9. Ils invoquent pour leur défense l’autorité d’Ambroise, qui aurait énoncé le Filioque dans son livre Sur le Saint Esprit, puis celle de Jérôme et d’Augustin.
On peut répondre comme suit : ou bien les pneumatomaques ont interpolés leurs ouvrages ; ou bien ces Pères se sont exprimés ainsi pour ménager leurs auditeurs, comme l’a fait Basile le Grand, quand il a tenu sous silence, pendant un certain temps, la théologie du Tout-Saint Esprit (Au moment de la crise déclenchée par les pneumatomaques –les adversaires du Saint Esprit–, qui faisaient de l’Esprit Saint une simple créature, Basile le Grand a jugé bon de taire la divinité du Saint Esprit, tout en la suggérant, pour amener peu à peu les fidèles à l’accepter. Voir son Traité du Saint Esprit. ) ; ou bien, étant hommes, ils ont quitté en cette occurrence la voie parfaite, comme il est arrivé à beaucoup d’entre les plus grands, parmi lesquels on peut citer : Denys d’Alexandrie, Méthode de Patares, Piérios, Pamphile, Théognoste, Irénée de Lyon, et son disciple Hippolyte. Nous n’acceptons pas certaines de leurs déclarations, tout en les admirant par ailleurs.
10. Ces trois Pères –Ambroise, Jérôme et Augustin– ont affirmé le Filioque, selon les gens de Rome. Mais les évêques des Sept Conciles n’en ont pas soufflé mot. Or, tous les Conciles successifs ont ratifié la Définition de notre foi, et les pontifes et lumières de l’Eglise de Rome ont apporté sans hésitation leur suffrage à ces Conciles. En outre, ils ont décidé qu’on ne pourrait ajouter ni retrancher aucun dogme au Symbole de la Foi, et que celui qui oserait un tel acte, serait totalement exclu de l’Eglise*.
*L’addition du Filioque au Credo est une impiété, puisqu’elle est sous l’anathème des conciles œcuméniques et, en particulier, du IIIème, celui d’Ephèse, qui dans son 7ème canon affirme "Après avoir entendu ce qui a été lu, le saint concile a décidé que désormais il ne serait permis à personne de rédiger ou de composer une autre foi que celui définie par les saints pères réunis avec le Saint-Esprit dans la ville de Nicée".
Pour la tradition orthodoxe, le Filioque est donc doublement condamnable : comme doctrine fausse et comme altération matérielle du Credo.
Curieusement, on retrouve encore aujourd’hui l’opinion du Cardinal Humbert, qui reprochait en 1054 aux "Grecs" d’avoir ôté le Filioque du Credo ; mais l’ensemble des érudits occidentaux donne raison à saint Photios.
Ibid. p.85 et note de la page 61
11. Cependant, le divin Grégoire le Dialogue (Grégoire le Dialogue, dit aussi Grégoire le Grand, pape de Rome 590-604, dont les Dialogues furent traduits en grec par le Pape Zacharie 741-752.), qui a fleuri peu après le VIème Concile, a enseigné dans ses œuvres latines, la théologie de la procession du Saint Esprit hors du Père seul. Zacharie qui, en cent soixante-cinq ans plus tard, traduisit les Dialogues en grec, donne ce texte : "L’Esprit consolateur sort du Père et demeure dans le Fils" : cette doctrine leur venait du Précurseur, qui avait vu "l’Esprit descendre sous forme de colombe et demeurer sur Lui" (Jn 1,32).
12. Léon et Benoît, autre célèbres évêques de Rome, plus tardifs, ont pris un décret, enjoignant de réciter le Credo en grec au cours de la Sainte Liturgie, à Rome et dans les autres Eglise qui en dépendent, et cela afin d’éviter que la pauvreté de la langue courante (le latin) ne fournisse un prétexte au blasphème.
C’est ce même Léon qui, ouvrant le trésor de l’Eglise Apostolique de Rome, en tira deux boucliers qui y avaient été déposés avec les objets sacrés, et qui portaient, en lettres et en langue grecques, une version du Credo orthodoxe*. Et il les fit lire en présence de tout le peuple romain.
Ajoutons que, jusqu’au temps du pieux Serge, Patriarche de Constantinople, les évêques de Rome, dès les premiers instants de leur pontificat, envoyaient à tous les Sièges Patriarcaux des lettres de confession de foi, lesquelles contenaient le Symbole de la foi absolument intact.
* En 809, Charlemagne envoya au Pape Léon III des délégués franks pour tenter de lui faire accepter l’insertion du Filioque au Credo et la doctrine de la double procession. Léon III leur répondit avec beaucoup de diplomatie et de douceur pour ne pas provoquer le maître politique du jour ; il déclina la demande, disant qu’il n’aurait pas l’audace d’introduire une formule, fût-elle juste, dans le Credo. Après le départ des envoyés de Charlemagne, Léon III fit écrire sur deux grands écussons d’argent, en lettres d’or, le Symbole de Nice-Constantinople, en grec et en latin –sans le Filioque, bien sûr, qui ne s’y trouvait pas à l’origine, contrairement à ce que pensaient certains Franks– et il ajouta sur la base ces paroles remarquables : "Moi, Léon, j’ai fait graver ceci par l’amour et sauvegarde de la foi orthodoxe". Puis il les afficha visiblement, dans la grande église de Rome.
Cyriaque Lampryllos a montré, dans La Mystification Fatale,(publié à l’Age d’Homme, Lausanne), p.33-45, que Léon III n’acceptait ni le fait d’insérer le Filioque, ni la doctrine du Filioque, contre l’opinion absurde de quelques historiens, qui font de Léon III un partisan caché de la doctrine qu’il a publiquement réprouvée.
L’Encyclique des Patriarches Orthodoxes de 1848 fait aussi référence à Léon III comme ayant combattu l’innovation.
Ibid. p.85-86
Ici :
Encyclique des Patriarches Orthodoxes de 1848 voir
Article 5 point 9 notamment. Egalement cité dans
Articles : 6, 8 et 16.
13. Mais pourquoi tant discourir ? Le Fils et Maître enseigne, dans Sa mystagogie, que l’Esprit procède du Père, et le grand Paul, d’autre part, nous fait savoir que : "Quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Evangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème ! " Dans ces conditions, ne faudrait-il pas être fou pour aller chercher un autre Docteur ?
Ibid. p.87