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Jeanne Saint Gilles
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Biarritz

Message par Jeanne Saint Gilles »

Quelqu'un aurait-il des infos dépassionnées sur la vérité de ce qui se passe à Biarritz? La paroisse dont le prêtre a été suspendu par Mgr Gabriel a voté son retour au sein du Patraircat de Moscou... Pourquoi cette opposition entre le prêtre (manifestement soutenu par une majorité de ces fidèles) et l'évêque? A-t-on voulu le déposer pour des raisons non avouables? Ceci peut-il impliquer une brouille entre la Rue Daru et le Diocèse de Chersonèse? Y aurait-il un movement de fond favorable au retour des paroisses de l'Exarchat au sein du Patriarcat légitime (Moscou)?

Les informations sont floues et ambigües... La seule source existante étant le site de l'OLTR qui semble avoir un certain parti pris.

http://oltr.france-orthodoxe.net/html/news.html
Jérusalem quand pourrai-je te voir?
Jeanne Saint Gilles
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Faut-il se réjouir de l'affaire Biarritz?

Message par Jeanne Saint Gilles »

CHRIST EST NE!

De mon exil londonien, je m'interroge sur cette affaire biarritzoise? Faut-il s'en réjouir? Un retour à l'Eglise mère (contesté d'ailleurs)...

-N'est-ce pas le destin de cet exarchat de rentrer à l'eglise mère car la situation se voulait provisoire après tout...

-N'est-ce pas souhaitable de dépendre de Moscou quand on voit l'oecuménisme qui gangrène Constantinople? Et qui a des répercussions en France?

- N'est-ce pas d'ailleurs inéluctable? Une immigration russe vers certaines paroisses les feraient basculer dans le camp de Moscou, l'exarchat ne conservant que ses bastions franco-français (exemple la Crypte...)

- Ne serait-ce pas une bonne leçon pour Constantinople qui casse les pieds à tout le monde avec son papisme : je mets mon nez en Estonie, Ukraine etc

- Excepté cela, les relations à l'AEOF ne devraient pas s'améliorer avec ça...
Jérusalem quand pourrai-je te voir?
Antoine
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Message par Antoine »

http://fr.groups.yahoo.com/group/orthod ... ssage/1466

Communiqué N° 59 du Conseil de l’Archevêché

Réunion du 28 décembre 2004

Le Conseil de l’Archevêché s’est réuni, en session extraordinaire, le 28 décembre 2004, sous la présidence de S. Em. l’Archevêque Gabriel, et a examiné la situation à Biarritz et à Altéa.



Biarritz

• Monseigneur l’Archevêque Gabriel a informé le Conseil des événements récents survenus à la paroisse de la Protection-de-la-Mère-de-Dieu et de Saint-Alexandre-Névsky, à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques). A la suite de différends apparus entre le prêtre en charge de cette paroisse, le Père Georges Monjoch, et ses paroissiens, le Conseil paroissial a demandé à Monseigneur l'Archevêque Gabriel de mettre fin à ses fonctions de recteur, ce qui a été fait par décret archiépiscopal en date du 16 décembre 2004. En outre, à la suite des agissements du Père Georges et des propos mensongers qu'il a tenus sur le compte de Monseigneur l'Archevêque Gabriel, le Père Georges a été, par le même décret, suspendu "a divinis" (interdit de célébration) à titre temporaire jusqu' à sa comparution devant une réunion conjointe du Comité épiscopal et du tribunal ecclésiastique. (cf. communiqué de l’Administration diocésaine du 18 décembre 2004).

• Mgr l’Archevêque a donné des précisions sur les derniers développements de la situation. Le Père Georges a, de sa propre autorité, fait mettre des scellés sur l'église rendant impossible la célébration qui y était prévue le dimanche 26 décembre. Ce même dimanche, il a réuni une prétendue "Assemblée Générale Extraordinaire" dans les locaux de l'église. Cette Assemblée Générale Extraordinaire avait été convoquée par lui par lettre du 4 décembre sans l'avis conforme du Conseil Paroissial, pourtant exigé par les statuts. Aucun des membres du Conseil paroissial régulièrement élus en vertu des statuts de l'Association cultuelle n'a pris part à cette assemblée qui était composée d'un nombre important de personnes extérieures à l'Association. L'Assemblée a procédé à des votes mettant fin au mandat du précédent conseil et faisant passer la paroisse sous la juridiction du Patriarcat de Moscou.

• Une discussion s’est ensuite engagée, à l’issue de laquelle le Conseil a décidé l’envoi d’une délégation, le lendemain même, avec à sa tête S. Em. Mgr Gabriel, afin de rencontrer sur place les membres du Conseil paroissial et les paroissiens et d’étudier avec eux la situation et les mesures juridiques à prendre. Elle devait également rencontrer les autorités préfectorales et municipales ainsi que l’ordinaire catholique du lieu afin de les informer de la situation.

• Mgr Gabriel a aussi annoncé qu’il avait signé un décret pour suspendre a divinis (interdiction de célébrer) à titre définitif le père Georges Monjoch et qu’il convoquerait, au cours du mois de janvier 2005, le Tribunal ecclésiastique pour prendre éventuellement d’autres mesures.

• L'émotion des membres du Conseil est à la mesure de la gravité des évènements survenus à Biarritz. Il n'est pas admissible qu'une opération menée par un nombre important de personnes non membres de la paroisse de Biarritz puisse en prendre possession en promettant à son prêtre des moyens financiers nécessaires à la restauration de son bâtiment Une opération de cette nature, totalement contraire aux statuts de la paroisse, à l'éthique la plus élémentaire et, a fortiori, à l'esprit de l'Evangile, doit susciter la réprobation générale. Le Conseil ne peut que regretter dans ces circonstances que certaines personnes qui se déclarent membres de l’Archevêché et affirment agir pour le bien de l’Eglise se réjouissent de cette atteinte manifeste à la liberté et à la paix de la communauté de Biarritz. Le Conseil apporte son plein soutien à Monseigneur l'Archevêque Gabriel dans cette épreuve et demande à l'Administration Diocésaine d'aider le Conseil Paroissial à prendre toutes les mesures que nécessite la situation.



Altéa



• Le Conseil a également pris connaissance avec tristesse et étonnement que la paroisse qui était en voie de formation à Altéa (Espagne) avait pris la décision, sans en avoir préalablement informé ni Mgr l’Archevêque ni l’Administration Diocésaine, de joindre le Patriarcat de Moscou. Ce fait accompli a été entériné par le Saint-Synode du Patriarcat de Moscou, lors de sa session du 24 décembre dernier (journal n° 93).

• En conséquence, après avoir entendu l’avis du Conseil, Mgr l’Archevêque Gabriel a été amené à :

1. Exprimer sa réprobation devant l’attitude et la façon d’agir de la paroisse d’Altéa et de son clergé ;

2. Décréter qu’à compter du 24 décembre 2004, cette paroisse ne fait plus partie de l’Archevêché.

3. Mettre en interdit a divinis le diacre Vladimir Zhukov.

4. Interdire à l’archiprêtre Vladimir Koriak et au diacre Vladimir Zhukov toute célébration dans une église dépendant de l’Archevêché ;

5. Interdire au clergé de l’Archevêché de concélébrer avec eux.



Rappel historique concernant Altéa :

Le projet de construction d’une église orthodoxe à Altéa a été lancé, en 2001, par M. Mikhaïl Botsko, entrepreneur originaire de Rostov-sur-le-Don (Russie), installé depuis peu en Espagne avec sa famille. M. Botsko s’est adressé au défunt Archevêque Serge pour l’ouverture d’une paroisse, dont il entendait être le responsable laïc. Le principe de l’ouverture d’une paroisse à Altéa a été arrêté lors de la réunion du Conseil du 27 juin 2002.

Le père Vladimir Koriak, prêtre du diocèse de Rostov-sur-le-Don, a été invité par M. Botsko à venir desservir la communauté d’Altéa. Mgr Serge a donné au père Vladimir Koriak la permission, par décret daté du 15 septembre 2002, de célébrer à Altéa dans un local paroissial provisoire jusqu’à la construction d'un lieu de culte définitif. À la demande du père Vladimir Koriak, M. Vladimir Zhukov a été ordonné diacre, le 22 septembre 2002, par l'Archevêque Serge, pour l’église d’Altéa.

À part cette lettre de Mgr Serge, les Archives de l’Administration Diocésaine ne gardent trace d’aucun autre document quant à la situation canonique du père Vladimir Koriak, ni décret officiel l’intégrant dans le clergé de l’Archevêché, ni la moindre lettre de son autorité diocésaine en Russie lui permettant de rejoindre un autre diocèse. Le père Vladimir Koriak continuait d’ailleurs à se considérer comme clerc hors-cadre du diocèse de Rostov-sur-le-Don, comme il l’écrit dans une lettre du 24 février 2003 à S. Em. le métropolite Cyrille de Smolensk.

Dans une lettre datée 13 mai 2004, S. Em. le Métropolite Cyrille de Smolensk a alerté S. Em. l’Archevêque Gabriel de la situation non canonique dans laquelle se trouvait, selon lui, l’archiprêtre Vladimir Koriak. lequel avait été mis en interdit a divinis par l’Archevêque Vladimir de Rostov-sur-le-Don (aujourd’hui métropolite de Saint-Pétersbourg), en 1993, pour manquement à l’obéissance à l’autorité épiscopale et passage dans la juridiction de l’Église russe hors-frontières (en Russie).

En réponse à une demande d’information de Mgr Gabriel, le père Vladimir Koriak a été amené à préciser, par lettre du 1er juillet 2004, sa situation canonique. Il a reconnu avoir été suspendu a divinis, mais a indiqué que cette sanction aurait ensuite été levée sous conditions. Il a aussi implicitement reconnu qu’il n’avait jamais informé Mgr Serge de cet interdit. “Dans un entretien personnel, le 22 septembre 2002, Mgr Serge m’a dit que le temps venu il me faudrait faire une demande pour être reçu dans la juridiction du Patriarcat Œcuménique. À l’heure actuelle, je continue à être un clerc hors-cadre relevant du diocèse de Rostov-sur-le-Don du Patriarcat de Moscou”, écrivait-il encore. Dans une nouvelle lettre à Mgr Gabriel, en septembre dernier, le Métropolite Cyrille de Smolensk faisait savoir que les conditions n’avaient toujours pas été remplies et que le Métropolite Vladimir de Saint-Pétersbourg n’avait de fait pas levé l’interdit sur le père Koriak, ce dont il avait été pris acte par l'Administartion Diocésaine.
Claude le Liseur
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"mettons notre nez" en Estonie...

Message par Claude le Liseur »

Jeanne Saint Gilles a écrit :


- Ne serait-ce pas une bonne leçon pour Constantinople qui casse les pieds à tout le monde avec son papisme : je mets mon nez en Estonie, Ukraine etc
Constantinople n'a pas "mis son nez" comme ça en tombant du ciel en Estonie.

De 1923 à 1944, il y a eu une Eglise orthodoxe d'Estonie, autonome dans la juridiction de Constantinople, comme la Finlande. En 1944, à l'arrivée de l'Armée rouge, l'archevêque de Tallin et de toute l'Estonie, Mgr Alexandre, s'est enfui à Stockholm avec des dizaines de milliers de ses compatriotes et il a maintenu en exil l'Eglise d'Estonie telle que celle-ci existait auparavant, alors que cette Eglise fut détruite sur le sol estonien. Si vous voulez, de même qu'il y a une Eglise russe hors frontières, il y a eu une Eglise estonienne hors frontières, mais beaucoup plus réduite en effectifs et toujours sous la juridiction de Constantinople.
A la mort de Mgr Alexandre en 1953, l'épiscopat de cette Eglise estonienne en exil a été confié à Mgr Georges (Jüri Välbe à l'état civil) avec le titre de Ravenne et comme auxiliaire de la métropole de Thyatire. Mgr Georges est mort en 1961, et, comme il n'y avait plus de candidat épiscopable parmi les exilés orthodoxes estoniens, cette Eglise en exil a continué sans évêque qui lui soit propre, comme une administration autonome confiée au soin de la métropole de Suède.
Mais, malgré l'absence d'évêque, cette Eglise en exil a conservé son existence légale et elle est retournée dans son pays d'origine après l'indépendance de celui-ci. Elle est restée autonome au sein de la juridiction de Constantinople comme elle l'avait toujours été depuis 1923, simplement elle est revenue sur son territoire au lieu de demeurer en exil. Les choses se sont donc passées d'une manière quelque peu différente de celle que vous décrivez dans votre phrase.

L'ancien centre de l'émigration orthodoxe estonienne, l'Eglise orthodoxe estonienne en Suède, existe toujours à l'intérieur de la Métropole de Suède et de Scandinavie du patriarcat de Constantinople: Friedhemsgatan 2, 112 40 Stockholm, responsable prêtre Nikolai Suursööt.

Pour plus de détails sur le calvaire du peuple estonien et de son Eglise à l'époque communiste, vous pouvez vous référer à l'ouvrage de Stéphane Courtois, Du passé faisons table rase! , Robert Laffont, Paris 2002, qui est la suite du Livre noir du communisme. Ce livre contient, aux pages 229 à 312, la traduction française par Jean-Pierre Minaudier d'un texte de Mart Laar, ancien Premier ministre estonien et historien de profession, qui est à peu près la seule documentation qui existe en français sur ce sujet. M. Laar est lui-même un ancien exilé en Suède.
"Durant l'offensive soviétique à l'automne 1944, des Estoniens franchirent la Baltique en masse pour fuir la terreur qui s'annonçait. D'après une synthèse établie par la Commission de recherche de 1989, 72'000 personnes réussirent à fuir; d'autres sources donnent le chiffre de 75'000. Pratiquement toute la minorité suédoise d'Estonie prit la fuite. Au moins 4'000 personnes périrent dans des bateaux coulés par l'Armée rouge; d'autres sources estiment que 7'000 personnes au total perdirent la vie sur le chemin de l'exil. 25'000 Estoniens atteignirent la Suède et 42'000 arrivèrent en Allemagne. " (Page 264)
La terreur contre l'Eglise orthodoxe d'Estonie (qui représentait à peu près 15% de la population esthe, celle-ci étant alors luthérienne dans une proportion d'environ 80%) avait en fait commencé dès la première occupation soviétique consécutive au pacte Molotov-Ribbentrop, en 1940-1941:
"Le métropolite de l'Eglise orthodoxe d'Estonie, Aleksander, fut écarté de ses fonctions, et l'Eglise perdit son autonomie vis-à-vis de Moscou. Parmi les prêtres orthodoxes emprisonnés et déportés figuraient l'évêque Joann Bulin, un archiprêtre, huit popes et trois diacres. La mobilisation permit d'éloigner d'Estonie quatre popes et un diacre. L'archiprêtre de Võru, Joan Kraav, fut assassiné, ainsi que deux popes et un séminariste." (Page 296)
C'est cependant ce même métropolite Alexandre qui parvint à s'enfuir en Suède en 1944 (la persécution religieuse avait cessé pendant l'occupation allemande de 1941-44 consécutive à la rupture du pacte des "deux diables").
Au total, pour la période 1940-1950, les pertes de l'Estonie sont estimées à 196'000 morts, soit 17,5% de la population de départ (1 habitant sur 6!), 90% de ces victimes étant imputables au pouvoir soviétique et 10% à l'occupant allemand (page 269). Il convient en plus d'y ajouter les quelque 67'000 exilés dont nous avons parler plus haut, sans même parler des Estoniens déportés dans les camps de concentration communistes (par exemple 22'000 lors de la rafle des 25-29 mars 1949) pour avoir une idée d'une saignée démographique dont on ne parle jamais en Occident, et qui a naturellement failli mener l'Eglise orthodoxe d'Estonie au tombeau.
Jeanne Saint Gilles
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Estonie

Message par Jeanne Saint Gilles »

Merci pour cette précision... Une question, était-il normal de créer une Eglise estonienne dans la juridiction de Constantinople alors que l'Estonie faisait partie de l'Empire russe. N'était-ce pas à l'Eglise russe (qui avait des soucis il est vrai) de donner une éventuelle autonomie à l'Eglise d'Estonie. De même pourquoi c'est Constantinople qui a donné son autocéphalie à l'Eglise de Pologne alors que la Polone faisait partie de l'Empire russe? Car si j'en crois l'exemple de l'OCA et de l'Eglise du Japon, leur autocéphalie et leur autonomie sont venus de Moscou vicissitudes politiques ou pas...

Pourriez-vous m'éclairer sur ce point?
Jérusalem quand pourrai-je te voir?
Jeanne Saint Gilles
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Point de vue anglais sur la vie de l'Exarchat

Message par Jeanne Saint Gilles »

Tiens les affaires orthodoxes russes semblent avoir franchi la Manche car le Père Andrew Philips, recteur d'une paroisse de l'ERHF de langue anglaise publie sur son site en anglais :

http://www.orthodoxengland.btinternet.co.uk/ruedaru.htm

l'article "Les derniers jours de la Rue Daru" (The last days of rue Daru) suivre le lien.

L'article état d'une longueur certaine, je le résume. L'auteur revient dans un premier temps sur les "splits" au sein de l'Eglise russe suite à la Révolution. Virent naissance, l'ERHF, l'OCA et notre célèbre exarchat. L'auteur signale que les deux premières juridictions sont assez grandes pour vivre de façon autonome, ce qui n'est pas le cas de l'Exarchat... Il revient alors sur l'histoire du dit exarchat, sa situation présente etc. Je devrais bientôt traduire le texte intégralement...

VOICI LA TRADUCTION INTEGRALE
LES DERNIERS JOURS DE LA RUE DARU?

Après la revolution russe de 1917, les différentes parties de l’Eglise russe en dehors de la Russie prirent des chemins différents. La plupart des Russes de la diaspora voulurent l’indépendance par rapport à l’Eglise Mère de Russie, qui était alors cruellement persécutée, au point que ses « cadres » administratifs étaient soit massacrés soit politiquement instrumentalisés. Ces Russes de la diaspora à l’esprit indépendant allaient former 3 groupes différents ; un grand groupe à l’échelle mondial, un second groupe uniquement en Amérique du Nord et un tout petit groupe centré à Paris.

L'EGLISE RUSSE HORS FRONTIERE (ERHF)

D’abord il y eut les réfugiés russes qui avaient fui la Révolution. Se rassemblant sous un synode de 34 évêques réfuqgiés et avec la bénédiction du décret n° 362 de 1920 du Patriarche (et futur Saint) Tikhon de Moscow, ils formèrent ce qui est connu sous le nom d’Eglise Orthodoxe russe hors Frontières (ERHF). Quoique que, comme nous verrons, plus de 20% de ses membres plus tard les uittèrent, c’était et c’est un groupe d’ampleur mondiale, avec de très grandes et nombreuses églises en Amérique du Nord et du Sud, en Australie et en de nombreux endroits d’Europe de l’Ouest. Sous son relativement récent « leader », un vrai moine, le Métropolite Lavre, elle négocie à présent, lentement mais avec succès, avec le reste de l’Eglise russe en Russie. Ces 14 évêques, son clergé et ses laïques désirent perdurer en tant qu’organe autonome de l’Eglise russe. Cependant, la plupart désire à présent être en communion eucharistique avec l’autre partie, bien plus grande, de l’Eglise russe en Russie vu qu’elle est libre de la persécution communiste.

Comme il a été dit à notre conférence du diocèse à Francfort la semaine dernière, à laquelle l’auteur participait, un concile réunissant le clergé et les laïcs de toute la diaspora de l’ERHF doit être convoqué pour la fin 2005 ou le début 2006 pour discuter les détails d’un tel accord. Il sera suivi d’un Concile d’Evêque, qui peut, à ce moment, de rétablir la communion avec l’Eglise de Russie ou décider qu’un délai supplémentaire est nécessaire. Très clairement, l’ERHF, à présent multinationale avec ses 85 années à vivre hors de Russie et sa formidable connaissance des conditions pastorales locales sur tous les continents et sa capacité à servir en maintes langues est un groupe suffisamment grand pour voler de ses propres ailes. Néanmoins, à présent que la persécution communiste a cessé, la communion eucharistique avec le reste de l’Eglise en Russie est vue par la plupart comme étant souhaitable


L'OCA Orthodox (Church in America)

Il y avait un second groupe de Russes de la diaspora qui se retrouva en rupture avec l’Eglise en Russie. Il y avait des immigrants économiques russes et carpatho-russes aux Etats-Unis bien avant 1917. Nombre d’entre eux étaient en fait des Uniates, qui retournèrent à l’Orthodoxie uniquement aux Etats-Unis. Après 1917, ils rejoinrent d’abord l’ERHF. Cependant, après bien des hésitations, un petit nombre d’évêques russes d’Amérique du Nord rompit avec l’ERHF et forma un groupe indépendant mais non canonique appelé la « Métropolia ». En 1970, ce groupe reçut l’autocéphalie de la part de l’Eglise de Russie alors toujours assrevie. Depuis lors, il est connu sous le nom de « Orthodox church in America » (OCA). Bien que la canonicité d’un tel acte soit toujours contestée par certains Orthodoxes en Amérique du Nord et ailleurs, il s’agit d’un groupe qui, par son implantation géographique est suffisamment grand pour voler de ses propres ailes. Il a à présent de nombreux évêques et réunit de nombreux descendants d’immigrants russes d’avant la Révolution avec d’autres Orthodoxes. En ce moment, ses dirigeants passent beaucoup de temps en Russie à retisser des liens avec l’Eglise Mère. Il est manifeste que certains dans cette Eglise désirent à présent retourner à leur racines dans la Tradition russe orthodoxe, après une phase de modernisme américanisant et d’errance depuis les années 60.

L'EXARCHAT RUSSE (RUE DARU)

Enfin, il y eut et il y a un plus petit groupe base autour de la Cathédrale russe Rue Daru à Paris. En 1926, sous son leader le Métropolite Euloge, à la daçon du groupe nord américain cité plus haut, il rompit aussi avec l’ERHF dont il représentait environ 10%. Ayant décidé qu’il ne voulait pas être relié avec l’ERHF, il désirait aussi être indépendant politiquement de l’Eglise en Russie, politiquement opressée. Finalement, en conséquence, il décida de quitter l’autorité canonique des deux parties de l’Eglise russe, se plaçant sous l’omophore du Patriarche grec de Constantinople. Ce groupe était composé de la majorité des paroisses d’émigrés russes en France et aussi d’un certain nombre de paroisses hors de France, ailleurs en Europe, notamment à Bruxelles et Londres


La particularité de ce groupe était et est qu’il est centre uniquement sur un pays –la France-.De ce fait, il était estrangement introverti et perdit la vision d’ensemble, plus large et à l’échelle mondiale, de l’émigration russe. Cela est peut-être à l’origine de la naissance au sein de ce groupe réduit d’un sentiment d’importance dans le monde orthodoxe. Ce qui est vrai, c’et qu’il laissa des fragments de son héritage moderniste à Londres, sous feu le Métropolite Antony Bloom, mais aussi aux Pays-Bas et ailleurs, mais il n’a jamais eu l’importance qu’il se donnait

Une seconde paricularité de ce groupe était que, contrairement à la vaste majorité des émigrés russes, ce groupe réunissait un grand nombre d’aristocrates de Saint Pétersbourg, nombre d’entre eux franc maçons, qui avaient réellement fomenté la révolution de 1917. Après que la révolution originelle, qu’ils avaient encouragée, soit allée dans le mauvais sens, étant détournée par les Bolcheviks meurtriers, ces aristocrates émigrèrent en France. C’était un choix naturel, en effet, une maison spirituelle pour une classe francophile et francophone. C’est cette dimension politique qui différentiait l’émigration de Paris de celle des autres émigrés qui avaient formé l’ERHF. De façon peu étonnante, ce groupe incluait en conséquence ce nombreux intellectuels libéraux et philosophes « gauchistes » de l’émigration russe.

La composition sociologique de ce groupe explique en grande partie son autre particularité. Ce fut son choix anti-patriotique de quitter l’autorité canonique et la discipline des deux parties de l’Eglise russe en et hors de Russie. Elle explique aussi le développement au sein de ce groupe d’une tendance qui dénigrait la Tradition russe orthodoxe et ses Saints. Dans son indiscipline et désobéissance, anti-monastique, anti-ascétique, maçonnique, moderniste et en faveur d’une rénovation, ce groupe de la Rue Daru fabriqua même l’une des rares hérésies à être sortie de l’Eglise orthodoxe au 20e siècle. Ce fut la fantaisie philosophique connue sous le nom de Sophianisme. Une tentative de réconcilier la théologie orthodoxe avec la philosophie humaniste de l’Occident. Dieu merci, elle est à présent largement oubliée dans la poussière des étagères des bibliothèques. Cependant, cette influence indirecte de ce courant moderniste a toujours été présente dans le groupe de la Rue Daru.

Cependant, il faut dire que dès le début, ce groupe eut aussi en son sein quelques personnalités solidement orthodoxes. Ainsi, même son premier métopolite, Euloge, maintint fermement en 1931 que le statut de ce groupe, alors un Exarchat du Patriarcat œcuménique était purement temporaire et que dès lors que l’Eglise mère de Russie serait libre, le groupe retournerait sous l’autorité canonique de l’Eglise Mère. C’est ce que le Métropolite fit à deux reprises, brièvement.


La première dois, ce fut en 1935 quand, encourage par le grand Patriarche Barnabé de Serbie, il retourna brièvement au sein de l’ERHF. La seconde fois, ce fut en 1945, quand il pensa prématurément que l’Eglise Mère de Russie avait été émancipée par Staline ; il retourna alors à l’Eglise Mère. Cependant, il ne fut pas suivi dans ces actions par le reste de son groupe lors de ces deux moments. Entre 1966 et 1971, le groupe de la Rue Daru devint un regroupement isolé et non canonique, abandonné par le Patriarche de Constantinople, sous la pression du Part communiste soviétique. En 1971, Constantinople le reprit sous son omophore en tant qu’archidiocèse. Cependant, dans les 5 dernières années, il a regagné son statut d’Exarchat.

La nature duale de ce groupe est illustrée par ma proper experience.Je me souviens parfaitement, alors étudiant de Saint Serge voilà 25 ans (à l’Isntitut de Théologie orthodoxe de Paris qui est sous la jurisdiction de la Rue Daru), les manifestions suivantes de schizophrénie. En tant qu’étudiants à l’Institut, nous étions choqués d’apprendre que le nouveau calendrier était le « seul calendrier correct » et que tout les Orthodoxes devaient adopter la date de Pâques des catholiques. Cependant, à la paroisse de Saint Serge, tout était traditionnel. Même la simple mention de l’usage du noveau calendrier aurait suscité une émeute. Un autre prêtre déclara dans ses cours de « Théologie pstorale », qui s’avéra être une éloge du Concile Vatican II, que le groupe hérétique et schismatique, les Rénovateurs, des années 20, ne fut pas « une si mauvaise chose » (sic). D’une autre côté, quelques membres du clergés et la plupart de ses fidèles étaient ouvertement loyaux à la tradition russe orthodoxe.

Ce groupe, avec aujourd’hui quelques 40 lieux de culte en France où il célèbre régulièrement la liturgie et une autre vingtaine d’église en Europe de l’Ouest est dans une situation difficile. A l’inverse de l’ERHF et de l’OCA, il est trop petit pour voler de ses propres ailes. Il ne peut jamais devenir une partie autonome de l’Eglise russe. Au mieux, il pourait être un petit diocèse, partie d’une Eglise plus grande. Bien qu’il ait 3 évêques, deux sont à la retraite pour une série de raisons. Sans aucun monastère dufait de son esprit anti-monastique, il a mis son espoir pendant des décennies sur des prêtres veufs pour avoir des évêques. De plus, depuis la mort de son 5e archevêque, Serge, en 2003, qui avait cherché une réintégration en douceur au sein de l’Eglise Mère, il traverse des temps difficiles et turbulents. En 2003, il a élu son 5e archevêque, Mgr Gabriel, qui a pris une position anti-russe et anti-Tradition.

Il a clairement pris fait et cause pour les elements modernistes du groupe, connu sous le nom de la Fraternité orthodoxe. Ils se considèrent comme les héritiers de la tendance du Sophianisme et publient leurs vues dans un magazine rénovationniste connu sou le nom du SOP [Service orthodoxe de Presse ; note de la traductrice]. Certains disent que Mgr Gabriel est simplement prisonnier ou au mieux une marionnette de cette « Fraternité ». Ses canonisations récentes, non reconnues par les autres parties de l’Eglise russe, le sont aussi par certains membres de sa propre juridiction.

En effet, il semble être retourné aux politiques pro-Phanariotes, anti-russes et contre l’orthodoxie locale [Doute dans ma traduction] de feu Mgr George (Wagner), 1981-1993, leader dugroupe avant Mgr Serge (1993-2003). Ceux qui souffrirent des politiques de Mgr George dans les années 1980, se rappellent parfaitement de ses positions contre la Tradition. En fait, nous savons ce qui va arriver si la politique actuelle de la Rue Daru se poursuit. Ce qui est déjà survenu ces dernières années nous indique la direction à venir et la décomposition de ce groupe.

Tout d’abord, ces toutes dernières années, la paroisse de l’Exarchat à Rome (anciennement au sein de l’ERHF) est retournée à l’Eglise mere de Moscou. Alors, l’église de Clamart (banlieue parisienne), toujours attachée à Moscou qui est traditionnel alors que Saint Pétersbourg est moderniste, est rentré à Moscou. Le même prêtre, un patriote russe, fut impliqué dans ces deux affaires. Plus récemment, Mgr Gabriel étant en place, l’église de Charleroi en Belgique est retournée à Moscou. A présent, voilà quelques jours à peine, l’église d’avant la révolution de Biarritz, sous la direction du Père Georges Monzosh, un ancien prêtre de l’ERHF est aussi rentrée à Moscou.

Parallèlement, des individus ont aussi pris le chemin de Moscou que ce soit physiquement (comme dans le cas d’un prêtre, d’un protodiacre et d’au moins un autre prêtre demandant leur transfert à Moscou) ou spirituellement. [Je ne suis pas sûr d’une traduction correcte]. Tel est le cas des membres de l’association appelée OLTR, le mouvement pour une Orthodoxie locale de Tradition russe, qui est principalement composé de membre de la juridiction de la Rue Daru. Ce qui est inévitable va arriver. Très clairement après Biarritz, Moscou va espérer récupérer d’autres monuments d’avant la Révolution, les Eglises de Nice et bien sûr à Paris, la Cathédrale St Alexandre Nevsky elle-même. De façon intéressante, les principauc prêtres dans ces deux églises majeures sont des anciens laïcs de l’ERHF. On dit que Mgr Gabriel limite à présent les contacts avec Moscou, les concélébrations avec Moscou et les déclarations pro-Moscou et pro-russe. Pour certains Russes, ce ci est équivalent à de la persécution, persécution de leurs idéaux sur la Sainte Russie et sur leurs racines.

En fait, c’est exactement ce que d’autres int déjà entrepris dans les annés 80, sous Mgr George (Wagner). Là aussi, les éléments patriotiques et en faveur de la Tradition furent mis de côt et persécutés. Je me souviens bien comment, en 1988, millénaire du Baptême de la Russie, la cathédrale Rue Daru était un territoire interdit aux autres évêques russes mais le cardinal catholique de Paris était présent. Pour beacou, ce fut la goutte de trop. Le récent office des Vêpres orthodoxes à la cathédrale Catholique Notre Dame de Paris, avec ses prières pour le Cardinal de Paris, peut aussi être la goutte de trop pour d’autres personnes de la juridiction de la Rue Daru.

Il est clair que tous les patriotes russes et tous ceux qui confessent la Tradition orthodoxe russe, quel que soit leur nationalité et leur langue, doivent retourner à une partie ou à une autre de l’Eglise russe. La réintégration au sein de l’Eglise Mère, mais avec une autonomie locale, tel est le destin inévitable de tous les croyants russes orthodoxes hors de Russie. La question n’est pas « si » mais « quand ». C’est ce que les évêques et fidèles de l’ERHF entreprennent. Tout en gardant leur autonomie, providentiellement accordée par le futur Saint Tikhon de Moscou en 1920, la plupart des membres de l’ERHF veulent rétablir des relations normales avec Moscou et leurs racines canoniques. C’est aussi ce que recherche le mouvement OLTR. Pourquoi pas le reste de la Rue Daru ?

La seule surprise est peut-être le fait que la juridiction de la Rue Daru dans son ensemble ne soit pas déjà retournée à Moscou. Il faut amèrement regretter que son archevêque du moment Mgr Gabriel, semble suivre une politique anti-russe et moderniste, échouant ainsi à saisir l’occasion. Certainement, cette position n’est rien de plus qu’un signe de raidissement avant la fin. Certainement, la Rue Daru a suffisamment erré. La politique d’intolérance (il n’y a rien de plus intolérant que le libéralisme) et d’isolement conduit à son effondrement inévitable.
Graduellement, ses paroisses retournent spontanément à l’Eglise Mère, tout comme nombre de son clergé et de ses fidèles dans le passé rentrèrent dans l’Eglise Mère en rejoignant l’ERHF. Le groupe de la Rue Daru rique d’être à terme un groupe isolé d’intellectuels modernistes, anti-patriotiques, anti-russes, en dehors des deux branches canoniques de l’Eglise Mère. L’unique alternative au retour dans l’Eglise russe est d’accepter la pleine absorption dans les pratiques néo-calendériste, moderniste et oecuméniste du controversé Patriarche de Constantinople.


Que celui qui a des oreilles entende.

Père Andrew

Veille de la Nativité de NS J-C

24 décembre 2004
6 janvier 2005



La traduction est achevée...
Dernière modification par Jeanne Saint Gilles le ven. 14 janv. 2005 12:56, modifié 7 fois.
Jérusalem quand pourrai-je te voir?
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

L'article en question est bourré d'erreurs dans lesquelles le père Philips s'est laissé entraîner par sa passion francophobe et anti-grecque.

Par exemple, ce passage est très révélateur:

A second particularity of this group was that, unlike the vast majority of Russian emigres, this group also united a great many of the St Petersburg aristocrats, many of them freemasons, who had actually fomented the anti-Tsarist Revolution of 1917. After their original Revolution, which they had encouraged, had gone wrong, being taken over by the murderous Bolsheviks, these aristocrats had emigrated to France. This was a natural choice, indeed a spiritual home for a francophile and francophone class. It was this political dimension which differentiated this Paris emigration from the rest of the Russian emigres who had formed ROCOR. Not surprisingly, this group therefore included many of the liberal intellectuals and left-leaning philosophers of the Russian emigration.

Ma traduction:
Une deuxième particularité de ce groupe (la rue Daru, NdL) était que, contrairement à la grande majorité des émigrés russes, ce groupe unissait aussi un grand nombre des aristocrates de Saint-Pétersbourg, parmi lesquels beaucoup de francs-maçons, qui avaient en fait fomenté la révolution anti-tsariste de 1917. Après que la Révolution qu'ils avaient encouragée s'était fourvoyée en tombant entre les mains des Bolcheviks assassins, ces aristocrates avaient émigré en France. C'était un choix naturel, en réalité un foyer spirituel pour une classe francophile et francophone. C'est cette dimension politique qui différenciait l'émigration parisienne du reste des émigrés russes qui avaient formé l'Eglise russe hors frontières. Il n'est donc pas surprenant que ce groupe ait inclu beaucoup des intellectuels libéraux et des philosophes gauchisants de l'émigration russe.


La phrase que j'ai mise en gras est un beau morceau de francophobie, comme le site du père Philips en recèle tant: elle sous-entend que les francs-maçons de l'émigration russe se sont installés au pays des méchants Français francs-maçons, mais elle ne résiste guère à l'examen. Comme ça, pan sur un pays (la France) et pan sur une juridiction (la rue Daru). A lire le texte, on se demande même si le principal péché de la rue Daru, aux yeux du père Philips, n'est pas d'avoir son centre en France.
Elle me donne surtout envie de demander au père Philips pourquoi pratiquement tous ces éléments "francophones et francophiles" étaient installés à Berlin jusqu'en 1923. Le choix de Berlin n'était guère une manifestation de francophilie dans le contexte de l'époque. En tout cas, leur passion "francophone et francophile" pour leur "foyer spirituel" n'a guère titillé ces aristocrates et philosophes libéraux jusqu'à la grande inflation allemande de 1923.
Ces émigrés ne se sont retrouvés en France que par la conjugaison de trois facteurs: la ruine de l'Allemagne lors de la terrible inflation de 1923; le redressement économique très rapide de la France après la première guerre mondiale; l'appel de la France à l'immigration étrangère pour remplacer les 2 millions d'hommes perdus à cause de la Grande Guerre. Comme les Etats-Unis se sont en plus fermés à partir de 1919 par la politique des quotas, la France s'est retrouvé le premier pays d'immigration au monde entre 1919 et 1939. Les émigrés russes se sont retrouvés en France pour la même raison que les Arméniens, les Italiens, les Espagnols, les mineurs polonais du Nord ou les ouvriers kabyles à Paris et à Marseille: parce que c'était un pays où il y avait du travail pour tout le monde et que l'Allemagne n'offrait plus d'alternative sérieuse. Il n'y avait nul déterminisme francophone ou francophile là-dedans. Ou alors qu'on me prouve, par exemple, que les Kabyles, arrivés en France très nombreux au cours de cette période qui vit aussi l'arrivée des émigrés russes, constituent une population francophone et francophile dont la France serait le foyer spirituel. Beaucoup de jeunes Français ont suffisamment payé de leur personne en Kabylie entre 1954 et 1962 pour constater que tel n'était pas le cas. Voilà ce que valent, à mon avis, les théories exprimées dans ce passage du texte du père Philips. J'ai rarement vu des populations émigrer en masse dans un pays parce qu'elles en sont particulièrement attirées par la langue et la culture (sauf à classer dans cette catégorie l'exode des Alsaciens-Lorrains vers la France de l'intérieur en 1871-1872? Mais peut-on parler d'émigration dans le cas de gens qui quittent leurs foyers parce que ceux-ci ont été arrachés à leur patrie?).

Le père Philips oublie que les éléments réellement francophiles de l'émigration russe, ceux qui ont voulu faire une mission orthodoxe au profit des Français, étaient presque tous concentrés, entre 1931 et 1959, dans la juridiction du patriarcat de Moscou, et non dans celle de la rue Daru, et qu'ils n'étaient pas particulièrement libéraux ou modernistes sur le plan religieux (sauf Eugraphe Kovalevksy, et encore...). C'était sous la juridiction du patriarcat de Moscou que se trouvait Vladimir Lossky et que devait se trouver plus tard l'archevêque Séraphin (Rodionov) de Zurich, deux grands francophiles devant l'Eternel, et deux grands partisans de la mission orthodoxe en Europe occidentale, pour ne citer qu'eux.
Jean-Serge
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Message par Jean-Serge »

lecteur Claude a écrit : La phrase que j'ai mise en gras est un beau morceau de francophobie, comme le site du père Philips en recèle tant
Je ne suis pas très au fait des questions historiques mais pour ma part j'aime bien le site du Père Philips et ses articles. C'est bizarre je ne perçois pas en le lisant cette francophobie dont vous parlez, ni d'hellénophobie. A moins que vous n'ayez entendu par anti-grec anti-phanariote...

Une question historique : l'Exarchat est-il oui ou non issu de l'ERHF. Maints écrits de l'ERHF le disent mais à lire d'autres écrits, l'Exarchat se serait séparé de Moscou simplement.
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Jeanne Saint Gilles
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L'article du Père Andrew

Message par Jeanne Saint Gilles »

L'article du Père Andrew me semble pertinent. Je suis incompétente sur les détails historiques. Toutefois, sur bien des points il a raison :

- une certaine tendance aux gens de la Rue Daru à se sentir important. Tout d'abord par leur Ecole de Paris (dont on sait les dérives et le modernisme). Mais aussi, ils se sentent déjà le pilier de la future église locale multi-ethnique etc. La métropole roumaine fonctionne bien mais ils ne se gonflent pas d'orgueil...

- les sentiments anti-russe sont réels notamment chez certains qui je crois, feraient une crise cardiaque en entendant du slavon...

- on ne peut nier une tendance au retour à l'ordre légitime, certaines paroisses ont fait le chemin : d'ailleurs on peut se demander pourquoi ne pas rentrer à Moscou qu que le communisme est mort. La réponse qu'ils donnent : "oui nous sommes multi ethnique etc etc". Mais l'Eglise russe a toujours été multi ethnique!!! Très manifestement avant 1917 avec ses missions en Asie centrale et aujourd'hui encore les Japonais célèbrent en japonais.

A mon avis, ce désir de rester dans cette situation au sein de Constantinople est motivé par l'envie de conserver une indépendance qui permet de faire faire sa cuisine oecuménicoo-moderniste bien tranquille. Bien sûr Constantinople soutient car Monsieur Bartholomée a des ambitions un rien papistes...

Corrigez-moi si mon diagnostic est erroné...
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Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Jean-Serge a écrit :Je ne suis pas très au fait des questions historiques mais pour ma part j'aime bien le site du Père Philips et ses articles. C'est bizarre je ne perçois pas en le lisant cette francophobie dont vous parlez, ni d'hellénophobie. A moins que vous n'ayez entendu par anti-grec anti-phanariote...
Un exemple concret, parmi tant d'autres, de la francophobie gratuite de ce site:

And further to the south, in stricken Black Africa, lies Rwanda, where ten years ago French-backed rebels hacked nearly a million Rwandan peasants to death.

Ma traduction:

Et plus loin au sud, dans l'Afrique noire affligée, se trouve le Rwanda, où, il y a dix ans, des rebelles soutenus par les Français ont coupé en morceaux près d'un million de paysans rwandais.

Ce soutien français au génocide est une affirmation totalement gratuite et mensongère, mais qui sert tellement bien les intérêts anglo-saxons en Afrique noire... Pourquoi ne pas écrire que les Français ont inventé les Hutu et les Tutsi, tant qu'on y est? Et vraiment, le lien avec l'Orthodoxie est évident!

Je pourrais relever bien d'autres erreurs de ce type.

Il est en outre évident que le site n'est pas dirigé contre le Phanar uniquement, mais contre tout ce qui est grec, avec une présentation de l'Orthodoxie grecque stupéfiante pour qui en connaît un peu la vitalité (voir l'article sur le fils de prêtre qui était dans groupe 17-Novembre).
S'il y en a qui ne pardonnent pas aux Grecs de leur avoir apporté l'Orthodoxie, c'est leur problème.
Pour ma part, je sais ce que je dois aux Grecs et aux Roumains.
Jean-Serge
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L'article du Père Andrew

Message par Jean-Serge »

lecteur Claude a écrit : Ce soutien français au génocide est une affirmation totalement gratuite et mensongère, mais qui sert tellement bien les intérêts anglo-saxons en Afrique noire... Pourquoi ne pas écrire que les Français ont inventé les Hutu et les Tutsi, tant qu'on y est? Et vraiment, le lien avec l'Orthodoxie est évident!
Le lien avec l'orthodoxie est lointain il est vrai. Mais ce serait naïf de dire que la France ne savait rien de ce qui se tramait au Rwanda avant le génocide... Ca m'a l'air un peu gros de dire cela... Bon mais on pense ce qu'on veut de ce site... que je continue à apprécier...

Pour en revenir sur l'article en lui-même, il est vrai que le Père Andrew oublie le Monastère de Bussy (féminin)... Je ne suis pas très d'accord quand il semble faire porter le chapeau des Vêpres orthodoxes à l'Exarchat seul car il y avait aussi Mgr Jossif (roumain) , Mgr Emmanuel (Constantinople) et comme l'a si bien dit Jeanne dans le fil qui y était consacré, le diacre était du Patriarcat de Moscou (Notre Dame Joie des Affligés plus précisément)...

Mais je ne vais pas commenter par écrit l'actualité d'une juridiction qui n'est pas la mienne...
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Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Oui, mais ce que vous ne voyez pas, c'est que l'option fondamentalement francophobe du site du père Philips l'amène à une présentation de l'histoire de la rue Daru qui n'a guère de rapport avec ce qui s'est passé en réalité.

Bien. Résumons. Soit un auteur qui n'aime pas la juridiction de la rue Daru et qui n'aime pas tout ce qui est français ou francophone. Parfait, c'est son droit, mais voyons à quoi cela va l'amener.

Puisque la rue Daru a quelque chose comme 70% de ses effectifs en France, il est donc facile d'affirmer que cette juridiction est centrée sur la France parce que les émigrés russes qui l'ont formé étaient naturellement attirés par la France, puisqu'ils étaient "francs-maçons en grand nombre" et "gauchisants". Ce n'est pas mon interprétation: c'est exactement ce qui est écrit dans l'article du père Philips.

Mais la véritable raison pour laquelle la rue Daru n'est pratiquement présente qu'en France et en Belgique est toute autre. A mon tour de rappeler des faits qui ont eu beaucoup plus d'importance dans l'apparition de cet état de fait qu'une francophilie ou francophonie supposée de ce milieu.

Il est de mon devoir de rappeler qu'avant l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler, la rue Daru était aussi fort présente en Allemagne, où elle n'a plus aujourd'hui qu'une paroisse. Et que s'est-il passé à partir de 1933? Laissons la parole au pasteur Reinhard Thöle, dans Orthodoxe Kirchen in Deutschland, Vandenhoeck & Ruprecht, Gottingue 1997, p. 28:

Nach der Machtergreifung des Nationalsozialismus begünstigte dessen Kirchenpolitik der Gleichschaltung die Auslandskirche der Karlowitzer Synode von Bischof Tichon und verlieh der "Russisch-Orthodoxen Diözese des Orthodoxen Bischofs von Berlin und Deutschland" 1936 den Status einer Körperschaft des öffentlichen Rechts. Die Gemeinden, die sich zu Metropolit Evlogij hielten, wurden gezwungen, sich mit ihrem Grundbesitz der Auslandskirche anzuschliessen.

Ma traduction:

Après sa prise du pouvoir, la politique ecclésiastique de "mise au pas" pratiquée par le national-socialisme favorisa l'Eglise hors frontières du synode de Sremski Karlovci de l'évêque Tikhon et accorda en 1936 au "diocèse orthodoxe russe de l'évêque orthodoxe de Berlin et de l'Allemagne" le statut de corporation de droit public. Les paroisses qui se trouvaient dans la juridiction du métropolite Euloge furent contraintes de se rattacher à l'Eglise hors frontières avec leurs biens fonciers.

Il est donc facile au père Philips de reprocher à la rue Daru d'être centrée sur la France et de l'expliquer par la francophilie de l'aile gauche de l'émigration russe, quand on sait que toute présence de la rue Daru en Allemagne (l'autre pays important de l'émigration russe en Europe occidentale) fut interdite par le pouvoir politique en 1936, et ce au profit de l'Eglise dont relève le père Philips, qui se trouve ainsi être juge et partie!

Ce n'est même pas que la décision allemande de 1936 ait été forcément arbitaire; il se peut même qu'elle ait été motivée par le désir de remédier aux divisions de l'émigration russe; je ne me prononce pas sur la moralité de l'acte, mais je souligne qu'il a sans doute eu plus d'influence sur la situation géographique présente de la juridiction de Daru qu'une très hypothétique francophilie de ses cadres.

Je précise que, de mon côté, je n'ai aucun lien avec la rue Daru. Et je n'ai jamais compris comment un diocèse qui avait changé sept fois de statut canonique en 80 ans d'existence, jusqu'à inventer le statut jusqu'alors inconnu en droit canonique orthodoxe d'"indépendance", avait pu se faire le juge de ce qui est canonique et de ce qui ne l'est pas à travers le SOP. Cela étant, leurs affaires ne me concernent pas tant qu'ils ne se mêlent pas de celle des autres.
Jean-Serge
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D'accord

Message par Jean-Serge »

Merci pour ces indications historiques précieuses... Manifestement vous avez de bien précieuses archives...
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Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Puisque nous avons vu dimanche après-midi le retour sur ce forum de la grandiose et inlassablement ressortie reductio ad hitlerum , je me rends compte que je dois absolument apporter une précision à la citation que j'ai faite du pasteur Thöle avant que quelqu'un n'ait l'idée de l'utiliser contre l'Eglise russe hors frontières.

Si, en 1936, le gouvernement allemand a imposé l'union de toute l'émigration russe qui se trouvait sur son territoire au profit de l'Eglise russe hors frontières, ce n'est pas parce que cette Eglise aurait été à droite ou que la juridiction de la rue Daru aurait été le fief des philosophes "gauchisants", pour traduire l'expression du père Philips. Le gouvernement allemand était fort peu intéressé par la position respective des évêques de l'émigration russe à l'égard de la restauration de la monarchie en Russie. Ce qui l'a amené à donner la préférence à l'Eglise russe hors frontières, c'est qu'elle parmi ses évêques un Allemand de souche, originaire de Saxe, Mgr Séraphin (Lade), et qu'il paraissait dès lors plus intéressant de pouvoir remettre la direction pastorale des émigrés russes à un évêque originaire du pays. Si la rue Daru, et non le synode de Sremski Karlovci, avait eu à cette époque un converti allemand parmi ses évêques, il est plus que probable que le gouvernement allemand aurait imposé l'union de l'émigration russe sur son territoire autour de la rue Daru. Et aujourd'hui cet archevêché aurait quarante paroisses en Allemagne, et l'article cité plus haut ne pourrait plus lui faire le reproche d'être centré sur la France. En tout cas, il semble que les considérations d'opinions politiques n'aient joué dans cette affaire aucun rôle par rapport aux considérations de personnes.

Il y a beaucoup d'accidents de l'Histoire qui aboutissent à des situations qu'on essaie d'expliquer a posteriori par des déterminismes.
Jeanne Saint Gilles
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Un texte de Michel Laroche

Message par Jeanne Saint Gilles »

Avis des modérateurs:

Votre message a été supprimé:

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Antoine.
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