Je suis nouvelle
Publié : dim. 15 mai 2005 7:13
Cher Maksim,
Nous sommes tous des "gosses" - même ceux d'entre nous qui ont fait des études sérieuses en théologie : et moi, je ne fais pas partie du tout de ces privilégiés. Loin de là. Je n'ai fait que deux fois (à deux âges différents de ma vie) la première année de théologie... et dans une université catholique romaine, encore. La première fois j'étais très jeune, et je n'avais jamais encore lu la Bible. La seconde fois, je me suis enfui au milieu de l'année sans la terminer, tellement j'étais effaré par les hérésies, presque les blasphèmes, que j'y entendais professer "tête nue dans l'Église", comme nous disons. J'ai pourtant gardé de la reconnaissance pour ces professeurs latins - même pour ceux dont les blasphèmes m'ont fait fuir, car ils m'ont éclairé sur la véritable foi, en essayant de m'enseigner leurs hérésies. Un ou deux ans plus tard, j'ai rencontré par hasard un de ceux-là, dans une librairie, et nous nous sommes embrassés : je lui ai dit que grâce à lui, je venais enfin de me décider à rejoindre la véritable Église, celle qui était restée la même que du temps des Apôtres et des Pères. Il a souri, et m'a dit (de manière un peu elliptique) qu'il me comprenait...
Il y a des hommes partout; et Dieu aime les pécheurs (parfois plus encore... en tout cas plus que les tièdes).
Au reste, vous voyez combien je tâtonne quand j'essaie d'exprimer quelque chose à quoi je crois profondément : je ne puis que tourner autour du sujet par des périphrases, des anecdotes, des comparaisons plus ou moins imparfaites - mais elles ne peuvent jamais être vraiment justes, et je dois en accumuler encore d'autres pour mieux comprendre moi-même ce que j'éprouve le besoin de faire sortir de mon coeur, pour le pianoter sur le clavier.
C'est pour cela que je dois sincèrement m'excuser d'être trop long, de trop me laisser aller, de trop retourner à l'affectif - faute de savoir exactement cerner mon sujet. Même si je ne le dis pas, j'ai toujours peur de lasser celui ou celle à qui je réponds, et je suis profondément reconnaissant lorsque l'un ou l'autre de ceux qui ont davantage (et mieux) lu les Pères que moi me corrige, en nous donnant la juste définition que ces géants de l'Orthodoxie ont, eux, reçue directement du Saint Esprit en cadeau pour leur sainteté.
L'Église orthodoxe toute entière reconnaît que sa connaissance de Dieu ne peut être qu'apophatique : comment pourrais-je ne pas tâtonner dans la pénombre, moi qui n'en suis encore qu'au B-A-BA ?
Seul Dieu peut parler de Dieu. Aussi bien saint Paul a-t-il témoigné : "Ce n'est pas moi qui prie; c'est l'Esprit qui prie en moi".
Car "est théologien celui qui prie" ... Pas celui qui disserte ! Et je ne prie pas assez pour obtenir de recevoir une dose suffisante des dons du Saint Esprit. Il m'en faudrait tellement davantage pour pouvoir m'exprimer correctement - à propos de ce Dieu "inconnaissable" - même avec mon petit niveau "affectif", émotionnel, encore trop investi dans le charnel : c'est à dire au plus bas niveau de l'homme chrétien.
Je devine que vous aussi connaissez bien le grand précepte du Messie, tel que l'a rapporté "mon" Évangéliste personnel, saint LUC (qu'il me pardonne cette familiarité; lui qui s'est enfui tout nu lorsqu'il a eu peur de partager le sort de Jésus peut bien comprendre mes impudeurs !) :
"Quiconque n'accueille pas le Royaume de Dieu en petit enfant n'y entrera pas" (Luc 18, 17)
En vérité, on ne peut pas être amoureux si on n'est pas émerveillé par l'être aimé. C'est encore mille fois plus vrai quand on est amoureux de Dieu (Père-Fils-Esprit) que lorsqu'on est amoureux de la femme qu'Il nous a donnée à aimer.
Vous avez écrit : "Il est vrai aussi que souvent ce que je lis me dépasse. Il est tout aussi vrai que certains propos qui me dépassent… laissent quand même des traces. "
C'est exactement ce qui m'arrive quand je lis les Pères, et même la Bible ! Il me faudrait une vie encore bien plus longue pour commencer à comprendre vraiment ce que j'ai lu - le "com-prendre", le prendre en moi au point où j'en serais vraiment "illuminé". En tout cas, suffisamment illuminé pour éclairer un peu les autres. Ma connaissance de Dieu n'arrête pas de clignoter, de bégayer ; en cela aussi je suis "un petit enfant": que je n'arrive à m'exprimer qu'en bégaiements !
Pourtant, je ne peux pas me retenir de répondre à certaines questions, comme c'est le cas pour celles de Zohra : un petit enfant comprend parfois mieux un autre petit enfant - ou en tout cas, il est plus attiré par ce que ressent un de ses semblables que par la sagesse des grands, qui le dépasse trop. J'ai beau savoir que je n'arriverai jamais à combler sa soif de Dieu, je ne peux pas m'empêcher de prendre sa question comme si elle m'était directement adressée, comme intérieurement, par ma propre soif.
Alors j'apporte avec une audace puérile mon petit verre d'eau ... dans la mer ! Heureux si vous aussi vous en utilisez quelques gouttelettes : cela valait encore plus la peine de trimballer mon petit verre, à travers les galets de la plage !
C'est moi qui dois vous dire : Merci, Maksim !
Nous sommes tous des "gosses" - même ceux d'entre nous qui ont fait des études sérieuses en théologie : et moi, je ne fais pas partie du tout de ces privilégiés. Loin de là. Je n'ai fait que deux fois (à deux âges différents de ma vie) la première année de théologie... et dans une université catholique romaine, encore. La première fois j'étais très jeune, et je n'avais jamais encore lu la Bible. La seconde fois, je me suis enfui au milieu de l'année sans la terminer, tellement j'étais effaré par les hérésies, presque les blasphèmes, que j'y entendais professer "tête nue dans l'Église", comme nous disons. J'ai pourtant gardé de la reconnaissance pour ces professeurs latins - même pour ceux dont les blasphèmes m'ont fait fuir, car ils m'ont éclairé sur la véritable foi, en essayant de m'enseigner leurs hérésies. Un ou deux ans plus tard, j'ai rencontré par hasard un de ceux-là, dans une librairie, et nous nous sommes embrassés : je lui ai dit que grâce à lui, je venais enfin de me décider à rejoindre la véritable Église, celle qui était restée la même que du temps des Apôtres et des Pères. Il a souri, et m'a dit (de manière un peu elliptique) qu'il me comprenait...
Il y a des hommes partout; et Dieu aime les pécheurs (parfois plus encore... en tout cas plus que les tièdes).
Au reste, vous voyez combien je tâtonne quand j'essaie d'exprimer quelque chose à quoi je crois profondément : je ne puis que tourner autour du sujet par des périphrases, des anecdotes, des comparaisons plus ou moins imparfaites - mais elles ne peuvent jamais être vraiment justes, et je dois en accumuler encore d'autres pour mieux comprendre moi-même ce que j'éprouve le besoin de faire sortir de mon coeur, pour le pianoter sur le clavier.
C'est pour cela que je dois sincèrement m'excuser d'être trop long, de trop me laisser aller, de trop retourner à l'affectif - faute de savoir exactement cerner mon sujet. Même si je ne le dis pas, j'ai toujours peur de lasser celui ou celle à qui je réponds, et je suis profondément reconnaissant lorsque l'un ou l'autre de ceux qui ont davantage (et mieux) lu les Pères que moi me corrige, en nous donnant la juste définition que ces géants de l'Orthodoxie ont, eux, reçue directement du Saint Esprit en cadeau pour leur sainteté.
L'Église orthodoxe toute entière reconnaît que sa connaissance de Dieu ne peut être qu'apophatique : comment pourrais-je ne pas tâtonner dans la pénombre, moi qui n'en suis encore qu'au B-A-BA ?
Seul Dieu peut parler de Dieu. Aussi bien saint Paul a-t-il témoigné : "Ce n'est pas moi qui prie; c'est l'Esprit qui prie en moi".
Car "est théologien celui qui prie" ... Pas celui qui disserte ! Et je ne prie pas assez pour obtenir de recevoir une dose suffisante des dons du Saint Esprit. Il m'en faudrait tellement davantage pour pouvoir m'exprimer correctement - à propos de ce Dieu "inconnaissable" - même avec mon petit niveau "affectif", émotionnel, encore trop investi dans le charnel : c'est à dire au plus bas niveau de l'homme chrétien.
Je devine que vous aussi connaissez bien le grand précepte du Messie, tel que l'a rapporté "mon" Évangéliste personnel, saint LUC (qu'il me pardonne cette familiarité; lui qui s'est enfui tout nu lorsqu'il a eu peur de partager le sort de Jésus peut bien comprendre mes impudeurs !) :
"Quiconque n'accueille pas le Royaume de Dieu en petit enfant n'y entrera pas" (Luc 18, 17)
En vérité, on ne peut pas être amoureux si on n'est pas émerveillé par l'être aimé. C'est encore mille fois plus vrai quand on est amoureux de Dieu (Père-Fils-Esprit) que lorsqu'on est amoureux de la femme qu'Il nous a donnée à aimer.
Vous avez écrit : "Il est vrai aussi que souvent ce que je lis me dépasse. Il est tout aussi vrai que certains propos qui me dépassent… laissent quand même des traces. "
C'est exactement ce qui m'arrive quand je lis les Pères, et même la Bible ! Il me faudrait une vie encore bien plus longue pour commencer à comprendre vraiment ce que j'ai lu - le "com-prendre", le prendre en moi au point où j'en serais vraiment "illuminé". En tout cas, suffisamment illuminé pour éclairer un peu les autres. Ma connaissance de Dieu n'arrête pas de clignoter, de bégayer ; en cela aussi je suis "un petit enfant": que je n'arrive à m'exprimer qu'en bégaiements !
Pourtant, je ne peux pas me retenir de répondre à certaines questions, comme c'est le cas pour celles de Zohra : un petit enfant comprend parfois mieux un autre petit enfant - ou en tout cas, il est plus attiré par ce que ressent un de ses semblables que par la sagesse des grands, qui le dépasse trop. J'ai beau savoir que je n'arriverai jamais à combler sa soif de Dieu, je ne peux pas m'empêcher de prendre sa question comme si elle m'était directement adressée, comme intérieurement, par ma propre soif.
Alors j'apporte avec une audace puérile mon petit verre d'eau ... dans la mer ! Heureux si vous aussi vous en utilisez quelques gouttelettes : cela valait encore plus la peine de trimballer mon petit verre, à travers les galets de la plage !
C'est moi qui dois vous dire : Merci, Maksim !