Réunion du COE à Athènes ("ACTUALITÉS")

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GIORGOS
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Réunion du COE à Athènes ("ACTUALITÉS")

Message par GIORGOS »

Chers frères,
Nous avons dans nos « réflexes théologiques » l’idée de que l’Eglise de Grèce c’est plus conservatrice que le Phanar. Mais ce n’est pas toujours ainsi, et ne sont pas toujours les évêques en dépendance d’Istanbul les auteurs des documents les plus scandaleux.
C’est le primat d’Athènes qui fait sonner le tocsin. Comme vous savez c’est dans la semaine du 9/16 mai que l’œcuménisme en vogue a déployé ses mains sur la Grèce, et dans le jour d’hier Mgr. Christodoulos a été, dans sa fonction de chef de la maison, le chargé de la bienvenue. Voici le document adressé à la réunion du COE :
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CONFÉRENCE MONDIALE SUR
LA MISSION ET L’ÉVANGÉLISATION

VIENS, ESPRIT SAINT – GUÉRIS ET RÉCONCILIE
Appelés en Christ à être des communautés de
réconciliation et de guérison

Athènes (Grèce), 9-16 mai 2005

PLEN 10 mai Document No 1



ALLOCUTION DE BIENVENUE


Sa Béatitude Christodoulos
Archevêque d’Athènes et de toute la Grèce


1. Au nom de l’Eglise orthodoxe de Grèce et, en même temps, au nom du peuple d’Athènes et de toute la Grèce, c’est avec une grande joie et dans un esprit d’amour fraternel que je souhaite la bienvenue à Athènes à tous les participants à la 13e Conférence mondiale sur la mission et l'évangélisation organisée par le COE. En cette période pascale, près de dix jours après la célébration de la Sainte fête de Pâques et de la Résurrection du Christ, permettez-moi de vous adresser la salutation ancienne et existentielle qui constitue le cœur de notre identité et de notre témoignage à nous, chrétiens : « XPICTOC ANECTH (Christos Anesti) – Christ est ressuscité ! »

2. Notre joie est d’autant plus grande que cette conférence rassemble en un même lieu des sœurs et des frères venus du monde entier, qui n’appartiennent d’ailleurs pas tous, et de loin, à des Eglises membres du Conseil œcuménique des Eglises. Ce lieu, c’est Athènes, capitale de la Grèce, un pays particulièrement comblé par l’amour de Dieu. En effet, notre pays a eu, par la grâce de notre Seigneur, le privilège de recevoir l’Evangile dans notre langue maternelle. En fait, tout le Nouveau Testament, le cœur même de notre Bible, a été à l’origine écrit en grec. Nous sommes reconnaissants et très honorés qu’Athènes ait été choisie pour accueillir cette conférence importante et opportune. Notre Eglise, qui, historiquement, est née de la mission apostolique, est aujourd’hui encore profondément marquée par le témoignage et l’évangélisation, en ce sens qu’elle est centrée sur l’aspect même que l’apôtre Paul a souligné dans le discours historique qu’il a prononcé à l’Aréopage (Actes 17, 23-31) : je veux parler de la Résurrection. Notre mission, la mission de l’Eglise orthodoxe, la mission qui consiste à diffuser l’Evangile dans le monde entier, dans l’esprit de la proche Pentecôte, a son point de départ dans notre Divine Liturgie, synaxe eucharistique du peuple de Dieu, au cours de laquelle la Résurrection de Notre Seigneur – laquelle constitue le fondement ontologique et existentiel de l’espérance qui est en nous (1 P 3, 15) – est actualisée doxologiquement, dimanche après dimanche et en bien d’autres occasions ; de ce fait, elle est, dans notre tradition, le tremplin de la mission jusqu’aux extrémités de la terre habitée (oikoumene).


3. Dès le début, il y a plus d’un an, l’Eglise de Grèce a accepté de donner suite à l’invitation que lui adressait le COE et de relever défi que cela représentait pour elle : être l’hôte de cette conférence, centrée sur le thème général : « Viens, Esprit Saint, guéris et réconcilie ! » Si le Saint Synode a décidé d’accueillir une rencontre d’une telle importance, le premier événement œcuménique de cette dimension à se tenir dans un cadre orthodoxe, nonobstant l’amertume que nous avons pu éprouver pour les activités missionnaires agressives et les actions hostiles dirigées contre notre peuple (les croisades, l’uniatisme et, plus récemment, un prosélytisme actif), c’est pour trois raisons : a) nous sommes résolus à associer nos forces à celles d’autres chrétiens pour participer au dialogue et au témoignage commun, en particulier à notre époque où, d’une extrémité du monde à l’autre, la personne humaine est victime, aux niveaux social et politique, d’une urbanisation et d’une mondialisation qui effacent toute différence entre les personnes et abolissent le caractère unique de chaque personne ; b) nous avons pris acte de l’évolution positive qui se produit au sein du COE et dont témoignent les recommandations de la Commission spéciale ; c) nous prenons également acte de la conception holistique de la mission qui s’est affirmée ces dernières années au sein du COE. En particulier, nous avons considéré que, parmi d’autres conférences mondiales de ce genre sur la mission, celle-ci était particulièrement importante et providentielle en raison du nouveau paradigme donné à la mission, qui la met en harmonie avec la théologie, la spiritualité et les réalités contextuelles de nos Eglises orthodoxes. Nous, orthodoxes, ne nous contentons pas de tirer profit de la rencontre et du dialogue œcuméniques : nous présentons des défis qui ont leur source dans notre longue expérience historique de la mission et dans notre théologie de la mission, née à l’époque des premières communautés chrétiennes.

Pour ce qui est en particulier de l’Eglise orthodoxe de Grèce, je voudrais souligner que, sans rien renier de ce que nous avons fait par le passé, notre Eglise se caractérise, d’une part, par une tendance à s’ouvrir visiblement vers l’extérieur, à faire de nouvelles « ouvertures » au monde dans l’esprit de la Pentecôte, dans le cadre d’une compréhension et d’une coopération mutuelles avec toutes les personnes qui militent pour le bien de l’humanité ; d’autre part, elle ressent la nécessité de favoriser les relations et contacts directs entre les personnes. Cette tendance a sa source dans le fait que notre Eglise reconnaît l’importance vitale des valeurs de l’amitié, du respect, de la liberté et de l’amour pour la personne en tant que telle, indépendamment des différences religieuses, culturelles et sociales. C’est donc dans ce contexte de la Pentecôte, dans lequel l’Esprit Saint joue un rôle très particulier, que l’Eglise de Grèce souhaite la bienvenue aux membres du COE venus de différents pays du monde ; ce faisant, elle veut souligner l’importance qu’elle accorde à la communauté fraternelle mondiale d’Eglises qui « confessent le Seigneur Jésus Christ comme Dieu et Sauveur selon les Ecritures …. pour la gloire du seul Dieu, Père, Fils et Saint Esprit ». Après la réussite des Jeux olympiques organisés ici à Athènes il y a près d’un an, l’Eglise de Grèce souhaite offrir aujourd’hui aux Eglises membres du COE l’occasion d’un fructueux échange d’idées sur leurs expériences missionnaires.

4. Vous ne pouvez ignorer les doléances, les préoccupations et les objections constantes des orthodoxes à propos d’un certain nombre de questions (allant des procédures de prise de décision et des formes de prière commune à l’ecclésiologie) ; vous avez peut-être même connaissance, directement ou indirectement, des vives réactions d’une partie de notre communauté orthodoxe qui s’opposait à notre décision d’accueillir cette conférence. Depuis une quarantaine d’années, pour certaines raisons – dont certaines étaient justifiées et d’autres non –, l’Eglise de Grèce, quoique membre fondateur du Conseil œcuménique des Eglises, avait limité sa participation au strict nécessaire. Le tournant récent marqué par la Commission spéciale sur la participation des orthodoxes au COE nous a convaincus qu’une nouvelle ère est en train de s’ouvrir dans les relations entre le COE et les orthodoxes. Nous sommes reconnaissants aux organisateurs de cette conférence d’avoir, pour la première fois, tenu compte des sensibilités orthodoxes lorsqu’ils ont fixé l’ordre du jour de cette conférence mondiale sur la mission.

5. J’espère que, venant s’ajouter à notre détermination de témoigner visiblement au monde de notre foi orthodoxe, tout cela convaincra les participants à cette conférence que l’orthodoxie a un rôle important à jouer dans le cadre de l’ensemble de la communauté chrétienne, face une hostilité toujours plus vive à l’encontre de notre foi. Notre Eglise n’a jamais refusé le dialogue ; au contraire, elle recherche le dialogue dans la ligne de saint Marc Evgenikos d’Ephèse, bastion de notre foi, qui affirmait : « Lorsque certains ne sont pas d’accord avec d’autres et refusent de dialoguer, la différence entre eux semble s’approfondir. Mais lorsque qu’ils entrent en dialogue et que chaque partie écoute attentivement ce que dit l’autre, on constate que leur différence est bien moindre. »

6. Permettez-moi de dire quelques mots, à partir de notre perspective théologique orthodoxe, à propos de certains aspects très importants de votre conférence. En tout premier lieu, je me réjouis de la dimension liturgique – manifeste dans le titre ou thème de la conférence et qui prend la forme d’une prière – d’une invocation par laquelle nous demandons à l’Esprit Saint de guérir et de réconcilier. A notre époque post-moderne, l’importance accordée à la liturgie et au vécu en général est une dimension essentielle de notre témoignage de chrétiens, tout autant que la proclamation de l’Evangile. De nos jours, presque tous les missionnaires chrétiens admettent qu’à vouloir mettre exclusivement l’accent sur la proclamation verbale de l’Evangile et sur la compréhension rationnelle la vérité, on réduit dangereusement la possibilité que l’Evangile soit effectivement reçu. Beaucoup de gens nous rappellent aujourd’hui qu’il nous faut ouvrir notre esprit à la connaissance – à la science, au développement, aux finances, au profit. Pourtant, ces mêmes gens oublient que tout cela ne suffit pas pour faire renaître l’espérance. On ne peut affirmer l’espérance qu’en mettant l’accent sur la Résurrection. La Résurrection du Seigneur est la fenêtre par laquelle nous pouvons mieux percevoir notre horizon eschatologique. Nous pouvons éprouver de la souffrance pour les calamités historiques qui ont affecté le siècle dernier, dont certaines personnes, chrétiennes de nom, furent protagonistes, mais nous ne nous laissons pas emprisonner dans le temps historique : pour nous, ce n’est pas un absolu, nous n’adorons pas les aspects idolâtrés de nous-mêmes, à savoir notre connaissance et notre technologie. Et nous n’avons pas la prétention de résoudre complètement tous les problèmes « ici et maintenant », nous ne vivons pas dans l’illusion que tout dépend de nous. A la lumière de la Résurrection, ni le monde, ni l’individu ne sont condamnés à une liberté qui ne s’ouvre sur aucune espérance, une liberté chantée, au siècle dernier, comme l’apport novateur d’un humanisme libérateur. Dans notre tradition orthodoxe, ce qui constitue l’essence de l’Eglise, ce n’est pas sa mission dans le sens conventionnel du terme mais l’Eucharistie, la Divine Liturgie ; la mission est la méta-liturgie, la liturgie après la liturgie. C’est pourquoi la mission n’est pas simplement comprise comme une « sortie », un mouvement vers l’extérieur pour proclamer l’Evangile, mais aussi comme un témoignage silencieux. En dépit des difficultés et avanies subies dans des contextes de minorité ou d’oppression, notre Eglise a préservé sa foi et l’a transmise, non pas comme une idéologie mais comme un mode de vie défini par les valeurs de l’Evangile. Et, à cet égard, la contribution de notre liturgie et de notre vie monastique a été immense.

7. Autant que je m’en souvienne, c’est la première fois qu’une conférence missionnaire adopte un ethos et un langage plus humbles et renonce aux prétentions exagérément optimistes et aux programmes missionnaires messianiques d’antan. Son thème n’est pas une déclaration militante et programmatique, c’est une prière – une prière demandant à Dieu de guérir, de réconcilier, de renforcer et de faire de tous les enfants de Dieu des témoins vivants du Christ ressuscité, des exemples convaincants de communautés de guérison et de réconciliation. Ce faisant, nous admettons que la mission est inhérente à l’Eglise, à tout le peuple de Dieu, et qu’elle ne relève pas uniquement de quelques partenaires spécialisés ; nous reconnaissons également que, en matière missionnaire, tous les chrétiens ont la responsabilité d’être des témoins vivants, en paroles et en actes ; et, surtout, nous soulignons que la conversion des personnes ne relève pas strictement de la responsabilité ou de la force de conviction du missionnaire, mais bien qu’elle vient de Dieu (missio Dei). Dès l’origine, c’est Dieu qui adjoignait de nouveaux membres aux premières communautés chrétiennes, et non pas les apôtres (Actes 2, 47). Nous sommes collaborateurs de Dieu (synergia) et, en tant que tels, nous prions, nous témoignons et agissons avec humilité ; mais c’est Dieu qui, par le Christ et dans l’Esprit Saint, opère la conversion.

8. Ma deuxième remarque découle également du thème de la conférence. C’est l’Esprit qui, dans la mission, prend l’initiative, et c’est là un fondement très sûr de toute activité missionnaire acceptable. Mettre ainsi l’accent sur la pneumatologie, du moins telle qu’on l’entend dans la théologie orthodoxe, cela ne signifie en aucune manière que le Christ n’est plus au centre : il est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6), le seul Sauveur de l’humanité (Actes 4,12). Disons-le d’une manière un peu différente : pour être authentique, une missiologie chrétienne ne doit pas essayer de remplacer un universalisme christocentrique, malgré toutes ses lacunes, par un universalisme centré sur l’Esprit. Au contraire, une pneumatologie conditionnée par la christologie (et inversement) permet une activité missionnaire équilibrée, puisque de cette manière tant la christologie que la pneumatologie sont replacées dans le cadre trinitaire traditionnel. Et c’est là quelque chose qui apparaît à l’évidence dans le libellé complet du thème de votre conférence : en effet, sa dimension pneumatologique est parfaitement soutenue par l’accent christologique du sous-thème : « Appelés en Christ à être des communautés de réconciliation et de guérison ».

9. Cela m’amène à ma troisième remarque, à propos de la mission considérée comme « ministère de réconciliation » (2 Co 5,18). Nous nous félicitons de ce que la conférence soit centrée sur la guérison et la réconciliation. Dans notre théologie orthodoxe, qui remonte à très loin, le concept de péché a toujours été perçu comme une rupture et une altération des relations – une aliénation – entre le genre humain et Dieu, entre les êtres humains eux-mêmes et entre eux et l’ensemble de la création ; le péché n’a jamais été perçu – ou du moins rarement – comme une culpabilité selon la loi. C’est pour ces raisons que le salut est considéré comme un processus de guérison et de réconciliation de l’humanité avec Dieu, des êtres humains les uns avec les autres et avec l’ensemble de la création. La guérison et la réconciliation ont été accomplies dans le Christ, le Fils de Dieu, incarné, crucifié et ressuscité ; nous tous, membres de l’Eglise, devons les faire nôtres dans l’Eglise, par la puissance et l’opération de l’Esprit Saint. Le salut, en tant que guérison et restauration ontologiques de l’humanité et de la création déchues, fait advenir la transformation, la transfiguration et le renouveau des relations avec Dieu, source de toute vie et de toute existence, et des relations des êtres humains les uns avec les autres et avec l’univers qui nous entoure. Le Christ est mort pour nous, il a ressuscité notre humanité déchue, il l’a fait monter aux cieux et l’a assise à la droite du Père. Pourtant, ce que le Christ a fait pour nous une fois pour toutes (ephapax), chacun de nous doit se l’approprier d’une manière personnelle (ce qui ne veut pas dire individualiste) dans l’Eglise. Chacun de nous est également appelé à mourir au « vieil homme » afin de renaître dans un homme nouveau en Christ. Dans le Christ et par la puissance du Saint Esprit, c’est Dieu qui a l’initiative ; mais chacun de nous doit répondre à l’appel de Dieu et entreprendre, en synergie, d’œuvrer pour son propre salut et de faire advenir le Royaume de Dieu « sur la terre comme au ciel » (Mt 6,10).

10. C’est pour cette raison que notre Eglise orthodoxe a donné une dimension sacramentelle à la guérison et à la réconciliation. La Sainte Onction (euchelaion) est un service liturgique communautaire, un sacramentum qui accorde les dons de la grâce divine et renouvelle en chaque personne la réalité eschatologique de l’intégrité, de la glorification, de l’amour et de l’immortalité en Christ. En ce sens, elle guérit la souffrance humaine et spirituelle et restaure la communion et la communication des fidèles avec Dieu. En fait, on retrouve les dimensions de la guérison et de la réconciliation dans toutes les liturgies de notre Eglise. Cela dit, nos sacrements ne sont pas des rituels magiques. La maladie et la mort, ces fléaux inévitables qui accablent et limitent la vie humaine, ne sont pas des formes d’une rétribution divine : elles résultent d’une aliénation, de la rupture des relations avec Dieu. Par sa résurrection, le Christ, qui a assumé nos infirmités et a porté nos maladies, a délivré la vie de cet état de rupture. Le Christ a vaincu le monde et, ce faisant, il a donné à l’humanité la paix, la joie et l’accès à la vie éternelle dans le Royaume des cieux.


11. Et maintenant, j’en viens aux conséquences pratiques de cette réflexion théologique très rapidement esquissée. Votre conférence est importante et opportune en raison des multiples défis auxquels tous les chrétiens sont confrontés aujourd’hui. Le monde dans lequel nous vivons n’est plus, dans bien des cas, celui où notre Eglise a autrefois vécu et a élaboré sa théologie et sa pratique de la mission. L’effet toujours plus pesant de la mondialisation (qui, de simplement financière, est devenue également culturelle), l’ouverture des frontières nationales et les déplacements de population de plus en plus importants forment, pour notre témoignage chrétien, un cadre totalement différent de ce que l’Eglise a connu par le passé. Des sociétés traditionnellement et historiquement monoreligieuses sont en train de devenir multireligieuses, et les chrétiens cohabitent avec des croyants d’autres religions, des personnes d’autres races et traditions, parlant d’autres langues – tous partageant les joies et les peines d’une même société, célébrant des mariages mixtes ou participant à des événements sociaux et familiaux communs. Aucune société contemporaine ne peut prétendre être chrétienne en soi et, de ce fait, il ne nous est pas facile de préserver nos valeurs chrétiennes traditionnelles, notre identité spirituelle, notre foi, notre individualité. Toujours plus nombreux sont les croyants d’autres religions qui vivent aux côtés des chrétiens et qui sont confrontés aux mêmes défis de l’athéisme, de l’agnosticisme et du sécularisme antireligieux. Dans de telles circonstances, il apparaît nécessaire de réaffirmer, d’une manière nouvelle, à la fois notre identité et notre mission de chrétiens – sans, bien entendu, transiger sur notre foi. Dans ces contextes nouveaux, nous sommes appelés à être des signes de guérison et de réconciliation. Les blessures historiques entre Eglises, entre pays, entre communautés et même entre familles doivent être traitées dans un esprit d’humilité et avec la volonté de les guérir et de réconcilier les gens, dans la perspective de l’avenir. Depuis le 11 septembre, c’est là quelque chose qui apparaît plus urgent que jamais.

12. Les conséquences de la mondialisation, du terrorisme et de la guerre au terrorisme exigent que notre Eglise parle à nouveau d’une voix prophétique. Lorsque les pauvres sont de plus en plus pauvres alors que les riches sont de plus en plus riches, lorsque les hommes politiques et les économistes affirment que leurs décisions et leurs actions (pour ce qui concerne tant la guerre que l’économie) sont « historiquement inévitables », l’Eglise doit élever la voix et se ranger dans le parti de la paix, des pauvres, des marginalisés et des sans-pouvoir. Elle doit être un puissant témoin des valeurs de l’Evangile, elle doit réaffirmer que notre Seigneur est le « prince de la paix », et que la terre et tout ce qu’elle contient appartiennent à Dieu. Comme l’ont si bien affirmé, en leur temps, les Pères de notre Eglise, toutes les ressources de la terre doivent être partagées entre tous. La paix sans la justice est un projet chimérique.

13. A une époque où les Etats laïques, que les valeurs de l’Evangile dérangent, essaient de circonscrire au domaine privé la foi et les valeurs sociales et morales qui l’accompagnent, l’Eglise est appelée à témoigner des valeurs du Royaume et à refuser de se conformer à ce que veulent entendre les hommes politiques et les hommes d’affaires de ce monde. L’Eglise n’est pas là pour s’incliner devant des pouvoirs qui s’opposent à la volonté de Dieu : son rôle est de rendre un témoignage de foi, de force et de vérité. Les chrétiens, qui sont en même temps citoyens des sociétés modernes, ne doivent jamais cesser de témoigner des valeurs de l’Evangile, ils ne doivent pas se taire face aux tendances contemporaines de certains Etats sécularisés modernes qui veulent imposer à la population des normes et des valeurs qui lui sont étrangères. Dans de telles situations, tout en œuvrant pour la guérison et la réconciliation, l’Eglise doit s’affirmer dans une attitude qui va à contre-courant de la culture actuelle, elle doit oser dire aux « dirigeants » ce qu’est la volonté de Dieu, ainsi que les prophètes l’ont fait par le passé et les Pères de l’Eglise en leur temps.

14. Enfin, un dernier point très important : notre attitude missionnaire doit toujours être soutenue et nourrie par l’amour. Par son amour parfait, un amour qui l’a amené à mourir sur la croix, le Christ a vaincu le monde, il a détruit les portes de l’enfer. L’amour est l’arme secrète qui nous fait éprouver du remords pour les péchés du passé, qui mène à la guérison des mémoires et à la réconciliation entre personnes divisées. L’apôtre saint Paul pose une question rhétorique : « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? La détresse, l’angoisse, la persécution, la faim, le dénuement, le danger, le glaive ? Et de répondre : « En tout cela, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Oui, j’en ai l’assurance : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur Rm 8,35-39). La clé de la guérison et de la réconciliation, le chemin qui y mène, c’est l’humilité, c’est l’amour pour Dieu et les uns pour les autres.

15. Ici, à Athènes, berceau de la démocratie et porte d’entrée de l’Europe, saint Paul a prêché, dans ce pays qui a repris de manière créatrice la culture centrée sur l’être humain et le respect des Grecs de l’Antiquité, et qui a reçu l’Evangile dans la langue maternelle de ses habitants ; notre Eglise de Grèce est extrêmement heureuse et honorée de vous souhaiter la bienvenue à tous et d’accueillir cette Conférence mondiale sur la mission et l'évangélisation organisée par le COE.

Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint Esprit qui guérit et réconcilie soit avec nous tous et nous donne la force de poursuivre notre pèlerinage commun pour témoigner de l’Evangile d’une manière authentiquement holistique. C’est de tout cœur que je vous souhaite tout le succès possible dans vos travaux.
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Le message du Primat de l’Eglise Grecque est modéré dans l’expression de son «œcuménisme» et très explicite sur la position orthodoxe, bien que marquant l’existence de controverses dans le sein de l’Eglise.
Parait-il que les Journées de la conférence inter-orthodoxe sur l'oecuménisme ont été bien reçus par le clergé et les fidèles grecs.
De plus la situation du Patriarcat de Jérusalem où Mgr. Irineos a été placé sur lieu par la «symphonie» des services secrets du gouvernement grec avec l’haut clergé dans une irresponsabilité que n’a pas nom, et les « frasques » de ce même haut clergé, ne sont pas pour Mgr. Christodoulos les meilleures recommandations.
Je ne veux pas faire ici un procès d’intention, que par ailleurs ne peut m’incomber, mais il me parait évident que le compromis de modernisation de l’Orthodoxie « arriéré » dans le cadre d’une Europe centralisée prôné de par les gouvernements et bien reçu dans le sein de certaines hiérarchies ecclésiastiques, a souffert au moins un coup de frein. Au point tel que dans sa bienvenue œcuménique le primat d’Athènes a du recourir au grand St. Marc Evgenikos…
Quelle ironie !!!
Dernière modification par GIORGOS le mar. 17 mai 2005 19:05, modifié 2 fois.
Giorgos
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eliazar
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COE à Athènes

Message par eliazar »

CHRISTOS ANESTI, Giorgos !

Ton message (enfin, celui de l'Évêque Christodoulos !) nous a mis une grande joie au coeur !

Merci de l'avoir "envoyé" si vite. Et merci de ton commentaire.

Que la Toute Sainte favorise le travail de l'Évêque Primat, en Grèce et dans la diaspora - et jusqu'aux confins de la terre : donc, aussi à Constantinople+Istanbul ! Et qu'elle réconcilie nos deux Patriarches, dans le même mouvement que (Dieu voulant) l'entrée menaçante de la Turquie dans l'Europe se transformera en entrée du Christ en Turquie. Amin! Amin!
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GIORGOS
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À LIRe...

Message par GIORGOS »

Xristós Anésti!!
Cher Frères,
Dans le site web Uncut Mountain,
http://uncutmountain.com/index.php/uncut/pages/C34/ il y a des communications sur la réunion du COE dans Athènes.
L’un du Métropolite Nicholas de Mesogia, autre de l’Union Panhellénique des Théologiens Grecs, et finalement un troisième d’un nombre des prestigieux théologiens orthodoxes au tête desquels les Pères George Metallinos et Théodore Zizis, et les Archimandrites Sevastianos Amanatidis et Maximos Karavas.
Ces trois documents rappellent fermement la doctrine orthodoxe sur l’œcuménisme, et les attitudes que les orthodoxes doivent tenir face à l’hérésie.
Je n’ai la compétence pour traduire ces documents de l’anglais au français, mais peut-être quelqu’un d’entre vous, je pense particulièrement en Antoine (pardonnez-moi, mon ami), pourrait faire au moins un résume.
Tous vous qui lisez l’anglais ouvrez vite cette liaison
Dans l’Amour du Christ,
Giorgos
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Yiannis
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Message par Yiannis »

Malheureusement, l'archévêque Christodoulos d'Athènes et de toute la Grèce ne cèsse pas d'attrister ses ouailles. D'abord, il a tourné contre lui les intellectuels de la Gauche, surtout à cause de ses sermons teintés de nationalisme. Puis, il a tourné contre lui les Chrétiens votant pour les partis de la Gauche (oui! ça existe en Grèce, sans que ceci signifie qu'ils sont moins bons chrétiens que ceux votant pour la Droite). Puis, il a tourné contre lui les intellectuels Chrétiens, d'abord avec l'esprit de sécularisation qui a commencé à introduire dans l'Eglise et avec le manque de fondement théologique de ses sermons transmis par la télé. Puis, il a deçu les simples Chrétiens ayant une sensibilité théologique, à a cause de ses ouvertures écuménistes. Puis, avec les scandales qui ont ébranlé l'Eglise de la Grèce en février, mars et avril de cette année, et avec tous les mensonges qui a dit publiquement afin de les couvrir (car tous les personnes impliquées faisaient directement ou indirectement partie de son cercle), Christodoulos a deçu les gens de la Droite ayant une simple relation avec l'Eglise, à savoir les gens conservateurs qui ne fréquentent cependant pas l'Eglise tous les semaines. Maintenant, il est seul, car il a deçu tout le monde. Seul? Pas vraiment: il a toujours avec lui les gens de sa clique, qui l'applaudissent et le soutiennent, car ils seront perdus s'il est perdu. L'axe principale de sa politique, ce sont les relations publiques. A propos du congrès sur la Mission du Conseil International des Eglises (avec ou sans "), il y a eu des textes de protestation signés par des prêtres très sérieux. Il les a jetés dans la poubelle! Les simples gens allant à l'église chaque dimanche, n'en ont rien appris. Car l'ignorance du peuple sauve (l'archévêque Christodoulos).
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