Publié : mar. 22 nov. 2005 11:06
Wladimir, le "nous" employé dans l'expression "nous l'aurions attaqué pour hérésie" est un nous de politesse qui atténue le "je". Une simple tournure littéraire. Il ne faut pas y chercher un pronom qui cacherait une structure quelconque. Je l'emploie dans beaucoup de mes messages; c'est un vieux restant d'un éducation scolaire dans laquelle les professeurs nous enseignaient que l'emploi du "je" est incorrect. Une tournure un peu vieillotte en somme. Rien de plus. je ne n'appartiens à aucune autre entité que l'Eglise orthodoxe, aucune association , aucune organisation. Je n'ai pas lancé de mouvement comme d'autres auront lancé en leur temps l'énigmatique et secrète confrérie sainte Sophia par exemple. Je n'appartiens non plus à aucune obédience maçonnique au contraire de beaucoup d'oecuménistes et modernistes de tout poil, adversaires de l'Eglise, qu'ils soient simples fidèles, prêtres ou évêques. Et vous Wladimir?N’y a-t-il pas tout de même une extraordinaire inversion des rôles quand un évêque, privé arbitrairement de son titre, se retrouve dans le rôle de surveillé, lui que l’Eglise a placé dans le rôle de surveillant (c’est en effet le sens du mot grec episcopos) ? Quel est ce « nous » qui se pose en instance d’arbitrage en sein de l’Eglise ?
Pour le titre vous me faites sourire. J'appelle K.Ware par son nom d'écrivain car je parle d'un de ces livres et je ne m'adresse pas directement au liturge en Eglise. Et de plus rien ne m'oblige à respecter une convention sociale et à lui donner du "Monseigneur". Souvent je dis l'évêque untel. Quand je parle de Basile ou de Grégoire de Naziance, vous n'exigez pas que je les appelle Monseigneur.
Ceci précisé, je suis certain que je n'aurais pas été le seul à exprimer une désapprobation sévère face à un abandon de la monarchie du Père et que nous aurions été plusieurs et nombreux dans le monde orthodoxe à nous insurger et à demander des comptes sur cet abandon s’il avait été clairement proposé par K. Ware.
L’évêque est Episkopos ou devrait l’être c’est un fait. Mais de par notre baptême et chrismation, nous sommes tous Rois Prêtres et prophètes. St Jean Chrysostome dira dans son commentaire de la 2ème épître aux corinthiens que « nous possédons abondamment non pas l’une ou l’autre , mais ces trois dignités ensemble ». La fonction de gardien de la foi n’est pas une fonction réservée aux seuls évêques heureusement. Et beaucoup d' évêques ont failli dans cette tâche. Il vous a déjà été répondu sur le forum à ce sujet, mais vous ne lisez pas les réponses que l'on vous fait.
A force de "rapprochements" ineptes je vois que vous êtes tombé dans les déviations de l'Eglise enseignante et de l'Eglise enseignée. Ce n'est pas une conception orthodoxe de l'Eglise.
L'Eglise Orthodoxe, pas celle du rapprochement qui perd ses racines, non, l'Eglise Orthodoxe, nous exhorte à être des « arbres de vérité ». C’est ce que le prêtre demande dans sa prière secrète lors de la bénédiction baptismale de l’eau: « Plante le comme un arbre de vérité » ça vous change de la théorie des branches n'est-ce pas? Notre texte liturgique ne connaît pas de séparation entre "tronc" et "branches". L'arbre est pris comme une totalité insécable tel l'arbre de Vie de la Genèse.
Vous écrivez:
Vous vous moquez du monde! Ce que vous écrivez est encore pire. Autrefois l’Eglise papale professait une erreur en y croyant après avoir feint d'y croire; aujourd'hui elle feint de n'y croire plus et demande à ce que les orthodoxes la reconnaissent?! Vous voulez qu'on avalise la feinte de la croyance ou la croyance de la feinte?Tant pis pour l’Eglise catholique si elle continue à tenir si fortement à cette doctrine, même si le fait est qu’elle n’insiste plus sur le caractère obligatoire du filioque, mais seulement sur la reconnaissance de celui-ci par les orthodoxes, ce qui est tout de même une évolution.
Si l’Evolution est que l’Eglise orthodoxe reconnaisse le filioque alors il deviendra de facto obligatoire et les interprétations intra-trinitaires de la double procession éternelle seront justifiées.
Je n’ai pas vu que les catholiques romains ne rendaient plus obligatoire le filioque et l’avaient supprimé de leur credo ou de leur formule liturgiques. Ce n’est pas parce qu’ils récitent dans de grandes démonstrations œcuméniques le symbole de Nicée sans filioque qu’ils l’abandonnent pour autant . C’est une simple façade. Car derrière il y a surtout un refus de considérer que ce filioque est bel et bien une hérésie. Il est considéré comme une explicitation. Et je vous ai déjà repondu sur votre notion erronée de « théologoumenon ». Jamais les tenants du filioque ne l’ont considéré comme une expression concernant l’Economie de la Trinité lorsqu’ils l’ont inséré dans le credo. On veut aujourd’hui nous faire croire qu’il a une autre signification que celle de la procession éternelle. St Maxime avait déjà donné des orientations sur une acceptation du filioque dans le cadre de l’Economie Trinitaire. Mais ce ne sont pas ces orientations là qui ont été retenues par la papauté lors de son insertion dans le symbole de la foi puis développées et soutenues tout au long des siècles. Il faut donc s’en tenir à cette insertion et à ce qui en a théologiquement décidé. Ce que Saint Photios a combattu ce n’est pas une vision d’un filioque qui signifierait l’envoie dans le monde de l’Esprit du Père par le Fils. Il est regrettable qu’aujourd’hui un K.Ware cherche à redonner de la vérité au « principaliter » augustinien et cherche à redonner par la même un sens orthodoxe « intra trinitaire » au filioque. Il est regrettable qu’au nom d’une idéologie de l’œcuménisme il en soit arrivé à minimiser cette hérésie. C’est une "ânerie" ne vous en déplaise, une ânerie doublée d’une grande lâcheté. Lâcheté vis à vis des contemporains et lâcheté vis à vis de tous les grands saints qui ont confessé la Vérité de la foi.
De plus je n’ai pas vu que l’Eglise catholique romaine ait supprimé sa formule doxologique liturgique « du Père par le Fils dans l’unité du Saint Esprit ». Si cette formule n’est pas une hérésie qu’est-ce que c’est ? Il serait temps que là aussi on donne une interprétation orthodoxe de cette formulation n’est-ce pas…
Il n’ y a rien de nouveau dans ce que les théologiens que vous citez écrivent sur le filioque sauf quand ils se mettent au service de l’idéologie oecuméniste. Rien. Tout sur cette hérésie a déjà été dit par l’Eglise heureusement. Et le discours d’un Père Placide n’est certainement pas plus rigoureux et plus dépassionné que le discours des saints qui l’ont précédé. Il est curieux que vous cherchiez toujours vos références chez les modernes et jamais chez Photios, Marc d’Ephèse, Grégoire Palamas, St maxime, St Basile, Grégoire de Naziance etc…C’est sans doute parce que vous ne trouverez pas de soutien à votre œcuménisme chez les Pères.
Voilà le genre de mièvreries banales et insipides qui me font vomir.L’effort de rapprochement est un impératif qui découle de notre conception de l’Eglise et de notre foi. Le reste est entre les mains de Dieu.
« Le reste est entre les mains de Dieu » ne veut rien dire d’autre qu’une espèce de fatalisme déguisé. Dans le domaine des relations avec les hétérodoxes, il n’y a pas «d’effort de rapprochement » à faire. C’est bien ce que je reprocherais à beaucoup de nos théologiens et de nos évêques aujourd’hui. Il y a à proclamer les vérités de la foi et de cette proclamation s’ensuivra un rapprochement ou non. Beaucoup comme vous mettent hélas le «rapprochement » en objectif premier et font passer la foi en second lieu au détriment des vérités dogmatiques. L’Eglise n’a pas mission de rapprochement mais de conversion. L’Eglise doit se convertir elle même en permanence à sa propre foi et doit y convertir les autres. Il s’agit d’enseigner les nations et non pas de faire des efforts de rapprochements. Elle se doit de garder intact le dépôt de la foi et de ne pas galvauder la Révélation au nom de votre bouillasse moderniste de "rapprochement". L'Eglise connait l'unité; elle ne connait ni l'union ni le rapprochement. Cette unité ne se fait pas sur du compromis ou toute autre cuisine dogmatque indigeste.
En revanche, en opposant aux faux dogmes romains la Vérité, non seulement vous restez dans cette Vérité mais vous avez des chances qu’elle soit reconnue comme telle.
A quoi bon changer de vérité si elle n’est que relative ? L’Esprit souffle pour amener les hommes à cette Vérité qu’est le Christ. Si vous la dénaturer vous entravez toute synergie entre Dieu et les hommes.
Dans un « rapprochement » avec l’Eglise catholique Romaine vous êtes perdant d’avance. Vous qui aimez citer Jean-Louis Palierne c’est le moment de lire son message posté le Lun 21 Nov 2005 17h:49 à la rubrique COE :
Pour moi l’Église catholique n’est pas vraiment digne du nom d’Église. Je l’appelle ainsi et je lui donne même une majuscule parce que je n’aime pas que la discussion dérive hors des limites de la correction, mais sur le fond, je ne crois pas que ce soit une organisation digne de respect. Elle a trop industrialisé la manipulation et l’illusion. En tant que structure je crois qu’il est absolument nécessaire de s’en méfier. J’ai beaucoup de peine quand je vois que certains de nos frères orthodoxes (il s’agit presque uniquement d’orthodoxes de souche, qui n’ont pas connu la présence catholique dans leur entourage familial) parler de “rapprochement” de la part des responsables de l’Église catholique.