L’ÉCOF subsiste encore, j'imagine: le site que vous signalez est le leur en effet, mais leur orthodoxie est un peu bancale, je crois.
Vous savez, ce que j’aime le plus chez vos compatriotes, c’est qu’ils semblent avoir la théologie dans le sang.
Depuis les discussions au Forum d’Athènes décrites dans les Actes des Apôtres, une longue tradition d’intérêt pour la philosophie, la métaphysique, puis la théologie de la part des gens du commun en Grèce fait que je n’étais pas étonnée d’entendre un jour, près d’Athènes, trois jeunes filles de 20 à 25 ans discuter de ce qui s’est passé exactement au paradis, avec le même naturel que les Françaises de la même tranche d’âge parleraient entre elles de sous-vêtements de marque, par exemple (pardonnez la comparaison).
Et quand j’ai vu, un 19 août selon le calendrier civil, deux personnes d’un certain âge fredonner le Tropaire de la Transfiguration en sortant de l’église, en pleine rue, je savais que ce n’était pas pour le plaisir d’entendre leur propre voix : c’était une profession de foi de VCO qu’ils proclamaient.
Le plus grand mérite du peuple grec est, à mon avis, d’avoir été le premier parmi les païens à recevoir le message de l’évangile et de l’avoir gardé dans son intégralité et sa pureté jusqu’à nos jours.
Vous n’ignorez pas que ce résultat fut obtenu au prix de combats héroïques tout au long de l’histoire de l’Église, où les champions de la vraie foi donnaient leur vie pour la vérité orthodoxe.
Deux sentences d’un père VCO de nos jours me viennent à l’esprit à ce sujet :
etLa vérité qui ne coûte rien n’est que mensonge.
Alors, quand je vous entends parler de vaines querelles sans issue, et de l’histoire des conciles qui ne vous intéressent pas, j’ose espérer que ce n’est pas par mépris de cette lutte bi-millénaire pour préserver la pureté de la foi orthodoxe, lutte dans laquelle le peuple grec a toujours eu sa part de lion.Rien n'est si bouleversant comme cette âpreté avec laquelle l'Église a défendu contre vents et marées le mystère de son Seigneur, comme son propre mystère. On croirait des querelles de mots, alors que c'est une question de vie et de mort pour aujourd'hui. Des luttes stériles, alors que notre foi est le fruit spendide de ce gigantesque combat. Des disputes depuis longtemps périmées, alors que nous en sommes toujours — et plus que jamais peut-être — partie prenante.
Vous savez que les occidentaux ont qualifié certains débats théologiques de l’Orient du terme méprisant de “byzantinisme” (regardez bien la définition de ce mot dans votre dictionnaire).
Ne faites pas comme eux.
Saint Athanase, cete colonne de l'Église, a passé toute sa vie en exil pour un seul iota de différence entre homoousion (de même essence) et homoiousion (d’essence semblable), qui concernaient la question de l’identité ou de la similarité d’essence des Personnes de la Trinité. Ce n’est qu’un exemple parmi des dizaines de ces “byzantinistes” qui ont préservé l’Église d’Orient d’une chute mortelle dans l’hérésie.
Ce n’était jamais de vaines querelles. Et lorsque Antoine "vous fait subir le test", c’est pour voir en effet si vous êtes orthodoxe et en quelle mesure un orthodoxe conscient.
Une tendance actuelle déplorable chez le peuple grec (et qu’ils partagent avec certains peuples d’Europe centrale et Orientale) me semble être leurs “complexes” en face de l’Occident, matériellement et technologiquement plus développé qu’eux.
Il faudrait que les Grecs soient pleinement conscients qu’ils ont, dans la foi orthodoxe, un trésor inestimable à offrir à l’Occident spirituellement appauvri et qu’ils doivent s’efforcer eux-mêmes de préserver la richesse de cette foi intacte, à l’abri des pernicieuses influences occidentales.
Les premières conditions de cet effort est de savoir que l’Église orthodoxe est la seule Église du Christ, d’être très ferme dans la vraie foi orthodoxe puis de la vivre et la connaître à fond, pour qu’aucune autre ne puisse vous ébranler.
Le fait qu’il existe des gens très pieux et sincères dans les autres religions, et même des chrétiens très proches de nous chez les papistes ou les protestants ne doit pas non plus nous ébranler. Dieu les écoute et leur parle.
Nous n’avons AUCUN DROIT de juger ni la relation avec Dieu, ni la moralité de quiconque, qu’il soit dans l’Église ou en dehors de l’Église. Dieu seul sait ce qui se passe à l’intérieur de chacun de nous, Lui qui savait d’avance que Saul, le persécuteur de l’Église deviendrait saint Paul, l’apôtre des gentils, tandis que Judas, son apôtre choisi, le trahirait.
Mais nous avons LE DEVOIR de juger l’hérésie, de ne pas la confondre avec la vraie foi.
Pourquoi telle ou telle personne honnête, pieuse et sincère se trouve dans une assemblée hérétique est encore une affaire de Dieu. Lui seul jugera cette personne selon son omniscience, qui seule discerne si c’est par simple ignorance, c’est-à-dire innocence, par endoctrinement forcé ou bien indolence, hypocrisie, amour du prestige, lâcheté etc. qu’elle est dans une fausse Église.
La mode actuelle est de dire : c’est telle religion qui me convient.
Mais de tels critères subjectifs ne doivent pas guider celui qui cherche à entrer dans la vraie Église par exemple.
Quand on monte dans un train, on regarde d’abord s’il va là où nous voulons aller et non si ses banquettes sont confortables.
Maintenant, les critères objectifs existent bien pour l’Église et il est impératif de les connaître : ce sont, entre autres, les dogmes définis par les Conciles.
Nous devons pouvoir juger s’il s’agit de la seule Foi divine, d’après sa cohérence, car Dieu est la Vérité absolue et Il ne saurait se contredire. C’est très important.
Ce n’est pas NOTRE CONVENANCE qui doit nous guider, mais LA COHÉRENCE. Notre Dieu est le Logos éternel.
Quand Irène a dit :
, c’était, sans qu’elle se rende compte, une tautologie.non seulement c'est l'Eglise qui le dit mais, de plus, c'est totalement logique
L’Église ne peut rien dire d’illogique puisque sa tête est le Logos même.
Dès qu’il y a incohérence ou contradiction, cela vient soit d’une opinion erronée tout humaine, soit de l’ennemi, le père du mensonge, qui est toujours à l’œuvre.
Excusez ces longueurs; j’en suis moi-même essoufflée, mais je crois qu’il était important de préciser ces choses.
Vous avez la chance d’être grec et orthodoxe : soyez orthodoxe d’abord, c’est le plus grand trésor que Dieu a donné aux Grecs et que les Grecs peuvent donner à l’Occident.
Bien amicalement en Christ,