Je crois que vous posez deux problèmes différents. D’une part la communauté chrétienne, la communauté des Sauvés, l’Assemblée des Saints, se réunit autour du Christ pour célébrer dans la Liturgie les prémices de la Liturgie céleste. Mais parce que cette communauté est un corps, elle est composée de diverses fonctions, à l’instar des membres du corps. Et le pied ne reproche pas à l’œil de n’être pas un pied, et la main n’éprouve pas de jalousie à l’égard de l’oreille parce que seule l’oreille peut entendre (mais ce sont les mains qui peuvent utiliser les instruments de musique). Que serait un corps qui n’aurait ni pieds ni mains, ni yeux ni oreilles ? Croyez-moi Mihaela, celui qui vous parle est un homme à qui les malheurs de la vie ont vaklu de tristes amputations et blessures. Et si vous êtes médecin, vous comprenez de quoi il s’agit.
Il y a les fonctions du peuple chrétien, qui comprennent plusieurs ministères. Ce sont essentiellement les diacres et les sous-variantes du diaconat. Comme dans une chorégraphie totale où les chœurs avancent, défilent et reculent à tour de rôle, il y a dans le déroulement du culte chrétien plusieurs “ministères” (“diaconies”) qui sont ordonnés comme diacres, sous-diacres, lecteurs, chantres, portiers, on a même béni suivant les lieux et les époques des sacristains, des vendeurs de cierges et des fossoyeurs. Ce sont les diaconies au service du peuple.
Dans le déroulement de la Liturgie eucharistique, c’est au diacre qu’il revient (qu’il devrait revenir) de recevoir les offrandes que les fidèles apportent en vue du sacrifice : le pain et le vin, mais aussi les cierges et l’encens et les préparer avant qu'elles soient transportées à l'autel pour l'Anaphore eucharistique. Il doit également prononcer les ecténies au nom du peuple, et le peuple lui répond. C'est à lui aussi que revient la proclamation publique de l'Évangile, devant les fidèles et les gens de l'extérieur : catéchumçnes et pénitents.
Dans le Lieu saint, au service de l’autel, c’est l’évêque qui se tient “eis topon kai tupon tou Christou” (au lieu et à l’image du Christ). Les prêtres sont les anciens du peuple, qu’il peut charger de le remplacer pour certaines fonctions (mais non pas toutes). Dans le déroulement de la Liturgie, et selon le scénario remis par le Seigneur à nos Pères dans la foi et transmis par la Tradition de l’Église se succèdent des dialogues, des acclamations, des Amen, des récitations, des lectures, des proclamations, des prédications, des prières à voix basses, des psaumes, des hymnes etc, où les prêtres, les diacres, les chantres et le peuple alternent dans le cadre d’une complexe mise en scène et chorégraphie, dans un espace bien défini et peuplé de représentations sacrées.
Encore une fois j’invite les membres de notre Forum à regarder au moins de temps à autre, ou même à participer activement au Forum “chant liturgique” <
http://fr.groups.yahoo.com/group/chant_liturgique>
Mais vous soulevez aussi une difficulté qui tient à certaines dérives survenues au fil des temps. L’Église a tendu, au cours des temps modernes, à se transformer en ministère de la Conscience et de le la bonne éducation, dont les prêtres seraient formés par des écoles spécialisées, les "séminaires". Peu à peu elle a pris une forme administrative et bureaucratique et le clergé s’est transformé en un corps de fonctionnaires appelés à faire carrière. Les évêques en devenaient les cadres supérieurs et leurs Églises locales se transformaient en circonscriptions administratives d’une Église nationale “indépendante”. Les ministères ecclésiaux altéraient leur signification et se voyaient attribuer des droits et des devoirs.
Dans la Tradition canonique de l’Église, c’est l’évêque qui prend éventuellement la décision d’écarter certains fidèles de la communion eucharistique, et dans certains cas précis. L’Église ne connaît d’autre sanction que l’excommunication des fidèles (ou la destitution dans le cas des clercs). Il peut sembler paradoxal que le seul type de sanction qu’elle connaisse soit d’écarter des assemblées liturgiques des impies qui probablement n’y prêtent pas d’intérêt, mais l’expérience montre que l’Église détient là le plus puissant des moyens pour inviter les pécheurs au repentir. La sanction a toujours un caractère thérapeutique, car elle est toujours prononcée pour un temps déterminé, et au jour fixé, avant même s’il le juge utile, l’évêque procède à la réconciliation du pécheur en lui imposant la main et en le réunissant à l’Assemblée des fidèles.
Parallèlement à l’institutionnalisation de l’Église, les prêtres ont cru que leur devoir était de se transformer en directeurs de conscience.
Le Szigneur saura, le jour où il voudra, ramener son Église à la pureté de la forme qu’il lui avait donnée à l’origine et qu’elle avait gardée des siècles durant.