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Liturgies orientales

Publié : mer. 30 juil. 2003 14:43
par Antoine
Date : 06.05 10h02
auteur : Tangi


Christ est ressuscité !

Bonjour à vous tous.
J'ai récemment compris qu'il y avait plusieurs
liturgies dans l'Orthodoxie
(et oui le chemin est long pour les nouveaux
venus ;-) ), et qu'elles
correspondaient plus ou moins aux anciennes
provinces ecclésiastiques romaines
(on pourrait dès lors établir un rapprochement
avec l'architecture
paléochrétienne). Est-ce que je me trompe ?
Dans l'église orthodoxe, seules les litugie de saint
Jean Chrysostome et
de saint Basile sont en usage. Toutefois, les
églises chrétiennes orientales
célèbrent-elles selon ces liturgies (liturgie de
Jérusalem,
liturgie de saint Jacques)?
En fait, je souhaiterais débrouiller l'écheveau qqui
s'est créé dans mon esprit
et donc je cherche des ouvrages ou des sites
clairs qui explicitent les origines
et l'histoire des liturgies orientales.
Pouvez-vous m'aider ?

Par ailleurs, j'ai récemment découvert qu'avant
que n'intervienne le rouleau
compresseur caroloingien et ses réformes
religieuses, des liturgies "nationales"
étaient également en usage en Occident telle que
la liturgie celtique, la
liturgie gallicane ou la liturgie
mozarabe. Que connait-on d'elles ?
Est-ce que l'Eglise orthodoxe les reconnait ou
alors les tentatives pour leur
redonner vien'ont abouti qu'à des dérives
sectaires ?

Merci d'avance pour ces renseignements.

Publié : mer. 30 juil. 2003 14:44
par Antoine
Date : 06.05 12h51
auteur : lecteur Claude

Si le rite byzantin utilise essentiellement les
liturgies de saint Basile le
Grand et de saint Jean Chrysostome, la liturgie
de saint Jacques n'est pas
entièrement tombée en désuétude, puisqu'elle
est encore célébrée en certains
lieux (Syrie, Liban,Jérusalem, Zante,
occasionnellement Le Pirée) le 23 octobre,
jour de la fête de l'apôtre. La Diaconie
apostolique de l'Eglise de Grèce a
plusieurs fois édité depuis 1964 un texte de la
liturgie de saint Jacques. Il y
a eu des tentatives pour faire revivre les liturgies
de saint Marc et de saint
Grégoire le Théologien à Alexandrie.

La liturgie arménienne est très proche de la
liturgie de saint Jean Chrysostome,
l'Eglise d'Arménie ayant longtemps dépendu de
la Cappadoce.

L'Eglise copte utilise les liturgies de saint Marc,
de saint Grégoire le
Théologien et de saint Basile le Grand. Une
édition trilingue copte-arabe-
anglais de cette dernière liturgie a été publiée
par l'Université américaine du
Caire et est peut-être encore disponible sur
amazon.com.

L'Eglise d'Ethiopie utilise les liturgies
alexandrines avec des anaphores qui
lui sont propres (dont certaines venues de Syrie)
et des adaptations au génie
africain (musique liturgique).

Les Syriaques et l'Eglise de l'Inde suivent la
liturgie syrienne occidentale,
les Assyriens la liturgie syrienne orientale.

Le meilleur manuel d'introduction à la liturgie a
été écrit par un prêtre
orthodoxe polonais:
Henryk PAPROCKI (traduit du polonais par
Françoise LHOEST)
Le mystère de l'eucharistie
Le Cerf
Paris 1993
disponible sur amazon.fr

Les rites occidentaux anciens ont été
magistralement étudiés au XIXème siècle
par Mgr Duchesne. Ils ne sont plus guère utilisés
aujourd'hui. Quelques
paroisses de l'Eglise orthodoxe copte française
suivent la liturgie de saint
Germain de Paris écrite par les frères
Kovalevsky d'après les travaux de Mgr
Duchesne et du père Guettée (entre autres), de
même, paraît-il, que quelques
paroisses de la Métropole orthodoxe roumaine
d'Europe occidentale et méridionale.
Le rite celtique d'après le missel de Stowe est
célébrée dans une Celtic
Orthodox Church des Etats-Unis, rivale de
l'"Eglise orthodoxe celtique" de Saint-
Dolay, et dont la succession apostolique me
semble tout aussi sujette à caution.
Enfin, la Métropole autonome de Milan, d'Europe
occidentale et des Amériques
(dissidence des vieux-calendaristes grecs sous
la conduite de l'évêque allemand
Euloge (Hessler) installé à Milan) utilise un peu
le rite italique reconstitué
par Mgr Alexis de Meudon en Italie du Nord, et,
sur une plus grande échelle aux
Etats-Unis, le rite de Sarum (rite anglo-saxon
célébré à Salisbury au Xème
siècle) reconstitué par le monastère Saint
Hilarion d'Austin.
En ce qui concerne les rites occidentaux
postérieurs au schisme, une trentaine
de paroisses du patriarcat d'Antioche (Western
Rite Vicariate aux Etats-Unis,
British Orthodox Deanery en Grande-Bretagne)
utilisent des versions
orthodoxisées des liturgies anglicane (Cranmer)
et tridentine (Pie V), c'est-à-
dire avec suppression du Filioque et adjonction
d'une épiclèse.
Vous trouverez plus d'informations sur la
situation actuelle des rites
occidentaux en utilisant le moteur de recherche
du site Religioscope de Jean-
François Mayer.

Publié : mer. 30 juil. 2003 14:45
par Antoine
Date : 07.05 16h02
auteur : Tangi


Merci beaucoup pour tous ces renseignements, je
vais me procurer cet ouvrage sur
la liturgie dès que possible.
En ce qui concerne les rites orientaux, j'ai lu avec
attention les pages de
Mayer et à vrai dire cela correspond à ce que je
craignais. Du flou, de la
dérive. En général, je me méfie de tout ce qui est
aujourd'hui labélisé
"celtique". Ce qui n'empêche pas de s'interesser
à l'histoire de ces rites.
En Christ

Pour finir...

Publié : mer. 30 juil. 2003 16:11
par totocapt
J'ai fait un patchwork de renseignements collés les uns aux autres, pour parler d'un rite occidental qui n'a pas été évoqué, le rite mozarabe!

Rite mozarabe (co Séville) : liturgie d'origine wisigothique que préservèrent pendant l'occupation arabe les chrétiens de Tolède. Il s'agit du culte conservé par les chrétiens sous la domination arabe et qui n'a pas suivi l'évolution du rite Grégorien pour garder le rite Isodorien. Après la reconquista, les habitants refusèrent d'adopter le rite Grégorien que voulait leur imposer Alphonse VI. Finalement, le roi tolère la conservation du rite là où il existait antérieurement. C'est pourquoi certaines cathédrales comportent des chapelles mozarabes.

Rite mozarabe et rite ambrosien sont des variantes du rite des Gaules. Le souci de maintenir la foi contre les hérésies, de fixer la liturgie en constituant le rite mozarabe, ne nuisit pas, en lui, au désir de transmettre aux Visigoths ce qu'avaient conquis la philosophie et la science antiques. L'ordre répand la réforme liturgique romaine en Europe et particulièrement en Italie et en Espagne où elle provoque la disparition presque totale du rite mozarabeAprès la reconquête, il fut supprimé par le pape saint Grégoire VII, en 1074 : À partir du XIè s., les moines clunisiens pénètrent dans le pays et établissent leur contrôle sur la plupart des maisons espagnoles. Le règne d'Alexandre III voit l'intrusion de la papauté dans les affaires espagnoles. Le premier objectif est de réformer l'Église. C'est le légat Hugo Candidus qui s'en charge. Il remplace le rite mozarabe par le rite romain…

A propos de la Gascogne : sa spécificité tiendrait, selon Renée Mussot-Goulard, au fait que la Gascogne ait été évangélisée par trois courants, oriental, africain et romain, et se caractériserait par une liturgie ancienne, présentant des analogies avec la liturgie mozarabe ; cette particularité se prolongea, puisqu'en 1061, quand Austinde d'Auch demanda la suppression du rite mozarabe, c'était en fait les traditions gasconnes qu'il attaquait... Le sud-ouest: ancienne terre wisigothe et mozarabe?

Le plus bel ordre, et le plus intéressant, était sans conteste l'Ordre des Mozarabes, toge bleu royal et chapeau jaune vif, une survivance espagnole qui date de la Reconquista. Quand la majeure partie de l'Espagne était gouvernée par des Musulmans, les Chrétiens s'y maintenaient sous le nom de mozarabes, dont les rites, avec le temps, se différencièrent de ceux de Rome. Lors de la prise de Tolède, au XIIe siècle, les vainqueurs se trouvaient confrontés au problème suivant : accepter ou rejeter les mozarabes ? Un jugement de Dieu fut imposé : placer deux bibles dans le feu, une catholique et une mozarabe, et celle qui ne brûlerait serait considérée comme la seule véritable. La légende veut que la bible catholique n'ait pas brûlé et que la bible mozarabe soit sortie du feu, les deux rites étant déclarés valables. Les populations pratiquant le rite mozarabe se sont raréfiés avec les siècles. Aujourd'hui, la pratique en a disparu, sauf dans une chapelle latérale de la Cathédrale de Tolède, où l'on célèbre encore la messe dans ce rite tous les matins à neuf heures. Je m'y étais rendu, voici quatre ans, par pur intérêt esthétique. J'y fus la seule personne en compagnie de 5 prêtres.

Samedi 16 décembre 2000 , Basilique Saint-Pierre : Célébration de la Messe en rite mozarabe ; Pour la première fois dans l'histoire une messe du rite mozarabe a été célébrée à Rome. Le rite mozarabe a ceci de particulier qu' il ne peut être célébré que dans un nombre d'églises déterminé et très restreint, toutes situées à Tolède, siège primatial de l'Espagne. Ce rite resta en vigueur sous la domination arabe, où il prit le nom de rite mozarabe, du nom des chrétiens mozarabes (de l'arabe mostareb, qui ont été faits arabes).

Pour finir, juste pour dire qu'existait au Portugal un rite autochtone également, connu sous le nom de rite de Braga...