Eschatologie, discours de fin des temps...

[theodore]

A la différence des églises catholique romaine et de certains courants protestants, qui produisent un discours sur la fin des temps (Apocalypse johannique entre autres écrits), les églises orthodoxes semblent beaucoup plus réservées quant à ce type de discours où l'on mêle textes bibliques et évènements contemporains.
Est-ce vrai? qu'en penser?

[Antoine]

Vous voudrez bien produire des illustrations à votre question. De quel discours spécifiquement catholiques romains ou spécifiquement protestants parlez-vous?
Nous pourrions aussi regarder de près le discours sur la fin des temps des apôtres eux mêmes, ou celui de certains Pères comme St Irénée et d'autres ; plus les discours millénaristes qui ont fleuri ici ou là dans l'histoire de la littérature chrétienne.
Peut-on parler d'un discours spécifiquement orthodoxe à ce sujet? N'avez vous pas remarquer que tout intégrisme s'appuie sur une pseudo connaissance des fins dernières? Cela permet d'exercer un ascendant sur les fidèles.
La fin des temps n'est révélée à personne et il est vain et malsain d'essayer de la décrypter dans une pseudo mise en relation d'évènements contemporains avec l'Ecriture. La vie Chrétienne n'est pas une vie de cartomancienne et l'Evangile n'est pas un écrit de Nostradamus. Les sciences divinatoires sont condamnées.
La seule fin qui doit nous préoccuper, c'est notre fin personnelle et non pas celle du monde. Nous devons vivre avec le souvenir permanent de notre propre mort et préparer cet instant par la pratique des commandements évangéliques. A part ça le reste n'a pas d'importance et les discours sur la fin des temps n'ont aucun intérêt.
C'est la seule réponse orthodoxe que vous puissiez faire.

[Anne Geneviève]

C’est vrai qu’aujourd’hui, chez les cathos tradis et dans de nombreuses écoles issues du protestantisme, existe toute une recherche de concordisme entre les événements actuels et l’Apocalypse, voire entre une lecture oblique du texte hébraïque de l’AT et les événements.
Mais cette recherche n’est pas nouvelle. Elle vise surtout à donner un sens au malheur des temps en laissant entendre que ça va finir vite, que le monde nouveau où coule le lait et le miel frappe à la porte, que Dieu va enfin arrêter l’histoire, consoler ses fidèles et renvoyer leurs adversaires à la case étang de feu. Des premiers siècles à nos jours, il y eut des inquiets ou des exaltés pour entrer dans ce genre de démarche, surtout lors des guerres, des défaites, des persécutions.
L’Eglise orthodoxe s’est toujours tenue à l’écart de ces dérives concordistes. Vous ne trouverez ni un concile ni un synode pour s’en faire l’écho. Tout au plus lira-t-on des objurgations spirituelles de tel ou tel moine rappelant que le temps donné à l’humanité est limité et qu’il vaut mieux ne pas le gaspiller.
Si je veux être tout à fait juste, l’Eglise romaine n’a jamais entériné davantage ce qu’elle appelle « la révélation privée » et tend plutôt à s’en méfier. Et je n’ai jamais lu non plus la moindre recherche de concordisme apocalyptique sous la plume des autorités théologiques des Eglises luthériennes ou calvinistes. C’est du bouillonnement dans les marges.