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Les "âges" du Christ

Publié : mer. 01 févr. 2006 15:41
par Georges.Vals
J'ai lu quelque part que les "âges" du Christ correspondent au différentes étapes de la déification. Quelqu'un peut-il me donner les références patristiques et éventuellement des citations. Merci par avance.

Publié : mer. 01 févr. 2006 20:00
par Antoine
Pourriez vous nous en dire davantage, je ne comprends pas bien de quoi il retourne.
Il y a déjà eu des débats stériles sur la prise de conscience par le Christ de sa propre divinité. Je dis "stérile" car cela revient à séparer les deux natures en deux hypostases. Et si le Christ en tant que personne divine incarnée avait parfaitement conscience de son humanité on ne voit pas comment en tant que personne divine incarnée Il n'aurait pas pleinement conscience de sa divinité, dès les premiers instants de son incarnation.

Pour en revenir plus précisément à votre question, a priori il n'y a aucune relation entre l'âge du Christ ou "les âges" du Christ et la déification. La deification ne dépend nullement de l'âge du déifié: la sainteté n'est pas une affaire d'âge.

A mon tour de vous poser une question: à quel âge meurt-on?

Publié : mer. 01 févr. 2006 20:37
par Georges.Vals
Je me suis mal exprimé. Je voulais savoir si les pères ont fait un rapport "symbolique" entre les différentes étapes de la vie du Christ et leur fêtes (Annonciation, Nativité, Baptême, etc.) et les étapes de la déification.

Publié : mer. 01 févr. 2006 22:28
par Antoine
En ce qui concerne la déification , je ne vois rien qui pourrait correspondre à ce que vous demandez. En revanche en ce qui concerne le baptême , que l’on peut effectivement considérer comme le sacrement de la déification, nous avons des éléments qui se rapprochent de ce que vous cherchez. Par exemple la première instruction aux catéchumènes de Saint Jean Chrysostome donne des analogies entre les noms du baptême et certains épisodes de la vie du Christ. Voici un extrait:


Noms du baptême.

Cependant, si vous le voulez, parlons d'abord de la dénomination de cette purification spirituelle ; elle ne porte pas rien qu'un nom, mais plusieurs. Elle est appelée le bain de la régénération : « Il nous a sauvés, dit l'Apôtre, par l'eau de la régénération et de la rénovation du Saint-Esprit » (7) . Elle est encore appelée illumination; écoutez saint Paul : «Rappelez en votre mémoire ce premier temps, où après avoir été illuminés par le baptême, vous avez soutenu le grand combat des souffrances»; et ailleurs : «car il est impossible que ceux qui ont été une fois illuminés, qui ont goûté le don du ciel, et qui après cela sont tombés, se renouvellent par la pénitence». (8)
Elle est aussi nommée baptême : «Car vous tous qui avez été baptisés en Jésus-Christ, vous avez été revêtus de Jésus-Christ.» (9) Elle est aussi appelée sépulture. «Car, dit l'Apôtre, nous avons été ensevelis avec lui par le baptême pour mourir au péché» (10) ; également circoncision : «C'est en lui que vous avez été circoncis d'une circoncision qui n'est pas faite de main d'homme, mais qui consiste dans le dépouillement des vices» (11). Elle est appelée croix: «Car notre vieil homme a été crucifié afin que le corps du péché soit détruit» (12). On pourrait encore citer beaucoup d'autres noms, mais pour ne pas perdre tout notre temps sur ce sujet, revenons à la première dénomination, et son explication terminera ce discours; en attendant reprenons l'instruction d'un peu plus haut.



7. Tite 3, 5.
8. Hb 10, 32; 6, 4.
9. Ga 3, 24.
10. Rm 6, 4.
11. Co 2, 11.
12. Rm 6, 6.

Publié : ven. 03 févr. 2006 14:30
par Georges.Vals
Cher Antoine,
Sans vouloir vous offenser je ne crois pas que vous compreniez très bien la notion de déification. Y aurait-il sur ce forum un théologien qui puisse répondre à ma question?

Publié : ven. 03 févr. 2006 15:07
par Glicherie
Antoine n'a pas développé d'éléments sur la Déification. Comment dire qu'il ne comprend rien ?
Celle ci, au passage, n'est pas une "notion", ni un concept, mais une réalité mystérique (ou sacramentelle, pour ceux qui affectionnent le terme) agissante.
A l'homme qui dans la foi se purifie par le repentir et qui prie le Seigneur dans l'Eglise, Dieu fait le don de Sa Grâce incréee et déifiante.

La nature humaine qui nous est commune à tous, est sanctifiée par le baptême. Nous recevons dans une pentecôte personnelle l'Esprit Saint, scellé par l'onction. Ainsi la Grâce déifiante est elle en nous. L'Image de Dieu est restaurée par le baptême.
Mais Dieu veut que l'on réponde à Son amour librement, par nos efforts et notre volonté. Alors la Ressemblance ainsi va se conquérir dans cette Synergie. Là intervient le repentir, l'ascèse.
Et le sacrement ou Mystère central de l'Eucharistie.
Recevant le Seigneur en nous, il nous transforme, nous déifie. Et par l'Eucharistie, nous Communions, au Christ, et les uns aux autres.
Car dans cette Communion nous devenons des Personnes, cette part unique qui fait de chacun de nous malgré notre nature commune une personne unique aimée de Dieu et aimant les autres.

Ainsi devenons nous "participants de la nature divine", ou encore des "dieux par la Grâce".

Parintele Dumitru Staniloae disait aussi que le but est pour l'homme de devenir vraiment et pleinement humain..

Pour les symboles, je ne sais. Quels pères parlent de ces âges du Christ comme étapes de déification ? Je ne me souviens pas de cela dans la Philocalie, ni chez St Macaire, St Grégoire Palamas non plus.

Ps: je ne suis pas théologien, je ne prie pas assez pour cela.
PPS: mais allez donc voir le blog de Monsieur Luz sur la Theosis, peut être en parle t'il ? http://theosis.blogspirit.com/

Publié : ven. 03 févr. 2006 15:36
par Georges.Vals
Merci pour votre réponse. En effet le terme de "notion" était bien mal choisi; je vais aller voir ce blog.

Publié : ven. 03 févr. 2006 15:45
par Antoine
Il n'y a pas "d'étapes de la déification". Je ne sais où Georges Vals est allé cherché cette notion qui ne figure pas chez les Pères et qui ne correspond à rien dans la spiritualité orthodoxe .
Cette notion même "d'étapes de la déification" n'a aucun sens. L'orthodoxie ne connaît pas de "chemin initiatique" ponctué de degrés.

Lecture:
Saint Grégoire Palamas: De la déification de l'être humain ed L'âge d'Homme "collection Sophia".
Le texte de l'édition de 1990 est suivi d'une étude de Georges Mantzaridis.

Publié : ven. 03 févr. 2006 15:57
par Georges.Vals
Cher Antoine,
Vous n'avez peut-être pas bien lu les Pères: la métanoïa n'est pas la praxis, qui n'est pas l'Apatheïa, qui n'est pas la Théoria qui n'est pas la Théosis. Mis à part ça en effet il n'y a pas de degrés...
Lisez la Philocalie et saint Nicétas Stéthatos, saint grégoire de Nysse, saint Denys l'Aréopagite, saint Maxime le Confesseur et saint Grégroire Palamas (les Triades), entre autres.

Publié : ven. 03 févr. 2006 16:13
par Claude le Liseur
Georges.Vals a écrit :Cher Antoine,
Vous n'avez peut-être pas bien lu les Pères: la métanoïa n'est pas la praxis, qui n'est pas l'Apatheïa, qui n'est pas la Théoria qui n'est pas la Théosis. Mis à part ça en effet il n'y a pas de degrés...
Lisez la Philocalie et saint Nicétas Stéthatos, saint grégoire de Nysse, saint Denys l'Aréopagite, saint Maxime le Confesseur et saint Grégroire Palamas (les Triades), entre autres.
Parce que vous croyez vraiment qu'Antoine ne les a pas lus?

Publié : ven. 03 févr. 2006 16:16
par Antoine
Quand je parlais de "degrés "dans ma réponse, il s'agissait de ceux liés aux initiations ésotériques pour être plus clair.
En outre vous ne parlez pas de "degré" mais "d'étape". En ce qui concerne la vision de la lumière incréée par exemple certains en ont eu l'expérience dès le début de leur vie monastique et d'autres après une longue période de vie ascétique. On ne peut en aucun cas assimiler cela à des "étapes".
Mais puisque vous avez d'aussi bonnes lectures vous nous donnerez peut-être la réponse à votre question à moins que votre recherche ne vous permette de mieux préciser ce que vous ne demandez pas.

Publié : sam. 04 févr. 2006 17:02
par Claude le Liseur
Georges.Vals a écrit :Cher Antoine,
Sans vouloir vous offenser je ne crois pas que vous compreniez très bien la notion de déification. Y aurait-il sur ce forum un théologien qui puisse répondre à ma question?
Encore faut-il préciser, avant de se lancer dans de grands discours sur la notion de déification, que celle-ci présuppose un comportement conforme à l'éthique: ne serait-ce que "les moyens d'existence droits", comme on dirait dans le bouddhisme du Vajrayana (clin d'oeil complice à notre ami Makcim).

Et ce quelles que soient les connnaissances livresques que l'on a sur le sujet.


Et encore faudrait-il ajouter que l'appartenance à l'Eglise du Christ n'est pas inutile dans la déification.

Publié : sam. 04 févr. 2006 17:27
par Claude le Liseur
Antoine a écrit :Quand je parlais de "degrés "dans ma réponse, il s'agissait de ceux liés aux initiations ésotériques pour être plus clair.
En outre vous ne parlez pas de "degré" mais "d'étape". En ce qui concerne la vision de la lumière incréée par exemple certains en ont eu l'expérience dès le début de leur vie monastique et d'autres après une longue période de vie ascétique. On ne peut en aucun cas assimiler cela à des "étapes".
A ma connaissance, la seule personne actuellement vivante qui passe pour avoir eu la vision de la lumière incréée est le prêtre roumain Georges Calciu, ancien professeur de français au séminaire patriarcal à Bucarest, 20 ans de prison sous le régime communiste (1948-63 et 1979-84). Il passe aussi pour avoir été le seul survivant de la première volée des victimes de l'expérience de Piteşti au cours de laquelle les communistes parvinrent à lui faire renier le Christ. Il se repentit ensuite de manière exemplaire lorsqu'il fut transféré à la prison de Bucarest, fut libéré quand Gheorghiu-Dej, soudain en bisbille avec Khrouchtchev, se mit à vider les prisons, fut par la suite ordonné prêtre et connut de nouveau la prison sous Ceauşescu à la suite de ses célèbres Sept paroles pour les jeunes. Il passe pour avoir eux deux fois l'expérience de la lumière incréée, en 1980 et en 1981. Son cas est une illustration de ce que décrit Antoine dans le message mis en exergue: il a eu une vision directe de la lumière incréée sans passer par les étapes chères à M. Georges Vals. Mais il est vrai que le père Calciu avait les présupposés éthiques et ecclésiologiques qui ne sont jamais une gêne sur le chemin des ascètes... Pour plus de détails, cf. Hiéromoine Damascène (Lambertsen), Christ the Eternal Tao, Valaam Books, Platina (CA) 1999, pp. 409-413; Virgil Ierunca, traduit du roumain par Alain Paruit, Pitesti laboratoire concentrationnaire (1949-1952) , Michalon, Paris 1996, pp. 72-76; Le Messager orthodoxe n° 97, Paris 1985, pp. 10-50.

Publié : mer. 08 févr. 2006 18:25
par Anne Geneviève
Cher Georges.Vals
Il se trouve que j’ai du, à un moment de ma vie, faire une relecture systématique des Pères non dans un but de nourriture spirituelle mais pour y chercher des données sur la sainteté, « notion » qui n’est pas si éloignée de la déification, il me semble. J’ajoute en incise que cette lecture universitaire est le pire abord qui soit de la patristique. Je n’ai jamais vu de référence à des « âges » symboliques du Christ. Vous trouverez à propos de chacune des grandes fêtes que vous évoquez des homélies patristiques – reportez vous au catalogue des éditions du Cerf que je n’ai pas ici pour les références. Mais je n’ai pas souvenir qu’elles soient mises en rapport de manière systématique avec les expériences spirituelles évoquées plus loin (métanoïa, praxis, etc.) ni d’ailleurs que ces dernières soient hiérarchisées de manière aussi stricte que vous le faites, pas même par st Jean Climaque dans son Echelle sainte.
En fait, je n’ai vu de telles hiérarchisations des « degrés » de la vie spirituelle que dans l’Eglise romaine qui n’est pas une référence orthodoxe ni patristique ; et un discours sur les âges du Christ que dans les milieux maçonniques et rosicruciens – même remarque.
Si vous chassez le dahu, n’accusez pas quelqu’un dont vous ignorez tout, Antoine en l’occurrence, de ne pas connaître la montagne quand il vous dit que c’est un animal chimérique. Et, à propos, j’ai pour vous répondre les diplômes de théologie ou peaux d’ânes que vous semblez exiger, monsieur, ce qui ne fait pas non plus de moi une théologienne pour la raison que vous donna Glicherie : je ne prie pas assez. Voilà qui va vous embêter : Antoine est plus théologien que moi, au sens orthodoxe où « celui qui prie est théologien ».
Mais si votre expérience spirituelle dépasse la nôtre, nous serions ravis que vous nous en fassiez profiter.

Publié : dim. 26 févr. 2006 19:02
par dimitri.spoti
Cher Georges Vals,
Je crois avoir trouvé la réponse à votre question sur le blog Théosis (http://theosis.blogspirit.com/):

Les stades de la vie du Christ.

Tous ceux qui ont été baptisés en Christ doivent passer par tous les stades de la vie du Christ. Car ils ont reçu leur puissance. Et à travers les commandements, ils peuvent les découvrir et les apprendre. La conception est le gage de l’Esprit. La naissance est l’énergie de la joie. Le baptême est la puissance purificatrice du feu de l’Esprit. La transfiguration est la contemplation de la lumière divine. La crucifixion est la mort au monde. L’ensevelissement est la garde de l’amour divin dans le cœur. La résurrection est dans l’âme le réveil vivifiant. L’ascension est l’extase vers Dieu et le ravissement de l’intelligence (noûs). Celui qui n’a ni découvert ni senti le passage par ces stades est encore un enfant dans son corps et dans son esprit, quand bien même il serait pour tous un homme comblé d’années et d’actions.

Saint Grégoire le Sinaïte, Autres chapitres, in Philocalie des Pères neptiques, tome 10, p.109. Ed. Bellefontaine.