Vous ne précisez pas ce que vous cherchez à comprendre.reisirec a écrit :Je cherche à comprendre car voici un texte de Placide Deseille .....
Il existe sur le forum, à côté de l’icône de Blandine, une fonction "rechercher". Vous avez ensuite le choix d’une recherche par rubrique (sujets) ou d’une recherche par message :Pouvez-vous me préciser ces canons SVP ?
"Afficher les résultats sous forme de: Messages......................Sujets"
L’utilisation de cette fonction vous aurait permis de trouver les canons et les échanges sur ces canons.
Rubrique : "Mémoire de Saint Sébastien le 18 décembre"
A l’adresse suivante :
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Le texte que vous citez est extrait de l'article du Père Placide Deseille "Etapes d'un Pélerinage" publié en 1984 dans le N° 95 de la revue "le messager orthodoxe". Le Père Placide, ancien moine cistercien, y raconte son cheminement du catholicisme à l'orthodoxie. Vous en présentez un extrait du chapitre intitulé:"La question du baptême" . Car effectivement le baptême du Père Placide avait à l'époque scandalisé un certain nombre de penseurs Catholiques romains indignés et d'oecuménistes orthodoxes qui confondent toujours union et unité.
La note 22 de l'extrait que vous présentez est importante bien que vous ne la citiez pas:
La note 22 a écrit : Cf. notamment l'excellente étude de Y.Congar sur l'« Économie »: «Les théologiens orthodoxes, à l'exception de quelques-uns, (...) en restent à une affirmation massive selon laquelle il n'y a vraiment sacrements que dans l'unique Église... Cette position (...) semble bien approcher d'une position commune et traduire un fond traditionnel de la pensée orthodoxe» (Y. Congar, Propos en vue d'une théologie de l'« Économie » dans la tradition latine, dans « Irenikon », 1972, p. 180 et 183). L'auteur anonyme de l'éditorial de ce même numéro d'Irenikon soulignait judicieusement les limites de la théologie augustinienne qui a prévalu en Occident, en ce qui concerne les sacrements des hétérodoxes : «Depuis le XIIIe siècle, une erreur d'optique a détaché, chez nous, les sacrements de l'ecclésiologie. Ce fait nous paraît être l'aboutissement logique de la lente évolution des positions assumées par l'Occident depuis la lutte contre le donatisme. Progressivement, la théologie du Saint-Esprit en a fait les frais jusqu'à une élimination presque complète de son rôle dans la relation entre les sacrements et l'Église. Vatican II a essayé d'y remédier. Très timidement. Quelquefois maladroitement, avec plus de bonne volonté que de vision d'ensemble» (l.c., p. 153-154). On peut dire en tout cas que, dans l'ensemble de la tradition, depuis le IIIe siècle, il n'a jamais existé une unanimité en faveur de la reconnaissance des sacrements des hétérodoxes ; et dans les églises non-latines, c'est bien plutôt la position opposée qui a prévalu. Cf. aussi P. L'Huillier, Les divers modes de réception dans l'Orthodoxie des Catholiques romains, dans «Le Messager orthodoxe », n° 82, 1979/1, et id., Économie ecclésiastique et réitération des sacrements, dans «Irénikon », 1937, p.228-247 et 338-362.
La suite du texte du Père Placide dans ce chapitre ne manque pas d'intérêt car il répond à la question de la "validité" des sacrement qu'il a "conférés" lorsqu'il était catholique romain.
La remarque du Père Placide sur les dons du St Esprit ne me semble pas correcte. "L'esprit Saint souffle où il veut" signifie que l'Esprit Saint souffle pour amener toute personne à l'Eglise du Christ, pour que toute vie redevienne une vie en Christ. Dans cette proposition le souffle de l'Esprit ne semble pas être lié à la dispensation de la grâce sacramentelle. L'Eglise est créé à la pentecôte pour la dispensation de tous les sacrements. Un sacrement ne peut pas être séparé de la vie mystérique de l'Eglise et l'Eglise ne fait pas de hiérarchie dans ses sacrements. Ils ont tous une fonction selon les différents stades ou étapes de l'existence humaine mais en aucun cas une hiérarchie de valeur ne saurait engendrer une classification par ordre d'importance. Vie en Eglise, vie en Christ, vie sacramentelle sont une seule et même chose. Je ne vois pas comment on pourrait les dissocier. Cela explique par ailleurs pourquoi on baptise les petits enfants. Parce que pour un chrétien toute vie est une vie en Christ.Père Placide a écrit :L'Athos est une contrée où ne vivent que des moines, qui doivent tendre par état à réaliser le mieux possible toutes les exigences de la vie chrétienne et de la tradition de l'Église. Ils n'exercent aucune activité pastorale, et ne cherchent pas à exercer un quelconque prosélytisme, c'est-à-dire à attirer à l'Orthodoxie des adeptes par des voies de facilité. Il est donc normal qu'ils s'en tiennent, quant à eux, à l'acribie, sans blâmer pour autant ceux qui, placés dans des conditions différentes, recourent à l'économie.
La vocation de l'Athos est l'acribie en tous les domaines ; il est normal que les non-orthodoxes qui y deviennent moines y soient reçus par le baptême. Les moines de l'Athos n'en sont pas pour autant des hommes portés à toujours condamner les autres, faisant prévaloir la sévérité sur la miséricorde et attachés à un rigorisme étroit. Le problème se situe à un tout autre niveau.
On a écrit qu'en nous «imposant» un nouveau baptême, les moines de l'Athos nous ont contraints à nier et à bafouer tout notre passé de moines catholiques. On a écrit aussi, à l'inverse, que nous avions demandé le baptême, contrairement au désir de notre higoumène, pour plaire à la fraction la plus rigoriste des moines de l'Athos (24).
Ces affirmations ne correspondent en rien à la réalité. En fait, les moines de l'Athos ne nous ont rien imposé : ils ne nous ont pas obligés à devenir moines de l'Athos, et ils nous laissaient parfaitement libres d'être reçus dans l'Orthodoxie, ailleurs, d'une autre manière. Nous n'avons pas non plus cherché à plaire à qui que ce soit. Mais puisque nous avions choisi, comme il a été dit plus haut, de devenir moines du Mont Athos, nous ne pouvions qu'entrer dans les vues des hommes que nous reconnaissions pour nos Pères et nos frères, et dont la pensée nous était parfaitement connue. Nous avons librement demandé à être reçus par le baptême, en plein accord avec notre higoumène, parce que cette démarche nous paraissait normale et nécessaire à l'Athos, théologiquement juste et canoniquement légitime. Ce n'était pas «renier» notre baptême catholique reçu au nom de la Trinité, mais confesser que tout ce qu'il signifiait s'accomplissait en plénitude par notre entrée dans l'Église orthodoxe. Ce n'était pas nier la communion réelle qui existe entre l'Église orthodoxe et l'Église catholique sur une grande partie de la doctrine et de la pratique sacramentaire : mais c'était reconnaître que cette communion dans la foi n'est pas parfaite, et que, dès lors, selon la plus exacte théologie orthodoxe, les sacrements catholiques ne peuvent pas être purement et simplement reconnus par l'Église orthodoxe.
On m'a demandé quel jugement rétrospectif nous portions sur les sacrements que nous avions administrés nous-mêmes quand nous étions prêtres de l'Église romaine. Je dirai simplement que l'Église orthodoxe parle plus volontiers d'« authenticité » et de «légitimité», en matière sacramentelle, que de «validité». Seuls les sacrements administrés et reçus dans la communion de l'Église orthodoxe sont «authentiques» et «légitimes », et selon l'ordre normal des choses, la validité, la communication effective de la grâce, dépend de cette légitimité. Mais le Saint-Esprit est libre de ses dons, et il peut les communiquer sans passer par les voies normales du salut, là où il trouve des cœurs bien disposés. St Grégoire le Théologien disait que «de même que beaucoup des nôtres ne sont pas avec nous, parce que leur vie les sépare du corps commun, ainsi par contre beaucoup de ceux qui nous sont extérieurs nous appartiennent, eux dont les mœurs devancent la foi et à qui ne manque que le nom, alors qu'ils possèdent la réalité elle-même »; et il citait le cas de son propre père, avant sa conversion, «rameau étranger si l'on veut, mais par sa vie attaché à nous » (P.d. 35, col. 992). Nous ne pouvons donc qu'abandonner cette question, avec une entière confiance, à la miséricorde de Dieu.
Dans l'Eglise orthodoxe Baptême-Chrismation-eucharistie sont donnés en même temps. Ils sont un seul et même sacrement indivisible et il est inconcevable de penser l'un sans les deux autres. On ne voit pas pourquoi il faudrait reconnaître un baptême hétérodoxe et pas une chrismation et une eucharistie hétérodoxe. Le problème ne réside donc pas sur la question de la "validité" inséparable de la notion "d'Eglise". Nous avons déjà traité avec Jean-Louis Palierne de ce problème de la réitération spécifique du baptême lié à la réception dans l'Eglise, dans la rubrique référencée ci-dessus. La terminologie du Père Placide qui remplace "validité" par "authenticité" et "légitimité" ne me semble pas non plus très pertinente. Ou il y a sacrement ou il n'y a pas sacrement. Et cette question n'est autre que celle-ci: Ou il y a Eglise ou il n'y a pas Eglise. Lorsque l’Eglise est, elle est en plénitude. Je ne vois pas comment cette plénitude pourrait avoir du plus ou du moins en fonction de ce qui lui est étranger ou en fonction de baromètres made in hétérodoxie.
En dehors de l'Eglise il n'y a pas d'accès possible au Royaume. Le Christ est catégorique sur ce point lors de son entretien avec Nicodème dans l'Evangile de St jean: <<Jésus lui répondit: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu.
[...]Jésus répondit: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est Esprit.>>(Jean 3,3-5) Et l'Eglise orthodoxe est la seule et unique Eglise du Christ.
Comment les hétérodoxes et les non croyants accèdent-ils à l'Eglise après leur mort, c'est une question à laquelle nous n'avons d'autres réponses que les prières de l'Eglise pour tous ceux qui ne lui sont pas incorporés durant leur vie sur terre. La mort est une "naissance au ciel". Comment se fait cette naissance d'Eau et d'Esprit pour ceux qui ne renaissent pas en l'Eglise dès cette vie terrestre? La participation à l'Eglise mystérique du Christ est la seule finalité de l'existence.
Accepter la miséricorde de Dieu est une attitude très difficile qui demande que l'on s'y prépare dès maintenant. (Nous avons déjà développé ce sujet sur le forum dans nos échanges sur l'enfer.) C'est par la participation à la vie mystérique de l'Eglise que nous nous préparons à accueillir cette miséricorde divine.