PS: Le Nöldeke cité dans ce passage de Luxenberg est, selon les informations données par Luxenberg lui-même (
Die syro-aramäische Lesart des Koran, p. 14), un Theodor Nöldeke (1836-1930), auteur d'une histoire de la rédaction du Coran publiée en latin sous le titre
De origine et compositione Surarum Qoranicarum ipsiusque Corani (1856) ayant donné lieu à une version définitive en allemand
Geschichte des Qorâns (Gottingue 1860). Cette somme fut ensuite revue et corrigée par Friedrich Schwally pour les deux premiers volumes,
Über den Ursprung des Qorāns (Leipzig 1909) et
Die Sammlung des Qorāns (Leipzig 1919), puis par G. Bergsträßer et O. Pretzl pour le troisième volume,
Die Geschichte des Korantexts (Leipzig 1938).
Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, la date de naissance de 1836 donnée par Luxenberg est confirmée par les autres sources que j'ai consultées, ce qui veut dire que le professeur Nöldeke a vraiment réussi à publier à l'âge de vingt ans un des ouvrages de base en matière d'histoire de la rédaction du Coran. Biographie de Nöldeke sur le Wikipédia allemand:
http://de.wikipedia.org/wiki/Theodor_N%C3%B6ldeke , qui nous apprend entre autres, qu'il fut nommé professeur à l'université de Strasbourg en 1872 après la germanisation de l'université consécutive au viol de l'Alsace-Lorraine et qu'il y enseigna jusqu'en 1906.
Les contempteurs du grec et du latin remarqueront qu'en 1856, le latin était si peu mort qu'il était encore naturel de publier dans cette langue des travaux d'islamologie. En 1892 encore, Jean Jaurès sera reçu docteur en philosophie avec une thèse principale en français consacrée à Condillac (
De la réalité du monde sensible) et une thèse secondaire en latin, qui plus est consacrée à la philosophie politique allemande (
De primis socialismi germanici lineamentis apud Lutherum, Kant, Fichte et Hegel ). On constatera donc qu'en 1892 (pas dans la Préhistoire !), l'Université française arrivait à produire des personnes capables de traduire de l'allemand vers le latin. Aujourd'hui, si l'on en croit le programme du ministre Valérie Pecresse, le but est de produire des esclaves anglophones pour servir des multinationales dont les événements survenus depuis 2007 ont montré à quel point elles étaient incapables de se gouverner elles-mêmes, tout en prétendant présider à nos destinées par le biais de politiciens acquis à leur idéologie comme ladite Maddame Pecresse. On mesurera le chemin parcouru en un siècle, et on cessera de faire preuve de naïveté: l'acharnement manifesté depuis 1960 pour faire disparaître le grec et le latin en Europe occidentale n'a, bien sûr, aucune autre motivation que la volonté de faire disparaître les bases d'une pensée libre. En cent vingt ans, l'idéal culturel des pays francophones sera passé du philosophe latiniste au trader anglophone. Il reste à chacun à en tirer les conséquences.