit que leur Baptême est nul et non avenu, mais que l’Église doit respecter la forme sacrée de ce geste accompli sans valeur par les hérétiques, et lui conférer la validité dont il était dépourvu, par l’onction du saint Chrême faite sur le schismatique lorsqu’il est reçu dans l’unique Église, car la Grâce que confèrent les saints Mystères, et celui-ci parmi d’autres, n’est pas une énergie unifonctionnelle. La Chrismation est alors l’activation d’un Baptême ineffectif.

Les canons ne comportent pas d’analyse doctrinale. Ce n’est pas leur objet. Ils se contentent de rappeler ce qu’était la Tradition transmise à l’unique Église par les Apôtres. Ils ne nous permettent donc pas de trancher entre deux interprétations possibles, ils se contentent d’affirmer que c’est bien là la pratique inspirée qui s’impose à l’Église orthodoxe.

Aucun canon bien entendu, ne mentionne le catholicisme et le sort qui doit être réservé aux catholiques lorsqu’ils demandent à être reçus dans l’Église orthodoxes. Les canons inclus dans le Corpus canonum de l’Église orthodoxe sont antérieurs à 1054. Le problème est donc de savoir dans quelle catégorie il faut classer l’Église catholique. L’adjonction du Filioque dans le Symbole de la foi, dont il a été longuement question dans un autre fil, doit-elle conduire à classer le catholicisme parmi les hérésies? Cependant il est certain que l’Église catholique n’a pas modifié la règle de foi que représente la formule batismale : Au nom du Père, et du Fils et du saint Esprit. Les prêtres catholiques qui avaient tenté à une certaine époque de la modifier ont vite été rappelés à l’ordre.

Il est certain que l’adjonction du Filioque a constitué le verrouillage, le point de rupture définitif entre le catholicisme et l’Orthodoxie. Je crois d’ailleurs qu’il n’a été que l’étape décisive, irréversible dans une évolution beaucoup plus ancienne qui l’avait préparée, et que par la suite l’orgueil occidental, dont la force et la violence avaient été décuplées par cet égarement de la foi, a multiplié ses méfaits, engendrant un monde “nouveau” qui court maintenant à la folie auto-destructrice.

Mais je crois aussi qu’on ne doit pas prendre à la lettre la fausse cohérence systématique du catholicisme. La transmission, fût-elle formelle, de la formule trinitaire baptismale doit être considérée comme suffisante pour que nous considérions les catholiques comme "schismatiques". Les hérétiques seraient je crois les mormons, témoins de Jéhovah, salutistes, quakers, unitariens, New Age, etc, etc... et tous ceux qui ne pensent même pas à se référer même formellement à la foi trinitaire.

Mais aussi longtemps que la formule baptismale du catholicisme restera inchangée, nous devons ne considérer l’adjonction du Filioque qu’au niveau du commentaire, pêle-mêle avec les nombreuses affabulations et aberrations spirituelles et les élucubrations théologiques dont le catholicisme se rend coupable.[/i]
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Stephanopoulos
Messages : 269
Inscription : ven. 05 mars 2004 12:14
Localisation : Vaud, Suisse

Message par Stephanopoulos »

Merci jean-Louis pour riches informations!


Auriez-vous l'amabilité de m'expliquer pourquoi certaines Eglise,
comme l'Eglise russe, ne rechrisme pas les catholiques romains qui se convertissent à l'Orthodoxie?

Bien à vous, dans l'Amitié du Christ,
et bonne semaine Sainte.
Stephanopoulos
Jean-Louis Palierne
Messages : 1044
Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02

Message par Jean-Louis Palierne »

Certains attribueront l’origine de la pratique russe à l’influence profonde que la théologie occidentale sur la théologie russe. Cette influence s’est exercée en plusieurs vagues successives, et je ne peux que renvoyer à l’ouvrage du père Georges Florovsky: Les voies de la Théologie russe, que j’ai traduit aux éditions de l’Âge d’homme. Mais il ne me semble pas que ce soit dans cette influence que l’on pourra trouver, pour l’essentiel, l’explication de la pratique adoptée par l’Église russe en ce qui concerne la réception des hétérodoxes, et en particulier des occidentaux catholiques et protestants. En effet l’influence occidentale sur la pensée spirituelle de l’Église russe a eu surtout pour effet de fournir à celle-ci des outils, des concepts, des méthodes lui permettant de justifier et d’argumenter son originalité orthodoxe par rapport à la pensée religieuse des confessions occidentales.

Dans la confrontation qui l’opposait aux Églises d’Occident, l’Église russe a accepté de se placer sur le terrain qu’elles avaient préparé: rationalisme, scolastique, formation académique, philosophie... jusqu’à l’usage du latin comme langue savante. Mais l’Église russe entendait bien sur ce terrain défendre son identité orthodoxe, et elle considérait les fidèles des églises d’Occident comme étrangers à sa propre foi. Ce fut particulièrement évident lorsque, à partir du XVIIème siécle, des catholiques latins et des fidèles des églises uniates se trouvèrent placés sous la souveraineté du tsar orthodoxe.

Au début l’Église russe adopta un comportement très rigoureux, exigeant de rebaptiser ceux qui n’avaient pas reçu le Baptême par triple immersion. Puis il fut reconnu que les uniates pouvaient être reçus par une simple profession de foi. La pratique s’assouplit progressivement, mais il faudrait un historien pour en retracer les étapes, et je ne suis pas du tout historien.

À côté des cpnsidérations doctrinales, il est probable que l’Église russe a surtout été motivée par le désir de faciliter le retour dans le giron de la véritable Église, l’Église orthodoxe, les hétérodoxes de l’Occident, tournant ainsi le dos à une attitude de renfermement sur soi et à une mentalité d’assiégés dans ses rapports avec les chrétiens d’Occident. C’était les tentatives de croisades occidentales (le patriarche Philarète fut longtemps emprisonné en Pologne) qui avaient amené l’Église russe à se murer dans une attitude très négative. À l’inverse il n’existait évidemment à l’époque aucune tentation de relativisme doctrinal tel que l’œcuménisme actuel.

Recevoir les hétérodoxes par l’abjuration de leurs erreurs et par la confession de foi orthodoxe revient à les considérer comme des pécheurs repentants demandant leur réconciliation, non comme des membres d’une organisation hostile à l’Orthodoxie. Et ceci me paraît tout à fait conforme à la pratique canonique concernant la réception des orthodoxes des catégories 2 et 3 (schismatiques et parasynagogues), qui laisse en fait le rôle principal au discernement de l’évêque et à son charisme. Ce qui avait été excessif, c’était la prétention (éphémère) du concile russe de 1620 qui voulait rebaptiser les catholiques, les plaçant donc dans la catégorie 1(les hérétiques).

Je crois que dans toute cette affaire il ne s’agit pas seulement de classer les groupes hétérodoxes en fonction de leurs corpus doctrinal: ce qu’ils ont de correct, ce qu’ils ont de condamnable, comme si les doctrines en question étaient réductibles à un corps cohérent et achevé de propositions bien identifiée. En fait on ne peut réellement isoler et juger que le geste concret et les paroles sacrées qui consistent à baptiser au nom du Père, et du Fils, et du saint Esprit. Ce geste est acquis et ne peut être réitéré.

Le reste n’est qu’affaires de développements humains. Les uns sont corrects, ce sont ceux qui constituent la foi orthodoxe. Le reste... contient surtout du bavardage et n’arrive jamais à constituer un édifice parfaitement cohérent et indépendant. D’où la difficulté de tracer une claire frontière entre les groupes 2 et 3, et la responsabilité énorme qui revient au discernement épiscopal, qui doit scruter, dans chaque cas d’espèce, l’attitude concrète de chacun. D’où aussi les variations tenant compte des circonstances historiques.

Il est bien évident que l’apparition d’un contexte de confusionnisme et de relativisme doctrinal, de subjectivisme romantique et de grandes manœuvres diplomatiques est très dangereux pour la pureté de l’Église orthodoxe.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Monique
Messages : 788
Inscription : mer. 31 mars 2004 10:19

rite écofien

Message par Monique »

Lecteur Claude a écrit:

Citation:
"Ce qui est intéressant, c'est que l'on voyait dans le reportage un éventail des publications dudit monastère, parmi lesquelles un ouvrage sur le Grand Canon de saint André de Crète.Comme cette prière liturgique est étrangère à la tradition copte, je me suis alors demandé s'il n'existait pas, dans la juridiction de l'ex- prince-patriarche, non pas deux, mais trois rites: à côté du rite copte d'Alexandrie et du rite écofien (paroisse de Bruxelles, centre de Gorze), le monastère de Bois-Aubry serait peut-être adepte du rite byzantin? "
J'ai découvert l'orthodoxie à travers Béthanie et l'ECOF; Et c'est à l'ECOF que j'ai lu pour la première fois le Grand Canon de saint André de Crète.

Le rite écofien n'a d'occidental que la structure: le rythme liturgique annuel, quelques hymnes et prières vénérables, trop de prières et rituels douteux et tout le reste a été emprunté au rite bysantin. Si on supprime ce qui vient du rite bysantin, il ne reste plus qu'une carapace vide.
C'est ce qui rend l'ECOF ambigü: elle transmet assez d'enseignements orthodoxes pour permettre à certains de découvrir l'orthdoxie, et par contre, elle mélange l'orthodoxie à d'autres spiritualités, et là, elle empêche trop souvent l'entrée réelle dans l'orthodoxie, car comment chercher ce qu'on croit avoir déjà découvert?
Claude le Liseur
Messages : 4352
Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13

Message par Claude le Liseur »

Irène Monique, merci pour ces précisions.

Je comprends sans peine que l'on ait voulu restaurer l'ancien rite gallican ou les rites apparentés comme le rite d'Italie du Nord sur lequel avait travaillé Mgr Alexis de Meudon. Il y avait là un mythe mobilisateur pour les Occidentaux revenus à l'Orthodoxie.

Le problème est qu'il est en l'état actuel des choses impossible de restaurer l'ancien rite gallican. Il faudrait que l'on découvre dans une grotte un missel qui aurait échappé à la destruction. Quand Charlemagne et ses successeurs ont créé un nouveau rite abusivement qualifié de romain, ils ont fait disparaître les livres liturgiques du rite gallican et du rite romain authentique.

Les tentatives pour restaurer le rite des Gaules sont bien antérieures à l'ECOF. Après sa conversion à l'Orthodoxie en 1861, le père Wladimir Guettée avait restauré une liturgie gallicane qui aurait été célébrée une fois à titre d'essai à la chapelle de l'Académie de Théologie de Saint-Pétersbourg. En tout cas, le père Guettée n'a pas été convaincu par ce qu'il avait fait et il est passé définitivement au rite byzantin, publiant ainsi une traduction française de la liturgie de saint Jean Chrysostome.

Le livre de Mgr Louis Duchesne, directeur de l'Ecole française de Rome et "prélat de Sa Sainteté" sous Léon XIII, Origines du culte chrétien, est de 1903 et c'est déjà le travail le plus abouti sur l'ancien rite des Gaules que Mgr Duchesne tente de reconstituer en comblant les trous de la documentation avec l'aide de la liturgie mozarabe dont on sait qu'elle a été partiellement restaurée à Tolède en 1500 par le cardinal Ximénes. Or, on se rend bien compte à la lecture que Charlemagne a parfaitement réussi son coup et que nous arrivons à reconstituer si peu de choses qu'il vaut mieux suivre l'exemple du père Guettée et passer à autre chose.

Le fait (que j'ignorais totalement) que l'ECOF utilisait le grand canon de saint André de Crète ne fait que me confirmer dans cette opinion que nous ne pouvons rien faire en dehors du rite byzantin.
En plus, avec la sécularisation croissante de l'Europe occidentale depuis un demi-siècle, le rythme liturgique occidental est devenu totalement étranger à la plupart des Occidentaux. Faites un sondage dans la rue en demandant aux gens ce que veut dire "quadragésime", par exemple.
Je ne me suis jamais senti dépaysé au sein du rite byzantin.

A l'heure actuelle, le goût pour la reconstitution archéologique s'est déplacé des pays francophones vers le monde anglo-saxon. Il existe aux Etats-Unis une Celtic Orthodox Church qui tien sa succession apostolique de Mgr Euthyme (Ofiesh) (1880-1966), ancien évêque auxiliaire du diocèse antiochien d'Amérique du Nord devenu l'origine d'un nombre surprenant de groupes vagants dont certains l'ont canonisé. Cette Celtic Orthodox Church, qui considère l'Eglise orthodoxe celtique de Saint-Dolay comme un groupe hérétique qui n'a aucun titre à porter ce nom, utilise un rite celtique reconstitué d'après le missel de Stowe.
Il existe aux Etats-Unis un autre groupe, dans la juridiction de la métropole de Milan (cf. le fil "vieux-calendariste et franc-maçon"), qui utilise un rite anglo-saxon dit rite de Sarum, Sarum étant le nom latin de Salisbury où ce rite aurait été célébré au Xème siècle.
Je doute fort que ces reconstitutions soient plus convaicantes que celles de Mgr Jean de Saint-Denis.
Jean-Louis Palierne
Messages : 1044
Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02

Message par Jean-Louis Palierne »

Effectivement la pseudo-”Liturgie des Gaules” concoctée à l’ÉCOF contient (heureusement) un très grand nombre d’éléments empruntés à la Liturgie orthodoxe qu’ils baptisent “orientale”, beaucoup plus que le croient les fidèles de l’ÉCOF. L’élément important réellement emprunté à la Liturgie des Gaules est l’ordre de succession des différents éléments dans la Liturgie, légèrement différent de celui de saint Jean Chrysostome.

En fait, on peut se demander si le véritable motif de cette construction bâtarde, bien plus qu’une tentative pour faire revivre un passé oublié et perdu, n’est pas plutôt d’introduire dans la Liturgie et dans la vie de l’Église orthodoxe un certain nombre d’éléments préconisés par l’idéologie “moderniste” en saisissant l’opportunité d’une situation d’innovation pour échapper à la tutelle des hiérarchies immobilistes.

C’est pour cette raison que nous voyons dans la pratique de la “Liturgie des Gaules” réalisées un grand nombre des modifications que les modernistes voulaient apprter dans l’Église orthodoxe: anaphore à haute voix, réponse collective des fidèles, Grande Entrée qui fait processionnellement le tour du peuple assemblée, chant collectif du Symbole et du Notre Père, offrandes et diptyques apportés par les fidèles pendant les Litanies, communion quasi-obligatoire, distribuée à la main (sans cuillère), dramaturgie de la célébration se déroulant sous les yeux des fidèles, sans iconostase (seulement un chancel)... Les réceptions sont faites par la Chrismation, mais tout le monde est admis à la Communion, même les non-orthodoxes.

Tous ces éléments correspondent aux revendications des modernistes. Si j’ai oublié quelques détails de cette impressionnante collection, qu’on me les rappelle. Néanmoins un élément marque une différence avec le programme des modernistes:nuance “Fraternité”: la très grande importance accordée au rôle de l’évêque.

La vie communautaire devient alors envahissante. Tout a lieu en sa présence et pendant les liturgies: baptêmes, mariages et enterrements. Le monachisme est totalement mis à l’écart, sous prétexte de “piétisme”. Les tenants de la “Liturgie des Gaules” assurent que la grande différence entre l’Église d’Occident et celle d’Orient tient à ce que dans l’Église d’Orient, tout est centré sur la Résurrection et sur la fuite hors du monde: une liturgie abstraite et désincarnée, un immobilisme dû aux moines et au recrutement des évêques parmi les moines, si bien qu’ils ont un trésor mais n’y comprennent rien; “ils ont un trésor, mais ils ne comprennent pas ce qu’ils font et ce qu’ils disent”. Chez nous au contraire (en Occident), c’est l’Incarnation qui est au centre: on rayonne dans le monde, on est attaché au terroir, on fait du concret et le sens de la communauté est la vertu primordiale: le “sacrement du frère”.

En fait ce qu’a été l’ÉCOF (il en reste peu de choses maintenant) devait être un peu l’ombre portée de ce que sont les communautés modernistes en France: elles comptaient beaucoup sur l’ÉCOF pour débloquer leur impasse juridictionnelle, et montrer à leurs hiérarchies nationales ce qu’il faut faire.

Y a-t-il toujours des pourparlers entre l'ÉCOF et l'Église de Serbie ? Je n'exclus pas qu'il y en ait. J'ai eu moi aussi des courants d'air dans ce sens.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Antoine
Messages : 1782
Inscription : mer. 18 juin 2003 22:05

Message par Antoine »

XB!

Jean-Louis,
Quand vous parlez de l’idéologie “moderniste” Pourriez vous développer ce dont il s'agit?

Quand vous parlez de "hiérarchies immobilistes." pourriez vous développer ce dont il s'agit?


Que reprochez vous a cacun des points suivants que vous avez listés et Pourriez- vous les traiter séparément?

(Par exemple le fait que le symbole soit chanté était déjà une controverse dans l'Eglise ancienne ou encore nous trouvons dans les textes de St Cyrille des explications concernant la communion par recéption dans la main en forme de "trône de Gloire", la cuillère ayant été introduite par st Jean Chrysostome pour évoter les profanations.)

anaphore à haute voix,
réponse collective des fidèles,
Grande Entrée qui fait processionnellement le tour du peuple assemblée,
chant collectif du Symbole et du Notre Père,
offrandes et diptyques apportés par les fidèles pendant les Litanies,
communion quasi-obligatoire, distribuée à la main (sans cuillère), dramaturgie de la célébration se déroulant sous les yeux des fidèles, sans iconostase (seulement un chancel).
Jean-Louis Palierne
Messages : 1044
Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02

Message par Jean-Louis Palierne »

Je prends la Liturgie telle qu'elle nous a été transmise par l'Église. Il est axact qu'elle n'a été élaborée que progressivement et que l'Église a hésité et discuté. Mais c'est sa sagesse qui a élaboré le consensus qui nous a été transmis (sans qu'elle ait été capable dans tous les cas de justifier ses choix par des raisonnements logiques et des analyses irréfutables).

C'est ici qu'il faut prendre une attitude complètement différente de celle des gens qui veulent à tout prix retourner à des formes plus clairement lisibles et plus anciennes pour exprimer spectaculairement l'adh"sion à des principes simples. Il y a là toujours un élément dramaturgique, spectucalaire, démonstratif, qui contraste avec la réserve sereine et discrète que l'Église a appris à ménager entre la prière humble et très personnelle des fidèles, leur pudeur et leur retenue, et la majesté de l'action liturgique.

Le modernisme, qui était florissant chez les intellectuels orthodoxes russes, part de la constatation (d'ailleurs en grande partie fondée) que l'Église russe a été fortement altérée par la période synodale et que le clergé est marqué par un obscurantisme immobiliste. Mais il y a eu certainement un bon nombre de recettes proposées pour rénover l'Église, toute une gamme depuis des réformes timidement prudentes jusqu'à des réformes très radicales (comme celles de l'Église "rénovationniste" appuyé dans les années 20 par les communistes). Beaucoup plaçaient leurs espoirs dans une gestion de l'Église par des conseils mixtes de laïcs et de prêtres, dans une réforme des programmes d'enseignement des séminaires et les académies de théologie, dans la création de tribunaux ecclésiastiques indépendants des évêques et dans une liturgie plus communautaire.

Également on retrouve un peu partout l'idée de créer un monachisme consacré aux œuvres caritatives, à l'enseignement ou aux missions, comme certaines congrégations catholiques. (On voulait imiter les sœurs de saint Vincent de Paule ou les Frères des Écoles chrétiennes, etc).

À bien des égards on peut comparer le Concile pan-russe qui s'est réuni en 1917 à ce qu'a été le Concile Vatican II pour l'Église catholique (je vais me faire incendier).

À bien des égards aussi on peut dire que le mouvement qui pousse tant d'occidentaux d'aujourd'hui à rechercher l'authenticité spirituelle de l'Église dans l'Orthodoxie va en sens contraire du souci des modernistes.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Claude le Liseur
Messages : 4352
Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13

Message par Claude le Liseur »

Cher Jean-Louis Palierne,

Je vais sans doute apparaître à vos yeux comme un moderniste (ce que je suis peut-être), mais, si je partage votre intuition sur les véritables origines de la liturgie écofienne, je ne partage pas votre énumération des caractéristiques du modernisme en liturgie.

En effet, prenons par exemple le problème de l'anaphore à voix haute. Qui, en Grèce, a fait le premier la promotion du retour à l'ancienne pratique de dire l'anaphore à voix haute? Les vieux-calendaristes (ou disons la majorité des vieux-calendaristes) et c'est sous leur influence que cette pratique s'est répandue dans l'Eglise de Grèce, d'où elle commence petit à petit à gagner les paroisses du patriarcat oecuménique.
Or, les vieux-calendaristes sont par ailleurs les adversaires acharnés du modernisme, mais ils disent qu'ils ne doivent pas que rejeter des innovations, mais aussi revenir à des pratiques plus anciennes.

Pour ma part, je vois deux signes très clairs qui caractérisent l'esprit moderniste en liturgie: la volonté de raccourcir la liturgie et surtout la pratique pour les fidèles de se mettre à genoux au moment de l'anaphore, qui a été importée en Grèce sous le roi bavarois Othon pour copier les pratiques catholiques-romaines, et ce au mépris du 20ème canon du Ier concile oecuménique. Cela relève bien de la théatralisation de la liturgie que vous décrivez. Il s'agissait là d'une première intrusion de certaines pratiques de la spiritualité latine de l'époque, où des manifestations spectaculaires de dévotion extérieure remplaçaient la sobriété de la vraie piété. Cette importation a d'ailleurs été concomittante de l'arrivée des peintures italiennes qui ont supplanté l'iconographie pendant un siècle jusqu'à l'avénement de l'école de Photios Kontoglou d'éternelle mémoire. La volonté d'Othon et de son entourage de germaniser la Grèce était telle que, si les Grecs n'avaient pas été aussi enracinés dans la foi orthodoxe, on leur aurait fait adorer le Sacré-Coeur.
Jean-Louis Palierne
Messages : 1044
Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02

Message par Jean-Louis Palierne »

Ce que je critique c'est de vouloir faire de la Liturgie l'instant où la vie communautaire (par mouvements et paroles obligatoirement collectifs) absorbe toute la vie spirituelle des fidèles. C'est la communauté qui devient le lieu sacré. Ceci amène à considérer comme des obstacles la place privilégiée du sanctuaire (d'où le souhait d'abaisser l'iconostase) et le rôle charismatique de l'évêque. Le centre de la vie de l'Église est recherché dans la communauté. Non. Elle est préfigurée par l'Arche de l'Ancienne Alliance, que personne ne pouvait toucher, et le Grand Prêtre n'entrait qu'une fois par an dans le sanctuaire pour y prononcer le Nom imprononçable.

Il n'y a pas de vie spirituelle sans présence du sacré. Le Sauveur a démultiplié le Grand Prêtre: en chaque cité, en tout lieu de l'espace comme en chaque temps de l'histoire, l'évêque entre quand il le veut dans le sanctuaire, y fait sourdre et jaillir la source des charismes. Ce n'est pas la communauté qui génère les charismes.

Pour ma part cela fait quarante ans que je me suis préoccupé d’aller boire à la source orthodoxe. J’avais gardé de ma vie extra-ecclésiastique une très petite connaissance lointaine du monde des émigrés et de leurs nombreuses chapelles, et elles ne m’impressionnaient guère, sauf à étudier les livres écrits par certains auteurs de leurs juridictions, dont certains (surtout Vladimir Lossky; je me rappelle aussi le merveilleux ouvrage de Myrrha Lot-Borodine sur “la Déification de l’homme”, épuisé depuis longtemps) m’avaient beaucoup impressionné. J’avais découvert aussi la littérature spirituelle et ascétique orthodoxe, p. ex. Barsanuphe et bien d’autres, et j’étais parti à l’exploration de la littérature patristique. Par contre il existait une littérature de bavardage orthodoxe francophone qui me paraissait tout au mieux de la vulgarisation.

Comme il y avait une communauté qui se prétendait l’incarnation de l’Orthodoxie en France, j’y suis entré, j’y ai été reçu et chrismé (avec une rapidité qui m’a d’ailleurs surpris) par le saint Chrême du Patriarcat roumain. Et j’y ai participé à de nombreuses Liturgies, il y a de celà très longtemps. L’ÉCOF venait tout juste d’être reçue dans la juridiction roumaine, et son évêque venait tout juste d’être consacré. J’ai découvert dans et par cette Liturgie beaucoup de textes et de rites qui m’ont étonné et enchanté par leur richesse théologique. En fait je pus comprendre plus tard qu’il s’agissait des très nombreux rites et textes empruntés par l’ÉCOF aux Églises orientales. Mais ils étaient beacoup plus facilement lisibles, compréhensibles et assimilables que dans les cérémonies russes et grecques. par contre les éléments prétendus gallicans faisaient un peu penser à un décor de carton-pâte en style “troubadour”.

Peu à peu je me mis à entrevoir, à apercevoir, à pressentie, à flairer la présence plus ou moins discrète au sein de cette communauté d’inspirations, d’affinités, de collusions, de compromissions douteuses. Il y avait des groupes et des cercles parallèles à la communauté, et il y avait d’ailleurs aussi des rivalités entre eux. Toute ma vie j’ai eu le plus grand mépris pour les cercles ésotériques et occultistes et leur littérature de paccotille (j’ai dans mon enfance pu constater cela tout près de moi). et j’en ai conçu une grande adversion, mais j’ai appris aussi à les flairer à de petits détails.

J’y suis resté un certain temps encore, manifestant mon opposition. D’autres groupes se sont formés (certains au début à cause de mon départ). Tout cela à l’époque était en vain, et j’ai constaté l’existence d’un noyau dur, entourant l’évêque, qui voulait étouffer toute contestation, mais qui semblait en rapport avec les milieux orthodoxes francophones officiels. J’ai dû alors errer parmi les Églises orthodoxes françaises ouvertes aux Français. Dieu merci, en France on peut pénétrer dans toutes les Églises. J’y ai vu et constaté ce que beaucoup d’autres pourraient raconter. Mais à cause du passé d’hostilité dont je sortais j’ai pu constater une suspicion particulière peser sur moi. J’ai même vu des gens faire passer des mises en garde me concernant. Lorsqu’un peu après un groupe de l’ÉCOF s’est rebellé (c’était alors en partie à cause de mon départ) j’ai vu que les milieus francophones orthodoxes éprouvaient un grand embarras, et personne dans les juridictions orthodoxes n’acceptait de dialoguer avec eux.

Mais lorsque plus tard la Roumanie a déposé l’évêque félon, les milieux francophones de Paris ont accueilli les clercs transfuges à bras ouverts, sans plus s’occuper des laïcs qui de l’intérieur avaient posé des questions. Et aujourd’hui on constate qu’une grande partie du clergé des paroisses francophones de l’Assemblée des évêques orthodoxes provient de l’ÉCOF.

L’évêque Germain continuait cependant l’essentiel de son activité, et on voyait cependant d’autres juridictions tenter de l’attirer (par mépris des milieux francophones parisiens)

Je crois que la création d’une mission orthodoxe en France (et d’ailleurs en Europe occidentale) est une nécessité impérieuse, mais que malheureusement on ne voit aucune Église canonique, aucune hiérarchie nationale, pas même le patriarcat qui se prétend “supra-ethnique”, s’orienter dans ce sens. On ne peut donc qu’attendre que les processus de maturation qui sont en cours dans les Églises nationales amènent un profond remaniement des mentalités.

Peu importerait d’ailleurs qu’il s’agisse pour commencer de créer une autonomie locale. Si l’Église autocéphale du Tadjikistan maritime ;-) nous envoyait un évêque missionnaire francophone, peu importe sa nationalité ou sa race, cela ferait l’affaire. Après il faudra certainement beaucoup de temps pour régler les questions de rapports inter-juridictions ethnisues et les faire évoluer dans le sens d’une véritable synodalité canonique (fondée exclusivement sur le lieu).

Par contre je suis persuadé que la revendication d’Église locale lancée par la Fraternité n’est qu’une forme d’une idéologie qui vise bien plus à moderniser l’Église orthodoxe en lui donnant une forme différente de celle que la Tradition a modelée tout au long de son histoire, et qui n’est pas souhaitable. Dans ce projet les membres de chaque paroisse devraient vivre, par une participation constante et simultanée, des mouvements tournés vers la communauté elle-même, toujours immédiatement lisibles et compréhensibles. Le clergé n’est plus qu’un serviteur de la vie communautaire, et l’évêque un préposé à la coordination. « Il n’y a pas de prière personnelle » et c’est la communauté qui devient le lieu sacré.

Ces idées comme la lutte spirituelle personnelle, l’épreuve des tentations, le retrait à l’écart de ce monde, sont considérées comme des déviations malsaines.

Il ne faut pas croire que ce soit un souci d’ouvrir l’Orthodoxie qui anime ces rêves et ces illusions. Ces rêves et ces illusions ont cru trouver dans le slogan “Église locale” un moyen commode d’échapper à la tutelle tâtillonne des hiérarchies immobilistes en se créant un champ d’activité réservé. Les locaux, les indigènes de l’Occident cherchent bien l’Orthodoxie, mais ils veulent y trouver le sens du sacré, le respect des itinéraires de chaque personne, ils cherchent à s’adresser à des ascètes, et ne croient pas que les œuvres sociales soient une école de vie spirituelle.

La tradition occidentales a toujours connu un développement considérable du monachisme, et le renouveau de l’Orthodoxie en France se manifeste déjà par un bel essor monastique. La Fraternité n’avait jamais prévu d’emprunter une telle voie.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Antoine
Messages : 1782
Inscription : mer. 18 juin 2003 22:05

Message par Antoine »

« Il n’y a pas de prière personnelle » et c’est la communauté qui devient le lieu sacré.
la lutte spirituelle personnelle, l’épreuve des tentations, le retrait à l’écart de ce monde, sont considérées comme des déviations malsaines.
Dans les communautés orthodoxes que j'ai pu traverser,je n'ai jamais ressenti cela. Bien au contraire. Peut-être est-ce parce que je n'ai jamais été contaminé par l'Ecof ...
Je suis arrivé à l'orthodoxie par la lecture des Pères et j'ai toujours eu la récompense de la justesse dogmatique et théologique, de la beauté textuelle interne des offices, d'un langage de miséricorde débarrassé de tout juridisme, et d'une présence très forte de la littérature philocalique renforcée par l'accueil des icônes.
Ce que je vois aujourd'hui ce sont les ravages causés par l'oecuménisme et la relativisation des canons. Il appartient au "charisme" de l'évêque de remédier à cette situation dûe en grande partie à une sous-catéchisation effrayante et à ce détestable "amour du frère" pratiqué au détriment de la Vérité.
Monique
Messages : 788
Inscription : mer. 31 mars 2004 10:19

Message par Monique »

« Il n’y a pas de prière personnelle » et c’est la communauté qui devient le lieu sacré.
la lutte spirituelle personnelle, l’épreuve des tentations, le retrait à l’écart de ce monde, sont considérées comme des déviations malsaines.
Je n'ai pas rencontré cela non plus dans les paroisses de l'ECOF que j'ai fréquentées; au contraire la prière personnelle a toujours été présentée comme aussi indispensable que la prière liturgique, et qu'il ne pouvait pas y avoir l'une sans l'autre.
Ce que je critique c'est de vouloir faire de la Liturgie l'instant où la vie communautaire (par mouvements et paroles obligatoirement collectifs) absorbe toute la vie spirituelle des fidèles.
J'ai rencontré cela à Béthanie, mais pas dans les paroisses, ou peut-être en parole chez certains, mais heureusement la plupart des fidèles ne suivent pas. Et si on se signe ensemble ou se prosterne ensemble dans différentes circonstances de la liturgie cela reste toujours un acte personnel et ne devient jamais une parade militaire ou un ballet de majorette.

Par contre en se qui concerne le lieu sacré du Sanctuaire, j'ai entendu des paroles où le Sanctuaire était présenté comme un lieu dangereux et que Dieu punit ceux qui y entrent: "untel est entré dans le sanctuaire, et quand il est rentré chez lui les vitres de sa maison avaient volé en éclats!!!"

La crainte sacrée devant Dieu ne doit pas être transformée en peur du père fouettard;
et la crainte sacré devant Dieu ne doit pas être un obstacle à l'intimité avec le Seigneur.

Personnellement je n'ai jamais compris les iconostases qui cachent complétement le Sanctuaire

[/quote]
Répondre