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Saint Grégoire de Narek - Eglise en Arménie

Publié : mar. 31 oct. 2006 9:09
par Claude le Liseur
Antoine a écrit :
Oui il noud faut admirer la Nature et aimer les êtres vivants, et les protéger autant que nous pouvons.
Un épisode de la vie de St Grégoire de Narek, de l'Eglise arménienne (donc d'une Eglise non chalcédonienne). Bien qu'il ne soit pas fêté dans notre synaxaire je lui laisse le titre de Saint.

Les évêques et les princes envoyèrent une délégation d’hommes sûrs auprès de Grégoire afin qu’ils l’amènent à leur tribunal pour être interrogé sur sa foi.
Les délégués arrivés à Narek, Grégoire comprit immédiatement leurs intentions.
Il leur dit : « Mettons-nous d’abord à table, avant de prendre la route. »
Il fait rôtir deux pigeons et les place devant ses hôtes.
Or c’était un vendredi. Ceux-ci, scandalisés, furent plus convaincus que jamais que ce qu’on rapportait de Grégoire était vrai.
Ils lui dirent donc : « Maître n’est-ce pas vendredi aujourd’hui ? »
Le Saint, comme s’il l’ignorait, leur répond : « Excusez-moi, mes frères. »
Et se tournant vers les pigeons : « Levez-vous, dit-il, retournez à votre volière, car aujourd’hui c’est jour d’abstinence. »
Et les oiseaux, retrouvant vie et plumes, s’envolèrent.
A ce spectacle, les envoyés tombèrent aux pieds du saint pour lui demander pardon.
Et ils s’en furent raconter le prodige à ceux qui les avaient délégués.


Ce passage de la vie de St Grégoire de Narek est empruntée au site "Etudes sur l'orthodoxie copte en France".
http://eocf.free.fr/text_elegies_narek.htm

L'histoire est très belle, mais il y a d'autant moins à s'excuser de garder à Grégoire de Narek le titre de saint qu'il était très probablement orthodoxe et non monophysite. L'anecdote elle-même le raconte: si l'on venait l'interroger sur sa foi, c'est parce qu'il avait embrassé la foi de Chalcédoine.

Un des lieux communs de l'idéologie oecuméniste est que les différents peuples auraient embrassé telle ou telle confession comme si l'Orthodoxie était consubstantiellement liée à tel ou tel peuple. (Il est vrai que l'oecuménisme et le messianisme national / chauvinisme pseudo-ecclésial marchent toujours de conserve, et que tel évêque acharné à empêcher toute action pastorale de l'Eglise catholique romaine sur le "territoire canonique" de son patriarcat s'est en même temps prononcé contre toute mission orthodoxe en Europe occidentale.) Mais, bien sûr, les faits, comme d'habitude, ne sont pas conformes à l'idéologie. De même qu'il a fallu une guerre civile de quatre siècles à l'intérieur des Eglises de langue latine pour que celles-ci se détachent de l'Orthodoxie (processus qui ne s'est achevé qu'à la fin du XIIe siècle dans le cas de l'Eglise d'Irlande), il y a aussi eu une longue guerre civile à l'intérieur de la théologie arménienne pour que l'Eglise apostolique arménienne se détache de l'Orthodoxie. En Arménie comme à Rome, l'Orthodoxie a perdu. Mais cela ne veut pas dire que le monophysitisme était consubstantiel à l'Eglise d'Arménie ou le filioquisme consubstantiel à l'Eglise de Rome. Dans le cas arménien, il y a eu des communautés importantes d'Arméniens orthodoxes pendant encore plusieurs siècles après le concile de Dwin par lequel le catholicossat arménien s'est séparé de l'Eglise orthodoxe. Selon toute probabilité, saint Grégoire de Narek était un de ces Arméniens orthodoxes.

Je me permets de reproduire ici deux textes que j'ai écrit à ce propos sur le présent forum orthodoxe. Le dernier en date était un message du 29 octobre 2005 à 1h43 dans le fil "Association Dialogue inter-orthodoxe" de la rubrique "Forum général":

"En effet, dans l'introdution écrite par le jésuite arménien Jean Mécérian à la traduction française du célèbre Livre de prières de Grégoire de Narek par son confrère Isaac Kéchichian (Sources chrétiennes n° 78, Le Cerf, Paris 2000, avec une postface du professeur Krikor Bélédian), on découvre des informations fort intéressantes qui vont à l'encontre de la thèse d'une iconodoulie de l'Eglise arménienne. D'abord, si le Livre de prières du Narékatsi est devenu le principal ouvrage de spiritualité de l'Eglise arménienne monophysite de nos jours, il n'en reste pas moins que Grégoire de Narek était probablement un orthodoxe, un chalcédonien, fort suspect à l'Eglise arménienne de son temps, alors que celle d'aujourd'hui le présente comme un de ses principaux théologiens. Citons le R.P. Mécérian, page 24: "Grégoire aussi fut traité de dzaith, nous savons le sens du reproche qui est caché sous ce mot." En effet, à la page précédente, le savant jésuite nous a expliqué ce qu'est un dzaith, et voilà un qualificatif bien surprenant pour le pieux Grégoire que l'on nous présente aujourd'hui comme le docteur d'une Eglise antichalcédonienne: "En 1904, Nicolas Marr, dans une communication sensationnelle, a démontré que ce terme désignait les Arméniens de confession chalcédonienne; le mot était employé dans un sens péjoratif, car l'Eglise officielle d'Arménie considérait ces Arméniens comme des transfuges ayant adhéré à l'Eglise byzantine ou géorgienne." Le R.P. Mécérian ajoute: "Ce qui est certain, c'est que, dans la bouche des officiels arméniens, cela signifiait bien: déficients dans la foi, spécialement au point de vue christologique, et apostats ayant abandonné leur nation."
Ce qui veut dire que Grégoire de Narek, que l'on veut aujourd'hui nous présenter comme le porte-parole le plus autorisé de la christologie de l'Eglise arménienne antichalcédonienne, était probablement, de l'aveu même des autorités de cette Eglise à son époque, un chalcédonien, suspecté de ralliement à l'Eglise "grecque", c'est-à-dire orthodoxe. Cela donne du sel à l'article publié dans le numéro 140 du Messager orthodoxe, Paris 2004, page 76, où la théologienne arménienne Gohar Haroutiounian reproche au théologien orthodoxe Jean-Claude Larchet de "marginaliser saint Grégoire de Narek" dont les écrits "témoignent d'une christologie parfaitement conforme à l'enseignement de l'Eglise arménienne"...
En effet, contrairement au cas des Coptes où le peuple égyptien tout entier semble s'être rallié au monophysitisme entre le Ve et le VIIe siècles, le peuple arménien a connu des divisions religieuses beaucoup plus vives, et l'on sait qu'il y avait au Xe siècle des diocèses entiers de ces dzaiths, conservant la liturgie et la langue arméniennes, mais ayant la foi de Chalcédoine et dans la communion de l'Eglise orthodoxe. C'est d'ailleurs probablement à ces dzaiths (aussi appelés zaths), à ces Arméniens chalcédoniens, et non à l'Eglise arménienne grégorienne, que s'adressaient les canons du concile Quinisexte (691) relatifs à certaines coutumes arméniennes (cf. canons 32, 56 et 99 In Trullo) - ce qui montre aussi que ces dzaiths ont dû exister dès le VIe siècle ou le début du VIIe. Les Arméniens orthodoxes semblent s'être fondus dans la population de langue grecque au fil des siècles, mais ils ont eu leur importance à une époque, et, longtemps, "Arménien" n'a pas été synonyme de "non chalcédonien". Toutefois, dans son fort intéressant livre sur le patriarcat oecuménique, l'historien turc d'expression française Samim Akgönül signale qu'il y aurait encore eu dans les années 1940 quelque 3'000 Arméniens orthodoxes à Istanbul -mais il s'agirait selon lui en grande majorité d'Arméniens grégoriens qui feraient la confusion entre être grégorien et être orthodoxe (cf. Samim Akgönül, Le Patriarcat grec orthodoxe, Maisonneuve et Larose, Paris 2005, p. 63). "


J'avais auparavant déjà abordé le cas de saint Grégoire de Narek dans mon message du 12 février 2004 à 15h43 dans le fil "Saints pour le 25 février du calendrier ecclésiastique" de la rubrique "Calendrier des saints":

"Mémoire de GREGOIRE, abbé du monastère de Narek en Arménie et poète (vers 1010). Les anciens synaxaires arméniens fixent sa commémoration au 25 février, mais sa fête est devenue mobile dans l'Eglise arménienne. Bien qu'il ait vécu plusieurs siècles après la séparation de l'Eglise d'Arménie d'avec l'Orthodoxie, je mentionne néanmoins sa mémoire, attendant une éventuelle décision de l'Eglise, car il est attesté que son monastère et lui-même avaient adopté la doctrine de Chalcédoine et étaient en communion de foi avec l'Eglise orthodoxe."

Je suis conscient que cela peut paraître alourdir la si aérienne anecdote rapportée par Antoine, mais il me semble qu'il fallait que la vérité soit rappelée.

Publié : dim. 04 févr. 2007 9:00
par gabadonia
Je me permets de réagir sur une question que je connais un peu. Les auteurs qui font de Grégoire de Narek un "chalcédonien" sont des catholiques qui ont toujours tout fait pour "récupérer" l'église arménienne pour Rome ! Il n'était pas soupçonné d'être chalcédonien mais Paulicien et c'est alors qu'il écrivit une réfutation très sévère de cette hérésie qui avait pris beaucoup d'importance à cette époque. Sa doctrine est un pur produit de l'orthodoxie arménienne et d'ailleurs, il est considéré comme un docteur de cette église. Son livre de prières est le livre de chevet des Arméniens croyants. Il faut peut-être se demander si la notion même de "monophysite" qu'on applique si facilement aux églises qui ont refusé le concile de Chalcédoine est vraiment pertinente. Une nouvelle traduction de ses prières a été éditée il y a quelques années, traduites par J.P. Mahé, qui donne également une étude très sérieuse sur cette période en introduction. Il est autrement plus sérieux et plus compétent que les auteurs que vous citez, qui ont pu sévir quand, en France, personne d'autre que les uniates arméniens ne savaient l'arménien ancien et qui ont présenté les choses à leur façon ! On voit dans ses prières dont plusieurs sont introduites dans la liturgie arménienne, qu'il est parfaitement orthodoxe.

Publié : dim. 04 févr. 2007 9:09
par gabadonia
J'ajoute également au sujet de ces Arméniens dont parle l'historien turc que vous citez, qu'il s'agit d'Arméniens réellement chalcédoniens, qui ont toujours existé dans certaines régions d'Arménie occupées par Byzance ou la Géorgie, comme il en existe encore en Géorgie et même en Arménie. Ces Arméniens étaient considérés comme appartenant au patriarcat grec. Ils ont quitté la Turquie avec les Grecs au moment de l'échange des populations en 1920. Ils avaient une liturgie entièrement orthodoxe, traduite du grec, avec seulement des tropaires arméniens. On ne sait pas ce qu'ils sont devenus.

Eglise d'Arménie

Publié : lun. 05 févr. 2007 18:21
par Philemon
A propos de la question du concile de Chalcédoine, j'avais lu qu'une commission théologique avait aplanie les différents dogmatiques avec l'Eglise Orthodoxe, qu'en est-il ?

Publié : mar. 06 févr. 2007 8:40
par gabadonia
Je n'ai plus suivi la question. Je sais seulement que les théologiens qui ont discuté sont arrivés à la conclusion qu'il n'y avait pas une différence dans la foi, mais dans la formulation, mais il semble que tous ne soient pas d'accord. Je ne sais même pas si les anathèmes réciproques ont été levés. Je vous rappelle qui si les orthodoxes traitent les pré-chalcédoniens de "monophysites", les pré-chalcédoniens traitent les chalcédoniens de "nestoriens". De plus, il faut considérer chaque église pré-chalcédonienne à part, car il n'y a pas entre elles une formule de foi commune. Elles se retrouvent dans leur attachement inconditionnel au concile d'Ephèse (en dehors du fait que dans l'Empire ottoman, elles étaient plus ou moins unies sur un plan institutionnel ottoman, mais je n'en sais pas plus). Je ne sais même pas si ce ne sont pas les pressions catholiques qui bloquent. Peut-être quelqu'un sur ce forum pourrait nous renseigner ?

Publié : mer. 07 févr. 2007 0:10
par Antoine
gabadonia a écrit : les théologiens qui ont discuté sont arrivés à la conclusion qu'il n'y avait pas une différence dans la foi, mais dans la formulation
Il conviendrait de moduler cette affirmation. Il est vrai que les rencontres plénières de la commission mixte de dialogue ont conclu leurs travaux par une "déclaration de foi commune". Mais ces déclarations ont suscité beaucoup de réserves et un gèle des mesures d’application par les Eglises orthodoxes. La communauté monastique du mont Athos a rédigé une critique importante du projet d’union et depuis il semble bel et bien enterré. Le dialogue théologique est au point mort et/ou entouré d’un épais silence. Dans ce type de commission il n'y a d'union qu'entre oecuménistes qui se prennent pour une supra Eglise. Mais le langage des déclarations ne trompe pas qui esquive toujours les divergences dogmatiques au lieu de chercher à les résoudre. Il ne suffit pas de remplacer , "rouge" et "vert" par le mot "couleur" pour prétendre à un accord dogmatique. Dire que l'on peut franchir un feu quand il est de "couleur" aboutit nécessairement à une collision.
S’il n’y avait qu'une simple question de formulation il y a longtemps que les problèmes seraient résolus. La réduction des divergences de foi à de simples malentendus linguistiques (comme le fait l'évêque Hilarion Alfeyev dans son introduction à L'univers spirituel d'Isaac le Syrien, Spiritualité orientale n°76, Abbaye de belle fontaine) est théologiquement inadmissible.
En ce qui concerne la double nature il est impossible de modifier la formulation dogmatique sans que cela n'ait une incidence sur le contenu. Une Hypostase, deux natures: toucher à cette terminologie ne peut que générer une nouvelle christologie. Interroger des préchalcédoniens sur la double volonté du Christ est édifiant à ce sujet.
Les Pères ne s'y sont pas trompés qui ont scellé le concile.

Sur cette question:
Dans le messager orthodoxe N°126 III- 1994/95

- Article du Métropolite Nicodème (Rotov):Sur le rapprochement christologique entre les théologies chalcédonienne et non chalcédonienne

- Article de Jean Besse: L'Eglise apostolique arménienne.

Et toujours dans le messager orthodoxe : le Numéro 134 II - 2000:
L’excellente clarification écrite par Jean-Claude Larchet: La question christologique
A propos du projet d'union de l'Eglise orthodoxe et des Eglises non chalcédoniennes: Problèmes théologiques et ecclésiologiques en suspens.

Publié : ven. 09 févr. 2007 10:30
par gabadonia
Chaque partie et chaque tenant d'une opinion ou d'une autre ont des arguments valables. Personnellement, je ne suis pas pour l'unité des églises. Je pense qu'hormis les catholiques, les autres églises non plus n'y sont pas favorables. Mais cela ne ferait de mal à personne si nous pouvions avoir des relations cordiales avec les églises pré-chalcédoniennes. Car après tout, nous ne sommes plus très nombreux sur cette terre à croire à Christ Dieu et cela est déjà un lien entre ceux qui partagent cette foi ! Toutefois, il me semble difficile de dire que saint Grégoire de Narek est orthodoxe et de traiter l'église dont il est issu d'hérétique ! Car il n'est pas fêté comme saint par l'église arménienne, mais comme docteur. Cela dit, nous n'allons pas ouvrir un débat sur ce qu'est au juste l'orthodoxie, si elle tient à une formule ou à une foi ? Je sais à quel point les positions sont tranchées et que même entre orthodoxes chalcédoniens, il y a un dialogue de sourd sur ce sujet.
J'aimerai bien avoir des liens vers les articles que vous citez, s'ils sont sur internet.

Publié : ven. 09 févr. 2007 20:32
par Stephanopoulos
Citation : Personnellement, je ne suis pas pour l'unité des églises.

Il me semble pourtant que le Christ invite à l'unité puisqu'il a dit qu' "il n’y aura qu’un seul troupeau et un seul pasteur" (Jean; X).
Le mot "Eglise" doit donc être mis au singulier.

Saint Paul de Tarse va également dans le même sens : "Je vous supplie, mes frères, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, de suivre tous la même doctrine, afin qu’il n’y ait pas de schismes parmi vous. Soyez unis dans le même sentiment, dans la même croyance (I Cor., I)
Il me semble aussi que de chercher l'unité, ou mieux encore, préserver l'unité des chrétiens dépasse largement une opinion ou un point de vue personnel puisqu'il s'agit d'un commandement.

Citation : Cela dit, nous n'allons pas ouvrir un débat sur ce qu'est au juste l'orthodoxie, si elle tient à une formule ou à une foi ?

Je crois que c'est précisément le but de ce forum de présenter ce qu'est l'Orthodoxie. Vu qu'il s'agit ici d'un problème lié à l'enseignement du Concile de Chalcédoine, j'ai pris la liberté de copier/coller une explication qu'Antoine a publé sur le fil "Crucifixion: homicide ou déicide?" :


Pour l’Orthodoxie le Christ est une seule hypostase et deux natures, divine et humaine. Cette unité de la personne n’est pas le résultat de l’union des deux natures mais existe dans la personne préexistante du verbe qui assume l’humanité. Le Christ est un, une personne "prosopon". Le "prosopon" du Verbe et le "prosopon" du Christ est le même. Il n’y a pas de "prosopon" différent qui serait celui de l’union.
Le concile de Chalcédoine(451) proclame « un seul et même Christ , Fils, Seigneur, Fils unique, en deux natures, sans mélange, sans transformation, sans division, sans séparation»
Le Christ étant une seule personne et deux natures , Marie est nécessairement Théotokos et non pas seulement Christotokos.
La conséquence de cette doctrine de l'union hypostatique des natures divine et humaine en Christ est que Marie n'a pas donné naissance seulement à l'homme Jésus, mais au Dieu-homme Jésus Christ, et que dès lors on l'appelle à bon droit "Génitrice de Dieu" ou "Deipare" comme le traduit Jean-Louis Palierne. Voilà pourquoi l'Église orthodoxe l’appelle "Mère de Dieu".
Ainsi le concile d’Ephèse (431) énonce : « Conformément à cette idée(l’union sans confusion), nous confessons la sainte Vierge être la Théotokos, qui enfanta Dieu et aussi l’homme de par l’union sans fusion ni séparation, et cela parce que Dieu le verbe s’est fait homme et par sa conception a uni à lui-même le Temple de chair qu’il a assumé d’elle. »

Jean 1, 14 nous dit: « Et le verbe se fit chair »
Le prosopon du verbe reste donc le même. Il assume simplement la nature humaine. L'unité des deux natures c'est la permanence de la personne du verbe qui assume la nature humaine et non pas l'union des deux natures pris comme résultat.

Les vêpres de Samedi, ton 8 chantent:
« Montre ton amour de l'homme, ô Miséricordieux, écoute celle qui T'a enfanté, la Génitrice de Dieu, qui prie pour nous . »


Citation:
J'ai lu dans un article sur la passion du Christ que celui-ci aurait en quelque sorte "abdiqué" sa nature Divine,


« un seul et même Christ , Fils, Seigneur, Fils unique, en deux natures, sans mélange, sans transformation, sans division, sans séparation »Pour abdiquer sa nature divine il aurait donc fallu
- que le Christ divise , sépare ses deux natures et donc qu’il abdique sa propre personne ce qui n’a aucun sens. Il n’y a pas de nature sans la personne.
- Ou encore qu’il ait deux « prosopon » voire trois, la troisième étant l’addition ou la liaison ("sunapheia") des deux autres, ou leur remplacement par une transformation.


Citation:
et enduré sa Passion que dans sa nature humaine.



La contradiction vient que dans cette proposition on aboutit à une division alors qu’on ne la présuppose pas au départ. On fait une confusion en attribuant la volonté à la personne au lieu de l’attribuer à la nature. C’est cette confusion qui mènera à la grande crise monothélite.
Saint Maxime fait une distinction entre le "logos" d’une chose (ce qu’elle est dans sa nature) et le "tropos" (la façon dont elle existe concrètement). Chez l’homme la volonté s’oppose à celle de Dieu non en raison de son logos mais en raison de son tropos terni par le péché. « le mal ne consiste en rien d’autre qu’en ceci seulement :la différence entre la volonté divine et notre volonté délibératrice » Le Christ est sans péché. Sa volonté humaine est autre que sa volonté divine par son logos mais ne s’oppose pas à la volonté divine puisque son tropos n’est pas atteint par le péché. Sa volonté humaine est en accord plénier avec sa volonté divine qui est celle des trois personnes de la Trinité.
« Mon Père, que ce calice passe loin de moi ! cependant non pas comme moi je veux mais comme toi tu veux ! »
Le premier mouvement marque l’expression de la volonté humaine devant la mort ; le second l’accord entre sa volonté humaine et sa volonté divine.

Il faut donc dire :
«et enduré sa Passion dans sa nature humaine, sa volonté humaine étant conforme à sa volonté divine et sa nature divine étant hypostatiquement unie à sa nature humaine, sans mélange, sans division, sans séparation »
St Maxime dira ainsi que « la chair divinisée du Christ devint un poison pour Satan. »


Citation:
Qu'ainsi il ne s'agirait pas d'un déicide, mais d'un simple homicide.


1) « Si le Père m’aime c’est que je livre ma vie pour la reprendre. Personne ne me l’enlève, mais je la livre de moi-même. J’ai pouvoir de la livrer et j’ai pouvoir de la reprendre : tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père. » (Jean 10,17-18)
La croix est un don de Dieu. Le Christ se donne à crucifier.

2) Et Jésus disait : «Mon Père, remets-leur ; ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 22,34)
On n'a donc pas le droit d' accuser un peuple de ce qui lui a déjà été remis par Dieu.

En crucifiant le Fils de Dieu le sanhédrin est déicide, comme Marie en l'enfantant est Théotokos.
Et cela ne veut dire, comme nous venons de le voir, ni que Dieu est mortel , ni que Marie a créé Dieu .


Voici le lien : viewtopic.php?t=760&start=0&postdays=0& ... ble+nature

Publié : sam. 10 févr. 2007 13:15
par Jean-Louis Palierne
Il me semble que lorsque Gabadonia parle contre l’unité des Églises elle proteste contre ces tentatives d’accord qui font fi de la nécessaire unité de la foi. La varitable Unité de l’Église implique qu’elles sont en communion entre elles après avoir récité le symbole de la foi.

De nos jours de très nombreuses tentatives ont été faites pour fédérer les Églises comme s’il s’agissait de nations alliées. Les alliances peuvent être louables dans le domaine politique. Les Églises elles ont besoin d’une communion sacrées dans les Saints Mystères. L’Église est indifférente au déroulement desconjonctures politiques, de leurs alliances et de leurs conflits. Ce n’est pas son monde. Mais sa vie se déroule dans la communion, car elle est l’unique corps de l’unique Christ. L’unité “des Églises” ne serait qu’une tactique illusoire. L’unité de l’Église du Christ est une réalité directement tangible (même lorsque l’Église est malade). Il ne s’agit même pas de la souhaiter, il faut en vivre.

Pour pouvoir célébrer les saints Mystères, le Concile réuni à Chalcédoine en 451, le IVème Concile œcuménique a prononce une définition très précises de l’union des deux natures divine et humaine a lieu dans l’unique hypostase (personne) du Christ. Il est utile de rappeler ici cette définition :
Ce sage et salutaire symbole [Il s’agit du Symbole de Nicée-Constantinople] suffisait par la grâce de. Dieu à faire connaître parfaitement et à affermir la vraie foi : il donne en effet un enseignement parfait sur le Père et le Fils et le Saint-Esprit, et à ceux qui le reçoivent avec foi il présente l'incarnation du Seigneur. Mais puisque ceux qui entreprennent de ruiner l'enseignement de la vérité ont, par leurs hérésies particulières, donné le jour à des doctrines vaines, les uns osant défigurer le mystère de l'incarnation (êconomie) du Seigneur pour. nous, et refusant à la Vierge le nom de Theotokos [= Déipare], les autres· introduisant mélange et confusion, imaginant follement que la chair et la divinité ne sont qu'une seule nature, et supposant monstrueusement qu'à cause de ce mélange, la nature divine du Fils unique est capable de souffrir,pour cela, voulant fermer la porte à toutes leurs machinations contre la vérité, le saint et grand Concile œcuménique ici présent, enseignant la doctrine inébranlable prêchée depuis le commencement, a décidé avant tout que la foi des trois-cent-dix-huit Pères doit rester en dehors de toute atteinte. Et il confirme aussi l'enseignement donné plus tard sur l'essence de l'Esprit par les cent cinquante Pères réunis dans la ville impériale à cause des Pneumatomaques : ils faisaient connaître à tous qu'ils ne voulaient rien ajouter à l'enseignement de leurs prédécesseurs, comme s'il y manquait quelque chose, mais ils exposaient clairement leur pensée sur l'Esprit-Saint, par les témoignages de l'Écriture, contre ceux qui tentaient de rejeter sa Seigneurie.

Mais à cause de ceux qui entreprennent de défigurer le mystère de l'économie, et qui ont la sottise impudente de prétendre que celui qui est né de la Vierge Marie n'est qu'un homme, le concile a reçu les lettres synodiquesque le bienheureux Cyrille, qui fut pasteur de l'Église d'Alexandrie, a adressées à Nestorius et aux Orientaux comme étant propres à réfuter les insanités de Nestorius et à expliquer le sens du symbole .salutaire à ceux dont le zèle pieux désire le· connaître. II y a. joint aussi la lettre du très bienheureux et très saint archevêque Léon, prélat de la très grande et ancienne Rome, adressée à l'archevêque Flavien de sainte mémoire, pour réfuter l'erreur d'Eutychès; elle est en effet conforme à l'enseignement du grand Pierre, elle est une colonne contre les hétérodoxes et elle est parfaitement adaptée à la confirmation des dogmes orthodoxes.

Le concile s'oppose à ceux qui entreprennent de diviser le mystère de l'économie en une dualité de fils, il exclut de l'assemblée des prêtres ceux qui osent dire passible la divinité du Fils unique, il résiste à ceux qui imaginent une confusion ou un mélange des deux natures du Christ, il repousse ceux qùi ont la folie.de penser que la forme·d'esclave que le Christ nous a empruntée est de nature céleste ou de quelque substance autre que la nôtre, il anathématise ceux qui forgent ce mythe de deux natures avant l'union et d'une seule nature après l'union.

Suivant donc les Saints Pères, nous enseignons tous d'une seule voix un seul et même Fils, Notre Seigneur Jésus-Christ, le même parfait en divinité, le même parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme, (fait) d'une âme raisonnable et d'un corps, consubstantiel au Père selon la divinité, consubstantiel à nous selon l'humànité, semblable à nous en tout hors le péché, engendré du Père avant les siècles quant à sa divinité, mais qui aux derniers jours, pour nous et pour notre salut, a été engendré de Marie la Vierge la Theotokos quant à son humanité, un seul et même Christ, Fils, Seigneur, Fils unique, que nous reconnaissons être en deux natures, sans confusion ni changement, sans division ni séparation ; la. différence des natures. n'est nullement supprimée par l'union, mais au contraire les propriétés. de. chacune des deux natures restent sauves, et se rencontrent en une seule personne (prosôpon) ou hypostase ; (pous confessons) non pas (un fils) partagé ou divisé en deux personnes, mais un seul et même Fils, Fils unique de Dieu, Verbe, Seigneur, Jésus-Christ,. comme autrefois les prophètes l'ont dit de lui, comme le Seigneur Jésus-Christ lui~même nous en a instruits, et comme le. Symbole des Pères nous l”a transmis.
Lorsque l’iconographie orthodoxe nous représente le Pantocrator (comme dans la coupole de Sainte-Sophie de Constantinople) elle nous le représente portant un manteau rouge par dessus une tunisue bleue. Sur sa nature céleste, il revêt le manteau de notre commune nature humaine — mais telle qu’il l’avait jadis créée glorieuse pour ses ancêtrers Adan et Ève.

Le conflit qui nécessita il y a près de seize siècles la réunion du Concile de Chalcédoine était causé par la vanité de quelques hiérarques qui voulaient jouer un rôle très personnel en proposant des formules dogmatiques qu’ils estimaient “dans le vent”. Le conflit fur aigu, ébranla l’Église, et le Concile prononça des sanctions très sévères pour les leaders, les hérésiarques, mais su ramener à la raison et à l’unité de l’Église d’autres évêques qui avaient simplement stupidement suivi les leaders. Il n’en restait pas moins que certaines Églises nationales se sont depuis lors enfermées dans les hérésies nées de l’opposition à Chalcédoine.

Après avoir adopté envers leurs fidèles l’attitude qui convenait en raison de l’obstination ‘qui sure jusque de nos jours) de leurs évêques, l(en particulier elle recevait sa fidèles, en cas de retour à l’Orthodoxie par l’abjuration et l’onction du saint Chrême)’Église orthodoxe a dû reconnaître que la mentalité du peuple de ces Églises hérétiques n’avaient que faiblement été pertutbée par les errances de leurs hiérarques, et qu’ils restaient attachés à l’essentiel de l’Orthodoxie, avec seulement un petit différend disciplinaire. L’Église orthodoxe a donc modifié sa pratique en ce qui concerne la réception de ces fidèles lorsqu’ils font retour dans l’Église orthodoxe. Ils seront donc réadmis à la communion dans l’Église orthodoxe sur présentation d’une déclaration d’abjuration. C’est ce que décide le canon 95 du Quinisexte Concile œcuménique (dit Concile in Trullo) dont voici le dernier paragraphe :
Tandis que les nestoriens et les eutychiens et les sévériens et ceux de semblables hérésies doivent présenter une déclaration écrite d'abjuration et anathématiser leur hérésie et Nestorius, et Eutychès, et Dioscore, et Sévère et les au-tres hérésiarques et leurs sectateurs et toutes les hérésies que nous avons citées, et alors seulement ils seront admis à la sainte communion.
Les paragraphes précédents traitaient de la réception dans l’Église orthodoxe de fidèles venant de groupes chargés de lourdes hérésies.

Actuellement le bruit court que des discussions sérieuses quant au fond et quant à la forme se dérouleraient entre la communion des Églises orthodoxes et au moins certains groupes dits “antichalcédoniens”.

Gabadonia, qui sembla avoir étudié très sérieusement cette question, écrit que :
Saint Maxime fait une distinction entre le logos d’une chose (ce qu’elle est dans sa nature) et le tropos (la façon dont elle existe concrètement). Chez l’homme la volonté s’oppose à celle de Dieu non en raison de son ogos mais en raison de son tropos terni par le péché. le mal ne consiste en rien d’autre qu’en ceci seulement :la différence entre la volonté divine et notre volonté délibératrice Le Christ est sans péché. Sa volonté humaine est autre que sa volonté divine par son logos mais ne s’oppose pas à la volonté divine puisque son tropos n’est pas atteint par le péché. Sa volonté humaine est en accord plénier avec sa volonté divine qui est celle des trois personnes de la Trinité. Mon Père, que ce calice passe loin de moi ! cependant non pas comme moi je veux mais comme toi tu veux ! Le premier mouvement marque l’expression de la volonté humaine devant la mort ; le second l’accord entre sa volonté humaine et sa volonté divine.
La Passion et la mort du Christ sur la Croix, qui ont été volontairement subies et même pourrait-on dire voulues par le Christ Lui-même ont montré la dérisoire volonté déicide des hommes qui en tentant de le mettre à mort ont surtout pris Satan à l’hameçon de la Croix, mettant la mort à mort par cette absurde tentative de mettre à mort. Il a rappelé à la vie même ceux qui giseaient dans les tombeaux depuis Adam et Ève jusqu’aux plus récents. Une grande Lumière a resplendi sur eux, celle qui venait de jaillir du corps crucufié enfermé au secret du tombeau, photographiant ce corps sur le Linceul, comme aujourd’hui encore elle vient dans la Basilique de la Résurrection allumer les cierges des fidèles (même les antichalcédoniens pour peu qu’ils acceptent de baiser la main de l’évêque orthodoxe !) Et nous orthodoxes, qui vivons de cette Lumière, de cette Grâce incréée, nous prions même pour le peuple déicide, dont nous savons qu’il reconnaîtra dans Jésus son Messie tant désiré, avant qu’il ne revienne.

Publié : sam. 10 févr. 2007 17:53
par hilaire
Personnellement, je ne suis pas pour l'unité des églises.

précisémment, il n'y a qu'une Eglise! il ne peut donc y avoir unité des église, il y a l'Eglise, et... autre chose que l'Eglise.

l'Eglise peut dialoguer avec ce qu'elle n'est pas, ce qui n'est pas l'Eglise peut s'en rapprocher.

Publié : sam. 10 févr. 2007 20:50
par Jean-Louis Palierne
Bien sûr l’expression même d’unité des Églises est absurde, car il ne peut y avoir qu'une seule Église, celle dont le Christ est l’unique Tête — et le Christ veut n’avoir qu’un corps unique. On peut même dire que tous les hommes, quelle que soient leur position vis-à-vis de l’Église, font potentiellement partie de l’Église, qui est le Fils de l’homme, le Dieu-homme récapitulant en Lui tout le genre humain, et plus encore affirmer que l’Église du Christ, le Verbe et le Fils unique de Dieu, englobe la totalité de la Création, qui n’a été “fabriquée” qu’en vue de la Seconde Venue du Seigneur.

On comprend donc que l’expression de l’union des églises est par définition une absurdité : s’il y a des églises, on ne peut leur conseiller que de retourner au sein de l’Église orthodoxe dont elles sont toutes sorties directement ou non.

Mais cela dit on ne peut que déplorer la multiplicité des groupes dans lesquels on peut trouver des hommes qui se réclament du Christ. Car on ne peut tout de même pas être indifférent au fait que beaucoup d’hommes portent en eux le souvenir que le Christ a laissé un “message” qui comporte pour chacun d’entre eux beaucoup plus que des exigences morales, mais l’exigence surtout de ne constituer qu’un seul corps : les nostalgiques du message chrétien cherchent toujours à vivre communautairement. Mais la conception que chaque groupe chrétien a de cette exigence communionnelle est en générale éminemment discutable.

Dès lors qu’il a rompu son unité avec l’Église orthodoxe, ce groupe (ou le groupe-ancêtre dont il est issu) ne peut plus prétendre “transmettre” ce qu’il a perdu, c’est-à-dire la Grâce promise par le Seigneur à tous ceux qui se réunissent en son nom. Les “saints Mystères” de ce groupe, ou ce qu’il en reste, ne sont donc plus des saints Mystères au sens où le sont ceux de l’Église orthodoxe.

Mais on ne peut pas pour autant assimiler ces hommes qui se souviennent de quelques éléments du message du Christ à des païens, des sans-Dieu, des idolâtres ou des adorateurs des forces de la nature. S’il n’est pas possible de faire une telle confusion, ce n’est pas tant à cause des éléments théoriques ou idéologiques par lesquels ils remplacent le véritable enseignement de l’Église, ce n’est pas non plus parce que des fragments altérés mais encore partiels de la Grâce perdue subsisteraient dans leurs groupes, c’est parce que Satan lui-même n’est pas capable d’effacer définitivement le souvenir de ce qu’a été pour eux ou pour leurs ancêtres la vie et l’enseignement de l’Église véritable.

Or on le constate très clairement de nos jours : bien que l’enseignement véritable du message du Christ soit depuis longtemps mis en quelque sorte sous scellés par “les églises” — en fait les pseudo-églises — de l’Occident, toujours les hommes de cet Occident ressentent obessionnellement une frustration et un besoin de retrouver un dialogue avec Dieu. C’est à la fois un besoin aigu et informulable de retour du sacré (informulable parce que recouvert par un tabou implacable) et une exigence de liberté personnelle et spirituelle : l’homme de l’Occident ne peut oublier qu’il est quelqu’un à qui Dieu un jour a parlé. D'où le recherche d'un enseignement de la prière. Mais on ne trouve ni l’un ni l’autre de ces deux éléments dans les civilisations sans racines chrétiennes.

C’est pourquoi il ne faut pas s’étonner de la persistance de groupes de chrétiens s’efforçant d’interpréter la Tradition interrompue dans le vain espoir d'en trouver une formule plus adaptée. Seul le retour à la Tradition apostolique conservée dans l’Église orthodoxe pourrait satisfaire le besoin de nourriture spirituelle des orphelins de l’Orthodoxie. Et l’Église orthodoxe doit obstinément poursuivre son dialogue avec ces groupes, mais en les considérant comme des groupes en recherche, non simplement comme des variantes socio-historiques de l'Église jadis indivise (théorie des "branches").

L’attitude de trop de nos hiérarques est commandée par le désir de se faire admettre dans le club très sélectif des dirigeants spirituels de l’Occident, et surtout de ne pas avoir l’air de faire la leçon aux membres plus anciens de ce club. La diplomatie vient donc remplacer la pédagogie.

Mais la Vérité fait son chemin d’elle-même, et l’Esprit travaille où il veut et comme il le veut. Ne cédons donc ni à l’illusion de refonder une Église de “purs”, ni au prestige suranné d’une “Sainte Alliance” pour la défense des racines chrétiennes de l’Europe. L’Orthodoxie a encore quelque chose à dire, mais c’est “seulement” la défense de la Tradition apostolique. Rien d’autre.

Publié : lun. 12 févr. 2007 9:59
par gabadonia
Pour dire le fond de ma pensée, je pense aussi que l'Eglise est une, mais qu'elle est un mystère aussi profond que le Christ lui-même et que ses limites ne sont pas connues, car Dieu seul connaît ses enfants. Dieu va-t-il nous demander la permission de donner l'Esprit Saint à quelqu'un quelque part dans le monde ? Combien de martyrs dont personne n'a connu le nom ? Quand on voit que des chrétiens d'autres confessions pratiquent plus et mieux les commandements du Christ, on se demande s'ils ne plaisent pas plus à Dieu que des orthodoxes bien sûrs d'eux et qui se comportent d'une façon indigne de chrétiens ! Finalement toute la question est de pratiquer les commandements de Dieu pour être sauvé. Cela dit, je ne méprise pas du tout les dogmes de la notre foi. Cela dit, en essayant de comprendre honnêtement, sans préjugé, les reproches que les non-chalcédoniens font aux chalcédoniens, j'ai pris conscience de certains éléments dont on ne tient absolument pas compte dans le monde orthodoxe : d'une part, aucune de ces églises ne se réclament d'Eutychès, et n'est vraiment monophysite dans ce sens-là, mais elles le sont dans le sens de Cyrille d'Alexandrie. Or Cyrille d'Alexandrie est quand même un des docteurs fondamentaux de l'Orthodoxie, si je ne m'abuse ! D'autre part, elles ont le sentiment que la vérité a été imposée par l'empereur à Chalcédoine et cela reste pour elles une sorte de scandale. D'autre part, certaines églises sont tout simple ment en désaccord avec l'utilisation de la "scholastique" et sont convaincues que cette formule de Chalcédoine est de l'ordre de la "sagesse de ce monde" et quitte le terrain de la foi, parce qu'elle se sert de la logique aristotélicienne. Ils n'ont pas tort dans la mesure où pour finir, on a élabordé la doctrine de l'union hypostatique pour répondre au reproche qu'il ne peut pas y avoir de nature sans hypostase. Le reproche fait à cette notion est qu'elle tort la logique, et qu'il faudrait tout simplement rester sur le terrain de la foi. On peut répondre que la Trinité aussi tort la logique, mais là, ces églises répondent que la Trinité est révélée et qu'il ne s'agit pas de spéculation philosophique. D'autres reproches à la formule de Chalcédoine de mettre une sorte d'égalité entre le divin et l'humain, ou du moins de les mettre sur le même plan. Toutes ces églises ont la ferme conviction d'être demeurées, elles, fidèles aux Pères, contrairement aux Chalcédoniens qui ont dévié. Il y a beaucoup d'autres arguments qui sont avancées mais je m'en tiens là.
Pour moi, l'Eglise est une et déborde l'institution. Cela dit, je pense qu'il faut se situer dans une tradition et la respecter. Quant à savoir s'il y a besoin d'une instance institutionnelle commune, je n'en suis pas sûre. Avant la conversion de l'Empire romain, les églises arrivaient très bien à se coordonner et à s'unifier sur la même foi, et il n'y avait pas besoin d'une instance centrale pour convoquer les conciles : c'était celle qui prenait conscience du problème qui prenait l'initiative de contacter les églises soeurs des autres régions ou pays et voilà ! De cette façon, l'Eglise restait à l'abri des jeux de pouvoir qui est une problème très sérieux et très grave aujourd'hui. C'est bien la raison pour laquelle ceux qui prônent l'unité des églises la souhaitent ! Toutes les puissance de ce monde, empires, etc., sont passagères et l'Eglise ne peut pas lier son sort à de telles choses éphèmères ! Je ne dis pas que l'Eglise ne doit pas intervenir dans les affaires politiques d'une nation donnée, surtout quand il s'agit d'une nation orthodoxe, mais il y a une façon de le faire qui ne l'engage pas dans une politique à courte vue ! Il y a des années que j'étudie ces questions et surtout l'histoire de l'Eglise et je n'arrive plus à avoir des positions tranchées. Cela n'est pas synonyme de relativisation. C'est plutôt une prise de conscience de la faiblesse de l'entendement humain et de sa capacité à formuler le mystère chrétien. Car je suis convaincue que de part et d'autre, il y avait des personnes honnêtes et intègres et qu'il y a également des questions culturelles dans les positions qu'elles prennent même sur le plan théologique.

Publié : lun. 12 févr. 2007 17:11
par Jean-Louis Palierne
L’Église est une, mais avant d’être un devoir pour elle de rester unie, c’est une réalité parce qu’elle est tout domplement le crps de Dieu le Verbe et Fils unique de Dieu et aussi parce qu’elle respire du souffle unique de l’Esprit. Elle est une et si certains s’évertuent à distinguer des Église indépendantes ou autocéphales, ethniques ou nationales, réformées ou traditionnalistes etc, ils se trompent. Les hommes sont divers dans l’Église, et c’est normal puisque Dieu veut que tous les hommes soient différents, mais les Églises ne peuvent être que locales, c’est-à-dire que l’Église qui esr rassemblée à Paris pour célébrer le Mystère de sacrifice non-sanglant où Celui qui s’offre et qui est offert est donné à tous les fidèles, cette Église est substantiellement la même que l’Église des Apôtres, et la même aussi que toute Église rassemblée jadis, maintenant et dans l’avenir en tout point de l’Univers. Comment donc pourrions-nous bacarder au sujet de l’union des Églises ? C’est tout à fait impossible. Si ce sont des Églises locales elles sont une seule et même Église. Si ce sont des églises différentes une seule d’entre elles peut être l’unique Église véritable, c’est-à-dire l’Église orthodoxe — et encore il n’est pas certain que l’Église orthodoxe se trouve parmi celles qui parlent de l’union des Églises

Rien ne saurait plaire plus à Dieu que de voir un homme trouver la véritable Église et la rejoindre. Des hommes peuvent avoir une grande valeur aux yeux de Dieu même s’ils se trouveny en-dehors de l’Église orthodoxe. Mais s’ils restent en dehors il leur manque quelque chose d’essentiel, car on ne peut mépriser le don que Dieu a fait aux hommes en instituant, en construisant, en édifiant son Église dans notre temps et dans notre espace, dans notre Histoire. L’Esprit travaille où il veut, et agit sous des formes que nous pouvons deviner, mais c’est tjours pour les conduire vers sa véritable Église. L’Église peut présenter aux hommes un visage défiguré, et c’est bien le cas de nos jours où nous voyons en un même lieu se côtoyer en s’ignorant de multiples Églises ethniques qui veulent être fidèles chacune à sa “tradition ethnique” sans même mentionner la Tradition orthodoxe. Leurs enfants d’ailleurs rapidement les quittent, préférant s’intégrer dans la population locales, mais les Églises préfèrent défendre une tradition folklorique locale.

Mais c’est tout de même l’Église orthodoxe et elle seule qui est la seule Église véritable du Christ. Observer les Dix Commandements, vivre selon les Dix Béatitudes, c’est avant tout aimer notre prochain le plus proche, qui est le Christ Lui-même, et c’est en aimant son Église qu’on se rapproche de Lui. Pour ma part je ne crois pas qu’il y ait des qualités subjectives et morales qui feraient qu’en dehors de l’Église orthodoxe existeraient des hommes vertueux plus agréables à Dieu que les fidèles de l’Église orthodoxe. Il existe certes en dehors de l’Église orthodoxe des hommes qui ont le pressentiment que quelque part ailleurs que chez eux doit bien encore se trouver quelque chose qui pourrait encore ressembler à cette primitive Église si admirable dont ils ont gardé un vague souvenir. Mais quand on voit avec quel déchaînement de colère les diverses forces de l’Occident ont tenté de massacrer et d’étouffer ce qu’ils considéraient comme les derniers vestiges du schisme oriental, on comprend que leur haine procédair d’une jalousie inextinguible envers la sainteté orthodoxe. Il y a bien eu quelque fois des “mystiques” assez séduisants, mais à mon sens quans on les étudie sérieusement on n’y voit plus que des illuminés agités (ou bien queue fois ce furent des hommes persécutés par leur Église parce qu’ils accusaient sa propre honte).

Le pire mal a été causé à l’Orthodoxie par la sotte envie de certains de nos hiérarques de faire aussi bien que ce que faisait hier l’Occident (quand il persécutait l’Orthodoxie) sans s’apercevoir qu’aujourd’hui l’Occident est en crise et appelle l’Orthodoxie au secours ! Mais c’est le Seigneur qui dirige l’Histoire, et il peut très bien tourner en dérision la sottise orthodoxe et ramener son Églises aux sources toujours vivantes de la Tradition patristique.

Mais nous parlions des Églises anti-chalcédoniennes. Je crois effectivement qu’aucune de ces Églises ne tient véritablement à l’hérésie d’Eutychès, et s’en tient à Cyrille d’Alexandrie. C’est d’ailleurs ce qui avait conduit le Quinisexte Concile œcuménique à se montrer bienveillant envers les “eutychiens” et autres “sabelliens” qui veulent revenir à l’Église orthodoxe en adoptant pour eux la procédure minimaliste du libelle d’abjuration, comme dans le cas des “parasynagogues” où il ne s’agit que de différends d’ordre personnel entre juridictions. Le Quinisexte, déjà à cette époque, ne retenait donc pas véritablement le rattachement éventuel des fidèles de ces communautés à l’une des hérésies, qui restaient par ailleurs fermement condamnées et anathématisées. Mais pour qu’on passe de cette coexistence pacifique entre les Églises anti-chalcédoniennes et la communion des Églises orthodoxes, il faudrait que les hiérarques anti-chalcédoniens cessent de mettre constamment en avant les affirmations les plus agressives (pour lesquelles leurs peuples ne semblent d’ailleurs pas avoir envie de battre).Je crois d’ailleurs que les orthodoxes eux aussi ne sont pas très accommodants. Il se pourrait que des discussion existent, dans le plus grande discrétion.

Qu’il y ait eu une dimension politique de la formule de Chalcédoine est certain. Mais cela ne signifie pas pour autant que cette formule soit fausse et fasse une part excessive à la logique aristotélicienne. Il ne me semble pas que la doctrine de “l’union hypostatique” n’ait été inventée que parce que “il ne peut pas y avoir de nature sans hypostase”.et plus tard Maxime le Confesseur complètera en concluant que chaque hypostase a son énergie, et que la volonté humaine du Christ s’est totalement soumise à sa volonté divine (ce qui montre que l’Orthodoxie ne place pas le divin et l’humain sur le même plan). Il me semble que nous restons sur le terrain de la foi, et que la logique doit se mettre auservice de la foi. L’usage de procédés apophatiques, ainsi que de l’oxymoron et de l’antinomie pousse la logique à l’extrême, car la logique laissée à elle-même n’aurait pu produire que des spéculations philosophiques, et l’Orthodoxie a pu produire une philosophie de la vérité (pour reprendre l’expression du père Justin) beaucoup plus féconde que la philosophie spéculative.
Pour moi, l'Eglise est une et déborde l'institution.
Je ne peux pas être d’accord. Le Christ a fait un grand miracle, peut-être le plus grand de tous ses miracles, en instituant une assemblée eucharistique ou dès aujourd’hui, dans notre temps intermédiaire, notre durée de l’épreuve provisoire (dans la courte épreuve tu nous instruis) il nous permet de participer par anticipation au banquet céleste, celui où seron assemblés les Saints ressuscités en gloire. Il est certain que ce Jour-là nous recontrerons parmi les Élus invités au Banquet des hommes qui n’avaient jamais même rencontré l’Église dans leur vie terrestre, mais qui, du simple fait qu’ils avaient été créés des hommes, ont su écouter en leur cœur l’appel de l’Esprit et comprendre qu’ils portaient l’image du Christ sans même le connaître.

Mais le Christ a bien créé et institué une Église, qui est son corps, qui est un organisme vivant et qui, comme tous les organismes vivants, a ses membres, ses limites, ses organes, ses fonctions, ses systèmes, ses expressions, ses création, ses lois etc. Oui l’Église existe, elle est une et unique parce qu’elle est le Corps du Christ, le Fils unique de Dieu, qui en est la Tête unique. Si des hommes croient être en dehors d’elles, et sont des justes, parfois mêmes plus justes que ses membres, c’est parce qu’ils en sont eux aussi les membres, sans le savoir et sans qu’elle même le sache. Et même ceux qui se croient en conflit avec l’Église “officielle”.

L’Église est beaucoup plus que ce que l’œil humain peut voir, et même l’œil de ses hiérarques. Potentiellement d’ailleurs elle est l’humanité entière. De nos jours les hiérarques renvoient souvent l’image d’une grande sottise, les structures de l’Église se sont sécularisées. Nous ne savons ce que le Seigneur va faire, mais ayons confiance, l’Histoire est à Lui.

Je crois personnellement que les schismes "orientaux" représentent des épisodes regrettables de l'histoire byzantine, que les "hérésies" dont ils se réclament sont des hérésies réelles, mais ne sont pour eux que de faux prétextes. Les peuples de ces Églises n'en ont pas été profondément affectés et pourraient bien rejoindre l'Orthodoxe. Cela ne doit cependant pas amener à négliger les différends doctrinaux au bénéfice d'un confusionnisme généralisé. Mais les Orthodoxes doivent aussi reconnaître qu'ils se sont comportés avec beaucoup de vanité. Mais si l'on examine sérieusement les vrais dogmes, et les dégager de ce qui n'est que préjugés, j'ai l'impression qu'on devrait pouvoir s'entendre. C'est peut-être sur le terrain des missions et des émigrations que l'entente pourra progresser.

Toute autre est la question des schismes occidentaux où l'orgueil occidental a produit une série de catastrophes en chaîne et aboutit à un athéisme total. Mais les Églises d'Occidentales sont en voie de disparition et ce n'est pas au bout d'elles mêmes qu'elles trouveront la solution à leurs propres problèmes, mais par une capitulation en rase campagne devant l'Orthodoxie de la Tradition apostolique.

Publié : mar. 13 févr. 2007 8:44
par Ploscaru Mihaela
il serait interressant de commenter cette phrase se Saint Basile, je crois, : " je sais où est l'Eglise, je ne sais pas où elle n'est pas ! " Mihaela

Publié : mar. 13 févr. 2007 22:34
par Antoine
Mihaela serait-il possible d'avoir la référence exacte de cette citation?
A priori je ne l'attribuerais pas à St Basile mais si c'était bien lui l'auteur initial , je souhaiterais situer cette phrase dans son contexte .