Signification de la pomme dans la religion orthodoxe

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Olia
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Message par Olia »

Un des liens indiqués sur la liste des icônes comportant des éléments "naturel" n'est plus valable - il s'agit de l'icône de la Mère de Dieu Nourrissant-de-Lait, dont une autre version est visible sur http://nesusvet.narod.ru/ico/icons/m_0166.jpg (pour l'instant...) : les pommes n'y sont pas représentées... :-)
encatane
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symbolique de la pomme

Message par encatane »

je tenais simplement à vous remercier..voilà tout :)
eliazar
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La Pomme d'Or

Message par eliazar »

Chères toutes deux,
Je pensais ne pas du tout répondre au premier mèl d’Olia, qui se suffisait à soi-même (en tant qu’affirmation des certitudes qui sont les siennes, concernant le « mondain » et le « folklorique ») mais après l’intervention de Catherine, je vois que le débat s’élève sinon aux nues, du moins presque jusqu’aux universaux…

Alors mettons les choses au point, malgré que j’eusse bien sommeil, mes amies.

J’aime l’Histoire, enfin celle de l’occident méditerranéen et du Moyen-Orient - car je ne connais pas celle de l’Extrême-Orient. J’y suis attentif à l’interminable montée de l’être humain vers Dieu. D’abord je le vois suivre son petit bonhomme de chemin d’une manière assez obscure - vénérant Ses manifestations, surtout dans Sa création, sans toutefois essayer de Le définir, de Le « nommer » : il sait ….qu’il ne sait pas ! Certains, les plus sages, savent aussi qu’ils ne pourront jamais savoir (par eux-mêmes), mais ils vénèrent quand même, malgré tout. Par une poussée intérieur, innomée, mais irrésistible. Comme le petit enfant aime la femme qui lui fait du bien, avant d’être capable de l’appeler Mère et de savoir ce que cela signifie.
A ce stade, l’homme a eu tendance à s’égarer vers la déification du tonnerre ou de la foudre, du soleil ou de la lune, etc etc … mais c’était toujours sur son chemin (tâtonnant dans l’obscurité) vers Dieu.

Et je me demande parfois si cette épée tournoyante de l’Archange (à la porte de l’Eden, pour en interdire l’accès à nos premiers parents) ce n’était pas une épée « psychique », une arme du monde mental – et si l’expulsion n’était pas davantage un « effacement de la mémoire de l’Éden » qu’un simple « renvoi de deux personnes, hors d’un jardin ».
Car il me semble que la mort absolue, c’est (fondamentalement) la perte de la connaissance : ne plus se souvenir, ne plus comprendre, ne plus connaître, c’est déjà ne plus « être au monde » : on dit familièrement qu’« il est devenu un légume »…

Je dis cela parce que je suis toujours étonné par cette humanité, sur la face du globe toute entier, se tournant en tout sens pendant des millénaires comme dans un rêve pesant, cherchant Dieu, mais en direction d’objets d’adoration de plus en plus « à côté de la plaque »… jusqu’à des totems animaux ! L’histoire du veau d’or est ahurissante : même les descendants d’Énoch avaient donc oublié qui était Dieu, et cherchaient de bonne foi à s’en fabriquer un ?! Alors que le premier petit-fils d’Adam et d’Éve, déjà, cet Énoch fils de Seth le remplaçant d’Abel, savait encore l’invoquer par Son Nom - bien avant que Moïse, pourtant instruit dans toute la science d’Égypte, fut obligé de le Lui (re) demander sur la montagne ?!

Je n’arrive pas à croire, bien sûr, que les hommes se soient abêtis à ce point : leur lente mais si sûre progression vers l’utilisation de toute chose donnée, bois, pierre, feu etc – puis de sa transformation en outils, en vêtements, en étoffes, en paniers tressés, puis de l’édification d’abris durables, et donc la combinaison des propriétés de ses matérieux en même temps que la conception des lois élémentaires de la gravité, de l’équilibre, de la consolidation, etc… - puis la sélection des plantes sauvages et leur amélioration, puis la navigation sur des morceaux d’arbres pour aboutir à la construction de pirogues, de plus en plus perfectionnées, etc etc … … rien de cette extraordinaire « auto-pédagogie » ne colle avec l’image idiote d’un soi-disant « homme de Cro-Magnon » traînant sa femelle par les cheveux, le gourdin dans l’autre main. Cette image d’abruti qu’un primaire du XIXème siècle a posée juste devant la grotte de Lascaux est une insulte à nos ancêtres, et singulièrement à cet extraordinaire artiste qui l’a ornée de ses peintures !!! Et qui, lui, n’était pas un élève « pompier » des cours d’anatomie de l’école des Beaux-Arts.

Mais pourtant, cet homme si admirable en tant de choses aurait « oublié » le Nom de Dieu ! Est-ce possible ? Est-ce imaginable ? Je crois donc plutôt que Dieu S’est effacé de la mémoire de l’homme comme on se cache pour forcer l’autre à vous retrouver…

Alors, quand je lis, chère Olia, qu’un mythe aussi élaboré que celui, entre cent autres, de la pomme d’or est quelque chose de « mondain », de « folklorique » - je suis déçu qu’une chrétienne puisse considérer ses ancêtres de cette manière. Ils ont fait ce qu’ils ont pu, Olia, pour retrouver Dieu, même au milieu de leur bric à brac imaginatif, et ni vous ni moi n’en serions peut-être capables ! Quand enfin Il s’est décidé à S’incarner pour Se révéler totalement à eux, c’était comme celui qui s’est caché (dans le jeu dont je parle) et qui au moment d’être découvert (et craignant peut-être de ne pas l’être ? qui sait ?) sort de sa cachette et dit : Je suis là, c’est moi !

Car les Grecs du temps du Christ avaient franchi, en leurs ancêtres, des millénaires d’apprentissage. Et en continuant sans plus guère y croire à jouer intellectuellement avec les « fabuleux » outils pédagogiques de leur Mythologie, ils étaient parvenus à deux doigts de « définir » enfin le vrai Dieu : comme étant Unique, comme étant Créateur, comme étant Esprit, comme étant Perceptible, comme étant Bonté, comme étant Beauté, comme étant Nombre, comme étant Source de tout Savoir, etc etc. Mais il leur restait tout de même ce dernier voile, presque transparent peut-être (pour un Platon, par exemple), mais que l’homme ne peut tout de même pas traverser, ni percer - si Celui qui est derrière ne le « déchire pas en deux » Lui-même.
Et donc, lorsqu’ils sont devenus chrétiens, pourquoi auraient-ils renié toute cette patiente élaboration de la pensée de ceux qui les avaient précédés sur ce chemin ardu ? Je ne crois pas du tout que l’Impératrice en question ait eu le sentiment de faire des mondanités ou du folklore, mais au contraire, qu’elle avait la claire notion de perpétrer un « geste symbolique » - subtilement relié à l’idée même du mariage ; et en même temps « évocateur », « appeleur » du Mariage. Donc, quelque chose de sacré, en effet : c’est bien ce que je pense, Olia.

Sacré comme par exemple était la circoncision pour les anciens Juifs, ou le Poisson que l’archange Raphaël fait « attraper » par Tobie, et « amener à terre » (il lui dit même : « Tiens-le bien ! ») dans le but de purifier son mariage, et de le protéger des attaques du démon…

Pour simplifier, je veux simplement ajouter que l’Eau, par exemple, et le Vin, et le Pain, étaient déjà connus (et déjà sacrés) pour l’homme bien avant que le Christ en fasse l’usage « sacramentel » que nous savons. Aussi nos anciens, par exemple lorsqu’ils coupaient le pain au début du repas, y traçaient d’abord le signe de la croix avec leur couteau avant de le partager – et savaient « instinctivement » (ce qui n’est pas plus le mot juste, en ce cas, que celui de « folklore » !) qu’en tant que chrétiens devenus, ils continuaient à sacraliser le pain … comme déjà les Ligures, ou les Gaulois, ou tous les autres l’avaient fait avant eux - bien avant d’apprendre que Dieu s’était enfin incarné pour eux et qu’Il mourrait sur la Croix pour ressusciter – et donc que la Croix sur le Pain partagé signifiait la Vie éternelle partagée avec Lui et par Lui : en le manducant, Lui-même.

Comme vous l’avez parfaitement compris, Olia, en écrivant : « Alors n'importe qui pourrait en conclure que selon lui » [Éliazar] « la pomme avait pour l'impératrice et son fils un sens qui allait au-delà d'un détail de la vie mondain[e], ou "profane" ».

Ben oui ! C’est exactement ce que je pense. Et maintenant je vais dormir en paix !

Éliazar qui vous aime, beaucoup – même si parfois il a l’impression que vous veuillez lui faire enfoncer des portes ouvertes.
Olia
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Message par Olia »

Mon cher Eliazar, ce ne serait quand même pas très sérieux d'affirmer qu'il y avait forcément un élément significatif qui allait au-delà de la tradition purement humaine (mondaine, profane, symbolique au sens poétique, etc.) et qu'il avait un élément d'ordre plus "religieux" au sens où nous l'entendons. Si vous allez trop loin dans certaines interprétations (vous avez déjà fustigé des chrétiens orthodoxes, y compris un de nos évêques, qui avaient vénéré des reliques saintes dans un lieu non orthodoxe et non consacré, alors que la pratique est déjà ancrée dans le monde chrétien orthodoxe), j'aurais l'impression que prendre une coupe de champagne à l'occasion d'une fête entre amis est déjà est symbole quasiment païen (!!!). :) , ou si vous préférez, "allant au-delà d'une coutume non religieuse (profane) :D Quand je dis « trop loin » je me réfère à un manque d’indices ou d’arguments.

Par ailleurs, selon l'histoire, il s'agit effectivement, dans ce cas, d'un détail. Les évènements se situent par ailleurs à une époque ou ces empereurs chrétiens n'étaient pas les tous premiers (... la vie monastique était déjà bien développée, Cassia (Cassienne) et l'heure était aux crises iconoclastes... On approchait déjà le Triomphe de l'Orthodoxie !)

Somme toute, je suis plutôt d'accord avec Catherine quant à la symbolique dite « neutre ». J’ai moi-même grandi dans un milieu où il y avait bon nombre de coutumes symboliques "neutres" qui remontent à des temps anciens.
Olia
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Message par Olia »

P.S. Normalement, pour un(e) chrétien(nne), le sacré, c'est quelque chose qui va bien au-delà des symboles mythiques et poétiques de ce genre. :)

Il s'agit plutôt d'un symbole poétique dit "neutre", à moins qu'il n'ait été sanctifié et clairement préconisé par l'Eglise.
Pour l'instant je ne me décide pas à faire d'Héraklès un saint ancêtre au même titre qu'Abraham, Isaac et Jacob... Je vois des choses positives oui, mais je ne vois pas le "sacré" partout, dans toutes les mythologies etc.

Sans parler du fait que les divinités païennes étaient considérées par nos confesseurs et martyrs, comme des démons (...) et ce, non sans fondement, car y voir que des forces de la nature (donc "neutres" ou "positives") relève de la naïveté spirituelle.
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