Re:
Publié : sam. 22 sept. 2012 16:21
$Stephanopoulos a écrit :Merci à vous deux pour vos réponses!
Dans ce cas, la connaissance dont j'ai parlé faisait certainement mention du roi Olaf 1er Tryggvesson de Norvège (995-1000) selon le Larousse.
Est-ce donc vrai que cet Olaf là a commis des attrocités qui ont fait dire à Anne Geneviève que ce souverain était un "royal meurtrier"?
Si tel est le cas, comment se fait-il que notre Eglise ait pu le reconnaître comme un saint?
Est-il déjà arrivé, dans l'histoire de l'Eglise, qu'un saint perde rétroactivement son titre de "saint"?
En relisant ce fil, je me rends compte qu'il y a confusion entre trois Olaf, dont deux ont été canonisés: un saint Olaf, roitelet et martyr en Suède, et deux rois de Norvège dont un seul a connu les honneurs des autels.
Olaf Ier (Óláfr Tryggvason), qui avait en effet commencé la christianisation de la Norvège par de rudes moyens, et qui avait obtenu le vote du parlement islandais (l'Althing) décidant du passage de l'île au christianisme en l'an Mil après avoir convaincu Leif Ericson (le fils d'Eric le Rouge, découvreur du Groenland, et lui-même découvreur du continent nord-américain), est mort à la bataille de Svolder en septembre 1000 sur son légendaire bateau le Long Serpent, mais n'a jamais été canonisé.
Saint Olaf II (Óláfr Haraldsson), lui aussi mort pour le Christ à la bataille de Stiklestad le 29 juillet 1030, a fait l'objet d'une vénération très rapide en tant que saint patron du peuple norvégien. Contrairement à la plupart des saints d'Europe occidentale des dernières décennies ayant précédé le schisme définitif entre la Papauté de Rome et l'Eglise du Christ, la vénération de saint Olaf dans l'Orthodoxie est très ancienne. En effet, il y avait une église dédiée à saint Olaf à Constantinople.... dès le deuxième quart du XIIe siècle.
En effet, depuis l'an 988, l'empereur de Constantinople disposait d'une guarde dite "varangienne", à l'origine constituée de sujets du grand-prince de Kiev (donc Slaves et Varègues, c'est-à-dire Suédois plus ou moins slavisés), mais par la suite de plus en plus constituée de Scandinaves et de Britanniques. On sait qu'après la conquête normande de l'Angleterre en 1066, beaucoup de Saxons qui refusaient la conquête se sont réfugiés à Constantinople et se sont engagés dans la garde varangienne. Le recrutement en Scandinavie a duré jusqu'à la fin du XIIe siècle. Lors de l'assaut donné à Constantinople par les Croisés en 1204, une partie des défenseurs de la ville étaient des Scandinaves et des Anglais, fait expressément signalé par Villehardouin dans sa Conquête de Constantinople. Cela tend à souligner le fait que, dans certaines régions où la Papauté avait plus de mal à faire sentir son influence (Scandinavie, Hongrie, îles Britanniques), une partie de la population est restée orthodoxe jusqu'au troisième quart du XIIe siècle (fait que démontre aussi la croisade anglo-normande bénie par le Pape contre la chrétienté d'Irlande en 1171).
Le recrutement dans les îles Britanniques a repris après la reconquête de Constantinople en 1261 et des gardes varangiens d'origine anglaise sont mentionnés pour la dernière fois en 1404, mais ceux-là n'étaient plus d'origine orthodoxe.
Toujours est-il qu'après la victoire remportée par l'empereur Jean Comnène sur les Petchenègues à Eski Zagra en 1122 grâce à l'intervention décisive des Anglais et des Scandinaves de la garde varangienne, une église fut construite à Constantinople en l'honneur de la garde varangienne, église dédiée à saint Olaf, roi de Norvège (cf. Raffaele D'Amato, The Varangian Guard 988-1453, Osprey Men-at-Arms n° 459, Oxford 2012, p. 24).