Symbole de Saint Athanase

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Steve G
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Symbole de Saint Athanase

Message par Steve G »

On trouve sur internet plusieurs versions de ce symbole:
- sur un site orthodoxe vco : http://membres.lycos.fr/orthodoxievco/e ... o/atha.htm
"Le Père n'a été fait par personne et il n'est ni créé ni engendré; le Fils n'est issu que du Père, il n'est ni fait, ni créé, mais engendré; le Saint-Esprit vient du Père et du Fils, il n'est ni fait, ni créé, ni engendré, mais il procède."

- sur un site catholique:
http://www.jesusmarie.com/athanase_symbole.html
"Le Père n'a été fait par personne et il n'est ni créé ni engendré; le Fils n'est issu que du Père, il n'est ni fait, ni créé, mais engendré; le Saint-Esprit vient du Père et du Fils, il n'est ni fait, ni créé, ni engendré, mais il procède."

-sur un site gallican
"Le Père n'a été ni fait, ni créé, ni engendré. Le Fils n'a été ni fait, ni créé, mais engendré du Père seul. Le Saint-Esprit n'a été ni fait, ni créé, ni engendré, mais il procède du Père seul."

Quelle est donc la bonne version? Si ce n'est pas celle du site gallican, un faussaire a-t-il oeuvré pour intégrer le filioque, ou bien la formule est correcte mais s'éclaire à la lecture des oeuvres de saint Athanase dans un sens orthodoxe ?

Je suis étonné de voir repris sur un site orthodoxe la version filioquiste...

D'ailleurs à cette adresse: http://www.eglise-armenienne.com/Source ... hanase.htm
apparait un symbole d'Athanase encore bien différent, qui n'évoque pas la procession de l'Esprit Saint.

Quel est donc le BON symbole d'Athanase ?
Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, prends pitié de moi, pêcheur.
Steve G
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Message par Steve G »

cf aussi le tableau comparatif, qui évoque deux symboles attribués à Saint Athanase: http://www.eglise-armenienne.com/Articl ... mboles.pdf

J'imagine que "coessentiel" ne se traduit pas par "procède du Père et du Fils"
mais par de même essence.
Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, prends pitié de moi, pêcheur.
Steve G
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Et enfin

Message par Steve G »

Et enfin deux avis sur l'attribution du symbole (celui évoqué dans premier message) à Saint Athanase:

www.orthodoxworld.ru/french/texte/2/index.htm

et

http://www.amdg.easynet.be/credo3.html
Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, prends pitié de moi, pêcheur.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Je n’ai pas le temps de m’étendre, et ce n’est pas utile, il suffit de se rapporter au petit fascicule de mgr Basile Krivochéine édité par l’exarchat du Patriarcat russe en Europe occidentale, repris de leur “Messager”, d’un numéro de 1961. Je suppose qu’on peut le trouver rue Pétel. Il porte sur Les textes symboliques dans l’Église orthodoxe[/ï]. Il étudie le “Symbole de saint Athanase” dans les pages 12 à 15, montre que c’est un texte occidental, qui n’est pas de saint Athanase, que nous n’en connaissons pas la version initiale, qu'il a été plusieurs fois trafiqué, qu’il a certains mérites, mais que l’Église orthodoxe doit cesser de le reproduire.
Jean-Louis Palierne
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jaune
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Message par jaune »

Pour information le petit fascicule de mgr Basile Krivochéine dont parle Jean-Louis Palierne est disponible sur le web à l'adresse indiqué par Steve : " www.orthodoxworld.ru/french/texte/2/index.htm " .

En voici le texte:

De ces considérations théologiques préliminaires d'un caractère général, nous pouvons passer maintenant à une étude concrète, par ordre historique, des plus importants documents symboliques de l'Eglise Orthodoxe Catholique.

Nous essaierons en même temps de définir notre attitude envers ces textes suivant le programme du Préconcile qui propose de les disposer par ordre de leur degré d'autorité et leur caractère obligatoire (les textes faisant autorité, ceux ayant une autorité relative et ceux dont l'autorité est auxiliaire). Il va de soi que nous considérons uniquement les textes qui ne furent pas établis ni approuvés lors des sept Conciles Œcuméniques.

L'époque qui précéda les Conciles Œcuméniques nous a laissé le plus ancien monument dogmatique, le Symbole de saint Grégoire de Néocésarée que celui-ci composa vers 260-265. Incontestablement orthodoxe par son contenu quoiqu'exprimé plutôt dans des termes philosophiques propres à un disciple d'Origène, que dans des expressions bibliques propres aux Symboles de l'Eglise, le Symbole en question exprime davantage la foi personnelle de saint Grégoire le Thaumaturge que l'enseignement de l'église de Néocésarée. Il était bien connu des Pères du IVe siècle, en particulier de saint Athanase d'Alexandrie, et fut utilisé par eux dans leur polémique contre les ariens, car il exprimait clairement la foi dans l'incréé des Personnes de la Sainte Trinité. Néanmoins les Pères des Conciles Œcuméniques ne crurent pas nécessaire de se référer à ce Symbole dans les Actes conciliaires ni de l'inclure dans leurs décisions en le reconnaissant comme Symbole officiel de l'Eglise parallèlement à celui de Nicée-Constantinople.

On peut supposer que la raison en était son caractère personnel, mais surtout la conviction des pères que le Symbole de Nicée-Constantinople était et devait demeurer unique dans l'Eglise, immuable et ne pouvant être remplacé par nul texte, même si ce texte ne devait rien contenir de contraire à l'Orthodoxie. Telle doit être aussi, pensons-nous, notre attitude envers le Symbole de saint Grégoire le Thaumaturge quoi qu'en pense le métropolite Macaire Boulgakov qui lui confère la même autorité qu'aux confessions de foi des Conciles Œcuméniques. Nous devons beaucoup apprécier et aimer le Symbole de saint Grégoire - monument ancien et remarquable par son contenu et sa forme, exprimant sa foi et la nôtre ; mais nous ne devons pas lui attribuer la valeur d'une confession de foi possédant une autorité ecclésiale générale qu'il n'a jamais eue.

Pour la période même des Conciles Œcuméniques nous possédons deux monuments dogmatiques relativement anciens, inconnus toutefois de ces Conciles. L'attitude de l'Eglise Orthodoxe envers ces textes est comprise par beaucoup de façons différentes. Il s'agit du Symbole dit des Apôtres et de celui de saint Athanase d'Alexandrie. En ce qui concerne le premier, même s'il contient des éléments anciens remontant à la prédication apostolique (comme d'ailleurs tous les symboles anciens) il n'est en réalité qu'une modification tardive du symbole baptismal de l'église de Rome des IIIe-Ve siècles. A l'origine sa langue était le latin. Son texte actuel, formé au plus tôt aux VIe-VIIe siècles, en Occident, demeura tout à fait inconnu à l'Orient orthodoxe quoiqu'il ait été traduit en grec ultérieurement. Il a toujours été un symbole local, particulier, surtout baptismal et jamais les représentants de l'Occident n'avaient tenté de le citer ou de s'y référer aux Conciles Œcuméniques. Ce fut au pseudo-concile de Ferrare-Florence en 1439-1440 que pour la première fois les latins tentèrent de s'appuyer sur ce texte pour esquiver la question du Filioque (Comme on le sait, l'article concernant. l'Esprit Saint dans le Symbole des Apôtres se borne aux paroles : Credo in Spiritum Sanctum, sans rien dire sur Sa procession). Ils se heurtèrent à la résistance de saint Marc d'Ephèse qui déclara que ce symbole était inconnu à l'Eglise. En ce qui concerne le symbole dit de saint Athanase connu également par les premières paroles de son texte original latin : Quicumque vult , le lieu et le moment de son apparition sont, sans doute, toujours discutés par les historiens de l'Eglise ; cependant il ne saurait certainement être question de son appartenance à saint Athanase. Tout est contre une telle attribution : le texte latin original, le fait que ce symbole était inconnu en Orient, que sa terminologie n'est pas athanasienne, que l'expression classique d'Athanase όμοούσιος ne s'y trouve pas, que sa christologie est plus tardive, qu'il n'y a aucune référence à ce symbole dans les œuvres d'Athanase et, enfin, le fait que lui-même était un adversaire résolu de la composition de tout symbole autre que celui de Nicée. Il ne se serait pas contredit lui-même en composant son propre symbole. Ce qu'il y a de plus probable, c'est que le symbole pseudo-athanasien a été composé en latin aux VIe-VIIe siècles en Gaule méridionale ; son texte définitif ne fut établi que vers le IXe siècle. L'enseignement sur la Sainte Trinité y est exposé dans l'esprit de saint Augustin avec le primat de la nature sur les Hypostases qui lui est propre : 1-e « Commencement » n'y est pas le Père, comme dans le Symbole de Nicée et les autres symboles anciens, selon la théologie de tous les Pères grecs, mais le Dieu un dans la Trinité, la « monarchie » du Père, Source et Cause unique, y étant manifestement diminuée. Toute cette théologie typiquement augustinienne donna naissance au Filioque pour aboutir ensuite chez Thomas d'Aquin à l'identification entre l'essence et l'énergie dans la Divinité. En effet, le texte latin du symbole pseudo-athanasien qui existe actuellement contient l'enseignement sur la procession de l'Esprit Saint du Père et du Fils, quoique sans employer l'expression Filioque : Spiritus Sanctus a Pâtre et Filio... procedens. Ce Symbole, mentionné pour la première fois en Occident en 660 au Concile d'Autun, finit par y être d'un emploi général vers le IXe siècle. Il demeura toutefois complètement inconnu à l'Orient orthodoxe. Pour la première fois on l'y rencontre aux IXe-XIe siècles, lorsque les latins s'appuyèrent sur ce texte dans leurs discussions avec les grecs orthodoxes au sujet du Filioque. Ceci eut lieu dans la discussion bien connue entre les moines grecs et les bénédictins latins à propos du Filioque au Mont des Oliviers en 807-808 et à Constantinople en 1054 au temps du cardinal Humbert. Ce furent aussi les latins qui traduisirent au XIIIe siècle le Symbole pseudo-athanasien en langue grecque à des fins polémiques. D'autres traductions grecques apparurent d'ailleurs peu après, faites par des orthodoxes et d'où les paroles et Filio étaient exclues.

Ainsi « corrigé » ce symbole connu une certaine diffusion et autorité dans la théologie orthodoxe. Sa traduction slavone (sans et Filio, bien entendu !) fut même introduite, depuis l'époque de Syméon de Polotsk, dans le texte imprimé du Psautier liturgique (Slédovannaya Psaltir) et le texte grec, à la fin du XIXe siècle dans l'Horologion (ώρολόγιον) grec. Les toutes dernières éditions de celui-ci ne le contiennent d'ailleurs plus. L'opinion suivante, exprimée par le métropolite Macaire, illustre l'importance qu'avait le symbole pseudo-athanasien dans la théologie russe du XIXe siècle : « Vers cette même époque apparut un symbole appelé Symbole d'Athanase... Quoi qu'il n'ait pas été composé lors des Conciles Œcuméniques, il était adopté et respecté par toute l'Eglise». Un peu plus loin il recommande, parallèlement au Symbole de Nicée-Constantinople et aux confessions de foi des Conciles Œcuméniques le Symbole « connu sous le nom de saint Athanase d'Alexandrie, accepté et respecté par toute l'Eglise », en tant que fondement sûr de la théologie. Cette affirmation est inexacte matériellement : L'Eglise Orthodoxe Catholique n'a jamais nulle part exprimé son jugement sur le symbole pseudo-athanasien, ni accepté celui-ci. Le professeur J. Karmiris exprime son attitude envers ce symbole, de même qu'envers celui qu'on appelle « des Apôtres », avec plus de circonspection. Sans défendre leur authenticité et tout en reconnaissant entièrement leur origine occidentale, il considère utile cependant de reconnaître officiellement les deux symboles, sinon à l'égal de celui de Nicé-Constantinople, du moins comme des documents dogmatiques anciens et vénérés, ne contenant rien de contradictoire à la foi orthodoxe (une fois le et Filio exclu, évidemment). Une telle reconnaissance de ces documents ne serait-ce qu'en qualité de sources secondaires de la doctrine de la foi, aurait, selon le professeur Karmiris, une signification positive œcuménique à notre époque, précisément en raison de leur provenance occidentale.

Il est difficile, toutefois, d'accepter l'utilité et le bien fondé d'une telle reconnaissance. En effet, le Symbole dit « des Apôtres », sans contenir d'éléments contraires à la foi, est manifestement insuffisant pour être reconnu comme un symbole officiel de l'Eglise. Sa reconnaissance, même partielle, nuirait au caractère unique et immuable du Symbole de Nicée-Constantinople, seul fondement de tous pourparlers œcuméniques. L'Eglise ne rejette pas le symbole « des Apôtres ». Ainsi que l'a bien dit saint Marc d'Ephèse, elle ne le connaît simplement pas. Il n'y a aucune raison de modifier cette attitude. Ceci d'autant plus que de nos jours également, il existe une tendance à l'utiliser pour esquiver la question du Filio que (parmi les anglicans surtout où le symbole «apostolique» jouit d'une assez grande popularité). Il serait encore plus erronné de conférer par quelqu'acte ecclésial une importance officielle et générale au symbole pseudo-athanasien. Il est vrai qu'en éliminant et Filio (qui peut-être d'ailleurs ne figurait pas dans le texte original), ainsi que l'ont fait ses traducteurs grecs et slaves, on n'y trouverait plus rien qui contredise directement la foi orthodoxe. Sa partie christologique exprime même bien et avec exactitude l'enseignement orthodoxe post-chalcédonien. Toutefois, sa triadologie est marquée de caractères augustiniens qui, par la suite, devaient donner naissance à une série d'erreurs. C'est pourquoi le symbole pseudo-athanasien ne saurait aucunement être proclamé comme un modèle et une source de l'enseignement orthodoxe, ne serait-ce que secondaire. Il est donc souhaitable que ce symbole ne soit plus inclus dans les livres liturgiques russes, où il fut introduit sans aucune décision ecclésiastique à l'époque où les influences latines étaient très importantes. Nous devrions suivre l'exemple de nos frères grecs qui ont cessé d'inclure ce texte dans leur Horologion.
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Il semblerait effectivement qu’au concile d’Autun la connaissance du symbole du pseudo-Athanase ait été rendue obligatoire pour tout le clergé local. Mais, dans les références données par Stève, il y a une indication fort intéressante. « Dom G. Morin, de Maredsous, dans son édition critique des œuvres du grand saint Césaire d’Arles, a démontré la présence claire et nette de la théologie de ce symbole dans les œuvres de saint Césaire. Citations à l’appui. » Il y en aurait aussi des traces chez saint Vincent de Lérins. En d’autres termes, ce texte est apparu dans le contexte de la querelle sur la grâce qui semble de plus en plus avoir été beaucoup plus une querelle théologique globale, trinitaire et anthropologique, qu’une « simple » querelle sur la grâce. Comme son contenu est manifestement augustinien, que Césaire est tout aussi augustinien et que Vincent a combattu la théologie augustinienne, on peut songer à une rédaction dans les milieux augustiniens du sud des Gaules. Par Prosper lui-même ? Ou par ce Lucidus auquel s’oppose Fauste de Riez au concile d’Arles ? Mais dans ce contexte augustinien, il est probable que le et filio est d’origine.
Pourquoi, une fois le et filio supprimé, est-il venu à la mode dans l’Eglise russe du XIXe siècle ? Puis a-t-il trouvé place dans l’Horologion grec ? A-t-il eu un impact sur la théologie russe et lequel ? Y a-t-il un lien subtil, via ce texte, entre le problème historique de la réception du filioque en occident et les dérives du modernisme petersbourgeois que dénonce Jean Louis Palierne ? Il me semble qu’on ne peut pas faire l’économie de ces questions même si je ne suis pas capable d’y répondre pour l’instant.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
augustin717
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Message par augustin717 »

Le symbole athanasien apparait aussi, dans quelques livres liturgiques roumains anciens, selon le modele slave, probablement.
Une question "off-topic":
Quelques livres liturgiques roumains contient le "Te Deum" qui, lors de cretaines occasions, peut remplacer la Grande Doxologie.
Connaissez-vous quelque chose de semblable chez d'autres Orthodoxes?
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

augustin717 a écrit :Le symbole athanasien apparait aussi, dans quelques livres liturgiques roumains anciens, selon le modele slave, probablement.
Une question "off-topic":
Quelques livres liturgiques roumains contient le "Te Deum" qui, lors de cretaines occasions, peut remplacer la Grande Doxologie.
Connaissez-vous quelque chose de semblable chez d'autres Orthodoxes?
La présence du Te Deum dans certains livres liturgiques roumains peut remonter à un passé daco-romain très ancien. En effet, selon la tradition, l'auteur de l'hymne du Te Deum serait saint Nicétas de Rémésiana (mort vers 414), évêque aroumain (j'emplois ce terme comme un anachronisme, mais je veux dire "Roumain du sud du Danube", comme par exemple l'empereur Justinien un siècle plus tard) de Rémésiana (aujourd'hui Bela Palanka, entre Niš et Pirot dans le sud de la Serbie).
On sait que les contacts entre Roumains du bastion des Carpathes et Roumains du sud du Danube ont été constants au cours du haut Moyen Âge. Pour citer le professeur Octave Nandris de l'université de Strasbourg, in Pierre Bec, Manuel pratique de philologie romane, tome II, Picard, Paris 1971, p. 149:
"Où placer alors la patrie primitive des Roumains? La théorie d'un "berceau" original n'est pas applicable à la Romania orientale. Le latin danubien a continué d'être parlé et a évolué sur un vaste territoire qui comprenait: a) le réduit transylvain; b) le versant méridional (Olténie) et occidental (Banat) des Carpathes; c) les deux versants septentrionaux des monts Balkans (Mésie Inférieure et Mésie Supérieure). Sur ce territoire, il y avait un certain nombre de "foyers" de roumanité, dont l'étendue et la densité étaient fonction des conditions économiques et de sécurité. Le nombre de cettte population roumanophone a dû assurément être important car ce n'est qu'à cette condition qu'on peut expliquer sa survie et sa force assimilatrice sur les barbares superposés. Contre la thèse de "foyers" pourrait être invoqué l'argument de la remarquable homogénéité de cette langue. Cependant, la vie menée par les ancêtres des Roumains (élevage, transhumance, agriculture dans les foyers stables, migration, nomadisme en raison des invasions, etc.) l'explique: cette vie a provoqué un brassage permanent entre ces foyers et a ainsi assuré l'unité structurale du roumain."

Même si la distance entre la région latinophone de Rémésiana (slavisée à partir du VIIe siècle) et le foyer proto-roumain du Banat est assez importante, le mode de vie que décrit le professeur Nandris (et qui a été conservé jusqu'au XXe siècle dans les villages de la Marginimea Sibiului) pourrait expliquer que l'hymne du Te Deum soit arrivé et se soit maintenu dans certaines régions de la Roumanie.
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