Nikolas a écrit :
Je me pose donc la question si il était canonique ou non de célébrer cette liturgie issus de ces constitutions apostalique?
Quelque soit le statut des Constitutions apostoliques, on peut se demander quel est l'intérêt de reconstituer une liturgie qui n'est plus célébrée depuis des siècles (si tant est qu'elle ait jamais été célébrée), que l'on ne connaît qu'à travers un texte et qui ne représente rien pour le peuple orthodoxe. Il me semble que c'était précisément le reproche que l'on faisait à la liturgie de saint Germain de Paris de l'ECOF - reconstitution livresque, sans enracinement, sans continuité historique - que l'on opposait à la continuité ininterrompue du rit byzantin. Deux poids, deux mesures?
Je répète la position qui est la mienne depuis des années: s'il est très louable d'autoriser des liturgies originaires de l'Europe occidentale comme le rit de Sarum, le rit écofien, le rit de saint Tikhon, le rit de saint Grégoire, le rit de Lorrha / Stowe, le rit italique, etc., le rite occidental pouvant ainsi fonctionner comme "mythe mobilisateur" (Jean-François Mayer), j'en vois moins la nécessité pratique. Il me semble que l'expérience a montré que le rit byzantin célébré en allemand, en anglais, en français, en néerlandais, et maintenant en italien, s'acclimatait fort bien en Europe occidentale. Je ne crois pas que les maigres moyens financiers de nos communautés nous permettent de multiplier à l'infini les livres liturgiques, les vêtements sacerdotaux, les ornements d'autel, etc. Et puis le rit byzantin a aussi le mérite de maintenir l'unité orthodoxe d'un bout du monde à l'autre bout, au moins d
e facto (car il est bon de maintenir
de jure la multiplicité des liturgies).
Le raisonnement vaut aussi pour le monde hellénophone: quel est l'intérêt de célébrer une liturgie sans racines que personne ne demande? Si l'on veut vraiment renouveler la vie liturgique, alors autant exploiter toutes les ressources de la tradition, d'une part en généralisant l'usage de la liturgie de saint Jacques le 23 octobre, alors que cet usage ne se maintient à ma connaissance qu'à Zante, d'autre part en ressuscitant, du moins sur le continent africain, la liturgie de saint Marc - ne serait-ce que quelques fois par an - qui est le patrimoine propre du patriarcat grec-orthodoxe d'Alexandrie. Ironie du sort, selon Wikipédia (
http://orthodoxwiki.org/Liturgy_of_St._Mark ), ladite liturgie de saint Marc ne serait plus célébrée, le jour de la fête de l'évangéliste, qu'à la chapelle du séminaire grec Sainte-Croix de Brookline (Massachusetts), et, sur une traduction faite d'après les dernières éditions de l'original grec (par saint Mélèce Pigas en 1586, par saint Nectaire d'Egine en 1890 et par le professeur Foundoulis en 1977) par le RP Shaw (aujourd'hui évêque Jérôme de Manhattan), au monastère russe de Jordanville (New York) - tout de même loin d'Alexandrie. A noter que la généralisation des liturgies de saint Jacques et de saint Marc pourraient aussi faire redécouvrir aux Jacobites et aux Coptes le patrimoine qu'ils ont en commun avec nous, et qui, sait, les rapprocher de l'Orthodoxie.