Jean Starynkévitch a écrit :[...] prenons la question de la communion (entre catholiques et orthodoxe).
Pour simplifier, l'approche catholique est la suivante : « catholiques et orthodoxes partagent la même vision et la même compréhension de la communion eucharistique. Cette même compréhension est une raison suffisante pour pouvoir partager cette communion. »
L'approche orthodoxe se résumerait plutôt de la façon suivante : « il y a des divergences de foi fondamentales entre catholiques et orthodoxe. Or, la communion est perçue comme l'aboutissement de tout un cheminement vers Dieu et, à ce titre, nécessite un accord total sur la foi. En conséquence, il n'est pas possible pour les orthodoxes, ni d'accueillir à la communion un catholique, ni d'aller communier dans des églises catholique. »
Jean, les positions de la communauté catholiqiue romaine sur l'oecuménisme sont détailées dans le Décret "Unitatis Redintegratio" du Concile Vatican II
promulgué le 21 novembre 1964.
Dans l'article 2 ci-dessous il est expressément stipulé
- que le " sacrement de l'Eucharistie exprime et réalise l'unité de l'Eglise".
Ou encore dans l'article 8:
-
Cependant, il n'est pas permis de considérer la communicatio in sacris comme un moyen à employer sans discernement pour rétablir l'unité des chrétiens.Ceci module la présentation que vous faites de la position romaine sur ce sujet.
Dans l'article 15 il est effectivement dit:
"Puisque ces Eglises, bien que séparées, ont de vrais sacrements, - principalement, en vertu de la succession apostolique: le sacerdoce et l'Eucharistie, - qui les unissent intimement à nous, une certaine communicatio in sacris, dans des circonstances, est non seulement possible, mais même recommandable." Mais ces occasions sont très limitées et sujette à examen et autorisation spécifique. De la même façon un prêtre orthodoxe pourra,par exemple, donner la communion à un catholique romain qui le désire avant de mourir. Mais même dans ces cas extrêmes il ne s'agira pas de "partager" ecclésiologiquement, mais simplement de donner le corps du Christ à un hétérodoxe en souvenir de l'appartenance passée de sa communauté à l'Eglise. Quant à "l'eucharistie" catholique romaine nous pensons qu'elle n'a aucune validité, cette communauté n'ayant pas de succession apostolique. Donc aucun intérêt pour un orthodoxe à y aller "communier" quelques soient les circonstances.
Il est donc très exagéré ou très "simplifié (pour reprendre votre terminologie) de dire, comme vous le faites, que le catholicisme romain enseigne que <<Cette même compréhension[de l'eucharistie] est une raison suffisante pour pouvoir partager cette communion>> Leur dogmatique est beaucoup trop fondée sur le rattachement à la personne du pape pour cela. Pour eux, c'est le pape, vicaire du Christ, qui est l'expression visible de l'unité de l'Eglise et c'est donc cette reconnaissance qui est exigée pour une eucharistie en commun. La pire des hérésies c'est la papauté. Les autres hérésies romaines ne sont que les conséquences de la première.
Par ailleurs , puisque ce décret est utilisé pour vous répondre, je reproduis ci-dessous quelques extraits de cette soupe indigeste. Vous y verrez que la papauté ne lâche evidemment rien sur les justifications mensongères de son fondement et que le catholicisme romain persiste dans ses torsions faites à l'Ecriture et à l'histoire. Les raisons également de la séparation évoquées dans l'extrait du chapitre 14 prêteraient à sourire si ces inepties n'avaient pas d'aussi tragiques conséquences.
C'est pour ce type de raison qu'il ne faut pas participer à ces réunions de prières oecuméniques qui sont toutes organisées sous le sceau du mensonge et qui tentent de faire croire aux fidèles orthodoxes et hétérodoxes, en masquant les réalités au détriment de la Vérité, que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise. Nos évêques et nos prêtres qui placent les relations diplomatiques avant la proclamation de la foi, nous mentent et nous entraînent dans l'apostasie. Il faut résister et leur montrer que le peuple royal veille à la sauvegarde de la foi.
Concile Vatican II
L'oecuménisme
Décret Unitatis Redintegratio promulgué le 21 novembre 1964
[2] Les principes catholiques de l'oecuménisme
En ceci est apparue la charité de Dieu pour nous, que le Fils unique de Dieu a été envoyé au monde par le Père afin que, fait homme, il régénérât tout le genre humain, en le rachetant, et qu'il le rassemblât en un tout (1). C'est lui qui, avant de s'offrir sur l'autel de la croix comme hostie immaculée, adressa au Père cette prière pour ceuxqui croiraient en lui: "Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi; qu'eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que tu m'as envoyé" (Jn 17,21).
Et il institua dans son Eglise l'admirable sacrement de l'Eucharistie qui exprime et réalise l'unité de l'Eglise. A ses disciples il donna un nouveau commandement d'amour mutuel (2) et promit l'Esprit Paraclet (3) qui, Seigneur et vivificateur, resterait avec eux à jamais.Elevé sur la croix, puis entré dans la gloire, le Seigneur Jésus répandit l'Esprit qu'il avait promis. Par lui, il appela et réunit dans l'unité de la foi, de l'espérance et de la charité, le peuple de la Nouvelle Alliance qui est l'Eglise, selon l'enseignement de l'apôtre: "Il n'y a qu'un Corps et qu'un Esprit, comme il n'y a qu'une espérance au terme de l'appel que vous avez reçu; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême" (Ep 4,4-5). "Vous tous, en effet, baptisés dans la Christ, vous avez revêtu le Christ... Vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus" (Ga 3,27-28). L'Esprit-Saint qui habite dans les croyants, qui remplit et régit toute l'Eglise, réalise cette admirable communion des fidèles et les unit tous si intimement dans le Christ, qu'il est le principe de l'unité de l'Eglise. C'est lui qui réalise la diversité des grâces et des ministères (4), enrichissant de fonctions diverses l'Eglise de Jésus-Christ, "organisant ainsi les saints pour l'oeuvre du ministère, en vue de la construction du Corps du Christ" (Ep 4,12).
Mais pour établir en tout lieu son Eglise sainte jusqu'à la consommation des siècles, le Christ confia au collège des Douze l'office d'enseigner, de régir et de sanctifier (5). Parmi eux, il choisit Pierre, sur lequel, après sa profession de foi, il décréta d'édifier son Eglise; il lui promit les clefs du royaume (6) et, après que l'apôtre lui eût donné l'attestation de son amour, il lui confia toutes les brebis pour les confirmer dans la foi (7) et pour les paître en unité parfaite (8), Jésus-Christ lui-même demeurant éternellement la suprême pierre angulaire (9) et le Pasteur de nos âmes (10).
Au moyen de la fidèle prédication de l'Evangile, faite par
les apôtres et par leurs successeurs, c'est-à-dire les évêques avec leur chef qui est le successeur de Pierre, par l'administration des sacrements et par le gouvernement dans l'amour, sous l'action du Saint-Esprit, Jésus-Christ veut que son peuple s'accroisse et il accomplit la communion en l'unité dans la profession d'une seule foi, dans la célébration commune du culte divin, dans la concorde fraternelle de la famille de Dieu.Ainsi l'Eglise, seul troupeau de Dieu, comme un signe levé à la vue des nations (11), mettant au service de tout le genre humain l'Evangile de paix (12), accomplit dans l'espérance son pèlerinage vers le terme qu'est la patrie céleste (13).Tel est le mystère sacré de l'unité de l'Eglise, dans le Christ et par le Christ, sous l'action de l'Esprit-Saint qui réalise la variété des ministères. De ce mystère, le modèle suprême et le principe est dans la trinité des personnes l'unité d'un seul Dieu Père, et Fils, en l'Esprit-Saint. (1) Cf. 1 Jn 4,9; Col 1,18-20; Jn 11,52
(2) Cf. Jn 13,34
(3) Cf. Jn 16,7
(4) Cf. 1 Co 12,4-11
(5) Cf. Mt 28,18-20, collato Jn 20,21-23
(6) Cf. Mt 16,19, collato Mt 18,18
(7) Cf. Lc 22,32
(8) Cf. Jn 21,15-17
(9) Cf. Ep 2,20
(10) Cf. 1 P 2,25; Conc. Vat. I, Sess. IV (1870), Cons. Pastor Aeternus: Coll. Lac. 7, 482 a
(11) Cf. Es 11,10-12
(12) Cf. Ep 2,17-18, collato Mc 16,15
(13) Cf. 1 P 1,3-9
[3] Des relations entre les frères séparés et l'Eglise catholique
En conséquence, ces Eglises (5) et communautés séparées, bien que nous les croyions souffrir de déficiences, ne sont nullement dépourvues de signification et de valeur dans le mystère du salut. L'Esprit du Christ, en effet, ne refuse pas de se servir d'elles comme de moyens de salut, dont la force dérive de la plénitude de grâce et de vérité qui a été confiée à l'Eglise catholique.
Cependant nos frères séparés, soit eux-mêmes individuellement, soit leurs communautés ou leurs Eglises, ne jouissent pas de cette unité que Jésus Christ a voulu dispenser à tous ceux qu'il a régénérés et vivifiés pour former un seul corps en vue d'une vie nouvelle, et qui est attestée par l'Ecriture Sainte et la vénérable Tradition de l'Eglise.
C'est, en effet, par la seule Eglise catholique du Christ, laquelle est le "moyen général de salut", que peut s'obtenir toute plénitude des moyens de salut. Car c'est au seul collège apostolique, dont Pierre est le Chef, que furent confiées, selon notre foi, toutes les richesses de la Nouvelle Alliance, afin de constituer sur la terre un seul Corps du Christ auquel il faut que soient pleinement incorporés tous ceux qui, d'une certaine façon, appartiennent déjà au peuple de Dieu.
Durant son pèlerinage terrestre, ce peuple, bien qu'il demeure en ses membres exposé au péché, continue sa croissance dans le Christ, suavement guidé par Dieu selon ses mystérieux desseins, jusqu'à ce que, dans la Jérusalem céleste, il atteigne joyeux la totale plénitude de la gloire éternelle.
(5) Cf. Conc. Lateranense IV (1215), Constit. IV: Mansi 22, 990; Conc. Lugdunense II (1274), Professio fidei Michaelis Palaeologi: Mansi 24, 71 E; Conc. Florentinum, Sess. VI (1439), Définition Laetentur caeli: Mansi 31, 1026 E
[4] De l'oecuménisme
Par "mouvement oecuménique", on entend les entreprises et les initiatives provoquées et organisées en faveur de l'unité des chrétiens, selon les nécessités variées de l'Eglise et selon les circonstances.
Ainsi, en premier lieu, tout effort accompli pour éliminer les paroles, les jugements et les faits qui ne correspondent ni en justice ni en vérité à la situation des frères séparés et contribuent ainsi à rendre plus difficiles les relations avec eux. […]
[8] La prière en commun
En certaines circonstances particulières, par exemple lors des prières prévues "pour l'unité", et dans les réunions oecuméniques, il est permis, bien plus, il est souhaitable, que les catholiques s'associent pour prier avec les frères séparés.
Cependant, il n'est pas permis de considérer la communicatio in sacris comme un moyen à employer sans discernement pour rétablir l'unité des chrétiens. Deux principes règlent principalement cette communicatio: exprimer l'unité de l'Eglise; faire participer aux moyens de grâce. Elle est, la plupart du temps, empêchée du point de vue de l'expression de l'unité; la grâce à procurer la recommande quelquefois. Sur la façon pratique d'agir, eu égard aux circonstances de temps, de lieux et de personnes, c'est l'autorité épiscopale locale qui doit prudemment donner des instructions, à moins qu'il n'y ait eu d'autres dispositions de la Conférence épiscopale, selon ses propres statuts, ou du Saint-Siège.
[13] Eglises et communautés ecclésiales séparées du siège apostolique romain
Nous examinons maintenant deux sortes de scissions principales, qui ont affecté la tunique sans couture du Christ.Les premières eurent lieu en Orient, soit par la contestation des formules dogmatiques des Conciles d'Ephèse et de Chalcédoine, soit, plus tard, par la rupture de la communion ecclésiastique entre les patriarcats orientaux et le Siège romain.D'autres ensuite, après plus de quatre siècles, se produisirent en Occident, en conséquence d'événements que l'on a coutume d'appeler la Réforme. Il en résulta que plusieurs Communion, soit nationales, soit confessionnelles, furent séparées du Siège romain. Parmi celles qui gardent en partie les traditions et les structures catholiques, la Communion anglicane occupe une place particulière.Mais des diverses séparations diffèrent beaucoup entre elles, non seulement en raison de leur origine et des circonstances de lieu et de temps, mais surtout par la nature et la gravité des questions concernant la foi et la structure ecclésiale.C'est pourquoi le Concile, désireux de ne pas sous-estimer les conditions diverses des différentes sociétés chrétiennes et de ne pas passer sous silence les liens qui subsistent entre elles malgré la division, juge opportun de présenter les considérations suivantes, afin de procéder à une action oecuménique menée avec discernement.
[14] Considérations particulières relatives aux Eglises orientales
Esprit et histoire propres des Orientaux[…]L'héritage transmis par les apôtres a été reçu de manières diverses et, depuis les origines mêmes de l'Eglise, il a été expliqué de façon différente selon la diversité du génie et les conditions d'existence. Ce sont toutes ces raisons, sans parler des motifs d'ordre extérieur, par suite encore du manque de compréhension mutuelle et de charité, qui donnèrent occasion aux séparations.[…]
[15] Tradition liturgique et spirituelle des Orientaux
Chacun sait avec quel amour les chrétiens orientaux célèbrent la sainte liturgie, surtout l'Eucharistie, source de vie pour l'Eglise et gage de la gloire céleste. Par là, les fidèles, unis à l'évêque, trouvent accès auprès de Dieu le Père par son Fils, Verbe incarné, mort et glorifié, dans l'effusion de l'Esprit-Saint. Ils entrent de la sorte en communion avec la Très Sainte Trinité et deviennent "participants de la nature divine" (2 P 1,4). Ainsi donc, par la célébration de l'Eucharistie du Seigneur dans ces Eglises particulières, l'Eglise de Dieu s'édifie et grandit (1), la communion entre elles se manifestant par la concélébration.Dans ce culte liturgique, Marie toujours Vierge, que le Concile oecuménique d'Ephèse proclama solennellement Très Sainte Mère de Dieu, pour que le Christ fût reconnu vraiment et proprement Fils de Dieu et Fils de l'Homme, selon les Ecritures, est célébrée par les Orientaux en des hymnes magnifiques; pareillement beaucoup de saints, au nombre desquels les Pères de l'Eglise universelle, reçoivent de grands hommages.
Puisque ces Eglises, bien que séparées, ont de vrais sacrements, - principalement, en vertu de la succession apostolique: le sacerdoce et l'Eucharistie, - qui les unissent intimement à nous, une certaine communicatio in sacris, dans des circonstances, est non seulement possible, mais même recommandable.
En Orient, aussi, on trouve les richesses de ces traditions spirituelles, qui s'expriment surtout par le monachisme. Là, depuis le temps glorieux des saints Pères, en effet, a fleuri la spiritualité monastique, qui s'est répandue ensuite en Occident, devenant pour ainsi dire la source de l'organisation de la vie régulière des Latins et lui conférant par la suite une nouvelle vigueur.
C'est pourquoi il est instamment recommandé aux catholiques d'accéder plus fréquemment à ces richesses spirituelles des Pères orientaux, qui élèvent l'homme tout entier à la contemplation des mystères divins.Tout le monde doit savoir qu'il est très important de connaître, vénérer, conserver, développer, le si riche patrimoine liturgique et spirituel de l'Orient pour conserver fidèlement la plénitude de la tradition chrétienne et pour réaliser la réconciliation des chrétiens orientaux et occidentaux.
(1) Cf. Ioannes Chrysostomus, In Ioannem Homelia XLVI, PG 59, 260-262
[17] Caractère particulier des Orientaux au regard des questions doctrinales[…]
Quant aux traditions authentiques des Orientaux, on doit le reconnaître, elles sont enracinées de façon excellente dans la Sainte Ecriture; développées et exprimées dans la vie liturgique, elles se nourrissent de la tradition vivante des apôtres, des écrits des Pères orientaux et des auteurs spirituels; elles portent à une juste façon de vivre, voire à la pleine contemplation de la vérité chrétienne.[…]