La paix religieuse d'Augsburg

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Youra
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Message par Youra »

En 1555 ans en Allemange etait signer le paix religeieuxe entre les catolique et les protestants.
Dans la ville Аугсбург.
Comment il s'appelle en français (la ville) et que vous pensez de lui.
C'est pour le bien du monde où c'est mal et l'Eglise catolique était obligé continuer la guerre contre les protestants?
Youra
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Message par Youra »

Je remercie la personne qui a placé mon message dans le forum général. Maintenant, je sais comment s'appelle Аугсбург :-)
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Ura fromme Russie a écrit :Je remercie la personne qui a placé mon message dans le forum général. Maintenant, je sais comment s'appelle Аугсбург :-)
Augsburg, c'est l'orthographe allemande. En français, on orthographie Augsbourg. C'est une ville de Franconie, au nord de l'actuel Land de Bavière, mais qui ne faisait pas partie de la Bavière historique et qui n'y a été rattachée que par la grâce de Napoléon Bonaparte quand celui-ci réorganisait les Allemagnes en favorisant ses alliés saxons ou bavarois et en défavorisant ses ennemis prussiens ou autrichiens.

La paix d'Augsbourg a consisté à adopter le principe dit en latin cujus regio, ejus religio: chacun devait avoir la religion de son prince. Ce principe ne valait qu'à l'intérieur du prétendu Saint Empire romain germanique (heiliges römisches Reich deutscher Nation) qui n'était ni saint, ni romain, ni même complètement germanique. Il voulait dire en pratique que l'empereur Habsbourg renonçait à éradiquer le luthéranisme et le calvinisme chez les princes allemands qui avaient choisi ces confessions.
Ce principe n'introduisait aucunement la liberté religieuse. Si le sujet d'un prince catholique romain voulait embrasser la foi luthérienne, il devait émigrer vers un Etat gouverné par un prince luthérien. Une des rares entorses à ce principe fut que les Hohenzollern, calvinistes, gouvernaient une Prusse luthérienne (ils n'avaient pas réussi à imposer le calvinisme à leurs sujets).

Les seuls Etats qui ont connu une liberté religieuse plus ou moins limitée à cette époque furent la Transylvanie (liberté religieuse pour les romano-catholiques, luthériens, calvinistes et unitariens; tolérance en fait entachée d'opression et de discriminations à l'égard de la majorité orthodoxe de la population), la Pologne (seulement jusqu'en 1596, date à laquelle les rois de Pologne prononcèrent l'interdiction de l'Eglise orthodoxe), la France (à l'égard des calvinistes, seulement jusqu'à l'Edit de Fontainebleau en 1685; à l'égard des luthériens, seulement en Alsace; à l'égard des orthodoxes, de manière théorique suite à un traité conclu par Louis XIV avec la Russie) et l'Empire ottoman (liberté religieuse très limitée entre les différentes confessions chrétiennes sur un fond d'oppression, de persécution, de discrimination et d'islamisation forcée).
Youra
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Message par Youra »

Cujus regio, ejus religio – c’est très bien, comment faut il dire cela en Français????
Je suis d’accord avec vous et je pence, que cette paix – n’est pas proclamation de la liberté de conscience, parce que chaque prince determiné la foi de ses sujets.
Pourtant, pour ce moment-là cette liberté de Rome même était résultat positif.
Ou non?
christianc
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Message par christianc »

Cujus regio, ejus religio – c’est très bien, comment faut il dire cela en Français????
Un roi une religion....
Youra
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Message par Youra »

Merci bien, Christianc!
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Ura fromme Russie a écrit :Cujus regio, ejus religio – c’est très bien, comment faut il dire cela en Français????
Je suis d’accord avec vous et je pence, que cette paix – n’est pas proclamation de la liberté de conscience, parce que chaque prince determiné la foi de ses sujets.
Pourtant, pour ce moment-là cette liberté de Rome même était résultat positif.
Ou non?
Oui, c'était déjà un grand progrès, la voie ouverte vers la paix en Europe et la possibilité de la coexistence, d'abord dans l'intolérance, puis ensuite dans la tolérance et le respect mutuel, mais de terribles épreuves jalonnaient encore le chemin vers la paix - sans même parler du chemin vers la liberté de conscience.

En effet, les tenants de la Contre-Réforme n'ont même pas accepté la liberté de consience pour les princes et les Habsbourg ont fait tout leur possible pour anéantir le protestantisme, puis l'Orthodoxie, dans les pays qui étaient sous leur domination.

Les Habsbourg ont ainsi été à l'origine d'une quantité effroyable de guerres politico-religieuses dont la dernière a été la Première Guerre mondiale, lancée par le gouvernement revanchard et clérical austro-hongrois pour venir à bout de la Serbie orthodoxe et du mouvement des nationalités, au cri fameux de Serbien muß sterben.

Il y a quand même une justice, puisque les Habsbourg furent emportés par la guerre qu'ils avaient déclenchée.

Mais il ne faut pas oublier que la première guerre religieuse lancée par les Habsbourg au mépris de la paix d'Augsbourg fut aussi la plus meurtrière: la guerre de Trente Ans (1618-1648), déclenchée par la recatholicisation forcée de la Bohême, emporta un tiers de la population de l'Europe centrale. Les Etats protestants allemands ne durent leur salut qu'à l'intervention du Danemark, de la Suède de Gustave-Adolphe et de la France de Louis XIII et du cardinal de Richelieu, très catholique, mais aussi très hostile aux Habsbourg. La France est entrée dans la guerre en 1635 et l'a poursuivie, mais cette fois-ci contre les seuls Habsourg d'Espagne, jusqu'en 1659 (alors que la guerre avec les Habsbourg d'Autriche s'est terminée en 1648).

A la suite de la paix de Westphalie en 1648, les Habsbourg ont dû respecter une bonne fois pour toutes le principe cujus regio, ejus religio à l'intérieur de l'Empire germanique. Ils ont donc tourné leur offensive religieuse contre les régions de leurs Etats qui ne faisaient pas partie du
Saint-Empire (Hongrie, Transylvanie...).

La principale conséquence religieuse de la guerre de Trente Ans a été l'éradication du protestantisme en Bohême, mais on ne peut pas pour autant dire que cela ait abouti au triomphe du catholicisme. Bien plutôt, les anciens protestants de Bohême, convertis de force à la religion professée par les Habsbourg, sont devenus indifférents. La Bohême est donc devenue assez vite une région exceptionnellement sécularisée selon les critères de l'Europe centrale, et cela s'est traduit en 1946 par les résultats étonnants du parti communiste dans cette région (au cours d'élections encore libres), de telle sorte que les communistes tchèques, disposant d'une base que n'avaient pas leurs homologues hongrois, roumains ou polonais, ont pu mener à bien pratiquement par eux-mêmes la soviétisation de la Tchécoslovaquie.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Ura fromme Russie a écrit :Cujus regio, ejus religio – c’est très bien, comment faut il dire cela en Français????
La traduction française la plus autorisée est:

A chaque pays sa religion.

Je l'ai trouvée dans la notice Cujus regio, ejus religio rédigée par Jean Bérenger pour le fabuleux Dictionnaire du Grand Siècle publié sous les auspices de François Bluche chez Fayard.

La notice indique aussi que dans sa forme originelle, le principe ne laissait le choix aux souverains qu'entre le catholicisme et le luthéranisme. C'est la paix de Westphalie de 1648 qui a entériné la possibilité de choisir le calvinisme, même si celui-ci avait été adopté depuis des décennies par plusieurs Etats germaniques.
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