Saint Grégoire de Narek - Eglise en Arménie

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gabadonia
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Message par gabadonia »

Quelle différence y a-t-il entre mono et mia ? Je ne sais pas le grec. Par ailleurs, je peux vous informer que l'auteur dont il est question a commencé par être catholique, mais depuis, il est devenu orthodoxe, ce qui est plus normal pour lui étant donné qu'il est russe. Il a dû beaucoup écrire et publier lorsqu'il était catholique. Il a même enseigné à Saint-Serge pendant quelque temps. Je pense qu'il a beaucoup évolué depuis. .
Ploscaru Mihaela
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Message par Ploscaru Mihaela »

pour l'heure , je maintiens que les pères ont dit que l'Eglise n'avait pas de limite et pyuisque deux ne suffisent pas je vais m'employer à vous en citer d'autre; d'autre part, c'est l'homme qui se limite et pour le reste le sort réservé à Satan nous n'en savons pas gerand chose..., il y a ici deux écoles une plutôt russe et l'autre plutot grcque et aussi il me semble avoir lu une homèlie en ce qui concerne le partage d'avec les boucs qu'ilm ne s'agit pas obligatoirement de deux personnes distinctes mais en la même personne ici aussi, ma mèmoir ne me permet d'en retenir d'emblé les sources...mais j'y arrive avec quelque recherches alors patience ...
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

En tout cas je ne vois guère quelle nuance peut apporter le passage de mono- à mia-. Le premier préfixe vient de l'adjectif grec qui signifie "un seul", et le second est la forme féminine de numéral "un". Il n'y aurait donc de différence que si l'on parlait de "l'une" (mia-) des natures parmi les diverses natures du Christ, ce que personne n'envisage, qu'à Dieu ne plaise ! Ici on parle de "mono-"physites parce qu'ils insiste pour dire que la nature étant nécessairement liée à l'hypostase, puisque l'hypostase du Christ est unique, il ne pourrait posséder qu'une seule nature.

C'est saint Cyrille d'Alexandrie -- un père dont personne ne conteste l'autorité, -- qui a dit que le Christ ne possède qu'pz seule nature pour s'opposer à certaines hérésies qui imaginaient que le Christ, Fils de Dieu, n'avait pu réellement souffrir sur la Croix et qu'il fallait donc imaginer que c'était quelqu'un d'autre, ou diverses hypothèses. Cyrille leur répondit vertement que le Christ n'est qu'une seule et unique hypostase (en grec : mia hypostasis). Plus tard d'autres théologiens ont compris la nécessité d'affirmer que pour son Incarnation le Fils de Dieu avait dû assumer la nature humaine de la chair que lui avait tissée en son sein la vierge Marie, pour laquelle on a forgé le mot Théotokos, c'est-à-dire "Déipare", car elle donné chair à Dieu. La réciproque de ce paradoxe (antinomique pour nos faibles intelligences humaines : le Vierge donne chair à Dieu !) est le paradoxe non moins antinomique d'une hypostase divino-humaine du Christ, sans confusion ni changement, sans division ni séparation. Les monophysites, coptes et jacobites, prétendent que ce sont là pures spéculations intellectuelles des trop subtils théologiens grecs, ou pis encore une concession voilée faite au parti opposé des nestoriens.

Je saisis cette occasion pour indiquer que je ne prétends pas être l'auteur du néologisme "Déipare" pour traduire le mot grec "Théotokos". Le mot latin "Deipara" a été forgé pour le texte latin des décisions du IVème Concile œcumenique, le Concile de Chalcédoine. Les Pères des Conciles œcuméniques veillaient soigneusement à ce que leurs décisions eussent force légale dans tout l'Empire qui était alors un Empire gréco-romain (et les lois de l'Empire restèrent jusqu'à la fin bilingues). Le mot "Déipara" a également été utilisé dans la Liturgie latine, pour quelques hymnes mariales, puis tomba en désuétude. Notre poète français l'a cependant repris dans son Ode intitulée "Processionnal pour saluer l'ère nouvelle". Je regrette de ne pas l'avoir sous la main.

Je pense que ce sont en général les catholiques qui utilisent le terme "miaphysites" pour flatter les monophysites et tenter de les récupérer, ou tout au moins de s'en faire des alliés, dans leurs grandes manœuvres écuménico-vaticanesques inter-ecclésiales.
Jean-Louis Palierne
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Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Jean-Louis Palierne a écrit :Je pense que ce sont en général les catholiques qui utilisent le terme "miaphysites" pour flatter les monophysites et tenter de les récupérer, ou tout au moins de s'en faire des alliés, dans leurs grandes manœuvres écuménico-vaticanesques inter-ecclésiales.
Il arrive que les monophysites eux-mêmes en fassent usage par rapport à leur revendication d'être fidèles à la christologie de saint Cyrille d'Alexandrie; le terme "miaphysite" serait dès lors une référence à la célèbre phrase de saint Cyrille μία φύσις του Θεού Λόγου σεσαρκωμένη ("une seule nature de Dieu le Verbe incarné") par laquelle, en l'isolant du consensus Ecclesiae, ils prétendent depuis bientôt seize siècles justifier leur rejet de Chalcédoine.

Disons donc que le terme "miaphysite", dont l'utilisation m'avait été suggérée par un ami grec qui travaille dans la finance à Genève, évite les accusations d'intentions polémiques que suscite le terme "monophysite". Je me souviens que c'était un soir du printemps 1997 ou 1998, alors que nous étions à la brasserie Landolt, que cet ami m'a donné cette idée d'utiliser le terme "miaphysite" pour ne pas prêter le flanc à l'accusation de chercher à raviver de vieilles querelles. J'ai donc pris l'habitude de l'utiliser pour éviter d'employer des termes qui pourraient être considérés comme péjoratifs.


Mais il est arrive que des théologiens des Eglises vieilles-orientales eux-mêmes revendiquent les termes de "monophysites" ou de "nestoriens" dont les orthodoxes oecuménistes prétendraient nous interdire l'emploi pour ne pas offenser nos frères antichalcédoniens. Par exemple, l'évêque arménien Terenig Poladian, qui fut prêtre en Nouvelle-Angleterre, puis directeur du séminaire créé à Addis-Abeba par SM l'Empereur Hailé Sélassié, avant d'être assassiné à Beyrouth en 1964, utilise constamment le terme de "monophysite" dans son célèbre article (traduit en français par le docteur Besse) sur la position de son Eglise (cf. "La position des Eglises non-chalcédoniennes", in Le Messager orthodoxe n° 126, Paris 1996, pp. 59-78). Et, en 1981, l'évêque des Malabars orthodoxes de l'Inde, Mar Aprem, n'a pas hésité à intituler un de ses livres Nestorian Theology (publié par les éditions Mar Narsaï Press à Trichur au Kérala), ce qui laisserait supposer que ces termes ne sont pas forcément si péjoratifs que cela aux oreilles des intéressés.

Les grandes manoeuvres d'approche du Vatican auprès des Eglises anciennes et orientales ont commencé en 1909 avec la publication par le RP Lebon du livre Le monophysisme sévérien, où il s'agissait de montrer que les Eglises dites monophysites ne suivent pas Eutychès, mais Sévère d'Antioche, qui aurait quant à lui une christologie orthodoxe, etc. Mais cela fait très longtemps que les orthodoxes le savaient, que les Coptes et les Jacobites suivent la christologie de Sévère et pas celle d'Eutychès. Si on veut arriver à une union sincère et durable, la question n'est pas de donner acte aux préchalcédoniens qu'ils rejettent autant que nous les faux enseignements d'Eutychès, mais de comprendre sur quelles bases et pour quelles raisons la tradition orthodoxe a aussi rejeté le monophysisme sévérien.
hilaire
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Message par hilaire »

Notre poète français l'a cependant repris dans son Ode intitulée "Processionnal pour saluer l'ère nouvelle". Je regrette de ne pas l'avoir sous la main.

vous parlez de Paul Claudel ? ou existe t il un autre poète ayant écrit sur ce registre?
gabadonia
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Message par gabadonia »

Je pense que les églises pré-chalcédoniennes se revendiquent monophysites en opposition aux "diophysites" qui "divisent le Christ" en les considérant comme crypto-nestoriennes. La plupart de ces églises sont menacées par l'Islam et ont l'illusion qu'elles seraient soutenues par les Catholiques si elles mettaient en sourdine leurs divergences (je résume beaucoup). Mais dans leur propre peuple et milieu, elles se revendiquent "monophysite". Donc, cela ne sert à rien de faire de la "diplomatie" et de gommer les problèmes. Il suffit d'admettre, pour commencer, qu'il ne s'agit pour aucune d'entre elles d'une dissolution de la nature humaine du Christ dans sa nature divine. Personnellement, j'essaye plutôt de comprendre ce qu'elles reprochent aux Chalcédoniens. Il me semble que toutes les églises pré-chalcédoniennes ne sont pas sur la même position, malgré le terme de "monophysite" qui semble les rassembler. Il y a en tous les cas une grande différence entre l'Eglise arméniene et l'Eglise syriaque. Le mot "monophysisme" est rentré très tard dans le vocabulaire des Arméniens qui sont, par tradition, peu portés sur les spéculations théologiques. Il se peut que les choses soient de même pour l'Ethiopie. D'autre part, il me semble que le mot nature sous la plume de Cyrille d'Alexandrie n'a pas un sens très précis, et peut signifier quelquefois hypostase, mais pas toujours. Chez lui, ce n'est pas un terme technique, d'où les ambiguités d'ailleurs. Ce qu'il veut surtout dire, c'est que le Christ est un seul être, une seule réalité concrète, tout en soutenant qu'une considération de l'esprit permet encore après l'union de reconnaître une différence entre les natures. Il écrit exactement qu'il ne faut pas introduire la division en affirmant deux êtres après l'union et en concevant chacun d'eux à part, mais il ajoute : "Il faut le savoir, par conséquent, l'esprit contemple bien une certaine différence entre les natures : la divinité et l'humanité ne sont assurément pas chose identique, mais en même temps que ces concepts, il admettra le concours des deux éléments dans l'unité" etc. (Dialogue sur l'Incarnation du Monogène, S.C., p. 243).
Il me semble que le Ve concile avait décidé d'admettre que dans certains cas, le mot nature pouvait signifier hypostase. Et il y a eu également des théologiens (j'ai lu cela dans Photios) qui ont soutenu que chez Cyrille, ce mot avait le sens d'hypostase. J'essaierai de mettre ces notes sur le forum quand j'aurai un peu plus de temps.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Infiniment d’accord, et sur la diversité et même un certain flou quant aux positions dites “monophysites” (les Arméniens en tout cas n’acceptent pas telle quelle la dénomination “monophysite” et préfèrent être rangés dans une catégorie bien à part) et sur le caractère non technique du terme "hypostase" lorsqu’il est employé par saint Cyrille d’Alexandrie.

Les considérations d’ordre ethniques devarient rester étrangères aux controverses théologiques, mais ici il est évident que dans les provinces orientales de l’Empire romain les controverses sont intervenues à une époque où l’Empire essayait de modifier le vieille “Triarchie” traditionnelle de l’Église en “poussant” un peu trop fort et maladroitement le rôle de la capitale artificielle de Constantinople. Celle-ci fut rapidement un succès démographique et stratégique, mais il en fallait beaucoup plus pour acquérir une haute stature spirituelle et culturelle. En particulier lors des crises arienne et iconoclaste, le rôle de la “Nouvelle Rome” fut peu glorieux.

Il faut voir là sans aucun doute une part d’explication aux querelles christologiques.
Jean-Louis Palierne
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Claude le Liseur
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Miaphysisme: diverses terminologies proposées

Message par Claude le Liseur »

Jean-Louis Palierne a écrit :En tout cas je ne vois guère quelle nuance peut apporter le passage de mono- à mia-. Le premier préfixe vient de l'adjectif grec qui signifie "un seul", et le second est la forme féminine de numéral "un". Il n'y aurait donc de différence que si l'on parlait de "l'une" (mia-) des natures parmi les diverses natures du Christ, ce que personne n'envisage, qu'à Dieu ne plaise ! Ici on parle de "mono-"physites parce qu'ils insiste pour dire que la nature étant nécessairement liée à l'hypostase, puisque l'hypostase du Christ est unique, il ne pourrait posséder qu'une seule nature.

(...)

Je pense que ce sont en général les catholiques qui utilisent le terme "miaphysites" pour flatter les monophysites et tenter de les récupérer, ou tout au moins de s'en faire des alliés, dans leurs grandes manœuvres écuménico-vaticanesques inter-ecclésiales.

Voici une illustration intéressante de ce qu'expliquait M. Jean-Louis Palierne: la tendance des catholiques romains à ramener les différences christologiques à des incompréhensions terminologiques. Passage tiré de l'intéressante thèse de doctorat de M. Dietmar W. Winkler, soutenue en 1995 à la faculté de théologie catholique d'Innsbruck (Tyrol) et publiée sous le titre Koptische Kirche und Reichskirche. Altes Schisma und neuer Dialog, Tyrolia, Innsbruck 1997, préface du cardinal König. Le passage pertinent se trouve pages 199 et suivante.

Texte original allemand (et anglais pour la citation de Mgr Mesrop):

Am kosequensten zieht C. Detlef G. Müller eine terminologische Differenzierung durch, indem er in seinen Schriften den Begriff Monophysitismus durch Diplophysitismus ersetzt. Der durchlegende Austausch eines belasteten durch einen sachlich richtigen Terminus ist erfreulich. Müllers Terminologie bringt uns zu der Wendung μία φύσις διπλή (eine zweifache Natur), die uns schon im vorchalzedonischen patristichen Schriftum begegnet. Allerdings setzte sich der Begriff Diplophysitismus in der wissenschaftlichen Literatur bisher nicht durch. Dies mag an seiner Künstlichkeit und der damit assoziierten terminologischen Umständlichkeit liegen.
Eine andere sprachliche Unterscheidung zwischen den Anhängern des Eutyches und jenen der orthodoxen Mia-Physis-Christologie bietet Sebastian Brock mit der Differenzierung zwischen Monophysiten einerseits und Henophysiten andererseits. Auch diese Bezeichnung halte ich für wesentlich glücklicher, als von einem Verbal-Monophysitismus zu sprechen. Der Nachteil des Terminus Henophysitismus liegt meines Erachtens allerdings darin, daß allzu leicht eine gedankliche Brücke zum Henotikon geschlagen werden könnte, was keineswegs der Intention dieser Differenzierung entspräche.
Als geeignetsten Terminus möchte ich eine dritte Möglichkeit unterstützen, die sehr wohl in Gesprächen mit orientalisch-orthodoxen Theologen genannt wird, jedoch noch kaum in die theologische Literatur Einzug hielt:
Miaphysiten bzw. Miaphysitismus. Die sachliche Richtigkeit ist gegeben, eine ökumenische Rezeption problemlos, da es ohnehin nicht evident ist, daß Anhänger der severianischen-cyrillianischen Mia-Physis-Formel als verbale Mono-Physiten bezeichnet werden sollen. Wie die Ausführungen von Mesrob K. Krikorian, Erzbischof der nicht-chalzedonischen Armenisch-Apostolischen Kirche, zeigen, kommt der orientalisch-orthodoxen Kirchen dieser Begriff auch als Selbstbezeichnung entgegen: "They [the Oriental-Orthodox Churches] accept mia (=one) wonderfully, "united nature" in Christ, but not mono (= single) nature. Therefore it is absolutely unright and unrighteous to continue calling the non-Chalcedonians as "monophysites"!" Unabhängig davon ob man diese griechische Differenzierung zwischen "mono" und "mia" mitvollziehen möchte oder nicht, wird man die Ablehnung der Bezeichnung Monophysiten seitens der nicht-chalzedonischen Kirchen ernst nehmen müssen. Auch wenn davor das Wort "verbal" gestellt wird, behält der Begriff dahinter nach wie vor einen bitteren Beigeschmack.
Aus den genannten Gründen ist die sachlich unrichtige und pejorative Bezeichnung Monophysiten für die orientalisch-orthodoxen Kirchen abzulehnen. Fernerhin ziehe ich den Terminus
Miaphysiten den Begriffen verbale Monophysiten, Diplophysiten und Henophysiten vor.

Ma traduction de l'allemand (de l'anglais pour la citation de Mgr Mesrop):

"De la manière la plus conséquente, C. Detlef G. Müller établit une différenciation terminologique en remplaçant dans ses écrits le concept de monophysisme par celui de diplophysisme. On doit se réjouir de la substitution générale d'un terme juste sur le plan technique à un terme chargé de connotations négatives. La terminologie de Müller nous conduit à la locution μία φύσις διπλή (une nature double) que l'on trouve déjà dans la littérature patristique antérieure à Chalcédoine. Toutefois, le concept de diplophysisme ne s'est pas encore imposé dans la littérature scientifique. La cause doit en être son caractère artificiel et le contexte terminologique qui y est associé.
Sebastian Brock propose une autre distinction linguistique entre les partisans d'Eutychès et ceux de la christologie orthodoxe de la mia-physis, en différenciant les monophysites d'un côté et les hénophysites de l'autre. Je trouve aussi que cette description est substantiellement plus heureuse que de parler de monophysisme verbal. Le désavantage du terme "hénophysite" réside dans le fait qu'il pourrait conduire à faire un rapprochement dans la pensée avec l'Hénotique [de Zénon, NdT], ce qui ne correspond en aucune façon à l'intention qui est à la base de cette différenciation.
Comme terme le plus approprié, je voudrais défendre une troisième possibilité, qui est souvent utilisée dans le dialogue avec les théologiens orthodoxes orientaux [nom que les œcuménistes donnent aux monophysites, comme s'il y avait une foi orthodoxe différente selon les longitudes… - NdT], mais qui n'a pourtant qu'à peine fait son entrée dans la littérature théologique: les miaphysites, respectivement le miaphysisme. Ce terme est justifié sur le plan des faits, une réception œcuménique ne pose aucun problème, comme il n'est du reste pas évident que des partisans de la formule sévéro-cyrillienne [encore faut-il établir que Sévère d'Antioche partageait vraiment la christologie de saint Cyrille d'Alexandrie, et c'est là le nœud du problème – NdT] de la mia-physis devraient être qualifiés de mono-physites. Comme le montre l'exposé de Mgr Mesrop K. Krikorian, archevêque de l'Eglise apostolique arménienne non chalcédonienne, les Eglises orthodoxes orientales refusent aussi ce concept pour les désigner elles-mêmes: "Elles [les Eglises orthodoxes orientales] acceptent mia (= une) "nature unie" de manière miraculeuse dans le Christ, mais pas mono (=unique) nature. C'est pourquoi il est absolument injuste et impie de continuer à qualifier les non chalcédoniens de "monophysites"!" Indépendamment du fait d'adhérer ou non à cette différenciation grecque entre "mono" et "mia", on doit prendre au sérieux le rejet de la désignation "monophysites" de la part des Eglises non chalcédoniennes. Même en y ajoutant le mot "verbal", le mot conserve un goût amer.
Pour les raisons mentionnées ci-dessus, il faut rejeter la dénomination inexacte et péjorative de monophysites pour désigner les Eglises orthodoxes orientales. En outre, je préfère le terme de miaphysites aux termes de monophysites verbaux, diplophysites et hénophysites."

Mon commentaire:

Inutile de dire que ni mon ami Michel, ni moi-même n'avions lu la thèse du docteur Winkler le soir où celui-là me proposa d'employer le terme "miaphysites". Comme quoi un simple financier grec peut mieux connaître son vocabulaire que pas mal de théologiens. J'ai ensuite pris l'habitude d'utiliser ce terme de "miaphysites" dans un esprit irénique, pour ne pas utiliser l'absurde "orthodoxes orientaux" forgé par les œcuménistes, et parce que je pensais que le terme "monophysites" était perçu comme péjoratif par les intéressés.
Toutefois, les évêques arméniens devraient accorder leurs violons, puisque Mgr Térénig, dans le texte traduit par le docteur Jean Besse, revendique à plusieurs reprises le titre de "monophysite" que Mgr Mesrop, lui, considère comme "impie"…
gabadonia
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Message par gabadonia »

Il se peut que la formule "mia" corresponde mieux à la pensée, en tous les cas, de l'Eglise arménienne. En arménien cela se dit : "miabnak", le tout signifiant "d'une nature" mais il s'agit uniquement de la nature divine du Logos. Il ne s'agit nullement d'une unité formée par une mixtion des deux natures. Il n'y a aucun doute sur ce point. Cette église était menacée à cette époque par les nestoriens qui avaient dominé l'Eglise de l'Est qui tentait d'absorber l'église arménienne sous sa juridiction, favorisée en cela par les rois perses. L'Eglise arménienne s'est accrochée à la personne du Logos de Dieu, pour affirmer que même après l'incarnation, Jésus était uniquement le Verbe de Dieu qui s'était approprié la nature humaine pour notre salut. Je connais moins bien les autres églises non-chalcédoniennes.
Antoine
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Message par Antoine »

Mihaela a écrit :je maintiens que les pères ont dit que l'Eglise n'avait pas de limite
L’Eglise est constituée de l’Eglise visible et de l’Eglise invisible. Ce ne sont pas deux Eglises mais une seule et même Eglise sous deux aspects différents. On ne peut pas fixer de limite à l’Eglise dans le sens où l’Eglise terrestre qui en est inséparable n’est qu’une partie de l’Eglise. Même l’enfer ne saurait, dans ce sens, constituer une limite de l’Eglise.
Dire que l’Eglise a une limite serait affirmer que le Royaume a une limite. Qui aurait une telle connaissance du royaume pour une telle assertion ?
Dieu n’a pas de limite. Une telle proposition n’aurait pas de sens. Mais Dieu respecte aussi infiniment la liberté de l’homme qui ,lui, peut se limiter au refus de Dieu. Le refus de Dieu n’est pas une limite de Dieu mais une limite de l’homme.

Il ne faut pas en conclure pour autant que tout ce qui est terrestre est dans l’Eglise terrestre. Les sectes catholiques romaines et protestantes ne sont pas dans l’Eglise. L’Eglise elle même prononce ses anathèmes et ceux qui tombent sous le coup de ses anathèmes se retranchent eux-mêmes de la vie même de l’Eglise qui est l’Esprit de Dieu, comme ceux qui refusent l’amour du Christ se mettent eux-mêmes dans cet état que l’on appelle l’enfer et vivent cet amour comme un tourment.
L'Eglise n'a pas de limite mais je décide d'en faire partie ou de n'en point faire partie. Je vis de la grâce de Dieu ou je n'en vis pas. Le refus est l'illusion de la liberté.
Ploscaru Mihaela
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Message par Ploscaru Mihaela »

merci Antoine, c'est ainsi que je l'entendais . Mihaela
Antoine
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Message par Antoine »

Il n'y a de grâce sacramentelle que dans l'Eglise orthodoxe, car l'Eglise orthodoxe est la seule et unique Eglise du Christ. Elle seule est l'Eglise terrestre. Elle seule est la partie visible de l'Eglise, inséparable de l'Eglise invisible. Il n'y a de Baptême, de Chrismation et d'Eucharistie que dans l'Eglise orthodoxe.
Les simulacres sacramentels des sectes catholique romaine et protestantes sont dépourvus de grâce et n'ont aucune efficience. L'hérésie est la limite de l'Eglise terrestre parce que la proclamation institutionalisée de l'hérésie limite la vérité qui est la vie même de l'Eglise.

Bien sûr vous trouverez des oecuménistes pour professer toute sorte de doctrines inconnues de l'Eglise et contraires à sa dogmatique. Mais ces gens là se servent de l'Eglise pour leur gloriole personnelle. La gloriole personnelle est le fondement de toutes les hérésies.
Un Père Michel Evdokimov par exemple vous chantera qu'on ne peut pas affirmer qu'il n'y a pas de sacramentalité dans les autres confessions. Le rôle de compromission permanente qu'il tient et, auquel il tient, dans les réunions oecuméniques l'empêche de proclamer la vérité. On l'a bien vu il y a quelques semaines dans une émission lamentablement oecuménique à la television, dans laquelle toute notion de Tradition était bafouée et où le clairon du relativisme doctrinal sonnait à plein.
Mais un Michel Evdokimov n'est pas le représentant de l'Orthodoxie au sein des instances oecuméniques: il est le représentant de l'oecuménisme au sein de l'Orthodoxie.
gabadonia
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Message par gabadonia »

J'ai connu des anciens calendaristes grecs et des membres de l'Eglise hors frontière qui me soutenaient que les églises orthodoxes actuelles n'avaient plus la grâce de l'Esprit Saint. Les reproches que les Grecs faisaient à leur hierarchie sont quand même assez fondées. Mais à partir de quand une église orthodoxe cesse de l'être ? De même, les conciles iconoclastes se réclamaient également de l'Esprit Saint. Y a-t-il un critère autre que subjectif pour en juger ?
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Grande question.
Le seul critère qui me vient à l'esprit, c'est la cohérence, l'unanimité des conciles : "ce qui a été cru toujours et par tous" dans l'Eglise.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
Antoine
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Message par Antoine »

Gabadonia a écrit :J'ai connu des anciens calendaristes grecs et des membres de l'Eglise hors frontière qui me soutenaient que les églises orthodoxes actuelles n'avaient plus la grâce de l'Esprit Saint. Les reproches que les Grecs faisaient à leur hierarchie sont quand même assez fondées. Mais à partir de quand une église orthodoxe cesse de l'être ? De même, les conciles iconoclastes se réclamaient également de l'Esprit Saint. Y a-t-il un critère autre que subjectif pour en juger ?
Les Eglises « VCO » ont pour appuyer leur propos un problème épineux à résoudre : celui de leurs fractionnements par schismes successifs et anathèmes mutuels.
Leur éclatement en groupuscules divers est suffisant pour leur fermer la bouche et reste la meilleure preuve que leurs errances les a coupées de l’Eglise.
Quant à l’Eglise russe hors frontière elle s’est réunifiée avec Moscou après le schisme interne qui l’a coupée des Vitalystes. Je ne pense pas que ce soit de cette réunification qu’ ait surgi subitement la Grâce divine qu’elle récusait au patriarcat de Moscou et qu' elle lui reconnaît maintenant, ainsi qu'à toutes les Eglises orthodoxes en communion avec ce patriarcat. A moins qu'elle ne prétende l'avoir apportée dans le trousseau de mariage...

On peut reprocher beaucoup de choses aux juridictions patriarcales historiques concernant la praxis. Mais rien concernant le dogme. Pour qu’une Eglise orthodoxe perde la Grâce il faudrait que les prises de positions individuelles de tel ou tel ecclésiastique soient institutionnalisées et reçues par tous.
Même les propositions scandaleuses de Balamand restent lettre morte. Voir par exemple l’intervention de Lecteur Claude sur ce sujet en date : 16.05 13h31 (reportée sous le nom d’Antoine) à la rubrique Balamand le: Mer 30 Juil 2003 17h 45


Pour répondre à votre question il y a effectivement des critères objectifs : l’universalité de l’Eglise, sa Catholicité, l’invariabilité du dogme, le respect du rite, la Tradition.
Vous trouverez beaucoup de choses sur le forum ne serait qu’en faisant une recherche sur le mot "dogme". (Recherchez par "message" et non par "rubrique" dans le choix de recherche qui vous est proposéau bas de la grille.)
La réponse d’Anne Geneviève est aussi juste que lapidaire :
Le seul critère qui me vient à l'esprit, c'est la cohérence, l'unanimité des conciles : "ce qui a été cru toujours et par tous" dans l'Eglise.
Cette citation est extraite du "Commonitorium" de St Vincent de Lérins . Elle définit la Tradition de l'Eglise. Elle fait l'unanimité des Pères.

Pour illustrer cette réponse voici un texte de Khomiakov extrait de :
« L’Eglise latine et le protestantisme au point de l’Eglise d’Orient »
publié par les Editions Xenia, p93-97.
(Il faut lire ce livre )


La foi est la suite d'une révélation admise comme telle; elle est la croyance à un fait invisible manifesté par un fait visible : mais elle n'est pas une croyance purement logique et rationnelle ; elle est bien plus que cela. Elle n'est pas un acte de la raison seule, mais un acte de toutes les puissances de l'intelligence saisie et subjuguée dans ses plus intimes profondeurs par la vivante vérité du fait révélé. Elle n'est pas seulement pensée ou sentie, mais pensée et sentie à la fois. En un mot, elle n'est pas la connaissance seule, mais la connaissance et la vie en même temps.
[…]
L'examen lui-même, par la multiplicité des données comme par son but, qui est la vérité vivante et non pas seulement logique, exige donc l'emploi de toutes les forces de l'intelligence dans la volonté comme dans la raison, et l'examen intime de ces mêmes forces. Il doit pour ainsi dire, non seulement prendre en considération l'univers visible, mais la puissance et la pureté de l'organe visuel. Son point de départ est donc le plus humble aveu de sa faiblesse; car il faudrait non point un orgueil satanique, mais une démence sans nom, pour que l'homme s'attribuât aussi bien la perfection morale que la perfection de la raison, et c'est cependant ce qu'il devrait faire pour s'attribuer l'indépendance individuelle, vu que dans ce système l'ombre du péché implique déjà la possibilité de l'erreur, ou plutôt sa nécessité dans le cas où l'homme se permettrait une confiance excessive dans ses propres forces ou dans les dons de la grâce qui lui ont été accordés personnellement. La Vérité ne peut donc exister que là où est la sainteté sans tache, c'est-à-dire dans la totalité de l'Église universelle, qui est la manifestation de l'Esprit divin dans l'humanité.

Bien des hérésies avaient troublé le monde chrétien dès son origine. Les apôtres n'avaient pas encore terminé leur carrière terrestre que déjà l'erreur avait séduit beaucoup de leurs disciples. Plus tard, chaque siècle avait augmenté le nombre des hérésies, telles que le sabellianisme, le montanisme et tant d'autres. Enfin le nestorianisme, l'eutychianisme avec leurs différentes ramifications et surtout l'arianisme – qui, comme on le sait, a été la cause occasionnelle du schisme romain – avaient enlevé à l'Église une multitude de ses fidèles. Ces hérésies peuvent-elles renaître? Non. Le dogme qu'elles attaquaient, tout en étant implicitement renfermé dans la tradition ecclésiastique, n'avait pas encore reçu une définition complètement claire, et l'erreur était possible pour la faiblesse de la foi individuelle. Par la volonté de Dieu, la grâce de son Verbe éternel, et l'inspiration de l'Esprit de vérité et de vie, le dogme a été défini dans les conciles et l'erreur en ce sens est devenue impossible même pour la faiblesse individuelle. L'incrédulité est possible, mais l'arianisme ne l'est plus. Il en est ainsi des autres hérésies. Elles étaient des erreurs dans le dogme révélé soit de la nature intime de Dieu, soit de ses rapports avec la nature humaine, mais tout en faussant la doctrine traditionnelle, elles prétendaient lui rester fidèles. Elles étaient des erreurs plus ou moins coupables, mais des erreurs individuelles qui n'attaquaient pas le dogme de l'universalité ecclésiastique et voulaient prouver leur vérité par le consentement de tous les chrétiens. Le romanisme, en remplaçant l'unité de la foi universelle par l'indépendance de l'opinion individuelle ou diocésaine – car l'admission de l'infaillibilité papale n'est venue que plus tard comme je l'ai montré – a été la première hérésie contre le dogme de la nature de l'Église ou de sa foi en elle-même. La Réforme n'a été qu'une continuation de cette même hérésie sous une apparence différente.
Telle est la définition de toutes les sectes de l'Occident, et une fois définie, l'erreur de leur doctrine n'est plus possible pour les membres de l'Église.
En résulte-t-il qu'ils sont à l'abri de toute erreur? Nullement: autant vaudrait dire qu'ils sont à l'abri de tout péché. Une telle perfection n'appartient qu'à la totalité vivante de l'Église et ne peut être donnée à aucun de ses membres individuellement. Quel est en effet l'homme qui puisse être sûr de ne jamais donner une interprétation erronée soit à la Parole écrite, soit à la tradition vivante qui sont les expressions de l'Esprit divin dans l'Église? Celui-là seul aurait droit à une telle infaillibilité qui pourrait se dire l'organe vivant de l'Esprit de Dieu. S'ensuit-il que l'erreur est possible en fait de foi pour le chrétien orthodoxe? Non: car le chrétien par sa foi dans l'Église universelle réduit sa propre croyance dans les questions qui n'ont point encore été clairement définies à l'état d'opinion personnelle – ou d'opinion locale si elle était commune à tout un diocèse. Cependant cette erreur d'opinion, tout en étant sans danger pour l'Église, n'est point innocente dans le chrétien. Elle est la marque et la conséquence d'une erreur ou d'une faiblesse morale qui rend jusqu'à un certain point l'homme indigne de la lumière céleste, et elle ne peut, comme tout péché, être effacée que par la miséricorde divine. La foi du chrétien doit être aussi pleine de crainte que de joie et de reconnaissance. Qu'il prie ! qu'il demande la lumière qui lui manque ! et qu'il n'ose se tranquilliser ni comme le réformé qui dit: « Bah! je me trompe peut-être, mais j'ai de bonnes intentions et Dieu m'en tiendra compte ainsi que de ma faiblesse », ni comme le romain qui dit: « Bah, je me trompe peut-être, mais qu'importe? Le pape sait la vérité pour moi, et je me soumets d'avance à sa décision. »

Note d’Antoine:
Il serait erroné de penser que cette attitude soulignée par Khomiakov est aujourd’hui dépassée. Elle a trouvé de nombreuses illustrations sur ce forum dans les interventions de catholiques romains. Par exemple dans la rubrique "Deux articles intéressants" le Ven 15 Avr 2005 13:12 cet échange avec Thomas qui écrivait :
«Quant à cet important prélat croate récemment béatifié, je suis bien certain que l'Eglise ne lui aurait pas accordé cet honneur s'il y avait le moindre doute sur son rôle dans les évènements tragiques auxquels il fut mêlé durant la seconde guerre mondiale.»


Et auquel il a été répondu:

«Voilà le fruit de la papolâtrie. Tout est déjà préjugé et le dossier tabou est scellé. Vous êtes certain avant même de savoir. Alors que dire de l'examen d'une disposition dogmatique!? Vous avez déjà votre réponse qui vous évite toute étude: Vous êtes certain que "l'Eglise catholique romaine ne lui aurait pas accordé le moindre intérêt si ce dogme ne contenait pas la Vérité" Le pape a dit "je suis infaillible" or comme le pape est infaillible cela prouve bien qu'il est infaillible.»



[…]
Comme la Réforme n'est qu'une continuation et un développement du romanisme, je dois d'abord parler de nos rapports avec ce dernier. Un rapprochement est-il possible? La réponse ne peut être que négative. La vérité n'admet pas de compromis.
[…]
Je le répète, le romanisme peut admettre une pareille fusion; mais l'Église ne connaît pas de compromis dans le dogme de la foi. Elle exige l'unité parfaite, de même qu'elle ne peut donner en échange que l'égalité parfaite; car elle connaît la fraternité, mais ne connaît pas la sujétion. Il n'y a donc pas de rapprochement possible à moins d'un retour complet sur l'erreur de plus de dix siècles.

Note d’Antoine :
Là encore Khomiakov ne se trompait pas.
On voit par exemple dans les propositions catholiques romaines de réunification la naissance d’une Eglise à deux dogmatiques. Une dogmatique du 1er millénaire fidèle à la foi apostolique et une adhésion facultative à la dogmatique romaine du 2ème millénaire.
Ainsi en vous reportant à la rubrique Immaculée conception, vous trouverez les déails dans les messages du Mer 18 Mai 2005 1h 54 et Ven 20 Mai 2005 22h52


« La proposition faite aux Anglicans est la suivante : Les Ktos ont prononcé des dogmes. Si vous n’étiez pas en communion avec eux au moment où ils ont été prononcés vous ne serez pas obligé d’en croire le contenu et de le considérer comme une vérité de foi . En revanche vous ne considèrerez pas que ces dogmes sont contraires à la Foi Chrétienne donc des hérésies.
Question :
Tous les nouveaux baptisés qui entrent dans le catholicisme après la promulgation de ces dogmes tombent-ils sous la même loi que ceux qui étaient dans une autre confession au préalable? Que devient la signification d’un dogme ? Ceci ne devra-t-il ne s’appliquer qu’aux dogmes de l’Immaculée conception et de l’Assomption ou à tous les dogmes en général ?
La communion ne repose-t-elle pas depuis toujours sur une même confession de la foi ?
On se demande pourquoi continuer un dialogue stérile avec des théologiens catholiques qui ont un sens de l’Eglise inversement proportionnel à celui de la papauté.»



Un concile peut-il combler l'abîme qui sépare le schisme de l'Église? Non; car il faut qu'il soit déjà comblé pour qu'un concile soit possible. Des hommes imbus d'opinions erronées ont pu prendre part à des conciles oecuméniques et revenir à la vérité ou persister dans l'erreur et par là se séparer de l'Église: mais malgré leurs erreurs dans les dogmes les plus fondamentaux de la foi, ils ne niaient pas le droit divin de l'universalité ecclésiastique. Ils espéraient – ils le prétendaient au moins – définir en termes clairs et indubitables le dogme professé par l'Église et obtenir la grâce d'être l'expression de la foi de tous leurs frères. Tel était le but et le sens des conciles. Telle est l'idée renfermée dans l'introduction commune à toutes leurs décisions : « Il a plu à l'Esprit Saint, etc. » Ce n'est pas une prétention orgueilleuse, mais une humble espérance confirmée ou rejetée plus tard par le consentement ou le désaveu de « tout le peuple ecclésiastique » ou « de tout le corps de Christ » comme l'ont dit les patriarches. Il y a eu des conciles hérétiques, entre autres ceux qui ont rédigé le symbole semi-arien, où les évêques signataires ont été deux fois plus nombreux qu'à celui de Nicée, où les empereurs ont accepté l'hérésie, où les patriarches l'ont proclamée, et où les papes s'y sont soumis : car l'apostasie du pape Libère n'est sujette à aucun doute. […] D'où vient donc que ces conciles sont rejetés quoiqu'ils n'offrent aucune différence apparente avec les conciles oecuméniques? C'est de ce que leurs décisions n'ont pas été reconnues pour être la voix de l'Église par « tout le peuple ecclésiastique », par ce peuple où dans les questions de foi il n'y a pas de différence entre le lettré et l'ignorant, l'ecclésiastique et le laïque, l'homme et la femme, le souverain et son sujet, le maître et l'esclave, où quand il le faut, selon la volonté de Dieu, l'adolescent reçoit le don de la vision et l'enfant la parole de sagesse, et le berger illettré démasque et réfute l'hérésie de son savant évêque, afin que tous ne soient qu'un dans l'unité libre de la foi vivante qui est la manifestation de l'Esprit de Dieu. C'est là le dogme qui gît au fond de l'idée même du concile. Or, comment et de quel droit prendra-t-il part au concile, celui qui, comme le réformé, a remplacé la sainteté de la foi universelle par l'indépendance de l'opinion individuelle? ou celui qui, comme le romain, a donné au rationalisme de l'opinion diocésaine les droits qui n'appartiennent qu'à l'inspiration de l'Église universelle? Si la vérité de Dieu a pu se révéler au monde occidental assez clairement pour que cette révélation soit devenue un article de foi sans avoir eu besoin d'être confirmée par l'Orient, à quoi bon un concile? Qu'aura à faire l'ilote grec ou russe auprès de ces vases d'élection, auprès des représentants de ces peuples qui se sont oints eux-mêmes du saint chrême d'infaillibilité? Un concile n'est pas possible, à moins que l'Occident, revenant à l'idée même des conciles, ne commence par condamner son usurpation et toutes ses suites, c'est-à-dire par revenir au symbole primitif et par soumettre l'opinion qui l'avait altéré au jugement de la foi universelle. En un mot, pour qu'un concile soit possible, il faut que le rationalisme qui met la raison humaine ou une garantie quelconque à la place de l'amour mutuel soit clairement compris et condamné. Ce n'est donc point un concile qui comblera l'abîme, car l'abîme doit être comblé avant que le concile puisse se réunir *.
·Note de Khomiakov: Telle est évidemment la conviction du grand Marc d'Éphèse, quand, à l'assemblée religieuse de Florence, il exigeait que le symbole fût restauré dans sa pureté et que la clause intercalée ne fût plus exprimée que comme une opinion hors du symbole. Laissant à Dieu le soin de rectifier l'erreur, il la rendait innocente en ce qu'il l'excluait du dogme, c'est-à-dire de la profession de foi. L'hérésie contre l'Église était rejetée par là même, et la communion redevenait possible. Mais l'orgueil du rationalisme ne voulut pas se condamner.

Suite au texte de Khomiakov il faut aussi relire sur le forum la rubrique suivante :
Saint Ambroise du désert d'Optina et la fin des temps
Olia: Jeu 26 Juin 2003 17:06 texte traduit par
Catherine: Mer 13 Aoû 2003 8:23
Dernière modification par Antoine le jeu. 08 mars 2007 16:27, modifié 7 fois.
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