Prêtre hérétique puis repenti

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jonas
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Inscription : mer. 02 févr. 2005 14:50

Prêtre hérétique puis repenti

Message par jonas »

Un prêtre orthodoxe cesse d'être prêtre si il devient hérétique.

S' il se repend de son hérésie au bout de quelques années et revient à la saine doctrine, doit-il être à nouveau consacré ?

Si non, pourquoi ? (il me semble que cela devrait être le cas sauf à adopter l'idée non orthodoxe qu'on garde le caractère de prêtre même si on tombe dans l'hérésie)
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Il arrive que des groupes de fidèles de l’Église orthodoxe s’en séparent, sous la conduite d’un schismatique. Il arrive que dans un tel groupe il y ait des prêtres. À partir du moment où l’Église condamne leur schisme, elle excommunie les fidèles et dépose les clercs. Ce qui continue à se passer entre eux n’a plus de signification pour l’Église. Il arrive aussi que ce groupe soit suffisamment important pour que plusieurs évêques y participent et disent qu’ils forment donc un synode, élisent et ordonnent de nouveaux évêques, qui à leur tour ordonnent des prêtres, et ainsi le schisme peut proliférer. De tels exemples sont hélas nombreux dans l’histoire de l’Église.

Dans votre question je remarque un mot qui trahit l’usage de catégories héritées de la scolastique latine. C’est le mot “caractère” attribué au sacerdoce.. Les latins, dans leur théologie “sacramentelle” enseignent en particulier qu’à partir du moment où un prêtre reçoit l’ordination sacerdotale, il la reçoit pour l’éternité. Ils applique à cela les mots du psaume “tu es sacerdos in æternum”. Et ils parlent de “caractère sacerdotal” parce qu’en latin le caractère est l’empreinte que la marque (gravée sur un tampon en bois dur) imprime sur l’argile du potier. Les prêtres latins qui subissent une sanction canonique (les latins disent “suspens”) subissent alors un drame humain. Ils pensent qu'ils sont comme des prisonniers aux mains ligotées.

Dans l’Église orthodoxe, le prêtre est ordonné au service de l’autel. Un prêtre peut cesser d’être prêtre (par exemple s’il se marie, ou bien s’il a dû prendre les armes pendant la guerre) et rester un homme digne du nom d’homme.

Dans le cas d’un prêtre qui a été ordonné dans l’Église orthodoxe, mais qui s’était laissé égarer oar un schisme, puis qui a désiré rentrer dans la véritable Église, l’Église orthodoxe le considère comme un pécheur qui se repend, et que l’évêque doit soumettre à pénitence. Il doit normalement l’écarter du service du sanctuaire au moins pour un temps, mais il peut continuer à garder son rang sacerdotal. L’évêque peut donc, au bout de ce temps de pénitence, le réadmettre au service de l’autel.

Pour l’appréciation de la pénitence imposée, l’évêque tient compte du comportement de ce prêtre, mais aussi du fait qu’il peut avoir contribué à ramener des brebis au bercail, et aussi du besoin qu’il peut avoir de prêtres pour le bien des fidèles.

Si le prêtre a été ordonné dans le schisme, on se retrouve dans le cas de la réception des personnes qui demandent à entrer dans l’Église orthodoxe en provenant de groupes hétérodoxes. L’Orthodoxie n’a même pas pu leur donner la grâce baptismale, mais elle a pu leur administrer un Baptême dans la forme correcte mais dépourvu de valeur, que l’Église orthodoxe doit non pas “réitérer”, mais remplir de la Grâce qui en était absente en conférant un autre des saints Mystères, généralement le Mystère de l’Onction, mais parfois le Mystère du Sacerdoce, en le réadmettant directement au service de l’autel.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
jonas
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Autre question, toujours en rapport

Message par jonas »

Un prêtre orthodoxe recoit-il plus de grâces et de lumières théologiques qu'un laïc du fait de son rôle majeur (mm question pour évêque) OU BIEN recoivent-ils tous les deux autant(à supposer qu'ils soient tous les deux à un même "stade" spirituel) ?
Jean-Louis Palierne
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Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02

Message par Jean-Louis Palierne »

Lorsqu’un homme est ordonné pour le service de l’autel, il ne reçoit pas un charisme intellectuel, il reçoit le charisme de pouvoir distribuer la Grâce de l’Église aux fidèles, dans la mesure où un évêque lui demande de le faire à sa place. L’évêque lui, est ordonné avec “en plus” (l’expression est de moi) le charisme de discerner spirituellement ce que l’Église doit faire, ce qu’il doit enseigner, qui il doit écarter de la communion, et quand il doit le réconcilier, qui il doit promouvoir dans le clergé, par étapes successives et progressives, guider le troupeau des fidèles qui est confié à sa paternité spirituelle. Sa fonction est donc thérapeutique, pédagogique, judiciaire et pastorale.

L’Église est composée d’hommes ordinaires, comme vous et moi. Il est arrivé, et il arrive encore, que des prêtres ou des évêques soient des nullités intellectuelles (même s’ils ont des diplômes), ou en tout cas des hommes très médiocres. La Providence divine admet parfois qu’ils fassent des bêtises pour éprouver notre patience, et ce sera toujours indirectement pour la gloire de Dieu. Mais la Providence a aussi su susciter de saints évêques, de vrais Pères de l'Église, qui restent des phares pour leurs successeurs. Les structures fondamentales de l’Église, qui ne ressemblent à aucune autre société humaine et qui n’ont pas été inventées par la sagesse humaine ou sous le poids des événements, se montrent d’une incroyable robustesse, même quand elles sont altérées par la bêtise humaine. C’est l’Esprit qui les anime, et le militantisme ecclésial n’est ici de nul secours.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
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