communion fréquente

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Antoine
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Inscription : mer. 18 juin 2003 22:05

Message par Antoine »

Il serait très bon de mettre sur le forum un texte significatif de chacun de ces pères sur ce sujet de la communion fréquente.
Si vous avez un peu de temps merci d'avance.
Jean Malliarakis
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Inscription : lun. 09 févr. 2004 19:48

Fréquente communion

Message par Jean Malliarakis »

La question posée est très importante et on doit remarquer qu'il n'existe en fait aucune réponse théologique "définitive", et certainement pas en faveur d'une pratique de la communion "rarissime" qui a prévalu à de nombreuses reprises dans l'histoire du christianisme.

Partant de cette constatation, on peut donc dire, de tout courant spirituel prétendant combattre, en tant que telle, la fréquente communion, que ce courant est, par définition, sinon hérétique du moins le germe d'une hérésie, souvent une hérésie en herbe. L'hérétique est, ici, de façon caractéristique, celui qui "prend parti".

Cela ne veut pas dire que la fréquente communion soit toujours recommandable, en toutes circonstances. Elle peut même sembler scandaleuse (et donc être effectivement objet de scandale) quand elle est dissociée d'un minimum de repentir.

Lisons attentivement nos prières eucharistiques orthodoxes. Elles sont excessivement claires, comme sont clairs les textes, et les contextes vétéro-testamentaires, de "ceci a toujours vos lèvres, vos péchés sont pardonnés" (Isaïe).

Cette clarté est tellement lumineuse qu'elle en devient objet de ténèbre, centre du mystère.

On sait par exemple que les premiers chrétiens ne dissociaient pas la liturgie de l'eucharistie. La dissociation est venue à partir des conversions massives et du statut officiel du IVe siècle.

La protestation contre la communion systématique, automatique, érigée au rang d'acte insignifiant et symbolique, est quelque chose de parfaitement compréhensible.

C'est la même démarche qui semble s'ébaucher actuellement en Roumanie avec le courant restrictif hostile à la fréquente communion : des gens très estimables, qui trouvent que l'on communie trop facilement, comme s'il ne s'agissait pas du Corps et du Sang du Christ.

Simplement une telle démarche est dangereuse, dès lors qu'elle est systématisée.

Nous en avons un exemple frappant chez les catholiques, avec le Jansénisme.
Et cet exemple, nous pouvons l'observer "objectivement" en tant qu'orthodoxes.
Quand Cornelius Jansen dit Jansenius écrit le fameux Augustinus ce courant spirituel, apparemment estimable, a déjà commencé son existence de secte qui va, de plus en plus se rapprocher des positions hyper augustiniennes du calvinisme, notamment sur la prédestination (un dogme augustinien irrecevable pour l'Orthodoxie). Sur les origines évidemment sectaires, dès la rencontre entre Duvergier de Hauranne futur abbé de Saint-Cyran et Jansen, puis sur les dérives du mouvement janséniste il faut avoir lu Port-Royal de Sainte-Beuve.
La même année qu'est publié l'Augustinus, en 1643, paraît le fameux pamphlet d'Arnauld contre la Fréquente Communion. C'est le début d'une polémique de plusieurs décennies dont le catholicisme français n'est toujours pas relevé, car les terribles attaques de Pascal (disciple d'Arnauld) contre les Jésuites vont annoncer et engendrer ceux de Voltaire contre les chrétiens.

Ce qui déchire les occidentaux c'est la question de la "grâce", grâce sans laquelle toute communion est supposée "sacrilège".

Dès 1610, sachant le mal que fait la problématique de la grâce, héritée de saint Augustin, l'Église romaine interdit qu'on en fasse un objet de dispute.

Elle l'interdit, mais elle ne peut pas l'empêcher, car toute la théologie romaine, et sa dérivée antagoniste protestante est obsédée par la "grâce". Tout cela vient de la réception surdimensionnée d'Augustin en occident. Tant que l'augustinisme sera encore la racine centrale de Rome, les catholiques seront empoisonnés par cette affaire.

La réponse orthodoxe ne peut pas se cantonner dans les quelques préceptes (louables) avancés à propos du jeûne eucharistique : la question de la grâce n'est pas de la diététique. Saint Paul l'a dit de façon très claire.

Personnellement j'ai acquis la conviction, depuis plusieurs années, qu'il fallait y travailler honnêtement, et sérieusement, car cela me semble un point essentiel de "l'estrangement" entre l'orient et l'occident chrétiens. Je suis très heureux d'avoir été mis, à l'Institut Saint-Serge, sur la voie de recherches dans les textes de saint Jean Cassien, recherches qui avancent et sur lesquelles je mettrai, dans quelques jours, mes travaux d'étapes sur le net, dès que le directeur de ces recherches m'aura confirmé que je ne suis pas trop dans l'erreur. J'avoue n'avoir aucun lien à proposer, en attendant, car les moteurs de recherches ne m'ont donné sur ce sujet que des choses insignifiantes.

Il y a heureusement, ou malheureusement, des choses intéressantes qui ne sont pas (encore) sur internet ! Ou que l'on a du mal à y trouver.

Pour ne pas surcharger le forum j'indiquerai mes petites productions, et surtout les références patristiques, dès qu'elles seront en ligne.
Yvette Le Quéré
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Inscription : lun. 26 juil. 2004 18:20

Communion fréquente

Message par Yvette Le Quéré »

DE LA COMMUNION FRÉQUENTE
Mgr Jean, évêque de Saint-Denis

La communion fréquente, même quotidienne, est conforme à l'enseignement des Pères de l'Église et aux Sacrés Canons.
L'Eglise primitive, ainsi que la majorité des Pères de l'Église, appelaient les fidèles à la communion fréquente et même quotidienne. Les Pères de l'Église, tels que Tertullien, Clément et Origène d'Alexandrie, saint Cyprien, saint Cyrille de Jérusalem, saint Ambroise, saints Hilaire de Poitiers, Chromacé d'Aquilée, Augustin, Cassien... voyaient dans les paroles de la prière dominicale : « Donne-nous aujourd'hui notre pain substantiel », en plus du pain terrestre le pain eucharistique de chaque jour.

Tous les Pères des premiers siècles conseillaient la communion quotidienne :
- Tertullien : « Les mains des Chrétiens touchent chaque jour le Corps du Seigneur » (P.L.t.1 ; col. 669).
- Saint Cyprien : « Les Chrétiens communient chaque jour, sauf faute grave ».
- Saint Clément et Origène d'Alexandrie parlent dans le même sens (P.G.t. IX ; col. 628 et T. XII ; col. 218).
- Saint Basile nous dit que les fidèles « communient jeudi, vendredi et dimanche et tous les jours de mémoire des Saints ». Il préfère la communion quotidienne et cite le cas des fidèles et des moines qui, le jour où ils ne peuvent pas se rendre à l'église, communient de leurs propres mains, chez eux (93ème épître, P.G.t.XXXII ; col. 484).
- Saint Jean Chrysostome, parlant du Sacrifice quotidien, regrette qu'on ne communie pas chaque jour (P.G.t.LXII ; col. 2889).

Mais déjà au IVème siècle la communion se raréfie. Saint Jean Chrysostome constate que certains Chrétiens ne communient qu'à l'Épiphanie, Carême et Pâques. Si la majorité des moines, selon le témoignage de Rufin, de Saint Barsanuphe (IVe) et de saint Théodore Studite, communie quotidiennement, la pratique de la communion chez les fidèles varie entre la communion quotidienne, fréquente, trois fois par an ou une fois l'année. Ainsi, les Pères de l'Église, tout en plaçant comme idéal la communion quotidienne, tolèrent les variations.
Les Règles canoniques n'obligent pas à la communion quotidienne, mais les 8ème et 9ème règles apostoliques ordonnent la communion aux prêtres et fidèles assistant à la liturgie et désapprouvent ceux qui, sans cause valable, s'y dérobent, car celui qui ne communie pas est un excommunié et se trouve hors de l'Église. Les Règles apostoliques reflètent la vie des trois premiers siècles, mais elles restent en vigueur jusqu'à notre époque, car le droit canonique orthodoxe les a placées au-dessus des sept conciles oecuméniques. Le premier concile oecuménique n'a pris plusieurs décisions qu'en les soumettant à l'autorité des Canons apostoliques. Ainsi, la non communion des prêtres ou des fidèles assistant à la liturgie reste une attitude irrégulière. Mais le IVème siècle, par économie, adoucit cette règle et réclame la communion au moins tous les trois dimanches.
Les époques se succèdent et la communion dégénère aussi bien en Orient qu'en Occident pour tomber enfin dans la tragique décadence des XV et XVIèmes siècles où les évêques même ne célébraient ni ne communiaient pendant des années, préférant la chasse et les banquets à l'eucharistie et préparant ainsi l'athéisme.
Heureusement, cet état déplorable fut combattu par des esprits éclairés d'en-haut, aussi bien en Orient qu'en Occident.
Guidé par le Saint-Esprit, le Patriarche Athénagoras de Constantinople a canonisé récemment saint Nicodème l'Hagiorite, maître spirituel qui prêcha à temps et contre-temps parmi les fidèles et les moines la communion quotidienne. Ce saint fut accusé, d'ailleurs, par des moines aveuglés, d'être un agent des Jésuites qui prônaient eux aussi la communion fréquente ; canoniste éminent, intime de la pensée patristique, saint Nicodème puisait en réalité sa doctrine dans la source orthodoxe. Saint Séraphin, Flamme de l'Esprit, Jean de Crondstadt, ce thaumaturge à la vertu d'Élie, et tant d'autres maîtres et guides spirituels incontestés, appellent à la communion fréquente, car elle procure une force spirituelle incomparable, introduit la chasteté des moeurs, fortifie les âmes dans leurs luttes, dévoile les ruses du démon.
Un des théologiens russes dit, à juste titre, que le régime normal d'un fidèle est la communion à la liturgie et qu'en cela il diffère d'un catéchumène, d'un pénitent ou d'un schismatique. Ainsi, actuellement, selon sa pensée, l'Église est composée du prêtre célébrant qui tient la place du fidèle et de la masse du peuple qui ne communie pas, semblable aux catéchumènes, pénitents et schismatiques.
Les Pères de l’Église « égaux aux apôtres et docteurs de l'univers », sont les « canons de la foi ». En les imitant, nous appelons à la communion fréquente et n'osons pas réclamer la communion quotidienne, sauf dans les cas très exceptionnels.
Nous devons noter que les anciens catholiques romains devenus orthodoxes sont profondément choqués par la rareté de la communion chez les orthodoxes orientaux, particulièrement chez les Grecs. Lorsque la délégation française, par exemple, se rendit à Constantinople, elle fut la seule à communier, à la grande joie du Patriarche Athénagoras.
Quelques orientaux peuvent s'étonner, étant donné leur habitude, de la communion fréquente des occidentaux. Tout en désirant la propagation de la communion fréquente dans l'Église universelle, nous pensons qu'il faut s'en tenir à l'esprit de tolérance, disant avec l'apôtre Paul « ne jugez pas ceux qui mangent ou ceux qui ne mangent pas ».
Saint Photius précise cette attitude : « Comme les usages diffèrent selon les lieux, que personne, s'il veut juger avec équité, ne s'avise de blâmer ceux qui les observent non plus que ceux qui ne les observent pas quand ils ne les ont pas reçus, pourvu qu'on ne touche pas à la foi ni aux ordonnances prises d'un commun accord ».
Mais c'est saint Augustin qui s'exprime de la façon la plus claire : « Les uns communient chaque jour, les autres à certains jours déterminés seulement. Ici, aucun jour ne se passe sans qu'on célèbre le Saint Sacrifice ; là, on ne célèbre les Mystères que les samedis et dimanches, ou le dimanche seulement. Les coutumes de ce genre sont librement observées et, pour un chrétien grave et prudent, le mieux est de faire ce qu'il voit faire là où il se trouve. Car il faut regarder comme indifférent ce qui n'est pas contre la foi ou les mœurs, et juger les choses du point de vue du milieu où l'on vit ».

Ainsi, conformément à l'esprit orthodoxe, que les Occidentaux qui prient dans les Eglises orientales respectent leur discipline et que les Orientaux qui prient chez nous fassent de même, car saint Augustin ajoute : « Comme le centurion et Zachée honorèrent tous deux le Sauveur, quoique diversement, ici et là, on honore le sacrement ici, en n'osant par respect le recevoir chaque jour, là, en n'omettant pas de le recevoir chaque jour pour l'honorer ».

Que notre tolérance témoigne de la « liberté intérieure des enfants de Dieu », mais réjouissons-nous de ce que la faim et la soif du Christ aient reparu ces derniers temps. Si les masses ne sont pas encore parvenues à la communion quotidienne, les chrétiens progressent de plus en plus vers la communion fréquente et les âmes se réveillent, le diable faiblit, les péchés sont combattus, un souffle de vie divine parcourt le peuple chrétien.

Quelle joie spirituelle se propage lorsque toute la communauté participe au Banquet Divin !

Mgr Jean, évêque de Saint Denis, sacré évêque par le saint archevêque Jean de San Francisco
Jean-Serge
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Communion fréquente

Message par Jean-Serge »

Existe-t-il des méthodes pour allier la communion fréquente (à laquelle je suis favorable) avec une non banalisation de cet acte qui devient courant et risque à la longue de devenir un peu machinal?

En dehors des prières avant et après la communion?
Priidite, poklonimsja i pripadem ko Hristu.
Volodimir
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Message par Volodimir »

Il n'y a pas de "methode" pour recevoir sans condamnation les precieux corps et sang de notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus Christ.

Ceci étant, vous aurez profit à :

-confesser régulièrement vos péchés et les pleurer
-jeuner avant la sainte communion
-entretenir le sentiment de votre complete indignité d'approcher de la Sainte Table, en même temps une confiance infinie en la miséricorde Divine
pascal
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Message par pascal »

Conditions générales pour la communion eucharistique - par Mgr Jean de Saint Denis
Les conditions que les Pères ont définies pour l'accès à la sainte Eucharistie ne définissent pas un "droit" car les saints canons ne relèvent pas du monde juridique, mais du monde de l'Église - monde ascétique, sacramentel et spirituel. Ces conditions définissent la possibilité pour l'être humain de recevoir la grâce du Saint-Esprit et d'être admis dans le Royaume. C'est là l'esprit des saints canons.
1. Condition dogmatique ecclésiale
Définition : Il est nécessaire d'être membre de l'Église orthodoxe pour pouvoir y communier.

Commentaire : On ne peut séparer la Tête du Corps, le Christ de son Église. Celui qui communie au Christ communie à l'Église, c'est-à-dire qu'il entre en union avec elle, avec son dogme, sa spiritualité, sa vie. Il est évident que celui qui confesse l'hérésie ou qui s'oppose à l'enseignement orthodoxe ne peut communier à l'Église. Celui qui la reconnaît comme la véritable Église du Christ et qui devient membre de son assemblée peut communier à sa table mystique.
2. Conditions canoniques
Définition : Il ne suffit pas d'être uni en esprit et en vérité à l'Église, il est indispensable d'être admis à la communion, par la hiérarchie, le prêtre étant son représentant.
Commentaire : Le Christ a donné à ses saints apôtres et à leurs successeurs le pouvoir de délier et de lier en discernant si le croyant peut communier. C'est le prêtre qui reçoit le croyant dans l'Orthodoxie, qui reçoit la confession de ses péchés, qui lui donne l'absolution et qui lui permet de communier. Il lie ou il délie.
3. Condition spirituelle
Définition : Le fidèle qui s'approche de la Sainte Table doit être pénétré de sa propre indignité et, en même temps, d'une confiance totale en la miséricorde divine.
Commentaire : Celui qui s'imagine être digne de s’approcher des redoutables mystères, communie " pour sa condamnation ". Il en est de même pour celui qui doute de la bonté de Dieu. Dieu résiste aux orgueilleux.
(Le ministère pastoral a pour rôle d'amener l'être humain aux dispositions spirituelles qui lui permettent de ne pas communier " pour sa condamnation ", mais " pour la vie éternelle ").
4. Condition morale
Définition : Il est des péchés qui ferment à l'être humain la porte du Royaume (1 Co 6,9-10). Ces fautes requièrent une pénitence préalable fixée par le prêtre ou le père spirituel : il s'agit principalement du meurtre, de l'adultère et de l'apostasie.
Commentaire : Le pécheur, après la confession, reçoit du confesseur une " pénitence " (épitimie) qui est un remède pour la maladie spirituelle qu'est le péché, et non une punition de caractère juridique. Cette " pénitence ", suivant l'importance du péché, l'état spirituel du pénitent et le discernement du père spirituel, sera brève ou longue (quelques mois, un an, plusieurs années...). Pendant les périodes de pénitence, le pénitent n'est pas reçu à la sainte communion. Mais, il n'est pas "excommunié" au sens fort. Il demeure membre de l'Église qui prie d'ailleurs pour lui comme elle prie pour les catéchumènes et pour les malades. L'Église a cette pratique, car elle sait qu'il est nécessaire de suivre les commandements du Christ pour être admis dans le Royaume. C'est donc autant par souci du salut du pénitent qu'elle fait cela, que pour souligner la sainteté et la pureté du Corps du Christ, qui est à la fois le sacrement de l'Eucharistie et le sacrement de l'Église
5. Condition évangélique
Définition : Seul, celui qui s'est réconcilié avec son frère, au moins dans son coeur, peut communier.
Commentaire : C'est le Christ lui-même qui demande la réconciliation fraternelle avant l'offrande (Mt 5,23-24). L'Eucharistie est le sacrement de l'union, de l'amour et de la réconciliation. Celui qui dit qu'il aime Dieu et qui n'aime pas son frère est un menteur, écrit le saint évangéliste Jean dans son épître (1 Jn 4,20).
6. Condition ascétique
Définition : Le jeûne eucharistique est demandé par l'Église avant la communion.
Commentaire : Ni le Christ (après le souper, il prit la coupe) ni l'Église des premiers siècles (les agapes précédaient l'Eucharistie) ne réclamèrent le jeûne eucharistique. Toutefois, dès le 4e siècle, les Pères commencèrent à le demander, et c'est encore la pratique de l'Église. Nous savons que le Christ lui-même a jeûné quarante jours avant de commencer à se donner en nourriture par son enseignement, son exemple et finalement sa Pâque. Le jeûne constitue une bonne préparation spirituelle à l'Eucharistie, en conduisant le croyant à se purifier de ses fautes et à acquérir à la fois le sens de son indignité et celui de la miséricorde de Dieu. Il approfondit la faim et la soif spirituelles que veut satisfaire le Christ lui-même. La pratique actuelle de l'Église prévoit un jeûne depuis minuit pour la communion matinale.
7. Condition de piété
Définition : L'Église propose de se préparer à la sainte communion par des prières, par la confession des péchés et différentes formes d'abstinence réglées avec le père spirituel, compte tenu des dispositions et des forces de chacun.
Commentaire : L'Église pose la nécessité de se purifier pour Dieu et de rompre avec tout ce qui entrave l'homme intérieur et l'empêche de recevoir l'Esprit Saint.
Telles sont les sept principales conditions qui permettent l'accès à la Sainte Table dans l'Église orthodoxe. Elles se ramènent à trois : être membre du laos de l'Église par la Foi ; être réconcilié avec tous ; être préparé intérieurement par la métanoïa personnelle. Ces conditions permettent une vie sacramentelle féconde et, en particulier, la communion fréquente sans banalisation. C'est ce qu'ont souhaité les Pères orthodoxes comme saint Cyprien, saint Basile, saint Jean Chrysostome et, plus près de notre époque, saint Nicodème de l'Athos, saint Jean de Cronstadt le Thaumaturge et plusieurs prélats actuels.[/b]Extrait du livre de Maxime Kovalevsky, Orthodoxie et Occident, pp. 432
pascal
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Message par pascal »

j'ai trouvé ces deux textes sur le même sujet sur internet, les titres desouvrages sont mentionnés, ainsi que les pages, mais je ne sais pas quelles sont les éditions...

« Nous ne devons pas toutefois nous suspendre nous-mêmes de la communion du Seigneur, parce que nous avons conscience d’être pécheurs. Au contraire, nous irons la recevoir avec une avidité plus grande, afin d’y trouver la santé de l’âme et la pureté de l’esprit, mais dans les sentiments de l’humilité et de la foi, nous jugeant indignes d’une telle grâce, et cherchant plutôt le remède à nos blessures.
Si nous attendons d’être dignes, nous ne ferions pas même la communion une fois l’an. Cette pratique de la communion est celle de plusieurs qui demeurent dans les monastères. Ils se forgent une telle idée de la dignité, de la sainteté, de la grandeur des divins mystères, qu’il ne faut pas s’en approcher, à leur sens, que si l’on est saint et sans tache, et non pas plutôt afin de le devenir. Ils pensent éviter toute présomption orgueilleuse. En réalité, celle où ils tombent est plus grande ; car, le jour du moins où ils communient, ils se jugent dignes de la communion. Combien est-il plus raisonnable de recevoir les mystères sacrés chaque dimanche, comme le remède à nos maladies, humbles de cœur, croyant et confessant que nous ne saurions mériter cette grâce : au lieu de nous enfler de cette vaine persuasion, qu’au moins nous en serons dignes au bout de l’an ! »
Jean Cassien, " Conférence XXIII : De l’impeccabilité ", pp. 167-68.
Saint Nicolas Cabasilas se fait l’avocat de la communion fréquente, spécifiquement à cause de notre fragilité :
« Nous sommes faits de matière si fragile que le sceau [divin] risque d’être effacé, car nous portons ce trésor en des vases d’argile (2 Co 4,7). Nous prenons donc ce remède, non pas une seule fois, mais continûment » La Vie en Christ, p. 172.
pascal
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Message par pascal »

il semblerait que Saint Macaire de Corinthe ait écrit un ouvrage:Au Sujet de la Communion Fréquente aux très Purs Sacrements du Christ, où il se prononçait chaleureusement en faveur de cette dernière, les saints Canons et les écrits des saints Pères à l'appui. je ne sais pas par contre s'il a été édité en français...

il semblerait également que Saint séraphim de Sarov y fut favorable, ainsi que Saint Nicodème l'Aghiorite, mais là je n'ai pas de références d'ouvrages à vous donner, peut etre d'autres sur ce forum...
pascal
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Message par pascal »

j'ai encore trouvé ces éléments:

Au IIIe siècle, pour Cyprien, dans son traité sur l'Oraison dominicale, il faut "craindre, en s'abstenant du corps du Christ, de se séparer du salut : "si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'Homme et ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas la vie en vous-même" (Jn 6, 54). Et par conséquent nous demandons que nous soit donné chaque jour notre pain, c'est-à-dire le Christ pour ne pas nous éloigner de la sanctification et du corps du Christ, nous qui demeurons et vivons en Lui" (§ 18).

Vers l'an 372, saint Basile, écrivant à une femme, lui dit : "Communier tous les jours, participer continuellement à la Vie, c'est vivre en plénitude" (Lettre 93, RJ 916). Puis le saint ajoute : "Nous communions chaque semaine quatre fois (dimanche, mercredi, vendredi et samedi)". (c’est pas tous les jours mais déjà c’est très fréquent ! (note de pascal)

saint Ambroise, évêque de Milan, dans son Traité sur les sacrements, s'exprime en ces termes : "Que te dit l'Apôtre ? Chaque fois que nous Le recevons, nous annonçons la mort du Seigneur (I Cor 11, 25-26). Si nous annonçons la mort du Seigneur, nous annonçons la rémission des péchés. Son sang est répandu pour la rémission des péchés. Je dois toujours Le recevoir pour que toujours Il remette mes péchés. Moi qui pèche toujours, je dois toujours avoir un remède. Tu entends dire que chaque fois qu'on offre le sacrifice, on représente la mort du Seigneur ainsi que la rémission des péchés, et tu ne reçois pas chaque jour ce pain de vie ! Celui qui a une blessure cherche un remède. Le remède, c'est le vénérable et céleste sacrement" (De Sacramentis, IV.6.26. et V.4.25-26).

je précise que je n'ai pas tous ces ouvrages dans ma bibliothèque... c'est le fruit d'une recherche sur le net.
Antoine
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Message par Antoine »

C'est un très bonne recherche et merci infiniment à Pascal pour tous ces textes.
Quand on cite un texte pris sur le net, il faut toujours en indiquer le lien par respect de ceux qui l'ont construit. C'est la façon que le forum a de remercier la personne qui s'est donné le mal de mettre à disposition l'information.

Volodimir je retiens votre formule :"-entretenir le sentiment de votre complete indignité d'approcher de la Sainte Table, en même temps une confiance infinie en la miséricorde Divine"
"entretenir ce sentiment" c'est vraiment l'expression juste.
pascal
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Message par pascal »

désolé d'avoir mois les liens... je vais m'y employer à partir de maintenant...

j'ai trouvé:

Saint Théodore le Studite écrit dans ses «Catéchèses» qu'il exhortait ceux qui relevaient de son obédience : «Pères et frères, fuyons la gloutonnerie et l'ivresse qui sont la cause de tous les péchés. Mangeons et buvons avec piété et dans la crainte de Dieu. Et celui qui ne mange qu'une fois par jour n'est pas très loin de la perfection de l'abstinence. Jésus Christ Lui-même dans le "Notre Père" nous ordonne de nous procurer la nourriture nécessaire à notre subsistance. Et efforçons-nous de communier plus fréquemment et non seulement le dimanche.» Dans ce passage nous voyons que saint Théodore le studite instruisait ses moines qui s'abstenaient en mangeant tous les deux ou trois jours afin de briser leur volonté. Le saint leur enseignait que manger une fois par jour était de l'abstinence, il leur conseillait en outre de communier plus souvent et non seulement le dimanche. Il est à noter que les moines de saint Théodore jeûnaient de façon aussi stricte et cependant, ils n'osaient pas communier fréquemment mais seulement le dimanche. Alors qu'aujourd'hui certaines personnes qui mangent et boivent à satiété demandent avec insistance la communion chaque jour.
http://membres.lycos.fr/orthodoxievco/bul/47.htm
sur le même lien:
Nous pensons qu'il est suffisant de dire que ceux qui communient fréquemment sont ceux qui mènent toujours une vie spirituelle et qui, pour cette raison ne cessent de s'abstenir et de jeûner. «L'Église en aucun cas ne retient celui qui s'est préparé moralement et pour cette raison, il peut communier chaque jour de la semaine ou deux et trois fois, ou encore selon saint Basile le Grand, quatre fois par semaine, toujours après s'être confessé et avec l'accord de son père spirituel. Il ne peut être question de nourriture riche ou de gloutonnerie la veille. Car le chrétien qui ne peut contourner de tels obstacles matériels, qui ne peut pas ne manger que ce qui suffit à vivre et pour qui la question de la nourriture prise avant la sainte communion pose des problèmes, celui-ci ne peut parler de divine communion fréquente, laquelle présuppose une façon de vivre profondément spirituelle. La divine communion fréquente, telle que l'entend saint Basile le Grand exige une abstinence continuelle, constante, spontanée et suivie de plein gré ainsi qu'un jeûne ininterrompu»

nombreux passages que j'avais donné sur la communion fréquente au lien suivant:http://www.pagesorthodoxes.net/liturgie/bienfaits.htm (6ème partie, il est mentionné dans les notes en bas de page les différents ouvrages ou écrits dont les passages sont tirés).
Monique
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Message par Monique »

Dans ses écrits spirituels Saint Jean de Kronstadt a écrit un beau texte sur la communion , où le problème n’est pas dans la communion fréquente ou non, mais dans «comment je communie ».

« Admire comme il le mérite, le plus grand des miracles de Jésus Christ, je veux dire celui qui s'accomplit quand tu reçois avec foi la communion de son saint sacrement. Les premiers résultats sensibles de ce miracle sont le soulagement évident et la résurrection de ton cœur que le péché avait tué, la disparition du trouble et de la torpeur
mortelle de l'âme que nous ressentons si souvent même avant la communion. Oh prends garde que par l'effet de l'habitude, le sacrement ne devienne pour toi une chose ordinaire et insignifiante ! car la tiédeur et l'indifférence auraient pour toi des conséquences funestes. Elles t'exposeraient à la Colère de Dieu et tu ne goûterais plus après la communion la paix et la vie. Tu dois au contraire te pénétrer du sentiment de la plus vive gratitude pour le don d'une vie nouvelle que tu reçois du Seigneur, et ta foi doit s'accroître de plus en plus en raison même de ce don. Le trouble et l'anxiété ne peuvent venir que du manque de foi.
Si tu les ressens pendant la communion, ils ne se produisent que pour le prouver que le manque de foi t'éloigne de la vie qui est enfermée dans le calice. N'y fais aucune attention, mais demande au Seigneur la foi qui les met en fuite. Ô foi chrétienne, foi divine, c'est toi qui nous guéris et nous sauves : Ta foi l'a guérie ! (Mc 5,34). Quel calme, quelle paix règne dans notre cœur quand nous venons de converser avec le Seigneur dans un sentiment de foi naïve et sincère ! Mais hélas ! si la foi manque, c'est le contraire qui arrive souvent, après une communion sacrilège.

Satan s'empare de notre cœur; il fait tout ses efforts pour glisser en nous le mensonge, c'est-à-dire l'incrédulité, ce synonyme du mensonge. Homicide depuis des siècles, il s'efforce de tuer les âmes par son astuce et par toute sorte de mauvaises pensées.
En se glissant dans le cœur sous le masque de l'incrédulité ou de toute autre passion, il se manifeste ensuite plus violemment surtout par l'impatience et la malice. Souvent tu vois qu'il est dans ton coeur, mais tu ne peux pas l'en chasser sur le champ, car une fois entré il a soin d'en fermer toutes les issues avec la clef de l'incrédulité, de l'insensibilité et de tous les autres vilains vices qui forment son cortège. Mais c'est en vain que tu travailles en moi, chef déchu de la milice céleste; je suis le serviteur de Jésus Christ mon Sauveur. Être orgueilleux et arrogant, tu t'abaisses par ta lutte acharnée contre moi qui suis un être, faible ! »

http://membres.lycos.fr/saintnicolas/newpage62.html
pascal
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Message par pascal »

Saint Cyprien de Cathage sur la communion fréquente, un passage plus complet:
On peut entendre ces paroles dans le sens spirituel et dans le. sens naturel et; dans ces deux cas, par la grâce de Dieu, elles servent au salut. Le pain de vie c’est le Christ, et ce pain n’est pas à tous, mais à nous, chrétiens. Nous disons Notre Père, parce que Dieu est le père des croyants, de même nous disons notre pain, parce que le Christ est notre nourriture, à nous qui mangeons son corps. Or, nous demandons que ce pain nous (213) soit donné chaque jour; car notre vie est dans le Christ, et l’Eucharistie est notre nourriture quotidienne. Si donc, par suite de quelque grave faute, nous étions privés de la participation au pain céleste, nous serions,, par cela même, séparés du corps du Christ. Écoutez sa parole : Je suis le pain de vie descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement, et le pain que je lui donnerai c’est ma chair que je livre pour le salut du monde. (Joan., VI) D’après cette parole, il est évident que ceux qui mangent le pain eucharistique et reçoivent dans la communion le corps du Sauveur vivent éternellement Par suite, en s’éloignant du corps de Jésus-Christ, on doit craindre de s’éloigner de la voie du salut. D’ailleurs la parole du maître est formelle Si vous ne mangez la chair du fils de l’homme et si vous ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Ainsi donc nous réclamons notre pain quotidien, c’est-à-dire le Christ, afin que nous, dont la vie est dans le Christ, nous demeurions toujours unis à sa grâce et à son corps sacré.

l'ensemble du texte: de l'oraiison dominical peut se retrouver au lien suivant:http://membres.lycos.fr/abbayestbenoit/ ... raison.htm
pascal
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Message par pascal »

de saint Nicodème l'aghiorite, extrait de:De la fréquentation de l'Eglise
le texte entier, que je vous recommande chaudement, est disponible au lien suivant:http://membres.lycos.fr/saintnicolas/newpage6.html

Quand nous avons faim, nous nous mettons à table pour nous restaurer, et quand nous avons soif nous allons boire à la fontaine pour nous désaltérer.

Ainsi doivent agir les Chrétiens affamés du Pain Substantiel, qui est le Corps Vivifiant du Seigneur, et du Pain Spirituel qui est la Parole de Dieu, Sa Doctrine, comme l'a très bien dit Saint Grégoire le Théologien: "Le Pain, c'est la Parole Divine, dont se nourrissent les âmes affamées de Dieu."

Ainsi doivent agir les fidèles assoiffés de la Boisson éternelle, qui est le Sang vivifiant de Notre Seigneur Jésus-Christ, de la boisson spirituelle qui est le vin de la Parole et de la Doctrine Divines.

Voilà pourquoi le Chrétien qui a faim et soif doit par nécessité aller à l'Eglise pour se restaurer à la Table Mystique qui porte le Corps du Seigneur et la Parole Divine, et étancher sa soif, par le Sang du Seigneur Qui véhicule la vie, et par les eaux de la doctrine des Saintes Ecritures, qui coulent dans l'Eglise.

Car si nous n'allons pas à l'Eglise fréquemment pour y manger ces Mets et boire ces Breuvages immortels qui donnent la vie, nos âmes mourront, comme l'a dit le Seigneur: "Si vous ne mangez pas la Chair du Fils de l'Homme et si vous ne buvez pas Son Sang, vous n'aurez pas la Vie en vous" (Jn 6:53)

Tous ces Biens, cette double Nourriture et ce double Breuvage, se trouvent dans la Maison de Dieu, la Sainte Eglise. Voyant cela à l'avance, David le divin prophétise et dit: "Nous nous rassasierons des biens de Ta Maison, de la Sainteté de Ton Temple" (Ps.64:5).

Le Prophète Joël, à Propos du breuvage qu'est la doctrine divine, qui jaillit dans l'Eglise et abreuve les Chrétiens desséchés, qui comme le jonc ne portent pas de fruits: "En ce jour là, une source jaillira de la Maison du Seigneur, elle arrosera la vallée des joncs" (Jo.3:18).
pascal
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Message par pascal »

dans les canons apostoliques on peut lire:

9. De tout clerc ou laïc qui part de la messe avant la grande prière de la fin.
Tous les fidèles qui restent dans l'église et entendent la lecture des saintes écritures, mais ne restent pas à la prière eucharistique et à la communion, il faut les excommunier.
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