L'orthodoxie vue par le Figaro

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Antoine
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L'orthodoxie vue par le Figaro

Message par Antoine »

Vianney Aubert a mené son enquête auprès des différentes religions présentes en France afin de se faire une idée de ce que sont ces fidèles qui fréquentent les édifices religieux, et du comment ils intègrent leur religion dans leur vie de tous les jours. L'orthodoxie n'a pas été oubliée.
Ce journaliste n’est pas pratiquant , n’a aucune religion , se dit plutôt agnostique et n’a a priori aucun parti pris. Il s’est contenté d’écouter les réponses à sa question : « pourquoi êtes–vous orthodoxe ou comment êtes vous orthodoxe ou qu’est-ce que l’orthodoxie pour vous, etc… ? » Il a donc fait « le tour des popotes » et nous livre les résultats obtenus dans le Figaro.

Si l’orthodoxie n'a pas été oubliée par le journaliste elle semble en tout cas avoir bien été oubliée par les fidèles interrogés. Et pour avoir assisté à certains de ces entretiens on peut estimer que l'article est hélas assez fidèle. Je dois être le seul à avoir mis l’accent, au cours d'un repas en tête à tête avec le journaliste, sur les divergences dogmatiques et sur l'hérésie dans la quelle baigne le catholicisme romain schismatique . Le seul sans doute à avoir affirmé que seule l'Eglise orthodoxe était l'Eglise du Christ et que le catholicisme romain était une imposture. Si je suis le seul parmi tous ceux qu’il aura interrogés, Monsieur Aubert aura eu raison de n'en rien mentionner, à moins que le journal n'ait censuré certains passages de son article pour éviter le risque d'une perte de son lectorat. Dans les médias la vérité se compte d'abord en terme d’audience. Mais néanmoins l'article me semble hélas assez fidèle. Pauvre orthodoxie! J'ai même entendu un fidèle répondre au cours de l'enquête que pour lui l'orthodoxie était l'aboutissement du catholicisme. Heureusement cela n'a pas figuré dans l'article: le scoop était pour le forum orthodoxe...
Voilà ci-dessous les platitudes et les poncifs des orthodoxes en France: mais peut-être faut-il en passer par là pour que l'orthodoxie puisse un jour briller de l'éclat de la Vérité. Après tout c'est par l'ignominie de la croix que la divinité s'est révélée.
Mais quand même, lire de telles foutaises en résultat d'une occasion inespérée de présenter l'orthodoxie me fiche le moral à zéro. Et surtout , on appréciera le "foutage de Gueule" de l'évêque Innocenti; ça doit faire partie des charismes épiscopaux aujourd'hui...


[b]Article de VIANNEY Aubert paru dans le Figaro

Les Orthodoxes gardiens vigilants de la Tradition[/b]
A l’ombre du stade de football de Nantes, la petite chapelle en bois de Sibérie possède le caractère exotique et incongru des pavillons de l'Exposition universelle de 1900 qui ravissait l'imaginaire du visiteur. Érigée en 2005, l'église Saint-Basile a donné un nouveau souffle à la communauté orthodoxe de Nantes, après quatre-vingts ans d'existence et d'errance. « Avant, nous étions accueillis une fois par mois dans une église catholique que nous devions aménager juste avant l'office. Il nous fallait pousser les bancs et accrocher nos icônes. On voyait aussi beaucoup de gens de l'Est qui avaient du mal à retrouver leur église quand ils voyaient la photo du Pape en entrant », raconte le prêtre de la paroisse, Lambert van Dinteren. La construction de l'église nantaise est symbolique du nouvel essor de l'orthodoxie, porté par les récentes vagues d'immigration des années 1980 et 1990. Elles ont fait suite à celles du début du XXe siècle, qui avaient entraîné son implantation sur le sol français. «De 200 paroisses en 1935, on était tombé à environ 120 dans les années d'après-guerre. Il a fallu attendre les années 1990 pour revenir au même niveau. Aujourd'hui, on l'a un peu dépassé », explique Jean Roberti, recteur de Saint-Jean-de-Cronstadt à Rennes. À Nantes, le fichier paroissial, qui ne comptait que 80 familles en l'an 2000, en recense désormais plus de 300.
Pourtant, tout ne va pas pour le mieux en 'orthodoxie. Car cette prospérité nouvelle, qui a porté le nombre de ses fidèles de 250 000 à 400 000, estime-t-on, a des allures désordonnées. Avec ses bulbes qui la surmontent et exhalent un parfum de Russie éternelle et paysanne, au milieu d'un décor urbain de périphérie de ville, l'église Saint-Basile reflète l'image d'une communauté française en quête d'identité, ballottée entre désir d'intégration et tentations ethniques. Cela tient à l’histoire. Arrivée dans les bagages des Russes fuyant-la révolution de 1917 et des Grecs chassés d'Asie Mineure, l'orthodoxie s'est constituée en diaspora, chaque communauté apportant
sa propre Église. On en dénombre aujourd'hui près d'une dizaine (Églises grecque, roumaine, serbe, bulgare, géorgienne, copte et tusses, dépendant du Patriarcat de Moscou ou de celui de Constantinople), qui, malgré une propension à chanter en public leur unité, rivalisent en coulisses d'efforts pour se damer le pion.

Dans sa lettre, paroissiale d'avril, Serge Sollogoub, recteur à Meudon, dénonçait «une course à l'ouverture de paroisses, souvent dans des lieux déjà desservis, alors que de nombreuses villes, de plus de 100 000 habitants, n'en ont pas» .
« Non, il ne peut pas y avoir de concurrence entre nous », répond Mgr Innocent, évêque du patriarcat de Moscou, avant d'ajouter avec un sourire austère «Mais il est propre à la nature humaine de chercher la première place. »
Cette lutte, qu'illustrent les affaires de Nice et de Biarritz où les deux Églises russes se livrent bataille pour le contrôle de ces paroisses historiques, n'est pas du goût des fidèles. « Il y a un réel problème. Depuis le temps que l'orthodoxie est en France il serait temps qu'elle ait une vie propre », estime Guy Lumeau, marguillier de la paroisse nantaise. Comme lui, la plupart des convertis et des enfants ou petits-enfants d'immigrés, qui constituent le noyau des paroisses francophones, aimeraient voir émerger une Église locale unifiée. «Il y a vingt ans, je pensais qu'on y arriverait vite» , souffle Didier Vilanova, physicien au CEA et secrétaire général de la Fraternité orthodoxe, créée dans les années 1960 pour passer outre la dimension nationale des Églises et rassembler les orthodoxes de France et de Belgique. C'était sans compter sur les nouvelles immigrations de Russie et d'Europe de l'Est qui ont relancé la création de paroisses d'accueil. Le slavon, vieux russe utilisé pour la liturgie en Russie, a fait un retour en force, et certaines églises sont redevenues des sas d'intégration où l'on rivalise de dévotion. « Ce n'était pas comme ça avant. Désormais, il y a une différence sensible entre ici et une paroisse de nouveaux Russes. 'Dans leur chœur, on dirait des gens venus de l'opéra qui ne savent pas ce qu'ils font là, leur chant est plus académique que votif», note un fidèle à la sortie de Saint-Séraphin de-Sarov à Paris. Dans cette église de bois, cachée au fond d'une cour du XVe arrondissement, quartier historique de l'immigration russe, des convertis, qui ici comme ailleurs sont cadres supérieurs, professeurs,, chercheurs ou avocats venus à l'orthodoxie après un long cheminement, et des descendants de familles russes se retrouvent pour la liturgie du dimanche qu'ils prolongent autour d'un café. Des fruits et des gâteaux sont servis, pour pallier le jeûne imposé depuis minuit.

Il y a là Bertrand, cadre dans la banque, qui a quitté le catholicisme, charmé par la liturgie que bercent les chants polyphoniques et les effluves d'encens. Elle lui rappelle l'atmosphère des monastères bénédictins qu'il fréquenta enfant «Au départ, ce n'était pas une démarche théologique, mais un besoin de beauté. Je me sens apaisé dans l'orthodoxie, La beauté de la liturgie me transporte alors que, dans les messes paroissiales catholiques, je ne trouvais pas cette paix, je me sentais violenté car on s'adresse à ma raison, qui naturellement résiste », confie-t-il.
«J'ai découvert que la mort pouvait être belle. C'est un office de joie rentrée, il n'y a aucune tristesse. Tout est en douceur, moi, ça m'a bouleversé », raconte Jean Roberti, ancien marxiste séduit par là beauté des funérailles. La liturgie, que Cyril, petit-fils d'exilés russes qui ne se rend à l'église qu'à Noël et à Pâques, décrit comme « hors du temps », séduit ceux qui jugent que, dans l'Église catholique, le discours social domine la parole évangélique,,et que le désir d'une présence au monde a balayé le sens du sacré. Dans l'orthodoxie, le rituel prime. Codifié par les liturgies de saint Jean Chrysostome et de saint Basile, le Livre des heures qui règle les offices monastiques (vêpres, vigiles, matines...), le Sanctoral qui inventorie les fêtes des saints et le Typikon qui ordonne l'année en cycles, il est immuable.
À tel point qu'à l'exception de la langue, rien, pour le visiteur, ne distingue une Église russe d'une Église roumaine. Les différences y sont bien moindres qu'entre deux paroisses catholiques car on ne touche pas à la tradition, garante des dogmes. La moindre évolution, aussi minime
Soit-elle est regardée avec suspicion; quand elle n'est pas taxée d'hérésie. La modernité ' n'aurait-elle pas de sens ? Paradoxalement, ce carcan, avec ses quatre carêmes bannissant les produits animaux, est pour certains un espace de liberté. «Je souffrais beaucoup dans le catholicisme du poids de la morale très orientée vers les questions sexuelles et d'une hiérarchie assez pesante »,confie Didier Vilanova. Quant à François, divorcé; mis au banc de l'institution catholique, il a été sensible à l'accueil de l'Église orthodoxe. Et d'autres de faire remarquer que les prêtres sont mariés, comme aux premiers siècles de l'Église. «Chez nous, rien n'a changé depuis les apôtres », proclament fièrement et sûrement les croyants, pour lesquels le symbolisme qui marque chaque geste de la liturgie et les nombreuses inclinaisons et prosternations, toutes accompagnées du signe de la croix, sont les manifestations de cette permanence.
«C'est un retour aux sources. Dans le catholicisme, il me manquait un sérieux biblique, et dans le protestantisme, le pouvoir de prier avec mon corps », explique le père Lambert Van Dinteren, d'origine néerlandaise. « Tout le corps est sollicité mais sans sentimentalisme », ajoute Grégaire Aslanoff, peintre d'icônes. Notamment à travers ces peintures où le corps des saints n'est pas stigmatisé mais transfiguré. «Le sujet de l'icône, c'est la sainteté. On n'essaye pas de représenter la matière de la peau, on se débarrasse de la pesanteur. Il n'y a pas de source lumineuse, le corps est comme éclairé de l'intérieur», explique cet élève d'Ouspensky (lire l'encadré ci-dessous), héritier d'une lignée orthodoxe, d'une de ces familles d'origine russe où l'on est élevé dans l'amour de la religion plutôt que dans la nostalgie de la patrie perdue. Où l'on est même parfois prêtre de père en fils. «L'orthodoxie française, c'est un peu le jeu des sept familles», s'amuse Grégoire Aslanof f. Son grand-père, Vladimir Lossky, fondateur de la paroisse parisienne Notre-Dame-des-Affligés, est considéré comme l'un des grands théologiens du XXe siècle, sa mère a beaucoup écrit pour la catéchèse, son oncle Nicolas vient d'être ordonné prêtre dans l'église familiale où sa cousine dirige le chœur... Mais pour beaucoup de descendants d'exilés russes, membres de la troisième génération, l'orthodoxie se limite aux grandes fêtes de Noël et de Pâques. «C’est une occasion de se retrouver en famille, mais on ne baigne pas dans la nostalgie d'un pays que l'on n'a pas connu », dit Cyril. Si quelques traditions, comme celles des oeufs peints, de la paskha (crème) et du koulich (gâteau recouvert de sucre) à Pâques, sont transmises, la foi,,elle, se perd souvent...


L’encadré

Les riches heures de l'école de Paris
« La France est un pays phare de l'orthodoxie. Si une théologie a compté au XXe siècle, c'est bien celle de l'école de Paris », affirme Jean-François Colosimo, professeur à l'Institut de théologie Saint-Serge. C'est là, dans le XIXe arrondissement, autour d'une ancienne église luthérienne allemande devenue bien de guerre et rachetée dans les années 1920, que se fait la rencontre entre la pensée orthodoxe et la raison occidentale, autour de l'intelligentsia russe en exil.
« Peu de pays ont donné autant à l'orthodoxie au siècle dernier. Cette confrontation a obligé à retourner aux sources », dit Mgr Joseph, évêque de l'Église roumaine. Les études sur les Pères de l'Église vont ainsi fleurir, rapprochant des théologiens comme Vladimir Lossky des futurs cardinaux Danielou et de Lubac; Leonide Ouspensky et le moine Grégoire Krug rénovent l'art de l'icône, le débarrassant de ses scories sulpiciennes ; la vénération des saints locaux, comme Irénée de Lyon ou Geneviève, se développe.
Dans la foulée, les premières paroisses francophones voient le jour et commencent la traduction des textes de la liturgie. Ce travail est poursuivi, à la demande de l'Assemblée des évêques orthodoxes de France, par une commission théologique présidée par Nicolas Lossky. «C'est très difficile, car il ne s'agit pas de traduire littéralement, mais de faire passer la pensée liturgique , explique-t-il. La traduction des trois principales liturgies est prête à être publiée et la commission doit désormais composer des offices pour les saints locaux.



Le titre de l’article était éloquent. Je me suis dit: enfin quelqu’un qui va mettre le doigt sur l’essentiel : Puis finalement on apprend que la Tradition ça consiste à se signer devant des icônes en faisant des métanies, à bouffer du Koulich et à écouter du slavon auquel on ne comprend rien. Cocoricorthodoxe!
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