Claude le Liseur a écrit :
3. Il ne faut pas oublier (ce qui, en effet, ne ressort pas de la présentation que j'ai faite des faits) que, pendant la guerre d'Espagne, le camp anti-républicain était très divers. Je dois donc à la vérité de rappeler qu'à côté des carlistes, des conservateurs, des phalangistes, des national-catholiques et des national-syndicalistes, le camp anti-républicain comprenait aussi des libéraux (et, me semble-t-il, des radicaux - en tout cas, Alejandro Lerroux s'est exilé au Portugal dès le début de la guerre et est revenu en Espagne en 1947).
4. Les nacionalistas, à savoir les régionalistes sont avant tout dans une tendance anti-espagnole exacerbée qui confine au ridicule à tel point qu'en Catalogne, aux Iles Baléares, le Tribunal constitutionnel espagnol a estimé que la liberté lingüistique dans l'enseignement n'était pas respectée au dépens de l'espagnol qui est la langue commune... Un rapport du Département d'Etat américain a fait le même constat.
Alors, pour montrer que la vie que Dieu donne est un peu plus complexe que le manichéisme du triste sieur Chirac, j'ai déjà donné un exemple, dans mon message du 9 novembre 2011 à 20h58, de l'intégrisme catholique forcené des
nacionalistas basques engagés dans le camp républicain en 1936, et je me réserve de donner quelques exemples de leur racisme anti-espagnol exacerbé et des délicates déclarations du fondateur du PNV sur le "
maketisme" des Castillans.
Pour clouer un peu plus le cercueil des mensonges chiracoïdes, voici ce que l'on trouvait aussi dans le camp dit nationaliste (ou anti-républicain), comme l'on voudra:
- Ramón Franco Bahamonde (1896-1938), ancien député de la
Esquerra republicana de Catalogne, proche des anarchistes andalous, anticlérical forcené, néanmoins engagé aux côtés de son frère le
Caudillo, lieutenant-colonel dans les rangs nationalistes et mort en mission aérienne;
- le général Emilio Mola Vidal (1887-1937), commandant des nationalistes sur le front Nord, qui, lors de sa rencontre secrète au monastère d'Irache le 16 juin 1936 avec Manuel Fal Conde (1894-1975), délégué général des carlistes, expliqua que ses buts dans le soulèvement militaire à venir étaient le maintien de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, le maintien d'un régime républicain, le refus d'un Etat corporatiste, la convocation des Cortès constituantes et l'exercice du pouvoir par les militaires (cf. Franck Lafage,
L'Espagne de la contre-révolution, L'Harmattan, Paris 1993, p. 229); et oui, il y avait des républicains dans le camp "anti-républicain";
- l'un des animateurs de la radio de propagande nationaliste de Salamanque Radio Nacional de España était le radical-socialiste Joaquín Pérez Madrigal (Hugh Thomas [traduit de l'anglais par Jacques Brousse, Lucien Hess et Christian Bounay], La guerre d'Espagne, Bouquins, Robert Laffont, Paris 1999, note 1 page 891); et oui, il y avait même des radicaux dans le camp "anti-républicain".
Et oui, la vie n'est pas simple et stupide comme un discours de Jacques Chirac. Le camp nationaliste était très divers, et le camp républicain était aussi très divers. Moralité: dans une guerre civile, il est toujours très difficile de faire des prévisions.