L'histoire - c'est quoi? Et pourquoi?

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Youra
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L'histoire - c'est quoi? Et pourquoi?

Message par Youra »

A quoi bon existe l'histoire?
J'ai posé cette question dans le forum russe et j'ai reçu les reponses très différentes.
Et qu'est-ce que pensent de se sujet les français?
Je suis prèt raconter des opinions russes.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Dieu avait créé le monde sans qu’il eût besoin d’histoire. Adam et Ève au Paradis connaissaient Dieu directement “sans histoires” et seraient montés vers Dieu en une ascension sans terme, de gloire en gloire, comme le dit saint Denys l’Aréopagite, et auraient connu la parfaite perfection des parfaits, toujours à parfaire. Mais à cause la désobéissance d’Adam et d’Ève, à l’instigation du serpent séducteur et jaloux, et pour éviter la catastrophe générale qui aurait dû en résulter, Dieu a inventé une histoire pour le monde, avec un passé, un présent et un futur, afin qu’Adam et Ève et leurs descendants puisse recouvrer leur liberté et leur splendeur perdues en faisant un choix en faveur du salut proposé par Dieu. Depuis lors l’histoire se déroule. La loi adamique a échoué, aboutissant au Déluge. La terre s’est repeuplée, et Dieu a conclu une alliance avec Abraham en lui demandant de sacrifier sa volonté propre (l’enfant de sa chair), mais après la captivité d’Égypte et la traversée de la Mer Rouge, le peuple élu s’est mis à adorer le Veau d’or. Dieu leur a imposé, par Moïse, la loi mosaïque. Peine perdue : Israël a rejeté les prophètes. Enfin en ces temps qui sont les derniers Dieu a envoyé son Fils unique. Il a pris chair parmi nous nous a donné sa Révélation et la loi des Béatitudes, et nous a confié aux bons soins de l’Église. Potentiellement l’Église est toute l’histoire, et même tout l’Univers, et nous sommes les membres du Corps du Dieu-homme. Mais il faut pour le voir attendre la fin de ce temps intermédiaire, éphémère, transitoire et provisoire. Toute fois nous avons un avant-goût de cet avenir pas encore réalisé mais déjà anticipé dans le Banquet eucharistique. La sainteté est la participation à l’Église, qui n’a qu’une seule tête, le Christ, et qu’un seul souffle, le Saint Esprit.
Jean-Louis Palierne
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Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Je me redonne la parole parce que je m’aperçois après coup que je n’ai pas pensé à souligner quelque cose de capital sur cette très importante question; C’est que ce que le Seigneur nous révèle, ce qu’il nous dit, ce qu’il nous enseigne, c’est avant tout de l’histoire, ce sont des faits, des événements. Après, comme il n’a pas fait don de la raison à l’homme pour que ça ne serve à rien, nous pouvons, nous devons même, y réfléchir, tenter de comprendre, tirer des leçons. Mais l’histoire passe avant les notions. Les idées, les notions, le compréhensible, n’arrivent jamais à épuiser la réalité qui nous est offerte dans l’événement-Salut, dans l’événement-Église.
Jean-Louis Palierne
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Antoine
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Message par Antoine »

Ura fromme Russie a écrit :A quoi bon existe l'histoire?
Posée de cette façon la question n’a aucun sens. L'histoire est la conscience que l'humanité a d'elle même.
C’est comme si vous demandiez : « à quoi bon existe l’existence. »
Si la question est « pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien » alors il faut la poser clairement.
Si la question concerne l’histoire en tant qu’étude de ce qui existe alors elle devient : « à quoi bon étudier l’histoire ? »
Si vous voulez réfléchir sur ce qu’est l’histoire et son rapport avec le temps la question porte alors sur le devenir. L’histoire est une rétrospective sur un devenir humain et votre question pourrait se formuler ainsi : « l’histoire est-elle conscience d’un devenir ou devenir de la conscience ? » ou comme le formule J.F Lyotard : « L’être historique peut-il et doit il transcender sa nature d’être historique pour saisir la réalité historique en tant qu’objet de science ? » Ou encore on peut se demander avec H. Marrou si le jugement historique relève de la nécessité ?
Vous pouvez aussi distinguer par exemple « histoire et historicité ». L’histoire en tant que connaissance du passé et l’historicité en tant que relation de l’évènement avec le futur : «Tout évènement est-il nécessairement historique?»

Si c’est sur « le sens de l’histoire » que porte votre question là encore il conviendrait de préciser ce que vous entendez. La notion même de « sens de l’histoire » n’est-elle pas contradictoire en soi et contraire à la notion d’histoire ? On ne peut en effet pas considérer qu’un passé a été fatal tout en considérant que l’avenir est indéterminé. C’est à dire qu’il n’y a pas de sens de l’histoire mais plutôt une histoire du sens.

La réponse directe que vous fait Jean-Louis Palierne a le mérite d’essayer de cibler votre question dans le cadre de ce forum. L’histoire du salut a ses présupposés. Mais la réponse qu’il vous fait est une confusion entre révélation de l’histoire et histoire de la révélation. Il n'ya pas de révélation de l'histoire: l'Economie divine n'est pas pensable en que telle par l'homme. Le Christ dans la prière sacerdotale en Jean XVII, 5 dit :"Glorifie-moi maintenant Père,auprès de Toi, de la gloire que j'avais auprès de Toi avant que le monde existât." Et le même St Jean ouvre son prologue par "Au commencement était le verbe".Seul le Christ, dans le mystère de sa double nature peut "penser" l'Economie divine.

Si votre question a déjà des réponses d'orthodoxes russes, il serait intéressant que nous les connaissions. Mais je crains que ce thème soit hors sujet pour ce forum à moins que vous ne précisiez votre question initiale dans son rapport à la foi orthodoxe et que vous nous livriez les réponses en rapport avec celle-ci dans la mesure où vous les avez faites votres ou dans la mesure où vous en avez rédigé vous-même une synthèse. La pensée n'est pas un sondage d'opinions et la pluralité des opinions ne constitue en rien une objectivité.
Poser des questions philosophiques sur l’histoire comme on demande «êtes vous pour ou contre les produits light?» ou «avez vous confiance dans les produits transgéniques» ne me semble pas une démarche pertinente.
Mais respectez le fait que le forum est un espace de discussion dans lequel chaque intervenant est l’auteur de ses propres messages. Il n’est pas souhaitable que le forum devienne un lieu de confrontation inter forum par personne interposée. Colporter des questions-réponses d’un forum à un autre n’a aucun intérêt.
Youra
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Message par Youra »

Jean-Louis, merci de votre reponse ! «Dieu a inventé une histoire pour le monde, avec un passé, un présent et un futur, afin qu’Adam et Ève et leurs descendants puisse recouvrer leur liberté et leur splendeur perdues en faisant un choix en faveur du salut proposé par Dieu». «Après, comme il n’a pas fait don de la raison à l’homme pour que ça ne serve à rien, nous pouvons, nous devons même, y réfléchir, tenter de comprendre, tirer des leçons».
C’est important et je suis d’accord avec vous. Très important. Avant ce jour je n’entendais pas cet grande idée, qui a dit tellement simple.

Antoine !

En Russe le mot L’histoire a quelques sens. Et un des plusieurs c’est : la science. Ce sens je suis mis dans ce mot.
Vous dites ce que mon question n’a aucun sens. Ça n’est pas vrai. Vous-même écrivez plus bas (au dessous) ce que ma questione peut signifier... Ici je voulais demander « à quoi bon étudier l’histoire ? »
A quoi bon existe ce forum ? Pour parler de l’Orhtodoxie ou pour les orthodoxes parlaient de les choses, qui les enquiétent ? Repondez-moi, s’il vous plaît.
Je ne veux pas entendre les choses objectivité, parce que la science de l’histoire la plus subjectif des autres. Je suis-même historien (je fais mes etudes)
Quand les gens diront ses opinions, il pourrait dire, qu’est-ce que les gens pensent de la science de’lhistoire.
Voila c’est tout pour ce moment, que je voudrais dire.
Youra
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Message par Youra »

J'ai oublié dire une chose: j'avais lu un livre qui, s'appelle en russe l'apologie de l'histoire. Peut être vous savez comment ce livre s'appelle en français... La profession de l'historien. L'auteur - Marc Bloque.
J'esperais que dans ce livre contenirait la defence l'histoire de les gens, qui réprouver la connaissance historique. Mais la bas je n'ai pas trouvé cela. Et j'ai voulu repondre sur cette question. Avec votre aide.
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Ce ne serait pas plutôt Marc Bloch ? je vais essayer de trouver la référence en français.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Voici l'article de Wikipedia sur Marc Bloch, à titre d'information.
Biographie
Issu d'une famille juive alsacienne, Marc Bloch était le fils de Gustave Bloch, professeur d'histoire antique à l'université de Lyon. Il fait ses études secondaires à Paris, au lycée Louis-le-Grand puis entre à l'École normale supérieure en 1904. Il est reçu à l'agrégation d'histoire et de géographie en 1908. Il fait un stage d'un an à Leipzig.

Pendant la Première Guerre mondiale, il est mobilisé comme sergent d'infanterie, passe chef de section et finit capitaine, dans les services de renseignement. Marc Bloch est cité quatre fois à l'ordre de l'armée et reçoit la croix de guerre. En 1919, il épouse Simone Vidal, fille d'un polytechnicien dont la famille, depuis le XVIIIe siècle, était enracinée dans le Comtat venaissin et en Alsace, qui lui donne six enfants. À partir de cette même année, il enseigne l'histoire médiévale à l'Université de Strasbourg. Sa thèse porte sur les serfs royaux sous les Capétiens directs. Il cherche aussi à comprendre le phénomène des rumeurs pendant la Première Guerre mondiale.

Fondateur de l'école des Annales en 1929 avec Lucien Febvre, dont la pensée épistémologique a influencé toute l'historiographie du XXe siècle français. Il est notamment l'auteur de La société féodale et de Les rois thaumaturges.

En 1939, malgré son âge, une polyarthrite invalidante, et sa famille nombreuse, il demande à être mobilisé, se déclarant lui-même « le plus vieux capitaine de l'armée française ». Il est affecté au service des essences, mais refuse de suivre les cours de l’École de guerre, ce qui lui interdit toute future promotion. Après la Campagne de France, pendant l'été 1940, il écrit L'Étrange Défaite et l'Apologie pour l'Histoire, deux textes qui marquent son engagement intellectuel d'historien en tant qu'homme dans les troubles de son temps. Exclu de la fonction publique comme juif par le gouvernement de Vichy en octobre 1940, il y est rétabli pour services exceptionnels par le ministre Jérôme Carcopino, ancien élève de son père, et nommé à la Faculté de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand. Il y continue ses recherches dans des conditions de vie très difficiles et en proie aux pires inquiétudes. Du fait de la santé de sa femme, il demande et obtient une mutation à Montpellier en 1941.

En 1943, après l'invasion de la zone Sud qui ne le laisse en sécurité nulle part, il s'engage dans la Résistance, dont il devient un des chefs pour la région lyonnaise dans les M.U.R (Mouvements Unis de la Résistance). Il est arrêté à Lyon le 8 mars 1944 par la Gestapo, torturé, et meurt fusillé le 16 juin.


Démarche
A l'instar de ses collègues de l'Ecole des Annales, Marc Bloch suggère de ne pas utiliser exclusivement les documents écrits et de recourir à d’autres matériaux, artistiques, archéologiques, numismatiques... Plus qu’aucun autre responsable des Annales, il s’oriente vers l’analyse des faits économiques. Egalement partisan d’une unicité des sciences de l’homme, il cherchera un recours permanent à la méthode comparative, favorisera la pluridisciplinarité et le travail collectif chez les historiens.


Bibliographie
La Société féodale
Les Rois thaumaturges (1924)
L'Étrange Défaite (1940)
Apologie pour l'histoire ou métier d'historien (1940]
Son Apologie est en fait celle de l'Ecole des Annales, c'est à dire de l'utilisation des sources quantitatives et des statistiques en histoire, par opposition à la démarche dite "événementielle". La meilleure critique de cette école que je connaisse est le récent ouvrage de Jacques Heers, L'histoire assassinée, aux éditions de Paris, qui répondrait sans doute mieux à votre interrogation.
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Antoine
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Message par Antoine »

Ura a écrit :A quoi bon existe ce forum ? Pour parler de l’Orhtodoxie
Oui c'est exactement cela.

Ura a écrit :Ici je voulais demander « à quoi bon étudier l’histoire ? »
Alors en quoi la réponse de Jean-Louis peut-elle vous satisfaire car ce n'est pas sous cet aspect qu'il traite votre question.
La question "A quoi bon étudier l'histoire" n'est pas en soi un sujet qui concerne le forum. Le forum se limite essentiellement à l'orthodoxie. Il existe des forum philosophiques qui traitent votre sujet.
En revanche si vous voulez nous parler de l'antinomie que vous vivez entre la foi orthodoxe et l'histoire en tant qu' étude, alors là oui c'est quelque chose qui entre dans le cadre de ce forum.

Ura a écrit :Jean-Louis, merci de votre reponse ! «Dieu a inventé une histoire pour le monde, avec un passé, un présent et un futur, afin qu’Adam et Ève et leurs descendants puisse recouvrer leur liberté et leur splendeur perdues en faisant un choix en faveur du salut proposé par Dieu».
-Si l'histoire nous est présentée comme invention pour remédier à la chute, cela suppose que l'histoire ne commence qu'après la chute et que donc les évenements qui précèdent la chute et les protagonistes eux-mêmes ne sont pas historiques. La chute devient alors ce qui est premier et le récit qui la précède n'en est qu'un a posteriori. Cette position contradictoire est assez curieuse.

-Passé présent et futur concernent le temps. L'histoire est encore un autre concept qui pré-suppose des relations de cause à effet dans cette linéarité du temps et un historien qui tente d'établir ces relations.

- Dire que "Dieu a inventé une histoire pour le monde" relève de l'augustinisme le plus dévastateur. Il faudra dire alors que Dieu a inventé la chute et qu'il en est donc le grand responsable.
Non, la préscience de Dieu n'est pas l'invention de l'histoire.

-On ne peut pas dire :"Dieu avait créé le monde sans qu’il eût besoin d’histoire." Le temps n'est pas une substance ni un "donum super additum".

Il y a des enchainements de mots qui donnent l'illusion d'une phrase. Exemple: Comment Dieu qui a réponse à tout peut-il inventer la question?
Youra
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Message par Youra »

1) Pour parler de l’Orhtodoxie... Et de les problemes dont on peut parler utilisé les positions orthodoxes et siderer lav question sous l'aspects de la conscience orthodoxe.

2) Je voudrais entendre l'opinion d'administrateur sur ce sujet, de quoi il peut parler dans ce forum???

3) "Il existe des forum philosophiques qui traitent votre sujet". Mais là-bas je ne pourrai entendre les opinions des orthodoxes, qui dois être trèe speciale.

4) Si vous ne voulez pas parler de ce sujet, ne parlez pas!

5) L'histoire a commencé quand Dieu a dit: "Que la lumière paraisse!"

6) Bien sûr à paradise étaient le temps, mais l'histoire.... Je ne sais pas. Il faut penser et lire les pères saints.


Anne Geneviève, merci. J'ai dû expliquer qui est Marc Bloch. Que'est-ce que vous pensez de le sujet notre convertation? A quoi bon étudier l’histoire ?
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Ura fromme Russie a écrit : A quoi bon étudier l’histoire ?
1)Pour éviter qu'elle ne se répète. Mais c'est peine perdue, car les aveugles volontaires referont toujours les mêmes erreurs.

Voyez. L'histoire nous apprend qu'à cause de l'union de Florence, le Seigneur Dieu détourna sa main de la ville de Constantinople et que Constantinople tomba. Et pourtant, un certain clergé essaie de nous refaire le coup de l'union de Florence.

Toutefois, ceux qui ont la connaissance du passé échapperont mieux au désastre et se prépareront par là même un meilleur destin. Disons que ceux qui se sont bien enracinés dans la connaissance du passé arriveront peut-être à chevaucher le tigre dans un avenir qui s'annonce sombre, très sombre, en tout cas en Europe occidentale.

2) D'autres que nous ont fait de l'histoire une arme de guerre. Alors, louange à ceux des nôtres qui retourneront cette arme contre ses utilisateurs pour sauver ce qui peut encore être sauvé.

Oui, un historien peut rendre d'immenses services à la Cité, à condition d'être un vrai historien, en ayant conscience que cela exige du travail, de la méthode, et surtout le souci absolu de la vérité, souci qui doit être son seul guide, surtout maintenant que nous sommes tous confrontés au règne du mensonge.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Oui, Marc Bloch et Lucien Febvre sont de ceux sur lesquels il est difficile aujourd’hui de porter un jugement critique. L’école des Annales, bien qu’elle se trouve à son tour reléguée au magasin des Antiquités, est un des piliers du consensus progressiste, de la lecture socio-économique, du primat de l’évolution des classes sociales, de la focalisation de l’Histoire sur les infrastructures, c’est-à-dire du primat des rapports économiques sur la vie des institutions et sur la personnalité des souverains. plus généralement de l’évolution des méthodes de production générant l’histoire des conceptions du monde. Il y avait là comme un écho du rejet de toute personnalisation du pouvoir, considéré comme un phénomène pathologique. Les personnalités et les événements doivent être reléguées dans l’obscurité des “tendances lourdes” qui occupent le devant de la scène.

Sur cette lancée une quantité colossale de travaux de grande valeur ont été produits, qui ont apporté une épaisseur nouvelle à notre représentation de l’histoire. Dans le domaine qui nous intéresse on n’oserait plus parler de la naissance du christianisme sans une longue enquête préalable sur les rapports sociaux de l’époque, sur la floraison des cités autonomes, sur la persistances d’un vieux fond archaïque dans les masses rurales, sur la dominance de la paideia grecque, sur le développement des échanges intra-bassin méditerranéen…

Et puisque les phénomènes de base doivent toujours déterminer les superstructures, et comme me le disait un excellent et vieil ami, étonné de constater que je m’intéressais à l’Orthodoxie non pas comme objet de curiosité, mais comme principe de vie, le schisme Orient-Occident ne peut avoir été qu’une querelle pour le pouvoir. Quel intérêt peut-il donc présenter pour une authentique recherche spirituelle ?

On ne peut pas s’en tenir à cette évolution sur le long terme des rapports de production et aux transformations qu’elle engendre dans les rapports sociaux, dont les cultures ne seraient que la couche la plus visible.

Les personnalités et les institutions montrent bien la part que prend la liberté de l’homme à la création de l’histoire. Les Évangélistes et les Pères soulignent que le Verbe et Fils unique de Dieu, désirant venir parmi nous pour retrouver sa propre image souillée par la boue de nos passions, suscita une première tentative d’unification des nations humaines sous un règne unique et plus précisément l’instant du recensement des habitants de l’Empire d’Auguste, pour naître du sein de la Toute-pure dans une grotte à Bethléem, ville de la tribu de Juda.

Et rendant à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu, l’Église ne craignit point d’obéir à la convocation de Constantin, qui souhaitait restaurer l’unité de l’Empire dont il avait hérité, mais cette fois avec la collaboration de l’Église. Et ce fut le Premier Concile de Nicée. Encore une fois la personne et l’événement s’inscrivaient dans l’histoire. À mesure que l'Empire gréco-romain s'addermissait et développait son droit et ses institutions, l'Église prit part à cette édification et l'adopta.

Chaque homme tente d’inscrire sa marque dans le déroulement de l’histoire. Bien rares sont ceux qui y parviennent. Mais est-ce nécessaire ? L’Ecclésiaste nous répond :
Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout n’est que vanité

Quel profit y a-t-il pour l’homme de tout le travail qu’il se donne sous le soleil ?

Un âge s’en va, un autre vient, et la terre subsiste toujours.

Le soleil se lève et le soleil se couche, il aspire à ce lieu d’où il se lève.

Le vent va vers le midi et se tourne vers le nord, le vent tourne, et tourne et s’en va, et le vent reprend ses tours.

Tous les torrents vont vers la mer, et la mer n’est pas remplie ;
vers le lieu où vont les torrents, là-bas ils s’en vont de nouveau.

Tous les mots sont usés, on ne peut plus les dire, l’œil ne se contente pas de ce qu’il voit, et l’oreille ne se remplit pas de ce qu’elle entend.

Ce qui a été, c’est ce qui sera, ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera : rien de nouveau sous le soleil !

S’il est une chose dont on puisse dire : Voyez cela, c’est nouveau !
— cela existe déjà depuis les siècles qui nous ont précédés.

Il n’y a aucun souvenir des temps anciens, et quant aux suivants qui viendront, il ne restera d’eux aucun souvenir chez ceux qui viendront après.
Misère de l’homme sans Dieu dirait Pascal. Et pourtant si, il y a du nouveau, il y a eu un événement, et même un enchaînement d’événements. et le jour viendra de la consommation des siècles.

À la Création il n’y avait pas d’histoire, au sens où nous l’entendons : ni possibles, ni futuribles, ni ratages, ni conflits. Seule la volonté divine se déployait dans un perpétuel présent.

Puis le Diable, “Celui qui se met en travers”, le bàton qui se met dans les roues. est venu créer l'incident. Pour nous c'était une immense catastrophe, irréparable, pour le Créateur ce ne fut qu’un incident infime, mais il ne le négligea pas. Il aménagea la catastrophe pour en faire une histoire, celle du Mystère de notre salut, d’un salut qui est offert à tous, et auxquels nous devrons nécessairement tous apporter notre acquiescement. Quelques-uns seront même assez malins pour le refuser. C’est arrivé au minimum à Judas.

Puis un jour viendra où le monde, la Création tout entière, se transformera en Église, en un perpétuel présent, un présent sans histoire, mais non un présent d’immobilité. Ce sera celui où nous pourrons voir la parfaite perfection des parfaits, toiujours à parfaire, s’élevant de perfection en perfection., emportés en une spirale infinie vers l’étreinte réciproque (la périchorèse des trois Personnes divines.

L’histoire existe, elle est likmitée à ce temps intermédiaire, provisoire, éphémère et transitoire, où nous pôuvons poser des œuvres de piété, ces humbles gestes si multiples que les visiteurs étrangers s’étonnent de ce ritualisme orthodoxe. Un modeste signe de croix est déjà une prière : les démons le voient et ils s’enfuient; Essayez donc de faire faire un signe de Croix à un musulman !

Car ce qu’exprime l’Ecclésiaste, c’est l’absolue vérité de l’homme qui cherche à imprimer la marque de sa volonté propre sur l’histoire. Il vient, il passe, il meurt et il constate : la trace que j’ai laissée est bien faible, et elle est autre que ce qu’il aurait voulu. De quelques hommes on pourrait dire en vérité qu’ils ont laissé un trace. Mais ils n’avaient pas tout prévu et qu’en reste-t-il ?

Et cependant si, il y a bien eu du nouveau sous le soleil ! Mais ce n’est pas de la volonté ni du désir de l’homme. ne vierge d’Israël, la perle du peuple élu, a donné chair au Fils de Dieu. Même la sagesse et la philosophie des anges n’avait pas été capable de le prévoir, et Gabriel s’écrie : “Tout interdit j’exulte ! Aporô kai existamai !”

C’est le début de l’histoire absolue, l’histoire de l’économie de la condescendance divine. Les Anges proclament “Gloire à Dieu aux plus haut des cieux ! Paix sur terre ! Bienveillance parmi les hommes !”

Maintenant en effet ils peuvent apporter leur humble pierre à l’histoire de leur propre salut. Plongés par trois fois dans la piscine baptismale “au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit”, ils reçoivent de l’évêque “le sceau des dons du saint Esprit” et participent, s’incorporent à l’Assemblée des Saints du dernier Jour” en participant à l’offrande du Pain et du Vin pour que “Celui qui offre et qui est offert” les invite à goûter à son Corps et à boire son Sang en signe de vie éternelle, car c’est bien l’anticipation du jour de Gloire. C'est cela l'histoire véritable.

Mais ce n’est pas notre participation à l’histoire provisoirement présente qui nous assure notre salut. Pour tous ceux qui pensent militer pour un avenir meilleur, pour “changer le monde”, l’avertissement désabusé de l’Ecclésiaste reste toujours valable.

Et ne cherchons pas à "améliorer" l'Église.
Jean-Louis Palierne
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Youra
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Message par Youra »

Antoine! Me semble que vous êtes moderateur.... Hmmmm.....
Alors je suis prèt parler de ce sujet (l'histoire et l'ortodoxie). Voila...
Quelle utilité peuvent recevoir les ortodoxes en etudiant l'histoire? ça marche????
Antoine
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Message par Antoine »

Ura a écrit :Alors je suis prèt parler de ce sujet (l'histoire et l'ortodoxie). Voila...
Quelle utilité peuvent recevoir les ortodoxes en étudiant l'histoire? ça marche????
Pour que ça marche, parlez-en au lieu de vous contenter de poser la question. Puisque vous êtes historienne, vous avez certainement réfléchi à ce sujet.
Sur le forum si vous vous contentez de poser une question c'est que vous avez besoin d'une information. Si vous voulez lancer une discussion alors livrez votre analyse et confrontez la à celle d'autres intervenants.
Le forum n'est pas l'école avec une maitresse qui questionne les petits pour animer sa classe. Considérez le forum comme une activité éditoriale.

Ici je voulais demander «à quoi bon étudier l’histoire ?»
Cela n'a pas la même signification que «à quoi bon existe l’histoire?»
Mais l'essentiel est que nous soyons enfin parvenu à cerner ce dont vous voulez parler. Maintenant nous vous lirons votre analyse avec intérêt.
En Russe le mot L’histoire a quelques sens. Et un des plusieurs c’est : la science. Ce sens je suis mis dans ce mot.
En français aussi, comme vous l'avez constaté dans ma première tentative de vous comprendre.
Grammaticalement on dit: "c'est ce sens que j'ai mis dans le mot." Mais j'aime beaucoup votre tournure qui exprime que mettre un sens au mot c'est s'y mettre soi même.
Youra
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Message par Youra »

Bien sur, mais d'abord je devais vous expliquer mon question et essayer vous comprendre (savez-vous combien de temps il faut pour moi pour lire vos messages? Il ne faut pas repondre).

Si j'ai formulé la phrase ne correctement, toutes mes excuses. Et s'il y ont des fautes (et elles il y a) je demande pardonne aussi. :oops:


Ainsi. J'ai demandé cette question aux professeurs de l'histoire à mon université. Un a dit, que la connnaissance absolu de l'histoire a seul Dieu. Nous pouvons parler des fait historique 1) très subjectif, 2) avant cela, que nous analiserons les sourses.

Parler de ce jours ou de jours qui était deux milles ans avant - il n'y a pas de la difference. C'est passé, qu'il ne peut pas rendre.

L'étude de l'histoire est nécessaire pour remmettre expériense les gens précédé. l'étude de l'

L'étude de l'histoire est nécessaire pour nous. Nous devons voir dans les faits passé Prévoyance de Dieu.

L'étude de l'histoire est nécessaire pour ne refaire des fautes qui avait déjà fait.

L'étude de l'histoire est nécessaire pour des Etats, qui doivent conduire la politique et défendre souveraineté.

C'est l'histoire, qui est la memoire du peuple. Si le peuple oubliera son histoire, il semblera à un homme, qui a perdu tout, qui est-il.
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