romiosini a écrit :Le baptême célebré <<en l'air>> (en grec, aérobaptisma) dans des cas extrêmes n'est pas réitérable si le bébé survit. Y a-t-il des canons et des textes à ce sujet?
Est-ce que cela a un rapport avec le "baptême de sable" (faudrait-il dire ammobaptisma?) raconté par Jean Moschos dans le chapitre 176 du
Pré spirituel?
Ci-après la traduction française de ce passage, publiée par le hiéromoine Cassien (Braun) dans le numéro 4 du bulletin
Orthodoxie et reproduite par Père Cassien sur son site Internet
http://membres.lycos.fr/orthodoxievco/ .
Le baptême de sable
L'abbé Palladius nous raconta ceci. J'ai entendu rapporter par l'un des pères nommé André, le fait suivant : Quand j'étais jeune, j'étais très indiscipliné. La guerre et le désordre étant survenus, je pris la fuite avec neuf autres en Palestine; l'un d'eux était laborieux, un autre était juif. Quand nous arrivâmes au désert, le juif se trouva sans forces jusqu'à en mourir, et nous étions dans un grand découragement, ne sachant que faire de lui. Pourtant nous ne l'abandonnâmes pas, mais chacun de nous suivant ses forces le portait. Nous voulions le mener à la ville ou à l'entrepôt pour qu'il ne mourût pas dans le désert. mais comme le jeune homme, en raison du manque de nourriture et d'une fièvre intense, ainsi que de la soif causée par la chaleur, était absolument à bout et sur le point d'expirer (il était près de la fin et ne pouvait même plus tolérer qu'on le portât), nous résolûmes en pleurant de le laisser dans le désert et de nous en aller, craignant nous-mêmes de mourir de soif. Quand nous l'eûmes déposé sur le sable en pleurant et qu'il nous vit nous préparer à partir, il se mit à nous adjurer, disant : "Par le Dieu qui doit juger les vivants et les morts, ne me laissez pas mourir juif, mais chrétien. Ayez donc pitié de moi et baptisez-moi, afin que je quitte cette vie étant chrétien et que j'aille vers le Seigneur." Nous lui dîmes : "Vraiment, mon frère, il ne nous est pas permis d'agir ainsi; car nous sommes laïcs, et c'est la charge des évêques et des prêtres; d'ailleurs il n'y a pas d'eau ici." Mais lui continuait de nous adresser les mêmes adjurations accompagnées de larmes et de dire: "Chrétiens, ne me privez pas d'un tel bienfait." Tandis que nous étions dans le plus grand embarras, l'homme laborieux remplit ses mains de sable et le répandit trois fois sur sa tête en disant: "Théodore est baptisé au nom du Père, du Fils, et du saint Esprit." Et nous répondîmes "Amen" après chaque Nom de la sainte et consubstantielle et adorable Trinité et (le Seigneur en est témoin, mes frères) le Christ, Fils du Dieu vivant, le guérit et lui rendit tant de force qu'il n'y avait plus en lui trace de maladie, mais, sain et vigoureux, avec une ardeur entière, il courut devant nous tout le reste du chemin dans le désert. Étant arrivés à Ascalon, nous en référâmes au bienheureux et saint Denys, évêque du lieu, et nous lui dîmes ce qui était arrivé au frère en chemin. Le saint évêque Denys, entendant cela, fut stupéfait de cet extraordinaire miracle, et convoquant tout le clergé, il lui exposa le fait et lui demanda s'il fallait considérer ou non comme baptême l'effusion de sable. Les uns disaient qu'il fallait l'admettre à cause de l'étrangeté du miracle; les autres disaient que non. Et, en effet, Grégoire le Théologien énumère tous les baptêmes: il parle du baptême mosaïque, baptême dans l'eau et précédemment dans la nuée et dans la mer; du baptême de Jean, qui n'était plus le baptême judaïque, car il ne se faisait pas dans l'eau seulement, mais aussi dans la pénitence. Jésus aussi baptise, mais dans l'Esprit, et cette fois c'est la perfection. Je connais encore un quatrième baptême, celui du martyre et du sang. J'en connais aussi un cinquième, celui des larmes. Selon lequel de ces baptêmes a-t-il donc été baptisé, afin que nous le sanctionnions ? D'autant que le Seigneur a dit à Nicodème : "Si quelqu'un ne naît pas d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume des cieux" (Jn 3,5). Mais d'autres leur objectaient: Quoi donc? Parce qu'il n'est pas écrit des apôtres qu'ils ont été baptisés, est-ce qu'ils n'entrent pas dans le royaume des cieux?" et les premiers leur répondaient : "Oui, certes, ils ont été vraiment baptisés, comme Clément, l'auteur des Stromates, en fit mention au 5e livre des Hypotyposes. Car, expliquant le mot de l'apôtre : "Je rends grâces à Dieu de ce que je n'ai baptisé aucun de vous" (1Cor 1,14) il déclare: "Le Christ est dit n'avoir baptisé que Pierre, et Pierre a baptisé André, et André Jacques et Jean, et ceux-ci les autres." Ces choses et bien d'autres ayant été dites, il parut bon au bienheureux évêque Denys d'envoyer le frère au saint Jourdain, pour qu'il fût baptisé. Et il ordonna diacre l'homme laborieux. (chap. 176)