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ORDINATION D’HOMOSEXUELS : SOMMET ANGLICAN EXTRAORDINAIRE EN

Publié : sam. 09 août 2003 21:58
par eliazar
Je voudrais revenir sur un thème qui avait déjà fait l’objet d’un échange intéressant au mois de juin de cette même année : le problème des homosexuels (chrétiens) mariés ou ordonnés.

L’Agence Française de Presse, peu prévenue en matière de doctrines ecclésiales (toutes tendances confondues, comme on dit) vient de publier coup sur coup plusieurs dépêches autour de l’ordination d’un évêque épiscopalien pour le New Hampshire (USA ), Gene Robinson, , 56 ans, premier évêque ouvertement homosexuel au sein de cette branche américaine de l’église anglicane.

En juin de cette année, Claude avait signalé à cette occasion que « le chanoine Gene Robinson, qui se déclare ouvertement homosexuel et, père de deux filles adultes, partage sa vie depuis 13 ans "avec son partenaire Mark Andrew" selon les données biographiques officielles figurant sur le site Internet du diocèse. Le chanoine Robinson avait mis fin au mariage avec son épouse par une cérémonie religieuse dans l'église où ils s'étaient unis, cérémonie au cours de laquelle ils s'étaient mutuellement déliés de leurs engagements, puis avaient communié ensemble. »
Avant sa consécration, le pasteur Robinson devait toutefois obtenir le consentement de la Convention Générale des Évêques et des Représentants des Diocèses de son église, et certains avaient carrément menacé de faire scission au cas où un vote majoritaire conclurait à l’ordination – notamment la très importante église anglicane du Nigeria. L'église anglicane est donc menacée d'un schisme après l'ordination de ce premier évêque homosexuel aux États-Unis ; elle viendrait en conséquence de convoquer d'urgence un sommet extraordinaire pour octobre 2003.
Coïncidence ? Un salon de l’homosexualité, "Rainbow attitude", se tiendra pour la première fois à Paris les 18 et 19 octobre, au Parc des Expositions de la porte de Versailles. Les intérêts économiques soulevés en France par le tourisme sexuel spécial y auront toute leur place, mais je vais y revenir.

Je rappelle en tout cas (s’agissait-il d’une manœuvre préalable ?) que l'évêque anglican du New Westminster (Colombie britannique), Mgr Michael Ingham, avait déjà pris le 15 juin 2002 la décision d'autoriser la bénédiction religieuse des unions de couples de lesbiennes et d'homosexuels - cette décision de principe ayant même été concrétisée par l'envoi aux paroisses de son diocèse, en mai 2003, du texte d'un "Rite pour la célébration d'alliances homosexuelles et lesbiennes" (une distinction aussi inutile démontrant l’évidente intention épiscopale d’enfoncer le clou), texte accompagné d'une lettre expliquant qu’il ne s’agissait pas d’une cérémonie de mariage, mais d’une « bénédiction d'engagements permanents et fidèles entre personnes du même sexe afin qu'elles puissent recevoir le soutien de l'Église dans leur vie de couple, sous le regard de Dieu".

Il me semble (mais je peux me tromper) que la première bénédiction d’une union homosexuelle ait été célébrée le 28 mai 2003, à Vancouver (Canada) ; immédiatement, la Chambre des évêques anglicans du Canada avait déclaré vouloir s'abstenir de tout jugement – ce qui était de toute évidence un pas de plus dans cette démarche qui a tous les caractères d’un plan concerté.
Battant le fer pendant qu’il était chaud, c’est quelques jours après que les épiscopaliens du New Hampshire ont élu (le 7 juin 2003) comme évêque coadjuteur le chanoine Gene Robinson, qui se déclare depuis longtemps (au moins depuis ses déclarations explosives de 1990) ouvertement homosexuel : dans ce contexte, on peut valablement se demander si cette ordination ne dépasse pas les frontières de la simple provocation (ce qui resterait du domaine d’un certain folklore publicitaire) pour atteindre au stade d’une déclaration de principe de caractère théologique – qui risque de poser question, à l’avenir, bien au-delà des chrétiens protestants.

Le lecteur Claude nous avait rappelé que dans le cas du pasteur homosexuel Doucé, mystérieusement assassiné en 1990, c’était déjà une bourse du "Conseil oecuménique des Églises" qui lui avait permis de se consacrer de 1974 à 1976 aux problèmes des minorités sexuelles à Amsterdam.
De retour en France, il avait fondé en octobre 1976 le « Centre du Christ Libérateur » (pas moinss !), dans un but clairement proclamé : « pour apporter une aide immédiate et un message chrétien aux minorités sexuelles, principalement aux lesbiennes, homosexuels, transsexuels, travestis, pédophiles, sado-masochistes".
Cofondateur de l'International Gay Association, président du secrétariat international des Groupes chrétiens gais d'Europe, directeur de la revue « Ilia » (Il libère, il aime), animateur de la librairie « Autres cultures », son engagement semble avoir été un peu trop loin au gré de ses "protecteurs", et en 1982 le frère Doucé fut exclu de la Grande Loge de France, en attendant d’être radié de l'Annuaire de la Fédération Protestante de France deux ans plus tard et de disparaître carrément de la circulation le 19 juillet 1990. Au moment même où notre futur évêque Robeson faisait éclater outre-Atlantique un autre scandale prémonitoire.
Le corps du pasteur Doucé avait été retrouvé quelques semaines plus tard en forêt de Rambouillet, et certains parlèrent à l’époque d’une possible implication des services français… des intérêts politiques auraient-ils été concernés ? Je ne crois pas en tout cas que le ou les assassins aient jamais été retrouvés, ni même sérieusement recherchés.

Pour revenir à la récente ordination de l’évêque épiscopalien, elle revêt toutes les caractéristiques d’une brèche ouverte dans la tradition séculaire des églises réformées, une brèche au moins aussi importante que l’ordination d’évêques femmes.

En effet, le 5 août 2003, les évêques de l'Église épiscopalienne, branche américaine de l'Église anglicane, viennent de confirmer officiellement à Minneapolis la nomination sans précédent du premier évêque ouvertement homosexuel au sein de leur Église.
A la suite d'un débat public, les évêques ont donc approuvé par 62 voix contre 45 la nomination du pasteur Gene Robinson dans le diocèse du New Hampshire. Ce vote, obtenu malgré une très forte opposition du haut clergé, fait redouter à cette église des risques de schisme, un groupe de 24 évêques que l’AFP décrit comme « conservateurs » ayant notamment menacé de quitter leur église si le révérend homosexuel devenait évêque. Lors d'un vote préliminaire, les évêques et un collège de laïcs de l'église épiscopalienne américaine avaient déjà confirmé la veille, et à une majorité des deux tiers, la nomination de Gene Robinson à la tête de son diocèse.

Après la confirmation du nouvel évêque américain, l’archevêque primat de Canterbury Mgr Rowan Williams semble s’être borné à prévoir des "jours difficiles" pour la communauté anglicane. Mais on connaît l’art de l’understatement, qui est au Royaume Uni un sport national aussi répandu que le cricket. Peut-on suspecter quelque lien mystérieux entre cette mise en garde évasive du chef spirituel de l'Église anglicane et ce qui semble être un signal pudique de « désengagement de l’anglicanisme » au sein de la famille royale anglaise : un de ses membres et non des moindres viendrait même de pousser le bouchon jusqu’à se faire admettre comme catéchumène dans l’Église Orthodoxe … Que peuvent bien en penser les mânes du roi-fondateur de l’Église Anglicane, Henry VIII – plus connu pour son hétérosexualité opiniâtrement confirmée, quant à lui ?

"J'ai déjà dit qu'il nous fallait, en tant qu'Église, être très attentifs quand nous prenons dans notre partie du monde des décisions qui ont des conséquences ailleurs sur l'Église", a ajouté l'archevêque de Canterbury. En Grande-Bretagne, par exemple, un prêtre homosexuel dont la nomination à la tête d'un diocèse londonien avait provoqué une grave polémique au sein de l'Église anglicane avait finalement renoncé début juillet à être intronisé évêque.

Mais il est de plus en plus admis que la contre-société homosexuelle mondiale représente des enjeux financiers (et politiques) en rapide croissance, depuis le succès du « forcing » auquel elle s’est adonnée avec ses initiatives à grand spectacle – et depuis l’élection de l’actuel maire de Paris.
Le site Internet de l'Office de Tourisme de la Ville de Paris propose depuis peu un lien pour l'accueil gay à Paris.
« Maison de la France », chargée de la promotion à l'étranger, a fait récemment de gros efforts de marketing pour attirer les gays américains en France. Les pays d'origine de cette clientèle sont très divers, selon le SNEG, mais il y a "énormément de Belges, d'Allemands, de Hollandais", et aussi des Italiens, Australiens et Américains.
Le tourisme gay représente une part de marché importante aux États-Unis ; il est donc en pleine expansion en France où il commence à s'organiser. Toujours selon l’AFP, la destination « France » (il faut naturellement lire : « Paris ») serait aujourd'hui très prisée. Selon le SNEG (Syndicat national des entreprises gaies), Paris est devenu, après l'Euro Pride de juin 1997, "une destination gay qui compte en Europe, en concurrence avec Amsterdam" et au même titre que New York, Montréal ou Sydney (Australie), ou l’île grecque de Santorin – elle-même née de l’explosion catastrophique d’un volcan sous-marin (je ne l’inventerais pas !) …

Selon Rémy Calmon, représentant du syndicat interprofessionnel, Paris dispose, outre son attrait de base, d'une offre spécialisée variée, "100% homosexuelle" ou "gay friendly". On y compte une centaine de restaurants, plus de 90 bars, 17 discothèques, sans compter 15 saunas, 14 sex-clubs et nombre d'autres lieux - notamment dans le quartier du Marais, au centre de la capitale.
"La notion de fête est souvent associée aussi à Paris aux lieux gays, dont certains, comme la discothèque The Queen, sont très prisés d'une clientèle hétérosexuelle", dit-il. Ce que confirme le guide Petit Futé, qui vient de rééditer son titre "Paris gay et lesbien".
Si la communauté gay est estimée à 4 millions de personnes en France, on ne dispose pas de chiffres ou d'études sur leur impact économique, même si leur pouvoir d'achat est connu pour être élevé. Aux États-Unis, où existe une Association internationale du voyage gay et lesbien (IGLTA), comptant 1.400 membres, cette population représenterait 10% du marché du tourisme.

Des agences de voyages se sont donc spécialisées. C'est le cas d'Eurogays, située dans le Marais, qui aurait réalisé en 2002 un volume d'affaires de plus de 2,5 millions d'euros : « Il est appréciable de pouvoir demander une chambre avec lit double sans être regardé de travers », souligne le responsable.
Hors-Série, basé à Lille et signalée par un autocollant arc-en-ciel, emblème gay, commercialise sa production au travers de 13 agences en France à l'enseigne du très généraliste réseau toulousain Afat : Association Française des Agences de Tourisme - qui jouit sans doute, lui aussi, d'un appui personnel du nouveau maire de Toulouse. Le chiffre d'affaires visé serait de 100.000 à 150.000 euros par agence.
Lafayette Voyage, filiale des Galeries Lafayette, possède aussi une agence très active dans le Marais.
Et OK Tours, près des Halles, compte une clientèle gay à 60%. Malgré la baisse générale de chiffre d’affaire liée à la canicule, "Juillet a été excellentissime", se félicite une commerciale qui vient de vendre un voyage pour deux au Guatemala et au Mexique, à 7.000 euros. Des chiffres qui font rêver les professionnels, ajoute l’AFP qui s’y connaît.

Je crois vraiment qu’il serait utile que notre Forum apporte enfin un peu de clarté doctrinale, patristique, dans ce problème qui confine à de véritables ordinations « catégorielles » ; notre époque avancerait-elle avec ses bottes de sept lieues vers de futures ordinations d’évêques pédophiles pour les pédophiles ? sadomasos pour les sadomasos ? etc.

En réponse à ma demande « N’y a-t-il pas de canon conciliaire concernant l’ordination de prêtres et/ ou d’évêques dont l’homosexualité n’est pas dissimulée, en tout cas est connue de celui ou ceux qui les ordonne », Antoine avait conclu provisoirement cette discussion (qu’il avait animée avec Claude, Catherine et moi, entre autres) par : « Sur les canons que vous demandez je vous répondrai bientôt à moins que lecteur Claude ne s'en charge. »

Si je me permets de le rappeler à l’un, à l’autre ou à tout autre lecteur bien informé, c’est que l’actualité insiste de plus en plus sur ce sujet. Et je ne crois pas que ce soit simplement par souci d’être « dans le vent »… malgré la jolie boutade de Gustave Thibon.

Éliazar

Ordinations d'homosexuels

Publié : sam. 09 août 2003 22:00
par eliazar
Le dernier mot a sauté dans le titre : Il s'agissait du Sommet Anglican Extaraordinaire en OCTOBRE.

Éliazar

canons ?

Publié : dim. 10 août 2003 12:04
par Catherine
Cher Éliazar,
je ne sais pas si je vous suis de quelque utilité, mais :
Les pères parlent unanimement de la redoutable responsabilité d’être prêtre et aussi de l’attention avec laquelle ceux-ci doivent être choisis pour l’ordination.
C’est déjà évident d’après 1Ti 5,22 : “N'impose les mains à personne avec précipitation, et ne participe pas aux péchés d'autrui; toi-même, conserve-toi pur..”
Les canons (depuis le 9e de Nicée 1) prescrivent les conditions stricts en vue de l’ordination, et la plupart sont encore en usage dans l’Église orthodoxe : ne peut être prêtre qui veut, et celui qui ordonne en est responsable.
Et saint Jean Chrysostome, qui n’est peut-être pas votre père préféré, mais dont on ne peut contester l’orthodoxie, décrit également, dans son TRAITÉ SUR LA PRÊTRISE, les conditions exigées pour être prêtre et ajoute, suivant saint Paul, que la personne qui ordonne un prêtre doit bien examiner le candidat, connaître son caractère, etc.
Si cette personne ordonnait qn qui serait indigne de cette tâche difficile et exigeante, elle serait personnellement responsable de ses péchés, comme le dit saint Paul, et méritera le même châtiment que le prêtre fautif en question.
Imaginez donc la responsabilité de qn qui ordonne prêtre un homosexuel !
Bien sûr, de telles prescriptions ne concernent que les orthodoxes, et pas les hétérodoxes qui se fichent de la tradition de l’Église.

Publié : dim. 10 août 2003 16:30
par Claude le Liseur
Cher Eliazar,

A mon avis, il convient de distinguer et de ne pas jouer sur les mots.

Que peut-on entendre par consacrer évêque un homosexuel?

Soit on est confronté à un ordinand qui a une attirance pour le même sexe comme la plupart des gens ont une attirance pour le sexe opposé, mais qui n'y cède pas, et à mon avis cette situation n'est pas différente de l'oridination de n'importe quel évêque qui a des pulsions hétérosexuelles "naturelles" et dont on attend qu'il les surmonte pour garder sa chasteté.

Soit on est dans le cas de Mgr Gene Robinson, et il s'agit de gens qui vivent en état de concubinage avec un autre homme. Il m'a toujours semblé qu'il y avait une seule forme de vie conjugale qui était conforme à l'ordre divin: le mariage hétérosexuel. On est donc en face d'un évêque qui est ouvertement pécheur public et sans repentance. En plus, dans l'Orthodoxie où il n'y a plus d'évêques mariés, je ne vois pas par quelle logique on pourrait consacrer évêque un homme vivant en concubinage homosexuel si l'on refuse déjà l'épiscopat à des hommes vivant dans un mariage béni... A mon avis, pas besoin de canons spéciaux pour ce genre de cas; la réponse me semble couler de source.

Maintenant, vous avez probablement une bonne intuition en pensant que la Communion anglicane se dirige vers l'ordination d'évêques gays pour les gays, en attendant les évêquettes lesbiennes pour les lesbiennes. Intéressant aussi de rappeler que le pasteur Doucé avait obtenu une bourse du WCC pour étudier les problèmes des minorités sexuelles il y a plus d'un quart de siècle. La manoeuvre est préparée depuis longtemps.

N'oublions pas que l'Eglise épiscopalienne des Etats-Unis s'effondre lentement. Elle est passée de 3,4 millions de fidèles en 1960 à 1,6 million en 1994 (Douglas Bess, Divided We Stand, Tractarian Press, Riverside 2002, p. 15.) La consécration de Mgr Robinson pourrait donc bien être un coup de pub pour retrouver une surface médiatique, ce qui, après tout, a bien réussi aux vieux-catholiques de Suisse quand ils ont ordonné une prêtresse.

important, en effet

Publié : dim. 10 août 2003 18:13
par Catherine
Merci, cher lecteur Claude, pour ces précisions : je pensais évidemment à un homosexuel "pratiquant", sans penser à la nécessité de le dire.
Mais il est vrai que de nos jours, on ne fait pas la distinction, et de ce fait on accuse les diverses religions d'intolérance envers les homosexuels du fait de leur attirance souvent innée (?) vers le même sexe, et dont ils ne sont pas plus responsable que d'autres de n'importe quelle passion (colère, concupiscence etc.) héritée depuis la chute de nos premiers parents.
Or, une chose est la passion et une autre de la satisfaire, ce qui est le péché.

Évêque épiscopalien homosexuel

Publié : dim. 10 août 2003 19:00
par eliazar
Merci à Catherine, et merci à Claude, d’avoir répondu si vite et si sérieusement dans cette période de canicule !

Chère Catherine, vous feriez erreur si vous pensiez que l’antisémitisme (ou toute autre raison) suffisait à m’empêcher d’aimer St Jean Chrysostome. S’il n’est pas mon père préféré, ce n’est que parce que j’en ai au moins cinq qui partagent ce rang avec lui, dans mon cœur.
J’ai bien sûr des opinions, que je manifeste parfois avec trop de virulence, mais il y a longtemps que je me suis rendu compte que les hommes sont de pauvres êtres fragiles (je ne le dis pas spécialement pour les Pères de l’Église, rassurez-vous).
Un de mes collaborateurs, au temps jadis, était un homme faible, timide, un peu fuyant, mais très honnête; timide et sincère. J’avais pour lui une sorte de compassion très proche de l’amitié, tandis que beaucoup de nos autres collaborateurs trouvaient que sa seule présence dans les réunions les mettait mal à l’aise ; ils ne comprenaient pas qu’aux repas que nous prenions en commun, les jours de réunion, j’aille m’asseoir ostentatoirement en face de lui (parce que j’avais constaté qu’on faisait le vide autour de lui, et qu'on le laissait toujours seul à sa table).
Un jour, il lui arriva une sorte de catastrophe intime et les digues lâchèrent : du coup, il me téléphona au milieu de la nuit, bouleversé… et pendant des heures me raconta sa vie : sa mère était encore une gamine, fille du boulanger du village, quand elle l’avait eu d’un tirailleur algérien en cantonnement dans les Causses pendant ou juste après la guerre de 14-18 ; mis à l’écart par ce monde rural très kto, il avait décidé d’entrer au séminaire pour racheter la « faute impardonnable » de sa mère, et aussi parce qu’il aimait vraiment Dieu, même bien des années après les drames qui s’en suivirent. Nous avions des conversations qui eussent étonné nos collègues, sur les Pères de l’Église latine, justement ! J’ai bcp appris de lui dans ce domaine qui, à l’époque, n’était pas vraiment ma tasse de thé…

Pour l'époque, son histoire était somme toute assez banale : au séminaire, il avait découvert la sodomie– et avait conservé ces moeurs pour son usage personnel, tout en étant de plus en plus bourrelé de remords, de culpabilités, d’angoisses, etc. au fur et à mesure qu'il vieillissait dans le péché sans nom.
L’Action Française et les idées de Maurras étaient très à la mode, la seconde guerre mondiale est arrivée, et leur évêque venait les entretenir régulièrement des malheurs de la patrie, frappée à cause de sa tolérance envers les sales Juifs déicides, à cause de son école sans Dieu, et de sa racaille ouvrière rouge.
Mais Dieu avait envoyé un sauveur à la France en la personne du bon Maréchal Pétain, et même le grand chancelier Hitler, quoique glorieusement vainqueur de la ploutocratie internationale, le respectait - et le bon et très pieux général Franco était son ami.
L’espoir renaissait sur les ruines de la Patrie de Jeanne d'Arc, les Anglais seraient vaincus, les instituteurs franc-maçons seraient tous envoyés en prison, les Juifs pervers seraient tous chassés de France, et une Europe Nouvelle était en train de naître, conforme à la volonté de Dieu et construite sur l’amitié entre les peuples, scellée dans le sang versé en commun sur le Front de l’Est, contre la Barbarie Bolchévique.

Naturellement, fortement encouragés par leur maître des novices (ou leur directeur spirituel, je ne me souviens pas bien du terme en usage), par le supérieur de leur séminaire et par l’évêque du lieu, ils furent trois à se précipiter dans les rangs de la Waffen-SS dès que la Légion des Volontaires Français (LVF) fut créée. Je vous ferai grâce de sa désopilante campagne de Russie : si ce n’était pas si lamentable, ce serait digne de figurer dans un livre d’Antoine Blondin… Prisonnier des Russes avant d'avoir pu tirer un seul coup de fusil, enfermé au terrible camp de Tambow, il fut le seul à regagner le séminaire, cinq ans plus tard.

Mais les temps avaient changé, le sauveur de la France était devenu général (comme le saint et bon maréchal était devenu traître à la Patrie), son évêque avait pour lui le même enthousiasme que jadis pour son prédécesseur, et le supérieur du séminaire lui avait soigneusement emboîté le pas : il n’était plus du tout question de faire un prêtre de ce sale traître à la Patrie qui avait porté l'uniforme allemand…
Comme il ne comprenait toujours pas, on l’expulsa avec une délicatesse toute ecclésiastique : pendant les Vêpres, on glissa dans la poche de son manteau, au vestiaire, le portefeuille d’un autre séminariste et on convoqua les gendarmes qui le cueillirent à la sortie de l’office. Comme il était déjà sur la liste noire de la police politique pour son passé de LVF, il fit six mois de prison et quitta sa province définitivement. C’est ainsi que je le découvris dans cette maison d’édition parisienne, où personne n’était au courant, mais où personne ne pouvait le souffrir quand même. Il avait un faciès, comme on dirait aujourd'hui.
Que devais-je faire ? J’aurais certes bien préféré qu’il me laisse dormir ! Mais puisqu’il risquait de se suicider cette nuit-là, je l’assurai de mon indéfectible amitié, à la vie à la mort. Et je me mis à le protéger chaque fois qu’on voulait lui faire une vacherie, ou s’en débarrasser, et après avoir quitté cette maison d'édition, je continuai tout de même à correspondre avec cet ancien SS, mon frère, jusqu’à sa mort (il était plus âgé que moi et d’une santé très abîmée par les années de Tambow).
Qui sait ce que j’aurais fait à sa place, si je n’avais pas été un gamin pendant la guerre ?!
Si je vous ai raconté cela, c’est pour vous faire mieux saisir pourquoi l’anti sémitisme d’un Père de l’Église ne me suffirait pas pour ne plus l’aimer ! Nous sommes si nombreux à faire bourdonner les oreilles du Bon Dieu qu’un pécheur de plus, un pécheur de moins…

Cher Claude, je suis bien de votre avis. Nous vivons un temps de douce folie, et dans le naufrage de cette société, je commence à entendre des clapotis inquiétants jusque dans les cales profondes de notre Sainte Mère l’Église Orthodoxe…
Vous l’avez bien compris, c’est pour cela que je m’insurge contre le sacre d’un évêque anglican proclamant fièrement son homosexualité « consacrée »; sinon, je n'en aurais rien à cirer. Alors, certes, nous sommes orthodoxes, nous (et encore quelque temps, j’espère) mais le SIDA comme la Tuberculose sont hautement contagieux, et je tremble que l’initiative épiscopalienne ne finisse un jour par séduire nos propres oecuménisants… La phraséologie des dépêches de l’AFP, qui parlent dans ce cas précis d’évêques « conservateurs » et d’évêques « libéraux » qui leur seraient heureusement opposés (pour l’ordination en question), me laisse entendre que le « libéralisme » (sexuel, blasphématoire, diabolique ou simplement idiot, peu m’importe au fond) risque bien de faire partie de l’air que nous respirerons tous – demain ou après-demain.

Éliazar

Il y a une chose dont vous ne parlez pas...

Publié : dim. 10 août 2003 22:22
par totocapt
... Et cela m'étonne que vous n'abordiez pas cette discussion, à savoir quels sont les gains spirituels que pourra en retirer l'Orthodoxie au niveau de l'Eglise même? Car vous n'êtes pas sans savoir que lorsque l'anglicanisme a connu ses crises, à côté de passages au catholicisme, il y a eu des passages à l'orthodoxie... Et les craintes de Canterbury se situent (en ce qui concerne les pertes) d'une certaine manière en Asie, aux USA et surtout en Afrique. L'une des plus grosses (sinon la plus grosse) population anglicane hors UK se trouve au Nigéria, et faut-il rappeller que l'orthodoxie africaine est née en Ouganda d'une dissidence de l'anglicanisme, qui s'est étendue au Kenya, au Zaïre et au Ghana? Les évêques récalcitrants se trouvant surtout en Asie et en Afrique donc...

Donc quelles seraient les possibilités d'accroissement de l'orthodoxie suite à cette crise? Il y a t-il des opportunités particulières qui se dessinent actuellement? Pourrait-on avoir aussi un historique des passages de l'anglicanisme à l'orthodoxie ? Merci d'avance pour les contributions! Seriez-vous partant, cher lecteur Claude? :)

Publié : dim. 10 août 2003 23:56
par Antoine
... Et cela m'étonne que vous n'abordiez pas cette discussion, à savoir quels sont les gains spirituels que pourra en retirer l'Orthodoxie au niveau de l'Eglise même?
On ne retire pas de "gains spirituels" du fait que d'autres confessions chrétiennes puissent ordonner des évêques homosexuels. C'est toute la chrétienté qui est touchée de plein fouet et qui porte le deuil de telles décisions absurdes et contraires à tout esprit évangélique.
Le péché des uns ne fait pas la sainteté des autres, et chaque trahison ne fait qu'accroître le règne du malin dans le monde.
L'Orthodoxie ne se réjouit certainement pas de cette situation et les fidèles qui la rejoindraient n'auront fait un choix que par dépit et non par adhésion. Dans ce cas ce choix est nul car il n'est pas le résultat d'une liberté.
L'Orthodoxie n'a jamais retiré de gains d'une hérésie quelconque. Sa vocation est de continuer à proclamer sa Foi dans le Christ et sa Tradition apostolique. Et ce contre vents et marées.

Publié : lun. 11 août 2003 12:28
par Antoine
Eliazar,

Pour illustrer la réponse parfaitement juste de Claude qui écrit:
Soit on est dans le cas de Mgr Gene Robinson, et il s'agit de gens qui vivent en état de concubinage avec un autre homme. Il m'a toujours semblé qu'il y avait une seule forme de vie conjugale qui était conforme à l'ordre divin: le mariage hétérosexuel. On est donc en face d'un évêque qui est ouvertement pécheur public et sans repentance. En plus, dans l'Orthodoxie où il n'y a plus d'évêques mariés, je ne vois pas par quelle logique on pourrait consacrer évêque un homme vivant en concubinage homosexuel si l'on refuse déjà l'épiscopat à des hommes vivant dans un mariage béni... A mon avis, pas besoin de canons spéciaux pour ce genre de cas; la réponse me semble couler de source
voici quelques références scripturaires:

Dans Gen 19, 1-29, nous avons l’épisode de Loth et de sodome.

Dans Jug 19, l’histoire de la tribu de Benjamin qui fut décimée parce que certains de ses membres avaient voulu commettre un viol homo sexuel.

Le Lévitique proscrit formellement l’homosexualité :

- Lv 18,22 tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme : ce serait une abomination

- Lv 20,19 Quand un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme : ce qu’ils ont fait tous les deux est une abomination ; ils seront mis à mort , leur sang retombe sur eux.


St Paul dans le nouveau testament :

Rm 1,27Les hommes de même ,abandonnant les rapports naturels avec la femme, se sont enflammés de désir les uns pour les autres commettant l’infamie d’homme à homme et recevant en leur personne le juste salaire de leur égarement.

1C 6,10 […] ni les efféminés ni les pédérastes[…] n’hériteront du Royaume des cieux

1 Tm 1,10 La loi n’est pas pour le juste mais pour […] les pédérastes […] et pour tout ce qui s’oppose à la sainte doctrine. Voilà ce qui est conforme à l’Evangile de Gloire du Dieu bienheureux , qui m’a été confié.

La citation de la prescription de la Gen reprise par Matt 19 5
« […] et qu’il leur dit : c’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme et les deux ne feront qu’une seule chair ; »

(Il n’est pas écrit de faire une seule chair avec un autre homme.)

Dans les canons (dont les textes sont dans mes cartons de déménagement, mais on doit les trouver dans le pedalion du site de hm Cassien à
http://perso.club-internet.fr/orthodoxi ... /table.htm)

Tous ceux qui ont contracté un mariage irrégulier sont écartés de l’accès aux ordres. ceux qui ont transgressé les lois relatives à la prohibition des mariages à certains degrés de parenté ou d’affinités. (19ème canon apostolique, et 26ème canon du concile in Trullo 6ème canon de St Basile)

Ceux qui se sont remariés ou qui ont épousé une veuve ou une divorcée ou une femme n’ayant pas eu une vie moralement irréprochable (canon apostolique 18 et , in trullo 3)

L’inconduite de l’un des membres du couple avant le mariage est un empêchement à l’ordination ; (Néocésarée canon 8)

Les canons ne mentionnent pas précisément la pédérastie parce qu ‘elle est déjà en soi une « abomination » et tombe sous le coup de « l’inconduite » du canon de Césarée par exemple ; il ne serait pas venu à l’idée des Pères d’en faire une mention spéciale pour l’ordination alors qu’elle est déjà condamnée dans l’Ecriture comme étant pire que la fornication.

Pour illustrer également la signification de cette séparation en homme et femme voici un texte de Saint Maxime que je tire du livre de Panayotis Nellas "le vivant divinisé" paru aux ed du Cerf. Jean-louis Palierne y reconnaîtra sa traduction.

Dans les cinq divisions décrites par St Maxime se trouve celle en homme et femme. Et il appartenait au premier couple d'en réaliser l'union ce qu'il n'a pas su faire. C'est ce que le Christ a réalisé comme le souligne St Paul "En christ il n'est ni mâle ni femelle".
Ceci ne nous écartera pas trop de notre sujet car on comprendra bien que la pédérastie est loin de réaliser cette union, elle qui n'unit que mâle à mâle ou femelle à femelle; elle est donc en opposition avec la finalité de la création telle que la présente l'anthropologie chrétienne et est destructrice de l'image de Dieu en l'homme. Or qui a intérêt depuis toujours à détruire cette image?

Dans le texte je mets en gras ce qui se rapporte spécifiquement à la distinction des sexes.

SAINT MAXIME LE CONFESSEUR

Sur diverses difficultés des saints Denys et Grégoire, PG 91,
1304 D-1312 B.


Les saints qui ont reçu la transmission de nombreux mystères divins par la succession des compagnons et serviteurs du Verbe, et qui ont reçu directement par eux-mêmes la connaissance des êtres à laquelle ils ont été initiés, depuis ceux qui étaient avant eux jusqu’à eux, disent que l’hypostase de tout ce qui est, est partagée par cinq divisions:
— La première de ces divisions, disent-ils, sépare de la nature de l’Incréé la nature créée de l’univers, recevant son être par genèse
— La deuxième selon laquelle la nature tout entière recevant son être par création, est divisée par Dieu en choses intelligibles et sensibles;
— La troisième, selon laquelle la nature sensible est séparée entre ciel et terre;
— La quatrième selon laquelle la terre est divisée entre le Paradis et la terre habitée (oïkoumenè);
Et la cinquième, selon laquelle l’homme — qui est au-dessus de tout comme un atelier général de connexion de l’univers, donc en tant que médiateur naturel et excellent, introduit entre tous les extrêmes et selon toutes les divisions congénitales parmi les êtres — est divisé en mâle et femelle.
Il a donc par nature toute-puissance pour unir, en des médiations entre tous les extrêmes, par la propriété relative à tous les extrêmes, les parties elles-mêmes. Par cette puissance, le mode accompli selon la cause de naissance des êtres séparés devait rendre visible par lui-même le grand mystère du dessein divin après avoir mené à son terme vers Dieu l’union qui pousse successivement et inflexiblement les uns vers les autres les extrêmes existants, des plus proches vers les plus éloignés, des inférieurs aux supérieurs.
C’est grâce à cela que l’homme est introduit en dernier parmi les êtres, comme un lien naturel assurant en tout la médiation entre les extrêmes par leurs parties propres, et conduisant à l’unité en lui-même les choses séparées naturellement par une grande distance entre elles, afin qu’ayant déjà commencé cette unité qui rassemble toutes choses de leur propre division vers Dieu comme cause, et progressant ensuite jusqu’à Dieu par l’enchaînement et l’ordre des intermédiaires, il reçoive la fin de cette longue ascension dans l’unité faite en toutes choses.

Car en cette fin il n’est point de division, puisqu’elle rejette complètement la particularité en masculin et féminin, qui n’a jamais été conditionnée par la raison du projet divin initial sur la genèse de l’homme, par un lien naturel tout à fait impassible de divine vertu. Il se révèle donc et il est, selon le dessein divin, seulement un être humain, non séparé par l’appellation en masculin et en féminin, selon cette raison pour laquelle précédemment il avait été créé sans être divisé par les séparations qui le concernent maintenant, pour la connaissance parfaite en vue de cette même raison, qu’on a dite, selon laquelle il est.
— Et qu’ensuite il fasse une la terre, réunissant Paradis et terre habitée par sa propre conduite de sainteté. Et que la terre ne soit pas divisée par lui selon la différence de ses parties, mais qu’elle soit plutôt rassemblée, sans qu’aucune de ses parties soit en rien dominée par sa propre passion.
— Qu’ensuite il réunisse le ciel et la terre en identifiant sa vie aux anges, en tout selon la vertu, pour autant que cela soit possible aux hommes, et qu’il fasse ainsi que la création sensible soit une et indivisible en elle-même, et que l’univers ne soit plus du tout divisé par lui par des distances entre les lieux, car son esprit est devenu léger, et aucune lourdeur corporelle ne le retient vers la terre, mais il s’abstient aussi de monter au ciel. En effet son intellect ne regarde pas du tout ces choses, il se hâte sincèrement vers Dieu, et préfère sagement monter par degrés vers lui, comme par la grand-route, à un accès naturellement direct vers lui.
— Qu’il réunisse encore les êtres intelligibles et sensibles entre eux, en s’égalant aux anges par la connaissance, et qu’il fasse une toute la création. Et qu’elle ne soit pas divisée par lui en connaissance et en ignorance. Car sa science de la connaissance des raisons (logoi) qui sont dans les êtres sera devenue égale sans lacune à celle des anges. A cette science, vient s’ajouter sans mélange l’effusion du don infini de la sagesse véritable qui accorde ce qui lui faisait encore défaut, et qui offre directement à ceux qui en sont dignes l’intelligence incompréhensible et inexplicable de Dieu.
— Et enfin qu’après tout cela il unisse par l’amour la nature créée à l’incréée — oh, miracle de l’amour de Dieu pour nous! — et qu’il ne se montre plus que seul et unique, possédant la grâce, tout entier embrassant (périchôrèsas) totalement Dieu tout entier. Alors il est devenu tout ce que Dieu peut être, sauf l’identité selon l’essence, et il échange tout entier Dieu contre lui-même. Alors il acquiert Dieu lui-même comme seul et unique trophée de son ascension jusqu’à Dieu, comme fin du mouvement de ce qui est mobile et comme arrêt stable et immobile de ce qui l’a porté vers lui, fin et limite sans fin ni limite de tout terme, de toute institution et de toute loi, de tout verbe, de tout intellect et de toute nature.
Puisque donc, lors de la création, l’homme ne s’est pas mis en mouvement vers l’immobile comme vers son propre principe — je veux dire Dieu —, mais qu’il s’est mis en mouvement par sa volonté insensée vers. ce qui est au-dessous de lui — alors que Dieu lui avait commandé d’en être le principe —, il a fait de cette puissance qui lui avait été accordée par nature d’unir ce qui est divisé, un mauvais usage, pour la division plutôt que pour la genèse. C’est ainsi qu’il s’en est fallu de peu qu’il ne passât lamentablement au non-être, et c’est pour cette raison que les natures sont renouvelées, et que l’immobile en tout par nature se meut, comme par miracle immobilement mû, pour ainsi dire, au-dessus de la nature vers la nature. Et Dieu devient homme afin que l’homme perdu soit sauvé, et qu’unifiant par Lui-même les cassures naturelles de la nature selon le tout universel, et qu’ayant manifesté les raisons proférées universellement des choses partielles, qui constituent l’unité naturelle des choses séparées, il accomplisse le grand conseil de Dieu et Père, ayant tout récapitulé en lui, en qui elles avaient été créées.
— Certes c’est en commençant l’union en tout vers lui de toutes choses, à partir de notre division, qu’il devient un homme parfait, ayant tout ce qui est à nous sans cesse, de nous, pour nous, selon nous, sauf le péché, mais n’ayant nullement besoin de connaître en plus le mariage selon la nature. En même temps et sur le même point, il a montré, à ce que je pense, qu’il y aurait peut-être eu un autre mode de multiplication du nombre des hommes, prévu par Dieu, si le premier homme avait gardé le commandement et s’il ne s’était pas abaissé à la bestialité par sa manière de mésuser de ses facultés propres. Et il a repoussé la différence et la division de la nature — dont l’homme n’avait pas du tout besoin pour naître, on l’a dit — en masculin et féminin, sans lesquels il est éventuellement possible d’être. Il n’est donc pas nécessaire que cela dure toujours, car en Christ Jésus, dit l’Apôtre, il n’est ni mâle ni femelle.
— Puis, il sanctifie notre terre habitée, en y revenant lui-même après sa mort comme homme, et il entre sans entraves au Paradis, comme il l’avait promis sans tromperie au larron [...] C’est pourquoi, comme la terre habitée selon nous ne présentait pas de différence selon lui avec le Paradis, il apparut à nouveau sur terre à ses disciples, et mangea avec eux après sa résurrection d’entre les morts. Il avait montré que pour lui la terre étant une est en elle-même indivise. Il avait sauvegardé — libre de division selon la différence — la raison qui l’a fait être.
— Ensuite par son ascension au ciel il a uni visiblement le ciel et la terre, et étant monté au ciel avec ce corps terrestre dont l’origine et l’essence sont communes avec les nôtres, il a montré que toute la nature sensible est une par la raison qui est en elle, en rejetant dans l’obscurité la particularité de la division qui la divise à l’intérieur d’elle-même.
— Après cela, il a uni ensuite les réalités sensibles et les intelligibles, traversant tous les rangs des puissances divines et intelligibles avec son âme et son corps, c’est-à-dire avec notre nature parfaite, montrant en lui-même le consensus pour l’unité de toute la création, selon sa raison la plus primordiale et la plus universelle, absolument inséparable et indivisible.
— Enfin et pour terminer tout cela, il devient selon ce que l’humanité peut comprendre de Dieu lui-même, c’est-à-dire qu’il apparaît au-dessus de nous, comme il est écrit, comme homme, à la face de Dieu le Père, lui qui comme Verbe ne peut en aucune façon être séparé du Père.
Il a accompli comme homme, en oeuvre et en vérité, selon une obéissance incontournable, tout ce que lui-même comme Dieu avait pré-déterminé d’être, et il a accompli toute la volonté du Dieu et Père sur nous, qui nous étions rendus inutiles en mésusant de la faculté qui nous avait été donnée pour cela aux origines. Il nous a d’abord unis nous-mêmes en lui-même, en effaçant la différence entre mâle et femelle, et il a montré en nous, à la place d’hommes et de femmes — en qui bien sûr on peut voir ce mode de division — seulement des êtres humains littéralement et véritablement conformés en tout à lui, portant saine et totalement inaltérée son image, sans qu’elle soit effleurée en aucune manière par aucune des caractéristiques de la corruption. Et avec nous et pour nous [...1 il a embrassé la création entière, jusqu’aux extrémités, par les parties médianes même, et attaché totalement autour de lui le paradis et l’univers habité l’un à l’autre, le ciel et la terre, les choses sensibles et les intelligibles, car c’est selon nous qu’il a le corps, les sens, l’âme et l’esprit. Et c’est par eux qu’il s’est approprié comme par des parties ce qui lui est totalement apparenté, chaque extrême à l’autre, selon le mode déjà expliqué, et qu’il a tout récapitulé en lui d’une manière digne de Dieu. Il a montré que toute la création est une, comme un autre homme, complètement accomplie par l’association de ses membres les uns aux autres, et acquiesçant à elle-même par la totalité de son existence, selon l’intelligence unique, simple, indéterminable et indifférenciée qui l’a créée du néant. C’est selon celle-ci que toute la création peut se montrer une raison seule et unique et complètement indiscernable, ayant eu le non-être avant l’être.

Évêque Homosexuel Anglican

Publié : lun. 11 août 2003 18:37
par eliazar
Comment remercier assez Antoine pour l’envoi de ce texte admirable de saint Maxime le Confesseur ?

C’est un texte extraordinaire, vraiment, devant lequel même l’Entretien de saint Seraphim de Sarov avec Motovilov sur l’acquisition du Saint Esprit semblerait pâle !

Quelle merveille que de pouvoir lire et relire cette merveille patristique tout justement dans la semaine de notre montée vers la fête de la Transfiguration du Christ !!

Et dire que notre cher Antoine est en plein déménagement, avec tout ce que cela implique par cette chaleur !!! MILLE FOIS MERCI, ANTOINE…

Publié : lun. 11 août 2003 19:24
par Claude le Liseur
Merci à Antoine pour toutes ces précisions.

Une petite remarque à Eliazar: il ne faut pas confondre la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) avec la division SS française Charlemagne. La LVF était une unité de volontaires se battant aux côtés de l'armée allemande avec la bénédiction du gouvernement français à qui le Parlement du Front populaire avait accordé les pleins pouvoirs par 569 voix contre 80 le 10 juillet 1940. Les légionnaires de la LVF étaient au départ tellement persuadés qu'ils se battaient dans une brigade française qu'ils furent choqués de recevoir des uniformes allemands au lieu des uniformes français. On leur avait attribué des uniformes allemands parce que le gouvernement français n'avait pas déclaré la guerre à l'Union soviétique et que le fait de se battre avec un uniforme français leur aurait valu - du moins le craignait-on - d'être exécutés comme francs-tireurs s'ils tombaient entre les mains des Soviétiques. Mais, comme de toute façon, le gouvernement soviétique avait refusé les conventions de Genève, avoir un uniforme allemand n'apportait pas une plus grande protection en définitive...
La division SS Charlemagne fut fondée trois ans plus tard, avec les débris de la LVF et d'autres unités de volontaires français (NSKK, Organisation Todt, auxiliaires de la Luftwaffe et de la Kriegsmarine) renforcés de quelques volontaires anticommunistes plus ou moins suicidaires et de survivants de la Milice réfugiés en Allemagne à qui on donnait le choix entre l'engagement dans la Charlemagne et le camp de concentration. (Il y en avait quand même qui préféraient le camp de concentration, devinant le taux de mortalité qui allait être celui de la Charlemagne!) Himmler avait tout de même accordé aux SS français la promesse solennelle d'être engagés exclusivement contre l'Armée rouge, et de ne jamais avoir à porter les armes contre les Américains, les Britanniques ou d'autres Français. Cette division, qui était une unité régulière de la Waffen-SS et pas une unité spéciale de volontaires comme la LVF, fut engagée en septembre 1944 avec 7'500 hommes (plutôt une brigade qu'une division, donc) et réussit l'exploit de terminer la guerre avec 500 survivants, soit un taux de mortalité de quelque 93% en moins de huit mois.
Peu de combattants de la Charlemagne passèrent par le camp de Tambov où moururent en revanche des milliers de "malgré-nous" alsaciens et mosellans mobilisés dans la Wehrmacht (en tant que Volksdeutsche, ils n'avaient pas le choix). En effet, les SS français de la Charlemagne furent au bénéfice des accords Staline - de Gaulle de décembre 1944: comme Staline voulait tous les Vlassovtsy et autres auxiliaires soviétiques de l'armée allemande capturés en France, il livrait en échange les SS français. La quasi-totalité de ces SS français firent trois ans de prison et furent libérés surtout en 1948, ayant ainsi un sort bien meilleur que les "malgré-nous" de Tambov qui partagèrent en gros le sort des prisonniers de guerre allemands, dont la libération fut étalée jusqu'en... 1955.
(Le dernier prisonnier de guerre de la Seconde Guerre mondiale est un soldat hongrois enfermé dans un asile psychiatrique soviétique pour "autisme" et qui n'a été restitué à la Hongrie qu'en 2000 ou 2001, je ne sais plus!)

Maintenant, pour en revenir au sujet de ce fil, il convient de minimiser les passages éventuels d'anglicans à l'Orthodoxie. Il est vrai que la mission orthodoxe en Ouganda, au Kenya et en Tanzanie a son origine dans la conversion à l'Orthodoxie de deux anglicans ougandais, Rauben Sebanja Mukasa Spartas et Obadiah Kabanda Basajjkitalo, en 1946, mais les effectifs orthodoxes autochtones dans ces trois pays ne dépassent pas 40'000 baptisés, naturellement pas tous venus de l'anglicanisme (Kallistos Ware, The Orthodox Church, Penguin, Londres 1997, p. 190), ce qui est très faible en face des 5 millions de fidèles de l'Eglise anglicane d'Ouganda, du million de l'Eglise anglicane de Tanzanie et du million et demi de l'Eglise anglicane du Kenya (Suzanne Martineau, Les Anglicans, Brepols, Tournai 1996, pp. 183 s.; chiffres probablement à augmenter de 25% pour tenir compte de l'évolution démographique).

Dans le monde industrialisé, les pertes de l'Eglise anglicane ne se font pas au profit de l'Orthodoxie, mais un peu au profit du catholicisme romain et essentiellement au profit de l'ignorance et de l'indifférence généralisée. En Angleterre (je ne parle pas de l'Ecosse et du Pays de Galles où la prédominance du presbytérianisme, respectivement du méthodisme, ne laisse que peu de place à l'anglicanisme), seuls 25% des enfants sont encore baptisés anglicans. Comme on estimait le nombre des anglicans pratiquants en Angleterre à 1'500'000 en 1979 et à 750'000 en 1993 (mais des optimistes parlaient de 900'000), je ne crois pas trop m'avancer en affirmant que les anglicans pratiquants ne représentent guère plus d'1% de la population de l'Angleterre à l'heure actuelle. Je ne crois pas que ces progrès de la désaffection religieuse aient en quoi que ce soit profité à l'Eglise orthodoxe!
En revanche, l'Eglise catholique romaine est de plus en plus puissante en Angleterre, avec 5 millions de fidèles (10% de la population) et un taux de pratique élevé (elle revendiquait 15% de pratiquants en 1993; tenons compte d'une marge d'exagération et réduisons ce chiffre à 10%: cela fait toujours autant de pratiquants catholiques romains qu'anglicans dans un pays qui était autrefois si hostile à la Papauté!).

Comme l'Eglise anglicane est depuis 150 ans la référence absolue pour toute la frange libérale et adogmatique de l'Orthodoxie (Mélèce Metaxakis en Grèce, Miron Cristea en Roumanie, etc.), ce qui a suscité tant de fantasmes d'union entre les deux Eglises, les déviations morales, liturgiques, et doctrinales de la Communion anglicane trouvent naturellement leurs partisans dans l'Orthodoxie. Quand les Eglises de la Communion anglicane ont commencé l'une après l'autre à accorder la prêtrise puis l'épiscopat aux femmes, on a "naturellement" vu dans l'Orthodoxie une campagne en faveur de l'ordination des femmes, où se sont illustrés le patriarche Parthène d'Alexandrie (l'admirateur de Mahomet), l'évêque Calliste (Ware) de Dioclée et Elisabeth Behr-Siegel. On peut donc s'attendre à ce que la réhabilitation de la sodomie que représente l'avènement de Mgr Eugene Robinson trouve bientôt un écho dans certains milieux orthodoxes.

Il est même probable que la consécration épiscopale de Mgr Robinson permettra à l'Eglise épiscopalienne de regagner brièvement du terrain. En se créant ainsi à bon compte une image d'Eglise cool, l'Eglise épiscopalienne obtiendra la canonisation par les media (qui poussent toujours dans le même sens) et attirera quelques temps les homosexuels en quête d'une Eglise à la morale si compréhensive, les amateurs d'émotions religieuses de faible intensité et les papillons métaphysiques. A mon avis, cela ne durera qu'un temps, et la chute des effectifs se poursuivra et s'accentuera. Encore un coup pour rien, et on inventera un nouveau truc pour être encore plus dans le sens de la vision du monde propagée par la société du spectacle. Je suis prêt à parier (façon de parler!) qu'il s'agira des funérailles religieuses pour les animaux de compagnie. En attendant encore autre chose, et ainsi de suite...

Ici, en Suisse, l'Eglise catholique-chrétienne (vieux-catholiques de l'Union d'Utrecht) triomphe parce que l'ordination d'une prêtresse, Denise Wyss, résidant à Baden en Argovie, lui a valu tant de couverture médiatique et de conversions de catholiques anti-traditionnels et de protestants désabusés qu'elle a pu remonter la pente après 70 ans de déclin démographique ininterrompu. En effet, le recensement de 2000 a compté 13'312 catholiques-chrétiens en Suisse, contre 11'748 en 1990, ce qui représente une augmentation de 13,3% et leur permet de se maintenir à 0,2% de la population, ce qui représente une rupture totale avec les tendances des décennies précédentes.

Les catholiques-chrétiens se félicitent de ces chiffres et attribuent une grande partie de cette évolution positive à l'ordination de la prêtresse Wyss.

Pour ma part, je doute fort que ce succès persiste sur le long terme, et je pense que les chiffres du recensement de 2010 montreront sans doute que ce genre de coup médiatique a peu de retombées au-delà de quelques années...

Ok Lecteur Claude!

Publié : lun. 11 août 2003 19:42
par totocapt
... Mais ne pensez-vous pas que l'Orthodoxie ne peut pas tirer son épingle du jeu en Afrique avec tout ceci? Car j'ai cru comprendre qu'elle avait le vent en poupe dans des régions de l'Ouganda, de Tanzanie, de Ghana, du Bénin... L'indifférence religieuse en Afrique est actuellement encore négligeable, des anglicans africains déçus n'auraient pas d'intérêt pour l'Orthodoxie ces temps-ci? Je me demande bien ce qu'en disent les orthodoxes et les anglicans africains, si il y a des pourparlers... :)

Publié : lun. 11 août 2003 20:10
par Antoine
Eliazar,

C’est Jean louis Palierne qu’il faut remercier car c’est grâce à lui que ce texte est disponible en Français. J’ai étudié à fond le livre difficile de Nellas Payanotis cet été et c’est une remarquable étude de l’Anthropologie chrétienne à laquelle Jean-louis nous a donné accès. Le travail de traduction est un travail de grande humilité , le traducteur étant voué à s’effacer derrière l’auteur et de ce fait presque toujours ignoré. Pourtant c’est bien par ce type de travail que l’Orthodoxie se répand en occident. Cette aide à la propagation de l'orthodoxie me semble plus salutaire et plus salubre que de devenir évêque péderaste anglican...

On ne peut comparer ce texte de Maxime avec l’entretien de Séraphim et de Motovilov. Mais je suis touché de votre enthousiasme car j’ai beaucoup aimé ce texte qui reprend les séparations de la création dans le récit de la Genèse. La théologie de Maxime est une pensée très puissante, et c’est son inspiration qui vous ramène à Séraphim .
Si cela vous donne envie de le lire voici de mémoire ce qui est paru en Français à ma connaissance.

Au cerf coll sagesse Chrétienne
Questions et difficultés
Opuscules théologiques et polémiques

Ed de l’Ancre
Questions à Thalassios
Ambigua

Ils ont tous les quatre traduit par Emmanuel Ponsoye et préfacés par J.Cl Larchet
De plus les ‘’ambigua’’ possède une excellente étude du Père Dumitru Staniloae traduite par le Père Aurel Grigoras. La traduction de Ponsoye est ardue. Je ne comprends pas tout. Maxime a un style très dense et concis mais quand même ! Ponsoye avait traduit aussi ‘’La foi orthodoxe’’ de St Jean Damascène et le texte est tout aussi imbuvable.

Plus simple et à lire avant les ouvrages ci-dessus :
Chez Migne dans la collection ‘’les Pères dans la foi’ le fascicule l’agonie du Christ
C’est sans doute là que le pb de la double volonté et de la crise monothélite est facilement abordée. C’est François-Marie Léthel qui en a fait l’introduction et on aura aussi intérêt à lire son ouvrage paru aux ed Beauchesne dans la collection théologie historique et qui a pour titre ‘’Théologie de l ‘agonie du Christ’’. Notons que c’est à propos de la passion et de la prière de l’agonie qu’est bâtie la thèse de Maxime.

Un autre ouvrage que j’ai bien aimé pour rencontrer Saint maxime c’est ‘’La vie en Dieu selon Maxime le confesseur’’ de Nikos A. Matsoukas et qui est paru aux ed Axos. La traduction a été faite Maurice Jean Monsaingeon. Matsoukas lui est prof de théologie à l’université aristotélicienne de théssalonique et son livre est vraiment une bonne introduction générale avec les données historiques de la crise monothélite.

Puis finalement le pavet de Jean Claude Larchet paru au Cerf et qui s’intitule ‘’La divinisation de l’homme selon St Maxime le Confesseur.’’
Il y a tout et ça peut s’utiliser comme un dictionnaire ou un recueil d’articlesde la pensée de Maxime.
Larchet a également publié ‘’Maxime Le Confesseur Mediateur Entre L'orient Et L'occident’’ et une ‘’initiation à Maxime le confesseur’’
Je ne les ai pas lus ; vous avez le droit de me les offrir.

Il serait bon qu’on publie les œuvres complètes de Maxime et qu’on réédite celles de Jean Chrysostome. Pourquoi pas dans la Pléiade, ça changerait un peu de Saint Augustin qui lui y a sa place comme par hasard: perseverare diabolicum est…
Salude

Plusieurs

Publié : lun. 11 août 2003 22:02
par Catherine
Voilà une rubrique qui s'est drôlement ramifiée.
Quelques brèves réactions :
1. Cher Éliazar, je suis vraiment outrée de ce que vous continuez à taxer st Jean Chrysostome d'antisémitisme. Je ne peux pas vous comprendre.
2. Je suis sidérée de vos craintes à tous concernant les multiples déviations qui menaceraient l'orthodoxie, et j'ai du mal à croire que ces menaces aient une réalité quelconque, mais si vous le dites…
Les pères nous mettent en garde contre le contact avec l'hérésie. Quel profit l'Église orthodoxe peut-elle tirer d'un regard quelconque sur les diverses religions ? Ne possède-t-elle pas tout ce qu'il faut pour le salut ?
Qu'est-ce que nous avons à faire avec les anglicans enfin… ?
3. De saint Maxime, il y a aussi les "Centuries sur l'amour", sous forme de sentences dans http://perso.club-internet.fr/orthodoxi ... indexx.htm
Je les aime beaucoup (c'est de la théologie pratique, simple et à ma portée, mais non dépourvu de grandes profondeurs insaisissables, comme tout ce qui est divin), elles sont en fait un résumé des pères sur le sujet.

Publié : lun. 11 août 2003 22:27
par Claude le Liseur
Catherine, certes nous n'avons rien à faire de la Communion anglicane, mais il ne faut pas sous-estimer la fascination de beaucoup d'orthodoxes pour tout ce qui est anglais, la conviction dans certains pays qui ont connu le communisme que l'Empire britannique est la plus grande puissance d'Europe (comme si le monde n'avait pas changé depuis 1914 ou 1939), d'où une admiration béate à l'égard de l'anglicanisme. Car je crois que toutes ces tentatives de réunion depuis un siècle avec l'anglicanisme pourtant tellement éloigné de la tradition apostolique - avec l'anglicanisme précisément, et pas avec le luthéranisme par exemple - s'expliquent par le désir de plaire à la puissance anglaise. La carrière de Mélèce Métaxakis ne s'explique pas autrement.
C'est vrai qu'en Europe occidentale ou en Grèce, la puissance anglaise n'impressionne plus tellement, mais ailleurs...

Pour ce qui est de l'Orthodoxie en Afrique, je ne crois pas que le fait qu'une chapelle apparaisse ici ou là veuille dire que l'Orthodoxie ait le vent en poupe. Elle est desservie par le fait de ne pas avoir eu le soutien d'une grande puissance coloniale (bien au contraire: les Britanniques ont eu la main lourde à l'égard des orthodoxes au Kenya à l'époque de la révolte des Mau-Mau). Je pense donc que les religions qui ont le vent en poupe en Afrique - si jamais l'anglicanisme ou le catholicisme romain venaient à reculer, ce qui n'est pas le cas - sont celles qui ont le soutien actif d'une grande puissance (Arabie séoudite pour l'Islam, Etats-Unis pour le baptisme) ou, au contraire, les Eglises africaines indépendantes du type kibanguisme.
On ne sait pas assez que la hargne du président ivoirien Gbagbo à l'égard de la France s'explique par le fait que sa femme appartient à une secte néo-protestante dirigée depuis les Etats-Unis.