Acheter et vendre : la Bête est-elle déjà parmi nous ?

[Anne Geneviève]

Oui, ça, pour être incroyable ! Je savais déjà les Américains capables de tout, mais un détecteur de la présence de Dieu -- barbu et ennuagé comme il se doit -- ça, même Cecil B. de Mille ne l'avait pas osé !

[theodore]

Ce n'est pas un peu trop à la mode tout ce discours, tant sur les nombres que ces théories de complots à la X-FILES et autres charlatanesques jeux de pistes à la Dan Brown(l'innénarrable auteur du fameux , ou plutôt fumeux "Da Vinci Code")?
Il est d'ailleurs intéressant de constater que ces développements viennent surtout des pays de la sphère protestante , prolifiques en sorcières de Salem, et autres productions qui font le fond de commerce du fantastique hollywoodiens(Seigneur des Anneaux emmêlés, Harry Potterineries et autres Narniaiseries).
Mais je dois reconnaître que je prends la lecture de la "Révélation" ou "Apocalypse" extrêmement plus au sérieux, un peu à la manière d'auteurs comme le très orthodoxe Vladimir Volkoff ou le très catholique Jean Raspail qui y trouvent l'annonce d'événements difficiles pour les temps à venir, pas si éloignés de nous.
Je sais bien que ces auteurs sont qualifiés comme très conservateurs , pour ne pas oser dire davantage, mais tout de même, ils ne semblent pas se fourvoyer beaucoup dans leur inteprétation de ce texte qui fonde le coeur de l'eschatologie chrétienne, bien qu'ils ne fussent pas théologiens comme un Virgil Georgiu par exemple.



Les vrais chrétiens seront bien ceux qui comme le dit Saint Paul"auront tenu bon".
L'actualité ne nous envoie-t-elle pas déjà quelques signes avant coureurs?

[Jean-Louis Palierne]

Je n’ai pas l’impression que sur ce Forum on ait abusivement parlé des Harry Potter, Da Vinci Code, Seigneur des Anneaux et autre littérature de ce style. Nous avons très peu évoqué ce type de littérature.

Bien sûr on peut dire que c’est du vain bavardage. C’est je crois un phénomène relativement récent, qui présente une dimension pathologique évidente. Mais je crois qu’on peut y voir aussi autre chose, c’est-à-dire l’épuisement des idéologies “politiquement correctes”, de la réduction aux sciences humaines, du relativisme doctrinal, des théories de la libération etc etc. Le public cherche ailleurs, et ne trouve disponible sur le marché que ce genre de spiritualité de consommation. Mais le phénomène “néo-fantastico-mystique” peut être lu côté face et côté verso, ou si vous préférez au premier ou au second degré.

On pourrait faire une constatation analogue à propos de la “musique” de nos contemporains. Je la trouve insupportable et je l’évite autant que je peux. Mais on est parfois obligé de l’entendre, et je remarque souvent que parmi les thèmes qui s’y expriment il y a tout autre chose que l’idéologie qui est officiellement en cours. On peut critiquer le vide spirituel de ce que raconte cette “musique” (et pour moi d'ailleurs la musique c’est autre chose), mais ce qu’ils racontent n’obéit pas du tout aux interdits des éditoriaux prétenduement humanistes de nos magazines.

Pour moi la Bête de l’Apocalypse, ce ne sont pas ce genre de niaiseries, mais les bêtasseries politiquement correctes qui semblent avoir comme dernier bastion les Églises d’Occident, et leur vaillant et dernier soutien, le modernisme orthodoxe.

J’ai déjà eu à plusieurs reprises l’occasion d’en parler avec diverses personnes. Je ne crois pas, pour ma part, que nous soyons devant les signes précurseurs de l’Apocalypse. Mais je crois que les idéologies modernes de la “pensée unique” ne sont plus capables de diriger le monde.

Je trouve que les analyses du regretté Vlasimir Volkoff sont très pertinentes. J’ai savouré avec une joie toute particulière le texte (bien entendu de pure fiction littéraire) de l’entrevue entre le métropolite Nikodim de Léningrad et le pape Jean-Paul Ier en septembre 1978. On sait que le métropolite est mort ce jour-là dans les bras du pape qui devait à son tour passer de vie à trépas 24 jours plus tard (de mort naturelle ???) Bien entendu on ne sait pas ce qui s’est dit ce jour-là, Volkoff l’a imaginé (peut-être avait-il quelques “renseignements”). Je pense que son imagination est parfaitement prophétique. On peut lire ce texte sur le blog d’Ivan Barsov (où on trouvera par ailleurs beaucoup d’autres choses souvent excellentes, et quelques-unes moins).

<http://soleilhiver.blogspot.com/2005/11 ... le_25.html>

Mais là où je ne suis pas d’accord avec Volkoff, ni avec notre ami Théodore, ni avec Ivan Barsov, ni avec un bon nombre de gens, c’est que je reste optimiste. Un monde se lézarde, mais ce n’est pas le nôtre, c’est celui de la suffisance occidentale. Bien sûr, nous risquons de souffrir beaucoup, peut-être de périr sans les “dommages collatéraux” qui s’ensuivront peut-être. Mais je ne vois rien qui me permette de dire que l’Apocalypse est pour demain.

[Anne Geneviève]

Il y a quand même quelque chose qui m’embête avec les interprétations du présent à la lumière (?) de l’Apocalypse, ce sentiment d’être dans les derniers temps et de pouvoir identifier tel événement de l’actualité, telle tendance du présent à l’une ou l’autre des images symboliques qui tissent ce texte. Le problème, c’est qu’on a toujours cru cela, que l’on retrouve de siècle en siècle depuis 2000 ans ce type d’identification.
L’Apocalypse n’est pas une description linéaire de la suite des temps ni même un condensé des événements à venir à proximité de la fin des temps. C’est par sa structure même un nouveau poème de la création dont le rythme interne suit de très près les 7 jours mais sous plusieurs points de vue (Eglises, sceaux, trompettes, coupes*). En un sens, les exégètes de l’événementiel ont raison : depuis que, comme le dit l’apôtre Paul, « la création gémit dans les douleurs de l’enfantement », on peut établir des rapprochements entre ses contractions et tel ou tel symbole de l’Apocalypse, y lire un sens spirituel pertinent. Et d’un autre point de vue ils ont tort : reconnaître que tel élément du présent s’inscrit dans la typologie septénaire ne rapproche pas temporellement d’un micropoil du jour du Seigneur. Quand on voit en combien de milliards d’années se traduisent concrètement les « jours » de la Genèse, il devient évident qu’il est vain de chercher des correspondances précises de succession temporelle.
Quant à la Bête (aux deux Bêtes, d’ailleurs), elle est à cornes, ce qui renvoie à la typologie symbolique du livre de Daniel où les cornes désignent explicitement des royaumes. Sauf qu’en 2000 ans sur la planète Terre, il est passé un peu plus que 10 royaumes, même en différenciant les puissances terrestres et les puissances maritimes (l’Apocalypse serait-elle le premier traité de géopolitique ?!), alors prudence dans l’interprétation. Ce texte supporte encore moins que Genèse 1 un concordisme naïf. Et quand on voit celui que forcent les exégètes baptistes ou évangélistes américains, il y a de quoi partir en courant.

*Pour ceux que ça intéresse, j’ai repris sur mon blog un petit article que j’avais publié sur le sujet, qui mériterait d’être approfondi et complété mais le format de la revue ne permettait pas de faire mieux.