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Publié : ven. 01 août 2003 11:02
par Antoine
Reprise de la discussion sur le péché originel et la « purification de Marie »

Date:13.06 17h58
auteur :Antoine


Katherine,

Eliazar avait relevé en votre message 1 une formule malheureuse
« L'Anthropos créé à l'image de Dieu avant la distinction des sexes avait aussi la ressemblance et c'est cette forme que le Christ a prise, pour ramener l'être humain à la ressemblance. C'est bien pour cela qu'Il a dû être conçu d'une vierge immaculée, purifiée du péché originel »
.

Dans votre message 3, vous persistez :
« Selon la foi orthodoxe, Marie a été purifiée du péché originel au moment de l’Annonciation par la parole de l’ange Gabriel, comme nous le
sommes par le baptême. »
Marie n’a jamais eu le péché originel . Personne n’a jamais eu le péché originel.

Sauf les catholiques romains qui sont « co-responsables » de la faute d’Adam.
L’orthodoxie ne connaît pas le péché originel. Elle connaît la faute d’Adam et Eve et ce qui nous est transmis c’est une NATURE DECHUE conséquemment à cette faute. Pas le péché originel.
Marie a conservé cette nature vouée à la mort., ce que le dogme romain de l’immaculée conception conteste puisqu’il édicte qu’elle aurait été sauvée « par avance des mérites de son Fils »
Nous, nous fêtons la dormition avec une Marie qui est bel et bien morte et mise au tombeau comme tout humain.
Eliazar n’avait pas complètement tort...

Publié : ven. 01 août 2003 11:06
par Antoine
Date : 13.06 22h21
Ecrire à l'auteur :Catherine


Cher Antoine,
En effet, il doit y avoir un laxisme de langage ici, mais que je tiens pourtant de textes orthodoxes (plutôt modernes, il est vrai).
Cependant : quand ces textes parlent de péché originel, ils signifient clairement : soit le péché de nos premiers parents,
2. soit la barrière que forment les conséquences de ce péché à notre sanctification. Le baptême qui nous régénère lève cette barrière pour laisser entrer la grâce de l'Esprit saint.
Et c'est ainsi (2.) que j'ai compris notre purification lors du baptême et la purification de Marie lors de l'Annonciation, pas autrement. Certes, nous recevons les arrhes de l'Esprit, tandis qu'elle le recevait pleinement.
Je n'ai pas la moindre idée de ce que le péché originel signifie pour vous ni pour "ces pauvres catholiques" — pouvez-vous m'éclairer ? — , n'ayant jamais été catéchisée chez les papistes.
Je sais pertinemment que nous ne sommes absolument pas responsables de la faute de nos premiers-parents, et que nous n'en subissons que les conséquences.
Voici quelques textes (peut-être ont-ils subi l'influence de la terminologie papiste (?), mais leur contenu est orthodoxe :

DE L’ÉGLISE UNE, SAINTE, CATHOLIQUE ET APOSTOLIQUE
de saint Nectaire d’Egine

"L’Église est un corps organique; elle est visible; elle rassemble en un tout, tous ses membres, les saints comme les faibles. Les membres malades de l’Église ne cessen tjamais d’être des parties de son corps. Régénérés par les saints mystères et devenus enfants de son corps, ils ne peuvent plus êtres séparés d’elle, même s’ils sont sous le coup de sentences ecclésiastiques; car une fois délivrés du péché originel, il n’y a plus pour eux d’autre lieu que l’Église." "Ceux qui viennent du lieu du péché et entrent par la foi et les sacrements, dans le lieu de l’Église du Christ, ceux-là demeurent ses membres pour l’éternité; il est impossible et il leur est impossible de revenir au lieu du péché, ayant été régénérés par le baptême et lavés du péché originel."
"L’esprit purifié, le cœur réformé par le mystère du baptême divin, l’homme autrefois enténébré d’esprit et endurci de cœur, développe des vertus totalement nouvelles et court avec zèle et ardeur dans le stade de la vertu."



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EXPLICATION DU PSAUME 50
Mgr. Boulgaris

"Dieu très compatissant, si le péché est le plus grand malheur du monde, je suis donc l’homme le plus malheureux du monde, puisque je suis né avec le péché originel, auquel j’ai ajouté mes péchés volontaires."



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Hm Antoine

"Romanides écrit « l’Église Une, sainte, Catholique et Apostolique des Sept Conciles Œcuméniques enseigne que l’Incarnation du fils Unique et Verbe de Dieu, du saint Esprit et de Marie la Vierge est seule pure et immaculée, mais l’Église papale a innové en décrétant le “dogme” concernant “l’immaculée conception de la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie”, dogme étranger à l’Église Primitive et fortement contesté en différentes occasions par de distingués théologiens romains ».
L’Église du Pape innove en disant que Marie « par privilège spécial et unique » a été exemptée du péché originel. Or, selon la Tradition, et donc, selon les Écritures, Marie est née avec le péché originel comme tout être humain. Elle est née avec le péché originel, mais la tradition orthodoxe nous enseigne qu’elle en a été purifiée de toute trace par la grâce du saint Esprit au moment où l’Archange lui a annoncé : « L’Esprit saint surviendra en toi et la Puissance du Très Haut te prendra sous son ombre » (Lc 1,35)."


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Extrait du calendrier grec de 1985 du Synode des Vrais Chrétiens
Orthodoxes

"Afin d'effacer complètement la dette de la transgression et de démolir la muraille du péché originel, Il est même monté sur la Croix et par son vénérable Sang versé, a racheté et libéré l'homme asservi à la domination du diable."



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SUR L’ÉDUCATION DES ENFANTS
l’évêque Irénée de Sibirsk

"Au petit enfant, Dieu a donné un ange gardien. Par le sacrement du baptême, Il a lavé l’âme de l’enfant du péché originel, et par le sacrement de la chrismation, il l’a pourvu de pouvoirs particuliers de grâce…"

Publié : ven. 01 août 2003 11:09
par Antoine
Date : 13.06 23h52
auteur :Antoine


Oui, Katherine, c'est une très mauvaise terminologie qu'emploie St Nectaire d'Egines.

Les Pères connaissent la nature déchue qui se transmet de génération en génération. Le péché originel c'est au mieux celui d'Adam et Eve . Et je ne vois pas comment on peut être délivré d'un péché qu'on n'a pas commis. La terminologie employée par St Nectaire n'est pas celle de la Tradition et porte à confusion.

En théologie Catholique Romaine, nous sommes tous co-responsables du Péché d'Adam en lequel nous avons tous péché.
Ceci vient du contresens intentionnellement répété depuis 1600 du texte de Paul aux Romains 5,12:
"Par un seul homme , le péché est entré dans le monde; et par le péché la mort, qui ainsi a passé dans tous les hommes, PARCE QUE EN LUI tous ont péché"

Le grec "eph ho" est traduit ici comme renvoyant à "homme" alors qu'il est grammaticalement impossible qu'il renvoie à Adam. Et Augustin en conclut dans son commentaire que c'est en Adam que tous ont péché.

Le texte dit:
"Ainsi, par la transgression du premier homme, le principe du péché est entré dans le monde et par le péché la mort et ainsi la mort s'est étendue à tous les hommes. "eph'ho pantes hemarton" s'applique à "thanatos"

La mort a toujours été considérée par les Pères comme une conséquence de la chute, liée à la nature déchue. Elle est héréditaire. Jamais ils n'ont considéré qu'elle était une punition de Dieu.

Le concile de Trente 1er canon, 5ème session, lui édicte au contraire:
" Si quelqu'un ne confesse pas que le premier homme Adam a subi à cause de sa transgression la colère et l'indignation de Dieu, puis la mort dont Dieu l'avait auparavant menacé qu'il soit anathème"

La notion de "péché des ancêtres" s'oppose à la notion de "péché originel" en ceci qu'il consiste en une "maladie" et non en une "culpabilité", et d'autre part la mort n'est pas un "châtiment" mais un "remède" contre l'éternisation du péché, et ce en vue de la résurrection.

St Cyrille d’Alexandrie dans son commentaire de l’épître aux romains s’oppose nettement à Augustin repris par la scolastique et le dernier catéchisme papal :


«Comment “tous ont péché en Adam”? En quoi les péchés de celui-ci nous regardent-ils ? Comment nous tous et ceux qui ne sont pas encore nés, avons-nous été condamnés avec lui? Et cela, bien que Dieu ait dit que les pères ne mourraient pas pour leurs enfants ni les enfants pour leurs pères: “L’âme qui aura péché, c’est elle qui mourra” (Deut. 24,16) ? N’est-ce pas l’âme qui a péché qui doit mourir?

Nous sommes devenus pécheurs par la désobéissance d’Adam de la manière suivante:
Adam a été créé pour l’incorruptibilité et la vie. En lui était la vie sainte dans le paradis de la félicité. Son esprit était tout entier et toujours tourné vers la vision divine, son corps était dans la sérénité et la tranquillité, libre de toute volupté honteuse; en lui, il n’y avait pas le bruit de mouvements désordonnés. Mais qu’il fut tombé dans le péché et eut glissé vers la corruption,dans la nature de sa chair s’introduisirent les plaisirs et les impuretés, et dans nos membres s’est levée la loi de la férocité. La nature est tombée malade par le péché de la transgression d’un seul, c’est-à-dire Adam. C’est ainsi que tous nous sommes devenus pécheurs, non pas en transgressant avec Adam, car nous n’étions pas avec lui, mais comme étant de sa nature, tombée sous la loi du péché... La nature humaine est tombée malade en Adam ; par la transgression et par la corruption, les passions ont pénétré en elle».

Publié : ven. 01 août 2003 11:11
par Antoine
auteur :Antoine
Date : 14.06 09h03

Errata:

Quand j'écris "contresens depuis 1600 " je voulais dire : depuis 1600 ANS bien sûr; Augustin étant évêque à Hippone en 396 jusqu'à 430.

Cela fait donc très longtemps que l'occident développe une vision d'un Dieu vengeur punissant de mort et donc auteur du mal qui règne dans le monde. Tous les Pères et ainsi tout le christianisme tombe sous l'anathème du concile de trente. C'est fort mais c'est comme ça.

Augustin a inventé cette notion de "péché originel" comme transmission de la CULPABILITE adamique. Rajouté à cela une belle théorie de la prédestination et nous avons la voie tracée vers l'athéisme. Car ce Dieu est effectivement ignoble.

C'est la grande maladie de l'occident dont le catholicisme romain se sert comme d'un poison dont il fixe lui-même les doses en fonction de l'organisation du pouvoir qu'il souhaite détenir. Et la vérité que lui oppose l'Orthodoxie lui est insupportable.

Publié : ven. 01 août 2003 11:12
par Antoine
Date : 14.06 09h50
Ecrire à l'auteur : Catherine


Antoine, vous dites :
La notion de "péché des ancêtres" s'oppose à la notion de "péché originel" en ceci qu'il consiste en une "maladie" et non en une "culpabilité"…

J'ai toujours du mal à voir dans le terme "péché originel" , — que j'ai employé au sens strictement orthodoxe de "péché ancestral" , "péché des origines" de l'humanité, ou de "maladie héréditaire" de l'humanité — tout ce que cela englobe d'absurde et de hérétique pour vous autres (châtiment, culpabilité etc.)

Est-il vraiment défini chez les kto avec tous ces corollaires dont vous faites mention ? Car enfin, le terme lui-même ne contient ni la notion de culpabilité, ni celle de châtiment.
Et comme j'étais et je suis sûre que pour tous les orthodoxes qui l'ont employé il désigne tantôt le péché de nos ancêtres, tantôt cette maladie héréditaire, je ne vois pas pourquoi il serait à proscrire. Donc, si j'ai employé un terme qui, à mon insu, véhicule l'hérésie pour vous, ma foi n'en est pas moins orthodoxe. C'est tout ce que je voulais dire à Éliazar.
Est-ce compréhensible ? Mais je reconnais, en effet, que, si tout le monde comprend ce terme comme étant signifiant de toute la doctrine absurde de l'hérésie papiste (est-ce ainsi ou êtes-vous seulement quelques-uns particulièrement allergiques au mot parce qu'il vous rappelle la doctrine hérétique, que vous aviez connue et reniée?), je serais d'accord pour ne pas l'employer, selon l'adage de saint Maxime : "Nous ne proférons pas seulement des mots sans signification, mais avec des mots nous signifions un sens. Pour cela j'ai trouvé souvent que les sts. pères font des concessions sur des mots, mais jamais sur le sens. Car le mystère de notre salut ne consiste pas en syllabes, mais dans les choses visées et les réalités. Les pères ont fait la première chose parce qu'ils méditaient la paix ; la deuxième pour fortifier les âmes par la vérité". St. Maxime le Confesseur.

Publié : ven. 01 août 2003 11:13
par Antoine
Date : 14.06 14h47
Auteur : Antoine

<<Est-il vraiment défini chez les kto avec tous ces corollaires dont vous faites mention ?>>
Oui et surtout depuis Charlemagne avec la fondation d'une nouvelle "Eglise " et d'une nouvelle théologie par les Francs ayant pour étendard l'Augustinisme et pour finalité l'anéantissement de la Romanité orthodoxe.
Mais demandez à Cassien ce qu'il en pense... Votre formule "Marie a été purifiée du péché originel " est très catholicisante. " et je comprends qu'Eliazar ait sonné l'alarme.
Il vaut mieux une alarme maladroite que pas d'alarme du tout. Personne ne vous dresse de bûcher. Expliquez-nous donc ce que vous sous entendez dans cette formule. En quoi consiste cette "purification" de Marie. Le terme "purification" mérite un développement.

Publié : ven. 01 août 2003 11:14
par Antoine
Date : 14.06 18h56
Auteur Catherine


Antoine,
J'avoue que je n'ai jamais essayé de définir ce mystère. Je sais que nous avons tous besoin du baptême pour recevoir les arrhes du saint Esprit. Le baptême nous purifie bien de qc. non ? La Tradition dit que le moment de l'Annonciation était comme le baptême pour la Toute-Sainte. D'où j'ai déduit qu'elle aussi a été purifiée de qc. Je sais qu'elle n'avait pas de péchés personnels, alors cela ne pouvait être que les conséquences du péché originel que nous partageons tous. Mais il se peut que ce raisonnement soit tiré par les cheveux. (Je sais bien que personne ne dresse de bûcher ici, mais en plus je n'en aurais pas peur : dans la mesure où je reste orthodoxe, cela me PURIFIERAIT de mes péchés personnels plus vite que ne me le permet ma négligence. Je sais, hélas, que le Seigneur ne me laisse pas cette chance — pas pour le moment, en tout cas. Il veut que je travaille pour mon salut, alors que, paresseuse et peu persévérante que je suis, cela me coûte plus que d'aller au bûcher. Enfin, c'est fait exprès.) Tout ce que je dis, c'est que je ne suis d'accord avec aucune de ces thèses hérétiques dont vous parlez et que "ma" terminologie ne couvre pas de doctrine hérétique pour les auteurs orthodoxes qui l'emploient et que j'ai cités. Mais peut-être je me trompe. Vu que père Cassien emploie aussi le terme, je lui ai demandé de dire ce qu'il en pensait. Mais il faudra attendre un peu pour la réponse, car je crois qu'il n'ouvre pas forcément tous les jours sa boîte aux lettres.

Publié : ven. 01 août 2003 11:15
par Antoine
Date : 15.06 03h58
Ecrire à l'auteur :Antoine


En attendant je vous donne la réponse de Grégoire Palamas


POUR L’ANNONCIATION
DE NOTRE TOUTE IMMACULÉE SOUVERAINE
LA MÈRE DE DIEU
ET TOUJOURS-VIERGE MARIE.
(XIV, P. G. CLI, 165 D-1 77 C)




1. Le Prophète Psalmiste, dénombrant les formes de la création, et contemplant la sagesse de Dieu qui s’y révèle, tout saisi d’admiration pendant qu’il écrivait, s’écria : « que Tes œuvres sont magnifiques, Seigneur, Tu as tout créé dans la sagesse » (Ps. CIII, 24). Pour moi aujourd’hui, quelle parole sera à la hauteur de cette louange, si j’essaye d’aborder, autant que possible, dans ma prédication, la manifestation dans la chair du Verbe créateur de l’univers ? Et si les êtres sont pleins de merveilles, et le passage du non-être à l’être, un fait divin et digne de nombreuses louanges, il est un fait d’autant plus merveilleux, d’autant plus divin, et exigeant d’autant plus nos louanges: Dieu devient un des êtres, Dieu, ou pour mieux dire, le Dieu qui est véritablement ; en outre, Il devient notre nature, alors que celle-ci n’a pas pu, ou voulu, respecter les conditions auxquelles elle était venue à l’existence, au point d’être rejetée au plus profond de la terre : car il est grand et divin, ineffable et inconcevable, que notre nature soit déifiée, et que par elle nous soit donnée, par grâce, l’ascension vers le meilleur ; de sorte que pour les saints anges, pour les hommes, et même pour les prophètes, qui pourtant voyaient par l’Esprit, cela est resté véritablement inconnaissable, car il s’agit d’un mystère caché depuis l’éternité. Et ceci, non seulement avant qu’il s’accomplît. Oui, même réalisé, cet événement reste un mystère : non pas sa réalisation même, mais le mode de sa réalisation, objet de foi et non de connaissance, adoré mais inaccessible à une curiosité indiscrète, et objet de foi, d’adoration, par le seul intermédiaire de l’Esprit « car nul ne peut dire Jésus Seigneur, si ce n’est dans l’Esprit-Saint », et c’est dans l’Esprit que nous adorons et prions, dit l’Apôtre (I Cor. XII, 3).

2. Que ce mystère soit inintelligible non seulement pour les hommes, mais aussi pour les anges et même pour les archanges, la fête que nous célébrons aujourd’hui le montre clairement. Car l’archange a annoncé la conception à la Vierge ; et celle-ci, cherchant à connaître de quelle façon cela se produirait, et lui disant : « comment cela se fera-t-il? Car je ne connais point d’homme » l’archange ne put absolument pas lui en expliquer la manière, et cherche refuge, lui aussi, en Dieu, répondant : « l’Esprit-Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de Son ombre ». Si pareillement l’on avait demandé à Moïse : « comment l’homme est-il né de la terre ? comment, à partir de l’argile, furent formés les os, les nerfs, la chair ? comment les organes de la sensation peuvent-ils naître de l’insensible ? Bien plus, comment de la côte d’Adam un second être humain est-il né ? comment les os ont-ils été étendus, divisés unifiés et liés entre eux? comment, après les ossements, se sont formés les entrailles, les différentes humeurs, et tout le reste ? », si donc l’on avait demandé cela à Moïse, il aurait eu pour seule réponse: Dieu a pris la poussière de la terre et créé Adam, puis il a pris une côte de celui-ci pour façonner Eve. Qui était le Créateur, il l’a dit. Mais la façon dont cela se produisit, il ne l’a pas dite. De même, Gabriel dit que l’Esprit-Saint et la puissance du Très-Haut accompliraient sans semence l’enfantement ; mais « comment », il ne le dit pas. Car se souvenant ensuite d’Élisabeth et rappelant qu’elle conçut en dépit de sa vieillesse et de sa stérilité, il ne put rien ajouter, sinon que « rien ne sera impossible à Dieu)) ; comment donc aurait-il pu dire la manière dont elle, Marie, allait concevoir et enfanter dans la virginité? Pourtant, il y a plus, dans ce que dit l’archange à la Vierge, mais en des termes renfermant un plus grand mystère : car « l’Esprit-Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de Son ombre ». Pour quelle raison? Parce que l’enfant ne devait pas être un prophète, ni simplement un homme comme Adam, mais allait être appelé Fils du Très-Haut, sauveur et libérateur du genre humain, et roi éternel. Car de même que des pierres tombant du sommet d’une montagne, et ne cessant de rouler jusqu’à son pied, sont reçues par de nombreuses crevasses, de même, nous détournant de l’ordre divin donné dans le paradis, et de la vie bienheureuse de ce temps, nous tombons, précipités jusqu’en enfer, où nous reçoivent de nombreux tourments. Et il existe non seulement les épines et les ronces sensibles que fait germer la terre, selon la malédiction prononcée contre le premier père (cf. Gen. III, 9), mais surtout les multiples épines des passions malignes, et les terribles ronces du péché que nous avons semées en nous. Notre genre humain n’eut pas non plus uniquement cette peine dont la première mère hérita par la malédiction prononcée contre elle, condamnée qu’elle fut à enfanter dans les peines, mais encore presque toute notre existence devint douleur et tristesse. Cependant lorsqu’en Son amour pour l’homme le Dieu qui nous avait modelés par les entrailles de Sa miséricorde inclina les cieux et vint parmi nous, Il a assumé d’une Vierge sainte notre nature pour la renouveler et la relever, ou, mieux encore, pour l’élever jusqu’aux hauteurs divines et célestes. Ce que voulant accomplir, ou plutôt, voulant mener à bien aujourd’hui sa décision d’avant les siècles, Il envoie l’archange Gabriel, comme dit l’évangéliste Luc, « à Nazareth, vers une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David, et le nom de la Vierge était Marie » (Lc. I, 26).

3. Dieu envoie donc l’archange vers une Vierge, et, celle-ci demeurant vierge, Il en fait Sa propre mère, à l’aide d’une seule parole. Or s’Il avait été conçu d’une semence, Il n’aurait pas été un homme nouveau, sans péché, et le sauveur de ceux qui pèchent; en effet, le mouvement de la chair vers la génération, n’étant pas soumis à l’intelligence que Dieu a placée en nous pour qu’elle nous dirige, n’est pas totalement exempt de péché; c’est pourquoi David a dit : « dans les iniquités j’ai été conçu, et dans les péchés ma mère m’a enfanté » (Ps. L, 7). Si donc la conception de Dieu s’était effectuée par une semence, Il n’aurait pas été un homme nouveau, ni le prince d’une vie nouvelle, entièrement régénérée. Car étant de l’ancienne frappe, et héritier de la chute, Il n’aurait pu porter en Lui la plénitude de la divinité intacte, et faire de Sa chair la source intarissable de la sanctification, pour laver par l’abondance de Sa puissance la souillure de nos premiers ancêtres, et combler tous leurs descendants de sanctification. Aussi n’est-ce pas un homme, ni un ange, mais le Seigneur Lui-même qui vint nous sauver, conçu et incarné dans le sein maternel de la Vierge et demeurant Dieu sans changement.

4. Or il fallait aussi que la Vierge fût le témoin de la conception sans semence, et l’auxiliaire dans l’accomplissement de l’économie divine. Quelles en furent les étapes ? La montée vers Bethléem, où l’enfantement est annoncé et glorifié par les anges célestes ; l’accès au temple, où Syméon et Anne attestent que le nouveau-né est Seigneur de la vie et de la mort ; la fuite en Egypte loin d’Hérode, le retour en Egypte commandé par un saint avertissement, et tout le reste, que je ne saurais aisément énumérer aujourd’hui. C’est pourquoi Joseph fut reçu comme fiancé, et l’ange « envoyé vers une Vierge fiancée à un homme du nom de Joseph ». Comprenez bien que tous deux étaient de la maison et de la famille de David. Oui, tous deux, la Vierge et Joseph, se rattachaient à la race de David. «Et le nom de la Vierge, est-il dit, était Marie », ce qui se traduit par Kyria, Dame Ce mot indique la dignité de la Vierge, la constance de sa virginité, l’absolue distinction de sa vie, sa rigoureuse persévérance en tout, et pour ainsi dire son caractère irréprochable. C’est en toute légitimité qu’elle est nommée Vierge, car elle avait les puissances de l’âme et les sensations du corps entièrement dépourvues de la moindre souillure, et c’était sa richesse : une richesse si unique, si ferme, pour ainsi dire seigneuriale, à jamais inviolable, telle la porte verrouillée qui garde le trésor amassé, telle livre scellé qui empêche le regard d’accéder aux écrits. En effet, il a été dit à propos de la Vierge:
«voici le livre scellé, et la porte restera fermée, et nul n’entrera jamais par elle » (cf. Is. XXIX, 11 et Ez. XLIV, 2).

5. Mais la Vierge est aussi Dame d’une autre façon, selon sa dignité : car elle est souveraine de l’univers elle qui a divinement conçu et enfanté, dans la virginité, le maître de l’univers. Or elle est Dame, encore, non seulement parce que libre de la servitude et participante de la Seigneurie divine, mais aussi comme source et racine de la liberté du genre humain, surtout depuis son enfantement indicible et qui prodigue la joie : car une femme mariée à un homme est dominée, plutôt que Dame, et surtout après son enfantement pénible et douloureux, selon la malédiction prononcée contre Eve : « tu enfanteras dans les douleurs tes enfants, et ton élan sera vers ton mari, et lui, il te dominera » (Gen. III, 16). Cette malédiction, la Vierge-Mère en a libéré le genre humain, en recevant à sa place la grâce et la bénédiction de l’ange. Car, est-il dit, l’ange entra et s’adressa à la Vierge : « réjouis-toi, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi, tu es bénie entre les femmes ». Ce n’est pas l’avenir que l’archange lui annonce en lui disant : « le Seigneur est avec toi », mais il déclare ce qu’il avait vu alors invisiblement s’accomplir. Comprenant qu’elle était le siège des grâces divines et humaines, et qu’elle était parée de tous les dons de l’Esprit divin, c’est à juste titre qu’il la proclama pleine de grâces. Réalisant par ailleurs qu’elle avait déjà reçu en elle Celui en qui se trouvent les trésors de toutes les grâces, et prévoyant sa grossesse sans douleurs et son enfantement exempt de souffrances, il lui enjoignit de se réjouir, et affirma à juste titre que seule elle était bénie et glorifiée parmi les femmes: oui, en raison de la surabondance de gloire de la Mère de Dieu, aucune femme n’est glorifiée à son égal, si glorifiée soit-elle.

6. Ce que voyant, la Vierge, dans la crainte que l’ange ne fût quelque séducteur habile à tromper des femmes imprudentes comme Eve, n’accueillit pas sans précautions sa salutation. Comme elle n’avait pas encore eu une connaissance exacte de cette union avec Dieu dont il parlait, elle fut troublée par ses paroles, est-il dit, et s’attachant pour ainsi dire sans lâcher prise à sa virginité, elle lui demanda ce que signifiait cette salutation. C’est pourquoi l’archange fit s’évanouir sur-le-champ la pieuse frayeur de la Vierge pleine de grâce en lui répondant : « ne crains point, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu »; quelle grâce? Celle qui n’était possible qu’à Celui qui seul peut l’impossible, et qui était réservée à toi seule avant les siècles. Car « voici, tu vas concevoir un fils dans tes entrailles ». « En entendant le mot de conception, dit-il, ne va surtout pas penser à la perte de ta virginité, ni te fâcher ou te troubler ». Oui, à peine eut-il dit «voici, tu concevras », à elle, la Vierge, qu’il lui suggérait que la conception était compatible avec la virginité : « voici, dit-il donc, tu concevras et enfanteras un fils »." Restant telle que tu es à présent, et gardant ta virginité incorruptible, tu seras enceinte et enfanteras le Fils du Très-Haut ». Et c’est ce qu’Isaïe prévit de nombreuses années auparavant, quand il prédisait : « voici, la vierge sera enceinte et enfantera un fils » (Is. VII, 14). Il ajoute : «je me suis approché de la prophétesse » (Is. VIII, 3). Comment le prophète s’est-il donc approché de la prophétesse? Comme l’archange, aujourd’hui, de Marie. Oui, ce qu’aujourd’hui celui-ci a vu, celui-là l’avait prévu et prédit. Quant au fait que « la prophétesse », c’est-à-dire la Vierge, avait en elle le don de Prophétie, Son cantique à Dieu dans l’Evangile le prouvera au premier venu (cf. Le. I, 46). Isaïe dit donc s’être approché de la prophétesse (et ceci par la puissance de l’Esprit qui voit tout par avance) : puis « elle conçut en son sein, et avant de subir la peine des douleurs, elle accoucha et enfanta un mâle ». Or à présent l’archange dit à Marie : « tu enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus (ce qui se traduit par Sauveur), car il sera grand ». Isaïe dirait à nouveau : «merveilleux conseiller ! Dieu fort ! Maître, Prince de paix, Père du siècle à venir! » (Is. IX, 5). C’est ce que chante aujourd’hui l’archange, disant : « il sera grand, et on l’appellera Fils du Très-Haut ».

7. Mais pourquoi n’a-t-il pas dit : « Il est grand et Fils du Très-Haut », mais il sera, et on l’appellera ? Pour centrer son propos sur l’humanité du Christ, pour révéler en même temps qu’Il serait connu par tous les hommes, et proclamé tel par eux, selon ce que Paul a pu dire plus tard : « Dieu a été manifesté dans la chair, proclamé aux nations, cru dans le monde » (I Tim. III, 16). Mais l’ange dit encore : « le Seigneur Lui donnera le trône de David Son père, et II régnera sur la maison de Jacob à jamais, et Son règne n’aura pas de fin ». Oui, Celui dont le règne, étant éternel, n’a pas de limites, est Dieu Lui-même. Or Il a également David pour père, et pour cette raison Il est aussi un homme ; de sorte que cet enfant est à la fois Dieu et homme, Fils de l’homme et Fils de Dieu, recevant en tant qu’homme de Son Dieu et Père le règne sans succession, comme l’a vu et proclamé Daniel : « et je regardai, dit-il, jusqu’à ce que des trônes fussent placés et que l’Ancien des jours s’assît : et voici, comme un fils d’homme qui venait sur les nuées du ciel, s’avança jusqu’à l’Ancien des jours, et il lui fut donné honneur et puissance : et son règne est un règne éternel, et il ne sera pas abandonné à un autre roi » (Dan. VII, 9, 13-14).

8. Il siégera sur le trône de David, et règnera sur la maison de Jacob ; en effet, Jacob est le patriarche de tous ceux qui vénèrent Dieu, et David le premier à avoir régné en vénérant Dieu et en Lui plaisant, figurant le Christ qui unit les qualités de patriarche et de roi en une seule principauté céleste et éternelle. Or la Vierge pleine de grâce, quand elle entendit les paroles extraordinaires et divines que l’archange lui adressa, à savoir : « Le Seigneur est à toi », et « voici, tu concevras et tu auras un fils qui règnera éternelle-ment, le Fils du Très-Haut », répondit : « comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ! Car bien que tu sois venu m’apporter une nouvelle parfaitement spirituelle et totalement dépourvue de toute passion charnelle, tu me parles cepend9nt de conception en mon sein, d’enfantement, de mise au monde, et de tout ce qui suit la conception ; comment donc cela se fera-t-il ? Car, ajoute-t-elle, je ne connais point d’homme ». Et elle ne disait pas cela par manque de foi, mais parce qu’elle cherchait à apprendre comment cela pouvait se produire. C’est pourquoi l’archange lui répond : « l’Esprit-Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de Son ombre ; c’est pourquoi l’enfant sera saint et on l’appellera Fils de Dieu ». «Oui, tu es sainte toi-même, dit-il, et pleine de grâce, ô Vierge : je te le redis : l’Esprit-Saint viendra sur toi, pour un surplus de sanctification, préparant et préordonnant l’œuvre de Dieu en toi; et la puissance du Très-Haut te couvrira de Son ombre, à la fois pour te fortifier, et, en te couvrant de Son ombre, par Son contact avec toi, pour modeler l’humanité afin que celui qui naîtra soit Saint, Fils de Dieu, puissance de Dieu dans la forme de l’homme. Car voici, Elisabeth ta parente a passé toute sa vie dans la stérilité, mais aujourd’hui, dans sa vieillesse, par la volonté de Dieu, elle est paradoxalement enceinte, car ‘rien ne sera impossible à Dieu’ ». A ces mots, que répond la Vierge pleine de grâce, elle dont l’intelligence était divine et incomparable ? Une nouvelle fois, elle a recours à Dieu et concentre tous ses efforts vers Lui, dans la prière, disant à l’archange : « si l’Esprit-Saint comme tu le dis, doit venir sur moi, pour purifier encore ma nature, et me donner la force de recevoir le fruit salvateur, si la puissance du Très-Haut doit me couvrir de Son ombre pour former en moi selon l’humanité Celui qui a la forme de Dieu, et opérer en moi un enfantement sans semence, si l’enfant doit être saint et Fils de Dieu, Dieu et Roi éternel, — car rien ne sera impossible à Dieu, - « voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ». Et l’ange la quitta, laissant en son sein le Créateur de l’univers uni à un corps; et en étant le serviteur de cette union en elle, il fut médiateur du salut dans le monde. Tout ceci, Isaïe encore une fois l’a clairement prédit, grâce à ce qu’il fut jugé digne de subir bienheureusement : car il n’a pas vu le séraphin se saisir directement du charbon dans l’autel céleste et intelligible du sacrifice ; oui, c’est avec une pincette que le séraphin l’a saisi, et qu’il en toucha les lèvres d’Isaïe, pour le purifier (Is. VI,6). Moïse, lui aussi, contempla la même grande vision que celle de la pincette, à savoir le buisson embrasé par le feu et ne se consumant pas (Ex. III, 2). Qui donc ignorerait que la Vierge est ce buisson et cette pincette, elle qui conçut le feu divin sans en être consumée, l’archange ayant été le serviteur de cette conception en unissant par elle au genre humain Celui qui porte le péché du monde, et en nous purifiant par cette indicible union? Aussi la Vierge est-elle, à elle seule, la limite entre la nature créée et l’incréée ; tous ceux qui connaissent Dieu sauront qu’elle a servi de lieu à Celui qu’aucun lieu ne peut contenir, et tous ceux qui louent Dieu la loueront après Dieu. Elle est la cause de tout ce qui l’a précédée, elle préside à tout ce qui la suit, elle est médiatrice de l’éternité. C’est elle le sujet des prophéties, le chef des Apôtres, le soutien des martyrs, le fondement des docteurs. Elle est la gloire de ce qui est sur la terre, la joie de ce qui est dans le ciel, l’ornement de toute la création. C’est elle le principe, la source et la racine de notre espérance céleste. Puissions-nous tous en obtenir la réalisation grâce à ses prières pour nous ; à la gloire de Celui qui fut engendré avant les siècles par le Père, et incarné d’elle dans les temps ultimes, Jésus-Christ notre sauveur. A Lui conviennent toute gloire, honneur et adoration, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

Publié : ven. 01 août 2003 11:17
par Antoine
Luc
Le 20 juin 10h01


L’histoire de femmes diacres
L’implication des femmes dans l’apostolat de l’Église des premiers temps est un fait indiscutable. Nous ne pouvons que donner un bref aperçu qui montre comment l’action des femmes diacres s’insérait dans un cadre plus large.

Les femmes qui aidaient Paul

En raison du contexte sociologique de l’époque, l’Église primitive ne pouvait pas prendre immédiatement conscience de ce qu’avait de révolutionnaire le nouveau sacerdoce proposé par le Christ. Paul savait que le baptême du Christ avait abrogé en principe la distinction entre esclaves et hommes libres (Galates 3, 38) et, dans un texte, il en tire la conclusion logique que les esclaves devraient être libérés (1 Corinthiens 7, 21-23). Cependant le système social en place l’a poussé à accepter l’esclavage comme un mal nécessaire. De la même manière, les idées du temps faisaient qu’il lui était impossible de comprendre dans toutes ses dimensions l’égalité des hommes et des femmes en Christ à laquelle pourtant il croyait fermement (Galates 3, 28). Dans ce contexte, il est extrêmement significatif que déjà au temps de Paul des femmes exerçaient un ministère dans l’Église.

“ Je vous recommande Phœbé, notre sœur, servante (diakonos) de l’Église de Cenchrées. Elle a été une protectrice pour bien des gens et pour moi-même. “ (Romains 16, 1). Le mot diakonos appliqué à Phœbé n’a pas vraiment le sens d’une fonction ministérielle précise qu’il aura plus tard lorsqu’on parlera des femmes. Il a ici le sens général de “servante” qui est habituel dans le Nouveau Testament (cf. Éphésiens 6, 22).
“ Saluez Prisca et Aquilas mes collaborateurs en Jésus Christ “... “ Saluez Marie, qui s’est donné beaucoup de peine pour vous ”. De la même manière ” Saluez Tryphène et Tryphose, qui se sont donné de la peine dans le Seigneur. “ (Romains 16, 1-16). Paul se réfère ici à des tâches apostoliques.
“ Evodie et Syntyche qui ont lutté avec moi pour l’Évangile, en même temps que Clément et tous mes autres collaborateurs. “ (Philippiens 4,2). “Pour l’Évangile” indique certainement une participation à l’œuvre d’évangélisation.
Comparez aussi avec : “ Les apôtres, se donnant eux-mêmes sans répit à l’œuvre d’évangélisation comme il convient à leur ministère, ont pris avec eux des femmes, non comme épouses mais comme sœurs, pour participer à leur ministère auprès des femmes qui vivent dans leur foyer : par cette entremise, l’enseignement du Seigneur atteint le milieu des femmes sans éveiller la suspicion ”. Clément d’Alexandrie, Stromata 3, 6, §53.
Pline, dans une lettre à l’Empereur (111), mentionne qu’il a fait arrêter deux chrétiennes qui occupent une position officielle. “ D’autant qu’il me paraissait nécessaire d’obtenir la vérité de la part de ces deux femmes, qui sont appelées “ancillae” (= diakonous, diaconesses ?), même en leur appliquant la torture. “
Et voyez l’histoire de Thecla qui, par sa confession devant le juge à Antioche, convertit Tryphène et un groupe de femmes : “ Elle se rendit à la maison de Tryphène et resta là durant huit jours, l’instruisant de la Parole de Dieu, de sorte que la plupart de ses servantes se mirent à croire “ (Actes de Paul et Thecla, § 38-39).
Tout comme des femmes ont accompagné le Christ dans son ministère (Luc 8, 1-4), de même des femmes ont pris part à la constitution des premières communautés chrétiennes. Remplissaient-elles des tâches précises ?

Le rôle des femmes “prophètes”

Le prophète, selon le Nouveau Testament, n’est pas seulement quelqu’un qui est inspiré ; il ou elle était quelqu’un qui remplissait un rôle au sein de la communauté. Saint Paul place le prophète entre l’apôtre et celui qui enseigne : “ Dieu a établi dans l’Église premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement des hommes chargés de l’enseignement, vient ensuite le don des miracles... Tous sont-ils apôtres ? Tous prophètes ? Tous enseignent-ils ? ... (1 Corinthiens, 28-29). La Didachè (11-23) met le prophète en relation étroite avec l’apôtre missionnaire.

Philippe l’Evangéliste avait quatre filles qui “prophétisaient “ (Actes 21, 9).
“ Tout homme qui prie ou prophétise la tête voilée fait affront à son chef .[Paul joue sur le double sens du mot grec = chef et tête]. Mais toute femme qui prie ou prophétise tête voilée fait affront à son chef “ (1 Corinthiens 11, 4-5). Ici, la femme qui prophétise est mise sur le même plan que l’homme qui prophétise. Le mot prend le même sens pour l’un comme pour l’autre.
Le prophète avait une fonction dans l’assemblée liturgique. “ Laissez les prophètes rendre grâce comme ils veulent “ [= ils peuvent s’exprimer durant l’Eucharistie]. (Didachè 10, 7).
Le ministère des femmes “veuves”

Dans le Nouveau Testament, le mot “veuve” peut indiquer des personnes de catégories différentes mais qui ont un certain rapport. Les Actes des Apôtres (6, 1-2 ; 9, 39) nous informent que les “veuves” (= femmes âgées) étaient prises en charge par la communauté. Il s’agit simplement ici de veuves dans le sens ordinaire du terme. Mais dès l’Épître à Tite nous voyons ces veuves jouer un rôle particulier dans la communauté : “ Les femmes âgées doivent se comporter comme il sied à des personnes saintes : ni médisantes, ni adonnées aux excès du vin ; qu’elles apprennent ainsi aux jeunes femmes à aimer leur mari et leurs enfants ” (Tite, 2, 3-4). Ici l’état de veuvage semble supposer un appel à la perfection et un certain type de mission envers les jeunes femmes de la communauté. Cela devra plus tard se développer sous forme d’apostolat organisé.

Origène compare la Phœbé de l’Épître aux Romains aux veuves de l’Épître à Tite. (Commentaires sur Romains, 10, 17)
“ Honore les veuves, celles qui le sont réellement... Une vraie veuve est celle qui a mis son espérance en Dieu et persévère nuit et jour dans les supplications et les prières... Une femme ne sera inscrite au groupe des veuves que si elle est âgée d’au moins soixante ans et n’a eu qu’un mari. Il faut qu’elle soit connue pour ses bonnes œuvres : qu’elle ait élevé des enfants, exercé l’hospitalité, lavé les pieds des saints, assisté les affligés, qu’elle se soit appliquée à toute œuvre bonne.” (1 Timothée, 5, 3-10). Le point intéressant est l’enrôlement sur un registre et les conditions exigées, car il ressort clairement que nous avons affaire ici à certaines veuves qui forment une catégorie spéciale au sein de la communauté. Ceci est la première indication que nous avons là un ordre des veuves, semblable aux différents ordres de l’Église.
Ignace d’Antioche salue “ les vierges et l’ordre des veuves “ (Philippiens § 15).
Quoique le “diaconat” dans un sens large existât depuis le début, il apparaît clairement qu’au cours du deuxième siècle il y eut un “ordre des veuves” qui exerçaient cette fonction, d’une manière plutôt mal définie.

Femmes diacres

Dès les temps apostoliques, l’Église a connu des diaconesses. Le passage classique de 1Timothée l’exprime sans ambiguïté :

“ Les diacres doivent être dignes, n’avoir qu’une parole, ne pas s’adonner au vin ni rechercher des gains honteux.
Les femmes, pareillement, doivent être dignes, point médisantes, sobres, fidèles en toutes choses.
Que les diacres soient les maris d’une seule femme.” (1 Timothée 3, 8-12).

Le mot “diacre” est employé ici dans son sens technique. Il semble clair que “les femmes” en question soient différentes des épouses de diacres parce que leur description est parallèle à celles des diacres. Nous devons donc comprendre que l’on parle de “diaconesses”. Ceci indique qu’il s’agit d’un ministère qui fait partie du ministère ordonné lui-même. “ Jean Daniélou, The Ministry of Women in the Early Church, Faith Press, Leighton Buzzard 1974, p. 14.

Durant les premiers siècles, cependant, une confusion a régné tant au niveau pratique qu’à celui de la terminologie. En 517, le Synode d’Épaone parle de “ veuves qu’ils appellent diaconesses ”. On fait parfois référence aux diaconesses comme aux “veuves et diaconesses”. Il est probable, toutefois, que les deux rôles ont été quelque peu distincts.

Ce n’est qu’au cours du troisième siècle que l’Église a mis au point le rôle des diaconesses avec plus de précision, peut-être à cause de problèmes rencontrés avec les veuves moins bien organisées. Dans la Didascalie (3ème siècle) et dans les Constitutions Apostoliques (4ème siècle) sont définis les rôles différents des “veuves” et des “diaconesses”. Les Conciles ont fixé les conditions de leur ordination sacramentelle. Des rituels d’ordination furent élaborés.

Dans la partie orientale de l’Église, le diaconat féminin s’est développé jusqu’aux 8ème et 9ème siècles. Beaucoup de femmes diacres sont mentionnées par le calendrier de l’Église Orthodoxe comme des saintes à vénérer.

Le déclin ultime du diaconat féminin a été attribué à deux causes principales :

la crainte de “l’impureté rituelle” due aux menstruations féminines ; ainsi Balsamon et Blastares.
le déclin du baptême d’adultes. Celui-ci réduit la nécessité de recourir à des femmes diacres comme il est mentionné dans d’anciens rituels syriens.
Il a toujours existé une forte opposition aux femmes diacres dans les régions de l’Église où était parlé le latin : Italie, Afrique du Nord, Gaule et Bretagne. Les raisons principales sont a) l’influence du droit romain pour lequel aucune femme ne peut occuper une situation où elle exerce une autorité, et b) la crainte de l’impureté rituelle.

Au cours du Moyen Âge, peu de gens ont été au courant du rôle joué par le diaconat des femmes dans la primitive Église.

Pour plus d'information sur ce sujet , vous pouvez consulter le site suivant : http://www.womenpriests.org

que je trouve intéresent même s'il s'agit d'un site catholique .

Dans l'espoir que les femmes ( symbole de l'Esprit-Saint selon l'expression de Paul Evdekimow ) retrouveront un jour leur dignité dans notre Eglise Orthodoxe qui est trop patriarcale , j'envoie mes salutations fraternelles à tous et à toutes !
_________________
L'amour c'est ma réligion

Re: Sacerdoce des femmes et mariage des prêtres; péché origi

Publié : dim. 07 oct. 2012 19:33
par Nikolas
Je fais remonter ce fil du fin fond du forum, car j'ai trouvé quelques documents sur le sujet que je souhaite partager, afin d'enrichir ce fil, et cet autre sur le même sujet : viewtopic.php?f=1&t=2480

Sur le thème des diaconesses, qui est aussi évoqué dans le fil précédement mentionné, on peut trouver un article intéressant paru sur le blog st Materne : http://stmaterne.blogspot.fr/2012/07/or ... de-la.html

Concernant l'ordination des femmes à la prêtrise, sur Orthodoxologie un bref texte du Père Alexandre Tefft en complément, qui n'apporte rien de nouveau à ce qui a déjà été dit dans ce fil ou dans l'autre : http://orthodoxologie.blogspot.fr/2009/ ... n-des.html

Re: Sacerdoce des femmes et mariage des prêtres; péché origi

Publié : lun. 08 oct. 2012 19:04
par Nikolas
Concernant l'ordination des femmes à la prêtrise, rappelons qu'il y a un canon, qui n'a jamais été cité dans ce fil ou dans l'autre, qui exclue cette possibilité.
11e canon du concile de Laodicée
11. Qu'il ne faut pas établir des femmes-prêtres dans l'église.
Que l'ordination de celles qu'on appelle presbytides ou présidentes ne se fasse pas dans l'église.
http://orthodoxievco.net/ecrits/canons/lao.htm

Re: Sacerdoce des femmes et mariage des prêtres; péché origi

Publié : jeu. 11 oct. 2012 18:15
par Nikolas
J'apporte ici une contribution tirée de l'ouvrage "Sainte Photinie l'ermite", que je conseil à tous, dont je cite un large extrait afin de ne pas couper le développement de la pensée de la sainte. Ouvrage qui relate la rencontre de l'auteur avec Photinie ascète, (1860 - ?), sur les bords du Jourdain et les entretiens que celui-ci eu avec la vénérable ermite.
Hier, j’ai oublié, au cours de la conversation, de te prier d’apporter ton étole et ton livre pour bénir les eaux et sanctifier ma demeure.
- Oh, lui dis-je, quand je pars en voyage, je porte toujours dans ma petite besace, une étole et un petit livre de prières, je peux toujours en avoir besoin… Je ne sais pas comment la pensée m’est venue, hier, de mettre ces objets dans ma besace ; je les avais laissés au Monastère de l’Abba Gérasime.
Entendant cela, Photinie leva les mains au ciel et dit :
- Béni soit ton saint nom, ô Père céleste ! Elle fléchit les genoux et se prosterna jusqu’à terre. Puis elle porta ses regards sur moi et me dit :
- Hier, je ne t’ai pas parlé d’étole, parce que le sacerdoce n’est pas dans les ornements mais dans l’âme du prêtre ; par lui agit la grâce divine ; les ornements n’ont pas une importance capitale n’est-ce-pas ?
- Oui, je suis d’accord avec toi, le sacerdoce est en l’homme lui-même, le prêtre peut offrir sans ornement, car comme on vient de le dire, la prêtrise n’est pas dans les ornements mais en l’homme créé à l’image de Dieu et que la grâce divine rend digne du don de célébrer les saints mystères. S’il porte des ornements, c’est d’une part, pour la grandeur du sacerdoce, de l’autre, parce que l’homme n’a pas encore atteint la cime de la spiritualité, pour comprendre la valeur de l’homme et la majesté de Dieu, comme le Seigneur l’a dit à Nicodème : « Si quand je vous parle des choses terrestres, vous ne croyez pas, comment croirez-vous si je vous parle des choses célestes ? » Je te prie Photinie, développe ta pensée.
- J’ai pensé que tu avais compris ce que je t’avais dit, c’est pourquoi je ne me suis pas étendue. Ecoute donc. Dieu, comme on l’a dit, est Esprit, Esprit infini. Il est dans l’univers entier et au-delà de tout l’univers. En tant qu’Esprit, Dieu a crée d’autres esprits, comme les Anges, pour qu’ils participent par la Grâce, à sa félicité. Il a aussi créé l’homme d’une manière toute particulière. La Sainte Ecriture dit qu’Il l’a fait à son image et à sa ressemblance, qu’Il lui a donné une volonté plus grande, plus élevée que celle des Anges. Dieu l’a tant honoré, au point que le Fils Lui-même et Verbe de Dieu a pris la nature humaine et qu’Il est apparu Dieu-Homme sur la terre. Si les anges avaient été supérieurs en dignité à l’homme, il se serait fait non pas Homme mais Ange. Les anges n’ont-ils pas servi et ne servent-ils pas les hommes saints ? L’apôtre ne dit-il pas que les anges sont des esprits servants, dépêchés pour servir ceux qui devaient hériter du salut ? Et l’Eglise du Christ ne chante-t-elle pas la Mère de Dieu comme « plus vénérable que les Chérubins et incomparablement plus glorieuse que les Séraphins » ? La dignité humaine est donc de beaucoup supérieur à celle des anges, car par la pratique des vertus l’homme devient Dieu par la Grâce. « J’ai dit: Vous êtes des dieux, vous êtes tous des fils du Très-Haut » dit l’Ecriture. Dieu a créé, en une seule fois, les anges et ils restent, pour cela, les mêmes en dignité et en nombre. Chez les anges, il n’y a pas de différence de sexe, il n’y a pas de mâle et de femelle, parce qu’ils ne sont pas soumis à la nécessité de la naissance et de la mort. Donc, tous les anges, en tant qu’esprits, sont de la même nature et appartiennent au monde spirituel. Mais, puisque, outre le monde spirituel, il y a aussi le monde matériel, l’homme a été créé double, corps et esprit. Par son corps, il appartient au monde matériel et, par son esprit, au monde spirituel. Aussi est-il le lien qui relie le monde matériel et le monde spirituel. Comme la matière prend différents formes et figures, sans pour cela retourner au non-être, de même le corps de l’homme, en tant que matériel, vit de nourriture matérielle, subit des changements ; de nourrisson, il devient enfant puis adulte, homme fait, vieillard, et à la fin son corps se décompose et retourne aux éléments qui l’ont composé. L’âme, en tant qu’esprit, ne subit aucun changement, elle reste toujours la même. L’étude des lettres et des sciences ne lui apportent aucun développement ni rien de semblable. Les lettres et les sciences développent les forces de l’âme qui appartiennent au corps, comme l’intelligence, la mémoire, l’imagination, ect… mais l’âme, en tant qu’être spirituel, reste identique à elle-même, sans changement, car elle n’a pas été tirée de la terre, comme le corps, mais créée d’une manière particulière, par Dieu lui-même, comme le révèle la Sainte Ecriture. Dieu a soufflé sur le corps de l’homme un souffle de vie et l’homme est devenue une âme vivante.
L’Ecriture dit tout cela, pour présenter la création toute particulière de l’âme, à savoir qu’elle n’a pas été tirée de la terre mais qu’elle est venue de Dieu immortel, immuable, inaltérable, éternel. Donc l’âme humaine qui reçoit son commencement, non de la matière, mais de Dieu inaltérable et immuable, ne peut-être ni mâle ni femelle, car en ce cas, elle ne serait pas un esprit simple, mais composé de parties multiples. La différence donc se trouve dans le corps. Quand l’âme quitte son corps, elle n’est ni homme, ni femme, elle est comme un ange, dit le Seigneur : « a la Résurrection, on ne se marie plus… mais ils sont comme les anges de Dieu dans les cieux ». D’autre part, s’il y avait dans l’âme une différence mâle-femelle, c’est-à-dire homme-femme, la femme ne pourrait concevoir des enfants ayant une âme d’homme, mais toujours que des filles selon l’âme. Basile le Grand, comme les Pères Théophores, dit que l’âme est au corps de l’homme ce que le feu est au fer embrasé. Y a-t-il un feu femelle et mâle ? Puisque les hommes devaient se multiplier, et Dieu ayant dit : « Croissez et multipliez-vous », il était nécessaire qu’il y eût différence de corps entre l’homme et la femme, pour la multiplication et non, comme certains l’affirment, pour la conservation de l’espèce ; l’homme ne retourne pas au néant, il ne fait que déposer son corps matériel, qui n’est pas nécessaire pour le monde spirituel. Tant que l’homme vit dans le monde matériel, il a besoin de son corps matériel, c’est par lui qu’il communique avec le monde matériel ; dans le monde spirituel, le corps est superflu. Lors de la Résurrection universelle, l’homme récupérera son corps, qui sera alors spirituel, comme l’enseigne l’apôtre Paul : « Il est semé corps animal (matériel) et ressuscite corps spirituel ». Ce corps spirituel n’aura besoin ni de nourriture ni de vêtement ; l’homme vivra alors de la parole de Dieu, comme le Sauveur l’a dit : « L’homme vivra pas seulement de pain, mais de toute parole qui sortira de la bouche de Dieu ».
Ce corps ne pourra plus subir de changement ; comme l’esprit, il sera à jamais inaltérable ; il ne sera plus marqué par la différence mâle femelle et il n’y aura plus de désir, ce qui serait insensé. Là où il y a le désir, il y a aussi jalousie, et par conséquent disputes, ce qui est incompatible avec la vie future, qui sera une vie de joie et d’allégresse. Car là où il y a le désir, il y a toujours altération, ce qui ne saurait convenir à ce qui est éternel et immuable ; le changement exclue l’éternel et l’infini, par exemple, croissance et diminution qui signifie altération et changement. L’homme, en son corps, est nourrisson, puis enfant, homme adulte et vieillard et mortel en son corps qui croît ; l’homme ne connaît donc pas de différence selon l’âme. La femme étant, comme on l’a dit, semblable à l’homme, et la religion chrétienne étant une religion spirituelle, comme le Seigneur l’affirme, quand il dit à la Samaritaine : « L’heure vient et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et en Vérité », pourquoi la femme alors n’entrerait-elle pas dans le sanctuaire pour y aider au cours des saints Mystères ? Le Sauveur a bien permis à des femmes de l’approcher, de le toucher, d’oindre sa tête et ses pieds ? La tradition ne dit-elle pas que la Mère de Dieu est restée douze ans dans le Temple de Dieu ? Le Fils et Verbe de Dieu n’a-t-il pas habité le sein de la Vierge en laquelle il a pris chair ? Si dans le grand et divin mystère de l’Economie de l’Incarnation, les femmes ont servi plus que les hommes, pourquoi la femme ne servirait-elle pas au cours des saints mystères ?
- Je ne contredis certes pas, mais il y a des cas où la femme ne peut le faire.
- Je sais à quoi tu penses, à la grossesse et aux règles ; mais elle doit être vierge et, pendant ses périodes, remplacée.
- A cela je ne contredirai pas, mais les saints Pères ont exclu les femmes du sanctuaire.
- Oh ! Non pas les Pères, parce que les Apôtres comme les Pères, leurs successeurs, ordonnaient des diaconesses, qui entraient au sanctuaire et servaient pendant la Divine Liturgie. Ce ne sont pas les Pères qui ont exclu les femmes du sanctuaire, mais les passions humaines. Des hommes passionnés, nullement spirituels, pénètrent dans le sanctuaire ; des hommes charnels, des hommes pleins de passions ont été ordonnés prêtres et officiants de notre très sainte religion. Oh ! Jamais de tels êtres ne devraient être faits liturges de notre religion sainte et spirituelle. Ils ne sont pas de digne liturges des saints Mystères. Le liturge qui voit en la femme une femelle ne peut être un digne liturge de notre religion. *
- Comment doit-on alors considérer la femme ?
- Comme un être humain, surtout comme un être spirituel ; le liturge de la religion spirituelle doit voir l’être humain dans sa nature spirituelle et non charnelle. Celui qui pense que la pourpre royale c’est le roi, se trompe, une statue sans âme peut porter la pourpre du roi. Le corps, comme on l’a dit, est le vêtement de l’âme, son instrument ; par lui elle entre en contact avec le monde matériel. Si le corps était l’homme lui-même, il ne subirait pas la mort ou encore la vie éternelle serait un mensonge.
- D’après tout ce que tu viens de dire, je conclus, Photinie, que tu veux des liturges de notre sainte religion, totalement spirituels. Mais l’homme qui vit au milieu des tribulations de ce monde, agressé par tant de provocations, peut-il arriver à la mesure parfaite de la spiritualité et tout voir avec les yeux spirituels de son âme ?
- Certes, il le peut, s’il a conscience de sa place et de sa destination. Oui, tous les chrétiens se doivent, autant que possible, de vivre une vie spirituelle, comme l’enseigne l’Apôtre Paul : « La figure de ce monde passe ». Tu as certainement lu comment la moniale digne de l’habit monastique a parlé au moine qui, en l’apercevant, avait dévié de sa route ?
- Je ne me souviens plus.
- On lit dans le Patéricon ** qu’une vieille moniale, accompagnéé d’une novice, cheminait sur la route, quand un moine venant en sens inverse les vit et s’écarta de son chemin, pour les éviter. Alors la vieille moniale lui dit : « en vérité, si tu étais un vrai moine, tu ne te serais pas écarté de ton chemin ; tu nous aurais saluées, sans penser que nous étions des moniales, c’est-à-dire des femmes ». Le vrai disciple du Sauveur, appelé homme au sens large***, voit l’homme la créature faite à l’image et à la ressemblance de Dieu. Le Sauveur n’a-t-il pas dit aux Apôtres : « Vous, vous n’êtes pas du monde ». Et il dit la même chose aux servants de son Eglise.
- Je vois Photinie, que tu as très bien compris les Saintes Ecritures.
- Selon mes forces et avec l’aide de Dieu, car il ne sert à rien de lire les Saintes Ecritures si on ne les comprend pas, selon l’enseignement de l’Apôtre Paul : « La lettre, dit-il, tue, l’esprit vivifie ».
Et elle se tut.


Sainte Photinie l’ermite, de Joachim Spetsieris, Ed. L’Age d’Homme, Col. La lumière du thabor, p.60-65.


Notes
* L’opinion de sainte Photinie l’ermite rappelle celle de sa contemporaine, la Mère Catherine, fondatrice du monastère de Lesna, qui souhaitait le retour des diaconesses dans l’Eglise, comme aux temps apostoliques. Les idées de sainte Photinie, ici, sont fondées sur la conception patristique selon laquelle l’être déifié dépasse les catégories de la chute. Or la division des sexes n’existe qu’en fonction de la chute. Dieu ayant prévu, selon saint Grégoire de Nysse (La création de l’homme), que l’homme serait privé, par son péché, « du mode d’accroissement angélique », a voulu « éviter que la multiplication du genre humain ne soit tronquée » en donnant à l’homme un mode de reproduction approprié à son état d’après la chute. Tout cela réfute les théories que l’on voit se développer dans certains milieux modernsites de l’Eglise grecque, selon lesquels l’image de Dieu serait androgyne. Sur cette question, voir P. Patric, La doctrine des Néo-orthodoxes sur l’Amour, Fraternité Orthodoxe Saint-Grégoire-Palamas, Paris, 1990.

** Recueil des Apophtegmes des Pères.

*** Litt. « appelé homme commun (koinos atropos) ». En grec, anthropos veut dire homme au sens d’être humain, et s’applique en commun à l’homme et à la femme. Le vrai disciple devient comme son maître : notre Sauveur, nouvel Adam, a revêtu toute la nature humaine, telle qu’elle existe avant la division des sexes. La véritable nature de l’homme, c’est son essence à-l’image-de-Dieu.