Un exemple presque caricatural de l'application du principe "deux poids, deux mesures" nous est fourni par le
Bondy Blog, site créé à l'origine par les Suisses-romands-se-voulant-dans-le-vent de
L'Hebdo, le journal qui ne semble avoir eu d'autre vocation que de publier les homélies euromondialistes de Jacques Pilet.
La journaliste se livre à une comparaison entre le "film" qui sert de prétexte à une agitation anti-yankee dans pas mal de pays musulmans ("film" entre guillemets, parce qu'à part quelques séquences sur YouTube, personne n'en a rien vu, et on ne sait donc pas si le film existe) et le chef d'oeuvre que serait selon elle la
Vie de Brian des Monty Python. Je vais essayer de retenir ma plume (ou plutôt mon clavier) et de modérer ma férocité par rapport à tout ce que la journaliste nous révèle sur elle-même, pour me contenter de l'analyse du texte lui-même, qui est mal ficelé, bourré d'erreurs, et contradictoire, mais tellement, tellement révélateur de la désinformation pro-musulmane dont l'Occident s'abreuve depuis quelques décennies. Je souligne au passage que cette désinformation n'est pas l'oeuvre des musulmans eux-mêmes: elle est un pur produit du mal de vivre d'une partie des Européens, qui tourne à la haine de soi-même et donc du christianisme, ou à la haine du christianisme et donc de soi-même. Il est vrai que christianisme et Europe sont si indissociables que je ne sais quelle haine précède l'autre. Dommage en tout cas de voir l'Islam être embrigadé au service du suicide de l'Europe occidentale.
Autrefois, nous subissions la désinformation communiste. Elle était beaucoup mieux faite: qui n'a pas été impressionné ou ému en entendant
Armée blanche, baron noir (Белая армия, чёрный барон), qui est pourtant, si on en comprends les paroles, un appel à la haine et à la destruction des églises? Bref, la haine du christianisme demeure, le talent en moins. Ce qui en dit long sur l'état intellectuel et culturel de l'Europe contemporaine, c'est qu'un pareil prêchi-prêcha islamophile arrive à convaincre là où les talentueux propagandistes du communisme se heurtaient à une solide résistance dans les esprits.
Source: l'inénarrable
Bondy Blog http://yahoo.bondyblog.fr/201209200051/ ... n-plagiat/ Les fautes d'orthographe ne sont pas de moi.
Parce que j’aime bien me faire ma propre opinion sans réciter les analyses pré-mâchées de certains médias ou experts, je suis allée à la source, sur Youtube, voir ce fameux film « anti-Islam », L’innocence des Musulmans. Quelle ne fut pas ma surprise, dès les premières images, de reconnaître une copie malhonnête et mensongère du chef-d’œuvre des Monthy Pythons, La vie de Brian (1979) régulièrement cité comme l’un des films les plus drôles du monde.
Dans « La Vie de Brian », les humoristes anglais décrivaient par le menu la vie d’un certain Brian, sorte de jumeau cosmique de Jésus. Les scènes comiques sont l’occasion de pourfendre la Bible et de pointer ses incohérences avec un humour anglais pince-sans-rire.
Costumes anachroniques sur fond de désert, citations tirées de livres religieux, ironie comme arme contre l’obscurantisme : sur le papier, les deux synopsis sont proches. Sur le papier, seulement ?
D’un côté, La Vie de Brian suggère des scènes sexuelles à grand renforts d’allusions (la fenêtre ouverte sur Brian au petit matin) ou de répliques grinçantes autour de la naïveté de Brian qui voit toujours sa mère comme vierge (« Mon père est un Romain ? Mais alors, tu veux dire que c’était un viol ? - C’était un viol… au début ») De l’autre, L’innocence des Musulmans filme des scènes sans fondement, gênantes pour le spectateur (des agressions sexuelles ou viols) tournées comme des pornos amateurs.
Mais surtout, La Vie de Brian s’appuyait sur une connaissance profonde de la Bible, dont il faisait une analyse pointue, intelligente et humoristique. Ainsi, les Monthy Pytons s’appuyaient-ils par exemple sur une métaphore (la chaussure) pour expliquer comment plusieurs religions pouvaient avoir le même prophète. L’Innocence des Musulmans démontre quant à lui une véritable méconnaissance du Coran.
Sous-entendre que Brian pouvait avoir une relation avec une prostituée n’était qu’une référence à Marie-Madeleine. En revanche, montrer le prophète en train de violer des femmes ou de suggérer à ses disciples de violer des enfants comme c’est le cas dans L’innocence des Musulmans, relève purement et simplement de la malhonnêteté intellectuelle. Le cinéaste (dont l’identité n’est pas avérée) ne s’est appuyé que sur ses propres clichés : les femmes ont au contraire une place de choix dans le Coran, comme Khadija, la femme du prophète, présentée comme une femme d’affaire très intelligente, en qui le Prophète place une grande confiance (elle choisit seule la date de leur mariage, par exemple). On pourrait même croire que le Coran a parfois été corrigé par Osez le féminisme tant il utilise souvent le féminin (« ceux et celles… les croyants et les croyantes… ») Une nuance dont L’Innocence des Musulmans, contrairement à La Vie de Brian, ne s’embarrasse pas…
Plus que Jésus lui-même, La Vie de Brian entendait tourner en dérision les croyants fanatiques («- Vous êtes tous différents ! – Oui, nous sommes tous différents ! – Non, pas moi… »). A l’inverse, L’Innocence des Musulmans dont le but officiel serait « d’éclairer les Israéliens sur la réalité de l’Islam » choisit de montrer le Prophète quasi à l’antipode de ce qui est raconté dans le Coran.
Pêle-mêle, on peut se demander par exemple où sont passés l’Aumône, la propreté, ou le Djihad dans le sens de « guerre intérieure contre soi-même » ? Un défaut de fond dérangeant pour un film ni drôle, ni bien filmé.
Les scènes finales diffèrent aussi : La Vie de Brian s’achève sur une crucifixion collective, suite à un malentendu, sous fond de « Always look on the bright side of life » (« regardez toujours le bon côté de la vie ») chanson d’ailleurs diffusée lors des obsèques de l’un des Monty Pythons. En revanche, L’innocence des Musulmans se conclue par un gros plan sur un Prophète menaçant, entouré de flammes que l’on dirait rajoutées sur Windows Movie Maker.
J’attends avec impatience l’ouverture d’une catégorie « Plagiat blasphématoire » au prochains Gérards du cinéma…
Marlène Schiappa
Passons maintenant à l'analyse de l'article, d'une rare pauvreté culturelle et intellectuelle, mais qui est par cela même représentatif de la "pensée" islamiquement correcte dans l'Europe contemporaine.
Des goûts et des couleurs ne disputons pas: contrairement à l'auteur de l'article, les Monty Python ne m'ont jamais fait rire, et j'ai bâillé d'ennui en regardant
La Vie de Brian. Je suppose d'ailleurs que si les Monty Python avaient eu un passeport français au lieu de britannique, une certaine presse francophone ne s'extasieraient pas sur eux, mais les cataloguerait dans la catégorie "comique franchouillard prout-prout". Ils relèvent en effet du comique britannique prout-prout. A chacun sa version du Pétomane. Mais la haine de soi-même commençant par l'anglomanie avant de passer à l'islamiquement correct, une nullité comme
La vie de Brian passera pour un chef d'oeuvre. Bien, passons à la journaliste les extases dans lesquelles la plonge
La Vie de Brian. Pour ma part, les Anglo-Saxons qui gâchent de la pellicule pour régler leurs problèmes avec leur éducation anglicane me plongent dans le même ennui que l'anglicanisme lui-même. Et toc.
Reste toutefois que si elle appliquait à la
Vie de Brian les critères avec lesquels elle juge L'innocence des musulmans, le résultat serait le même: "
ni drôle, ni bien filmé". Mais comme
La Vie de Brian tourne en dérision "
la Bible et ses incohérences", c'est forcément un chef d'oeuvre d'humour. Deux poids, deux mesures.
Je ne sais pas quelle connaissance exacte l'auteur de cet articulet a de la Bible et de ses incohérences, puisqu'elle ne s'étale guère sur le sujet... sans doute habituée à ce que les chrétiens fassent profil bas. Dommage, si elle s'était un peu plus avancée sur le sujet, on aurait sans doute bien ri. Madame Schiappa aurait peut-être découvert que le christianisme orthodoxe a d'autres munitions intellectuelles et spirituelles qu'un Monseigneur de Berranger. Et re-toc.
Parler de la Bible et de ses "
incohérences" et ne trouver aucune incohérence dans le Coran, c'est reprendre le système de l'ineffable Maurice Bucaille, dont le livre était naguère offert par les émirs du pétrole à leurs hôtes francophones, et qui prétendait que toutes les découvertes de la science moderne se trouvaient dans le Coran, tout en appliquant à la Bible une autre grille de lecture. Toujours deux poids, deux mesures.
Mais puisque notre journaliste bondy-bloguante se targue de sa connaissance de l'Islam pour fustiger le "film" anti-islamique, jugeons-là donc à l'aune de ce qu'elle écrit à propos de l'Islam. On verra d'ailleurs qu'elle ne s'avance guère, et que l'argumentation pour reprocher au film son manque de connaissance de l'Islam (opposé à la grande connaissance de la Bible qu'auraient eu les Monty Python - on a les autorités que l'on peut...) est un peu courte.
Le cinéaste (dont l’identité n’est pas avérée) ne s’est appuyé que sur ses propres clichés : les femmes ont au contraire une place de choix dans le Coran, comme Khadija, la femme du prophète, présentée comme une femme d’affaire très intelligente, en qui le Prophète place une grande confiance (elle choisit seule la date de leur mariage, par exemple). On pourrait même croire que le Coran a parfois été corrigé par Osez le féminisme tant il utilise souvent le féminin (« ceux et celles… les croyants et les croyantes… ») Une nuance dont L’Innocence des Musulmans, contrairement à La Vie de Brian, ne s’embarrasse pas…
La journaliste est-elle au courant qu'en Islam, le témoignage d'un homme vaut celui de deux femmes? Que les parts d'héritage sont inégales selon le sexe? Que l'homme musulman peut épouser une femme chrétienne ou juive, tandis que la musulmane ne peut épouser un chrétien ou un juif qu'après conversion de celui-ci à l'Islam? Que l'homme peut répudier unilatéralement sa femme? Qu'un homme a droit à quatre épouses, et qu'il peut prendre parmi ses esclaves féminines un nombre illimité de concubines, tandis que la femme doit être monogame? Pour écrire sur le Bondy Blog, faut-il être ignorant ou insensible au point de ne pas savoir par quels moyens les Abbassides, les Ottomans ou les potentats d'Afrique du Nord peuplaient leurs harems et qu'est-ce que cela a signifié pour les populations chrétiennes d'Anatolie, des Balkans, d'Ukraine, d'Italie, d'Espagne... et même de Provence? Ce sont des questions que les musulmans, eux, abordent plus ouvertement que nos propagandistes maladroits de l'Islam ou plutôt de leur Islam recréé à leur fantaisie. Quel dommage aussi que Madame Schiappa écrive son apologie du féminisme islamique depuis la France "mécréante" et laïque, et pas depuis l'Arabie séoudite ou l'Algérie du Code de la famille de 1984.
Continuons l'analyse de ce manifeste de ce qu'il est obligatoire de penser dans la France de 2012.
Plus que Jésus lui-même, La Vie de Brian entendait tourner en dérision les croyants fanatiques («- Vous êtes tous différents ! – Oui, nous sommes tous différents ! – Non, pas moi… »). A l’inverse, L’Innocence des Musulmans dont le but officiel serait « d’éclairer les Israéliens sur la réalité de l’Islam » choisit de montrer le Prophète quasi à l’antipode de ce qui est raconté dans le Coran.
On admirera la petite réserve dont la sincérité me paraît discutable: au début du texte, on sonnait de la trompette pour célébrer les Monty Python qui avaient pourfendu les "
incohérences" de la Bible, maintenant on souligne qu'ils ne s'attaquaient en fait qu'aux "
croyants fanatiques". Une petite réserve, au cas où des chrétiens n'apprécieraient pas le "deux poids, deux mesures" de l'article? Quiconque considère le film
La vie de Brian pour ce qu'il est (une nullité) s'exposerait ainsi à l'accusation d'être un "
fanatique "- le fanatisme, bien sûr, ne pouvant être que chrétien; il n'y a pas de musulmans fanatiques dans le monde vu par le
Bondy Blog. Pour le reste, on a toujours des jugements sans argumentation: on reproche au film anti-islamique de montrer le Prophète à l'antipode de ce qui est raconté dans le Coran (ce qui montre, au passage, que la journaliste ne sait pas que la vision "canonique" de la vie de Mahomet se trouve dans la
Sira, et pas dans le Coran - faute peut-être d'avoir lu ni l'un, ni l'autre...), mais on n'a aucun exemple à l'appui, aucune démonstration, rien. Il est vrai que, quand du haut de la chaire de la bien-pensance, on assène la vérité officielle, on n'a pas à argumenter ni à prouver, ni même à illustrer par des exemples. On ne saura pas quels passages du "film" sont "quasi à l'antipode" de quels passages du Coran.
Pêle-mêle, on peut se demander par exemple où sont passés l’Aumône, la propreté, ou le Djihad dans le sens de « guerre intérieure contre soi-même » ? Un défaut de fond dérangeant pour un film ni drôle, ni bien filmé.
Ah! le Djihad dans le sens de "guerre intérieure contre soi-même"! Le classique! Dommage que Madame Schiappa n'est pas un mot pour le Djihad tel que l'ont subi successivement les Arabes païens et juifs, les Perses, les Byzantins, les Berbères, les Hindous, les Serbes et les Bulgares, les Polonais, Russes et Ukrainiens, les Arméniens et bien d'autres.
Je ne sais pas s'il arrive aux journalistes conformistes de sortir de la région parisienne. Sinon, je peux leur proposer une excursion dans le désert du nord de la Syrie. Il y a encore des endroits où on trouve des ossements d'Arméniens à qui les Jeunes-Turcs ont démontré que le Djihad ne se limite pas à la "guerre intérieure contre soi-même". Il y a un moment où une telle indifférence à tant de souffrances me soulève le coeur. Je me demande comment l'on peut s'asseoir tranquillement sur de pareilles montagnes de cadavres et nier leur existence.
Dommage aussi que la critique ne semble pas avoir vu le "film" qu'elle démolit. J'ai regardé les quelques passages visibles sur YouTube. Le film est en effet mal fait, à part la scène du pogrom anti-chrétien dans l'Egypte contemporaine en ouverture. Je concède d'ailleurs à Madame Schiappa que la comparaison avec les Monty Python n'est pas totalement dépourvue de sens, dans la mesure où j'ai plus eu l'impression, en regardant
L'innocence des musulmans, d'une grosse galéjade que d'un vrai film de propagande. Style prout-prout avec allusions sexuelles lourdes (justement dans le genre des Monty Python), acteurs qui ne croient pas un seul instant à ce qu'ils font, manque évident de moyens, etc. Bref, dans l'ensemble, aussi mauvais que
La vie de Brian.
Sauf une scène. Une seule scène. Celle où apparaît le fameux évêque "nestorien" (et en réalité ébionite) Waraqa ben Naoufal (
ورقة بن نوفل ), d'ailleurs bizarrement costumé en évêque copte. La seule scène qui ouvre des perspectives sur les origines de l'Islam et le contexte du Moyen-Orient du VIIe siècle. Dommage que la journaliste du Bondy Blog ne se soit pas plus intéressée à cette scène et n'en parle pas dans son article. Mais, pour avoir remarqué la scène, il faut avoir vu le "film"... ou connaître les sujets sur lesquels on écrit.
J’attends avec impatience l’ouverture d’une catégorie « Plagiat blasphématoire » au prochains Gérards du cinéma…
J'attends de mon côté avec impatience l'ouverture d'une catégorie "Articles conformistes non argumentés" quand on créera les Césars de la presse parisianiste. Toutefois, la bien-pensance, l'absence d'argumentation et la méconnaissance du sujet traité sont visiblement les qualités requises pour la publication dans certains
media. Mais même et surtout mal écrit, un article sans exemples ni arguments peut rester un monument caractéristique de notre temps où la haine de soi-même de beaucoup d'Européens les prédisposent à accueillir la propagande la plus mal faite et la moins digne de créance, de notre temps qui restera peut-être dans les mémoires comme
l'ère de la jobardise.
Une dernière remarque: selon toute probabilité, le film
L'innocence des musulmans n'existe pas. Il se limite sans doute à un assemblage de séquences qui dure quelques minutes sur YouTube. Ce n'est pas la première fois que beaucoup de gens s'agitent à propos de quelque chose qui n'existe pas. On a écrit pendant des siècles à propos du
Livre des trois imposteurs (
Tractatus de tribus impostoribus), livre qui n'existait pas. Massignon a montré que ce livre légendaire était déjà évoqué dans les milieux musulmans du Xe siècle avant de connaître la fortune littéraire et politique que l'on sait dans la chrétienté latine (cf. Massignon, "La légende "De Tribus Impostoribus" et ses origines islamiques", in
Revue d'histoire des religions, t. LXXXII, n° 1-2, juillet 1920, repris in Massignon,
Ecrits mémorables, tome II, collection "Bouquins", Robert Laffont, Paris 2009, pp. 142-145). Au fait, puis-je supposer qu'ils connaissent ce précédent historique, sur le
Bondy Blog?