L'histoire et les papes.
Publié : mar. 12 avr. 2005 0:04
On trouve parfois des choses étonnantes sur le net! Par exemple ce texte sur les papes rédigé par un prêtre issu de l'Eglise Romaine (le Père Claude Ducroq) et membre de l'Eglise Sainte Marie, une comunauté (dont j'ignorais l'existence) visiblement séparée de la papauté. Voici le lien : http://eglise.st.marie.chez.tiscali.fr/egmarie.html .
"Trop de fidèles ignorent encore l'histoire du passé de l'Eglise Catholique. Or cette connaissance permet de se faire un jugement équitable sur la relativité de ses pouvoirs et de mieux comprendre le sens et l'histoire de la fondation de l'Eglise Sainte Marie.
l'Eglise est une institution, qui comme toutes les autres, a son rôle à jouer dans la vie des hommes, elle ne doit pas cependant s'arroger des pouvoirs absolus qui ne sont pas les siens ni prendre la place du maître…Celle du Christ Jésus.
Nous voudrions la voir plus humaine, plus humble, plus accueillante, moins prisonnière de principes qu'elle ne suit pas toujours elle-même, plus vraie dans son approche de la condition humaine et donc plus juste et plus compatissante.
Bref, nous voudrions la voir meilleure, parce qu'elle représente le seul, qui soit capable de toucher nos cœurs : Jésus, Christ, Dieu fait homme …
La période la plus sombre et la plus contestée de l'Eglise doit nous permettre de mieux saisir la relativité de l'institution ecclésiastique par rapport à l'Evangile.
Le domaine souverain reste notre conscience.
* C'est elle qu'il faut instruire par le savoir.
* C'est elle qui est primordiale avant tout,
*
Car c'est le prix de notre liberté…
+
C'est en 1964 à Mont Saint Aignan sur la hauteur de Rouen en Seine Maritime que l'Eglise Sainte Marie a été fondée sous l'égide de Mgr Maurice Cantor. Des dizaines de milliers de familles chrétiennes attachées à la foi catholique traditionnelle et sensibles à une pastorale plus évangélique, lui apportèrent son fidèle et admirable soutien.
En effet, de plus en plus de chrétiens constatent un décalage profond entre les lois de l'Eglise et leurs réalités quotidiennes. De telle sorte que certaines lois ecclésiastiques ne sont pas appliquées parce qu'elles ne sont pas difficilement applicables. Elles ne tiennent pas compte de la condition humaine.
Nombres de prescriptions de l'Eglise passent au-dessus de la tête des fidèles. Elles s'adressent plutôt à des anges. Résultat, chacun agit selon ses possibilités et sa conscience.
L'Encyclique du pape Paul VI " Humanae Vitae " sur le contrôle des naissances a été une illustration significative de cette réaction par son accueil mitigé auprès des fidèles !
Mais il y a un autre problème aussi important ; c'est celui de constater la grande ignorance des fidèles concernant l'histoire de leur Eglise. Ils ne savent rien de son passé… ou si peu !
Et dès que l'on veut les instruire et leur ouvrir les yeux sur ce passé pour mieux la comprendre et saisir la part culturelle de son cheminement, tout de suite, certains considèrent cela comme une provocation, sinon comme un acte de lèse-majesté !
Comment osez-vous remuer son passé, nous dit-on !
Mais tout simplement pour mieux le connaître !
Cette connaissance est primordiale. Elle nous permet de relativiser l'absolu de certaines de ses lois et de les situer à leur vraie place par rapport à l'essentiel de sa mission Evangélique !
L'académicien Alain Peyrefitte nous explique la justification de cette attitude.
" L'Eglise, qui n'est pas romaine pour rien, a toujours essayé de résoudre ses crises par la rigidité juridique chaque fois que surgit un problème grave, elle ne réagit pas par des moyens spirituels ou moraux, mais par un surcroît de réglementation. " (Le mal français. Plon).
La justesse de cette analyse trouve malheureusement sa confirmation dans l'histoire de l'Eglise Romaine qui nous donne matière à réflexion.
L'Eglise n'est pas Dieu ! Elle est la servante des hommes et la messagère d'une bonne nouvelle, celle de l'Evangile avant toute autre mission !
Connaître l'histoire de l'Eglise ne peut être que bénéfique. Elle est composée d'hommes, fragiles et pécheurs. Chacun le sait, elle ne fait pas exception à la loi. Mais l'important, c'est la personne du Christ Jésus, Dieu fait homme, qui est sauveur et rédempteur ; l'important, c'est son message, son enseignement que l'Eglise doit transmettre fidèlement.
Le Christianisme des premiers siècles était un élément étranger au sein de la culture grecque et romaine. Pour la religion Juive, qu'un homme puisse se déclarer Dieu, était un scandale et méritait la mort. C'est ce qui se produisit !
L'élite du peuple juif, dépositaire de la révélation divine, ne put admettre la sagesse de Dieu qu'il considéra comme une folie: celle de l'incarnation !
Cependant cette nouvelle religion de l'amour infini de Dieu en Jésus Christ, se développa assez rapidement, non sans subir de nombreuses et cruelles persécutions de la part du pouvoir Romain.
Au 4ème siècle, déclarée religion de l'empire, l'empereur Constantin quitta Rome et s'établit à Constantinople. Ce fut à l'origine d'une scission importante au sein de l'église catholique, c'est-à-dire universelle.
Progressivement une rivalité s'établit entre l'ancienne capitale Rome et la nouvelle Constantinople. A la mort de l'empereur la scission ne fit que s'aggraver.
Les problèmes politiques et religieux, l'influence de la culture orientale, la pratique de la langue grecque pour l'orient, latine pour l'occident, ne firent que mieux différencier et opposer les églises qui devinrent : l'une Occidentale et Romaine, l'autre Orientale et Orthodoxe.
Le schisme, c'est-à-dire la séparation des deux grandes églises devint effectif au XIIème siècle.
Les causes sont multiples. Les deux Eglises rivales s'excommunièrent mutuellement, se firent ensuite la guerre, sans la moindre aménité, avec toute la cruauté de l'époque, mais toujours au nom de Dieu !
Elles se livrèrent aux excès aberrants d'un fanatisme cruel, irréductible et destructeur.
L'Eglise Romaine, persécutée qu'elle était au temps des catacombes, devint persécutrice lorsqu'elle fut élevée au rang de religion d'état.
Ce constat est le même pour toutes les Eglises. Les hommes d'Eglises restent toujours des hommes !
Une caste cléricale privilégiée s'empara progressivement du pouvoir dans l'Eglise qu'elle considéra comme un bien personnel, comme un domaine qu'il fallait exploiter.
Elle devint par la force des choses, impitoyable à l'égard de toute opposition intellectuelle, de toute manifestation de liberté de conscience ou d'indépendance.
Pour cela elle institua l'inquisition, du latin : quaerere qui veut dire chercher, dépister ! Bien sûr, pour la sacraliser, on lui donna le nom de "Sainte Inquisition ".
Ce système de coercition fut mis en place par le pape Gratien qui se référait à un texte falsifié du pape Grégoire le Grand. Celui-ci prétendait sans vergogne que c'était le devoir de l'Eglise que de contraindre les hommes au bien et que par conséquent il était normal de les torturer ou de les mettre à mort pour sauver leurs âmes des peines de l'enfer !
Les Espagnols qui envahirent le Pérou, massacrèrent les Incas. Mais ils prenaient soin, avant de faire mourir leurs prisonniers avec un garrot, de les baptiser pour qu'ils puissent quand même aller au ciel ! ! !
Quelle délicatesse ! Remarquons là, le poids des agissements culturels de l'époque ! Comme quoi, il est nécessaire d'avoir son propre jugement en toutes choses et de pas tout prendre pour du pain bénit !
C'est ainsi que le pape Innocent III ordonna de traiter comme hérétique quiconque se distinguerait, en quoi que soit, du genre de vie habituel de la grande masse !
La conviction erronée et entretenue selon laquelle le pape ne pouvait pas se tromper a pu amener la chrétienté à se laisser imposer en silence ce code inhumain qui était la négation de toute justice et de toute charité chrétienne.
La longue série des ordonnances papales sur la sainte inquisition augmentèrent en dureté et en cruauté.
Cependant, il faut dire qu'au XIème siècle et dans la première moitié du XIIème, les voix les plus autorisées de l'Eglise, Saint Bernard en tête, ont protesté contre la persécution et l'exécution des hérétiques.
Ils rappelaient que le Christ avait interdit expressément l'usage de la violence.
Cette procédure scandaleuse ne pouvait que susciter la haine contre l'Eglise. Le prêtre, messager de paix, devenait un bourreau.
Cependant, sur la longue série de papes depuis Lucien III , pas un seul n'a essayé d'imposer des limites au pouvoir arbitraire et illimité des inquisiteurs.
Aucun, même des hommes bienveillants et d'un caractère doux, comme Honoré, Grégoire X, Célestin V , n'a entrepris de réagir contre cette monstrueuse inquisition.
Nous voyons là, l'importance de l'idéologie sur le comportement. Tous étaient persuadés de bien faire ! Ils étaient de bonne foi ! Tout pour la gloire de Dieu !
Et cependant, les plaintes s'élevaient de toutes parts, contre ces moines fanatiques et avides qui se servaient de leur fonction et de leur pouvoir pour extorquer de l'argent et s'enrichir honteusement.
Rien n'y fit !
La papauté tirait un trop large profit de toutes ces spoliations ! Il n'était plus question de morale, mais de profit.
C'est pourquoi le pape Alexandre IV donna aux dominicains la faculté de s'absoudre mutuellement pour les irrégularités qu'ils seraient amenés à commettre dans l'exercice de leurs fonctions.
Le pape Innocent IV augmenta les pouvoirs des inquisiteurs et les leva de toutes sanctions spirituelles dans l'exercice de leur mission.
Il ordonna l'emploi de la torture qu'approuvèrent les papes Alexandre IV, Clément IV, Calixte III.
Ce fut le pape, qui en 1229 fit signer au jeune Roi Louis IX, alors âgé de 14 ans, cette loi cruelle de faire brûler les hérétiques, y compris les enfants.
Ce fut Rome qui obligea l'empereur Frédéric II à imposer la peine du bûcher, la confiscation des biens, et la suppression légale de toute procédure contre les hérétiques, leurs défenseurs et leur amis.
On se souvient de cette boutade de l'Abbé de Citeaux, Arnaud Almaric, légat du pape lors de la prise de Béziers le 22 juillet 1209 et qui fit plus de 30.000 victimes, femmes et enfants : " Tuez-les tous, Dieu y reconnaîtra les siens ! ".
Nul doute, que ce légat était de bonne foi, convaincu de faire son devoir pour la gloire de Dieu !
Il était tout simplement victime des idéologies culturelles et religieuses de son temps et quelque peu cruel !
D'où la nécessité absolue d'exercer son jugement en tous temps et de prendre ses distances à l'égard de tout ce qui peut paraître comme allant de soi !
Mais la réflexion, l'indépendance du jugement, ne sont pas monnaie courante ! L'esprit grégaire a un tel pouvoir !
Faire comme tout le monde ! Ne pas se singulariser ! Combien de fois n'a-t-on pas entendu cela !
On imagine mal aujourd'hui la terreur qui se répandit dans la chrétienté.
Les dominicains, "Les chiens du Seigneur" comme les appelait le peuple, furent les Maîtres de ce ravage spirituel. Ils parcouraient les villes et les campagnes dans le but de découvrir les ennemis de la foi catholique et romaine."
Malgré quelques flous et imprécisions, qui laissent entrevoir des inexactitudes concernant le schisme entre l'Eglise ortodoxe et celle du pape, ce texte et intéressant!
"Trop de fidèles ignorent encore l'histoire du passé de l'Eglise Catholique. Or cette connaissance permet de se faire un jugement équitable sur la relativité de ses pouvoirs et de mieux comprendre le sens et l'histoire de la fondation de l'Eglise Sainte Marie.
l'Eglise est une institution, qui comme toutes les autres, a son rôle à jouer dans la vie des hommes, elle ne doit pas cependant s'arroger des pouvoirs absolus qui ne sont pas les siens ni prendre la place du maître…Celle du Christ Jésus.
Nous voudrions la voir plus humaine, plus humble, plus accueillante, moins prisonnière de principes qu'elle ne suit pas toujours elle-même, plus vraie dans son approche de la condition humaine et donc plus juste et plus compatissante.
Bref, nous voudrions la voir meilleure, parce qu'elle représente le seul, qui soit capable de toucher nos cœurs : Jésus, Christ, Dieu fait homme …
La période la plus sombre et la plus contestée de l'Eglise doit nous permettre de mieux saisir la relativité de l'institution ecclésiastique par rapport à l'Evangile.
Le domaine souverain reste notre conscience.
* C'est elle qu'il faut instruire par le savoir.
* C'est elle qui est primordiale avant tout,
*
Car c'est le prix de notre liberté…
+
C'est en 1964 à Mont Saint Aignan sur la hauteur de Rouen en Seine Maritime que l'Eglise Sainte Marie a été fondée sous l'égide de Mgr Maurice Cantor. Des dizaines de milliers de familles chrétiennes attachées à la foi catholique traditionnelle et sensibles à une pastorale plus évangélique, lui apportèrent son fidèle et admirable soutien.
En effet, de plus en plus de chrétiens constatent un décalage profond entre les lois de l'Eglise et leurs réalités quotidiennes. De telle sorte que certaines lois ecclésiastiques ne sont pas appliquées parce qu'elles ne sont pas difficilement applicables. Elles ne tiennent pas compte de la condition humaine.
Nombres de prescriptions de l'Eglise passent au-dessus de la tête des fidèles. Elles s'adressent plutôt à des anges. Résultat, chacun agit selon ses possibilités et sa conscience.
L'Encyclique du pape Paul VI " Humanae Vitae " sur le contrôle des naissances a été une illustration significative de cette réaction par son accueil mitigé auprès des fidèles !
Mais il y a un autre problème aussi important ; c'est celui de constater la grande ignorance des fidèles concernant l'histoire de leur Eglise. Ils ne savent rien de son passé… ou si peu !
Et dès que l'on veut les instruire et leur ouvrir les yeux sur ce passé pour mieux la comprendre et saisir la part culturelle de son cheminement, tout de suite, certains considèrent cela comme une provocation, sinon comme un acte de lèse-majesté !
Comment osez-vous remuer son passé, nous dit-on !
Mais tout simplement pour mieux le connaître !
Cette connaissance est primordiale. Elle nous permet de relativiser l'absolu de certaines de ses lois et de les situer à leur vraie place par rapport à l'essentiel de sa mission Evangélique !
L'académicien Alain Peyrefitte nous explique la justification de cette attitude.
" L'Eglise, qui n'est pas romaine pour rien, a toujours essayé de résoudre ses crises par la rigidité juridique chaque fois que surgit un problème grave, elle ne réagit pas par des moyens spirituels ou moraux, mais par un surcroît de réglementation. " (Le mal français. Plon).
La justesse de cette analyse trouve malheureusement sa confirmation dans l'histoire de l'Eglise Romaine qui nous donne matière à réflexion.
L'Eglise n'est pas Dieu ! Elle est la servante des hommes et la messagère d'une bonne nouvelle, celle de l'Evangile avant toute autre mission !
Connaître l'histoire de l'Eglise ne peut être que bénéfique. Elle est composée d'hommes, fragiles et pécheurs. Chacun le sait, elle ne fait pas exception à la loi. Mais l'important, c'est la personne du Christ Jésus, Dieu fait homme, qui est sauveur et rédempteur ; l'important, c'est son message, son enseignement que l'Eglise doit transmettre fidèlement.
Le Christianisme des premiers siècles était un élément étranger au sein de la culture grecque et romaine. Pour la religion Juive, qu'un homme puisse se déclarer Dieu, était un scandale et méritait la mort. C'est ce qui se produisit !
L'élite du peuple juif, dépositaire de la révélation divine, ne put admettre la sagesse de Dieu qu'il considéra comme une folie: celle de l'incarnation !
Cependant cette nouvelle religion de l'amour infini de Dieu en Jésus Christ, se développa assez rapidement, non sans subir de nombreuses et cruelles persécutions de la part du pouvoir Romain.
Au 4ème siècle, déclarée religion de l'empire, l'empereur Constantin quitta Rome et s'établit à Constantinople. Ce fut à l'origine d'une scission importante au sein de l'église catholique, c'est-à-dire universelle.
Progressivement une rivalité s'établit entre l'ancienne capitale Rome et la nouvelle Constantinople. A la mort de l'empereur la scission ne fit que s'aggraver.
Les problèmes politiques et religieux, l'influence de la culture orientale, la pratique de la langue grecque pour l'orient, latine pour l'occident, ne firent que mieux différencier et opposer les églises qui devinrent : l'une Occidentale et Romaine, l'autre Orientale et Orthodoxe.
Le schisme, c'est-à-dire la séparation des deux grandes églises devint effectif au XIIème siècle.
Les causes sont multiples. Les deux Eglises rivales s'excommunièrent mutuellement, se firent ensuite la guerre, sans la moindre aménité, avec toute la cruauté de l'époque, mais toujours au nom de Dieu !
Elles se livrèrent aux excès aberrants d'un fanatisme cruel, irréductible et destructeur.
L'Eglise Romaine, persécutée qu'elle était au temps des catacombes, devint persécutrice lorsqu'elle fut élevée au rang de religion d'état.
Ce constat est le même pour toutes les Eglises. Les hommes d'Eglises restent toujours des hommes !
Une caste cléricale privilégiée s'empara progressivement du pouvoir dans l'Eglise qu'elle considéra comme un bien personnel, comme un domaine qu'il fallait exploiter.
Elle devint par la force des choses, impitoyable à l'égard de toute opposition intellectuelle, de toute manifestation de liberté de conscience ou d'indépendance.
Pour cela elle institua l'inquisition, du latin : quaerere qui veut dire chercher, dépister ! Bien sûr, pour la sacraliser, on lui donna le nom de "Sainte Inquisition ".
Ce système de coercition fut mis en place par le pape Gratien qui se référait à un texte falsifié du pape Grégoire le Grand. Celui-ci prétendait sans vergogne que c'était le devoir de l'Eglise que de contraindre les hommes au bien et que par conséquent il était normal de les torturer ou de les mettre à mort pour sauver leurs âmes des peines de l'enfer !
Les Espagnols qui envahirent le Pérou, massacrèrent les Incas. Mais ils prenaient soin, avant de faire mourir leurs prisonniers avec un garrot, de les baptiser pour qu'ils puissent quand même aller au ciel ! ! !
Quelle délicatesse ! Remarquons là, le poids des agissements culturels de l'époque ! Comme quoi, il est nécessaire d'avoir son propre jugement en toutes choses et de pas tout prendre pour du pain bénit !
C'est ainsi que le pape Innocent III ordonna de traiter comme hérétique quiconque se distinguerait, en quoi que soit, du genre de vie habituel de la grande masse !
La conviction erronée et entretenue selon laquelle le pape ne pouvait pas se tromper a pu amener la chrétienté à se laisser imposer en silence ce code inhumain qui était la négation de toute justice et de toute charité chrétienne.
La longue série des ordonnances papales sur la sainte inquisition augmentèrent en dureté et en cruauté.
Cependant, il faut dire qu'au XIème siècle et dans la première moitié du XIIème, les voix les plus autorisées de l'Eglise, Saint Bernard en tête, ont protesté contre la persécution et l'exécution des hérétiques.
Ils rappelaient que le Christ avait interdit expressément l'usage de la violence.
Cette procédure scandaleuse ne pouvait que susciter la haine contre l'Eglise. Le prêtre, messager de paix, devenait un bourreau.
Cependant, sur la longue série de papes depuis Lucien III , pas un seul n'a essayé d'imposer des limites au pouvoir arbitraire et illimité des inquisiteurs.
Aucun, même des hommes bienveillants et d'un caractère doux, comme Honoré, Grégoire X, Célestin V , n'a entrepris de réagir contre cette monstrueuse inquisition.
Nous voyons là, l'importance de l'idéologie sur le comportement. Tous étaient persuadés de bien faire ! Ils étaient de bonne foi ! Tout pour la gloire de Dieu !
Et cependant, les plaintes s'élevaient de toutes parts, contre ces moines fanatiques et avides qui se servaient de leur fonction et de leur pouvoir pour extorquer de l'argent et s'enrichir honteusement.
Rien n'y fit !
La papauté tirait un trop large profit de toutes ces spoliations ! Il n'était plus question de morale, mais de profit.
C'est pourquoi le pape Alexandre IV donna aux dominicains la faculté de s'absoudre mutuellement pour les irrégularités qu'ils seraient amenés à commettre dans l'exercice de leurs fonctions.
Le pape Innocent IV augmenta les pouvoirs des inquisiteurs et les leva de toutes sanctions spirituelles dans l'exercice de leur mission.
Il ordonna l'emploi de la torture qu'approuvèrent les papes Alexandre IV, Clément IV, Calixte III.
Ce fut le pape, qui en 1229 fit signer au jeune Roi Louis IX, alors âgé de 14 ans, cette loi cruelle de faire brûler les hérétiques, y compris les enfants.
Ce fut Rome qui obligea l'empereur Frédéric II à imposer la peine du bûcher, la confiscation des biens, et la suppression légale de toute procédure contre les hérétiques, leurs défenseurs et leur amis.
On se souvient de cette boutade de l'Abbé de Citeaux, Arnaud Almaric, légat du pape lors de la prise de Béziers le 22 juillet 1209 et qui fit plus de 30.000 victimes, femmes et enfants : " Tuez-les tous, Dieu y reconnaîtra les siens ! ".
Nul doute, que ce légat était de bonne foi, convaincu de faire son devoir pour la gloire de Dieu !
Il était tout simplement victime des idéologies culturelles et religieuses de son temps et quelque peu cruel !
D'où la nécessité absolue d'exercer son jugement en tous temps et de prendre ses distances à l'égard de tout ce qui peut paraître comme allant de soi !
Mais la réflexion, l'indépendance du jugement, ne sont pas monnaie courante ! L'esprit grégaire a un tel pouvoir !
Faire comme tout le monde ! Ne pas se singulariser ! Combien de fois n'a-t-on pas entendu cela !
On imagine mal aujourd'hui la terreur qui se répandit dans la chrétienté.
Les dominicains, "Les chiens du Seigneur" comme les appelait le peuple, furent les Maîtres de ce ravage spirituel. Ils parcouraient les villes et les campagnes dans le but de découvrir les ennemis de la foi catholique et romaine."
Malgré quelques flous et imprécisions, qui laissent entrevoir des inexactitudes concernant le schisme entre l'Eglise ortodoxe et celle du pape, ce texte et intéressant!