Nouvelles statistiques religieuses en Suisse

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Claude le Liseur
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Nouvelles statistiques religieuses en Suisse

Message par Claude le Liseur »

http://www.romandie.com/infos/ats/displ ... te=phf2859
Toujours plus de Suisses se distancent de la religion

Une grande majorité des Suisses entretient un rapport distant à la religion chrétienne et à la spiritualité. Ils estiment toutefois que les deux Eglises nationales jouent un rôle important auprès des personnes socialement défavorisées. Un quart se disent sans confession.

Telle est la conclusion d'une étude menée dans le cadre du Programme de recherche "Collectivités religieuses, Etat et société" (PNR58). Le rapport de la population helvétique à la religion n'est pas indifférent ou négatif, mais distant, soulignent les chercheurs: la plupart ne croient pas en rien.

Selon cette enquête, la part des chrétiens a continué de diminuer ces dernières années: 31% des habitants de Suisse sont catholiques, 32% protestants et 12% adeptes de religions non chrétiennes.

La mutation la plus importante a eu lieu du côté des personnes sans confession: ils constituent désormais déjà 25% de la population. Même sans confession, ceux-ci peuvent par exemple croire en Dieu ou pratiquer une spiritualité alternative.

(ats / 29 mars 2011 09:24)
Je suppose que ces "études" sont supposées remplacer les recensements fédéraux décennaux menés de 1850 à 2000, et qui contenaient des statistiques très précises sur l'appartenance religieuse de la population.
Deux choses sont fascinantes.
En premier lieu, l'inculture religieuse des journalistes: les 12% d'adeptes de religions non chrétiennes comprennent naturellement les chrétiens orthodoxes (beaucoup plus nombreux, en pourcentage de la population totale, en Suisse qu'en France), monophysites et nestoriens, ainsi que des catholiques-chrétiens (Christkatholiken), qui sont une particularité helvétique et qui atteignent tout de même 12% de la population totale dans le bourg argovien de Möhlin . Décidément, les journalistes de tous les pays d'Europe occidentale sont des encyclopédies ambulantes de l'ignorance.
Ensuite, l'effondrement du catholicisme romain est stupéfiant: il était à 47,6% en 1990, à 44% en 2000, il tombe à 31% en 2010. Le protestantisme remonte un peu la pente après un recul séculaire, qui l'avait mené de 59% en 1850 à 31% en 2000: le voilà à 32%. Les explications sociologiques son évidentes: le catholicisme ne devait sa progression depuis cinquante ans qu'à des immigrations successives italienne, espagnole et portugaise; le départ d'une partie de ces immigrés ne doit pas contribuer pour peu à cet effondrement. Quant au protestantisme, il y a fort à parier qu'il ne progresse que sur ses marges, en raison du prosélytisme des Eglises dites évangéliques, qui font preuve d'un zèle missionnaire dont on aurait bien de la peine à retrouver la trace chez les orthodoxes, les catholiques romains ou les Eglises protestantes officielles.
Quoiqu'il en soit, le pourcentage des personnes sans confession a pratiquement doublé en dix ans. Nul besoin ici d'un plan quinquennal d'éradication de la religion à la soviétique ou d'une Ligue des Sans-Dieu; le clergé se donne lui-même assez de peine pour atteindre ce résultat.
Olivier
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Re: Nouvelles statistiques religieuses en Suisse

Message par Olivier »

Marie Laforêt expliquait qu'elle allait chez les orthodoxes, car la messe romaine s'était protestantisé en Suisse.
Jean-Mi
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Re: Nouvelles statistiques religieuses en Suisse

Message par Jean-Mi »

Claude le Liseur a écrit :Nul besoin ici d'un plan quinquennal d'éradication de la religion à la soviétique ou d'une Ligue des Sans-Dieu; le clergé se donne lui-même assez de peine pour atteindre ce résultat.
il suffit de voir l'incroyable et pitoyable résultat du nième bidule "session du pré-concile pan-orthodoxe" récemment tenu en Suisse, où nos édiles se battaient pour des places d'honneurs terrestres, sans se soucier des besoins du monde et de leurs responsabilités écrasantes devant Dieu, pour voir à quel point la remarque de notre ami Lecteur Claude est pertinente : oui, le clergé fait assez d'efforts pour éradiquer la foi. Hélas.

enfin, en attendant, Dieu ressuscite malgré le clergé. Dieu merci
Claude le Liseur
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Re: Nouvelles statistiques religieuses en Suisse

Message par Claude le Liseur »

Olivier a écrit :Marie Laforêt expliquait qu'elle allait chez les orthodoxes, car la messe romaine s'était protestantisé en Suisse.

Le catholicisme suisse est en effet très protestantisé, mais j'ai vu un jour en France (à Pontigny) un phénomène que je croyais limité à la Suisse et peut-être aux Pays-Bas: une concélébration eucharistique entre un prêtre romain et un pasteur calviniste.

Ce qui est significatif, c'est que le même type d'orthodoxe oecuméniste qui est romanisant en France est protestantisant en Suisse: il y a donc bien en Suisse une empreinte protestante ineffaçable, un peu de protestantisme dans l'air du pays, même si la majorité protestante n'a jamais dépassé les 60%, ce qui n'est rien par rapport aux 100% du luthéranisme suédois dans ses plus belles annnées.

J'ai déjeuné voici quelques jours avec un magistrat suisse, catholique pratiquant et n'ignorant rien de mes convictions, qui se demandait très justement pourquoi il y a en Suisse un tel mouvement chez les catholiques romains en faveur du mariage des prêtres, de l'ordination des femmes, du libéralisme théologique, alors qu'il suffirait à ces catholiques romains mécontents de passer chez les vieux-catholiques pour trouver une Eglise entièrement conforme à leurs voeux. Je lui ai fait observer que c'est précisément pour cela que les Christkatholiken avait mis fin à l'hémorragie de leurs effectifs à partir de 1990. Mais ils restent néanmoins très peu nombreux en comparaison de la quantité de catholiques modernistes qui s'agitent dans l'Eglise romaine en Suisse.
J-Gabriel
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Re: Nouvelles statistiques religieuses en Suisse

Message par J-Gabriel »

Claude le Liseur a écrit :J'ai déjeuné voici quelques jours avec un magistrat suisse, catholique pratiquant et n'ignorant rien de mes convictions, qui se demandait très justement pourquoi il y a en Suisse un tel mouvement chez les catholiques romains en faveur du mariage des prêtres, de l'ordination des femmes, du libéralisme théologique, alors qu'il suffirait à ces catholiques romains mécontents de passer chez les vieux-catholiques pour trouver une Eglise entièrement conforme à leurs voeux.
Votre ami magistrat a fait une bonne réflexion, car effectivement ces catholiques modernistes se rendent bien compte de l’absurdité du célibat des prêtres -célibat imposé- et malgré cela ils ne peuvent concevoir l’Eglise hors de l’omophore papale. Ils leur manque cette volonté qu’avait eue un Ignace von Döllinger.

Dernièrement j’avais aussi eu ce type de discussion avec une catholique vaudoise qui m’a dit dans la discussion, et ce fut sa dernière phrase, je cite : « je ne vois pas pourquoi un prêtre qui tomberait amoureux n'aurait pas le droit d'épouser sa compagne et de fonder une famille. En quoi cela serait-il contraire au plan de de Dieu ? Plutôt ça qu'un adultère, non ? »
Je lui ai répondu : « et si le pape de Rome tombe amoureux, peut-il lui aussi fonder une famille ? » J’attends sa réponse…
FABRE
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Re: Nouvelles statistiques religieuses en Suisse

Message par FABRE »

pas un rapport aussi étroit avec le sujet...mais aussi pour ma part, j'ai été surpris la dernière fois que je discutais avec un fidèle roumain en France de constater qu'il ne concevait absolument pas qu'un prêtre marié doive aussi, chez nous, travailler....quand la " Métropolie " ne lui verserait qu'un salaire de 50 e mensuel ( je crois ); il reprenait les arguments des Ktos utilisés pour le célibat des prêtres : pas le temps, aller à droite à gauche, s'occuper de centaines de fidèles....là je lui faisais quand même remarquer qu'en France, en les paroisses orthodoxes de province en tout cas, c'est pas mal de voir au moins 6 à 7 assistants à la Divine Liturgie hebdomadaire, de connaitre peu ou prou deux à trois famille vraiment active même si une douzaine de familles inscrites....!
mais bon je comprends qu'en Roumanie les prêtres ont un meilleurs, plus vivable salaire mensuel !...
Claude le Liseur
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Re: Nouvelles statistiques religieuses en Suisse

Message par Claude le Liseur »

FABRE a écrit :pas un rapport aussi étroit avec le sujet...mais aussi pour ma part, j'ai été surpris la dernière fois que je discutais avec un fidèle roumain en France de constater qu'il ne concevait absolument pas qu'un prêtre marié doive aussi, chez nous, travailler....quand la " Métropolie " ne lui verserait qu'un salaire de 50 e mensuel ( je crois ); il reprenait les arguments des Ktos utilisés pour le célibat des prêtres : pas le temps, aller à droite à gauche, s'occuper de centaines de fidèles....là je lui faisais quand même remarquer qu'en France, en les paroisses orthodoxes de province en tout cas, c'est pas mal de voir au moins 6 à 7 assistants à la Divine Liturgie hebdomadaire, de connaitre peu ou prou deux à trois famille vraiment active même si une douzaine de familles inscrites....!
mais bon je comprends qu'en Roumanie les prêtres ont un meilleurs, plus vivable salaire mensuel !...

On a aussi - étrangement - repris des arguments cathos sur le célibat des prêtres quand un veuf (Mgr Laurent Streza) a été élu métropolite de Hermannstadt - d'où division de l'ancienne métropole de Transylvanie en deux métropoles avec sièges à Hermannstadt et Klausenburg.

Pour le reste,c 'est l'exemple type de l'émigré qui ne veut pas prendre en considération la situation du pays d'accueil. Du genre de cette dame qui allait à la liturgie en français pour expliquer ensuite aux assistants qu'on ne pouvait célébrer qu'en slavon et qui manquait ainsi la liturgie en slavon célébrée à la suite de la liturgie en français (mais sur un autre autel) - situation vécue en 1999. Plutôt que de se plaindre que le prêtre roumain de l'endroit doivie travailler, pourquoi ne lui verse-t-il pas lui-même un salaire? Chiche?

En ce qui concerne la situation des prêtres en Roumanie même, c'est variable. L'Etat leur verse un salaire correspondant, si mes informations ne sont pas dépassées, au tiers du salaire d'un professeur du secondaire, officiellement en compensation des biens dont l'Eglise a été spoliée par le prince Jean-Alexandre Cuza en 1864, biens dont les revenus servaient à verser les traitements du clergé. Le reste est censé être payé par les paroisses. Il n'y a pas toujours de péréquation entre paroisses riches et paroisses pauvres dans le même diocèse, ce qui veut dire que certains prêtres sont réduits à la portion congrue, tandis que d'autres vivent très bien. J'ai connu un prêtre qui faisait de l'apiculture, et un autre qui faisait de l'importation de matériel agricole - et j'ajoute que cela ne risquait pas de choquer ses paroissiens, déjà bien contents de conserver un prêtre dans une paroisse où la situation était aussi difficile. Je me demande si votre émigré connaît donc si bien son pays et les situations que Il y a loin de la situation d'une paroisse d'une grande ville à la situation d'une paroisse d'un petit village relativement isolé, à l'écart des routes importantes, sans industries ni tourisme, surtout quand un fort pourcentage des adultes est parti travailler en Italie et en Espagne et que la population restante est déséquilibrée en faveur des enfants et des retraités.
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