Actes des Apôtres, 5,1-11: Ananias et Saphira

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GIORGOS
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Actes des Apôtres, 5,1-11: Ananias et Saphira

Message par GIORGOS »

Chers amis,
Christ est Ressuscité !

Nous avons tous lis dans le livre des Actes des Apôtres (5,1-11) l’impressionnant récit de la mort d'Ananias et de Saphira.
Plusieurs fois j’ai lu des commentaires à ce sujet, en le reliant soit au pouvoir des Apôtres; soit au péché de mensonge (et en surplus a la mauvaise mensonge face au Saint Esprit); soit a l’obligation du dîme; et enfin, parfois même, pour ou contre, a la socialisation des biens.
Quand j’ai lu un commentaire des Pères à ce sujet, il a été pour démontrer que dans l’appellation qui fait St. Pierre aux conjointes en était présente la reconnaissance apostolique du Saint Esprit comme Dieu, en bref considérant la péricope comme un élément prouvant l’antiquité de la doctrine trinitaire dans l’Eglise.
Mais Il y a, toutefois, une utilisation de l’épisode que me semble très douteuse: c’est celle du
châtiment divin par l’intermédiation de l’autorité apostolique, dans l’espèce par la main de St. Pierre « qui juge et châtie » et où se trouve (?) une justification théologique du pouvoir temporel des papes du Vatican.
Nous savons que Dieu ne châtie pas, dans le sens très politique et temporel du terme, parce que Dieu veut la repentance, la conversion, la salut du pécheur.
Ce que nous appelons châtiment, ce que à nos yeux c’est une punition, c’est pour Dieu Une et Trine une correction pédagogique du pécheur endurci que nous sommes.
Ainsi sommes nous, et non Dieu, les « créateurs » du mal, de la mort, de l’Enfer…

Ceci dit, je vous prie, si vous le voulez et le pouvez, de m’illustrer avec des citations ou commentaires des Pères sur ce passage des Actes que je trouve très difficile.

Giorgos

PS. Une fois encore, pardonnez-moi la dureté de mon "français"...
Giorgos
SEÑOR JESUCRISTO, HIJO DE DIOS, TEN PIEDAD DE MÍ PECADOR.
GIORGOS
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Message par GIORGOS »

Je fais remonter ce fil.
Personne n'a rien à repondre?
Giorgos
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Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Je ne répondrai pas parce que je ne sais quoi dire. Mais je voudrais faire remarquer que ce se pour quoi Ananias et Saphire sont punis, ce n’est pas pour avoir refusé de mettre en commun tous leurs biens dans la communauté, c’est pour avoir menti à l’Église en déclarant tout remettre alors qu’ils retenaient secrètement une part. Rien n’indique que l’Église de Jérusalem, la “Mère des Églises” comme le dit notre hymnographie, ait pratiqué le communisme des biens.

Mais je crois aussi qu’il ne faut pas sous-estimer -- et c’est aussi ce que nous montre cet épisode -- la réalité de la sanction prononcée par le pouvoir de l’Église. Quand Pierre prononce l’anathème sur une personne parce qu’il constate qu’elle a menti à l’Esprit, la sentence est immédiatement exécutée par la Providence. Je crois qu’il faut nous en souvenir. Nous prenons l’habitude de vivre, nous chrétiens, dans un monde où l’appartenance à l’Église est uniquement une question de bons sentiments et d’exhortations morale. Oui, mais il y a aussi une discipline de l’Église, elle a des lois et elle prend des décisions.

Une part de responsabilité dans la perte du sens de l’Église incombe à l’Occident qui en a fait une institution séculière. Il y a un glissement de sens qui est remarquable : dans la langue moderne “excommunication” est devenue synonyme d’exclusion administrative, mais définitive. Dans les canons de l’Église orthodoxe, l’excommunication est une peine temporaire et thérapeutique : l’excommunié ne peut plus communier pour une dirée déterminée et doit faire pénitence, reconnaître sa faute, demander à la communauté de prier pour lui, et faire preuve de sa volonté de s’amender. C'est l'évêque qui prononce la sentence, et c'est lui qui réconciliera le pécheur repenti.

C’est l’anathème qui est la peine définitive et dramatique : l’Église constate qu’il n’y a plus rien à faire avec cette personne, et l’offre (c’est le sens du mot “anathème”) à la Providence. Le passage des Actes sur Ananias et Saphire nous montre que cette sanction est bien réelle, et qu’elle a été prononcée par Pierre parce qu’ils avaient menti à l’Église et à l’Esprit. C'est une faute extrêmement grave.
Jean-Louis Palierne
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Makcim
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Message par Makcim »

Ce n'est certes pas une interprétation venant d'un orthodoxe mais elle vaut d'être lue :
http://www.epal.fr/etudes-bibliques/sab/esprit/luc5.htm

et puis une autre pas plus orthodoxe :
http://www.umc-europe.org/messager/1101/AVERT1101.html

et enfin encore celle-ci, toujours protestante (eh oui ! ils lisent la Bible eux !)
http://ervc.free.fr/rubrique4/predic220401.html

Bonne lecture!
Makcim
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

J'aurais aimé que le Rum que vous êtes fasse une recherche chez les Pères de la tradition orthodoxe roméïque et nous rapporte ce qu'ils disent de ce passage.
Jean-Louis Palierne
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GIORGOS
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Message par GIORGOS »

Cher ami Jean-Louis,

Si j'ai réitéré la demande c'est parce que je n'ai à la main aucun commentaire des Pères sur les Actes des Apôtres.
J'ai cru que quelque frère dans le Forum pourrait avoir un. Pardonnez-moi.

Je suis bien d’accord avec vous en ne lier pas l’épisode avec des théories économiques ou relevant de la « théologie marxiste, dite de libération » de même que je ne vois pas la relation avec l’Eglise « institution temporel » (dîme, punition, pouvoir papal, peine de mort).
Je préfère, sans doute aucune, l’interprétation spirituelle, que pourrait nous dire que ce sont les hommes (dans le cas Ananias et Saphira) qui s’éloignent de Dieu et de Sa protection et , donc, souffrent les conséquences de la nature cosmique déréglée et sa propre nature humaine déchue, parmi elles la mort.
Ananias et Saphira en mentant à l’Eglise, mentent au Saint Esprit, par le redoutable anathème sont livrés a sa sort, et en pécheurs endurcis sans possibilité de réhabilitation aux yeux de Dieu et sans Sa protection, trouvent la face de l’Adversaire: la mort.
Giorgos
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Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Giorgos,

Le Seigneur, annonçant qu’il reviendra un Jour pour établir son Royaume, n’a pas pour autant abandonné le monde; Il est présent parmi nous par l’assemblée des Saints (c’est nous !!!) qui ont cru en Lui, reçu le Baptême et qui communient à son Corps, goûtant ainsi par anticipation aux joies du Royaume.

Ce n’est pas un groupe de “recherche spirituelle” ou de “prière pure”, c’est une Assemblée concrète, de tous les élus en un même lieu : l’Église locale. Il y est présent par les saints Mystères, qui nous dispensent sa Grâce (le Baptême, la Chrismation, l’Eucharistie, le Sacerdoce et une foule d’autres), il y est aussi présent par les reliques des Saints, par les saintes Icônes et par le signe de la Croix. Mais il est présent aussi par le ministère de l’évêque, qui préside l’Eucharistie, soigne les maladies de l’âme (en écartant des saints Mystères, puis en réconciliant les pécheurs repentis) et du corps (Onction des malades), il enseigne son peuple et le guide, et il promeut les hommes au service de l’autel.

L’Église est donc une réalité visible et concrète, organisée et administrée. On peut donc aussi la considérer comme une institution, qui se différencie certes des institutions humaines par le non-usage de la contrainte. Elle a ses règles, ce sont les canons, sur lesquels l’évêque doit se fonder pour juger les fidèles.

L’évêque est ordonné (c’est-à-dire reçoit son charisme) par le synode provincial auquel il appartient, qui peut aussi le juger et le déposer.

Lorsque quelqu’un est condamné, l’Église ne connaît d’autre sanction que de l’écarter de la communion aux saints Mystères, c’est-à-dire de l’Assemblée eucharistique. On peut considérer comme paradoxal que l’Église ne puisse condamner un homme qu’en l’écartant de ce dont un impie pourrait se croire libre de se moquer. Et cependant l’expérience montre que cette sanction est terrible et peut amener le pécheur à setourner sur lui-même et à se repentir. On devrait parler d’excommunication puis de réconciliation. C’est l’exercice de la fonction thérapeutique de l’Église. Mais le mot d'excommunication a pris dans les langues modernes une signification tout à fait dramatique et définitive, ce qui est une erreur.

L’expérience montre aussi qu’il est des hommes qui, malgré cette sanction pédagogique, se rebellent et rejettent la Grâce. C’est alors que l’Église, constatant qu’elle ne peut rien pour eux, prononce un anathème, c’est-à-dire qu’elle les remet à la justice divine. C’est alors une sanction définitive.

Dans le cas d’Ananie et de Saphire, leur mensonge à l’Esprit et à l’Église était tel que la sanction prise par Pierre entraîna leur mort -- mais parce qu’ils avaient cru pouvoir se moquer de l’Esprit.

De nos jours nous avons vu des condamnations de l’Église amener la chûte de puissants empires. Ne croyons pas que la vie de l’Église est seulement affaire de bpns sentiments. C’est aussi une réalité concrète.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
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