Communiqué n°8 de l'OLTR - "Appel à la sagesse...

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Gueorguy
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Communiqué n°8 de l'OLTR - "Appel à la sagesse...

Message par Gueorguy »

Communiqué n°8 de l'OLTR - "Appel à la sagesse pour surmonter les tensions"

Le site de l'OLTR ( [url]http://oltr.france-orthodoxe.net/[/url] ) met en ligne, ce 3 novembre 2006,
son Communiqué n°8 de l'OLTR - "Appel à la sagesse pour surmonter les tensions" [url]http://oltr.france-orthodoxe.net/html/communique8.html[/url]

Au moment où l'optimisme est de rigueur avec la publication des documents de l'acte de communion canonique entre le Patriarcat de Moscou et l'Eglise Orthodoxe Russe Hors-Frontières, on aimerait observer, ailleurs, de si constructives dispositions.[/url]
Antoine
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Message par Antoine »

Gueorguy a écrit :Au moment où l'optimisme est de rigueur avec la publication des documents de l'acte de communion canonique entre le Patriarcat de Moscou et l'Eglise Orthodoxe Russe Hors-Frontières, on aimerait observer, ailleurs, de si constructives dispositions
Outre qu’il n’est pas question d’accepter que l’on transfère sur notre forum des débats qui sont déjà engagés dans les colonnes du site OLTR et du forum qui lui est proche, nous souhaiterions que l’on n’utilise pas la langue de bois:Vous faites référence à un «ailleurs» qui n’est défini ni en identité , ni en contenu.

Maintenant en ce qui concerne le patriarcat de Moscou et la fameuse lettre de ralliement qui a préludé à la création de l’OLTR , je me pose toujours la question de savoir dans quelle mesure cet appel lancé aux paroisses de « Tradition russe » était nécessaire pour un objectif de création d’une Eglise Locale en France qui bien au contraire ne pourra prendre naissance que dans une acceptation ouverte de la pluralité des ethnies et dans le témoignage que l’Orthodoxie ne connaît pas la notion de diaspora. Répétons pour les sourds que le terme même de diaspora est réservé au judaïsme centralisé autour de la notion de « Temple ».

Deuxièmement dans notre message du Lun 15 Mai 2006 9:04 rubrique Patriarchat d'Occident , nous avions soulevé un point important qui a reçu une ratification proprement hérétique par le patriarcat de Moscou.
Une discussion théologique de ce point d’ecclésiologie aurait dû être abordée sérieusement avant même la création de l’OLTR. Il me semble suffisamment important pour qu’on ne puisse sérieusement fonder une association comme L’OLTR en toute orthodoxie.
Voici ce dont il s’agit :
Antoine a écrit :Qui osera taxer le patriarcat de Moscou* d'hérésie ecclésiologique suite à la modification de ses statuts qui proclament:
«La juridiction de l’Église orthodoxe russe est étendue :
aux personnes de confession orthodoxe résidant en URSS [1988] ; résidant sur le territoire canonique de l’Église orthodoxe russe [2000], ainsi que
aux personnes qui résident à l’étranger et qui acceptent volontairement sa juridiction» (Article I, § 3, Charte statutaire de l’Église de Russie-1988 et 2000).

«aux»: On voit là que la notion de territoire a disparu et que nous sommes plus que dans le simple phylétisme; la chasse est ouverte puisque tout le monde est invité à se rattacher "volontairement" à Moscou.
La disposition positive que nous aimerions rapidement voir mise en œuvre serait le retour de Moscou à une ecclésiologie strictement orthodoxe. Pour le reste on peut pinailler, prendre parti pour ou contre tel ou tel ralliement, se battre pour la récupération de tel ou tel bâtiment, et continuer de salir l’image d’une orthodoxie qui scie la branche d’un arbre qu’elle n’a pas même encore planté et donc sur laquelle elle ne s’est même pas encore assise. Le résultat étant de faire scier tous les fidèles.

Personnellement une prise de position dans ce type de démarche me semblera toujours incongrue et anachronique. Le débat est un faux débat qui ne devrait même pas avoir lieu. On crée du factice , on brasse du vent jusqu’à provoquer des tempêtes sur une terre qui attend toujours de redevenir enfin orthodoxe: ni grecque , ni russe, ni roumaine, mais orthodoxe.
hilaire
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Message par hilaire »

merci pour la mise au point Antoine.

Le débat est un faux débat qui ne devrait même pas avoir lieu. On crée du factice , on brasse du vent jusqu’à provoquer des tempêtes sur une terre qui attend toujours de redevenir enfin orthodoxe: ni grecque , ni russe, ni roumaine, mais orthodoxe.

ça fait écho au sujet que j'ai ouvert sur les sièges épiscopaux en France!
Antoine
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Message par Antoine »

L’Eglise russe Hors Frontière nous a toujours expliqué que le patriarcat Moscou était un organe du KGB. Elle a toujours vitupéré contre l’hérésie sergianiste, contre l’œcuménisme et rejetaient toux ceux qui étaient en communion avec le patriarcat de Moscou.
Aujourd’hui rien n'a changé sur le fond (sauf canonisation de la famille impériale et des martyrs de la révolution) pourtant les évêques de l’Eglise russe hors frontière, à défaut de veste, ont retourné leur soutane. Quand faut-il donc leur accorder une crédibilité quelconque ?
Il est scandaleux que dans l’Eglise que on se serve de l’eucharistie comme d’une arme et que l’on procède à des ruptures de communion pour des motifs qui ne concernent pas directement le contenu de la foi. Il y là une légèreté que je m’explique mal.
On peut donc se réjouir qu’il y ait un rétablissement de communion entre les deux entités.
Mais là où il y a un problème c’est sur la légitimité de l’Eglise russe hors frontière à se poser encore aujourd’hui comme entité. Chacun de ses évêques devraient rejoindre les Eglises locales en construction et se tourner vers les pays dans lesquels se trouvent leurs fidèles au lieu d’essayer de survivre en ilotage permanent. Cela n’a ecclésiologiquement aucun sens de se rattacher à Moscou quand on est aux états unis ou en Europe! Aucun sens pour l’Eglise russe hors frontière de conserver sa dénomination , ses statuts. Bref aujourd’hui l'Eglise russe hors frontière devrait se dissoudre dans le panorama orthodoxe local.
Alors oui je me réjouis du rétablissement de communion. Pour le reste c’est toujours le même foutoire et les mêmes foutaises. Si ça amuse la galerie laissons la applaudir et prendre parti : au poulailler on confond théologie et ethnologie.
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Qu'une entité créée dans des circonstances difficiles, anormales, ait du mal à se dissoudre relève de la psychologie sociale et non de l'ecclésiologie.
C'est un point important. Nous les humains avons des modes de fonctionnement collectif qui sont la conséquence de notre nature tordue par le péché. Un des bienfaits de l'Eglise, c'est de nous apprendre à fonctionner autrement, à ne pas nous laisser submerger par l'esprit de clocher qui n'est, au fond, que la variante humaine et complexe de la meute chez les canidés.
Mais pour que ça marche, il faut que l'ecclésiologie soit juste. A mon sens, elle ne l'est ni au PM, ni à l'ERHF.
Il est exact que l'Eglise russe, à l'époque communiste, fut sévèrement noyautée par le KGB. S'il reste des rescapés de cette époque, ils doivent aujourd'hui se sentir très seuls et très mal dans leur peau. Ce qui était le principal danger au moment de la formation de l'ERHF n'a effectivement plus d'actualité.
Reste... tout le reste. Tout ce qu'énumère Antoine, sergianisme, oecuménisme, etc., rayé d'un trait de plume dans une grande réconciliation russo-russe.
Laquelle fleure encore bon la psychologie sociale...
Je me réjouis de la reprise de communion puisqu'il n'y a pas de divergence de foi qui justifierait un schisme. Mais je m'inquiète du caractère identitaire, phylétique, de cette réconciliation, de la confusion entre l'Eglise, universelle et locale, et la culture russe.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Le fait positif est que les Églises — l’ERHF et la patriarcat de Moscou — rétablissent l’intercommunion. Il fut un temps où certains fidèles de l’ERHF se contentaient de dire que le patriarcat de Moscou de Serge Stragorodsky et de ses successeurs était purement et simplement une création de Staline. qu’il était coupable de l’abominable hérésie du “sergianisme”, qu’il tombait sous le coup des anathèmes prononcés par l’ERHF et que tous ses actes n’étaientipso facto que des simagrées dépourvues de toute grâce. Bien plus ceux qui s’y associaient et concélébraient avec eux tombaient ipso facto sous la même excommunication.

Ce fut certes la gloire de l’ERHF d’avoir polémiqué avec les Églises coupables de modernisme, d’œcuménisme et de complicité avec le sergianisme. Mais l’excommunication lancée contre elle, la prononciation des anathèmes, n'auraient dû procéder que de débats conciliaires, engageant la catholicité et l’œcuménicité de l’Église orthodoxe en son entier. Ce n’était pas le cas et ces comportements de l’ERHF n’ont eu d’autre effet que de l’isoler du corps de l’Orthodoxie. Le Synode de l’ERHF pouvait bien polémiquer, rappeler à la canonicité, rejeter l’œcuménisme, il ne pouvait représenter l’œcuménicité de l’Église orthodoxe à lui tout seul.

D’autre part la Tradition canonique de l’Église orthodoxe ne connaît de juridiction épiscopale que sur un territoire donné. Si un évêque est incapable pour une raison ou une autre, bonne ou mauvaise, d’exercer ses fonctions dans l’épiscopie qui lui a été confiée et pour laquelle il a été ordonné, le Synode provincial tente de trouver une solution et un remplaçant, et l’évêque incapable d’exercer ses fonctions reste évêque, peut se voir confier une tâche de prêtre, mais doit s’abstenir d’interférer dans les responsabilités d’un autre évêque.

S’agissant de l’exil collectif d’un groupe d’évêques (l’Église a maintes fois connu ce genre de malheurs au cours de son histoire) comme ce fut le cas de l’Église de Chypre devant l’invasion arabe, le patriarcat de Constantinople a trouvé la bonne solution, qui a été inscrite dans le Corpus canonum de l’Église universelle, afin de servir de précédent, en attribuant au métropolite de Chypre alors en exil une métropole en Bythinie, ou les évêques locaux et les évêques chypriotes cohabitèrent, les évêques chypriotes en exil exerçant simultanément leurs nouvelles responsabilités locales et leurs responsabilités chypriotes, qui n’étaient pas abolies. Ainsi put-on sauvegarder à la fois le principe de l’Église locale et les difficultés liées à l’exil.

Dans le cas de l’ERHF elle tire sa légitimité de ce qu’en 1923 la patriarche serbe lui accorda une métropole vacante, la métropole de Karlovats, où aussitôt se tint un Synode réunissant des évêques russes en exil à la suite de l’établissement du pouvoir communiste (d’où le surnom qu’on leur donne parfois de “Karlovtsy”). Mais cela ne conférait à l’ERHF aucun droit canonique pour fonder des diocèses et des paroisses partout dans le monde.

L’ERHF a rendu un grand service à l’Église orthodoxe tout entière en prenant la défense de la Tradition orthodoxe contre diverses tentations modernistes, mais son manque de canonicité la place dans une situation d’extrême faiblesse. Lorsqu’on passe d’un pays à un autre, on ne transporte pas avec soi son Église ethnique, on devient membre d’une autre Église locale.

Le patriarcat de Moscou a retrouvé une grande liberté d’action, et il est porté par la foi (pas toujours bien éclairée) d’une grande masse de fidèles. Mais il n’a pu rester insensible devant le prestige dont l’Eglise des exilés continuait de jouir jusqu’en ex-URSS. Il a donc éprouvé la nécessité de renouer les liens avec eux. De son côté l’ERHF a dû constater qu’un certain nombre de prêtres et d’évêques en son sein étaient depuis longtemps secrètement acquis à un rapprochement avec le patriarcat de Moscou (certains parlent même d’un noyautage de longue date par le KGB).

On pourrait considérer qu’il ne s’agit là que d’une histoire russo-russe. Ce serait oublier que cette histoire n’a fait qu’envenimer la déjà trop longue histoire de l’ethno-phylétisme des “diasporas” orthodoxes en dehors des pays de tradition orthodoxe. À l’heure où les chrétiens des Églises traditionnelles de l’Occident s’en détournent massivement, il serait urgent que l’Église locale fonde dans le monde entier de véritables Églises locales, ouvertes à tous, indigènes (les indigènes c’est nous) et immigrés des pays de tradition orthodoxe, sans aucune distinction. Nous n'avons besoin que d’une Orthodoxie locale de Tradition orthodoxe.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
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