sièges épiscopaux en France

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hilaire
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sièges épiscopaux en France

Message par hilaire »

comment détermine t on les sièges episcopaux des évêques des différents patriarcats regroupant les églises en France ?
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

J’ai vraiment du mal à comprendre dans quel sens vous posez la question. Si on observait bien les canons, la patriarcat œcuménique aurait dû tenter d’instituer en Europe occidentale des évêques chargés à la fois de répondre aux besoins spirituels des orthodoxes de diverses origines qui viennent y résider et de répondre à la très grande recherche des chrétiens hétérodoxes qui se tournent vers l’Orthodoxie, déçus par les Églises hétérodoxes qui y sont apparues il y a longtemps. Bien entendu le souci des immigrés venus des pays de tradition orthodoxe devrait être une des tâches de ces évêques. Étant donné que l’Église orthodoxe est encore faible en Europe occidentale; le patriarcat œcuménique, qui ne dispose que de peu de prêtres disponibles, pourrait demander aux Églises des pays de tradition orthodoxe d’envoyer des prêtres pour se charger des communautés, mais en tout état de cause diocèses et paroisses devraient être supra-nationaux et rassembler en une même liturgie les indigènes (occidentaux) et les immigrés des diverses nations orthodoxes. Comme on le rappelait récemment, c’est ce que fait le patriarcat d’Alexandrie. Et bien entendu les évêques de l’Europe occidentale, quelles que soient leurs origines personnelles, devraient se réunir en un synode autonome gérant les problèmes communs, sans interventions des Églises des pays de tradition orthodoxe.

Inutile de dire qu’on en est très loin. Chaque Église nationale agit comme elle l’entend et considère comme de son devoir d’offrir à ses émigrés la possibilité de se rattacher à son Église-mère, à ses traditions, à sa langue. Chacune découpe l’Europe occidentale selon ses propres besoins, pour la répartir entre ses évêques.

Toute la Tradition canonique de l’Église orthodoxe, depuis les origines apostoliques, veut qu’il n’y ait qu’un seul évêque dans un territoire donné. La pratique actuelle des Églises de “diaspora” n’est qu’une aberration très récente.
Jean-Louis Palierne
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Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

C'est très variable. Ce sont des sièges fictifs pour la plupart puisque les évêques titulaires de ces lieux géographiquement fort éloignés n'y mettent pas les pieds et que leur diocèse réel est ici. Donc on note des villes détruites depuis des lustres, des sièges anciens dont le territoire a été rattaché à d'autres diocèses, etc. Chaque Eglise cuisine à sa sauce et ce caractère virtuel montre bien que ce n'est pas canonique.
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hilaire
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Message par hilaire »

ma question anne geneviève, je la pose dans le sens : si un évêque orthodoxe de n'importe quel patriarcat (en attendant qu'il soit évêque de la Métropople de France), souhaite avoir son siège épiscopal à Poitiers, sur le fond, qu'est ce qui l'en empêche? pas l'église catholique vu qu'elle est hérétique...

l'AEOF par exemple peut-elle être envisagée comme une instance qui, bien que non canonique, pourrait permettre la mise en place d'un synode autonome ? Ce serait de bon aloi, dans la mesure où, par exemple, des janvier prochain, des millions d'orthodoxes de l'est de l'Europe pourraient bien devenir des millions d'orthodoxes de l'ouest de l'Europe que ça plaise ou non.

sur l'histoire des indigènes et des immigrés, j'ai du mal à vous suivre sur le fond, il n'y a plus ni juif ni grec dans l'Eglise, pas plus que d'indigènes et d'immigrés.

Saint Irénée se considérait-il comme un étranger dans l'Eglise à partir du moment où il a foulé le sol de France?
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Là on aborde les affaires sérieuses.

1. Rien ne devrait empêcher que l’Église orthodoxe donne à un évêque missionnaire le titre d’évêque “de Paris”, puisqu’il n’y a plus d’évêque orthodoxe sur notre sol depuis fort longtemps. L’opposition de l’Église catholique a réussi à obtenir ce brillant résultat que les Églises des pays de tradition orthodoxe ont donné à leurs évêques des titres du genre de “évêque de France” ou “évêque d’Europe occidentale”. Mais cette opposition ne devrait avoir aucune valeur aux yeux de l'Église orthodoxe; et l'Église catholique ne s'est pas gênée pour instituer des évêques catholiques dans des territoires où existent des évêques orthodoxes (et pas seulement en Russie).

2. Cette retenue est d’autant plus curieuse que pour autant les évêques orthodoxes "en diaspora" ne se privent pas de créer des diocèses orthodoxes concurrents entre eux sur les mêmes territoires… avec siège et “cathédrale” à Paris. Ces Églises craignent donc moins de se faire une concurrence anti-canonique intra-orthodoxe que d’entrer en concurrence avec une Église hétérodoxe et anti-canonique (l’Église catholique). Comprenne qui pourra.

2. Ce qui intéresse en fait surtout les Églises-mères des pays de tradition orthodoxe est d’avoir un évêque à Paris, poste diplomatique important, plus qu'à Poitiers ou à Romorantin. Elles s’intéressent encore plus à avoir un évêque à Bruxelles, pour avoir un représentant auprès de l’Union Européenne.

3. L’AEOF n’est pas véritablement une instance canonique, ne serait-ce que pour cette raison fondamentale que les évêques qui la composent sont concurrents sur un même territoire. Mais de plus ils sont en réalité membres d’autres synodes de leurs Églises-mères, ce qui importe le plus à leurs yeux. Néanmoins il faut bien vivre et tenter de progresser vers un retour à la canonicité, et il ne fait pas de doute que l’AEOF représente un timide pas en avant dans la bonne direction. On pourrait cependant s’interroger sur l’importance réelle que lui attqachent les évêques qui la composent et sur leur faible assiduité. Il s’agit plus de la chambre d’enregistrement d’un secrétariat incontrôlé.

4. Bien entendu il n’y a dans l’Église ni juifs ni Grecs, ni homme libre ou pas, ni maître ni esclave, ni plus ou moins enracinés dans une mentalité supposée orthodoxe. On ne peut certes faire litière des différences linguistiques, mais force est de constater que les enfants ou petits-enfants des immigrés deviennent très rapidement uniquement francophones et tout aussi an-orthodoxes que les indigènes (voire parfois catholiques militants). Peu importe pour l’Église orthodoxe.

5. Mais une Église orthodoxe véritablement locale pourrait et devrait se préoccuper de répondre aux besoins spirituels de cette masse d’immigrés nouveaux, pour qui l’Orthodoxie n’est plus qu’une tradition ancestrale. Et pour cela elle devrait pouvoir demander aux Églises des pays d’origine des prêtres capables de pouvoir profiter de la situation d’émigrés pour ré-orthodoxiser tant ces exilés que leurs frères restés “au pays”. Force est de constater que ces Églises se considèrent comme des Églises “d’exilés” et désire plutôt les enfermer dans un ghetto protecteur (quelle illusion !).

Pour un orthodoxe qui change de pays, peu importe son origine, peu importe sa nouvelle résidence, sa demeure est aux cieux et rien de ce qui est humain ne lui est étranger, car l’homme est à l’image de Dieu.

6. Il est très significatif que jamais les Églises orthodoxes (je ne doute pas qu’elles aient droit à ce titre) d’immigrés se considérant en “diaspora”, n’ont pris en considération cet étonnant spectacle que nous avions hier sous nos yeus : des millions de Français même déchristianisés éprouvent encore maintenant le besoin d’aller dans les cimetières les tombes de leurs familles. C’est généralement la dernière chose qui reste lorsqu’ils ont tout oublié de l’Église. Ne pourrait-on (bien sûr qu’on pourrait) instituer pour l’Église orthodoxe locale en France, une fête de tous les saints de la terre de France le 1er novembre, et le lendemain une commémoration des défunts ? Ils n’y ont jamais même pensé ! Et cependant ces dates figuraient, par décision ecclésiale, au ménologe de l’Église antique orthodoxe des Gaules dans l’Antiquité. C'est même l’institution de cette fête a permis de lutter contre l’influence païenne de la fête des esprits, qui a donné Halloween. C’était donc une bonne décision, parfaitement canonique et orthodoxe et toujours valable.

L’Église aurait-t-elle le droit de ne pas s’associer au dernier geste chrétien de ces descendants d’orthodoxes. Le Seigneur en demandera compte à nos hiérarques lorsqu’il viendra juger les vivqants et les morts.
Jean-Louis Palierne
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Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Je suis d'accord de A à Z avec Jean Louis.
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hilaire
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Message par hilaire »

je suis d'accord moi aussi avec vos commentaires Jean Louis.

j'ai relevé deux passages qui me semblent signifiants, voir symptomatiques:

Ces Églises craignent donc moins de se faire une concurrence anti-canonique intra-orthodoxe que d’entrer en concurrence avec une Église hétérodoxe et anti-canonique

effectivement, je n'ai jamais personnellement compris pourquoi il fallait s'astreindre à une soupe pluriconfessionnelle (oecuménique c'est un détournement de sens du mot!) plutôt qu'aux fidèles orthodoxes... si ce n'est qu'on dispose rarement de lieux de culte, ce qui oblige à occuper des cryptes d'églises catholiques... à ce moment là faisons comme les musulmans, ou attendons qu'ils fassent changer la loi... et demandons des lieux de culte orthodoxes.
pourquoi ne pas consacrer des prières, du temps de l'énergie, et de l'argent à voir fleurir des églises et des monastères

Ce qui intéresse en fait surtout les Églises-mères des pays de tradition orthodoxe est d’avoir un évêque à Paris, poste diplomatique important, plus qu'à Poitiers ou à Romorantin. Elles s’intéressent encore plus à avoir un évêque à Bruxelles, pour avoir un représentant auprès de l’Union Européenne.

Paris poste diplomatique important? pour quelle action dans l'Eglise?

Sinon, étonnant que Bruxelles soit appelé à devenir la troisième Rome ! qu'attendre de Bruxelles pour un chrétien, drôle de synode qui plaide pour l'intégration de la Turquie plutôt que pour la restitution du sol de Chypre aux chypriotes... de cette troisième Rome je ne suis pas féru pour ma part... que propose l'Europe pour le Kosovo ?

souci du monde ou souci du salut de nos âmes?

donc, revenons à nos moutons... le plus important n'est il pas d'avoir un synode d'évêques pour la France , un vrai... ça me semble beaucoup plus important que de chercher ce qu'on va bien pourvoir organiser pour la prochaine semaine de l'unité des chrétiens (je n'ai rien contre l'unité des chrétiens sur le fond, cela voudrait dire que tout le monde confesse la vraie foi!) et s'entendre rabacher les théories sur les deux poumons (désolé je suis fragile au niveau pulmonaire !) et autres développements du même tonneau.[/b]
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Demandons des lieux de culte ? Certains l’ont fait. Très rares sont ceux qui ont eu gain de cause. Pourquoi ? Parce qu’avant d’attribuer une église non affectée ou même un local municipal, les mairies demandent « par courtoisie » l’avis de l’évêque catho – lequel souvent trouve tout d’un coup une utilité à l’église en question pour qu’elle reste dans son giron. Ce n’est pas une mesure anti-orthodoxes, c’est simplement leur version du principe de précaution, la peur de ne plus avoir de locaux quand ils en auraient besoin, l’espoir que leur boutique va de nouveau se remplir… Ils préfèrent attribuer eux-mêmes des cryptes ou, comme pour notre paroisse d’Asnières, une grande chapelle que la mairie risquait de transformer en centre culturel et garder ne serait-ce que l’illusion du contrôle.

Poste diplomatique. Hélas, la politique ecclésiastique, ça existe. Ou, là encore, le principe de précaution. Hilaire, vous n’êtes quand même pas sans remarquer que, dans la presse européenne et dans les parties les plus lèche-bottes de la presse américaine, on crie systématiquement haro sur les pays où les orthodoxes sont majoritaires et que, lorsqu’on parle des minorités chrétiennes dans les pays islamiques, on concentre les projecteurs sur les uniates et les cathos. Les néo-conservateurs américains, qui sont les nouveaux idéologues de notre temps, ont depuis des années le projet d’éradiquer l’orthodoxie. Il ne s’agit pas que de pouvoir piller à l’aise, il semble y avoir des raisons plus passionnelles et plus idéologiques, voir les interventions de Rumsfeld dans divers think tanks depuis les années 1990 si ce n’est la fin des années 80. Je sais, ça n’a que rarement été traduit en français mais on les trouve aisément sur Internet. Dans de telles conditions, il est compréhensible que les Eglises, en collaboration plus ou moins serrée avec les gouvernements, fassent du lobbying « parapluie » auprès des instances européennes, donc Bruxelles, et auprès des membres permanents du Conseil de Sécurité, donc Paris puisque Moscou leur est acquis et la Chine encore mal pénétrable. Je ne dis pas que c’est canonique, je ne dis pas que c’est spirituel, je dis que c’est bêtement humain.

L’Europe ne propose rien pour le Kosovo, sinon la kfor… et un médiateur finlandais. Mais si le métropolite Cyrille de Smolensk, aussi contestable que soit parfois son discours, ne se démenait pas comme il se démène, Poutine aurait beaucoup plus de mal à avoir une action diplomatique et ça fait des années que l’indépendance du Kosovo aurait été proclamée sans un regard pour les Serbes qui y demeurent encore.

En ces domaines, rien n’est tout blanc ou tout noir. Bien sûr qu’il faudrait un synode local avec des évêques de Poitiers, de Lyon, de Clermont, de Vienne ou d’Arles… mais c’est aussi à nous de faire comprendre à nos évêques combien la soif spirituelle latente est grande dans notre pays.
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Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Oui la politique ecclésiastique existe. Mais elle ne marche plus du tout de la même manière qu'il y a cinq ou dix ans. Il y a maintenant des députés ou des maires qui ne verraient aucune objection à aider les orthodoxes de leur coin, et même d’ailleurs. Il y en a qui s’en sont enquis auprès de gens responsables, qui eux s’efforcent d’étouffer l’affaire, parce qu’il ne faudrait pas qu’on soit envahis par les indigènes. Ce sont maintenant les orthos qui freinent. Les cathos n’ont plus assez d’audience pour cela.

Les évêques cathos sont discrédités (je veux dire auprès de la classe politique française) mais on craint encore plus que B16 ne rende de la vigueur aux intégristes. Il y a des hommes politiques français qui ont tenté de prendre contact avec les orthos, mais qui n’ont pas pu y arriver.

Il y a aussi le problème de l’immigration : certains hommes politiques s’inquiètent de l’arrivée massive d’immigrants venus de l’Est et voudraient bien que les Églises fassent un peu mieux leur travail, mais pas en ordre dispersé, et surtout que ce ne soit pas fait par les amis de Poutine. La recommandation œcuménique ne joue plus. Il ne faut pas lire la situation politique à la lumière des schémas des années 80-90 ou avant.

Je ne crois pas que la présence des orthodoxes en Europe occidentale mqaintenant soit lue par la classe politique à la lumière des problèmes internationaux. Elle est lue surtout à la lumière de deux autres séries de données : le problème de l’immigration, et l’effondrement de toutes les structures internes de la société française. Peu encore pensent à l’Orthodoxie, mais il y en a qui y pensent, ce qui n’était pas le cas il y a seulement dix ans.

Et ce ne sont plus les cathos qui tentent de cantonner les orthos dans les cryptes, ce sont des porte-parole (en général auto-proclamés) de l’Orthodoxie qui s’efforcent de ne pas se montrer trop visibles.
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Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Désolée, j'ai plus l'habitude de regarder les problèmes au niveau géopolitique qu'au seul niveau français. Et plus l'habitude de déchiffrer les campagnes de presse que de voir ce qui se passe chez les maires des villes moyennes. Déformation "professionnelle" sans doute. Et au niveau géopolitique, je maintiens que l'hostilité des néo-conservateurs à l'égard de l'orthodoxie est toujours vive et orchestre toujours nombre de médias européens. Voir la dernière campagne de presse où l'on accuse presque Poutine d'avoir tenu la main qui tenait le pistolet qui a tué Anna Politkovskaïa. Voir dans la campagne anti-Poutine latente en permanence les articles qui présentent son père spirituel comme une sorte de Raspoutine ignare et sot. Cette hostilité, héritière à la fois du mépris pour "l'Orient" et de la guerre froide, n'est pas éteinte, sinon ça se verrait.
Qu'en France, il y ait une grosse inquiétude de l'immigration venue de l'est, c'est vrai et c'est vrai que ça change la donne au niveau local. Mais j'aimerais savoir sur quoi vous vous appuyez pour affirmer que ce sont les orthodoxes qui affichent un profil bas que personne ne leur demande. Sur quels faits ? (C'est une vraie question, pas une polémique)
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Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Sur quoi je m’appuie ? Mais sur quelques exemples. Dans la Région parisienne, l’Archevêché de Paris déploie encore des efforts héroïques pour maintenir une célébration périodique dans les églises qui lui sont affectées ou qu’il possède. Mais chaque année qui passe c’est plus difficile. Longtemps il n’a pas hésité à débaucher le clergé des lointaines provinces, mais ce bassin de main-d’œuvre s’étant tari, il est allé recruter dans les Églises des pays de mission. Là aussi la ressource n’est pas inépuisable. La situation préoccupe jusqu’à des élus indéfectiblement laïques qui s’alarment de voir les villages dépérir faute de cet élément que certains (des élus) considèrent comme folklorique.

Il en est qui prennent contact avec des personnalités orthos ethniques (les français orthos convertis ne sont pas encore une espèce identifiée comme telle). Les orthos ethniques s’adressent à des personnalités orthos ethniques de rang parisien, qui ne voient pas l’intérêt de l’affaire. Dossier classé. Ce qui est grave c’est que le club des dirigeants orthos parisiens a réussi à stopper toute démarche des orthos ethniques en direction des indigènes désirant se tourner vers l’Orthodoxie. Seule l’Église serbe reste réfractaire à cette interdiction. Mais jusqu’à une date très récente l’Église serbe ne recherchait qu’à absorber des ecclésioles.

La situation géo-politique et la pression des néo-cons US sont une chose. Mais la situation intérieure, morale et intellectuelle, de l’Europe en est une autre. Les cathos font naufrage. B16 s’efforce de faire un virage à 180 degrés, ce qui n’est jamais facile, et tente de proposer aux orthos (en s’adressqanr priotairement cette fois au patriarcat œcuménique) une alliance franche et loyale, mais… rédigée en termes d’organigramme administratif.

Les évêques catholiques de France sont en état de scission virtuelle avec le Vatican, mais ils manifestent leur mécontement… à propos du latin.

La classe politique d’Europe occidentale tente de trouver des interlocuteurs dans la société civile, et ne voit pas d’un mauvais œil les orthos, même sans parler de l’argument supplémentaire de l’immigration.

On pourrait croire que les représentants officieux de l’Orthodoxie vont tenter de profiter de l’occasion pour la faire connaître. Point du tout. Ce qu’ils mettent en réalité sous le nom d’Église locale, c’est une association religieuse célébrant selon le rite oriental, mais s’i!nspirant des valeurs démocratiques de la société occidentale, dans l’espoir que les Églises-mères, celles des pays de tradition orthodoxe, vont entreprendre de se re-looker, de cantonner les évêques dans un rôle de président constitutionnel avec un gouvernement parlementaire.

Les petits Français qui viennent vers l’Orthodoxie sont des personnages affectivement déséquilibrés, qu’il faut tenir à l’écart des décisions du comité central.

Ah! j'oubliais, en ce qui concerne les locaux cultuels. Depuis trente ou quarante ans un nombre considérable de congrégations religieuses abandonnent dispensaires, orphelinats, maisons de retraite etc, parce qu'elles n'ont plus de personnel, mais aussi parce que l'État et/ou les collectivités locales ou la Sécu s'investissent de plus en plus et imposent leurs vues et leurs normes. Des locaux cultuels sont abandonnés. Souvent même l'évêché catholique l'ignore. Sans parler, en province, des églises paroissiales abandonnées.
Jean-Louis Palierne
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Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Je voudrais reprendre à tête reposée une intervention que j’ai déjà faite un peu plus haut sur ce sujet. La question initiale avait été posée par Hilaire. Elle portait sur les règles que devraient porter les Églises des pays de tradition orthodoxe lorsqu’elles nomment des évêques en Europe occidentale. Je vais m’efforcer de développer ce que j’avais dit alors d’une manière un peu plus explicite et plus complète.

La version développée de la question d’Hilaire était la suivante :
si un évêque orthodoxe de n'importe quel patriarcat (en attendant qu'il soit évêque de la Métropople de France), souhaite avoir son siège épiscopal à Poitiers, sur le fond, qu'est ce qui l'en empêche? pas l'église catholique vu qu'elle est hérétique...

l'AEOF par exemple peut-elle être envisagée comme une instance qui, bien que non canonique, pourrait permettre la mise en place d'un synode autonome ? Ce serait de bon aloi, dans la mesure où, par exemple, des janvier prochain, des millions d'orthodoxes de l'est de l'Europe pourraient bien devenir des millions d'orthodoxes de l'ouest de l'Europe que ça plaise ou non.

sur l'histoire des indigènes et des immigrés, j'ai du mal à vous suivre sur le fond, il n'y a plus ni juif ni grec dans l'Eglise, pas plus que d'indigènes et d'immigrés.

Saint Irénée se considérait-il comme un étranger dans l'Eglise à partir du moment où il a foulé le sol de France?
Là on aborde les affaires sérieuses, les questions qui fâchent.

Rien n'aurait dû empêcher que l’Église orthodoxe donne à un évêque missionnaire le titre d’évêque “de Paris” ou “de Poitiers” ou tout autre, puisqu’il n’y avait plus d’évêque orthodoxe sur notre sol depuis fort longtemps. L’opposition de l’Église catholique a réussi à obtenir ce brillant résultat que les Églises des pays de tradition orthodoxe ont donné à leurs évêques des titres moins compromettants, soit des “titres” (c’est le mot technique) d’anciens évêchés disparus depuis longtemps (ce fut le cas de “Sourozh” que portait mgr Antoine à Londres, ou de “Coumane” que porte maintenant mgr Gabriel à Paris), soit des titres prudemment régionaux, c’est-à-dire “évêque de France” ou “évêque d’Europe occidentale”. Mais l’opposition de l’Église catholique ne devrait avoir aucune valeur aux yeux de l'Église orthodoxe; et d’ailleurs l'Église catholique ne s'est pas gênée pour instituer des évêques catholiques dans des territoires où existent des évêques orthodoxes (et pas seulement en Russie). Toutefois dans certains pays, en particulier en Angleterre, il existe des dispositions juridiques civiles qui interdisent à quiconque de porter le titre d’évêque d’une Église locale dans le Royaume. Ce privilège est réservé à l’Église anglicane.

Mais cette question du titre, de l’étiquette du flacon, est relativement mineure. Il y a un problème beaucoup plus grave. En réalité lorsque les Églises-mères des nations orthodoxes ont commencé à créer des filiales hors du territoire national (c’est-à-dire en fait au XXème siècle), c’était seulement dans le dessein de prendre en charge uniquement les exilés de leur nation résidant à l’étranger. C’est alors qu’est apparue la notion parfaitement anticanonique de “diaspora”.

Ceux qui sont des exilés ou des émigrés pour les nations orthodoxes deviennent en arrivant ici des immigrés pour l’Occident. L’expérience montre cependant qu’ils savent s’adapter et s’intégrer économiquement et socialement beaucoup plus facilement et beaucoup plus rapidement que les immigrés issus d’autres nations, disons ceux qui sont issus de nations restées hors de la Tradition chrétienne. Hilaire a raison de souligner qu’une organisation locale stable de l’Église orthodoxe en Europe occidentale est d’une urgente nécessité :
dans la mesure où, par exemple, des janvier prochain, des millions d'orthodoxes de l'est de l'Europe pourraient bien devenir des millions d'orthodoxes de l'ouest de l'Europe que ça plaise ou non.
Malheureusement il faut dire aussi que lorsque ces immigrés venus de l’Est viennent vivre à l’Ouest, ils se laissent impressionner par l’aspect triomphant, savant, sûr de lui-même du monde occidental. Certains d’entre eux savent très bien s’intégrer dans les milieus de l’innovation intellectuelle et artistique, ou scientifique et technologique, ou dans la vie des entreprises. Nous devons constater que leur participqation à la vie des Églises est très faible. Ils ont souvent tout à apprendre de l'Orthodoxie, et ils lisent l'Occident au premier degré, sans percevoir ses failles secrètes.

On peut se demander si les filiales que créent en Occident les Églises-mères des pays orthodoxes correspond vraiment aux immenses besoins de ces gens. Pour nous Français il est difficile d’appréhender cette question. Citoyen d’un pays d’accueil, je n’ai jamais eu l’occasion de faire l’expérience de ce qu’est la vie d’un immigré, même s’il a eu la possibilité d’échapper aux difficultés économiques. Nous les croisons dans nos rues, nous les entendons parler entre eux, mais ce monde reste très étranger pour nous, même lorsque nous les connaissons un peu plus personnellement par relation de travail ou de voisinage.

Mais je doute qu’en cherchant à jouer sur la cohésion et la persistance de la vie communautaire, les Églises-mères jouent la bonne carte. Très vite leurs enfants ou petits-enfant décident de “jeter tout ça” aux orties. Souvent, parmi les Français qui viennent vers l’Église orthodoxe, on en rencpntre qui ont eu une grand-mère orthodoxe, et c’est ce qui les a aidés à trouver le bon chemin. Mais s’ils y reviennent, ce n’est pas pour retrouver l’Église ethnique.

L’hésitation qu’éprouvent les Églises orthodoxes à affirmer et à afficher que leur présence a un caractère missionnaire qui pourrait donc, au nom de l’Orthodoxie, se poser en concurrent de l’Église catholique, est d’autant plus curieuse que pour autant les évêques orthodoxes "en diaspora" ne se privent pas de créer des diocèses orthodoxes concurrents entre eux sur les mêmes territoires… mais toujours avec siège “cathédral” à Paris.

Ces Églises craignent donc moins de se faire une concurrence anti-canonique intra-orthodoxe que d’entrer en concurrence avec une Église hétérodoxe et anti-canonique (l’Église catholique). Comprenne qui pourra. Il est certain que presque personne dans l’Église orthodoxe n’a conscience du caractère profondément dramatique de la crise dans laquelle sombre actuellement l’Église catholique.

Ce qui intéresse en fait surtout les Églises-mères des pays de tradition orthodoxe est d’avoir un évêque à Paris, poste diplomatique important, plus qu'à Poitiers ou à Romorantin. Elles s’intéressent encore plus à avoir un évêque à Bruxelles, pour avoir un représentant auprès de l’Union Européenne. Participer à la vie de l’Union Européenne (et en tirer des subventions) est devenue une préoccupation majeure pour ces Églises qui, dans leurs pays n’ont jamais imaginé que la vie politique nationale puisse se rérouler sans leur participation. Leurs Patriarches sont entourés d’un protocole comparable à celui d’un chef d’État.

Elle se tournent donc vers l’Union européenne en se demandant quel protocole celle-ci observera, et à l’égard de qui. L’Union a d’ailleurs déjà dû admettre que dans ces pays il est d’usage que l’Église orthodoxe joue un rôle éminent dans la vie publique. La question de l’organisation ecclésiastique orthodoxe en Europe occidentale devient donc peu à peu une question actuelle et réelle.

L’AEOF n’est pas véritablement une instance canonique, ne serait-ce que pour cette raison fondamentale que les évêques qui la composent sont concurrents sur un même territoire, chose impensable pour la Tradition canonique orthodoxe. De plus ces évêques sont en réalité membres d’autres synodes, ceux de leurs Églises-mères, généralement avec voie délibérative (sauf pour les deux juridictions rattachées au Patriarcat œcuménique, mais sans participation au Synode de Constantinople) ; et pour ceux qui participent aux synodes de l’Église-mère ethnique, c’est cette participation qui importe le plus à leurs yeux. Leur participation à l’AEOF n’est qu’un gadget de circonstance.

Néanmoins l’Église orthodoxe continue à exister, il faut bien vivre et tenter de progresser vers un retour à la canonicité, et il ne fait pas de doute que l’AEOF représente un timide pas en avant dans la bonne direction. On pourrait cependant s’interroger sur l’importance réelle qu’y attachent les évêques qui la composent et sur leur faible assiduité. Il s’agit plutôt de la chambre d’enregistrement d’un secrétariat incontrôlé.

Sur la question des nationalités dans la vie de l’Église, Hilaire se demande :
sur l'histoire des indigènes et des immigrés, j'ai du mal à vous suivre sur le fond, il n'y a plus ni juif ni grec dans l'Eglise, pas plus que d'indigènes et d'immigrés.

Saint Irénée se considérait-il comme un étranger dans l'Eglise à partir du moment où il a foulé le sol de France?
Bien entendu il n’y a dans l’Église ni juifs ni Grecs, ni homme libre ou pas, ni maître ni esclave, ni plus ou moins enracinés dans une mentalité supposée orthodoxe. On ne peut certes faire litière des différences linguistiques, mais force est de constater que les enfants ou petits-enfants des immigrés deviennent très rapidement uniquement francophones et tout aussi an-orthodoxes que les indigènes (voire parfois catholiques militants et engagés). Peu importe pour l’Église orthodoxe.

Saint Irénée se considérait comme un citoyen de l’empire gréco-romain, qu’il pensait universel, il parlait la langue grecque, qu’il considérait comme la langue de la culture universelle, il était originaire d’Asie Mineure, il avait été envoyé en Gaule pour prêcher la Parole de Vérité et il avait un peu de mal à parler dans des régions encore peu romanisées (sans doute y parlait-on encore le gaulois). Il s’intéressait à la vie de l’Église dans son ensemble, dans sa catholicité, et intervint auprès du pape de Rome Victor pour qu’il retirât l’excommunication qu’il avait prononcée contre ceux qui en Asie Mineure persistaient à célébrer la Pâque le 14 Nizan, jour de la Pâque juive. L’Église rejetta cette pratique, mais n’excommunia point ses tenants. Irénée portait bien son nom de “pacifique” et s’intéressait à la catholicité de l’Église.

Mais une Église orthodoxe véritablement locale pourrait et devrait se préoccuper de répondre aux besoins spirituels de la masse d’immigrés nouveaux qui arrivent de l’Est, même si pour eux l’Orthodoxie n’est plus qu’une tradition ancestrale. Et pour cela elle devrait pouvoir demander aux Églises des pays d’origine des prêtres capables de pouvoir profiter de la situation d’émigrés pour ré-orthodoxiser tant ces exilés que leurs frères restés “au pays”. Il serait pour eux préférable qu’ils s’intègrent dans leur nouveau pays. Au lieu de cela on leur demande de vivre en étrangers pour rester fidèles à une tradition qu’ils ne comprennent plus. Force est de constater que ces Églises se considèrent comme des Églises “d’exilés” et désirent plutôt les enfermer dans un ghetto protecteur (quelle illusion !).

Pour un orthodoxe qui change de pays, peu importe son origine, peu importe sa nouvelle résidence, sa demeure est aux cieux et rien de ce qui est humain ne lui est étranger, car l’homme, tout homme, est à l’image de Dieu.

Il est très significatif que jamais les Églises orthodoxes (je ne doute pas qu’elles aient quand même droit à ce titre) d’immigrés se considérant en “diaspora”, n’ont jamais pris en considération cet étonnant spectacle que nous avions sous nos yeux lors des fêtes de la Toussaint : des millions de Français même déchristianisés éprouvent encore maintenant le besoin d’aller dans les cimetières fleurir les tombes de leurs familles. C’est généralement la dernière tradition spirituelle qui reste lorsqu’ils ont tout oublié de l’Église. Ne pourrait-on (bien sûr qu’on le pourrait) instituer pour l’Église orthodoxe locale en France, une fête de tous les saints de la terre de France le 1er novembre, et le lendemain une commémoration des défunts ? Ils n’y ont jamais même pensé !

Et cependant c’est par une décision ecclésiale conciliaire que ces dates figuraient au ménologe de l’Église antique orthodoxe des Gaules dans l’Antiquité. C'est même l’institution de cette fête a permis de lutter contre l’influence païenne de la fête des esprits, qui a donné Halloween. C’était donc une bonne décision, parfaitement canonique et orthodoxe et toujours valable.

L’Église aurait-t-elle le droit de ne pas s’associer au dernier geste chrétien de ces descendants d’orthodoxes ? Le Seigneur en demandera compte à nos hiérarques lorsqu’il viendra juger les vivants et les morts.

Dans la plupart des pays d’Europe occidentale la loi reconnaît aux croyants d’une religion donnée le droit de créer une association privée pour faire célébrer un culte par un ministre reconnu, dans un local approprié. C’est ainsi que la loi de 1905 en France a créé un type de groupements appelé “associations cultuelles”. Beaucoup d’orthodoxes interprètent cette loi comme créant des paroisses autonomes dont les membres se réunissent pour célébrer leur culte qui leur convient, sans en rendre compte à une personne extérieure à l’association. On croit donc pouvoir considérer ces associations comme l’expression du principe de “l’Église locale”. Beaucoup d’orthodoxes issus des pays de tradition orthodoxe ont trouvé dans cette formule l’occasion pour fonder des associations destinées à sauvegarder leurs traditions d’origine. Beaucoup d’entre eux ignorent s’ils se trouvent sous la juridiction de l’évêque X ou Y, puisqu’ils sont entre eux, donc entre orthodoxes.

Canoniquement, c’est une erreur. Non pas pour des raisons d’effectif, mais parce qu’une Église est un corps rassemblé autour de l’évêque, comptant dans ses rangs l'ensemble des charismes, presbytéral, diaconal, monastique, laïc, et dont l’évêque a été consacré par un synode provincial orthodoxe, synode auquel il participe.

Mais si l’on se place du point de vue de la société civile, considérer l’association cultuelle comme une communauté de base auto-suffisante est également une erreur, car la loi française ne reconnaît le statut d’associations cultuelles qu’aux associations qui ont comme objet unique d'assurer (matériellement et financièrement) l'exercice du culte dont elles se réclament et cela doit se faire en conformité avec les règles d'organisation générale de ce culte.

Autrement dit, le législateur permet de respecter l'organisation canonique et ecclésiologie de l'Eglise orthodoxe et ne donne pas raison à ceux qui interprètent cette loi comme une loi qui instaure un régime démocratique dans le gouvernement de l'Eglise. Le législateur a entendu se conformer aux règles hiérarchiques du culte en cause pour chacune des associations ; en conséquence, les décisions doivent être prises et suivies d'une manière reflétant le droit canon du culte en cause.

Cette loi de 1905 fut rejetée par l’Église catholique, car elle ne respectait pas l’autorité de l’évêque sur les paroisses et sur leur clergé. Une solution — juridiquement fort étrange, mais qui a prouvé son efficacité et sa durabilité — fut proposée par les “statuts-types” de 1923 créant des associations diocésaines dont les membres sont nommés par l’évêque (!) et qui assure la gestion juridique et financi§re du diocèse, le paiement du clergé, la gestion des immeubles, dans intervenir dans l’exercice du culte. Ce modèle rend en réalité inutile les associations paroissiales.

Cette solution fut adoptée par l’Église catholique (non sans de vifs débats). En l’occurence celle-ci avait défendu la tradition canonique de l’Église orthodoxe qui reconnaît dans charisme épiscopal la seule source possible pour toutes les décisions concernant la vie de son Église locale. Le caractère personnel de ce pouvoir de l’évêque heurte les conceptions modernes qui voudraient que toute décision fasse l’objet d’un débat et d’un scrutin. Il faut cependant se rendre à l’évidence : c’est bien là la structure que le Seigneur a indiquée à ses Apôtres et qu’ils ont transmise aux premiers évêques des Églises locales qu’ils ont fondées.

Ce qui obscurcit l’image de l’Église orthodoxe chez nous, ce n’est pas seulement l’éclatement ethnophylétiste, qui lie l’Orthodoxie à une vocation nationale, c’est également l’effacement du caractère charismatique de l’évêque, qui se trouve dans la communauté eucharistique “à la place et à l’image du Christ”, non seulement président de la synaxe, mais aussi seul à pouvoir prendre des décisions à l’égard des personnes, comme médecin, juge, pasteur et maître. C’est lui aussi qui permet à la communauté locale qu’il supervise (c’est le sens du mot “épiscopos”) d’être en communion avec la catholicité de l’Église, en participant au synode provincial qui l’a élu et ordonné (et qui seul peut le déposer). Ajoutons aussi qu’il est le gestionnaire personnel de tous les biens de l’Église.

Or beaucoup d’orthodoxes qui se trouvent chez nous pensent qu’il faut éviter de laisser trop de pouvoirs à l’évêque et s’efforcent de transformer le fonctionnement de l’Église à la manière d’un mouvement, d’une association, de laïcs, avec un président, un Comité central et un Conseil national élus par un Congrès, une fédération de sections de base… C’est cela qu’ils entendent sous le nom “d’Église locale”.

Il est donc important et urgent de restaurer la canonicité des structures de l’Église :

(1) de restaurer dans chaque diocèse de l’Église son unicité transnationale ;

(2) de restaurer le pouvoir personnel de l’évêque, le seul qui possède la charisme du discernement lui permettant de prendre des décisions ponctuelles au lieu et à la place du Christ. Aucun Conseil ne peut le faire à sa place ;

(3) de restaurer la synodalité provinciale seule capable d’affirmer l’unité de la communion orthodoxe. La seule synodalité dans l’Église est la synodalité épiscopale. Dans un débat très graves où prêtres et laïcs se précipitent pour exprimer leurs opinions (il y en a toujours eu dans l’Église, et c’est normal), il est essentiel que les évêques puissent se retirer à huis clos pour trancher le débat.
Jean-Louis Palierne
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Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Aux dernières nouvelles il se pourrait qu’on enregistre une évolution sur le front des ecclésioles. Tout d’abord un certain nombre de fidèles de l’Église serbe à Paris prennent conscience de l’étrangeté de ce groupe d’Asnières, qui n’en fait qu’à sa tête et s’obstine à ne pas observer les engagements pris lors de leur réception dans l’Église serbe.

Par ailleurs Le groupe Goettmann-Béthanie, exclu de l’Église copte, a réussi à obtenir que l’ecclésiole de saint Michel-du-Var (“mgr Vigile” et un complice) s’associe avec l’ecclésiole celtique de saint Dolay pour conférer l’épiscopat à Michel Mendez qui prend le nom de “Grégoire”. Il est difficile de prévoir si cette association (St Michel-du-Var + St Dolay + Béthanie = 5 "évêques") durera plus que le temps d’une cérémonie.

Il ne faut ni s’alarmer hâtivement ni négliger cette imposture de plus. À suivre… le petit monde des ecclésioles est par nature instable.
Jean-Louis Palierne
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milano
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Message par milano »

De quelle paroisse d'Asnières s'agit-il ? Le message de JLP est un peu flou pour ceux qui ne savent pas.
Et le "sacre" de ce nouvel évêque a-t'il eu lieu ? pour quelle église ? On parle par ailleurs de l'eglise orthodoxe des Gaules... Cette nouvelle ecclésiole dispose-t'elle de prêtres autres que ceux de Béthanie et Bois-Aubry ?
Glicherie
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Message par Glicherie »

Deux précisions:

1/ il est évident que M.Michel Mendez n'a pas reçu l'épiscopat, mais a participé à un simulacre non-canonique de chirotonie, sans valeur aux yeux de l'Eglise.

2/ Mgr Luka ordonne le Jour de la Nativité un prêtre issu de cette communauté d'Asnière pour y officier, le diacre Marc Génin. Je ne vois donc là aucune défiance des serbes à l'égard d'Asnière, au contraire ?
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