Orthodoxie et Père Noel

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J-Gabriel
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Re: Orthodoxie et Père Noel

Message par J-Gabriel »

Nikolas a écrit :Image

Joyeuse et sainte fête de la Nativité de notre Seigneur à tous les lecteurs de ce forum.

Oh la belle couronne ! C'est avec un clin d'oeil que je vous dis cela et vous dit aussi Joyeuse fête de la Nativité !


Anne Maillard que je cite plus haut, écrit en se référant à la bienheureuse Egérie ( elle écrit ETHERIE en capitales ), que les pèlerins partis à la Basilique de la Nativité de Bethléem, au retour à Jérusalem entraient dans l’église de la Résurrection « illuminée par des milliers de bougies » (op. cit. p.80).

C’est désormais à ça que me fait penser un arbre de Noël tout illuminé, ou ces rideaux lumineux sur les balcons: aux milliers de bougies allumées par nos frères !
J-Gabriel
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Re: Orthodoxie et Père Noel

Message par J-Gabriel »

Maintenant le texte qui va suivre est également d’un auteur hétérodoxe, un prêtre catholique-romain, Francis X. Weisier, je le partage pour les quelques éléments qu'il apporte pour notre étude :
CIERGE DE NOËL

Depuis les premiers siècles de la chrétienté, existe la coutume religieuse de représenter le Christ par un cierge allumé ; cette coutume est toujours en usage dans la liturgie de l’Eglise, le cierge pascal en est un exemple.
A Noël, on avait l’habitude de dresser un grand cierge symbolisant le Seigneur, dans les foyers, la veille de la fête. On le laissait brûler toute la nuit de la Nativité, et on l’allumait ensuite chaque soir durant le temps de Noël. (31 déc. Clôture de la Nativité, J-G)
Dans quelques pays, on conserve encore la coutume du cierge de Noël. En Irlande, le père ou la mère de famille allume un grand cierge décoré de houx, la vielle de Noël, tandis que les autres prient pour ceux –vivants o disparus- qui leur sont chers.
En France et en Angleterre, autrefois, le luminaire de Noël à la gloire de la Trinité consistait en trois cierges distincts, fondus ensembles à leur base.

ARBRE DE NOËL

Plusieurs auteurs font remonter l’origine de l’arbre de Noël à l’ancienne coutume des lumières et des feux des temps pré-chrétiens, mais si étonnant que cela paraisse, l’usage des arbres de Noël est d’origine récente dans tout autre pays que l’Allemagne, et même là, cette coutume ne devint très populaire qu’au siècle dernier. Cette coutume est essentiellement chrétienne. Les historiens n’ont jamais réussi à la relier à la mythologie germanique ancienne, ou asiatique. Son origine est due à la combinaison de deux symboles religieux du Moyen Age : l’arbre du Paradis, et la lumière de Noël précédemment décrite.

ARBRE DU PARADIS

Depuis le XIe siècle des pièces religieuses étaient joués dans les églises ou en plein air devant les porches. Une des plus populaires de ces scènes qu’on appelait « mystères », était celle du « Paradis ». Elle représentait la création de l’homme, le péché d’Adam et Eve et leur expulsion du jardin. Cette pièce se terminait sur la promesse consolante de la venue du Sauveur et de son Incarnation. Pour cette raison, le « Paradis » était un des spectacles préférés du temps de l’Avant.
Le Jardin d’Eden était indiqué par un sapin, où étaient accrochées des pommes ; Eve en cueillait une pour l’offrir à Adam. Cet arbre du « Paradis » attirait l’attention de tous, puisque c’était le seul objet de la scène.
Au cours du XVe siècle, les « mystères » furent peu à peu interdits car des abus s’étaient produits. Le peuple néanmoins tenait toujours à l’arbre du Paradis ; et puisqu’il ne pouvait plus le voir dans l’église, il commença à le mettre dans les maisons une fois par an, en l’honneur d’Adam et Eve, le jour de leur fête qui était le 24 décembre. L’Eglise latine n’a jamais célébré officiellement en tant que saints, mais les églises orientales le font. Ainsi, le 24 décembre on pouvait voir l’arbre du Paradis dans les maisons des fidèles, dans plusieurs pays d’Europe. C’était un sapin avec des pommes rouges.

EXTENSION DE L’ARBRE DE NOËL

Il est à présent certain que le pays d’origine de l’arbre de Noël est la rive gauche du Rhin. La première mention de l’arbre, tel que nous le connaissons (mais sans lumière encore) remonte à 1521, en Alsace. Les premières bougies de l’arbre de Noël datent du XVIIe siècle. Au cours des siècles suivants elles se généralisent, mais ce n’est qu’au début du XIXe siècle, pourtant, qu’elles se répandirent rapidement et devinrent une coutume en Allemagne, et peu après chez les peuples slaves de l’Europe de l’Est.
L’arbre de Noël fut introduit en France en 1837 lorsque la Princesse Hélène de Mecklembourg, l’apporta à Paris après son mariage avec le Duc d’Orléans. Il passa en Angleterre vers le milieu du siècle dernier lorsque le Prince Albert, époux de la reine Victoria, fit dresser un arbre au château de Windsor en 1841. De la cour la mode se répandit, d’abord dans la noblesse, puis parmi le peuple, jusqu’à devenir une partie de la célébration de Noël.
L’arbre qui, en 1850 avait été appelé « un nouveau jouet allemand » par Charles Dickens, fut traité de « vieux jeu » par le Président des Etats-Unis en 1891, lorsqu’il déclara aux journalistes, au sujet de la célébration de Noël à la Maison Blanche : « … Et nous aurions un Arbre de Noël vieux jeu pour les petits enfants. »
L’Amérique donna un nouvel aspect à l’arbre de Noël traditionnel. C’est à Boston que naquit la coutume de placer des arbres de Noël illuminées sur les places publiques (1912).
Cette coutume se répandit rapidement, elle atteignit l’Europe après la première guerre mondiale, et devint générale peu après la seconde.

LEGENDES

Innombrables sont les légendes qui ont trait à l’origine et au symbole de l’Arbre de Noël. Ainsi en attribue-t-on parfois l’origine à saint-Boniface ou au Christ-Enfant lui-même. Chez les protestants, une légende attribue cette origine à Martin Luther. Il n’existe, bien sûr, de base historique à aucune de ces légendes.
SYMBOLE

Si l’on considère les faits historiques, la signification et le message de l’arbre de Noël semblent être incontestablement et profondément religieux. Il apparaît dans les foyers au temps de Noël comme symbole du Christ « Arbre de vie » et « Lumière du monde ». Les décorations miroitantes indiquent sa gloire immense. Le fait qu’il est toujours vert est un symbole d’éternité.

Francis X. Weiser Fêtes et Coutumes Chrétiennes, de la Liturgie au Folklore p.92-95, éditions Mame 1952
L’auteur cite une fête en l’honneur d’Adam et Eve le 24 décembre, mais je crois que nous en faisons mémoire le 14 janvier. Sinon remarquez comme il vient aussi sur la même symbolique de l’Arbre de Vie décrite dans mon message du 14 déc. Pourtant je ne connaissais pas ce livre avant le 20 décembre 2011.
Nikolas
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Re: Orthodoxie et Père Noel

Message par Nikolas »

Sur le site du monastère Sretensky de Moscou, le hiéromoine Job (Goumerov) explique l’origine du sapin de Noël et aussi sa propagation en Russie

L’apparition de l’usage du sapin de Noël lors de la fête de la Nativité du Christ est lié, selon la tradition, au nom de saint Boniface, apôtre de la Germanie (+ 5 juin 754). En prêchant parmi les païens et en leur faisant le récit de la Nativité du Christ, il abattit le chêne dédié au dieu du tonnerre, Thor, afin de montrer aux païens la vulnérabilité de leurs dieux. En tombant, le chêne, renversa quelques autres arbres, mais seul le sapin résista. Boniface appela le sapin « arbre du Christ enfant ». De toute évidence, on commença alors à installer des sapins lors de la fête de la Nativité du Christ, mais sans ornements. Le sapin lui-même, élancé, beau, dégageant une odeur agréable, était un ornement pour la maison. L’usage d’y fixer des décorations est apparu après la Réforme dans les pays protestants.

En Russie, l’institution du sapin de Noël remonte, apparemment, à l’époque de Pierre le Grand. L’Église orthodoxe fêtait alors le nouvel an le 1er septembre, en mémoire de la victoire remportée par l’empereur Constantin le Grand contre Maxence en 312. En 1342, sous le métropolite Théognoste de Kiev, il fut décidé de faire débuter l’année ecclésiale, mais aussi civile, le 1er septembre, ce qui fut entériné par le concile de 1505. La célébration de la nouvelle année civile et de la nouvelle année religieuse fut étroitement liée. L’année 1700 fut célébrée deux fois en Russie. D’abord le 1er septembre, puis, le 20 décembre 1699, Pierre le Grand adopta le décret « sur la célébration de l’année nouvelle ». Il ordonna de transférer le début de l’année du 1er septembre au 1er janvier 1700. En même temps, Pierre le Grand ordonna d’orner ce jour les maisons de « branches de pin, de sapin et de genévriers, à l’exemple de ceux exposés dans la « Galerie marchande » (« Gostiny Dvor ») de Saint-Pétersbourg. Pour marquer la joie, il est obligatoire de se souhaiter les uns les autres « bonne année ». Sur la Grande place étaient organisés des feux d’artifice. L’usage introduit par Pierre le Grand s’établit avec difficulté. Encore au début du XIXème siècle, on ne voyait des sapins que dans les maisons des Allemands pétersbourgeois. Ce n’est qu’à la fin du XIXème siècle que l’usage des sapins ornés se répandit en Russie (…) Avec le début des persécutions contre l’orthodoxie, le sapin de Noël tomba en disgrâce. Il était dangereux d’en avoir un chez soi. Mais, le 28 décembre 1935, dans le journal « Pravda », un article parut sous le titre « Organisons un bel arbre de Noël pour les enfants à l’occasion du nouvel an ! » L’auteur était le secrétaire du Comité central du Parti communiste de l’URSS, P.P. Postychev. À partir de janvier 1933, il fut second secrétaire du Comité central d’Ukraine et reçut pour objectif « de satisfaire le plan d’approvisionnement de blé ». Postychev, avec Molotov, fut l’organisateur de la famine qui frappa 3,5 à 4 millions de personnes en Ukraine (dont 100.000 enfants). Deux ans après, il apporta un soin particulier à ce que les enfants fêtent joyeusement la nouvelle année : « À l’époque prérévolutionnaire, la bourgeoisie et les représentants de celle-ci dressaient un sapin de Noël pour leurs enfants à l’occasion de la nouvelle année. Les enfants des ouvriers regardaient avec envie, par la fenêtre, les sapins avec des lumières colorées et les enfants des riches faire la fête autour de ceux-ci. Pourquoi, dans les écoles, des orphelinats, des crèches, des clubs pour enfants, les palais des pionniers, les enfants des classes laborieuses du pays soviétique sont-ils privés de ce magnifique plaisir ? (…) Aussi, allons à la rencontre joyeuse du nouvel an pour les enfants, installons un beau sapin soviétique dans toutes les villes et tous les kolkhozes ! » C’était la période dite « du quinquennat sans Dieu » (1932-1937) [période à l’issue de laquelle la religion devait être définitivement éradiquée, ndt.]. On organisa alors des rites pour les nouvelles fêtes, afin d’abroger entièrement les fêtes orthodoxes. Au lieu de l’étoile de Bethléem, ce fut l’étoile rouge qui fut fixée au sommet des sapins. Des décennies ont passé. Des millions d’enfants voient à nouveau sur l’arbre de Noël orné, l’étoile de Bethléem. Et en dessous, l’Enfant-Dieu, qui est né afin que cesse pour nous la nuit spirituelle.

Source : Pravoslavie.ru

Traduction:
http://www.orthodoxie.com/2012/01/sur-l ... .html#more
J-Gabriel
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Re: Orthodoxie et Père Noel

Message par J-Gabriel »

Ah on parle de Thor ! L'auteur que je citais précédemment aussi, mais on repart sur le Père Noël:
SAINT NICOLAS

Après la Réforme, la fête de saint Nicolas, le patron des petits enfants, fut abolie dans de nombreux pays. Bientôt leurs habitants oublièrent le saint qui leur avait été autrefois si cher. Seuls les Hollandais conservèrent cette ancienne coutume catholique, et les enfants reçoivent toujours la visite de saint Nicolas le 5 décembre.
Derrière le nom de santa Claus, se cache la figure du dieu païen germanique, Thor, dont la légende est passée, au compte du vieil évêque dans la présentation moderne de saint Nicolas. Thor était le dieu des paysans et des pauvres. On le représentait comme un vieillard jovial et amical, fortement bâti et doté d’une longue barbe blanche. Son élément était le feu, sa couleur le rouge. On disait que le grondement du tonnerre était dû au bruit de son char. Il combattait les géants sur la glace et la neige. Il vivait, nous dit la légende, dans les pays du Nord, où il avait sont palais parmi les icebergs. D’après nos ancêtres païens il était le dieu le plus joyeux et le meilleur, il ne faisait jamais de mal aux humains, mais au contraire les aidait et les protégeait. La place devant l’âtre lui était particulièrement consacrée dans chaque maison et l’on disait qui descendait par la cheminée dans son élément le feu.
C’est là une légende qui n’a rien de commun avec le saint Nicolas des chrétiens, mais les enfants sont avides de légendes et celle-ci est charmante.

Francis X. Weiser, op.cit. p.100
L'aspect mythologique ressort clairement, et on pourra dresser des parallèles avec le premier message de Claude et celui du hiéromoine Job.
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