Oui la Genèse, et la question initial de cette rubrique nous ramène immanquablement à la Genèse. Alors voyons ça avec notre père dans la foi saint Jean Chrysostome qui lui ne fait pas dans la spéculation cosmologique.
Daroslav a écrit :Dieu créé l'homme (mâle et femelle) à son image, ensuite la femme est tiré de l'homme, non ? La femme a été créé indépendamment de l'homme ou bien ? Bref, je ne comprends pas.
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Mais soyez patients, vous allez en connaître la raison", disait à une place saint Jean Chrysostome.
Avant tout, il faut savoir que les textes ci-dessous sont des morceaux choisis par moi-même depuis le lien que propose Daroslav dans son message du 1er mai. A tort ou à raison, je ne sais pas, j’ai remplacé la traduction initial des Psaumes par celles des LXX de l’archimandrite Placide (Deseille). J’ai également mis entres guillemets les phrases bibliques, et mis en gras certains passages que je perçois comme décisifs –à mon goût je le concède. Quoi qu’il en soit vous pouvez trouver ces discours dans leur intégralité
ici.
Voici trois extraits :
Ce sont des lettres de ce genre, envoyées de Dieu, qu'apporta Moïse. Que nous disent-elles ? : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre » Pourquoi ne nous parle-t-il ici ni des anges ni des archanges? Si, en effet, le Créateur se montre dans les créatures, les anges peuvent beaucoup plus nous le faire voir; la beauté du ciel n'égale pas la beauté de l'ange; la splendeur du soleil n'égale pas la splendeur de l'archange. Pourquoi donc, négligeant la route plus élevée, nous conduit-il par la plus basse? C'est qu'il converse avec les Juifs, peu intelligents, attachés aux choses des sens, revenus depuis peu de l'Egypte, où ils avaient vu des crocodiles, des chiens, des singes, honorés par les hommes, et on ne pouvait pas prendre le chemin le plus élevé, pour les conduire au Créateur. Sans doute, l'autre chemin est plus élevé, mais plus rude, escarpé, ardu pour les faibles. Voilà pourquoi Moïse conduit les Juifs par la route qui est plus facile, par le ciel, la terre, la mer et toutes les créatures visibles. Et ce qui prouve que je vous ai donné la vraie cause, c'est que, quand les Juifs eurent fait quelques progrès, le Prophète leur parle ainsi des vertus d'en-haut: « Louez le Seigneur, dit-il, du haut des cieux; louez-le dans les hauteurs; louez-le, tous ses anges; louez-le, toutes ses puissances ;Qu’ils louent le Nom du Seigneur; car il a parlé, et ils ont été faits; il a commandé, et ils furent créées ! » (Ps. 148, 1, 2, 5) Et qu'y a-t-il d'étonnant que l'Ancien Testament nous montre cette, manière d'enseignement puisque nous voyons dans le Nouveau Testament, à l'heure où la doctrine s'élève à une hauteur sublime, Paul, s'adressant aux Athéniens, suivre la même route que Moïse, instruisant les Juifs? Et en effet, il ne leur parle ni d'anges, ni d'archanges; c'est du ciel, et de la terre, et de la mer qu'il entretient le peuple assemblé : « Dieu qui a fait le monde et tout ce qui est dans le monde, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite point dans les temples bâtis par les hommes. » (Act. XVII, 24.) Mais, lorsque Paul s'adressait aux Philippiens, il ne les conduisait pas par la même route ; il leur donnait l'enseignement plus élevé, dans ces paroles : « Car tout a été créé par lui, dans le ciel et sur la terre, soit les trônes, soit les dominations, soit les principautés, soit les puissances; tout a été créé par lui et pour lui. » (Coloss. I, 16.) C'est ainsi que Jean, qui avait des disciples plus avancés, a passé en revue toute la création. En effet, il ne dit pas : le ciel et la terre et la mer, mais : « toutes choses ont été faites par lui, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans lui » (Jean, I, 3) ; aussi bien, dit-il, ce qui est visible, que ce qui est invisible. On sait ce qui se passe chez les maîtres d'écoles : l'un reçoit un jeune enfant des bras de sa mère, et lui apprend les premiers éléments; un autre maître, ensuite, élève l'écolier à un plus haut enseignement; c'est ce qui est arrivé à Moïse, à Paul, à Jean. Moïse nous a pris ignorants de tout, sevrés de la veille, et nous a enseigné les premiers éléments de la connaissance de Dieu; Jean et Paul, qui ont reçu les hommes comme sortant de l’école de Moïse, les conduisent à des enseignements plus élevés, leur résumant toutefois les premières leçons en peu de mots. Avez-vous bien compris l'affinité des deux Testaments? Avez-vous bien compris l'harmonie des enseignements ? Vous rappelez-vous, dans l'Ancien Testament les paroles de David sur la création des choses sensibles et des choses spirituelles : « Car il a dit, et tout a été fait ». (Ps. 32, 9.) C'est ainsi que dans le Nouveau Testament, après qu'il a été parlé des puissances invisibles, il est de plus fait mention des créatures sensibles
voyons ce que nous présente la lecture de ce jour : « Et Dieu dit, faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance. »
Notre première recherche doit être, pourquoi quand Dieu faisait le ciel, on ne voit pas « Faisons », mais « que le ciel soit fait, que la lumière soit faite », et de même pour les créatures particulières; pourquoi, quand il s'agit de l'homme, voit-on alors seulement ce « Faisons », cette expression d'un conseil, d'une délibération avec un autre, quel qu'il soit, à qui l'on fait l'honneur de communiquer sa pensée? Quel est donc enfin cet être à créer, qui jouit d'un tel honneur? c'est l'homme, cet animal d'une admirable grandeur, la créature la plus excellente auprès de Dieu, pour qui le ciel et la terre et la mer, et tout l'ensemble de la création a été fait. L'homme dont le salut a été si cher à Dieu, qu'il n'a pas même fait grâce, à cause de lui, à son Fils unique. Et en effet, il n'a rien épargné pour l'élever, l'exalter, le placer à sa droite. C'est ce que crie la voix de Paul : « Il nous a ressuscités avec lui, et nous a fait asseoir dans le ciel en Jésus-Christ. » (Ephés. 2, 6.) Voilà pourquoi la délibération, et le conseil, et la communication de la pensée divine; ce n'est pas que Dieu ait besoin de conseil, loin de nous de le croire, mais la figure de l'Ecriture nous montre l'honneur déféré à celui qui va naître. Mais comment, me dira-t-on, si l'homme est plus excellent que l'univers, est-il créé après l'univers? C'est justement par la raison qu'il est plus excellent que l'univers. Quand l'Empereur doit faire son entrée dans une ville, généraux, préfets, satellites, serviteurs de toute espèce, vont devant, ornent le palais, préparent tout afin de faire toute espèce d'honneur à celui qu'on appelle l'Empereur; il en est de même ici ; l'Empereur va faire, pour ainsi dire, son entrée; le soleil l'a précédé, le ciel a couru devant, la lumière a paru d'abord, toutes choses ont été créées, tout a été préparé, orné; alors seulement paraît l'homme à qui on fait tous les honneurs.
« Faisons l'homme à notre image ». Ecoutez, Juifs; à qui Dieu dit-il, « Faisons » ? Ce sont les paroles écrites de Moïse. Ils prétendent croire en Moïse, ces menteurs; ce qui prouve qu'ils mentent, et qu'ils ne croient pas en Moïse, c'est la parole du Christ qui les a convaincus de mensonge, écoutez : « Si vous croyiez en Moïse, vous croiriez aussi en moi. » (Jean, 5, 46.) Certes, ils ont des livres, nous avons, nous, un trésor de livres; à eux la lettre, à nous, et la lettre et la pensée.
A qui donc dit-il, « Faisons l'homme »? C'est à un ange, me dit-on; c'est tout simplement à un archange qu'il s'adresse. Quand des mauvais sujets, des esclaves, accusés par leur maître, sont à court de réponses, ils débitent tout ce qui leur vient à la bouche.
C'est ainsi que vous faites, à un ange, n'est-ce pas? À un archange? Quel ange? Quel archange? La fonction des anges n'est pas de créer, ni celle des archanges, d'opérer de telles choses.
Ainsi, quand Dieu créait le ciel, il n'a rien dit, ni à un ange, ni à un archange. C'est par sa seule vertu qu'il produit; et maintenant qu'il produit ce qui est plus excellent que le ciel, que le monde entier, l'être animé par excellence, l'homme, il fait venir ses serviteurs pour les associer à son œuvre créatrice ?
2. Non, mille fois non; le propre des anges, c'est d'assister, non pas de créer; le propre des archanges, c'est d'être ministres, et non des confidents et des conseillers. Ecoutez la parole d'Isaïe sur les vertus des séraphins, lesquels sont supérieurs aux anges : « Je vis le Seigneur assis sur un trône sublime et élevé, et les séraphins étaient autour du trône; ils avaient chacun six ailes : deux dont ils voilaient leur face » (Isaïe, 6, 1, 2), pour se garantir les yeux, voyez-vous, parce qu'ils ne pouvaient supporter la lumière éclatante, jaillissant du trône. Que dites-vous ? Les séraphins sont là, saisis de tant d'admiration et de stupeur, et de crainte, et cela quand ils voient la clémence de Dieu; et vous voulez que les anges soient associés à ses pensées, prennent part à ses conseils? C’est ce qui n'est nullement conforme à la raison. Mais enfin, à qui donc adresse-t-il ces paroles : « Faisons l'homme » ? C'est à l'admirable confident de ses conseils, à Celui qui partage sa puissance, au « Dieu fort », au « Prince de la paix », au « Père du siècle à venir » (Isaïe, 9, 6) ; c'est lui-même, c'est le Fils unique de Dieu ; c'est donc à lui qu'il adresse cette parole : « Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance ». Il ne dit pas : à ma ressemblance et à la tienne; ou à ma ressemblance et à la vôtre, mais à « notre image », montrant que l'image est une, que la ressemblance est une. Or, de Dieu et des anges, ni l'image n'est une, ni la ressemblance n'est une. Et comment, en effet, du Maître et des serviteurs l'image serait-elle une, ainsi que la ressemblance? Vous voyez bien que votre faux raisonnement est confondu de toutes parts; l'image proposée ici, c'est l'image de la domination comme la suite du texte le fait voir. Car après avoir dit: « A notre image et ressemblance », il ajoute : « Et dominez sur les poissons de la mer ». Or, la domination de Dieu et celle des anges ne peuvent être une seule et même domination. Comment se pourrait-il faire, s'il y a d'un côté, les serviteurs, de l'autre le Maître; d'un côté les ministres, de l'autre celui qui commande?
Mais voici maintenant d'autres contradicteurs. Dieu a la même image que nous, disent-ils, parce qu'ils ne comprennent pas la parole. En effet, Dieu n'a pas entendu l'image de la substance, mais l'imagé de la domination, comme nous allons le montrer par la suite. Car ce qui fait voir que là forme humaine n'est pas la forme de la divinité, c'est ce que dit Paul : « Pour ce qui est de l'homme, il ne doit point se couvrir la tête, parce qu'il est l'image et la gloire de Dieu, au lieu que la femme est la gloire de l'homme. » (I Cor. 11, 7.) « C'est pourquoi, dit-il, elle doit avoir un voile sur la tête » (Ib. 10.). Il est évident que si, dans ce passage, Paul a exprimé, par le mot image, la parfaite et entière ressemblance de la forme humaine et de la forme de Dieu, s'il a dit que l'homme est l'image de Dieu, parce que Dieu a été représenté sous la forme humaine, selon les idées de ces juifs, il n'aurait pas dû dire, de l'homme seulement, qu'il avait été fait à l'image de Dieu; il aurait dû le dire de la femme aussi. En effet, pour la femme et pour l'homme, la figure, la forme, la ressemblance est une. Pourquoi donc dit-il que l'homme est fait à l'image de Dieu? Pourquoi n'en dit-il pas autant de la femme ? C'est qu'il n'entend pas l'image quant à la forme, mais quant 'à la domination, qui n'appartient qu'à l'homme seul, et non à la femme. L'homme, en effet, n'a pas de créature qui lui soit supérieure ; la femme est soumise à l'homme, selon la parole de Dieu : « Vous vous tournerez vers votre mari et il vous dominera, » (Gen. 3, 16.) Voilà pourquoi l'homme est l’image de Dieu c'est qu'il n'y a personne au-dessus de lui, de même qu'il n'est aucun être au-dessus de Dieu. La domination appartient à l'homme, quant à la femme, elle est la gloire de l'homme, parce qu'elle est soumise à l'homme. Autre preuve, ailleurs : « Nous ne devons pas croire que la Divinité ressemble à de l'or, ou à de l'argent, ou, ci une pierre, ou à toute formé sculptée par l'art ou conçue par la pensée de l'homme. » (Act. 2.) Ce qui revient à dire, que non-seulement la Divinité surpasse toutes les formes visibles, mais que la pensée humaine ne peut concevoir aucune forme qui ressemble à Dieu. Comment donc peut-il se faire que Dieu ait la figure de l'homme, lorsque Paul déclare que la pensée même ne peut concevoir la forme de l'essence de Dieu?
2. Or, il est utile aujourd'hui, de vous dire quel honneur insigne le péché lui a encore enlevé ; que d'espèces de servitudes il a introduites dans le monde ; comme un tyran prodiguant l'esclavage sous des formes diverses, sous quelle diversité de dominations, il a enchaîné notre nature. La première de ces dominations, c'est la servitude qui met les femmes sous la puissance des hommes; cette domination s'établit après le péché, car, avant la désobéissance, la femme était l'égale de l'homme. Dieu, en la créant, prononça les mêmes paroles qu'en créant l'homme ; de même donc qu'il dit, à son sujet : « Faisons l'homme à notre image et ressemblance », et qu'il ne dit pas : Que l'homme soit fait; de même, pour la femme, il n'a pas dit Que la femme soit faite, mais ici encore: « Faisons-lui une aide », et il ne dit pas simplement; « une aide », mais « semblable à lui. » (Gen. 2, 18), pour montrer encore l'égalité dans l'honneur. Les animaux sans raison nous sont, eux aussi, des aides fort utiles pour les nécessités de notre vie; n'allez pas croire, l’air hagard, que la femme dût être mise au nombre des esclaves : voyez quel soin, dans le texte, pour l'en séparer très-distinctement. « Il amena les animaux », dit le texte, « devant Adam, et il ne se trouvait point d'aide pour Adam qui lui fût semblable. » (Gen. 2, 19, 20.) Quoi donc ! N'est-ce pas un aide, que le cheval, qui lui prête son secours dans les combats? N'est-ce pas un aide que le bœuf, qui traîne la charrue, et, à l'époque des semences, travaille avec nous ? Ne sont-ce pas des aides, que l'âne et le mulet, qui nous aident à transporter nos fardeaux ? C'est pour prévenir cette observation, que l'Ecriture prend soin de distinguer ici; elle ne se contente pas de dire : Il ne se trouvait point d'aide pour lui, mais : « Il ne se trouvait point d'aide qui lui fût semblable. » Et de même, Dieu ne dit pas seulement : Faisons-lui une aide, mais : « Faisons- lui une aide semblable à lui. » Telles étaient les paroles avant le péché; mais, après le péché, Vous « vous tournerez vers votre mari, et il vous dominera. » (Gen. 3, 16.) Je vous ai faite, dit-il, égale par l'honneur; vous avez abusé de votre commandement; descendez au rang de sujette; vous n'avez pas supporté la liberté, acceptez la servitude; vous n'avez pas su commander, vous l'avez montré par votre conduite, soyez au rang des créatures soumises, et reconnaissez l'homme pour votre maître : « Vous vous tournerez vers votre mari, et il vous dominera ». Mais voyez, ici, la bonté de Dieu. En entendant ces mots : il vous dominera, elle aurait pu imaginer une domination pesante; Dieu a exprimé d'abord la sollicitude en disant: « Vous vous tournerez vers votre mari », c'est-à-dire : il sera votre refuge, votre port, votre sécurité; je vous le donne pour que, dans tous les maux qui vous affligeront, vous vous tourniez vers lui, vous cherchiez en lui votre refuge. Et, ce n'est pas tout ; il les a enchaînés l'un à l'autre par des lois naturelles, par une réciprocité de désirs qui forment, autour d'eux, d'indissolubles liens. Voyez-vous comme la sujétion est venue par le péché ; mais aussi, comme l'ingénieuse sagesse de Dieu a tout converti à notre utilité? Ecoutez ce que dit Paul, de cette sujétion, et vous comprendrez, une fois de plus, la concorde de l'Ancien et du Nouveau Testament : « Que les femmes se tiennent en silence et dans une entière soumission lorsqu'on les instruit. » (I Tim. 2, 11, 12.)
Voyez-vous que c'est Dieu lui-même qui a mis la femme sous la puissance de l'homme? Mais attendez : vous allez en savoir la cause. Pourquoi : « dans une entière soumission » ? « Je ne permets pas, dit-il, à la femme d'enseigner ». Pourquoi ? C’est qu'elle s'est prise une fois à enseigner, et qu'elle a mal enseigné Adam. « Ni de prendre autorité sur son mari. » Pourquoi ? C’est qu'elle a pris une fois cette autorité, et ce fut un mal. Mais, je lui ordonne d'être dans le silence. J'attends la raison : « Adam, dit-il, n’à point été séduit, mais la femme ayant été séduite est tombée dans la désobéissance. » Voilà donc pourquoi il la fait descendre de la chaire où l'on enseigne. En effet, que celui qui ne sait pas enseigner, dit-il, s'instruise lui-même; s'il ne veut pas s'instruire, s'il a la prétention d’enseigner, il se perdra lui-même, et ses disciples après lui : n'est ce qui est arrivé à la première femme. Voilà donc la vérité : elle a été assujettie à son mari, et c'est le péché qui l'a assujettie. Cette vérité est devenue évidente, […].
(Pour ce dernière extrait : Quatrième discours sur la Genèse d’après le
site.)
Les explications données ci-dessus par saint Jean Chrysostome, me sembles bien répondre à la question de Daroslav et donne une réponse partielle à la question de la rubrique.
PS: c'est pas noté dans le site mais ces discours sur la Genèse sont issus de PG 54, 581-620.