Page 2 sur 3

L'ERHF ET LE PATRIARCAT DE MOSCOU

Publié : ven. 24 juin 2005 6:26
par GIORGOS
Cher ami Jean-Serge,
Je ne prétends juger a personne, mais en échange je me sens véritablement concerné par le développement des affaires que vous inquiètent a vous aussi, liés au rapprochement parmi l’Eglise Russe Synodal et le Patriarcat de Moscou.
Etant membre de la communauté grecque et baptisé dans l’Eglise Grecque (bien que je suis argentin, trois de mes quatre noms de famille sont grecs), je suis un paroissien « adoptif » de l’Eglise Russe qui m’a reçu.
Plusieurs motifs personnels et inquiétudes doctrinaux a la suite de certains événements communautaires, m’ont fait être membre d’une paroisse qui est a 140 km (aller et retour) de ma maison, quand je puis marcher a pied a la paroisse grecque la plus prochaine (mais elle n’a pas de prêtre en permanence).
Mais je l’ai fait avec la bénédiction, sur le conseil et la démarche préalable de mon recteur paroissial -que avant de « s’enfuir » a la Grèce- nous a envoyé (je n’était pas le seul) a nous réunir avec un prêtre qu’il nous avait désigné comme confesseur et père spirituel.
Je n’ai que gratitude par ces « russes » qui m’ont donné ainsi un refuge spirituel et des bonnes amitiés. Mais, n’étant pas « russe » je puis bien voir la sincère nature des inquiétudes des fidèles et du clergé.
On oublie souvent qu’il n’avait eu émigration volontaire parmi ces malheureux fugitifs du bolchevisme et que la maintien de la foi orthodoxe merci a un clergé dévoué (dans tous ses rangs) n’a eu reconnaissance temporelle aucune. La plupart d’eux autant en 1918 que aujourd’hui ont dû travailler avec ses mains pour se maintenir eux, sa famille, aider a autres plus pauvres encore, et pour le maintien du culte.
Quelques fois, des russes plus fortunés les ont aidé avec postes de travail, comme l’a fait dans les USA, Sikorsky.
Ils sont tous des fils de l’exil ne pouvant pas retourner a sa patrie où les attendait le cachot ou le peloton. Sauf pour les traîtres…
Je comprends bien que le nom d’Eglise Russe Hors Frontières a un valeur de « dénomination d’origine », mais si je préfère celui de Eglise « en exil » ou « de l’exil », c’est parce que seule dans ce nom on clame la légitimité de la démarche et qu'il ne donne pas lieu a l’accusation de schisme.
Le péché de schisme, bien pire que celui d’hérésie selon plusieurs des Pères, très soucieux de l’unité de l’Eglise, on le peut reprocher a toute structure ecclésiastique installée par le pouvoir, et au surplus s’il s’agit d’un pouvoir persécuteur.
Dire ces choses n'est pas prétendre jouer aux Saint Pères. C'est seulement les prendre pour maîtres et modèles, dans notre infime mesure.
Dans l’Eglise il y a des canons très détaillés à propos de le schisme et de la réconciliation.

Ainsi, au péché publique revient la pénitence publique, et aux reniements face aux persécuteurs la déposition. Ne sommes pas nous qui le disons, est saint Cyprien même dans De Lapsis.
Les autorités ecclésiastiques en lieu, peut être « pour préserver l’Eglise », ou pour faire ce qu’ils pouvaient, « ont pactisé avec le pouvoir athée » comme le dit bien Eliazar. De ces autorités ne reste que la succession, les héritiers.
Mais personne peut blâmer a son père parce qu’il a été un voleur et toutefois prétendre vivre des intérêts !
Eh, bien ! Aujourd’hui ils glorifient les Nouveaux Martyrs, ceux de l’Eglise qu’ils ont préservée (?) pactisant avec le pouvoir athée, persécuteur et antichrétien !
Et tout est bon ! : Bon le pacte, et bon le martyre…
N’ont ils pas lu le De Mortibus Persecutorum que Lactance a écrit ?

Repentance publique et individuelle

Publié : ven. 24 juin 2005 11:44
par Jean-Serge
Je voudrais faire lire certains canons du Concile d'Ancyre (extrait du Pédalion mis en ligne par le hiéromoine Cassien) qui traitent justement de ceux qui ont failli en temps de persécution.

http://membres.lycos.fr/orthodoxievco/
CANONS D'ANCYRE


Les 25 canons des bienheureux pères réunis à Ancyre, canons antérieurs à ceux de Nicée, mais venant en second lieu à cause de l'autorité ou notoriété du concile oecuménique.


1. Des prêtres qui ont sacrifié, mais ont ensuite courageusement repris le combat.

Les prêtres qui ont sacrifié, mais qui ensuite se repentant ont repris le combat, non pas en apparence, mais en vérité, sans avoir fait de convention et sans s'être entendus et avoir obtenu qu'ils paraîtraient subir les tortures, qui ne leur seraient appliquées qu'en apparence et pour la forme; ceux-là, il a été décidé qu'il jouiront des honneurs de leur charge, mais ils ne pourront ni offrir, ni prêcher, ni remplir aucune fonction sacerdotale.

2. Des diacres qui ont sacrifié.

De même, les diacres qui ont sacrifié et sont ensuite retournés au combat, conserveront les honneurs de leurs charges, mais cesseront toute fonction liturgique et ne présenteront plus le pain et le vin et ne prêcheront plus. Si cependant les évêques, tenant compte de leur peine, de leur humilité et de leur douceur, veulent ajouter à leur peine ou la diminuer, ils y sont autorisés.

3. De ceux qui après s'être enfui furent pris et forcés de se conduire en païens.

Ceux qui se sont enfui devant la persécution, mais qui ont été arrêtés ou trahis par ceux de leur maison, qui ont souffert la confiscation de leurs biens, ont subi la torture, ont été mis en prison en déclarant qu'ils étaient chrétiens, mais ont été contraints, soit qu'on leur ait mis de force de l'encens dans les mains ou fait prendre de force des mets offerts aux idoles, et qui malgré cela ont persévéré à déclarer qu'ils étaient chrétiens, et ont prouvé leur douleur de tout ce qui leur était arrivé par toute leur retenue et dans leur attitude et dans leur vie pleine d'humilité, ceux-là, n'ayant commis aucune faute, ne doivent pas être privés de la communion; s'ils l'ont été par une sévérité trop grande ou par l'ignorance de certains, ils doivent être immédiatement réintégrés. Cela s'applique aux ecclésiastiques comme aux laïques. On examina de même si les laïques à qui on avait fait violence pour sacrifier pouvaient être promus dans les rangs du clergé; et l'on décréta qu'eux aussi n'ayant pas commis de faute, pouvaient être promus, si leur vie antérieure honnête le leur permet.

4. De ceux qui pour divers motifs ont commis quelque chose de païen.

Quant à ceux qui ont été contraints de sacrifier, et en outre de prendre part au banquet des sacrifices, ceux d'entre eux qui y étant emmenés, y allèrent d'un pas allègre et revêtirent leurs plus beaux habits et prirent part au banquet préparé sans se soucier de rien, il a été décidé qu'ils resteront un an parmi les audientes, trois ans parmi les substrati, prendront part aux prières seules pendant deux ans, et seront alors complètement réconciliés.

5. De ceux qui ont mangé en pleurant des mets consacrés aux idoles.

Mais ceux d'entre eux qui s'y sont rendus en habit de deuil, et en se mettant à table ont mangé en pleurant tout le temps du repas, après avoir accompli les trois ans parmi les substrati, ils seront admis sans prendre part à l'offrande; s'ils n'ont pas mangé, ils seront substrati deux ans et la troisième année ils seront admis au culte sans prendre part à l'offrande, afin d'être reçus complètement la quatrième année. Les évêques auront le pouvoir, après avoir éprouvé la conduite de chacun, de se montrer indulgents, ou de prolonger le temps de la pénitence; mais avant tout il faut examiner la vie de chacun avant et après la chute et mesurer la miséricorde en conséquence.

6. De ceux qui se sont conduits en païen par peur.

Quant à ceux qui ne se sont rendus qu'à la menace de la confiscation de leurs biens ou de l'exil, et qui ont sacrifié et ne l'ont pas regretté jusqu'à ce jour ni ne sont revenus, mais qui à l'occasion de ce concile sont venus et ont résolu de se convertir, il a été décrété que jusqu'à la grande fête de Pâques ils seront admis parmi les audientes, qu'ils seront après la grande fête substrati trois ans, puis, deux ans durant, ils prendront part au culte sans offrande, et alors seulement ils seront complètement admis, de sorte que tout le temps sera de six ans. Pour ceux qui auraient été admis à la pénitence avant ce concile, on comptera les six ans à partir du moment où ils ont commencé. S'ils sont cependant exposés à un danger, ou menacés de mourir à la suite d'une maladie, ou s'il y a un autre motif grave, ils seront admis sous condition, (c-à-d que remis ils feront les six ans de pénitence.)

7. De ceux qui ont mangé dans des lieux consacrés aux idoles.

Quant à ceux qui durant une fête païenne, dans un lieu destiné à des païens, ont apporté et mangé leurs propres mets, ils seront deux ans substrati, puis admis. Quant à savoir s'il faut les admettre à l'offrande, c'est à chaque évêque d'éprouver et d'examiner la vie d'un chacun.

8. De ceux qui furent forcés de sacrifier à plusieurs reprises.

Ceux qui étant contraints, ont sacrifié deux ou trois fois, demeureront quatre ans substrati; ils participeront au culte sans présenter d'offrande pendant deux ans et la septième année ils seront admis complètement.

9. De ceux qui amenèrent les autres à sacrifier.

Ceux qui non seulement ont apostasié, mais, en ennemis de leurs frères, les ont contraints à l'apostasie et les y ont fait contraindre, ils resteront pendant trois ans parmi les audientes, puis six ans parmi les substrati: ils prendront part au culte sans offrande pendant un an, en sorte qu'ayant accompli dix ans ils pourront prendre part complètement au culte. On observera aussi leur conduite pendant tout ce temps.


Il en sort clairement qu'une pénitence et une repentance était exigée à chacun de ceux qui avait failli, pénitence qui passait même par la suspension de certains droits religieux, pour plagier un vocabulaire juridique qui parle de privation des droits civiques.

Une telle pénitence-repentance pouvait être reçu je suppose par le clergé qui lui, n'avait pas failli... D'une certaine façon elle était publique car tout fidèle pouvait voir que l'ex-fidèle X ou Y se tenait avec les audientes, ne communiait pas, que tel prêtre ne célègrait plus etc...

Le cas russe me semble différent : Eliazar dit. Que savons-nous de la repentance des autres. Je n'ose pas croire que les personnes impliquées ne se soient pas déjà confessées. Je ne demande pas non plus des suspensions de façon obligatoire.

Mais à qui se seraient-elles confessées? A d'autres membres du clergé ayant eux-même failli? Il aurait fallu, à mon avis, qu'elles se confessent à des gens n'ayant pas failli. Peut-on en trouver dans l'Eglise patriarcale des gens de ce type? Je ne pense pas car à mon avis commémorer le Patriarche tout en sachant qu'il est de mèche avec le pouvoir athée fait entrer dans la catégorie des "Lapsi". Les seules personnes, à mon avis, à même de recevoir ces confessions et cette repentance étaient le clergé de l'ERHF et de l'Eglise des Catacombes (dont on ne sait pas grand chose).

Venons-en à l'aspect public et individuelle de la repentance. Comme je l'indiquais plus haut, la modalité de la pénitence prévue par le Concile d'Ancyre va de pair avec la publicité de la chose et aussi son aspect individuel... car l'épitimie est en quelque sorte visible par tous. N'oublions pas que les confessions aux premiers temps étaient publiques également. Il me semble aussi que lors des Vêpres du Pardon, le prêtre demande pardon de façon publique... Je ne demande pas des auto-flagellations sur la Place Rouge devant le mausolée de Lénine et les caméras de CNN et d'Al Jazeera.

Je ne demande pas de sombrer dans un show de pénitence comme le font certains protestants avec force cris et convulsions. Ni dans la mode vaticane qui consiste à demander pardon pour tout et n'importe quoi : les croisades, la colonisation, l'eclavage, les crimes contre les Juifs et bientôt le trou de la couche d'ozone agrandi par la fumée qui sort de la cheminée pour annoncer l'élection d'un pape...

Mais étant donné que certaines personnes ayant peut-être eu des liens très forts avec le pouvoir athée sont encore en vie, doivent eut-être leur poste à ce lien, il ne me semble pas déplacé qu'elles se repentent publiquement et individuellement. Pour donner un exemple, le Département des affaires extérieurs de l'Eglise russe a une réputation un peu "sulfureuse dirais-je. Le Métropolite de Léningrad mort d'une attaque cardiaque au Vatican (sous Jean-Paul I) était dit-on un rien lié au KGB et l'un des ses fils spirituels serait Kirill de Smolensk et de Kaliningrad, patron du dit Département... (Et là je me base sur des sources ERHF-Lavre).

Un son de cloche différent

Publié : ven. 24 juin 2005 20:52
par Jean-Serge
Le Père Andrew Philips publie son commentaire sur son site Internet. Il est prêtre de l'ERHF Lavre, fondateur d'une paroisse anglophone en Angleterre (qui disait que tout était en slavon dans l'ERHF?). Le ton est optimiste et donne un autre point de vue.

http://www.orthodoxengland.org.uk/
THE TRIUMPH OF REPENTANCE AND THE VINDICATION OF CHURCH TRUTH

As I live, saith the Lord God, I do not desire the death of the sinner, but that the sinner turn from his way and live.
Ezekiel 33,11


Yesterday’s publication of documents detailing the agreements on former points of discord between the Moscow Patriarchate and the Russian Orthodox Church Outside Russia (ROCOR) is a historic event. It reflects the repentance of those who only ten years ago still rejected and even scorned the central positions of the Church Outside Russia on the New Martyrs and Confessors, Sergianism and Ecumenism. It reflects the will of the Patriarchate to reunite with the historic path of Truth of the whole Russian Church, faithfully adhered to by ROCOR, and the will of ROCOR to recognize this. It now remains for all concerned to agree on the Act on Canonical Communion in 2006.

The present agreed positions have become possible only because of the words spoken at the Moscow Council of August 2000, when the episcopate of the Moscow Patriarchate at last threw off the Communist yoke. As soon as the words of that Council could be implemented, it was inevitable that talks would begin between ROCOR, that part of the Russian Church which had always been free, and the newly freed Patriarchate. For in August 2000, not only did the Patriarchal Church begin canonizing the New Martyrs and Confessors, but also it condemned yet again the excesses of the Sergianist period of its history (1), its compromises with the atheist State and also its compromises with the ill-absorbed Renovationism of the ‘Living Church’ schism and the Ecumenist heresy.

The moment of repentance in August 2000, so long awaited, for three generations, by ROCOR, was a cause for rejoicing. With the acceptance by the Patriarchate of the positions of ROCOR, it was time for ROCOR to pay attention to itself. This meant making sure that those politically and nationalistically-minded, as well as foreign, elements which had been trying to take over ROCOR and persecute the patient faithful ever since the 1960s, imposing their ideologies, could now finally be put in their place. Under the wise leadership of the Most Reverend Metropolitan Laurus and the episcopate, this has been done: hence the present agreed documents of both parts of the Russian Church. The Moscow Patriarchate has accepted the ROCOR views concerning the New Martyrs, Sergianism and Ecumenism. As Metropolitan Kirill of Smolensk admitted, only in 2004: ‘The epoch of the imprisonment of the Church has come to an end’ (2). The patience of ROCOR in waiting until now has been vindicated.

As regards the future, according to the Act on Canonical Communion, ROCOR is to keep its self-governing Metropolitan status within the Russian Church, granted to it by St Tikhon in 1920. ROCOR will continue to be independent in all internal matters, including in its pastoral work and in matters of Church property. This will ensure the ability of ROCOR to continue, and hopefully reinforce, its missionary work among Non-Orthodox, under the patronage of St John of Shanghai.

As regards ROCOR’s gallant attempts to reunite the Old Calendarists of the Balkans with their Mother-Churches, and at the same time guarantee that they keep the Church calendar, it seems that here too there is some hope. Thus, one Greek Old Calendarist group has received an offer that it return to the Mother-Church, with the guarantee that it may keep the Church calendar. It seems that the battle to restore the Church calendar for the fixed feasts to the three Balkan Churches (the Greek, the Bulgarian and the Romanian) is by no means lost, despite the pernicious influence of Western modernism in those countries. (The same is true for the very small but ancient Greek Orthodox Patriarchates of Constantinople, Antioch and Alexandria).

As regards Ecumenism, we believe that the joint agreement represents an official Orthodox position on Ecumenism, which is both firm and truthful, but also accepts that Orthodox must continue their missionary witness to the heterodox. It is our belief that here too, other Local Orthodox Churches could overcome many of their internal divisions on this issue by adopting this agreement. This balanced agreement represents the rejection of already anathematized Ecumenism, but admits of the need for missionary witness.

Thus the documents published here point the way to the restoration of eucharistic communion all through the Russian Church. Furthermore, they also send out signals to other Local Orthodox Churches which have erred in similar ways. Thus, the three Balkan Churches, which have yet to return to the Church calendar, also still have to canonize their own New Martyrs, as have the Russian Church and the Serbian Church. Meanwhile other former fragments of the Russian Church, in Poland, the Czech Lands and Slovakia, the USA, Finland, the Eulogian group in Paris who refused to bear the cross of the Russian Church, and other ageing renovationist fractions of the Moscow Patriarchate in the diaspora, are now called on to move ahead in the same spirit of repentance and return to the Orthodox Tradition. This will take time, but this is the nature of all human repentance.

After the canonization of St Tikhon, the founder of the Russian Orthodox Church Outside Russia, we look forward to further canonizations. Over eighty-five years, there have been many holy men and women who have laboured for Church Truth in ROCOR. Of these St John of Shanghai and St Jonah of Manchuria have already been added to the numbers of the saints. However, there are others: notably, we think of Archbishop Theophan of Poltava (+ 1940) and Metropolitan Philaret of New York (+ 1985).

Among such figures, there is one even more outstanding hierarch, whose greatness as a twentieth century Church Father and struggler for Church Truth, long recognized by figures such as his disciple St John of Shanghai, St Justin of Chelije (3), Patriarch Barnabas of Serbia (4) or Archbishop Nathaniel of Vienna (5), is now being recognized inside Russia also. This is Metropolitan Antony of Kiev, the First Primate of the Russian Orthodox Church Outside Russia (+ 1936). For decades many of us have recognized his greatness and his holiness. His relics, however, still lie in Belgrade. We believe, and here boldly assert, that the time is coming when the heavenly glory of Metropolitan Antony, and of others who toiled in the face of the contempt and persecution of this world, will be revealed on earth.

Nevertheless, we must admit that the future remains uncertain, if there is not full repentance by all. And, as the Fathers say, without repentance, there is no salvation. Here, there can be no triumphalism, for we are all sinners, there can only be rejoicing at repentance by all, that the path to salvation is taken by all, that Church Truth is victorious for all, that God’s will is sought by all. Glory to thee, O God, glory to Thee!
En voici une traduction commentée :

Le triomphe de la repentance et la justification de la Vérité ecclésiale
La publication hier des documents détaillant les accords sur les anciens points de discorde entre le Patriarcat de Moscou et l’Eglise russe hors Frontière (ERHF) est un événement historique. Elle reflète la repentance de ceux qui, 10 ans plus tôt à peine, rejetaient voire méprisaient les positions de principe de l’ERHF sur les Nouveaux Martyrs et Confesseurs, le sergianisme et l’œcuménisme. Elle reflète d’une part le désir du Patriarcat de Moscou de rejoindre la voie historique de la Vérité de l’Eglise russe entière, voie à laquelle a adhéré l’ERHF, et d’autre part la volonté de l’ERHF de prendre acte de cela. Il reste aux personnes concernées d’accepter l’Acte de Communion canonique en 2006.
L'événement est en effet historique...
Parvenir à un accord sur ces points a été possible uniquement à cause des mots prononcés au Concile de Moscou en août 2000, quand l’épiscopat du Patriarcat de Moscou rejeta enfin le joug communiste. Dès que les paroles de ce concile se traduirent en actes, il était inévitable que les négociations commenceraient entre l’ERHF, cette partie de l’Eglise russe qui a toujours été libre et le Patriarcat nouvellement libéré. A partir d’août 2000, l’Eglise patriarcale commença à canoniser les Nouveaux Martyrs et Confesseurs, mais aussi condamna à nouveau les excès de la période sergianiste, ses compromis avec le régime athée et aussi ses compromis avec le « rénovationisme » des schismatiques de l’Eglise vivante et avec l’hérésie oecuméniste.
Manifestement, son analyse est toute autre que la mienne...
Ce moment de repentance d’août 2000, si longtemps attendu, sur trois générations, par l’ERHF fut une occasion de se réjouir. Avec l’acceptation par le Patriarcat des positions de l’ERHF, le temps était venu pour l’ERHF de s’occuper d’elle-même. Cela signifiait : s’assurer que ces éléments à l’esprit politicien et nationaliste et étrangers [à l’ERHF], qui essayaient de prendre le contrôle de l’ERHF et de persécuter les fidèles patients et ce dès les années 60, tentant d’imposer leurs idéologies, soient définitivement remis à leur place. Sous la sage conduite du Métropolite Lavre et de l’épiscopat, cela fut fait : de là les documents actuelles validés par les deux partie l’Eglise russe. Le Patriarcat de Moscou a accepté les opinions de l’ERHF sur les Nouveaux Martyrs, le Sergianisme et l’œcuménisme. Comme le Métropolite Kirill de Smolensk l’a admis, en 2004 à peine : « La période d’emprisonnement de l’Eglise touche à sa fin ». La patience de l’ERHF est ainsi justifiée.
Je ne manquerai pas de demander au Père Andrew à quoi il fait allusion dans la partie soulignée en gras. Cette période correspond plus ou moins avec l'Affaire Vitaly... Ce serait intéressant de savoir quel est le sens à donner à cette affaire...
En ce qui concerne l’avenir, selon l’Acte de communion canonique, l’ERHF devra garder son statut de Métropole autonome au sein de l’Eglise russe, accordé par Saint Tikhon en 1920. L’ERHF continuera d’être indépendante pour les affaires internes, y compris son travail pastoral et en matière de biens ecclésiastiques. Cela garantira la possibilité de l’ERHF de poursuivre et espéron-le renforcer son travail missionnaire auprès des non-orthodoxes, sous le patronage de Saint Jean de Shangaï.
L'Eglise russe Hors Frontière se voulait une église "en exil". La vocation de l'exilé est de rentrer à terme dans son pays. D'une certaine façon l'ERHF l'a fait en ouvrant à une époque des paroisses en Russie. Mais l'union venant, l'ERHF aura-t-elle une vocation missioonnaire? C'est ce que sous-entend ce texte et ce qu'on peut souhaiter... Une mission ERHF en France ne ferait de mal à personne...
En ce qui concerne les courageux efforts de l’ERHF pour réunir les Vieux calendéristes des Balkans avec leurs Eglises-Mères, et en même temps garantir le maintien de l’ancien calendrier, il semble qu’ici aussi il y aie quelque espoir. Ainsi un groupe grecque vétéro-calendériste a reçu une offre de retourner à l’Eglise Mère, avec la garantie de conserver le Calendrier de l’Eglise [l’ancien calendrier]. Il semble que la bataille pour restaurer le Calendrier de l’Eglise dans les trois Eglises des Balkans (Grèce, Bulgarie et Roumanie) n’est en rien perdue, en dépit de l’influence pernicieuse du modernisme occidental dans ces pays. (La même chose est vraie pour les petits mais anciens Patriarcat orthodoxes grecs de Constantinople, Antioche et Jérusalem).
Passage important car il indique l'évolution de l'ERHF avec les Vieux Calendéristes roumains, grecs et bulgares. Avec les Grecs, le torchon brûle assez sérieusement... Je n'ai aucune information dans les deux autres pays, mais si l'ERHF souhaite que ces groupes rejoignent les Eglises néo-calendéristes, cela laisse à supposer que l'ERHF rétablira une communion avec l'ensemble du monde orthodoxe dit "canonique". Mais comment exiger à ces groupes de rejoindre les Eglises officielles si celles-ci demeurent oecuménistes? L'oecuménisme fait en effet partie des critiques VCO!
En ce qui concerne l’oecuménisme, nous croyons que la déclaration commune représente une position orthodoxe officielle sur l’œcuménisme, position à la fois ferme et véridique qui accepte aussi que les orthodoxes doivent continuer leur témoignage missionnaire auprès des hétérodoxes. Là aussi, nous croyons que les autres Eglises orthodoxes locales pourraient surmonter bien de leurs divisions internes sur la question en adoptant cette déclaration. Cette déclaration équilibrée représente le rejet de l’œcuménisme, déjà anathématisé, mais admet aussi le besoin d’un témoignage missionnaire .
Pourquoi le Patriarcat de Moscou n'adopte-t-il pas alors cet anathème sur l'oecuménisme? Comment considérer du dialogue théologique inter-chrétien comme une vraie mission? Il y a à mon avis confusion entre mission et blabla théologique à un niveau officiel qui ne donne souvent rien.
Ainsi les documents publiés indiquent la direction pour la restauration de la communion eucharistique dans l’Eglise russe entière. De plus, ils envoient des signaux aux autres Eglises orthodoxes qui ont erré de la même façon [que le Patriarcat de Moscou]. Ainsi les trois Eglises des Balkans qui ont encore à retourner à l’Ancien calendrier, doivent encore canoniser leurs propres Nouveaux Martyrs, comme l’ont fait les Eglises russe et serbe. Pendant ce temps, d’autres fragments de l’Eglise russe, en Pologne, dans les Républiques tchèque et slovaque, aux Etats-Unis, en Finlande, le Groupe Eulogien de Paris qui refusèrent de porter la croix de l’Eglise russe et d’autres fractions « rénovationnistes » du Patriarcat de Moscou au sein de la Diaspora sont à présent appelés à aller de l’avant dans ce même esprit de repentance et de retour à la Tradition orthodoxe. Cela prendra du temps, mais c’est la nature de toute repentance humaine.
Il est en effet surprenant que les autres églises ayant des nouveaux martyrs ne les aient pas canonisés (serait-ce un reste de sergianisme version bulgare ou roumaine). Cela dit le Patriarcat de Moscou n'a pas canonisé tous les nouveaux martyrs. Pourquoi?

Le Père Andrew parle des Eglises qui doivent retourner à l'ancien calendrier. Mais les paroisses du Patriarcat de Moscou au calendrier entièrement grégorien comme en Hollande ou au calendrier Julien révisé vont-elles retourner à l'Ancien calendrier?

Pour ceux qui n'ont pas compris, le Groupe Eulogien, c'est la Rue Daru.
Après la canonisation de Saint Tikhon, fondateur de l’ERHF, nous attendons avec impatience d’autres canonisations. Sur 85 années, il y a eu de nombreux Saints Hommes et Saintes femmes qui ont œuvré pour la Vérité ecclésiale au sein de l’ERHF. Parmi eux, Saint Jean de Shangaï et Saint Jonah de Mandchourie ont déjà été canonisés. Cependant, il y en a d’autres : nous pensons tout particulièrement à l’Archevêque Theophane de Poltava (+ 1940) et au Métropolite Philarete de New York (+ 1985).

Parmi de telles figures, il y a un hiérarque encore plus impressionnant, dont la stature de Père de L’Eglise et de Combattant de la Vérité au 20e siècle, reconnue en sont temps par des personnes tel que son disciple Saint de Shangaï, Saint Justin de Chelije, le Patriarche Barnabé de Serbie ou l’Archevêque Nathanaël de Vienne, commence à être reconnue en Russie également. C’est le Métropolte Antoine de Kien, premier Primat de l’ERHF (+1936). Pendant des décennies, nombre d’entre nous ont reconnu sa « grandeur » et sa sainteté. Ces reliques, cependant, reposent toujours à Belgrade. Nous croyons, et affirmons avec audace, que le moment approche quand la gloire céleste du Métropolite Antoine et des autres qui ont travailler dur en dépit du mépris et de la persécution de ce monde sera révélé sur terre.
Ces canonisations seraient en effet justifiées : le Métropolite Philarète dont le corps est incorrompu fut un des pères des anathèmes contre l'oecuménisme... et l'auteur des remarquables Epitres de la Douleur envoyées aux hiérarques orthodoxes pour les mettre en garde contre l'oecuménisme. Quant au Métropolite Antoine de Kiev, il a rédigé des écrits remarquables...
Cependant, nous devons admettre que l’avenir demeure incertain,s’il n’y a pas une repentance de tous. Et, comme le disent les Pères, sans repentance, il n’y a pas de salut. Ici, il ne peut pas y avoir de triomphalisme, car nous sommes tous pécheurs ; il peut seulement y avoir de la joie à voir tout le monde se repentir, à voir tout le monde prendre le chemin du salut, à voir que l’Eglise est victorieuse pour tous, que la volonté de Dieu est faite par tous. Slava tebe Bozhe Slava tebe !
Effectivement, il ne faut pas sombrer dans le triomphalisme. Ce court paragraphe l'indique : il faut la repentance de tous. Je suis heureux qu'un prêtre ERHF-L le rappelle ce qui laisse à penser que l'ERHF surveillera de près l'évolution du Patriarcat de Moscou en matière d'oecuménisme et autre afin de voir si l'année 2006 sera l'année de la réunification ou si cela devra être reporté.

Il n'a pas fallu attendre longtemps

Publié : ven. 24 juin 2005 20:59
par Jean-Serge
Je crois que mes craintes sur le document conjoint ERHF - Moscou sur l'oecuménisme était justifié. Certains trouvent le document très correct moi non car il laisse une ambiguïté certaine en permettant des aires de coopération. Par ailleurs cette dépêche du COE semble indiquer que le syncrétisme religieux au sein du COE a encore de beaux jours devant lui et que le Patriarcat de Moscou ne proteste pas excessivement.

Le document conjoint du Patriarcat de Moscou et de l'ERHF sur l'oecuménisme dit :
Pour cette raison, une résolution doit être trouvée dans le futur le plus proche pour savoir jusqu’à quel degré les formes de coopération inter-chrétiennes permettent une participation de représentants orthodoxes sans contredire l’esprit de l’orthodoxie. Une condition de la participation de l’Eglise orthodoxe à ces organisations inter-confessionnelles, y compris le Conseil Œcuménique des Eglises (COE) est la mise à l’écart [au sein de ces organisations] du syncrétisme religieux.
Sur le site du COE, je lis à l'instant :

http://www2.wcc-coe.org/pressreleasesen ... 05-22.html
The patriarch expressed the Russian church's desire to collaborate with WCC work, notably in the areas of peacemaking, interreligious dialogue, and the protection of the creation.
Le patriarche [Alexis II] a exprimé le désir de l'Eglise russe de collaborer avec le COE, notamment dans les domaines de l'instauration de la paix, du dialogue interreligieux et de la protection de la création [la nature]
N'y a-til pas une contradiction avec la déclaration commune?

Publié : ven. 24 juin 2005 21:04
par Jean Starynkévitch
Non, je n'y vois pas de contradiction.

« Dialogue interreligieux » et « syncrétisme religieux » ne sont pas synonymes. Je suis pour ma part un ardent participant au « dialogue interconfessionnel » tout en rejetant les divers syncrétismes, et je ne trouve pas que cette ligne de conduite soit remplie de contradictions.

Peut-être...

Publié : ven. 24 juin 2005 21:13
par Jean-Serge
Peut-être c'était juste une question : mais suite à cette publication, je crois que nous sommes nombreux à surveiller le Patriarcat de Moscou et sa prochaine cacodoxie oecuméniste, histoire de voir s'il respecte sa signature. J'espère que l'ERHF surveille aussi cela de près... Par exemple une nouvelle sortie d'Hilarion de Vienne sur le territoire canonique du Patriarcat de Rome...

Publié : ven. 24 juin 2005 23:23
par Jean-Louis Palierne
Puisque on cite les canons à propos du reniement de la foi chrétienne, je voudrais citer les canons de Pierre d'Akexandrie, qui figurent dans le Corpus canonum de l'Église. Certes le culte rendu aux idoles païennes ne fait pas partie de notre quotidien contemporain, mais ce qui est admirable, c'est la manière dont Pierre d'Alexandrie tdiscerne entre les diverses attitudes de ceux qui ont succombé aux persécution et trahi leur foi.
Canons de saint PIERRE d’Alexandrie, Martyr, († 311)
formulés dans son Discours sur la Pénitence
1 [De ceux qui n’ont apostasié qu’après de nombreux supplices]
Pour la quatrième fois voici donc que la persécution nous surprend durant la Pâque. Ceux qui ont été traduits devant les tribunaux et jetés en prison, qui y ont subi des tortures intolérables, des supplices insupportables et de nombreuses autres peines, puis ont été trahis par les défaillances de la chair, n’ont pas été réadmis directement à cause de la grande chute qui en a résulté. Mais pour tenir compte de leurs abondantes souffrances et de leur longue résistance — ce n’est pas en effet de leur propre choix qu’ils en sont arrivés là, c’est la faiblesse de la chair qui les a trahis, puisqu’ils portent visiblement sur leurs corps les stigmates du Christ , et voici déjà la troisième année qu’ils gémissent —, on ne leur imposera pour mémoire que quarante jours supplémentaires de pénitence à compter de leur élargissement, car ce sont justement ces jours après lesquels notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, bien qu’il eût jeûné après son Baptême, fut éprouvé par le Diable. Lorsqu’ils auront eux aussi passé autant de jours dans les exercices d’une pénitence supplémentaire, ils pourront avoir d’autant plus de vigilance pour se hâter aux prières qu’ils auront pu méditer cette réplique que le Seigneur a adressée à celui qui avait voulu le tenter en exigeant d’être adoré : Retire-toi, Satan, car il est écrit : tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu ne rendras de culte qu’à Lui seul .

2 [De ceux qui ont apostasié après seulement un emprisonnement]
Quant à ceux qui ont seulement été jetés en prison, qui n’y ont souffert que les tourments et la promiscuité qu’on connaît lorsqu’on est assiégés et se sont alors soumis à la captivité sans avoir supporté les combats, accablés par leur propre impuissance et un certain aveuglement, il suffira d’ajouter une année au temps qui leur a déjà été imposé puisqu’ils se sont totalement livrés au Nom. En prison ils avaient pu en effet faire leur profit de l’abondante consolation que leur procuraient leurs frères, consolation qu’ils sauront leur rendre en surabondance en cherchant à se libérer de l’amère captivité que leur a imposée le Diable. Ils pourront alors se souvenir de cette parole : L’Esprit du Seigneur est sur moi, c’est pourquoi il m’a oint et envoyé pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, pour proclamer la délivrance des prisonniers et rendre la vue aux aveugles, élargir les captifs et proclamer l’année du Seigneur et le jour de la rétribution .

3 [De ceux qui n’ont même pas été jetés en prison]
D’autres n’ont rien souffert de tel, sans pour autant avoir montré aucun fruit de leur foi, car s’ils ont déserté pour passer dans le camp du mal, c’était seulement parce qu’ils avaient été trahis par leur propre peur et leur propre crainte. S’ils viennent maintenant se repentir, il est nécessaire et approprié de leur appliquer la parabole du figuier stérile, dans laquelle le Seigneur dit : Un homme avait planté un figuier dans sa vigne et il vint cueillir de son fruit et voici qu’il n’en trouva point. Il dit alors au vigneron : Voici trois ans que je viens cueillir du fruit de ce figuier et je n’en trouve point. Coupe-le. Pourquoi donc occupe-t-il ce terrain ? Celui-ci lui répondit : Seigneur, laisse-le encore cette année, je creuserai autour de lui et je mettrai du fumier. Peut-être qu’alors il portera du fruit. Sinon tu diras alors de le couper . S’ils savent donc garder cette parabole sous leurs yeux, ils pourront alors porter un digne fruit de repentir durant ce laps de temps qui leur est accordé, et ils en tireront plus de profit

4 [De ceux qui ne se repentent pas]
Ceux chez qui il n’y a absolument plus aucun repentir à espérer, ceux qui se sont fait une peau d’Éthiopien et des taches de léopard , on devra leur dire ce qui a été dit à l’autre figuier : Que ne vienne jamais plus un fruit de toi, et aussitôt il se dessèche. Pour eux s’accomplira donc ce que dit l’Ecclésiaste : Ce qui est tordu ne pourra être redressé, et on ne peut dénombrer tout ce qui fait défaut . Finalement il leur arrivera donc ce qu’a prédit le prophète Isaïe : On verra alors les membres des hommes qui ont marché contre moi, car leur ver ne mourra point, leur feu ne s’éteindra point et ils seront offerts à la vue de toute chair . Car comme il l’avait dit avant : Les injustes seront agités sans pouvoir trouver de repos ; il n’y aura plus de joie pour les impies, dit le Seigneur .

5 [De ceux qui ont usé de ruse]
Quant à ceux qui ont usé de ruse, ils ont suivi l’exemple de David qui avait feint d’être épileptique sans l’être, mais il le faisait seulement afin de ne pas être tué. Il y a aussi ceux qui tout simplement n’ont pas souscrit à l’apostasie mais qui dans leur angoisse ont su déjouer les complots de l’ennemi, comme des enfants prudents et avisés parmi les étourdis, ne faisant que passer devant les autels, ou bien mimant du geste, ou encore envoyant des païens à leur place. Il s’est certes trouvé des confesseurs de la foi qui, d’après ce que j’ai entendu dire, ont pardonné à certains d’entre eux, justifiant leur indulgence par le fait que dans leur grande piété ils avaient su échapper aux atteintes du feu et aux fumées de l’encens des démons impurs. Mais puisque c’est à leur insu qu’ils ont pu les tromper, on leur imposera une pénitence de six mois à compter de leur retour au repentir. Ils pourront ainsi en tirer d’autant plus de profit pour eux-mêmes qu’ils auront ainsi l’occasion de méditer la parole du prophète qui a dit : un Enfant nous est né, un Fils nous a été donné, le Principat est sur son épaule, et on l’appellera l’Ange du Grand Conseil . Vous savez en effet qu’au sixième mois de la conception du premier enfant, c’est-à-dire celui qui devait proclamer avant sa propre venue la pénitence nécessaire pour la rémission des péchés, Celui-ci a été conçu Lui aussi pour proclamer le repentir. De l’un comme de l’autre nous avons en effet appris qu’ils prêchaient avant tout non seulement sur la pénitence, mais aussi sur le Royaume des cieux. Comme nous l’avons appris, ce Royaume est au-dedans de nous, car la Parole que nous croyons est toute proche en nous, dans notre propre bouche et dans notre propre cœur . Qu’ils prennent donc soin de se souvenir du Royaume, ceux qui ont usé de ruse, car c’est ainsi qu’ils apprendront à confesser de leur bouche que Jésus est Seigneur, croyant en leur cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, car ils auront pu comprendre que pour la justice il croit dans son cœur, par la bouche il confesse le salut.

6 [.Des esclaves qui ont été contraints par leurs maîtres de sacrifier à leur place]
Comme certains avaient substitué à leur place des esclaves chrétiens, ces esclaves se trouvaient employés dans un rôle d’instruments, d’une certaine manière prisonniers des maîtres qui les menaçaient. Ils sont donc entrés dans ce rôle par peur et c’est alors qu’ils sont tombés. Qu’ils fassent donc preuve de pénitence durant un an ; ils pourront ainsi apprendre, en tant qu’esclaves du Christ, à faire la volonté de Dieu et à le craindre, surtout quand ils entendront dire qu’esclave comme libre, si quelqu’un fait le bien, le Seigneur le rétribuera .

7 [De ceux qui ont contraint leurs esclaves à sacrifier pour eux]
Quant aux hommes libres, ils seront soumis durant trois ans à l’épreuve de la pénitence pour avoir simulé la soumission, en forçant leurs compagnons de servitude à sacrifier, désobéissant par là à l’Apôtre qui veut que les maîtres agissent de même envers leurs esclaves, sans user de menaces : sachant que leur Seigneur et le nôtre est dans les cieux, et qu’il n’y a pas chez Lui d’acception de personne . Si donc nous n’avons qu’un Maître qui ne fait point acception de personne, et puisque le Christ est tout en tous, Barbares et Scythes, esclaves et hommes libres , ils ont intérêt à examiner ce qu’ils ont fait dans le désir de sauver leur propre âme, en poussant leurs compagnons de servitude à l’idolâtrie alors qu’ils auraient pu s’y soustraire si leurs maîtres avaient su se comporter envers eux avec justice et équité , comme le dit encore l’Apôtre.

8 [De ceux qui ont été livrés et qui se sont repentis, puis se sont à nouveau présentés au combat et l’ont soutenu]
Ceux qui ont été livrés aux tortures et sont tombés, mais qui se sont à nouveau présentés d’eux-mêmes au combat en se déclarant chrétiens et ont alors été jetés en prison et soumis aux tortures, il est normal que nous les soutenions dans la joie de notre cœur et que nous ayons avec eux une pleine communion au Corps et au Sang et à la prière de nos paroles, afin qu’avec encore plus de combativité ils soient eux aussi jugés dignes du trophée de la promesse d’en haut , car il est dit que le juste tombera et se relèvera sept fois . Si tous ceux qui ont failli avaient su agir ainsi, ils auraient fait preuve de tout leur cœur du plus parfait repentir.

9 [De ceux qui se sont d’eux-mêmes jetés au combat]
Nous devons rester en communion aussi avec ceux qui se sont jetés d’eux-mêmes comme s’ils prenaient soudain conscience qu’autour d’eux le combat s’étendait, menaçant de les entraîner. Ils ont alors attiré sur eux-mêmes l’épreuve de la tempête et de ses déferlantes, soufflant même sur les braises des pécheurs , puisque c’est au nom du Christ qu’ils se jetaient dans ce combat. Ils n’avaient cependant pas prêté attention à ce qu’il nous avait enseigné : priez pour ne pas consentir à la tentation , de même que dans la prière adressée à son Père il dit : et garde-nous de consentir à la tentation, mais délivre-nous du Malin .
Sans doute aussi ignorent-ils que bien souvent le Maître de maison, notre Maître, s’est retiré devant ceux qui voulaient lui tendre des embûches. Souvent même c’était à cause d’eux qu’il ne marchait pas ouvertement et alors qu’approchait l’instant de sa Passion, il n’alla pas se livrer Lui-même mais attendit qu’on vînt vers lui avec des épées et des bâtons. Il leur dit donc : Vous êtes sortis comme pour un brigand pour me prendre avec des épées et des bâtons ; c’est alors qu’eux le livrèrent à Pilate . C’est donc à son imitation qu’ont souffert ceux qui procèdent selon ses intentions, car ils se souviennent qu’il nous a laissé les paroles que voici afin de nous affermir dans les persécutions : tenez-vous sur vos gardes, car on vous livrera aux tribunaux, et on vous fouettera dans les synagogues . Il a bien dit : on vous livrera, et non “Livrez-vous vous-mêmes”, et on vous traînera devant les gouverneurs et les rois, à cause de mon Nom et non : “vous vous traînerez vous-mêmes”.
Il veut même que nous fuyions d’un lieu à l’autre lorsque nous sommes persécutés à cause de son Nom. Écoutons-le en effet nous dire encore : lorsqu’on vous persécutera dans cette ville, fuyez dans une autre ; il ne nous suggère pas d’aller nous réfugier dans le camp des porte-glaive et des séïdes du Diable, ce qui reviendrait à nous faire cause d’encore plus de meurtres car nous les induirions ainsi à s’endurcir dans le mal en accomplissant des œuvres de mort. Ce qu’il veut, c’est que tout en leur laissant l’initiative, nous restions sur nos gardes, veillant et priant pour ne pas consentir à la tentation .
C’est ainsi qu’Étienne fut le premier à marcher sur ses traces. Il subit le martyre parce qu’il avait été saisi à Jérusalem par les impies ; il fut traduit devant le Sanhédrin, lapidé pour le nom du Christ et glorifié cependant qu’il priait et disait : Seigneur, ne leur impute pas ce péché . Deuxième après lui, Jacques fut arrêté par Hérode et décapité par l’épée. Pierre, le premier des Apôtres, fut souvent arrêté, emprisonné et outragé, avant d’être crucifié à Rome. De même l’illustre Paul, cet homme qui si souvent avait été livré et mis en danger d’exécution, après avoir soutenu de nombreux combats — et il tirait fierté d’avoir connu tant de persécutions et de tourments — eut lui aussi la tête tranchée dans cette même ville. C’est lui-même qui, énumérant les motifs de sa fierté, raconte qu’à Damas on l’avait fait descendre le long de la muraille suspendu dans un panier et c’est ainsi qu’il put échapper aux mains de celui qui le recherchait.
Ces hommes ne poursuivaient pas d’autre objectif que d’évangéliser et d’enseigner la parole de Dieu pour affermir les frères à persévérer dans la foi. Ils leur disaient qu’il faut que nous entrions dans le royaume de Dieu en passant par beaucoup d’afflictions. et ce qu’ils recherchaient ce n’était pas leur propre avantage, mais le profit d’un grand nombre, afin qu’ils soient sauvés . Certes il faudrait en dire encore beaucoup plus pour les amener à agir selon la raison, mais le temps ne nous manquerait pour en parler comme le disait l’Apôtre.

10 [Des clercs qui ont été téméraires et qui ont failli]
C’est pourquoi il ne serait pas raisonnable que restent en fonction ceux qui après avoir volontairement déserté le clergé ont failli. Ils ont tout d’abord abandonné le troupeau du Seigneur avant de se ridiculiser eux-mêmes, ce qu’aucun des Apôtres n’avait fait. Celui qui a bu au calice de tant de persécutions, celui qui a remporté tant de trophées dans les combats, le bienheureux apôtre Paul, bien qu’il ait avoué qu’il aurait de beaucoup préféré s’en aller pour être avec le Christ, conclut ainsi : mais à cause de vous il est encore plus nécessaire que je reste dans la chair . C’est pourquoi il a estimé, considérant non pas mon propre intérêt, mais le profit de beaucoup, afin qu’ils soient sauvés, que plus encore que son repos il était nécessaire qu’il restât avec ses frères pour pouvoir prendre soin d’eux, car il veut que celui qui enseigne soit un modèle pour les fidèles .
Ceux donc qui revendiquent, en prison, le droit d’exercer leurs fonctions, arguant qu’après avoir connu une défaillance ils ont repris le combat, sont tout à fait inconscients. Comment peuvent-ils prétendre demander ce qu’ils ont d’eux-mêmes abandonné, alors qu’il leur aurait été possible de se rendre utiles à leurs frères en ces circonstances ? Aussi longtemps qu’ils n’avaient pas failli ils pouvaient présenter une excuse à leur comportement déraisonnable, mais dès lors qu’ils ont failli, et c’était simplement par étourderie, il n’est plus possible qu’ils exercent leurs fonctions. Qu’ils s’efforcent plutôt de faire preuve d’humilité en cessant de rechercher la vaine gloire. Dans les deux cas ils auraient dû se contenter de communier avec attention et exactitude ; car ainsi ils n’auraient pas essayé de prendre un air affligé en s’efforçant à tout prix de quitter ce bas monde, mais ils n’auraient fourni de plus aucun prétexte de relâchement à ceux qui ont failli. Plus que tout autre ils se sont donc couverts de blâme et de honte, car ce sont des gens qui après avoir posé des fondations ne sont pas parvenus à terminer l’édifice : Tous les passants se mettront à le railler en disant : cet homme a posé les fondements et n’a pas été capable de terminer !

11 [De ceux qui sont entrés d’eux-mêmes dans le combat et qui ont apostasié à la suite de nombreuses tortures]
Il en est qui, animés d’un beau zèle, se sont tout de suite précipités dans le brasier des persécutions alors que, présents au tribunal, ils voyaient les saints Martyrs se hâter vers le prix que Dieu m’appelle à recevoir d’en haut . Ils s’y livrèrent donc eux aussi avec beaucoup de bravoure. Ils voyaient surtout ceux qui défaillaient et succombaient et eux, enflammés et exhortés intérieurement à combattre l’ennemi victorieux, s’y précipitèrent afin qu’il ne se prenne pas pour un sage pour l’avoir emporté par la ruse alors que lui, il oublie qu’il a été vaincu par ceux qui ont supporté les tortures des peignes de fer et des fouets, du tranchant de l’épée, des brûlures du feu et des noyades.
Il est juste de donner satisfaction à ceux qui nous demandent de faire des prières et des supplications, que ce soit en faveur de ceux qui ont connu les châtiments de la prison puis ont cédé à la faim et à la soif, ou que ce soit pour ceux qui, hors de la prison ont subi devant le tribunal les tortures des peignes de fer et des fouets, avant de succomber à la faiblesse de la chair. Rien n’interdit en effet de s’associer à ceux qui gémissent et s’affligent pour ceux qui ont été vaincus dans le combat par la trop grande violence de l’auteur du mal, le Diable, qu’il s’agisse de leurs parents, de leurs frères ou de leurs enfants ; car nous savons que la foi du prochain peut faire bénéficier certains de la bonté divine, pour la rémission de leurs péchés, pour la guérison de leurs corps et pour la résurrection des morts. Souvenons-nous donc des nombreuses peines et tribulations qu’ils avaient supportées pour le nom du Christ, et tenons compte aussi de ce qu’ils regrettent et déplorent ce qu’ils ont commis en désertant parce qu’ils avaient été affaiblis et laissés pour morts, mais également parce qu’ils témoignent d’une bonne conduite ; unissons-nous donc à la prière et à la supplication de leurs parents pour qu’ils trouvent l’apaisement, par l’intercession de Celui qui s’est fait notre interprète auprès du Père, Jésus Christ le Juste, qui est la propitiation de nos péchés. Et si quelqu’un, est-il dit, a péché, nous avons un interprète auprès du Père, Jésus Christ le Juste, car il est, Lui, la propitiation de nos péchés .

12 [De ceux qui ont donné de l’argent]
Ceux qui ont donné de l’argent afin de se débarrasser complètement de toute sorte de mal, il n’y a rien à leur reprocher. Ils ont bien en effet consenti un dommage et une perte d’argent pour éviter de nuire à leur âme et de la perdre. Il en est d’autres qui, par cupidité, n’ont pas su le faire alors que le Seigneur nous a enseigné : Quel profit sera pour l’homme de gagner le monde tout entier s’il vient à nuire à son âme ou bien à la perdre ? et Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon . Parmi ceux qui servent Dieu, ces hommes ont en effet montré qu’ils méprisaient l’argent et qu’ils le haïssaient. Agissant ainsi ils ont donc pu accomplir cette parole de l’Écriture : C’est sa propre richesse qui sert de rançon pour l’âme de l’homme . Nous pouvons également lire dans les Actes des Apôtres que les hommes qui furent conduits devant les magistrats de Thessalonique à la place de Paul et de Silas furent relâchés contre caution, car lorsque leurs accusateurs les eurent accablés à cause du Nom, ayant agité la foule et les magistrats, après avoir exigé une caution de la part de Jason et des autres, ils les relâchèrent. Aussitôt les frères envoyèrent de nuit Paul et Silas à Berrée .

Il en découle qu’il n’y a pas lieu non plus d’en vouloir à ceux qui ont tout abandonné pour sauver leur âme en s’enfuyant, car à Éphèse aussi on avait traîné au théâtre Gaïus et Aristarque, les compagnons de voyage de Paul, mais alors que celui-ci voulait se présenter en public, puisque c’était à cause de lui précisément que la sédition avait éclaté parce qu’il avait persuadé et amené une foule de gens à la vraie foi, les disciples ne le lui permirent pas, et même certains des magistrats de la province d’Asie, qui étaient de ses amis, lui firent savoir qu’ils le priaient de ne pas se rendre au théâtre .
Et si certains s’obstinent à chercher querelle à ceux qui obéissent à ce qui est dit : Sauve-toi pour sauver ton âme, sans regarder derrière toi , qu’ils se souviennent de Pierre, le premier des Apôtres, qui venait d’être mis en prison et placé sous la garde de quatre escouades de quatre soldats : il put s’enfuir durant la nuit, sur l’ordre d’un Ange du Seigneur, et fut délivré des mains d’Hérode le sanguinaire et de tous les desseins du peuple des Juifs : Le jour venu, il y eut une agitation parmi les soldats : qu’était devenu Pierre ? L’ayant fait rechercher et ne l’ayant point trouvé, Hérode fit interroger les gardiens et ordonna de les emmener . Aucun reproche cependant n’est adressé à Pierre au sujet du sort de ces hommes, car ils avaient eux aussi toute latitude de s’enfuir en voyant ce qui s’était passé, de même qu’on aurait pu emmener loin d’Hérode le sanguinaire tous les enfants de Bethléem et de ses environs, si du moins leurs parents avaient compris ce qui allait se passer à cause de cet unique Enfant qu’Hérode voulait supprimer. Or c’est aussi sur l’ordre de l’Ange du Seigneur que cet Enfant s’enfuit, et c’est ce qui fut l’occasion “d’un pillage poussé et d’un butin pressé”, car c’est ce que signifie le nom que lui donne l’Écriture : Tu lui donneras pour nom “Pousse-au-pillage, presse-au-butin”, car avant même que l’Enfant sache dire papa et maman, il recevra la puissance de Damas et les dépouilles de Samarie en face du roi d’Assyrie . C’est pourquoi les mages, qu’il avait donc déjà pillés et dépouillés, se prosternent avec soumission et vénération devant l’Enfant, ouvrant leurs trésors pour lui présenter les offrandes qui Lui convenaient en un tel instant et une telle occasion : l’or, la myrrhe et l’encens présentés au Roi, au Dieu et à l’Homme. C’est pourquoi aussi, sur les conseils de la divine Providence, ils choisirent de ne pas retourner vers le “roi d’Assyrie” car, ayant été avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. Voyant qu’il avait été joué par les Mages, Hérode le Sanguinaire fut extrêmement irrité et envoya supprimer tous les enfants de Bethléem et de tous ses environs jusqu’à l’âge de deux ans d’après la date exacte que lui avaient indiquée les Mages . Avec ces enfants Hérode cherchait aussi à tuer l’autre enfant, car n’ayant pu le trouver, il tua Zacharie son père entre le sanctuaire et l’autel . Cet enfant, lui, s’était enfui avec sa mère Élisabeth — ce qu’on ne leur a jamais reproché.

14 [De ceux qui ont été contraints de sacrifier]
S’il en est qui ont souffert une violence extrême, à qui l’on a fait porter un mors dans la bouche et des chaînes, mais qui ont persisté fermement dans les dispositions de leur foi, qui ont eu les mains brûlées lorsqu’on les conduisait malgré eux au sacrifice d’impiété, d’après ce que m’ont écrit depuis leur prison les martyrs trois-fois-bénis et d’autres frères dans le sacerdoce, à propos de ceux de Libye, ces hommes, surtout si leurs autres frères leur en portent témoignage, peuvent demeurer en fonction, rangés parmi les confesseurs, de même que ceux que de nombreuses tortures ont réduits à l’état de cadavres, devenus incapables de parler, de faire entendre un son ou de bouger pour montrer qu’ils résistaient à ceux qui essayaient en vain de les contraindre — car ils ne consentaient point à ces abominations comme je l’ai encore entendu dire par mes frères dans le sacerdoce. Prendront donc place parmi les confesseurs tous ceux qui se sont conduits à l’exemple de Timothée, obéissant à celui qui disait : Recherche la justice, la piété, la foi, l’amour, la constance, la douceur. Combats le bon combat de la foi, empare-toi de cette vie éternelle à laquelle tu as été appelé à faire cette belle confession en présence de plusieurs témoins


Quelle leçon de discernement et de fermeté pastorale !

LE "DE LAPSIS" DE SAINT CYPRIEN DE CARTHAGE

Publié : sam. 25 juin 2005 6:40
par GIORGOS
Après avoir lu les canons de St. Pierre de Alexandrie, pour lesquels nous remercions a Jean-Louis, je reproduit ici le Traité DE LAPSIS (Des déchus) de Saint Cyprien de Carthage.

On verra avec quel charité et amour il aussi fais des distinguos parmi ceux qui ont apostasié. Après avoir parlé d'eux et des divers moyens de correction et pénitence pour uns (les repentis) et de l’exclusion des récalcitrants, Saint Cyprien de Carthage, aborde la situation de ceux qui veulent pardonner aux non-repentants, avec le rappel aux orthodoxes de la nécessité de la repentance pour pouvoir recevoir le pardon .

Plusieurs fois le grand St. Cyprien reçoit le qualificatif de « rigoriste ». Mais dans l’autre bord, et dans le même sens Saint Ambroise de Milan dit :Nul ne peut être justifié de son péché, s’il ne le confesse. ( De Paradiso, cap. 14.)
--------------
DE LAPSIS
(Des déchus)
de Saint Cyprien de Carthage

Index : 1. Joie de l'Église; 2. Gloire des martyrs et des confesseurs ; 3. Ravages de la persécution; 4. Apostats; 5. Gravité de leur crime; 6. Causes de l'apostasie; 7. Tortures; 8. Lâcheté de certains chrétiens; 9. Audace des apostats; 10. La paix trop facilement accordée; 11. Nécessité de la pénitence ; 12. Billets des martyrs; 13. Exigences des apostats; 14. Châtiments; 15. Exhortation à la pénitence et aux bonnes oeuvres; 16. Exemples; 17.Persévérance.

1. La paix est rendue à l'Église, mes frères bien-aimés, et cette tranquillité, dont les incrédules n'attendaient plus le retour, est née pour nous de la vengeance divine. Nos âmes reviennent à la joie; après la tempête et l'orage, nous voyons reparaître le calme et la sérénité. Louons Dieu, remercions-le de ses bienfaits. D'ailleurs nos actions de grâces n'ont pas été interrompues par la persécution; et, malgré les attaques de l'ennemi, nous qui aimons Dieu de tout notre coeur, de tonte notre âme, de toutes nos forces, nous avons été fidèles à publier toujours et partout ses bénédictions et ses louanges.
Le jour si ardemment désiré est venu enfin, et, après les ténèbres profondes d'une horrible nuit, le monde éclairé par la lumière divine a brillé d'un nouvel éclat. Ces confesseurs qui ont rendu au Christ un glorieux témoignage et qui, par leur courage et leur foi, se sont acquis une gloire immortelle, nous les revoyons avec joie; nous. admirons leur sainteté, et, après une si longue absence, nous les pressons sur notre coeur. La voici cette cohorte brillante des soldats du Christ, qui par leur fermeté ont brisé les efforts de la persécution. Prêts à tout supporter, et les prisons et la mort, vous avez donné à vos frères un glorieux exemple et à Dieu un spectacle digne de lui. Votre voix a proclamé bien haut vos croyances et a confessé généreusement le Christ. Vos mains, consacrées aux oeuvres divines, ont repoussé les offrandes sacrilèges. Vos bouches, sanctifiées par la nourriture céleste, par le corps et le sang de Jésus-Christ, ont rejeté les mets offerts aux idoles. Ce voile criminel, dont se couvrent honteusement ceux qui vont sacrifier, n'a jamais souillé votre tête. Votre front, marqué du sceau de la régénération, est resté pur; il n'a pu se résoudre à porter la couronne du démon; il n'ambitionne que celle du Christ.

2. Avec quelle joie l'Église vous reçoit dans son sein, vous qui revenez du combat ! Avec quel bonheur elle vous ouvre ses portes! Entrez-y donc, serrez vos rangs, et montrez les trophées de votre victoire. Je vois, avec les triomphateurs, des femmes qui ont combattu contre le siècle et vaincu la faiblesse de leur sexe. Je vois des vierges portant sur leur front une double couronne; je vois des enfants qui ont montré des vertus bien supérieures à leur âge. Mais vos frères, qui vous saluent de leurs acclamations, ne sont pas indignes de vous; eux aussi ont leur part de gloire. Je trouve dans leur coeur la même sincérité, dans leur foi la même intégrité et la même vigueur. Appuyés sur les préceptes divins, comme sur un fondement inébranlable, forts des traditions évangéliques, rien n'a pu les effrayer, ni l'exil, ni les tortures, ni la perte de leurs biens, ni les supplices dont ils étaient menacés. Les jours de leur épreuve étaient fixés; mais qu'est-ce qu'un jour pour celui qui a renoncé au siècle ? comment calculer la marche du temps, quand on attend de Dieu l'éternité ?
Que personne, mes frères bien-aimés, ne cherche à diminuer la gloire de ceux qui sont restés fidèles. Un jour avait été fixé pour renier Jésus-Christ; ce jour passé, quiconque ne s'est pas rangé parmi les apostats, doit être compté parmi les confesseurs. Le premier degré de la victoire consiste à confesser le Seigneur, quand on tombe entre les mains des Gentils; le second consiste à se retirer prudemment et à se conserver pour Dieu. La première confession est publique, la seconde secrète. La première remporte la victoire sur un juge de la terre; la seconde, contente d'avoir Dieu seul pour juge, conserve scrupuleusement la pureté de l'âme. D'un côté, je vois plus de courage, de l'autre plus de prudence, mais aussi plus de sécurité. L'un, quand sonne l'heure suprême, est déjà mûr pour le Ciel; l'autre diffère son sacrifice; mais, ne vous y trompez pas, s'il quitte son patrimoine pour ne pas trahir son Dieu, il le confessera, lui aussi, s'il tombe entre les mains des bourreaux.

3. Cependant, en face des couronnes des martyrs, des gloires des confesseurs, des vertus des frères qui sont restés fidèles, nos âmes rie peuvent se défendre d'une certaine tristesse. L'ennemi, en exerçant ses fureurs contre l'Église, a fait tomber plusieurs de ses enfants et déchiré ses entrailles maternelles. Que dois-je faire, mes bien-aimés ? le trouble s'empare de mon esprit. Que dire? que faire? Hélas! ce sont des larmes qu'il faut et non des paroles pour exprimer notre douleur, pour déplorer l'infortune d'un corps qui a vu périr tant de ses membres! Il faudrait un coeur de fer; il faudrait avoir abdiqué. tout sentiment de charité fraternelle, pour retenir ses larmes et ne pas éclater eu sanglots, en présence des ruines du peuple chrétien et des tristes victimes de la persécution. Je partage votre douleur, mes frères, et ne croyez pas que je trouve une consolation suffisante dans la conservation de mes membres ou de ma santé. Le pasteur souffre surtout des blessures faites au troupeau. J'unis mon coeur à vos coeurs; je prends ma part de votre deuil et de vos peines. Je gémis avec ceux qui gémissent; je pleure avec ceux qui pleurent; il me semble que j'ai suivi dans leur chute ceux qui sont tombés. Les traits de l'ennemi ont percé mes membres; son glaive a traversé mes entrailles. J'ai ressenti plus que tout autre les atteintes de ht persécution et si mes frères sont tombés, l'amour que j'ai pour eux m'a terrassé à mon tour.
Cependant, mes frères bien-aimés, nous devons exposer la vérité dans tout son jour. La nuit que nous avons traversée était bien profonde sans doute; mais elle n'a pas entièrement obscurci nos esprits, et il nous reste assez de lumière pour lire dans les décrets de Dieu. Quand on connaît la cause d'un désastre, on en trouve plus facilement le remède. Le Seigneur a voulu éprouver sa famille. La loi évangélique s'était corrompue dans les douceurs d'une longue paix; un châtiment était donc nécessaire pour réveiller la foi endormie. Sans doute nos péchés méritaient un traitement plus rigoureux; mais la clémence divine a ménagé notre faiblesse et les derniers événements sont une épreuve plutôt qu'une persécution. Chacun. s'occupait à augmenter son patrimoine; peu soucieux de ce qu'on faisait au temps des apôtres et de ce qu'on devrait faire toujours, les chrétiens couraient avec une ardeur infatigable après les biens de la terre. Plus de zèle dans le sacerdoce, plus de fidélité dans les ministres des autels, plus de charité dans les oeuvres, plus de règle dans les moeurs. Les hommes teignaient leur barbe; les femmes fardaient leur visage. On couvrait de couleurs étrangères ses yeux et sa chevelure, et par là on dénaturait l'oeuvre de Dieu. Que de fraudes pour tromper les âmes simples! que d'inventions pour entraîner ses frères dans le piège ! On s'alliait, par le mariage, avec des infidèles: on prostituait à des idolâtres les membres du Christ.
Non-seulement on faisait. des serments téméraires, mais encore on les trahissait. Mépriser ses supérieurs, prononcer des malédictions contre soi-même, nourrir contre ses frères des haines opiniâtres, était chose commune. Que dis-je ? beaucoup d'évêques qui devaient à leur peuple la double leçon de la parole et de l'exemple, négligeaient l'administration de leurs églises pour administrer les biens de la terre ; ils quittaient leurs chaires et leurs troupeaux, parcouraient des provinces étrangères et couraient de marché en marché pour se livrer à un trafic illicite; insensibles aux besoins des pauvres, ils voulaient de l'argent en abondance; ils augmentaient leurs fonds par l'adresse et la fraude; ils multipliaient leur capital par l'usure.

4. Quel châtiment n'avions-nous pas mérité par de telles fautes ? Écoutez l'Écriture : S'ils abandonnent ma loi, s'ils cessent de marcher selon mes préceptes, s'ils n'observent pas mes commandements et foulent aux pieds les moyens de justification que je leur présente, je châtierai leurs crimes avec la verge et je leur enverrai des fléaux pour punir leurs forfaits (Ps. 88). Il y a longtemps que ces prédictions ont été faites; mais nous, peu soucieux d'observer la loi divine, nous avons multiplié nos prévarications et nous avons forcé le Seigneur à déployer toute sa sévérité pour punir nos fautes et éprouver notre foi. Si, du moins, par une conversion tardive, nous nous étions mis à même de supporter l'épreuve avec force et patience! Mais non; à la, première menace de l'ennemi, la plus grande partie de nos frères e. trahi sa foi; ceux-là n'ont pas été renversés par le choc de la persécution; ils sont tombés d'eux-mêmes. Était-il donc arrivé quelque chose de nouveau ou d'inouï pour leur faire trahir avec tant de précipitation le serment fait au Christ? Est-ce que ces événements étaient imprévus ? Est-ce que les prophètes et les apôtres ne les avaient pas annoncés? Éclairés par l'Esprit saint, n'avaient-ils pas prédit les épreuves des justes et les violences des pécheurs? L'Ecriture qui donne des armes à notre foi et fortifie de sa voix céleste les serviteurs de Dieu, nous dit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu ne serviras que lui seul. Pour nous rendre plus forts encore par la crainte du châtiment , elle ajoute : Ils ont adoré des idoles faites par leurs mains; ils se sont inclinés, prosternés devant elles; aussi je ne leur pardonnerai pas (Ps. 2). Le Seigneur dit encore : Celui qui sacrifie à des dieux étrangers et non au seul Dieu véritable, périra (Ex. 22). Enfin, dans l'Évangile, Jésus, qui mettait toujours en pratique ses propres leçons, n'a-t-il pas annoncé tous les événements que nous voyons s'accomplir ? N'a-t-il pas décrété des supplices éternels contre ceux qui renieraient son nom ? N'a-t-il pas promis une récompense éternelle à ceux qui lui rendraient témoignage ?
Hélas ! beaucoup de chrétiens ont perdu de vue ces enseignements. Pour nier Jésus Christ, ils n'ont pas attendu la sommation du juge; pour offrir l'encens aux idoles, ils n'ont pas attendu d'être entre les mains des bourreaux. Vaincus sans combat, terrassés avant la mêlée, il ne leur reste pas même l'excuse d'avoir cédé à la violence. D'eux-mêmes, ils ont couru au forum et se sont précipités vers la mort, comme s'ils la désiraient, comme s'ils profitaient d'une occasion attendue depuis longtemps.
Mais que dire de ceux que les magistrats. renvoyèrent au lendemain et qui insistèrent pour que leur perte ne fût pas différée ? Peut on, pour excuser sa faute, alléguer la violence quand on a fait violence soi-même pour périr sur-le-champ ? Quand vous êtes monté librement au Capitole, quand vous avez été sur le point de commettre votre forfait, n'avez-vous pas senti vos pieds chanceler, vos yeux s'obscurcir, vos entrailles s'émouvoir, vos bras tomber de défaillance ? N'avez-vous pas senti votre intelligence frappée de stupeur, votre parole interrompue, votre langue paralysée ? Un serviteur de Dieu a pu se tenir debout devant l'autel, parler et renoncer au Christ, lui qui déjà avait renoncé au monde et au démon. Cet autel, où il a osé sacrifier, n'est-il pas le bûcher qui a consumé son innocence? Cet autel du démon, d'où s'élevaient de noires vapeurs, ne devait-il pas le fuir, comme s'il avait dû y laisser et son corps et sa vie? Pourquoi, malheureux, conduire une vidime avec vous ? pourquoi la placer sur l'autel ? C'est vous qui êtes la victime de votre honteux sacrifice. Vous immolez, vous brûlez, sur ce bûcher fatal, votre salut, votre espérance, votre foi.
Plusieurs ne se sont pas contentés de périr seuls : par leurs exhortations ils ont entraîné dans leur ruine beaucoup de leurs semblables et leur ont présenté, pour ainsi dire, la coupe de la mort Pour que le crime atteignit son apogée, des parents ont porté ou traîné leurs enfants devant les juges et leur ont ravi cette pureté angélique que le baptême leur avait conférée, à leur entrée dans la vie. Ne diront-ils pas au jour du jugement : «Nous sommes innocents; ce n'est pas nous qui avons quitté le banquet du Seigneur pour assister aux sacrifices profanes. La lâcheté des autres nous a perdu; nos pères nous ont donné la mort. Ils nous ont arraché du sein de l'Église et de Dieu; jeunes et sans expérience, nous ignorions leur forfait; sans le savoir, nous avons partagé leurs crimes et nous sommes devenus les victimes de leur perfidie.»

5. Non, il n'est. pas d'excuse pour un tel attentat. Il fallait plutôt quitter votre patrie et sacrifier votre fortune. La. mort ne viendra-t-elle pas vous ravir l'une et l'autre ? Pour rester fidèles au Christ, craignez seulement de perdre votre place dans la demeure éternelle. L'Esprit-Saint nous crie par la bouche du prophète: Éloignez-vous, éloignez-vous, sortez; ne touchez pas ce qui est impur; sortez du milieu du peuple ; restez à part, vous qui portez les vases du Seigneur (Is. 32). Voilà ce que dit l'Esprit saint : et ceux qui sont les vases du Seigneur et les temples de Dieu, forcés de se souiller par un contact impur et par des viandes immondes, ne sortent pas de la foule; ils ne se retirent pas ! Dans l'Apocalypse, nous entendons une voix venue du ciel qui dicte leurs devoirs aux serviteurs de Dieu : Sortez de Babylone, ô mon peuple, afin de ne pas partager ses crimes et de ne pas contracter ses souillures (Apoc. 18). Celui qui s'exile demeure innocent; mais celui qui s'associe aux crimes de la cité, par cela même, partage ses souillures. Aussi le Seigneur vous ordonne de vous retirer et de fuir pendant la persécution, et ce qu'il vous recommande, il l'a fait lui-même. C'est Dieu qui, dans sa miséricorde, nous donne la couronne; le temps où nous devons la recevoir est déjà fixé, donc celui qui se retire, en restant toujours uni au Christ, ne renie pas sa foi, mais il attend l'heure de la récompense. Celui qui tombe, pour n'avoir pas voulu se retirer, est responsable de son apostasie.

6. Ne dissimulons pas la vérité, mes frères, ne cachons ni l'origine ni la cause de nos blessures. Plusieurs se sont laissé séduire par un amour aveugle de leur fortune. Comment auraient-ils été prêts à se retirer, quand ils étaient attachés à la terre par tant de liens? Telles sont les entraves, telles sont les chaînes qui les ont retenus dans leur patrie. C'est ainsi que leur vertu a été arrêtée dans son essor, leur foi abaissée, leur intelligence enchaînée, leur âme réduite en captivité. Dominés par les passions terrestres, ils sont devenus la proie du serpent, qui, selon la sentence divine, dévore la terre.
Aussi le Seigneur vous dit : Si vous voulez être parfait, allez, vendez tous vos biens, donnez-les aux pauvres, et vous aurez un trésor dans le Ciel; puis, venez et suivez-moi (Mt. 19). Si les riches suivaient ce précepte, leurs richesses ne seraient pas pour eux une cause de ruine. En plaçant leur trésor dans le Ciel, ils n'auraient pas en lui un ennemi domestique: leur coeur, leur esprit, leur pensée seraient dans le Ciel, si leur trésor y était. De plus, ils ne pourraient être vaincus par le siècle, puisque le siècle n'aurait sur eux aucune prise. Dégagés de toute entrave, ils suivraient Jésus Christ, comme les apôtres et les premiers fidèles, comme tant d'autres, qui, après avoir quitté leurs parents et leurs possessions, s'attachèrent au Christ par des liens indissolubles. Mais comment suivre le Christ, quand on est retenu ici-bas par les liens de la fortune ? Comment s'élever vers les hauteurs du ciel, quand on est appesanti par les passions terrestres? On croit posséder et on est possédé soi-même; on cesse d'être le maître de sa fortune, pour en devenir l'esclave. C'est l'enseignement de l'apôtre : Ceux qui veulent être riches tombent dans la tentation et dans le piége, dans beaucoup de désirs inutiles et nuisibles qui précipitent l'homme à sa ruine. Car la racine de tous les maux est la cupidité; ceux qui ont voulu suivre ses attraits ont fait naufrage dans la foi et se sont créé bien des douleurs (2 Tim. 6).
Le Seigneur nous exhorte à mépriser les biens de ce monde; il fait les plus magnifiques promesses à ceux qui ont le courage de les sacrifier. Quiconque, dit-il, laissera sa maison ou ses champs ou ses parents ou ses frères ou son épouse ou ses fils, pour le royaume de Dieu, recevra le centuple en ce monde et dans le siècle futur la vie éternelle (Mc. 10). Puisque ces choses nous sont connues, ainsi que la vérité des promesses divines, non seulement nous ne devons pas craindre les pertes de ce genre, mais nous devons les désirer. Vous serez bienheureux, dit encore Jésus-Christ, lorsque vous serez persécutés , emprisonnés, chassés par les hommes; lorsqu'ils maudiront votre nom, comme mauvais, à cause de moi. Réjouissez-vous alors, tressaillez d'allégresse, car votre récompense est grande dans le Ciel (Lc. 6).7. Mais à tout cela s'ajoutent les supplices, et la résistance attire de cruelles tortures. Ils peuvent se plaindre des tourments ceux qui ont été vaincus par eux; il peut donner la douleur pour excuse, celui qui a succombé sous la douleur. Cet homme peut dire : J'ai voulu combattre avec courage; fidèle à mon serment, je me suis revêtu de l'armure du dévouement et de la foi; mais, dans le combat, j'ai cédé devant la rigueur des tortures et des supplices. Ferme dans ma résolution et dans ma croyance, j'ai résisté et mon âme, immobile, a lutté longtemps contre là souffrance; mais le juge, irrité par ma résistance, a doublé ses rigueurs : mon corps déjà exténué a été déchiré par le fouet, meurtri par le bâton, étendu sur le chevalet, sillonné par les ongles de fer, brûlé par la flamme; alors la chair m'a trahi au milieu de la lutte, mes entrailles ont faibli; ce n'est pas mon âme, mais mon corps qui a succombé dans la douleur.

8. On peut pardonner à une semblable faiblesse; une telle excuse doit exciter la pitié. Ainsi le Seigneur pardonna naguère à Castus et à Émilius. Vaincus dans un premier combat, un second leur donna la victoire; après avoir cédé au feu, ils se montrèrent plus forts que lui, et le supplice qui les avait vaincus devint l'instrument de leur triomphe. Quand ils imploraient leur pardon, ils ne se bornaient pas à répandre des larmes : ils montraient leurs blessures; ils ne poussaient pas des cris lamentables : ils laissaient parler leurs corps déchirés. Au lieu des pleurs, c'était le sang qui coulait de leurs entrailles à demi-consumées. Mais, aujourd'hui, quelles plaies les vaincus peuvent-ils nous montrer ? où sont leurs entrailles torturées, leurs membres meurtris? Hélas! leur foi n'a pas succombé dans une lutte que ! leur lâcheté avait eu soin d'éviter. Quand le crime est dans la volonté, comment l'excuser par la violence ?
Mon intention n'est pas d'exagérer la culpabilité de nos frères; mais plutôt de les porter à la pénitence. Il est écrit : Ceux qui vous disent heureux vous trompent et mettent des obstacles sur votre chemin (Is. 3). Flatter le pécheur c'est fournir un nouvel aliment à ses crimes loin d'en arrêter le développement, on le favorise ; mais celui qui a le courage d'avertir son frère et de le réprimander assure son salut. Ceux que j'aime, dit le Seigneur, je les reprends et je les châtie (Apoc. 3). Le ministre de Dieu doit donc avoir recours, non à une obséquiosité trompeuse, mais à des remèdes salutaires. Un médecin qui n'ose toucher et sonder une plaie en augmente la corruption. Il faut l'ouvrir, faire des incisions, couper les chairs putréfiées et appliquer le remède. Le ma1ade, dans sa souffrance, pourra crier et se plaindre, mais une fois guéri, il remerciera le médecin.

9. Un mal nouveau a paru parmi nous; et, comme si la tempête de la persécution n'avait pas causé assez de désordres, une peste agréable et trompeuse s'est glissée parmi les fidèles, sous le nom spécieux de pardon, et de miséricorde. Malgré l'Évangile et la loi de Dieu, il se trouve des téméraires qui accordent la. paix, et la communion à des pécheurs non préparés : inutile et fausse paix, pernicieuse à ceux qui la donnent, inutile à ceux qui la reçoivent. Ils n'exigent pas des malades la patience et la satisfaction, qui sont pourtant les seuls remèdes efficaces. Aussi la pénitence est bannie du coeur des chrétiens, et on leur fait perdre le souvenir des crimes les plus énormes. On se contente de couvrir les plaies des mourants et on dissimule des blessures profondes et mortelles. Au retour des autels du démon, ils approchent du saint du Seigneur, les mains encore souillées par les sacrifices des idoles. La bouche infectée par les viandes immolées, ils viennent s'emparer du corps du Sauveur, malgré l'Écriture qui leur crie : Tout homme pur mange la chair du sacrifice; si un homme flétri par quelque souillure ose y prendre part, il périra du milieu du peuple (Lev. 22). L'apôtre tient le même langage : Vous ne pouvez, dit-il, boire le calice du Seigneur et celui du démon; vous ne pouvez participer à la table du Seigneur et à celle du démon . Il emploie la menace contre ceux qui s'obstinent dans leurs téméraires desseins. Quiconque, dit-il, mangera le pain eucharistique ou boira le calice du Seigneur indignement sera coupable d'un crime contre le corps et le sang de Jésus Christ (1 Cor.11). Au mépris de tous ces avertissements, on fait violence au corps et au sang de Jésus-Christ; on porte sur lui une main téméraire; on le reçoit dans une bouche souillée et par là on l'offense plus gravement que lorsqu'on le renie.

10. Avant d'avoir expié leur crime, de l'avoir confessé, d'en avoir obtenu le pardon par l'imposition des mains du prêtre et la vertu du sacrifice, avant d'avoir apaisé un Dieu irrité qui les menace, ils croient que la paix que certains se vantent faussement de leur donner est une paix véritable. Ce n'est pas la paix, c'est la guerre : celui qui se sépare de l'Évangile ne peut être uni à l'Église. Pourquoi parer des couleurs de la piété une cruauté grossière? Pourquoi ravir les gémissements de la pénitence à des hommes qui devraient passer leur vie dans la prière et dans les larmes et faire semblant de communiquer avec eux ? Ces lâches condescendances sont aux pécheurs ce qu'est la grêle aux fruits , une constellation maligne aux arbres, la peste aux troupeaux. et la tempête aux navires. Elles leur ôtent leur consolation dernière, l'espérance. Ainsi l'arbre est arraché jusqu'à ses racines; des paroles mortelles répandent partout leur contagion; le navire se brise sur les écueils et n'arrive pas au port. Une pareille facilité enlève la paix au lieu de la donner. Non-seulement elle ne remet pas le pécheur en communion avec l'Église, mais elle lui ferme la porte du salut.
C'est là une nouvelle persécution; c'est une tentation dont l'ennemi se sert pour achever de perdre ceux qui sont tombés, pour faire cesser leurs regrets, pour charmer leur douleur, pour leur faire perdre le souvenir de leur crime, pour arrêter leurs soupirs, pour sécher leurs larmes et pour empêcher qu'après avoir gravement offensé Dieu, ils ne le fléchissent par une longue et pleine satisfaction. Cependant il est écrit : Souviens-toi d'où tu es tombé et fais pénitence (Apoc. 2).

11. Que personne ne se fasse illusion : Dieu seul peut faire grâce au pécheur. Celui-qui a porté le fardeau de nos iniquités, qui a souffert pour nous, qui s'est livré à la mort pour expier nos crimes est le seul qui puisse pardonner les fautes commises contre lui. L'homme ne peut pas être supérieur à Dieu; l'esclave ne peut pas accorder la rémission d'une faute qui s'adresse à son maître. Que le pécheur, en se berçant d'une telle espérance, prenne donc garde de devenir plus coupable; car il est écrit : Maudit soit l'homme qui place son espérance dans l'homme (Jér. 17). C'est Dieu qu'il faut prier; c'est Dieu qu'il faut désarmer par nos oeuvres agréables : Dieu qui est le juge suprême et qui reniera ceux qui le renient.
Nous croyons, à la vérité, que les mérites des martyrs et les oeuvres des justes peuvent beaucoup auprès du souverain juge; mais ce ne sera que pour le jour du jugement, lorsque, à la fin du monde, les chrétiens comparaîtront devant le tribunal du Christ. Si quelqu'un est assez téméraire pour prévenir le temps; si, contre le commandement du Sauveur, il croit pouvoir accorder le pardon aux coupables, qu'il sache, qu'au lieu de leur être utile, il leur est au contraire très-nuisible. C'est irriter Dieu que de ne pas lui obéir; de croire qu'on peut se passer d'implorer sa miséricorde et pardonner à sa place. Sous l'autel du Seigneur, les âmes des martyrs crient à haute voix : Quand donc, ô Dieu saint et véritable, vengerez-vous notre sang sur les habitants de la terre (Apoc. 6) ? Une voix leur répond d'attendre avec patience. Et on suppose qu'un homme, contre l'autorité du Souverain juge, peut remettre les péchés; on croit qu'il peut défendre les autres, avant d'être vengé lui-même!

12. Les Martyrs donnent un ordre; c'est bien: s'il est juste, licite, conforme à la volonté de Dieu, le prêtre l'exécutera volontiers , pourvu qu'il soit conçu en termes modérés. Mais si de qu'ils ordonnent n'est pas écrit dans la loi divine, avant de l'exécuter, nous, devons savoir si Dieu les autorise à agir de la sorte. Or, comment savoir si Dieu se charge d'accomplir les promesses faites par les hommes? Moïse prie pour les péchés du peuple et pourtant il ne peut obtenir la grâce des pécheurs. Je vous en prie, Seigneur, ce peuple a commis une grande faute en se faisant des idoles d'or; faites-lui grâce, sinon, effacez-moi du livre écrit par voire main. Et le Seigneur répond à Moïse : Si quelqu'un pèche en ma présence, je l'effacerai de mon livre (Ex. 31). Ainsi, l'ami de Dieu, celui qui lui parlait face à face ne pût obtenir l'effet de sa prière ni apaiser la colère divine. Le Seigneur loue Jérémie en ces termes : Avant de te former dans le sein de ta mère, je te connaissais; avant ton entrée dans ce. monde, je t'ai sanctifié et je t'ai établi prophète au milieu des nations (Jér. 2). A peine Jérémie veut-il prier pour les péchés du peuple, que le Seigneur lui répond : Ne prie pas pour ce peuple, ne m'adresse pas de supplications en sa faveur, car je ne l'exaucerai pas quand il criera vers moi, au jour de l'affliction (Jér. 7). Qui fut jamais plus saint que Noé ? Il fut seul trouvé juste sur la terre, alors que le péché en couvrait toute la face. Qui fut plus glorieux que Daniel? qui combattit avec plus de force et de générosité ? il sortit vainqueur de toutes les épreuves et survécut à sa victoire. Qui, plus que Job, fut zélé pour les bonnes oeuvres, fort dans la tentation, patient dans la douleur, pénétré de la crainte de Dieu, sincère dans sa foi? Et pourtant Dieu n'a pas promis d'exaucer ces augustes personnages. Le prophète Ezéchiel priait pour les péchés du peuple; Dieu lui répondit en ces termes : Si une contrée m'offense, j'étendrai ma main sur elle, je détruirai ses ressources, j'y enverrai la famine et j'anéantirai les hommes et les animaux. Quand bien même Noé, Daniel et Job seraient au milieu de ce peuple, ils ne pourraient délivrer de là mort leurs fils et leurs filles; eux seuls seraient sauvés (Ez. 14). Ce qu'on demande dépend non de celui qui prie, mais de celui qui donne. L'homme ne peut obtenir que ce que Dieu daigne lui accorder.
Le Seigneur dit dans l'Évangile: Celui qui me reconnaîtra devant les hommes, je le reconnaîtrai moi aussi devant mon Père qui est dans le Ciel. Celui qui me reniera, je le renierai (Lc. 12). Supposer que Dieu ne renie pas celui, qui l'a renié, c'est admettre qu'il ne reconnaît pas celui qui l'a reconnu. Une partie de l'Évangile ne peut pas être vraie et l'autre fausse : il faut qu'il soit ou vrai ou faux dans son entier. Si vous innocentez les apostats, les confesseurs n'ont aucun droit à la récompense. Mais l'Évangile promet une couronne à la foi victorieuse donc la lâcheté vaincue mérite un châtiment. Ainsi, de deux choses l'une, ou l'Évangile n'a aucune autorité et, dans ce cas, les martyrs ne peuvent rien, ou l'Évangile reste dans son entier et alors les martyrs ne peuvent pas aller contre la loi à qui ils rendent témoignage.

13. Que personne, mes frères bien aimés ne flétrisse la dignité des martyrs, que personne ne leur ravisse leur gloire et leur couronne. Ils conservent dans son intégrité le dépôt de la foi; ils ne peuvent ni agir ni parler contre le Christ, alors que leur espérance, leur foi, leur vertu et leur gloire se trouve dans le Christ. Ils ne peuvent engager les évêques à transgresser les ordres de Dieu, alors qu'ils les ont eux-mêmes si généreusement accomplis. N'est-ce pas se croire supérieur à Dieu en puissance et en bonté, que de vouloir anéantir des faits dont il a permis la réalisation ou de permettre aux fidèles un vain secours; comme si Dieu ne pouvait protéger son Église ? Ces événements, croyez-le bien, ne sont pas arrivés à l'insu de Dieu ou sans sa permission. L'Ecriture nous dit : Qui a livré Jacob au pillage et Israël entre les mains des ravisseurs ? N'est-ce pas le Dieu qu'ils ont offensé ? Ils n'ont voulu ni marcher à sa suite ni entendre sa loi, et il les a frappés dans sa colère (Is. 42). Nous lisons encore : Est-ce que la main de Dieu ne peut nous sauver ? Est-ce que son oreille ne peut nous entendre ? Mais vos péchés mettent une séparation entre Dieu et vous, et il détourne sa face pour ne pas être touché par la pitié (Is. 49). Rappelons-nous nos fautes, examinons nos actes, sondons les secrets de notre âme et reconnaissons que le châtiment n'était que trop mérité. Nous n'avons jamais voulu marcher dans les voies du Seigneur, nous avons repoussé sa loi, ses préceptes, ses avertissements. Que penser d'un homme qui n'a pu être corrigé ni par la terreur ni par la persécution ? A-t-il la foi ? a-t-il la crainte de Dieu ? Non : malgré sa chute, il conserve sa fierté et continue à lever la tête. L'épreuve qui l'a terrassé n'a pu vaincre cet orgueil indomptable. Il tombe, et il insulte ceux qui sont debout; il est blessé, et il menace ceux qui ont conservé l'intégrité de leurs forces. Parce qu'on ne place pas le corps et le sang de Jésus-Christ entre ses mains impures et sur ses lèvres profanes, il s'irrite contre les prêtres. Étrange folie ! Vous vous irritez contre celui qui tâche de détourner de votre tête la colère de Dieu. Vous menacez celui qui implore pour vous la miséricorde du Seigneur; qui sent ,votre plaie que vous ne sentez pas vous-même; qui répand des larmes pour vous, lorsque peut-être vous n'en répandez pas. N'est-ce pas augmenter votre crime et le porter à son comble ? Et vous pensez pouvoir apaiser Dieu, tandis que ses ministres ne sauraient vous apaiser vous-même?

14. Ah ! plutôt, écoutez nos conseils ! Pourquoi vos oreilles se ferment-elles à notre parole? Pourquoi vos yeux aveuglés ne voient-ils pas le chemin de la pénitence que nous vous montrons ? Pourquoi votre esprit, en proie à la démence, ne comprend-il pas les remèdes salutaires que nous fournissent les saintes Écritures ? Si vous croyez peu à l'avenir, du moins regardez le présent. N'avons-nous pas vu des apostats sévèrement punis? ne déplorons-nous pas encore leur trépas funeste ? Dieu ne pouvait s'empêcher de les frapper, quoique le jour du châtiment suprême soit encore à venir; car le châtiment de quelques coupables sert à corriger les autres et devient un exemple pour tout le peuple chrétien.
Un homme monta au Capitole pour apostasier; il renia Jésus Christ, et de suite après, il devint muet. La langue qui proféra l'apostasie fut paralysée et incapable d'implorer par des paroles la miséricorde divine.
Une femme coupable du même crime se rendit aux bains. L'insensée, après avoir perdu la grâce du bain salutaire, elle allait laver son corps.- Là, elle fut saisie par l'esprit impur, se roula par terre et, avec ses dents, coupa cette langue qui, venait de proférer des blasphèmes et de se souiller par le contact des viandes immolées. Ce n'est pas assez: sa rage se tourna contre elle-même; elle devint son propre bourreau, couvrit son corps de plaies hideuses; enfin ses entrailles se décomposèrent et elle mourut dans d'atroces douleurs.
J'ai été moi-même témoin du fait suivant. Des parents, fuyant les rigueurs de la persécution, laissèrent leur fille encore enfant entre les mains d'une nourrice. Celle-ci porta l'enfant aux magistrats. Comme, à cause de son âge, elle ne pouvait pas encore manger de viande, on lui donna un peu de pain trempé de vin, reste d'un sacrifice précédent. Plus tard, la mère reprit sa fille. Mais l'enfant ne pouvait déclarer un crime dont elle n'avait aucune connaissance. Elle fut donc portée à l'église, alors que j'offrais moi-même le saint sacrifice. Mais à peine fut-elle au milieu de l'assemblée des fidèles, qu'elle ne put supporter nos prières. Elle se mit à pleurer; dans sa fureur étrange, elle se frappait, se jetait par terre, se tordait comme sous la main du bourreau, enfin elle indiquait à sa manière qu'elle n'était pas digne d'assister à nos mystères. A la fin du sacrifice, quand le diacre présenta le calice aux fidèles, il s'approcha aussi de l'enfant; mais elle, comme frappée par la majesté divine, détournait la tête, serrait les lèvres, repoussait le calice. Le diacre persista cependant et, malgré sa résistance, il glissa dans la bouche de l'enfant quelques gouttes de vin consacré. Alors vinrent les convulsions et les vomissements. L'Eucharistie ne pouvait rester dans un corps et dans une bouche souillée le sang divin en sortait violemment. C'est ainsi que le Seigneur manifesta sa puissance et sa majesté ; il éclaira lui-même les ténèbres et le ministre de Dieu découvrit le crime dans toute son horreur.
Je viens de parler d'une enfant, incapable de redire l'attentat dont elle avait été la victime; mais une autre fille plus avancée en âge fut traitée avec bien plus de sévérité. Après avoir sacrifié aux idoles, elle se glissa en secret dans nos rangs; l'Eucharistie devint pour elle comme un glaive, comme un poison mortel. A peine le sang divin fut-il dans sa poitrine, que sa gorge se ferma, en lui causant d'affreuses suffocations. Ce n'était plus le bourreau c'était son crime qui la torturait; enfin elle tomba sur le sol en proie à d'affreuses palpitations. Son sacrilège ne resta pas longtemps impuni, et après avoir trompé les hommes, elle succomba sous la vengeance divine.
Une autre voulut ouvrir avec des mains impures la cassette où elle conservait la sainte Eucharistie; mais il en sortit une flamme qui la repoussa et l'empêcha de toucher le pain consacré.
Un chrétien, sortant des sacrifices idolâtriques, se présente à l'autel du Seigneur; il ose, avec les autres, recevoir l'Eucharistie; mais il ne peut la porter à sa bouche; en ouvrant ses mains il n'y trouve que de la cendre. Cet exemple nous montre que le Seigneur se retire lorsqu'on le renie. Ainsi la communion ne sert de rien aux indignes, puisque la sainteté de Dieu disparaît et que la grâce divine se change en cendre.
Combien d'autres, qui s'obstinent à ne pas faire pénitence et à ne pas confesser leurs crimes, sont possédés chaque jour par les esprits impurs ! Combien d'autres perdent la raison et tombent dans les fureurs de la démence! Il n'est pas nécessaire d'entrer dans de plus longs détails: les fléaux qui s'abattent sur le monde nous montrent que la diversité des châtiments est aussi grande que le nombre des coupables.
Or, mes frères, ne nous bornons pas à considérer les châtiments des autres, mais voyons ce que nous avons mérité nous-mêmes. Peut-être n'avons-nous pas encore été frappés, c'est possible; mais ne nous croyons pas à l'abri de la justice divine; car nous n'avons jamais plus lieu de trembler que lorsque Dieu diffère notre punition.
Il en est qui, sans prendre part aux sacrifices, ont reçu des billets : ceux-là ne doivent pas se croire dispensés de la pénitence; car si leurs mains sont pures, leur conscience est souillée. C'est véritablement un acte d'apostasie, puisqu'ils ont répudié leur caractère de chrétien et qu'ils ont déclaré s'associer aux crimes des infidèles. II est écrit : Vous ne pouvez servir deux maîtres; or, vous avez obéi aux maîtres de la terre; vous vous êtes soumis à leurs édits; vous avez mieux aimé obéir aux hommes qu'à Dieu. Peut-être, devant les hommes, paraîtrez-vous moins lâche et moins criminel; mais vous ne pourrez éviter le juge suprême. Vos yeux, dit le psalmiste, ont vu mes imperfections et tous sont écrits dans votre livre.
L'homme ne voit que le visage, mais Dieu regarde le coeur.... toutes les églises sauront, dit le Seigneur, que c'est moi qui scrute les coeurs et les reins. Dieu voit les choses cachées, il pénètre tous les secrets, personne ne peut se soustraire à. ses regards: Je ne suis pas éloigné de vous, dit-il, je suis à votre côté. Si vous vous cachez dans des retraites obscures, est-ce que je ne vous verrai pas? Je remplis le ciel et la terre (Jér.23). Dieu voit nos coeurs. Il nous jugera, non-seulement sur nos actes, mais sur nos paroles et sur nos pensées, car il pénètre les profondeurs de l'âme et connaît toutes ses volontés.
Ah ! qu'ils sont plus avancés dans la foi et dans la crainte de Dieu ces chrétiens qui n'ont pris part à aucun sacrifice, qui n'ont accepté aucun billet, mais qui pourtant en ont eu la pensée. Vous les voyez, la douleur dans l'âme, avouer aux prêtres cette pensée coupable. lis confessent leurs fautes, ils déposent le poids qui chargeait leur conscience, et quoique leurs blessures soient légères, ils ont recours au remède institué par Jésus-Christ. Ils savent qu'il est écrit : On ne se moque pas de Dieu. En effet, on ne trompe pas Dieu comme l'homme, et ce serait se rendre plus coupable encore que de vouloir éviter le châtiment parce que le crime est secret. Si quelqu'un rougit de moi, dit Jésus-Christ, moi aussi je rougirai de lui. Et on croit être chrétien quand on a honte de paraître chrétien! et on croit pouvoir être avec le Christ, quand on a craint ou qu'on a rougi de lui appartenir! Vous n'avez pas paru devant les idoles; vous n'avez pas profané la sainteté de votre foi, en présence d'un peuple qui vous poursuivait de ses insultes; vous n'avez pas souillé vos mains par des sacrifices criminels, votre bouche par une nourriture immonde : c'est bien; votre faute est moins grave; mais vous n'êtes pas innocent. Vous pouvez plus facilement obtenir votre pardon; mais vous avez besoin de pardon. Continuez à. faire pénitence, implorez la miséricorde divine, et prenez garde d'aggraver votre faute en négligeant de la réparer.

15. Je vous en supplie, mes frères bien-aimés, confessez tous vos péchés, pendant que vous êtes encore sur cette terre, pendant que votre confession peut être entendue, pendant que la rémission de vos fautes, opérée par le prêtre, peut être agréée de Dieu. Convertissons-nous au Seigneur de toute notre âme; ayons un regret véritable de nos crimes, et implorons la divine miséricorde. Que notre âme se prosterne devant lui; pénétrée d'une douleur profonde , qu'elle expie ses fautes et qu'elle ranime son espérance. Revenez à moi, dit le Seigneur, de tout votre coeur, livrez-vous aux jeûnes, aux gémissements, aux larmes, et déchirez vos coeurs et non vos vêtements.
C'est ainsi qu'on apaise la justice divine. Mais il est des pécheurs qui, depuis leur chute, vont chaque jour aux bains, qui prennent place à. des tables somptueuses, qui chargent leur estomac d'une multitude de viandes et ne partagent jamais leur nourriture avec le pauvre: est-ce là ce qu'on appelle déplorer sa faute, s'abandonner aux jeûnes, aux larmes, aux gémissements ? Pleurent-ils sur leur mort spirituelle quand ils s'avancent d'un air joyeux et satisfait? Malgré la défense de l'Écriture, ils arrachent leur barbe et fardent leur visage; ils cherchent à plaire aux hommes, alors qu'ils déplaisent à. Dieu. Cette femme gémit-elle sur sa chute, lorsque oubliant le vêtement du Christ qu'elle a perdu, elle ne songe qu'à se parer avec magnificence? Elle a perdu la grâce et elle pense à ses bijoux et à ses colliers ! Ah ! vous avez beau vous couvrir d'étoffes étrangères et de robes de soie, vous êtes nue. Vous avez beau entasser sur vos épaules l'or, les perles et les diamants, si le Christ ne vous sert de parure, il n'y a en vous que difformité. Cessez du moins de parfumer vos cheveux, puisque c'est le temps des grandes douleurs. Vous qui souillez vos yeux d'ornements empruntés essuyez-les du moins avec vos larmes. Si vous perdiez un des êtres qui vous sont chers, on vous verrait gémir et pleurer; votre visage inculte, vos habits de deuil, votre chevelure négligée, votre front soucieux, vos regards abattus trahiraient la douleur de votre âme. Malheureux, c'est votre âme que vous avez perdue! morte spirituellement, vous vous survivez à vous-même, vous portez vos propres funérailles; et vous ne pleurez pas, vous ne gémissez pas amèrement! Honteux de votre crime, vous n'allez pas cacher vos larmes dans une retraite obscure ! Ah ! il est une chose plus grave que le crime lui-même, c'est de s'obstiner à ne pas le reconnaître et à ne pas le déplorer.

16. Les trois enfants captifs à Babylone, Ananias, Azarias, Misael confessaient leurs fautes à. Dieu au milieu des flammes d'une fournaise ardente. Malgré le témoignage de leur conscience, malgré la grâce divine qu'ils avaient méritée par leur obéissance et leur fidélité, ils étaient toujours humbles et, au sein de leur glorieux martyre, ils ne cessaient de satisfaire à Dieu. Écoutez l'Écriture : Azarias debout au milieu des flammes, commença sa prière et fit avec ses compagnons la confession de ses fautes (Dan. 3).Telle fut aussi la conduite de Daniel. Après avoir, dans plusieurs circonstances, donné des preuves de son innocence et de sa fidélité, après avoir vu ses vertus honorées des éloges de Dieu lui-même, il s'efforce encore d'attirer sur lui la miséricorde divine; il se couvre d'un sac, il se roule sur la cendre, il confesse ses fautes avec douleur. Seigneur, s'écrie-t-il, Dieu grand, Dieu fort et redoutable, qui conserves ton alliance et tes miséricordes avec ceux qui t'aiment et qui obéissent à ta loi, nous avons péché, nous avons commis l'impiété et le crime; nous avons transgressé et abandonné tes préceptes et tes commandements; nous n'avons pas prêté l'oreille aux paroles de tes prophètes qui ont prophétisé en ton nom sur nos rois, nos peuples et notre patrie. A toi, Seigneur, la gloire et la sainteté; à nous la confusion.
Voilà ce qu'ont fait ces âmes simples et innocentes pour se rendre Dieu favorable: et maintenant ceux qui l'ont renié refusent de le prier et de satisfaire à sa justice! Je vous en prie, mes frères, suivez nos conseils, profitez du remède salutaire. Unissez vos larmes à. nos larmes, vos gémissements à nos gémissements. Nous vous prions d'abord, afin que nos prières soient efficaces auprès de Dieu et qu'elles fléchissent sa justice en votre faveur. Faites pénitence; qu'on voie en vous la tristesse et les gémissements du repentir. Ne vous laissez pas arrêter par l'erreur ou la stupidité de certains hommes qui poussent l'aveuglement jusqu'à. méconnaître leurs crimes et à. ne pas les pleurer. C'est le châtiment le plus sévère que Dieu puisse infliger à. un pécheur; c'est l'esprit de vertige dont parle le prophète. Saint Paul nous dit à son tour (The.s 2) : Ils n'ont pas reçu l'amour de la vérité, qui aurait pu les sauver; c'est pourquoi le Seigneur leur enverra l'esprit d'erreur, et ils croiront au mensonge. Ainsi la justice de Dieu frappe ceux qui repoussent la vérité et se complaisent dans le crime. En effet, ces hommes superbes paraissent en proie à la folie, ils méprisent les préceptes du Seigneur; ils négligent le remède; ils s'obstinent dans l'impénitence. Imprudents avant le crime, ils deviennent ensuite rebelles. Ils cèdent à la menace et ils rougissent de paraître en suppliants. Quand ils devaient se tenir debout, ils sont tombés; et maintenant qu'on leur dit de se prosterner devant Dieu, ils veulent rester debout; ils usurpent une paix que personne n'a mission de leur donner. Séduits par des promesses trompeuses, ils s'unissent aux apostats et aux traîtres; ils reçoivent l'erreur au lieu de la vérité; ils se mettent en communion avec des excommuniés. Naguère la crainte des hommes les empêchait de croire en Dieu maintenant la crainte de Dieu ne les empêche pas de croire aux hommes. Fuyez-les, évitez-les avec soin. Leur parole se glisse comme un serpent; elle pénètre les âmes comme une contagion mortelle; c'est un venin qui tue plus cruellement encore que la persécution. Je le répète, il n'y a qu'un moyen d'expiation, la pénitence: ceux qui vous enlèvent la pénitence vous enlèvent l'expiation; ainsi, en acceptant témérairement une fausse sécurité promise par des téméraires, on se ferme à. soi-même le chemin du véritable salut.

17. Pour vous, mes frères biens-aimés, qui conservez la crainte de Dieu, vous dont la conscience coupable ne perd pas le souvenir de son état, reconnaissez vos péchés avec douleur, repassez-les dans l'amertume de votre âme, ouvrez les yeux du coeur pour en comprendre toute la gravité et, pleins d'espoir dans la miséricorde du Seigneur, gardez-vous bien de vous attribuer un pardon trop facile. Si Dieu a tout l'amour, toute la bonté, toute l'indulgence d'un père, il a aussi la sévère majesté d'un juge.
Que nos larmes soient en rapport avec la grandeur de nos fautes. Si la plaie est profonde, appliquons un remède, énergique; que la pénitence ne soit pas inférieure au péché. Vous avez renié votre Dieu, vous lui avez préféré votre patrimoine, vous avez violé son temple par un sacrilège, et vous croyez pouvoir l'apaiser facilement ? Vous avez dit qu'il n'était pas votre Dieu, et vous croyez avoir sur-le-champ des droits à sa miséricorde ? Priez, prolongez vos supplications; passez les jours dans les larmes, les nuits dans les veilles, étendus sur le cilice; n'interrompez pas vos gémissements; roulez-vous dans la cendre et dans la poussière. Le Christ vous couvrait comme un manteau; vous l'avez perdu: quel autre vêtement pourriez-vous désirer? Vous avez mangé la nourriture du démon, choisissez le jeûne ; vous avez commis des fautes, effacez-les par des, oeuvres de miséricorde; vos âmes sont menacées de la mort éternelle, délivrez-les par d'abondantes aumônes. Donnez au Christ ce que l'ennemi cherchait à vous ravir. Pourriez-vous vous attacher à des biens qui, en vous trompant, ont causé votre rune ? On doit les sacrifier pour échapper à l'ennemi; on doit les fuir pour échapper aux voleurs, les vendre pour échapper au glaive. S'il vous en reste, le seul avantage que vous puissiez en retirer c'est le rachat et l'expiation de vos fautes. Multipliez donc vos bonnes oeuvres; employez tous vos revenus à la guérison de vos blessures; remettez toute votre fortune entre les mains de ce Dieu qui doit vous juger.
C'est ainsi qu'agissaient les premiers chrétiens. Leur foi était active et généreuse. Ils confiaient tout leur bien aux apôtres pour les distribuer en aumônes; et pourtant ils n'avaient pas à racheter les fautes sur lesquelles vous gémissez. Si vous priez, si vous avez recours aux larmes et aux gémissements de la pénitence, si vous fléchissez, par vos oeuvres, la justice divine, le Seigneur vous fera miséricorde. Il vous a dit lui-même : Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive. Revenez au Seigneur votre Dieu, dit-il encore, car il est bon, miséricordieux, patient, prêt à pardonner toutes nos iniquités. Il peut faire grâce au coupable et révoquer ses arrêts; il peut pardonner au pénitent qui multiplie ses bonnes oeuvres et ses prières; il peut avoir égard à ce que demandent les martyrs et à ce que font les prêtres. Si quelqu'un le touche davantage par ses oeuvres agréables, s'il apaise son indignation par l'ardeur de ses prières, il lui donnera des armes nouvelles;jusque dans sa défaite, il lui enverra de nouveaux secoure pour renouveler et fortifier sa foi. Alors le soldat retournera au combat, il rentrera dans la mêlée, il provoquera l'ennemi et le regret d'avoir été vaincu doublera ses forces. Celui qui satisfera ainsi au Seigneur et qui, animé par la honte et le repentir, tirera de sa chute, avec l'aide de Dieu, une augmentation de courage et de foi, celui-là réjouira l'Église qu'il avait attristée, et obtiendra, avec son pardon, la couronne de vie.
--------

(J’ai suivi le texte français publié par le Père Cassien [Braun] dans son page
« Orthodoxie » en faisant quelques petites corrections).

Merci pour ces textes

Publié : sam. 25 juin 2005 11:32
par Jean-Serge
Je remercie vivement Giorgios et Jean-Louis Palierne pour ces deux textes très instructifs...

Ce que j'ai simplement essayé de dire c'est que les deux textes traduits appellent de nombreuses questions et réserves... Je ne crois pas être le seul à les formuler; elles doivent venir de l'ERHF elle-même; je pense que bien des personnes (dont je fais partie) demanderont des éclaircissements aux évêques et prêtres de l'ERHF et surveilleront l'évolution du Patriarcat de Moscou... Il faut effectivement attendre la suite et ne pas sombrer dans les excès dès à présent... et aussi prier pour qu'il y aie effectivement repentance de tous comme le dit si bien le Père Andrew et pour que ce soit la volonté de Dieu qui soit recherchée et atteinte.

A noter

Publié : ven. 01 juil. 2005 12:53
par Jean-Serge
A noter dans la série des documents conjoints, le document sur les relations entre l'Eglise et l'Etat, non encore traduit... Qui lui me semble plutôt correct...

Publié : mar. 05 juil. 2005 10:32
par romaric
Il se pose, en plus de l'ambiguité du message commun, un problème bien plus grave: je sais de source sûre (mais je ne peut la communique) que le PM n'est interessé que par le patrimoine de l'ERHF et attandra que celle-ci, l'union faite, meure de sa belle mort. En effet, au bout d'un moment, les fidèles trouveront absurde que certaines paroisse à l'étranger dépendent d'un synode indépendant et les autres d'exarques patriarcaux.
C'en en tout cas le phénomène sur lequel compte le PM.

Le patrimoine immobilier

Publié : mar. 05 juil. 2005 11:33
par Jean-Serge
Les statuts provisoires prévoient que l'ERHF demeure propriétaire de ses biens et indépendantes du point de vue de ses biens mobiliers. J'ai du mal à imaginer dans de telles conditions comment pourraient se faire des transferts de propriété...

Vous soulevez néanmoins un point intéressant : " au bout d'un moment, les fidèles trouveront absurde que certaines paroisse à l'étranger dépendent d'un synode indépendant et les autres d'exarques patriarcaux." Sur certaines régions, on aura en effet des superpositions de diocèses avec des découpages non harmonisés et possibilité de communier dans les deux diocèses russes. Comment fera-t-on la différence entre un "hors frontière" et un "patriarcal"?

Les fidèles eux-mêmes feront-ils la différence? J'en doute fort car des Russes hors frontières fréquentent et fréquentaient les offices de la Rue Daru ou du Patriarcat de Moscou, ce qui en son temps ne plaisait guère au Saint Métropolite Philarète pour lequel à en croire sa lettre à l'higoumène du Monastère de Lesna publiée dans la dernière livraison de la Lumière du Thabor, la Rue Daru était schismatique (plutôt d'accord avec lui) et privée de grâce (pas aussi catégorique que lui...). Une confusion au niveau de la base pourrait être un premier pas avant une fusion totale des diocèses sur une base territoriale (exemple Europe occidentale etc), ce qui serait davantage canonique.

J'avais lu d'ailleurs une proposition à ce sujet rédigée en son temps par le Père Andrew Philips (qui est d'ailleurs sur son site) qui organisait un découpage entre les différents évêques russes et de tradition russe d'une Métropole d'Europe occidentale et centrale (Allemagne compris).

Pour l'heure, une telle fusion me semble impossible car je pense que même s'ils sont prêts à accepter la réunification, les fidèles et même les évêques de l'ERHF sont jaloux de leur indépendance. Par ailleurs, un éventuel découpage ferait grincer des dents dans diverses paroisses de part et d'autres. Vous imaginez la paroisse de la Rue Saint Victor (Patriarcat de Moscou, nouveau calendrier etc) se retrouver dans l'omophore d'un évêque ex-RHF? Même questions pour les paroisses néerlandaises du Patriarcat de Moscou qui sont au calendrier grégorien (comme en Finlande)?

Traduction en français

Publié : mar. 19 juil. 2005 16:58
par Jean-Serge
Bonjour

Voici un traduction en français des documents conjoints Moscou-ERHF réalisée par l'OLTR...

http://oltr.france-orthodoxe.net/PM-EORHF.htm

Publié : jeu. 21 juil. 2005 6:00
par Antoine
Une réaction de Mgr Bernard Fellay relative au document conjoint de Moscou et ERHF. Voir ci dessous comment cela est perçu par la Fraternité Saint Pie X.

Newsletter DICI
Editorial : Trois mois après l’élection de Benoît XVI

Mgr Bernard Fellay a bien voulu répondre à nos questions sur les débuts du pontificat de Benoît XVI. Quelle est la nature exacte de l’espoir qu’on peut placer en ce nouveau pape ? Sur la messe tridentine, quelles sont les attentes précises des prêtres et des fidèles attachés à la Tradition ? On trouvera cet entretien exclusif dans nos Documents.

Le Supérieur général de la Fraternité Saint Pie X y affirme, entre autres, qu’une idée-clé de ce pontificat est la réunification des orthodoxes à l’Eglise catholique. Ses propos ne sont pas démentis par l’actualité de ces dernières semaines : la visite d’une délégation du patriarcat de Constantinople à Rome et celle du cardinal Kasper à Moscou.

Les Russes seront-ils plus sensibles au discours œcuménique romain sous Benoît XVI que sous Jean-Paul II ? On pourrait en douter devant les conditions très nettes que le patriarcat de Moscou et l’Eglise orthodoxe russe hors frontières, à la veille de leur réunification, viennent de poser comme préalables à toute collaboration avec les autres confessions chrétiennes.


Cette Newsletter DICI est accessible à qui veut en s'inscivant sur leur site http://www.dici.org

---------------------------------------------------------------------------------

ACTUALITE

Pour information : Les conditions des orthodoxes russes pour une collaboration avec les autres confessions chrétiennes

Résumé : L’Eglise orthodoxe russe et l’Eglise orthodoxe russe hors frontières sont sur le point de mettre un terme...

L’Eglise orthodoxe russe et l’Eglise orthodoxe russe hors frontières sont sur le point de mettre un terme à une division de 80 ans, causée par la révolution de 1917.

L’Eglise orthodoxe russe hors frontières créée dans les années 1920 par les exilés victimes du régime bolchevique comprend neuf diocèses. Répartis en Amérique du Nord et du Sud, en Europe occidentale, et dans l’ancienne Union soviétique, ils sont entièrement indépendants de l’Eglise orthodoxe russe qu’ils ont accusé de collaboration avec les dirigeants soviétiques.

Des discussions se sont établies, depuis 2001, en vue d’un rapprochement des deux Eglises. Selon le plan de réunification, contenu dans un document que cite l’Agence œcuménique ENI, l’Eglise orthodoxe russe hors frontière deviendrait une partie autonome de l’Eglise orthodoxe russe, dirigée par le patriarche de Moscou et de toute la Russie, Alexis II.

Dans ce document, les deux Eglises précisent qu’elles vont limiter les contacts avec les Eglises non orthodoxes aux seuls projets de bienfaisance et programmes éducatifs, et qu’elles ne s’associeront aux cérémonies et discussions que si celles-ci sont conformes à l’enseignement orthodoxe, à la discipline canonique et aux besoins ecclésiastiques. "En particulier, il n’est pas permis aux orthodoxes de participer aux actions liturgiques liées aux soi-disant services religieux œcuméniques ou interconfessionnels". Et de préciser : "Une partie importante du monde protestant dans le cadre de son développement s’est engagée sur la voie du libéralisme humaniste (...) changeant par caprice les normes de moralité et les enseignements dogmatiques établies par la volonté divine". "Une condition de la participation de l’Eglise orthodoxe aux organisations interconfessionnelles, entre autres le Conseil œcuménique des Eglises (COE), sera l’exclusion du syncrétisme religieux".


date : 16/7/2005

Interview de l'Evêque Gabriel de Manhattan (ERHF-Lavre)

Publié : jeu. 21 juil. 2005 12:06
par Jean-Serge
Le site russe portal-credo.ru publie l'interview de l'Evêque Gabriel de Manhattan en anglais et russe. L'Evêque de l'Eglise Russe hors Frontière-Lavre fait part de ses réactions suite à la publication des documents conjoints. L'interview ne manque pas d'intérêt car l'Evêque ne cache pas ses réserves quant à l'union avec le Patriarcat de Moscou, ce qui semblerait indiquer une pluralité d'opinion au sein de l'ERHF-Lavre. On y trouve une position conforme à ce qu'a touhours été l'ERHF (je me réjouis d'ailleurs du contenu de l'interview) Ci après le texte original suivi d'une traduction personnelle.

http://www.portal-credo.ru/site/?act=english&id=158
ENGLISH VERSION: Bishop Gabriel (Chemodakov), ROCOR(L): "For most of our flock, it is unclear why we suddenly have a different position toward the Moscow Patriarchate"
--------------------------------------------------------------------------------

Portal-Credo.Ru: Could you comment about the four documents which recently appeared simultaneously on the official sites of the ROCOR(L) and the ROC MP and were worked out conjointly by their commissions on dialogue for unification and approved by the leadership of both Churches, especially the part where the activity of Metropolitan Sergius (Stragorodsky) was referred to as his great "sacrifice of service?" How much influence do these documents have on the process of unification between these two Churches?

Bishop Gabriel: For now, it is too early to say that because these documents were accepted, we are proceeding directly to unification. Rather, these documents should be seen as some kind of blueprint for future development. I must stress, and this is not only my own opinion, but, I assume, the opinion of some of the other bishops of our Church, that we must first come to some kind of mutual agreement on all of the problems that face us.

As far as the Declaration is concerned, perhaps these documents have already addressed these problems. I think that in these documents there are many things, even wording, which could lead someone astray and give the impression that we have surrendered our position and have already fully adopted the position of the MP. This is not the case. These commissions have expended a lot of effort. In the documents which they have produced, of course, there are many things which have upset me a lot, and upset many others too. For example, the "sacrifice (podvig) of service" of Metropolitan Sergius. I, of course, could never call his service a "sacrifice," and I think that many people are upset by this expression. At the same time, however, the MP’s commission has had to acquiesce to a lot of what we wanted and agree at least that the Declaration of Metropolitan Sergius was essentially wrong. The Church simply cannot behave as Metropolitan Sergius did, no matter what the circumstances of life then might have been.

It should be remembered that we are going to have an All-diaspora Council next year, at which every diocese will be represented by delegates chosen from among the clergy and the laity. But no matter what decisions come out of this council, they must be ratified by a Synod of the bishops which is to be held right after the Council.

I might point out that we have yet to begin a serious discussion about Ecumenism, but so far have been talking mostly about the Declaration, about Metropolitan Sergius himself, and about what kind of relationship should exist between the Church and the State. Too little time has been devoted to the question of Ecumenism.

You may have noticed yourself the day that these documents appeared on the MP’s website that the top news item of the day was devoted to Patriarch Alexey II’s meeting with a delegation from the World Council of Churches. Our documents, however, only made third or fourth place. This is unsettling to see for anyone, but especially for us abroad. This tells me that solving the issue of Ecumenism will be very problematic indeed. For this reason, to speak of some kind of unification, as long as the issue of Ecumenism remains unsolved, is premature.

Q: How are the bishops of the ROCOR(L) who are in favor of joining the ROC MP getting along with the bishops who take a stronger, principled stand like the one the Church Abroad always had?

Bishop Gabriel: I would not presume to speak for my fellow bishops. I want to think, and I hope, that all of the bishops of the ROCOR are in agreement with the idea that we cannot talk of any unification until all of the difficult questions have been resolved. If, for now, we have come to some kind of agreement, to some degree or another, (although this is also hotly disputed; take for example the Declaration, Metropolitan Sergius himself and his service, and his so-called "sacrifice"), nevertheless, I am convinced that this agreement will be the cause of much tension and disagreement for us. I am sure that none of our bishops is going to turn a blind eye to some of these issues simply for the sake of speeding up the process towards some kind of unification. To ignore these things or to say that they are no longer as important to us as they have been all these past years would be impossible, because we have the flock standing by, watching, and it is very upset by this process.

Q: I’ve just got to ask the following question then: What does the flock think about this process; and the clergy, excluding the bishops?

Bishop Gabriel: There are bishops who are more inclined to a more speedy unification process than others. This is the case among the laity as well. However, I am under the impression, knowing the situation and the mood in the dioceses, that the larger part of our flock, I am reluctant to use the expression "vast majority," but simply put, the larger part of our flock, is looking at the prospect of unification with a great deal of apprehension, with alarm and worry, because they mistrust the present structure of the MP. Even if we agreed with the MP on all points, this mistrust would still remain.

Our church-going people understand what separated us in the past and still separates us. Our people do not think that the time for unification has arrived; that the time is ripe. We cannot yet say with genuine certainty and with a clear conscience that the time has come for unification because all of the questions and problems have been resolved. I know that there are many of our people who desire unification, who openly speak and write about it, but I think that I would not be wrong by saying that most of them, if not completely opposed to it, nevertheless regard this process with apprehension.

Q: I am going to ask a very provocative and pointed question, which you may decline to answer if you wish, but I am going to ask it anyway. A rather large number of Orthodox Christians, both inside Russia and abroad, consider that the MP is an uncanonical and illegitimate creation in general, from an ecclesiastical point of view, because practically all of its present higher-ranking bishops received their appointments during the Soviet period with the blessing, not simply of the authorities and atheistic leadership, but under the full control of the KGB. And with this kind of structure in place, until its entire leadership is replaced, which was put into position by an atheistic government, it is simply impossible to have anything to do with it. It is a similar situation to when the Lord led the Israelites for forty years in the desert, so that they would not carry the infection of slavery into the Promised Land…

Bishop Gabriel: I think that there are many members of our flock who are of the same opinion. Just exactly as you say. This is the impression that all of us had before. That was our understanding of the MP. We used to say that we had always been, and were, a part of the Church of Russia, but we never said that the MP was the main part of the Church of Russia; or even the "Mother-Church," as she likes to call herself. There was even a question about whether or not she could even call herself a part of the Church of Russia. For this reason, for most of our flock, it is unclear what has changed and why we suddenly have a different position toward the Moscow Patriarchate, as if there had never been any other. But there was another. It is troubling for the flock, and for me, that this cooperation with the MP is under way, and although the government is no longer communist, there is still a lot left over from the communist period. For example, not very long ago at all, the Patriarch congratulated the communist president of Viet Nam on the victory of Communism. This, as you may know, is shocking for us and more than troubles us. And there are many such examples. This shows that, in any case, the Church is still not separate from the government. It continues to cooperate with it, and maybe, just as before, the government continues to be the one giving the orders; how the Church is to live, to develop. Many people are worried that through unification, we will lose our own freedom, our autonomy and rightful position upon which we have stood all these years.

Correspondent: Vladimir Oyvin


Traduction personnelle (achevée)

Je me suis permis de petits commentaires et des mises en gras...

Pourriez-vous faire un commentaire sur les quatre documents, publiés de façon simultanée sur les sites officiels de l’ERHF (Lavre) et du Patriarcat de Moscou. Ces documents, approuvés par la direction des deux églises, résultent d’un travail commun entre les commissions des deux églises, réunies dans le cadre du discussion pour une unification. Pourriez-vous tout particulièrement commenter la partie où l’activité du Métropolite Serge était décrite comme un grand « sacrifice of service ». Quelle est l’influence de ces documents sur le processus d’unification entre les deux Eglises ?

R : Pour l’heure, il est trop tôt pour dire qu’étant donné que ces documents sont acceptés, nous allons procéder à l’unification. Ces documents devraient plutôt être vue comme une sorte modèle en vue de développements ultérieurs. Je dois insister, et ce n’est pas uniquement mon opinion, mais celle aussi des autres évêques de notre Eglise que nous devons d’abord parvenir à une sorte d’accord mutuel sur tous les problèmes qui se présentent à nous.

En ce qui concerne la Déclaration [du Locum Tenens Serge], peut-être que ces documents ont déjà réglé le problème. Je pense que dans ces documents il y a de nombreuses choses, y compris dans l’usage des mots qui peuvent dérouter et donner l’impression que nous avons abandonné nos positions et avons pleinement adopté celles du Patriarcat de Moscou. Ce n’est pas le cas. Ces commissions ont fait un travail considérable. Bien sûr dans les documents qu’elles ont élaborés, il y a plusieurs choses qui m’ont énormément choqué, et qui ont choqué bien d’autres personnes également. Par exemple, le "sacrifice (podvig) of service" du Métropolite Serge. Bien sûr, je ne pourrais en aucun cas appeler ce service un « sacrifice » et je crois que de nombreuses personnes sont choquées par cette expression. Parallèlement, la commission du Patriarcat de Moscou a néanmoins eu à accepter au final que la Déclaration du Métropolite Serge était ontologiquement mauvaise. L’Eglise ne peut se comporter comme le fit le Métropolite Serge , quel que soient les circonstances.

Il convient de rappeler que nous allons tenir l’année prochaine un Concile de la Diaspora auquel chaque diocèse sera représenté par des délégués choisis parmi le clergé et les laïcs. Mais quel que soient les décisions prises à ce concile, elles doivent être ratifiés par le Synode des Evêques qui se tiendra juste après ce Concile.

Je dois signaler que nous avons à ouvrir une discussion sérieuse sur l’œcuménisme [discussion dans l’interview note du Traducteur], mais jusque là nous avons parlé essentiellement de la Déclaration, du Métropolite Serge, et du type de relation idéal entre l’Eglise et l’Etat. Trop peu de temps a été consacré à la question de l’œcuménisme.

Vous avez peut-être remarqué que le jour de la publication de ces documents sur le site du Patriarcat de Moscou, la une du jour était consacrée à la rencontre du Patriarche Alexis II avec une délégation du COE. Nos documents ne venaient qu’en 3e ou 4e position. Ceci est désagréable pour quiconque mais spécialement pour nous autres à l’Etranger. Ceci m’indique que résoudre la question de l’œcuménisme sera réellement problématique. Pour cette raison, parler d’une quelconque forme d’union tant que la question de l’œcuménisme n’est pas résolue est prématuré.


Comment les évêques de l’ERHF-L qui sont en faveur d’une union avec le Patriarcat de Moscou s’entendent-ils avec les évêques qui ont une position plus ferme, similaire à celle que l’ERHF a toujours eu ?

R: Je ne me permettrais pas de parler au nom des autres évêques. Je veux croire et j’espère que tous les évêques de l’ERHF partagent l’idée que nous ne pouvons pas parler d’union tant que les questions difficiles n’auront pas été résolues. Si pour l’heure, nous sommes parvenus à une sorte d’accord à un degré ou un autre (même si cela est aussi très vigoureusement disputé, prenez par exemple la Déclaration, la personne du Métropolite Serge et son service et son soi-disant « sacrifice »), néanmoins, je suis convaincu que cet accord causera beaucoup de tension et de désaccord. Je suis sûr qu’aucun de nos évêques ne va fermer les yeux sur ces questions simplement pour accélérer le processus d’union. Ignorer ces choses ou dire qu’elles ne sont plus aussi importantes qu’elles ont été par le passé serait impossible parce que nous avons le peuple qui observe et qui est bouleversé (choqué ?) par ce processus.

Je dois donc vous poser la question suivante : que pense le peuple de ce processus ; et le clergé, évêques mis à part ?

R : Il y a des évêques qui penchent davantage pour un processus d’union alors que d’autres non. C’est la même chose au sein des laïcs. Cependant, j’ai l’impression, connaissant la situation et l’humeur des diocèses que la plus grande part du peuple –je suis réticent à employer l’expression la « vaste majorité »- mais disons simplement la plus grande partie du peuple observe cette perspective d’union avec appréhension, inquiétude parce qu’elle ne fait pas confiance à la structure actuelle du Patriarcat de Moscou. Même si nous parvenions à un accord avec le Patriarcat de Moscou sur tous les points, le méfiance continuerait.

Nos fidèles pratiquants comprennent ce qui nous a séparé et nous sépare encore. Notre peuple ne pense pas que le temps de l’union est venu ; que le moment est venu. Nous ne pouvons pas encore dire avec une vraie certitude et une conscience claire que le moment est venu pour l’unification parce que toutes les questions et problèmes ont été résolus. Je sais que nombre de nos fidèles désirent l’union, en parlent ouvertement et écrivent à ce sujet mais je pense que je ne me trompe pas en disant que la plupart d’entre eux, regarde ce processus avec appréhension même s’ils n’y sont pas entièrement opposés.

Je pense qu’il y a beaucoup de membres de notre peuple qui partagent la même opinion. Exactement ce que vous avez dit. C’est l’opinion que nous avions tous avant. C’était notre vision du Patriarcat de Moscou. Nous disions que nous avions toujours été et que nous étions une partie de l’Eglise russe, mais nous ne disions jamais que le Patriarcat de Moscou était la principale partie de l’Eglise russe. ; ou même l’Eglise Mère comme il aime s’appeler. Il y avait même la question de savoir s’il pouvait s’appeler ou pas une partie de l’Eglise russe. Pour cette raison, la plupart de nos fidèles a du mal à voir ce qui a changé et pourquoi soudainement nous avons une position différente par rapport au Patriarcat de Moscou comme si nous n’en avions jamais eu une autre. Mais il y en a eu une autre. Il est troublant pour les fidèles et pour moi de voir que cette coopération avec le Patriarcat de Moscou est en cours et quoique que le gouvernement ne soit plus communiste, il y a encore des restes de la période communiste. Par exemple, il y a peu, le Patriarche a félicité le Président communiste du Vietnam pour la victoire des communistes [sur les Américains; note du traducteur]. Ceci, comme vous pouvez le savoir est choquant pour nous et fait plus que nous troubler. Et il y a bien d’autres exemples. Cela montre que l’Eglise n’est toujours pas séparée su gouvernement. Elle continue de coopérer avec lui et peut-être le gouvernement continue d’être le donneur d’ordres ; comment l’Eglise doit vivre, comment elle doit se développer. Beaucoup de personnes sont inquiètes du fait que via l’union, nous perdrons notre liberté, notre autonomie et notre position droite que nous avons maintenue tout au long de ces années.