On trouvera sur le site de l'Eglise orthodoxe en Amérique (OCA), à cette adresse http://www.oca.org/PDF/SIC/2008-0903-1-sicreport.pdf , l'intégralité du rapport de l'audit consacré aux détournements de fonds, aux malversations et aux violations des règles comptables qui ont affligé cette Eglise pendant une vingtaine d'années.
Plusieurs points me paraissent intéressants à souligner:
- La plupart des évêques informés, informés de ce qui se passait, n'ont pas réagi et ont laissé les malversations se poursuivre pendant des années. L'exception semble être le courageux évêque de Chicago, Mgr Job. N'est-ce pas Mère Angélique Arnauld qui disait en d'autres temps "Quand les évêques ont des courages de fille, il faut bien que les filles aient des courages d'évêque?"
- L'interprétation laxiste des règles comptables semble être devenue la maladie des Etats-Unis d'Amérique et de leurs colonies, l'OCA venant ainsi s'ajouter à Enron et à Parmalat.
- Ce qui est beaucoup plus grave, c'est que le principal responsable des malversations pouvait échapper à toute sanction grâce aux informations qu'il détenait sur les moeurs de certains évêques - y compris, semble-t-il, des deux primats successifs de l'OCA - et qu'il les faisait tout simplement chanter (page 29 du rapport d'audit). Ceci appelle deux remarques:
1) Les scandales sexuels dans l'épiscopat, ce n'est pas nouveau, même si ça se multiplie depuis cinquante ans dans des proportions affolantes. Ce qui est nouveau, c'est l'usage de stupéfiants - le chancelier de l'OCA faisait aussi chanter certains évêques à propos de leur consommation de stupéfiants. Il serait redoutable que la culture de la drogue s'étende aussi à l'Eglise. Comme elle s'est étendue à tout le reste. Déjà en 1996, quand je faisais mon école de recrues, le premier commandant que nous eûmes, avocat dans le civil, luttait de toutes ses forces contre la consommation de stupéfiants - qu'il estimait, à juste titre, particulièrement dangereuse s'agissant d'artilleurs - tandis que le second, très prompt à sanctionner les soldats pour des bottes d'ordonnance mal cirées, tolérait les "fumettes" collectives qui se déroulaient dans certaines chambrées presque sous ses yeux. Des peuples de drogués, des armées de drogués, des épiscopats de drogués? Où s'arrêtera la putréfaction?
2) Je commence à être tellement las des problèmes de moeurs de notre haut clergé que j'en viens à dire sans ambages le fond de ma pensée:
a) Soit on se souvient une bonne fois pour toutes que l'Eglise a renoncé à l'épiscopat marié au VIe siècle pour recruter ses évêques parmi les moines et on retourne à la saine coutume de n'élever à l'épiscopat que de vrais moines qui ont une expérience de la vie monastique.
b) Soit on explore la question soulevée il y a déjà quarante ans par l'Eglise de Bulgarie et évoquée par le grand canoniste grec Panayotis Boumis et on rétablit l'épiscopat marié.
Mais on ne peut plus rester dans l'hypocrisie, dans les histoires de gens qui prennent l'habit monastique par carriérisme ou de commis-voyageurs de l'espionnage devenus soudain moines puis évêques.
- On notera toutefois que l'intégration de l'OCA dans la civilisation anglo-saxonne a toutefois du bon, puisque le Synode a fini par réagir dans une optique qui relève d'une culture de la responsabilité personnelle, au lieu de se maintenir dans l'optique qui fait de l'Eglise le dernier bastion de la structure totalitaire comme dans certains pays ex-communistes. L'OCA a su frapper fort en réduisant à l'état laïc le principal responsable des malversations (cf. page 18 du rapport d'audit), en interdisant à l'ancien métropolite Théodose de célébrer en dehors d'une église paroissiale de Canonsburg (Pennsylvanie) et en envoyant à la retraite anticipée l'actuel métropolite Germain, tandis que des excuses ont été présentées à M. Kozey qui avait été le principal dénonciateur des malversations et avait été persécuté pour cette raison. Par rapport à d'autres synodes qui cachent tout, nient les évidences avec la plus grande effronterie, ne sanctionnent jamais aucun évêque, fût-il un ancien délateur sous le régime totalitaire, un apostat ou un modèle d'immoralité, le synode de l'OCA, lui, s'est incliné devant les résultats de l'enquête, a reconnu les faits, et a procédé à ce qui sera peut-être le début d'une catharsis, d'une purification, voire d'une sanatio in radice. Et cette attitude de repentir, de courage et de franchise est ce que je retiens, beaucoup plus que les scandales qui commencent à devenir une fâcheuse habitude.
Par rapport à ce que j'ai vu ailleurs, ma réaction par rapport à la crise très grave qui afflige l'OCA serait plutôt de me dire:
"C'est presque miraculeux: enfin, un scandale va être dénoncé, enfin une Eglise va se séparer de hiérarques indignes..."
Le scandale financier de l'Eglise orthodoxe en Amérique
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Re: Le scandale financier de l'Eglise orthodoxe en Amérique
fréquentant jusque juin divers forum anglo-saxons, où les histoires américaines ont toujours prépondérance (nombre oblige), j'ai pu suivre cela de bout en bout.lecteur Claude a écrit :.... l'audit consacré aux détournements de fonds, aux malversations et aux violations des règles comptables qui ont affligé cette Eglise pendant une vingtaine d'années.
J'ai aussi constaté avec joie cette différence de traitement des ennuis. Certes, il faut se battre pour débouloner de leur pied d'estal les hiérarques quasiment auto-proclamés (ils ne s'entrechoisissent que dans un petit groupe, du vaticanisme en soutane byzantine); mais c'est possible. Ici pas.
"les rats ne se dévorent pas entre eux"lecteur Claude a écrit :- La plupart des évêques informés, informés de ce qui se passait, n'ont pas réagi et ont laissé les malversations se poursuivre pendant des années.
"à pourri, pourri et demi"
etc
hélas
Kyrie eleison.
et les règles comptables d'ici? Ils baffouent des règles existantes, nous n'avons pas de règles. Pour la Belgique, ça doit correspondre aux normes étatiques, ce qui permet beaucoup de passe-droits. Transparence zéro. Si on avait affaire à des saints, on dirait qu'on s'en fiche. Mais comme on attend encore le premier saint dans ce milieu..lecteur Claude a écrit :- L'interprétation laxiste des règles comptables semble être devenue la maladie des Etats-Unis d'Amérique et de leurs colonies, l'OCA venant ainsi s'ajouter à Enron et à Parmalat.
un peu comme Kurt Waldheim a pu rester chancelier en Autriche tant que ça arrangeait l'ONU et Washington... on fait chanter et l'autre applique le programme qu'on veut lui voir appliquer. La vie de ce monde devait être influencée par l'Église. Quand je dis que c'est le contraire qui se passe sans arrêt, je me fais taxer illico de sectarisme, d'ultra, etc.lecteur Claude a écrit :- Ce qui est beaucoup plus grave, c'est que le principal responsable des malversations pouvait échapper à toute sanction grâce aux informations qu'il détenait sur les moeurs de certains évêques
normal : tous sortent du même moule. Qu'attendre d'autre dans ce cas?lecteur Claude a écrit :1) Les scandales sexuels dans l'épiscopat, ce n'est pas nouveau, même si ça se multiplie depuis cinquante ans dans des proportions affolantes.
"Mais mon fils (voix sirupeuse de hiérarque hollywoodien), c'est pour avoir des expériences mystiques, voyons. Plus on plane, plus on s'élève, plus on est près de Dieu.."lecteur Claude a écrit : Ce qui est nouveau, c'est l'usage de stupéfiants
je ne suis pas surpris : quand tout est permis au sein de l'Église, pourvu qu'on garde les apparences, pourquoi se limiter?lecteur Claude a écrit :Il serait redoutable que la culture de la drogue s'étende aussi à l'Eglise. Comme elle s'est étendue à tout le reste.
Et puis une petite excommunication pour les laïcs ou le clergé pas assez docile, ça aide.
Lot vivait dans une ville où seuls lui et sa famille étaient restés les seuls fidèles à Dieu. Regardons autour de nous, dans notre paroisse, dans notre diocèse à l'organisation canonique tarabiscotée (car relié à un patriarcat d'un autre pays & région et avec des dicoèses qui s'entrecroisent et se chevauchent), etc, qui veut essayer de suivre la "voie royale" et qui préfère la vie selon le monde avec une couche culturelle de vague religiosité et je pense qu'on aura la réponse. Hélas.lecteur Claude a écrit :Des peuples de drogués, des armées de drogués, des épiscopats de drogués? Où s'arrêtera la putréfaction?
Et je ne me considère pas comme "élu", je me sais bien trop colérique et capable de tout pour ça.
solution Blecteur Claude a écrit :2) Je commence à être tellement las des problèmes de moeurs de notre haut clergé que j'en viens à dire sans ambages le fond de ma pensée:
a) Soit on se souvient une bonne fois pour toutes que l'Eglise a renoncé à l'épiscopat marié au VIe siècle pour recruter ses évêques parmi les moines et on retourne à la saine coutume de n'élever à l'épiscopat que de vrais moines qui ont une expérience de la vie monastique.
b) Soit on explore la question soulevée il y a déjà quarante ans par l'Eglise de Bulgarie et évoquée par le grand canoniste grec Panayotis Boumis et on rétablit l'épiscopat marié.
l'Église n'a renoncé à ça qu'en Orient, pas en Occident. Du moins pas quand l'Occident était Orthodoxe. Et en Orient, c'est resté progressif. En prime, un véritable révisionnisme est né de cette décision, où on a réécrit les vies des saints Pères pour en faire tous des célibataires endurcis, opposés au mariage "sauf quand pas moyen de faire autrement". Saint Grégoire de Nysse ne se retrouve veuf avant épiscopat que dans les vies tardives. Idem pour saint Hilaire de Poitiers, dont par la suite on oublia l'épouse et la fille canonisées elles aussi.
allons allons, comment aller croire cela..lecteur Claude a écrit :Mais on ne peut plus rester dans l'hypocrisie, dans les histoires de gens qui prennent l'habit monastique par carriérisme ou de commis-voyageurs de l'espionnage devenus soudain moines puis évêques.
oui, on a enfin une raison de se réjouirlecteur Claude a écrit :Par rapport à ce que j'ai vu ailleurs, ma réaction par rapport à la crise très grave qui afflige l'OCA serait plutôt de me dire:
"C'est presque miraculeux: enfin, un scandale va être dénoncé, enfin une Eglise va se séparer de hiérarques indignes..."
je me demande d'ailleurs si une telle "purge" aurait été possible si l'OCA n'avait pas été autocéphale. A voir les troubles qui secouent tout le restant du Synode inter-épiscopal là-bas et l'omerta que ça déclenche, j'ai des doutes gros comme des montagnes.. russes
Malgré tout cela, je continue de croire en l'Église qui est une, sainte, catholique et apostolique, en espérant qu'un jour elle soit sans tache et ni ride, parée comme une jeune mariée pour son époux.
L'Église est Sainte car Elle vient de Dieu et Elle est remplie de la Grâce de Dieu. Elle est ternie à cause du péché des hommes.
Est-ce qu'un jour, les pierres que nous sommes qui construisons l'Église seront suffisamment purifiées pour redonner de l'Éclat et Beauté à l'Église du Christ ?
Hâtons ce jour par nos prières pour l'Église.
Sylvie-Madeleine
dans l'église de l'OCA
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Est-ce qu'un jour, les pierres que nous sommes qui construisons l'Église seront suffisamment purifiées pour redonner de l'Éclat et Beauté à l'Église du Christ ?
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Sylvie-Madeleine
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Moi je trouve que les choses se terminent plutôt à l'honneur de l'OCA et qu'aucun synode n'avait procédé à un pareil nettoyage jusqu'à présent.Sylvie a écrit :Malgré tout cela, je continue de croire en l'Église qui est une, sainte, catholique et apostolique, en espérant qu'un jour elle soit sans tache et ni ride, parée comme une jeune mariée pour son époux.
L'Église est Sainte car Elle vient de Dieu et Elle est remplie de la Grâce de Dieu. Elle est ternie à cause du péché des hommes.
Est-ce qu'un jour, les pierres que nous sommes qui construisons l'Église seront suffisamment purifiées pour redonner de l'Éclat et Beauté à l'Église du Christ ?
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Sylvie-Madeleine
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