Père Porphyre

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Novelius
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Père Porphyre

Message par Novelius »

Bonjour à tous.

Je viens de terminer de lire l'anthologie de conseils du père Porphyre que vous connaissez sans doute.

J'ai apprécié la plupart des conseils ou histoires que j'ai lu et j'ai apprécier le personnage du Geronda.

Mais je dois ajouter une ombre au tableau, quelque chose qui me heurte.

En effet le petit père prie à un certain moment pour tomber malade du cancer. Le père Porphyre refuse de prier pour la guérison et conseille de suivre cet exemple, quand un autre moine ancien dermatologue lui propose une pommade pour la maladie de sa main il refuse en disant : "C'est Dieu qui m'a envoyé ceci et tu voudrais me le prendre ?" etc ...

Autant j'ai toujours penser qu'en tant que Chrétien nous devions patiemment endurer les épreuves dans la foi. Autant je trouve que c'est tout autre chose que de prier pour être malade ou de refuser de guérir. Peut être que mon "choc" s'explique par mon éducation plutôt protestante mais je pensais que ce genre "d'excès" ( peut être n'en est ce pas un mais à cette heure et dans ma compréhension ça y ressemble.) était l'apanage des "Saint(e)s" catholiques ( Par exemple Marthe Robin ou padre Pio qui désire souffrir pour se rapprocher du Christ) or j'ai toujours été horrifié par ce genre de saint souffrant "volontairement" et sans raison apparente le martyr.

Bref je suis un peu sous l'effet "douche froide" la.

Pouvez vous m'expliquer ce que je n'ai peut être pas compris dans cette affaire ?

Que dit la tradition orthodoxe et comment un "orthodoxe débutant" venu d'un milieu protestant "hygiéniste" ( faire attention à sa santé car le corps est le Temple de l'Esprit Saint etc) peut t 'il l'appréhender ?

Merci de vos réponses.
J-Gabriel
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Re: Père Porphyre

Message par J-Gabriel »

Novelius a écrit :Je viens de terminer de lire l'anthologie de conseils du père Porphyre que vous connaissez sans doute.

J'ai apprécié la plupart des conseils ou histoires que j'ai lu et j'ai apprécier le personnage du Geronda.

Mais je dois ajouter une ombre au tableau, quelque chose qui me heurte.

En effet le petit père prie à un certain moment pour tomber malade du cancer. Le père Porphyre refuse de prier pour la guérison et conseille de suivre cet exemple, quand un autre moine ancien dermatologue lui propose une pommade pour la maladie de sa main il refuse en disant : "C'est Dieu qui m'a envoyé ceci et tu voudrais me le prendre ?" etc ...
Je ne connais pas ce livre sur le père Porphyre, cependant lorsque j’ai lu votre histoire cela m’a rappelé cet apophtegme :
Il y avait aux Kellia un frère qui était arrivé à une telle humilité qu’il disait toujours cette prière :
« Seigneur, envoie-moi une maladie, car quand je me porte bien, je te désobéis. »
FABRE
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Re: Père Porphyre

Message par FABRE »

aussi il me semble dans le même ouvrage que le "petit père" dit qu'il est dans la nature assurément le remède pour guérir le cancer....ce que pour ma part j'ai tendance à croire; mais aussi cela me ramène de l'histoire que l'on retrouve sur : orthodoxologie de Claude Lopez Ginisty : " père Païssios, le mal et la justice de Dieu " dont voici un extrait : ""Naturellement, le Seigneur lui a pardonné à partir du moment tout premier où il a montré des signes de repentir. Mais il a été particulièrement touché par la sensibilité de Son enfant, qui n'a pas seulement fait en sorte d'accomplir tous Ses commandements, mais qui désirait aussi payer pour son crime ancien. Ainsi, le Seigneur accorda son souhait, lui permettant de mourir dans la façon qu'il avait demandé dans sa prière. Dieu ne l'a pas privé de son désir, et lui a permis de mourir d'une mort violente, comme il l'avait demandé, puis Il l'a emmené dans Son sein, en fait, le couronnant même d'une couronne de gloire pour la sensibilité qu'il avait montrée!"
Claude le Liseur
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Re: Père Porphyre

Message par Claude le Liseur »

Novelius a écrit :Bonjour à tous.

Je viens de terminer de lire l'anthologie de conseils du père Porphyre que vous connaissez sans doute.

J'ai apprécié la plupart des conseils ou histoires que j'ai lu et j'ai apprécier le personnage du Geronda.

Mais je dois ajouter une ombre au tableau, quelque chose qui me heurte.

En effet le petit père prie à un certain moment pour tomber malade du cancer. Le père Porphyre refuse de prier pour la guérison et conseille de suivre cet exemple, quand un autre moine ancien dermatologue lui propose une pommade pour la maladie de sa main il refuse en disant : "C'est Dieu qui m'a envoyé ceci et tu voudrais me le prendre ?" etc ...

Autant j'ai toujours penser qu'en tant que Chrétien nous devions patiemment endurer les épreuves dans la foi. Autant je trouve que c'est tout autre chose que de prier pour être malade ou de refuser de guérir. Peut être que mon "choc" s'explique par mon éducation plutôt protestante mais je pensais que ce genre "d'excès" ( peut être n'en est ce pas un mais à cette heure et dans ma compréhension ça y ressemble.) était l'apanage des "Saint(e)s" catholiques ( Par exemple Marthe Robin ou padre Pio qui désire souffrir pour se rapprocher du Christ) or j'ai toujours été horrifié par ce genre de saint souffrant "volontairement" et sans raison apparente le martyr.

Bref je suis un peu sous l'effet "douche froide" la.

Pouvez vous m'expliquer ce que je n'ai peut être pas compris dans cette affaire ?

Que dit la tradition orthodoxe et comment un "orthodoxe débutant" venu d'un milieu protestant "hygiéniste" ( faire attention à sa santé car le corps est le Temple de l'Esprit Saint etc) peut t 'il l'appréhender ?

Merci de vos réponses.

C'est sans doute une ascèse particulière à l'ancien Porphyre, voire une forme de folie-en-Christ, parce que, comme vous le savez, l'Orthodoxie pratique est plutôt portée sur l'aspect guérison des maladies de l'âme et du corps (le culte des saints anargyres, les ex-voto, etc.) Je vais toutefois me renseigner pour savoir s'il y a d'autres ascètes qui ont souhaité tomber malade - ce qui est une autre chose que de décider d'endurer la maladie, car là, je comprends que l'on puisse avoir une intuition que telle ou telle maladie est comme une "écharde dans la chair" (II Co 12: 7-9) et qu'elle ne pourra pas être guérie par des moyens humains.
Novelius
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Re: Père Porphyre

Message par Novelius »

Je vous remercie pour vos réponses. Comme toujours bien intéressantes.
Henri
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Re: Père Porphyre

Message par Henri »

J'ai eu la même réaction que vous, Novelius, en lisant le passage du livre de père Porphyre "vie et paroles" concernant la maladie. En fait il s'agit du premier passage que j'ai lu en feuilletant le livre chez mon père qui le possède. Ensuite je me suis moi-même procuré le livre et je dirais ceci : ce passage délicat ne peut se comprendre qu'à la lumière de tout le reste, et particulièrement à la lumière de la personnalité du Geronda qui transparait dans la première partie du livre. Personnalité qui peut paraitre excessive à son propre égard mais tellement mesurée et pleine de discernement à l' égard d'autrui. (Voir, par exemple le passage qui concerne la prise de médicament ou non, en cas de maladie ; son enseignement y est d'une rare profondeur toujours axé sur la véritable foi et l'Amour pour le Seigneur et sans aucune trace de moralisme comme toujours.)
En ce qui le concerne, je repense aussi à l'épisode terrible de sa jambe cassée, où, par son don de clairvoyance, l'Ancien voit à travers le plâtre que les médecins ont mal fait leur travail et qui insiste auprès d'eux maintes et maintes fois, jusqu'à ce que ceux-ci accèdent à sa demande de réexaminer sa jambe ! Il décrit bien qu'il voyait que l'os allait se consolider de travers lui causant une invalidité qu'il n'a pas acceptée. Il voulait donc guérir dans ce cas précis.
Son attitude concernant sa dernière maladie (Cancer de l'hypophyse), je la vois, peut-être à tort, comme un acceptation anticipée de ce qu'il savait être inéluctable et qu'il a transformé en une occasion pour parfaire encore son amour et son abandon au Christ avant de remettre son esprit entre Ses mains.
Je travaille dans le milieu hospitalier et je sais que lorsqu'on est auprès de malades sans essayer de se mettre des barrières émotionnelles en essayant d'être intérieurement en Christ, ô combien imparfaitement dans mon cas, inévitablement, dans une certaine mesure on "porte" les maladies d'autrui en quelque sorte, avec le Christ. C'est difficile à expliquer. Je me dis alors que le père Porphyre qui à passé 33 ans à la polyclinique d’Athènes, 24 heures sur 24, auprès des souffrants du corps et de l'âme, en étant alors déjà rempli de la grâce du Seigneur dans une mesure que je ne peux même pas imaginer, a du comme s'identifier, en pleine compassion, avec tout cet aspect dramatique de la condition humaine... pour le transfigurer en Christ.
Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu Vivant, gracie-moi.
Domine Jesu Christe, Fili Dei Vivi, parce mihi. (prière de Saint Brendan)
Claude le Liseur
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Re: Père Porphyre

Message par Claude le Liseur »

Henri a écrit :J'ai eu la même réaction que vous, Novelius, en lisant le passage du livre de père Porphyre "vie et paroles" concernant la maladie. En fait il s'agit du premier passage que j'ai lu en feuilletant le livre chez mon père qui le possède. Ensuite je me suis moi-même procuré le livre et je dirais ceci : ce passage délicat ne peut se comprendre qu'à la lumière de tout le reste, et particulièrement à la lumière de la personnalité du Geronda qui transparait dans la première partie du livre. Personnalité qui peut paraitre excessive à son propre égard mais tellement mesurée et pleine de discernement à l' égard d'autrui. (Voir, par exemple le passage qui concerne la prise de médicament ou non, en cas de maladie ; son enseignement y est d'une rare profondeur toujours axé sur la véritable foi et l'Amour pour le Seigneur et sans aucune trace de moralisme comme toujours.)
En ce qui le concerne, je repense aussi à l'épisode terrible de sa jambe cassée, où, par son don de clairvoyance, l'Ancien voit à travers le plâtre que les médecins ont mal fait leur travail et qui insiste auprès d'eux maintes et maintes fois, jusqu'à ce que ceux-ci accèdent à sa demande de réexaminer sa jambe ! Il décrit bien qu'il voyait que l'os allait se consolider de travers lui causant une invalidité qu'il n'a pas acceptée. Il voulait donc guérir dans ce cas précis.
Son attitude concernant sa dernière maladie (Cancer de l'hypophyse), je la vois, peut-être à tort, comme un acceptation anticipée de ce qu'il savait être inéluctable et qu'il a transformé en une occasion pour parfaire encore son amour et son abandon au Christ avant de remettre son esprit entre Ses mains.
Je travaille dans le milieu hospitalier et je sais que lorsqu'on est auprès de malades sans essayer de se mettre des barrières émotionnelles en essayant d'être intérieurement en Christ, ô combien imparfaitement dans mon cas, inévitablement, dans une certaine mesure on "porte" les maladies d'autrui en quelque sorte, avec le Christ. C'est difficile à expliquer. Je me dis alors que le père Porphyre qui à passé 33 ans à la polyclinique d’Athènes, 24 heures sur 24, auprès des souffrants du corps et de l'âme, en étant alors déjà rempli de la grâce du Seigneur dans une mesure que je ne peux même pas imaginer, a du comme s'identifier, en pleine compassion, avec tout cet aspect dramatique de la condition humaine... pour le transfigurer en Christ.

Merci beaucoup pour votre témoignage. Les mots me manquent pour exprimer ce que je ressens à sa lecture, et je ne pense pas être le seul dans ce cas.
Novelius
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Re: Père Porphyre

Message par Novelius »

Je vous remercie Henri pour votre très beau témoignage. J'avais un peu zappé le fait que le Geronda ait passé 33 ans à la polyclinique d'Athènes. Et je dois avouer qu'évoluant dans le milieu de la mécanique de précision j'ignore assez ce que cela doit faire de fréquenter des malades et des mourants en permanence car c'est loin de mon cadre quotidien. Même si j'imagine très bien que l'on doit s'attacher et éprouver beaucoup de compassion pour eux. En tout cas je vous remercie cela m'aide à bien restituer les choses et à les remettre en place.
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