À ce propos, je voudrais revenir à plusieurs remarques des quelques intervenants :
Antoine a écrit:
l'Eglise s'affirme toujours comme telle; ce sont les prélats ou certains prélats qui ne l'affirment plus comme telle.
Et j'ai répondu :
J'ai l'impression qu'à l'époque où nous sommes, c'est, plus que jamais, la question primordiale qu'il faut poser. C'est l'ecclésiologie orthodoxe qui est en danger mortel !!!Alors, l'Église, c'est quoi ?
L'Église n'est pas une abstraction, elle est un Corps concret et tous ses membres font partie intégrante de ce Corps.
Séparer l'Église de ses "conducteurs" (je trouve le terme paulinien le plus adéquat) ou de ses fidèles, le Corps du Christ de l'institution ou de ses adeptes (je n'aime pas le mot) est une ecclésiologie parfaitement cacodoxe.
Certes, l'Église est sainte non pas parce que ses prélats et ses membres laïcs sont tous saints, mais parce que sa Tête est le Christ et que le saint Esprit l'habite.
Les membres de ce Corps saint sont là pour être conduits à la sainteté par des pasteurs qui sont élus d'après leur fiabilité orthodoxe et leur aptitude morale à cette tâche difficile.
Alors, il n'y a pas photo : si un prélat fait le contraire de ce qui est son devoir, s'il enseigne l'hérésie, s'il égare ses ouailles, quelque chose cloche, non ?
Dans l'Église orthodoxe de toujours, si un tel prélat ne s'amende pas, il est au mieux, défroqué, au pire, excommunié. Et le plus simple des fidèles a le DEVOIR de garder le dépôt et de se séparer d'un prélat qui enseigne l'hérésie.
C'est ce qui distingue même foncièrement l'attitude du fidèle envers la hiérarchie dans l'Église orthodoxe et celle du pape.
Voici quelques citations des pères pour montrer l'attitude correcte :
— «C'est un ordre du Seigneur de ne pas se taire quand la foi est en danger. Alors quand il s'agit de la foi, tu n'as pas le droit de dire : qui suis-je moi ? prêtre, magistrat, soldat, agriculteur, ou mendiant ? Ne te préoccupe de rien de tout cela ! Malheur les pierres parleront et toi tu resterais silencieux et insouciant ?»
(Saint Théodore le Studite)
— «Dans notre propre Hiérarchie, même si un prêtre ou un évêque se comporte mal et pense d'une façon erronée, il peut être repris et enseigné par un simple diacre ou un moine qui se comporte bien et pense correctement comme l'atteste une multitude d'exemples.»
(Saint Nicodème l'Aghiorète)
— «Il n’est ni juste, ni autorisé, ni convenable aux hommes pieux de se taire quand on annule les lois de Dieu et chercher à instaurer l'erreur et la fraude ... n'obéissez même pas aux évêques qui frauduleusement incitent de dire, de penser et d'agir contre les commandements.»
(Saint Mélétios le Confesseur)
- «Surveillez vos évêques seulement en ce qu’ils soient orthodoxes, pour qu'ils n'enseignent pas des doctrines contre la vraie foi, et qu'il ne concélébrent pas avec les schismatiques et les hérétiques. Quant au reste, il est imputé soit à leur ignorance et à la malignité des temps, ce qui les excuse, soit à leur mauvaise intention et eux seuls rendront des comptes à Dieu !»
(Patriarche Genade le Scholaire)
Si cela ne se pratique pas aujourd'hui dans certains patriarcats, ce n'est pas parce que l'Église aurait changé de pratique, mais parce que ces patriarcats sont influencés par la pratique papiste, où les enseignants sont intouchables et les enseignés des moutons et ils ne savent plus ce qu'est l'Église.- «Le prêtre ne doit pas se tromper en ce qui concerne les dogmes divins, quant au reste, ce n’est point toi son juge.»
(Saint Anastase le Sinaïte)
Ils ne la confondent pas, certes, avec le parti communiste, mais plutôt avec un club de libres-penseurs.
Et les apostats lors des premières persécutions n'ont pas été rebaptisés...
Il serait plus que malséant, cher Antoine, de comparer les apostats des premières persécutions aux prélats apostats d'aujourd'hui dont vous avez parlé et ce que vous dites là est une énormité qui ne serait pas acceptée par vous-même, si elle venait de qn d'autre.
Quant aux expériences d'Éliazar qui — comme le disait Olia — doivent être quand-même particulières, j'aimerais dire que c'est une attitude bien orthodoxe de la part d'un prêtre que de "retenir" en quelque sorte par prudence un "candidat" à l'orthodoxie, pour éprouver la sincérité de sa motivation. Ce n'est pas un ticket d'entrée à un spectacle que le baptême orthodoxe, c'est un engagement de bonne conscience pour la vie, une lutte acharnée contre le péché.
En revanche, il n'est pas orthodoxe du tout de donner le sacrement de la pénitence (si ces confessions dont vous parlez aboutissaient bien à l'absolution) à un non-baptisé, ni de chrismer seulement qn qui vient de l'hérésie papiste.
Il faut le rebaptiser. Un économie peut être pratiquée dans certains cas, bien sûr, mais pas systématiquement.
On chrisme lorsque la forme du baptême a été correcte, c'est-à-dire lorsqu'elle a été faite par immersion. Sinon, on baptise.