Qn a dit que la parole est source de malentendus et qui ne reconnaîtrait cette vérité en lisant nos échanges sur le Forum ?
Ce que je trouve surtout, c'est que nos discussions ne mènent à rien parce que nous sommes trop prompts à nous répondre les uns aux autres, sans avoir approfondi ce que l'autre a dit et sans avoir réfléchi à ce que nous disons, et parfois nous noyons l'essentiel d'un message spirituel simple dans une avalanche de détails, de critiques, d'analogies qui ne sont pas pertinents et sont donc complètement inutiles.
Et il n'en ressort que des choses regrettables. Nous blessons la conscience de l'autre sans avoir compris le fond de sa pensée.
Je remarque une chose en particulier. Lorsqu'on attaque quelqu'un sous l'effet de la colère, on est capable de lui balancer des incongruités et on tombe fatalement dans le revers que l'on a critiqué à tort chez l'autre. C'est alors l'Hôpital qui se moque de la Charité.
Je ne cite qu'un exemple, mais c'est une constante, que je remarque depuis longtemps, mais que personne ne semble relever, étant donné le caractère superficiel des discussions.
Antoine m'a dit :
Je suppose que vous visez le texte du Père Placide, et c'est ce genre de propos que j'appelle de l'obscurantisme matthéiste fanatique. Car bien sûr vous comparez ce qui n'est pas comparable.
Mis à part le fait qu'il s'est trompé sur ma "comparaison" et qu'il n'a toujours pas compris qu'il n'y a pas d'obscurantisme chez les matthéistes (pas plus que chez les pères), il dit que je compare ce qui n'est pas comparable.
Et il fait quoi tout de suite après ? Non seulement il compare ce qui n'est pas comparable, mais avec son exemple il ne fait justement qu'étayer, par un nouvel argument, ce qu'il a voulu contester dans mon message.
Mais dans les actes on voit également comment Paul, après son chemin de Damas, se démarque peu à peu de la synagogue…
Et plus loin :
Paul n'était-il pas un érudit?
Qu'est-ce que le chemin de Damas, sinon une illumination divine ? Est-ce l'érudition de saint Paul qui l'a amené à la vraie foi et à l'Église ? Non, son érudition l'avait fait persécuter Jésus Christ. À la suite de l'illumination, il s'est empressé, sans recourir le moins du monde à son érudition, de rejoindre l'Église. Une fois dans l'Église, son érudition l'a sûrement aidé
à se démarquer peu à peu de la synagogue, et il est certain que la logique nous aide à être cohérent dans notre nouvelle foi.
Mais reconnaître Jésus Christ et son Église, cela relève toujours de la Grâce, et non de l'érudition. Et entendons-nous : je n'ai jamais dit que l'érudition et la réflexion étaient des obstacles à la Grâce, mais une trop grande confiance dans l'érudition et les raisonnements humains, ce qui n'est pas la même chose.
Vous n'avez qu'à voir par exemple les discours des athées qui se fient tant à la science qu'ils s'imaginent qu'elle peut prouver l'inexistence de Dieu !
Je pourrais citer d'autres cas, Antoine, où vous me balancez des sophismes que personne ne semble relever.
Comme il a fallu aussi six mois avant que les lecteurs du Forum se rendent compte des incohérences et de la mauvaise foi d'un certain lecteur, qui a quitté le Forum depuis.
Je n'oublierai jamais comment personne ne disait rien en lisant ses inepties et tout le monde le défendait contre moi, simplement parce que vous étiez tous contre les "matthéistes".
Et pourquoi ? Votre logique vous a bien fait voir qu'ils sont cohérents, mais cela ne suffit pas.
Je me souviendrai toujours du jour où — je venais d'être éclairée par la Grâce sur l'harmonie parfaite de la foi orthodoxe (c'était mon chemin de Damas) — un ami athée étant venu nous rendre visite, j'étais incapable de ne pas lui parler de ce que je venais de découvrir, grâce à Dieu. (Je ne connaissais pas les dogmes orthodoxes alors, ni les "matthéistes"). C'était qn qui était versé dans la logique et la rhétorique. Je sais que c'est la Grâce qui parlait de moi, car cela coulait comme
des flots d'eau vive, sans effort, alors que de moi-même, j'ai toujours du mal à m'exprimer correctement. Je lui ai démontré le dualisme pernicieux du papisme, je lui ai parlé de l'importance de la Trinité et de ses implications pour le salut de l'homme etc. etc. pendant de longues minutes.
Il m'a écouté attentivement : la grâce lui a curieusement changé le visage pendant que je lui parlais. Il y avait qc de très doux dans son expression, et une profondeur inhabituelle dans son regard. À la fin, il m'a dit (et son expression s'est endurcie de nouveau) : "Ce que tu dis est parfaitement cohérent, mais je ne peux pas croire."
J'étais restée interloquée. Je croyais que la reconnaissance seule de la cohérence était suffisante pour croire. Mais non, il faut que le cœur soit touché. Il ne s'agit pas de sentiment, mais du cœur qui est le centre de l'activité spirituelle. Et si pour la prière, l'intellect doit descendre dans le cœur, c'est pour retrouver la place que Dieu lui avait assignée, pour qu'il ne se révolte pas comme Lucifer.
À part cela, si Antoine est toujours décidé de mettre les écrits du père Basile sur le Forum, je n'aurai plus grand-chose à dire, parce que je ne crois pas avoir une meilleure défense de la vraie orthodoxie que la sienne. C'est lui en grande partie qui a allumé en moi l'amour pour la vraie foi orthodoxe et je souscris à tout ce qu'il dit.
K.