Laurent pc a écrit :Bonjour je vois que les discussions vont bon train.
En vous lisant je me rend compte d'une chose:
Si à travers l'histoire une division s'est faites entre catholique et orhodoxe, il n'en demeure pas moins que les deux font parties d'un tout.
Deux poumons... si il en manque 1 le corps est malade.
Quand Jean-Paul II a lancé la formule des "deux poumons", il ne parlait pas de l'Eglise catholique romaine et de l'Eglise orthodoxe. Il parlait, à l'intérieur du catholicisme romain, de l'Eglise de rit latin et des Eglises uniates. Or, ces Eglises uniates ont été arrachées, au fil des siècles, par la violence ou la séduction du sein de l'Eglise orthodoxe et des Eglises préchalcédoniennes. Ce rappel de l'uniatisme est toujours pour nous une source de souffrance, le rappel de la violence sans frein qui a été exercée contre l'Eglise par des hommes comme Mgr Josaphat Kunciewicz, Mgr Athanase Anghel ou Nicolas von Bukow.
Si vous voulez vraiment étendre cette réflexion anatomique en-dehors du catholicisme romain pour l'élargir à l'ensemble du monde chrétien, alors vous oubliez le poumon luthérien, le poumon calviniste, le poumon méthodiste, le poumon anglican, le poumon mennonite, etc. Vous voyez bien qu'on arriverait à bien plus que deux poumons. Il faut donc remettre l'expression dans son contexte.
Le Christ a fondé une seule Eglise. Je vous assure que, vivant dans le sein de cette Eglise orthodoxe qu'Il a fondée, je n'ai pas du tout le sentiment qu'il l manquerait quelque chose à l'Eglise ou qu'elle serait un corps malade. Certes, l'Eglise orthodoxe est un organisme divino-humain, et,de ce fait, elle est frappée et enlaidie par les défauts consubstantiels à la condition humaine. Nous pouvons avoir des scandales dans le clergé, des querelles de personnes, des divisions ethniques, etc. Mais sur le plan où l'emporte l'aspect divin, je ne vois pas en quoi le corps serait malade. Il y a plénitude de la foi, plénitude de la grâce et plénitude des mystères. De même qu'il n'y a qu'un seul baptême, celui qui est conféré par l'Eglise (vous pouvez lire sur ce forum d'intéressantes contributions de M. Palierne à propos des saints mystères).
Ni a-t-il pas un seul baptême, ne faisons-nous pas parti d'un même corps?
Les différentes parties en présence sont d'accord pour dire qu'elles ne font pas partie d'un même corps, sinon il n'y aurait pas de discussions ou de projets de réunion.
Si vous êtes catholique romain, je vous invite à lire la déclaration
Dominus Jesus que l'actuel pape Benoît XVI avait rédigée en 2000, quand il était encore le cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi. Elle montre bien que, d'un point de vue catholique romain, le terme d'Eglises soeurs doit être réservé aux Eglises uniates (ce qui est tout à fait logique) et que seule l'Eglise catholique romaine est le corps du Christ. Du point de vue romano-catholique, les orthodoxes ne font donc pas partie de ce corps.
Du point de vue orthodoxe, il y a une conscience très nette de l'unité de l'Eglise et de la continuité de l'Eglise orthodoxe en tant que l'Eglise une, sainte, catholique et apostolique du Credo.
Ce n'est guère que dans certaines communautés issues de la Réforme (et vraiment pas dans toutes les Eglises du monde protestant!) que vous rencontrerez la théorie des branches, l'idée qu'il n'y a plus d'Eglise visible, l'idée que la vérité puisse varier avec la latitude, etc. Cette vision ne peut s'appuyer ni sur l'Ecriture, ni sur la Tradition non écrite, ni sur l'Histoire. Ce n'est en tout cas pas la manière dont ni l'Eglise catholique romaine, ni l'Eglise orthodoxe vivent et ressentent les choses, chacune de son côté. Et, au fond, cela est mieux, car cela permet l'espérance. Pour reproduire ici une réflexion de Bernard Le Caro que j'aime beaucoup et que j'ai déjà citée ailleurs sur le présent forum:
"Je termine cette lettre en soulignant que le passé, aux siècles de ferveur de la vie chrétienne - et ce sans appprouver naturellement les "excroissances" dues à un zèle irraisonné - a paradoxalement témoigné d'une unité: Orient et Occident, dans leur amour du Christ, préféraient être séparés dans la vérité, qu'unis dans l'erreur. Une telle unité paradoxale, faute d'une unité dans l'Orthodoxie, vaut mieux, si malheureuse soit-elle, qu'une union en dehors de Dieu ou contre Dieu."
Une petite remarque ensuite:
je ne parle pas ici d'unité institutionnel car je n'est pas de grande connaissance en la matière, mais je parle d'unité de coeur et de Foi:
Mais précisément, s'il n'y a pas d'unité institutionnelle, c'est parce qu'il n'y a pas d'unité de foi. Quant à l'unité du coeur, elle découle elle aussi de l'unité de la foi. L'unité du coeur, à mes yeux, n'est pas la même chose que de s'aimer les uns les autres ou d'avoir de la sympathie les uns pour les autres ou d'être solidaires les uns des autres; elle va plus loin.
En revanche, là où je vous rejoins et vous suis totalement, c'est sur cette affirmation:
L'essentiel est de s'aimer les uns les autres et de s'émmerveiller de ce que Dieu fait de beau et de grand chez l'autre.
En effet, que d'autres chrétiens aient suivi un autre chemin et aient fondé des communautés séparées de l'Eglise, c'est l'usage qu'ils font de la liberté des enfants de Dieu et je leur souhaite de vivre leur vie en toute liberté et indépendance. Je n'aborrhe rien tant que le faux amour qui nie les différences et qui n'est que l'expression religieuse du mondialisme totalitaire. Vive la liberté! Pour paraphraser encore une fois Bernard Le Caro, mieux vaut une telle "unité" paradoxale qu'une union purement humaine.
Car notre unité pour le royaume se joue avant tout en l'amour que nous avons les uns pour les autres.
Le premier amour que je dois à mon prochain, c'est de lui dire la vérité, et ensuite de lui laisser sa liberté.