Je suppose que ces "études" sont supposées remplacer les recensements fédéraux décennaux menés de 1850 à 2000, et qui contenaient des statistiques très précises sur l'appartenance religieuse de la population.Toujours plus de Suisses se distancent de la religion
Une grande majorité des Suisses entretient un rapport distant à la religion chrétienne et à la spiritualité. Ils estiment toutefois que les deux Eglises nationales jouent un rôle important auprès des personnes socialement défavorisées. Un quart se disent sans confession.
Telle est la conclusion d'une étude menée dans le cadre du Programme de recherche "Collectivités religieuses, Etat et société" (PNR58). Le rapport de la population helvétique à la religion n'est pas indifférent ou négatif, mais distant, soulignent les chercheurs: la plupart ne croient pas en rien.
Selon cette enquête, la part des chrétiens a continué de diminuer ces dernières années: 31% des habitants de Suisse sont catholiques, 32% protestants et 12% adeptes de religions non chrétiennes.
La mutation la plus importante a eu lieu du côté des personnes sans confession: ils constituent désormais déjà 25% de la population. Même sans confession, ceux-ci peuvent par exemple croire en Dieu ou pratiquer une spiritualité alternative.
(ats / 29 mars 2011 09:24)
Deux choses sont fascinantes.
En premier lieu, l'inculture religieuse des journalistes: les 12% d'adeptes de religions non chrétiennes comprennent naturellement les chrétiens orthodoxes (beaucoup plus nombreux, en pourcentage de la population totale, en Suisse qu'en France), monophysites et nestoriens, ainsi que des catholiques-chrétiens (Christkatholiken), qui sont une particularité helvétique et qui atteignent tout de même 12% de la population totale dans le bourg argovien de Möhlin . Décidément, les journalistes de tous les pays d'Europe occidentale sont des encyclopédies ambulantes de l'ignorance.
Ensuite, l'effondrement du catholicisme romain est stupéfiant: il était à 47,6% en 1990, à 44% en 2000, il tombe à 31% en 2010. Le protestantisme remonte un peu la pente après un recul séculaire, qui l'avait mené de 59% en 1850 à 31% en 2000: le voilà à 32%. Les explications sociologiques son évidentes: le catholicisme ne devait sa progression depuis cinquante ans qu'à des immigrations successives italienne, espagnole et portugaise; le départ d'une partie de ces immigrés ne doit pas contribuer pour peu à cet effondrement. Quant au protestantisme, il y a fort à parier qu'il ne progresse que sur ses marges, en raison du prosélytisme des Eglises dites évangéliques, qui font preuve d'un zèle missionnaire dont on aurait bien de la peine à retrouver la trace chez les orthodoxes, les catholiques romains ou les Eglises protestantes officielles.
Quoiqu'il en soit, le pourcentage des personnes sans confession a pratiquement doublé en dix ans. Nul besoin ici d'un plan quinquennal d'éradication de la religion à la soviétique ou d'une Ligue des Sans-Dieu; le clergé se donne lui-même assez de peine pour atteindre ce résultat.