un autre exemple de ce que peuvent donner les dérives autour du rosaire, et l'oecuménisme en général (
http://www.catho.be/organisations/icone ... etail.html):
L'Icône de la Vierge du Rosaire
Composition
Cette icône est composée d'un panneau central représentant la Mère de Dieu de Vladimir, entourée des scènes constituant l'ensemble des mystères médités lors de la récitation du Rosaire.
De même que le Rosaire commence « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » et s'achève avec la doxologie «Gloire au Père...», à l'origine et au terme du parcours iconographique, on trouve la Trinité vétérotestamentaire. Elle est suivie, dans l'ordre et dans le sens des aiguilles d'une montre, par les représentations des mystères joyeux, douloureux et glorieux :
les mystères joyeux
l'Annonciation,
la Visitation,
la Nativité,
la Présentation,
le Recouvrement au Temple.
les mystères douloureux
l'Agonie à Gethsemani,
la Flagellation,
le Couronnement d'Épines,
le Portement de la Croix,
la Crucifixion.
les mystères glorieux
la Résurrection,
l'Ascension,
la Pentecôte,
l'Assomption,
la Glorification de la Vierge.
Histoire de l'Icône
Cette icône rassemble trois éléments religieux: la prière occidentale du rosaire, une représentation de la Vierge et une forme artistique propre à l'Orient chrétien.
Le rosaire
Le rosaire est une prière- méditative: on médite au sujet d'événements de la vie de Jésus et Marie en récitant certaines prières.
Ces événements, appelés 'mystères', sont cinq moments de joie, cinq moments de souffrance et cinq moments glorieux.
Tout en méditant chacun de ces mystères, le croyant récite un Notre Père et dix Ave, suivis d'une doxologie "Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours dans les siècles des siècles').
Le mot 'rosaire' désigne aussi l'objet de piété consistant en un chaînon de grains enfilés - quinze séries d'un gros grain et de dix petits - utilisé pendant la récitation du rosaire.
Le 'chapelet' est une forme réduite du rosaire, qui ne comporte que cinq séries de grains.
L'origine du rosaire remonte à la fin du Moyen-Age. Il s'agit probablement d'une prière en langue vivante à l'usage du peuple, en guise d'alternative pour l'office célébré en latin dans les monastères et couvents.
Les Dominicains (un ordre religieux fondé au début du 13ème siècle par St-Dominique) ont été les principaux promoteurs du rosaire. Au 15ème siècle déjà le rosaire a trouvé sa forme définitive et est devenu fort populaire; sous l'impulsion des Dominicains de nombreuses 'Confréries du rosaire' sont fondées en Occident.
L'approbation officielle de la récitation du rosaire est accordée par le pape Léon X en 1520.
Notre-Dame du Rosaire
Vers la fin du 14ème siècle l'Europe est menacée par les armées ottomanes (turques): elles envahissent les Balkans (1349: bataille de Kosovo); en 1459 elles occupent Constantinople et mettent ainsi fin à l'empire byzantin; en 1529 elles se trouvent aux portes de Vienne, mais sont repoussées. Le pape Paul IV appelle l'Occident à une résistance collective à l'agresseur. Le 7 octobre 1571 la flotte ottomane est mise en déroute à la bataille navale près de Lépante (Grèce). Pour célébrer cette victoire le pape institue à cette date du 7 octobre une fête en l'honneur de 'Notre-Dame de la Victoire'. Son successeur, Grégoire XIII modifie cette appellation en 'Notre-Dame du Rosaire'.
L'Icône de la Mère de Dieu du Rosaire
Les Eglises d'Orient ne connaissent pas d'icône de ce nom (1), parce que le rosaire - une prière typiquement occidentale n'y est pas connu. La création d'une icône du rosaire pose dès lors un problème sur le plan oecuménique: peut-on créer de nouvelles icônes en dehors des Eglises d'Orient? Les avis à ce sujet semblent partagés, même au sein de ces Eglises.
De toute façon il faut respecter les sensibilités justifiées de l'Orient chrétien en tenant compte des critères suivants:
1. le thème d'une nouvelle icône doit ètre conforme à la foi, la pratique et la dévotion des Eglises d'Orient;
2. le style de l'icône doit se conformer à la lettre et à l'esprit de l'iconographie traditionnelle: dans cette optique, la création d'icônes 'abstraites' est totalement déplacée.
Si l'on soumet l'icône du rosaire à ces critères, on constate, en premier lieu que chaque thème (ou 'mystère') a un équivalent dans la tradition iconographique, même si parfois le nom diffère (ainsi l'assomption de Marie correspond à l'icône de la Dormition de la Mère de Dieu).
Ensuite, si le rosaire comme tel est inconnu dans la prière des Eglises d'Orient, presque chaque mot fait partie de la dévotion de l'Orient:
* le Notre Père et la doxologie sont récités fréquemment dans la liturgie et les offices;
* 'Je vous salue, Marie' au contraire n'existe guère comme prière en Orient, mais la première partie, qui est la répétition de la salutation de l'ange et d'Elisabeth, est chantée presque textuellement au cours des vêpres (2);
'priez pour nous, pauvres pécheurs' s'apparente à 'la prière de Jésus' ('Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, ayez pitié de moi, pécheur'), qui constitue l'essence même de la mystique de l'Orthodoxie;
'Amen', confirmation et acclamation, est traditionnel dans la liturgie orientale.
En fait, seuls les mots 'Sainte Marie' sont étrangers à la prière de l'Orient chrétien, qui préfère l'appellation 'Mère
de Dieu' ou 'la toute Sainte'. En bref les mots 'utilisés dans le rosaire sont fondamentalement conformes à la tradition orientale, même si leur usage sous cette forme répétitive n'y est pas connu.
Composition de l'icône
L'icône du Rosaire comporte un tableau central, entouré de seize scènes.
Le tableau central représente la Mère de Dieu de Vladimir, l'icône mariale la plus vénérée en Russie et la mieux connue en Occident. La succession des' mystères' commence au mil ieu de la rangée supérieure par la représentation de la 'Trinité vétéro-testamentaire' (3), tout comme le rosaire commence par le signe de la croix 'au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit'.
A partir de là les scènes se suivent dans le sens des aiguilles d'une montre (4):
les mystères joyeux
l'Annonciation,
la Visitation,
la Nativité,
la Présentation,
le Recouvrement au Temple.
les mystères douloureux
l'Agonie à Gethsemani,
la Flagellation,
le Couronnement d'Épines,
le Portement de la Croix,
la Crucifixion.
les mystères glorieux
la Résurrection,
l'Ascension,
la Pentecôte,
l'Assomption,
la Glorification de la Vierge.
Signification de l'icône
Cette icône veut familiariser les chrétiens d'Orient, en particulier ceux de Russie, avec la récitation du rosaire. Cette initiative est encouragée par le pape Jean-Paul II, sous condition de l'accord de l'Eglise orthodoxe russe. L'idée sous-jacente n'est certainement pas d'introduire des coutumes occidentales en Orient. Pour comprendre cette démarche il faut se référer aux apparitions da la Vierge Marie à Fatima en 1917, l' année même de la révolution communiste.
Durant ces apparitions Marie recommande la récitation du rosaire et demande de prier pour la Russie.
C'est dans ce contexte que se situe l'icône du Rosaire.
Il faut mentionner à ce propos une rumeur persistante au sujet de l'icône de la Mère de Dieu de Kazan, une des principales icônes mariales en Russie et 'Mère de la terre russe'. Cette icône a disparu de Russie en 1917 précisément et depuis on a perdu sa trace. Certains (5) prétendent que l'icône a été emmenée en Occident, où elle aurait vendue à plusieurs reprises.
En 1970 'une' icône de la Mère de Dieu de Kazan est offerte à la chapelle byzantine catholique de Fatima par une dame américaine. D'après la rumeur, non confirmée toutefois par des preuves convaincantes, il s'agirait de l'icône authentique de la Mère de Dieu de Kazan, offerte par la fille du dernier acquéreur. Elle attendrait à Fatima le jour de son retour en Russie.
(1) Il existe cependant une icône (Murom, env. 1700), qui représente la Mère de Dieu avec un rosaire au bras et les 15 mystères en forme de couronne autour d'elle. Cette icône, intitulée 'Mère de Dieu, Etoile très brillante' est qualifiée 'd'inspiration polonaise probablement'; elle est reproduite dans '1000 ans d'art russe' (page. 142 avec commentaire page. 365) et a été présentée à trois expositions à l'occasion du millénaire du baptême de la Russie. Le fait qu'elle n'a pas été identifiée comme une icône du rosaire est probablement dû au fait que le rosaire n'est pas connu en Russie.
(2) au tropaire après le cantique de Siméon: 'Mère de Dieu et Vierge,
réjouis-toi; Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec Toi! Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de Tes entrailles est béni, car Tu as enfanté le Sauveur de nos âmes!'
(3) Le récit de la visite de trois hommes à Abraham (Gen 18, 1-15) a été représenté dès les premiers siècles du christianisme sur des fresques -et intitulé--' la-Philoxénie-d'Abraham~ (= l'hospitalité d' Abraham pour des étrangers); par la suite on y vu le symbole de la Trinité, d'où son nom 'Trinité d'après l'Ancien Testament'. L'icône la plus connue de ce type est celle d'André Roublev.
(4) Ceci n'est pas conforme à la tradition iconographique: en général la numérotation des scènes se fait de gauche à droite er de haut en bas, en passant par-dessus le tableau central. L'iconographe a suivi ici le mode de numérotation occidental dans le sens des aiguilles d'une montre, pour la facilité des Occidentaux.
(5) Entre autres: 'Het Millennium van het Heilig Doopsel van Kiëv-Roesj', édité par la Maison Ukrainienne à Louvain en 1988, pag 156.
Réalisation et Restauration
En 1992, la communauté bénédictine de Dendermonde, en Belgique, contactait Jacques Bihin en vue de la réalisation d'une icône qui reprendrait chacun des quinze mystères du Rosaire. Dendermonde possédait déjà une représentation picturale des mystères du rosaire datant du XIXe siècle, mais celleci, caractérisée par une iconographie propre à son époque, était un peu terne et théologiquement ambiguë.
En commandant une icône de la Vierge du Rosaire, l'idée de la communauté était de jeter un pont entre les chrétiens d'Occident et d'Orient en associant donc une pratique proprement latine à une iconographie typiquement byzantine.
Il fallut à Jacques Bihin plusieurs mois de recherche avant de pouvoir proposer un projet qui respecterait au mieux la tradition iconographique byzantine, tout en présentant les mystères du Rosaire de façon naturelle. Il fallait trouver l'équivalent iconographique de chacun des mystères. Seul le thème du Couronnement de la Mère de Dieu fut remplacé par celui de la Glorification de la Mère de Dieu.
Ce travail nécessita un an de peinture assidue. C'était la première fois que l'artiste effectuait une oeuvre iconographique d'une telle envergure (plus de 150 personnages, 1 m 60 de haut). Cette année enrichissante fut aussi pour lui, on le devine, une période d'exigence et de persévérance
.
Lorsque l'icône fut achevée, elle fut exposée au centre de pèlerinage marial de Banneux (B) dans la basilique NotreDame des Pauvres, où elle allait être bénie par le Cardinal Danneels. Quelques jours avant la bénédiction, profitant d'un moment d'inattention, un inconnu lacéra volontairement l'icône d'une soixantaine de rayures profondes. L'aspect de la Vierge défigurée était désolant. Jacques Bihin n'eut que le temps de maquiller les dommages causés par cet acte de vandalisme,
L'icône pût être bénie à la date prévue. Quelques semaines plus tard, il entreprenait sa restauration définitive.
C'est ainsi que pour la même icône, il existe deux versions photographiques légèrement différentes.
La version présentée ici correspond à l'icône après sa restauration.
Depuis lors, faisant l'objet de nombreuses publications, éditions et autres émissions télévisées, l'icône de la Vierge du Rosaire suscite un intérêt non négligeable.
Le pape Jean-Paull1 lui-même, lorsqu'il vint en Belgique pour la béatification du père Damien, récita un chapelet devant l'icône.
La communauté bénédictine de Dendermonde commanda par la suite une autre icône celle du Christ aux 7 sacrements.
Bibliographie :
La Vierge du Rosaire , Le Psautier du Pauvre, Éd. du Moustier -Jacques Bihin, Vincent Minet 1996.