patrik111 a écrit :Bonjour à tous.
En ce 600e anniversaire de Jeanne, comment voyez-vous son histoire? Et particulièrement, celle de ses voix? Également, y a t-il vraiment une pensée divine sur la vocation du Royaume de France?
Merci par avance de toutes vos réponses et commentaires.
P.
Ce qui rend difficile de porter un jugement religieux sur son histoire, c'est que le Vatican ne l'a canonisée, en 1920, que pour des motifs politiques: c'était en quelque sorte une manière de reconnaître que la France avait gagné la Grande Guerre et d'accompagner la reprise des relations diplomatiques avec le Saint-Siège voulue par la Chambre bleu horizon. Si les Puissances centrales avaient gagné en 1918, on aurait sans doute eu droit à une canonisation de l'impératrice Marie-Thérèse. Boutade simplement pour expliquer que tout jugement est obscurci par l'intense utilisation de Jeanne à des fins politiques des siècles après sa mort.
Ceci étant, pour m'exprimer à titre personnel, je considère qu'elle a été un personnage providentiel et j'ai visité Domrémy voici quelques années. Peut-être que ses voix venaient du Ciel. Peut-être que c'était la voix de sa conscience et qu'il y a eu à ce moment-là la rencontre d'une conscience individuelle et de la conscience de tout un peuple - phénomène qui se produit à intervalles récurrents dans l'Histoire, qui explique la résurrection de nations un peu trop vite enterrées par ceux qui croient savoir, et qui n'exige pas forcément l'intervention de l'Archange.
Probablement pas plus de pensée divine sur la vocation du royaume de France que sur la vocation de tout peuple chrétien. Je me demande si l'idée d'une vocation particulière du royaume de France n'est pas venue a posteriori au vu de la gloire et de la longue prépondérance matérielle
et intellectuelle dont avait joui cet Etat.
Il y a toutefois un rôle providentiel de la maison de France, depuis Clovis, seul roi orthodoxe de l'Europe occidentale de son temps, entouré de rois ariens, jusqu'au fait que l'ultramontanisme n'a été possible qu'après l'écroulement de la digue que représentait la couronne de France.
Chez les orthodoxes, ce sont les Serbes qui, à travers la légende du Kosovo, ont le plus médité sur le jugement des peuples (l'idée qu'il y a un jugement non seulement des individus, mais aussi des peuples).
Pour le reste, il est clair que le peuple français, encore sous Louis XIV, était un peuple chrétien dont la foi se manifestait avant tout par un sens très développé du pardon. Il faudra bien un jour reconnaître que le catholicisme tridentin et l'ultramontanisme ont joué un rôle éclatant dans la destruction de cette foi jusqu'à la situation actuelle. On ne peut pas toujours attribuer toute la déchristianisation aux libertins du XVIIe siècle, aux Philosophes, à la Révolution française, à l'anticléricalisme de la IIIe République, etc.