• Bien sûr, il y en a énormément et jamais assez pour magnifier comme il se doit “celle qui est plus vénérable et plus glorieuse que les armées célestes” — comme nous le chantons à Noël."Il n’y a pas que trois termes pour désigner la Mère de Dieu, il y en a dix mille, ou même trente mille."
Quand j’ai parlé de “trois” termes, je voulais dire les trois mots composés, qui contiennent le mot “Dieu” et qui expriment sa relation étroite avec le Fils de Dieu et Dieu Lui-même, donc la participation humaine, en sa personne, à l’œuvre du salut.
Elle est mère, “enfantrice” et “génitrice” de Dieu, et ces termes ne sont pas interchangeables comme le croiraient certains, car chacun a un sens spécifique.
J’en ai déjà parlé en passant, mais je réexplique ici l’importance de ces trois termes par rapport au Christ et par rapport à la vie chrétienne.
La toute-sainte Vierge est Mère de Dieu, parce qu’elle a allaité, nourri, vêtu et élevé le Christ-Dieu.
Mais cela, une nourrice aurait pu le faire à sa place, et cela ne suffit pas pour spécifier que c’est bien elle qui Lui a donné de sa propre substance, qui L’a porté dans son sein et qui L’a mis au monde d’une manière ineffable. Il faut donc l’appeler Enfantrice de Dieu ou Deipare, comme vous le voulez .
Et cela a un sens très profond; comme le dit saint Jean Damascène : "Le nom de l'Enfantrice de Dieu contient toute l'histoire de l'Économie divine." (De la foi orthodoxe 3,12)
Peut-il y avoir de communion plus étroite entre Dieu et un être humain, que de porter Dieu en soi ?
Et c’est à une telle communion étroite que sont appelés les chrétiens.
Et pour dire qu’elle a conçu sans l’entremise d’un père humain, on dit que c’est elle qui a engendré Dieu, dont son nom de Génitrice de Dieu.
Quant au chant byzantin et les traductions françaises venant des uniates, vous dites :
• Je ne sais pas qui est ce “on”, dont vous parlez, mais cela fait de longues années que je fais, tant bien que mal, ce que vous proposez ici, mais je ne trouve pas la tâche facile du tout."On s’est contenté de prendre les traductions telles qu’elles existent couramment à l’heure actuelle et de les poser telles quelles sur les notes byzantines. Il est cependant facile la plupart des temps de modifier l’ordre des mots d’un texte français pour préparer une adaptation de la prosodie à la musique byzantine. Bien souvent également on peut ajouter ou modifier ou déplacer dans la trduction quelques mots peu significatifs dans un texte pour favoriser cette prosodie.
D’abord, toutes les traductions sont à revoir : non seulement pour une meilleure adaptation au chant, mais simplement parce qu’elles sont souvent inexactes et pas orthodoxes.
Pour l’adaptation au chant, vous savez bien que ce n’est pas seulement la prosodie du français qui pose problème.
Si vous réussissez à placer les mots au bon endroit pour favoriser la prosodie, vous pouvez encore être surpris du fait que leur sens ne correspond pas à la conduite mélodique du chant, et cela compte aussi dans le byzantin.
Bien souvent, la mélodie descend par exemple quand il s’agit de notions négatives comme “péché”, “enfer”, “ténèbres” etc. et monte pour “clarté”, “joie”, “résurrection” etc.
Avant d’avoir eu connaissance de ce détail, il m’était arrivé de placer le mot “allégresse” sous un mouvement descendant de la mélodie : le texte était bien français, beau, orthodoxe, poétique, prosodiquement parfait, et pourtant, je sentais que qc clochait.
Et lorsque j’ai voulu changer l’ordre des mots en conséquence, il fallait retraduire pratiquement toute la phrase. Car malheureusement, l’ordre des mots n’est jamais aussi libre dans une langue analytique que dans une langue synthétique, ce qui ne facilite pas du tout l’adaptation du français au chant byzantin.
Il faut aussi bien comprendre la structure des modes pour savoir quelle liberté on peut prendre si, en dernier recours, il faut changer la mélodie.
Enfin, je ne sais pas si vous avez mis la main à la pâte, mais je ne trouve pas la chose facile (d’accord, je suis nulle).
Un saint mélode francophone connaissant bien le grec et le chant byzantin nous serait bien utile.
Vous dites :
Je crois que Paris ne s’est pas fait en un jour et il fallait déjà des siècles pour que le chant byzantin lui-même prenne forme, se décante etc. et pourtant, là, il n’y avait pas de problème de traduction ni de prosodie, puisque le chant et le texte étaient créés en “synergie”, en même temps.Si l’on ne prend pas un bon départ, on traînera ce boulet pendant longtemps.
Sinon, nous chantons le Trisaghion en français, avec un peu moins de mélismes qu’en grec, mais ce n’est pas insupportable.
Ce qui n'empêche pas que tout est MIEUX en grec, je regrette.